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543. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Braisne, Henry de (1855-19..) »

L’auteur est inégal ; rarement il nous donne un poème, même un sonnet à apprendre par cœur d’un bout à l’autre.

544. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 65-66

L’ingénu M. de Coulanges nous apprend encore qu’il a fait plus de dix mille vers en sa vie, & qu’à l’exception de quatre mille, qui composent son Recueil, tous les autres ont été la proie des flammes : « Sacrifice affreux, sans doute, pour un pere, s’écrie-t-il, de livrer ainsi au feu des enfans conçus avec tant de peine, & si tendrement aimés.

545. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 85-86

Il avoit un esprit pénétrant & fécond, une facilité étonnante pour tout apprendre & tout retenir, l’art de développer & de communiquer ses idées ; ce qui l’a rendu, à juste titre, un des plus célebres Professeurs en Droit que la France ait eus.

546. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 435

Je suis du moins bien aise, lui répliqua le jeune homme, de vous apprendre que je suis Athée.

547. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 435

Quel exemple de modestie à proposer à nos fantômes de Savans, qui ignorent tant de choses, se donnent si peu la peine d'apprendre & si fort le droit de décider de tout !

548. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Les garçons passent aussi leur première jeunesse à l’école, où ils apprennent le grec et le latin. […] Le célèbre docteur Warburton, prenant la défense de son ami, nous apprend que M.  […] Je viens pour vous l’apprendre. […] S’il ne les a point égalés il nous apprend à les admirer. […] Au reste, Louis XIV avait appris à connaître la juste valeur de ces attachements que le plaisir forme et détruit.

549. (1896) Le livre des masques

Ils apprendraient la signification des gestes très humbles et des mots très futiles, et que le rire d’un enfant ou le babillage d’une femme équivalent par ce qu’ils contiennent d’âme et de mystère aux plus éblouissantes paroles des Sages. […] Quelque temps après cette aventure, on apprit que M.  […] Ces arbres m’adopteront peu à peu, et pour le mériter, j’apprends ce qu’il faut savoir : « Je sais déjà regarder les nuages qui passent. […] Il est fâcheux que sa vie, si mal connue, n’ait pas été toute la vraie vita abscondita ; ce qu’on en sait dégoûte de ce qu’on pourrait en apprendre. […] Apprenez à l’enfant à prier le ciel pur, C’est l’océan d’en haut dont la vague est nuage.

550. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

C’est une sorte de clinique morale à laquelle il convie les timides et les faibles, pour qu’ils apprennent à guérir comme lui les maux de l’âme ! […] Il n’obéit pas à la langue, il l’asservit, il la domine ; il la conduit par des chemins qu’elle n’a jamais pris ; il lui apprend un métier qu’elle n’a jamais fait, pour lequel elle n’est pas née. […] Telle fut la première question que notre jeune compatriote se posa ; voici ce qu’il apprit : un capitaine d’infanterie anglaise (pour Victor Jacquemont était-ce caver au plus fort ?) […] Le reste de la population apprit à cultiver la terre. […] Les journaux anglais nous ont appris récemment que la Compagnie des Indes vient de déclarer la guerre à un rajah du district de Myzore, et d’envoyer une armée pour conquérir ses états.

551. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il fréquenta peu les étudiants allemands, les cours ne lui servirent guère qu’à apprendre la langue. […] Il a beaucoup appris. […] Il ne s’éveille, il ne se forme qu’à Monmouth, chez un pasteur à qui il est envoyé pour apprendre l’anglais, et surtout à Strasbourg, à la Faculté de théologie protestante, organisée à la manière germanique. […] Mais c’est leur métier, l’Église leur en apprend la technique. […] L’abbé suivit religieusement le conseil ; il ne savait pas l’anglais : il l’apprit.

552. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

qu’est-ce que j’apprends ? […] Il lui apprend des vers très faciles à comprendre. […] … « La jeune femme le regarde pensivement de ses grands yeux de pauvre être douloureux à qui la vie a appris à être compatissante… Est-ce que, lui aussi… ce malheureux monsieur… il aurait des peines ? […] Rien de plus amusant que de suivre le manège des quatre hommes qui veulent épouser la riche veuve, rien de plus touchant que ses naïfs étonnements, sa douleur quand elle apprend qu’il ne s’agit que de sa cassette. […] Le jour même où l’on apprit à Paris la reddition de l’Émir, quelqu’un que j’ai connu plus tard rencontra M. 

553. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pyat, Félix (1810-1889) »

C’était en 1846 : j’appris que l’auteur d’Ango et des Deux Serruriers venait de composer un Diogène, une comédie athénienne ; j’étais fou, comme je le suis encore, de tout ce qui touche à la Grèce maternelle, et, avec la confiance de la jeunesse qui ne doute de rien, j’allais trouver Pyat, que je n’avais jamais vu, et je lui dis combien je serais heureux de connaître sa pièce.

554. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Truffier, Jules (1856-1943 ; acteur) »

Alphonse Lemerre Jules Truffier est né à Paris, le 25 février 1856 ; le poète Léon Valade nous apprend en quel endroit : Si tu n’es pas bourré de prose Et de raison comme un greffier, Tête d’un rayon bleu férue, C’est pour être né dans la rue De la Lune, ô pâle Truffier !

555. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

Les périodes suivantes nous apprendront ce que vaut ce bienfait, ici je me borne à insister sur cette vérité, que nous le devons au mélange et à la parité des sexes dans la société dont l’hôtel de Rambouillet donna le premier exemple.

556. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Comme beaucoup d’enfants intelligents, elle eut grand’peine à apprendre à lire. […] Ils nous apprennent seulement que M. de Barante était de la petite troupe des acteurs de Coppet. […] À peine arrive-t-il en quelque lieu, on apprend son départ. […] Afin de réussir dans son dessein, il est allé apprendre l’allemand dans une université allemande. […] C’est là qu’enfant Judith Gautier se nourrit de poésie et apprit à aimer la beauté exotique.

557. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Élevé sous les yeux de son père, frère d’un aîné d’un autre lit (M. de Caumartin, l’intendant des finances) et qui était très en crédit et très à la mode ; n’ayant lui-même jamais rien écrit ni ne devant rien écrire, mais ayant tout appris dès l’enfance, histoire, chronologie, médailles, théologie enfin, et n’étant surchargé de rien, il avait été reçu à l’Académie dans cette grande jeunesse pour sa pure distinction personnelle : « La brigue ni la faveur, a-t-on eu le soin de nous dire, n’avaient eu aucune part à ce choix : son mérite seul avait parlé pour lui. » Perrault, qui fut chargé de le recevoir, le loua comme un prodige de facilité et d’érudition, dont tous les savants étaient émerveillés et que la Sorbonne avait peine à contenir. […] Le roi, nous apprend Saint-Simon, eut d’abord la pensée d’exiler l’abbé de Caumartin dans une abbaye qu’il avait en Bretagne, et s’il ne le fit pas, il ne perdit jamais le souvenir de cette faute. […] La première fois qu’elles s’y glissèrent (c’est Dangeau encore qui nous l’apprend dans la suite de son journal), ce fut huit ans plus tard (7 septembre 1702) pour la réception d’un autre évêque, et d’un évêque aussi dont on voulait se moquer.

558. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Ce qu’il y avait à découvrir, l’auteur du présent livre nous l’apprend dans les premières pages. […] Mme de Sévigné paraissait en prendre son parti de meilleure humeur, quand elle écrivait à sa fille : « Vous ne serez pas fâchée d’apprendre ce que c’est que d’avoir une belle compagnie ou d’en avoir une mauvaise. […] Les premiers n’étaient pas toujours purs et nets ; les seconds avaient bon dos, on trichait à leurs dépens, et il se faisait bien des tours de passe-passe : « Assurément, disait Vauban, s’il y avait quelque bon tour dans la filouterie que le Diable ne sût pas, il pourrait le venir apprendre ici… Il n’y a pas une telle école au reste du monde. » Mais les officiers vont plus loin ; quelques-uns, et des plus coupables, pour se blanchir, osent se plaindre des gens qu’emploie Vauban, comme s’il ne surveillait pas son monde : on semble dire que lui-même interrogé ne pourra disconvenir de certains faits.

559. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

N’y a-t-il pas eu, en quelque étude, un clerc digne de s’appeler Maucler, un officieux qui a prêté l’oreille, qui a tout d’un coup prétendu savoir ce qu’il venait fortuitement d’apprendre et qui a cherché à dérober le los et honneur d’autrui ? […] Moland est, en effet, le contraire de ces critiques dédaigneux qui incorporent et s’approprient sur le sujet qu’ils traitent tout ce qu’ils rencontrent et évitent de nommer leurs devanciers ; qui affectent d’être de tout temps investis d’une science infuse et plénière, ne reconnaissant la devoir à personne ; qui ont l’air de savoir de toute éternité ce qu’ils viennent d’apprendre au moment même, et, dont le premier soin est de lever après eux l’échelle par laquelle ils sont montés : ces critiques-là se piquent d’être nés tout portés et installés à la hauteur qu’ils occupent. […] On y mettrait une école de dessin ou une salle d’asile, et les enfants du quartier viendraient y étudier ou y apprendre à lire sous l’invocation de ce nom illustre et trois fois populaire.

560. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Le jeune duc de Savoie apprenait vers ce temps que sa mère prétendait le marier à l’infante de Portugal, avec perspective pour lui d’être roi par la suite, ou plutôt le mari de la reine, dans un lointain et perpétuel exil. […] Victor-Amédée, lui aussi, contraint à son corps défendant de marcher avec Catinat, en profite pour apprendre le métier de la guerre sous un excellent maître, contre qui il se mesurera un jour. […] Il a hâte de se mesurer avec ce capitaine estimé, à côté de qui il a appris le métier dans les vallées vaudoises ; il est le premier à le chercher et se fait battre à Staffarde.

561. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Orphelin dès ma naissance, pendant ma longue jeunesse, j’ai cherché le plaisir, j’ai vécu de la vie des autres hommes, mais c’est vous, vous seule, qui m’avez appris à aimer. » Un comte de Noirmont, homme de soixante-six ans, et qui fut longtemps le guide, le tuteur d’Herman au moral, qui jusqu’à un certain point l’est encore, est arrivé depuis peu de jours dans cet intérieur. […] Mlle Pompéa a par hasard appris du tapissier chargé de meubler l’hôtel du comte, et qui se trouve être le sien, qu’il est de retour en France, qu’il habite à Maran aux environs de Fontainebleau, et elle s’est mise en route sur l’heure pour le revoir : elle arrive, accompagnée d’une vieille cantatrice, la signora Barini, ancien contralto qui a eu ses beaux jours, une manière de duègne très-peu duègne, une utilité, un embarras, le meilleur cœur et la meilleure langue de femme, baragouinant un français italianisé et jargonnant à tue-tête. […] Et c’est quand il est ainsi en voie d’être doublement infidèle, qu’il apprend de Noirmont l’arrivée de Pompéa et la nécessité de la revoir sur l’heure, d’accomplir l’épreuve décisive qu’il ne pourrait au reste que différer.

562. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Buzot nous parle à son tour de ses relations d’amitié avec Roland, et ce n’était pas un homme à jouer avec l’un et avec l’autre deux rôles aussi opposés, Je sais bien que lorsque Buzot apprit à Saint-Émilion la mort de Mme Roland, il en perdit l’esprit pendant quelques jours ; mais l’intimité dans laquelle il vécut avec elle, l’estime qu’il eut pour ses talents, peuvent facilement expliquer cette circonstance, de la part d’une âme ardente. » Honorable héritier du nom et des sentiments de l’un des hommes les plus purs de l’ancienne Gironde, ce même M.  […] L’observation est applicable à plus d’une de ces femmes distinguées qui se sont faites elles-mêmes, qui ont tout appris toutes seules, et qui ont eu à se travailler dès l’enfance. […] Je suis venue ici, fière et tranquille, formant des vœux et gardant encore quelque espoir pour les défenseurs de la Liberté ; lorsque j’ai appris le décret d’arrestation contre les vingt-deux, je me suis écriée : Mon pays est perdu !

563. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Un mot de Louis XVI nous apprend que la lecture de Vert-Vert avait fort amusé la reine. […] Captive en réalité après les affreuses journées d’octobre, où elle montra tant de bonne grâce et de courage, elle dérobe sous le sourire ses douleurs et ses angoisses ; elle apprend à dissimuler pour les siens. […] Une note que je reçois à l’instant m’apprend ce détail qui m’avait échappé.

564. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il ne perdait pas au change : il afferma l’abbaye de Saint-Germain pour 180,000 livres, « sans compter les prés réservés, et tout ce que les fermiers lui fournissaient de paille et avoine pour ses chevaux. » Avec cela, le Journal de Lhuynes nous apprend que certain jour il prétendit, ainsi que les princes du sang, ne pas devoir payer ses ports de lettres ; mais Louis XV, qui était assez ferme avec les personnes de sa famille, lui dit qu’il avait tort et qu’il devait les payer comme les autres. […] Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l’empêcher de faire ce pas de clerc qu’il lui épargna en effet ; mais il y perdit la faveur, et un soir qu’il rentrait chez son prince, le suisse lui apprit que l’hôtel lui était dorénavant fermé. […] Rochambeau nous apprend à quel point ces troupes s’étaient abâtardies, depuis que les emplois d’officiers y étaient remplis à prix d’argent par tous les parents et protégés des magistrats et bourgmestres.

565. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

quand on est bien élevé et bien appris, on aime à glisser, à ignorer le plus qu’on peut de certaines misères, à regarder surtout les beaux côtés. […] Considérée sous ce point de vue, sa retraite du ministère après la paix de Tilsitt fut très honorable. » Ce n’est donc point un ennemi qui écrit, et c’est ce même témoin, si digne de foi, qui nous apprend que précédemment, en 1806, dans les négociations qui amenèrent la paix de Posen, et d’où résulta l’abaissement de la Saxe, un million de francs (une bagatelle) avait été mis à la disposition du plénipotentiaire saxon, le comte de Bose, pour M. de Talleyrand, et un demi-million pour un autre agent diplomatique français, M.  […] Dans le Conseil qui fut assemblé au dernier moment, quand on apprit que les alliés marchaient sur Paris, il maintint son opinion jusqu’à ce que le roi Joseph produisît une lettre de Napoléon qui ne permettait plus d’hésiter : Marie-Louise devait, le cas échéant (et il était échu), se retirer sur la Loire.

566. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Celui qui, étant entré là le matin, s’en va le soir à l’Éden-Théâtre après avoir flâné sur les boulevards a pu, s’il sait voir, apprendre des choses qui ne sont pas dans les manuels. […] Et notez que cet éclat survient dans une des parties les moins importantes du sermon, dans le développement d’un argument accessoire  Le style, souvent excellent, n’est pas toujours d’une entière pureté (c’est une critique que l’on peut se permettre, puisque le Père Monsabré apprend par cœur et récite ses discours, comme Massillon et comme les neuf dixièmes des orateurs). […] J’ai cru voir à certains signes qu’il serait un excellent orateur populaire, doué de verve, de bonhomie et de franchise ; qu’il se guindait pour son auditoire de Notre-Dame ; que la sublimité, la couleur et les divers ornements oratoires de son style étaient quelque chose d’appris et de plaqué, et que, livré à sa vraie pente, il eût plus volontiers parlé comme un Père Lejeune ou un Bridaine relevé d’un peu de Bourdaloue.

567. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

tout simplement parce qu’elle assure ceux qu’elle choisit de leur propre mérite, qu’elle le garantit solennellement, que parfois même elle l’apprend au public qui l’ignorait ; parce qu’elle donne de la considération, de l’importance, des galons, un chapeau, une épée. […] De même, quand la sèche et sifflante Mme Astier l’attend à la fin pour lui jeter sa haine à la figure et pour lui apprendre que, s’il est arrivé à l’Académie, c’est qu’elle s’en est mêlée (… Et elle précisait les détails de son élection, lui rappelait son fameux mot sur les voilettes de Mme Astier, qui sentaient le tabac, malgré qu’il ne fumât jamais… « un mot, mon cher, qui vous a rendu plus célèbre que tous vos livres »), je cherche quel intérêt peut avoir une personne si fine à désespérer et à chasser d’auprès d’elle un mari qui ne serait rien sans elle, il est vrai, mais sans qui elle serait moins encore. […] Aux chapitres XII et XIII, elle est encore très belle, et l’on nous apprend que ses bras et sa gorge se tiennent fort bien.

568. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

L’auteur sait admirablement tout ce qui peut s’apprendre. […] Si tu nous apprends en outre que les sentiments des hommes sont humains, c’est uniquement, je suppose, pour la régularité extérieure. […] D’ailleurs mon expérience personnelle m’a appris que toute cette œuvre, à une exception près, est, en effet, de la même force.

569. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce sentiment d’équité en vue surtout des petits, ce bien du peuple le préoccupe encore visiblement en d’autres endroits ; mais ceci ne nous apprendrait rien de nouveau, et je passe aux autres lettres du Recueil. […] Un cœur délicat comme le sien en était-il donc à avoir rien à apprendre encore, en fait de dégoûts et d’amertumes ? […] Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux sans faire l’entendu. — J’ai pitié des hommes, dit-il encore, quoiqu’ils ne soient guère bons.

570. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Né à Paris le 12 janvier 1628, dans une famille de bonne et riche bourgeoisie, sa mère lui apprit à lire ; il eut son père pour premier précepteur et répétiteur ; il fit ses études au collège dit de Beauvais, et il revenait le soir à la maison paternelle. […] En fait de législation, il a déjà de ces idées simples et unes qui de Colbert iront se rejoindre à l’Assemblée constituante, à la Convention et au Conseil d’État sous Bonaparte : J’étudiai, dit-il, et appris sans maître les Institutes avec le secours des commentaires de Borcholten. […] Ainsi, à propos de ces gratifications et pensions distribuées à si grand fracas au nom de Louis XIV parmi tous les illustres de France et d’Europe, voici ce que nous apprend Perrault : Il alla de ces pensions en Italie, en Allemagne, en Danemark, en Suède et aux dernières extrémités du Nord : elles y allaient par lettres de change.

571. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Le vicomte de Ségur avait pour elle une amitié coquette ; le chevalier de Boufflers lui apprenait le goût ; mais elle ne s’en tenait pas à des aperçus timides, et, sa nature l’emportant, elle prit bientôt la plume. […] La sécurité de l’un trahit leur faiblesse, l’inquiétude de l’autre n’apprend que son amour. […] C’est à étudier cette langue de l’abbé Sicard et de l’abbé de L’Épée que Valentine a consacré ses matinées durant les trois derniers mois : « Lorsque j’ai senti, dit-elle, que rien ne pouvait m’empêcher de l’aimer, j’ai voulu apprendre à le lui dire. » Cette première veine délicate et nuancée, cette première manière de roman s’arrête pour Mme Gay avec Anatole, et elle ne la prolongea point au-delà de l’époque de l’Empire.

572. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Capitaine d’artillerie en juin 1795, il était au quartier général de l’armée devant Mayence, quand il apprit la mort de son père. […] Dans la Conversation chez la comtesse d’Albany, à Naples (2 mars 1812), il agite cette question de savoir s’il y a un art de la guerre, s’il y a besoin de l’apprendre pour y réussir, s’il ne suffit pas qu’il y ait une bataille pour qu’il y ait toujours un grand général, puisqu’il faut bien qu’il y ait un vainqueur ; et il met dans la bouche du peintre Fabre sa propre opinion toute défavorable aux guerriers, tout à l’avantage des artistes, gens de lettres et poètes. […] Cette affaire du pâté, et les tracasseries qui s’ensuivirent, donnèrent dès lors à Courier une sorte de misanthropie, à laquelle il était assez naturellement disposé, et qui d’ailleurs n’altérait pas son humeur ; mais le mépris des hommes perce de plus en plus, à cette date, dans tout ce qu’il écrit : Les habiles, dit-il à ce propos, qui sont toujours en petit nombre et ne décident de rien… » — Pour moi, écrivait-il au médecin helléniste Bosquillon, ces choses-là ne m’apprennent plus rien ; ce n’est pas d’aujourd’hui que j’ai lieu d’admirer la haute impertinence des jugements humains.

573. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les peintres de son tems l’artisan qui les fit, et ce qui se passe aujourd’hui dans tous les pays nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des artisans très-inferieurs à ceux qu’elle fait négliger. […] Ce même auteur nous apprend encore que le Laocoon qu’on voit aujourd’hui dans une cour du palais de Belvéder , étoit le morceau de sculpture le plus précieux qui fut à Rome de son temps. […] Tout le monde sçait que cet enfant étant un jour demeuré auprès de son pere durant une assemblée du sénat ; sa mere lui fit plusieurs questions à la sortie pour sçavoir ce qui s’y étoit dit, choses qu’elle n’esperoit pas d’apprendre de son mari, les romains étant encore aussi peu polis qu’ils l’étoient alors.

574. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Or, qu’il l’apprenne s’il l’ignore, mais je crois bien qu’un esprit comme le sien s’en doute, les critiques sans métaphysique ressemblent un peu trop aux moralistes qui n’en ont pas non plus. […] que la vie finisse de lui apprendre ce métier de critique auquel, de facultés, je le crois destiné d’après ce livre. […] C’est un Rivarol soleillant qui sait s’éteindre à temps dans un Henri Heine clair de lune, et qui a appris le latin des lutins dans Shakespeare.

575. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Émacier les faits les plus considérables, les plus apparents, les plus consistants ; gratter, râper et effacer tout sous un système de suppositions, d’inductions et de probabilités imperceptibles, voilà ce que Strauss a enseigné et a appris à Renan. […] Si, après avoir vu cette théorie absolue dans le livre de Renan, le lecteur ne le ferme pas et continue ce livre, qui n’a plus rien, après cette théorie, à nous apprendre que nous ne devions suspecter, c’est que les choses odieuses qu’on y trouve n’ont pas dégoûté des choses ridicules qui y sont ! […] Quand Renan, garçon d’écurie chez Strauss, où il a appris à panser des textes couronnés ou morveux, nous dédivinise Jésus-Christ et nous en fait le dameret, buste de coiffeur, qui se promène dans son livre et qui a ravi les sensibilités de ce temps pourri de sentimentalisme, Renan n’est pas du tout un novateur et un révolutionnaire.

576. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Et, du reste, pour ce que ces chansons en argot expriment et pour ce que la traduction française nous en apprend, il n’était vraiment pas la peine de se verdir à cette langue-là ! […] Il ne s’est pas préoccupé de l’effet moral de son livre, et il a appris à ses dépens que d’autres pouvaient s’en préoccuper. […] Il n’apprend rien à personne, d’ailleurs.

577. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Observez avec quel soin jaloux un Parisien, si vous le rencontrez aux bains de mer, ou dans les montagnes de Suisse, ou en Italie, vous apprendra, dès l’abord, qu’il est Parisien. […] Le télégraphe apprendra en même temps aux citoyens de Tarascon, à ceux de Brest et à ceux de Rouen la chute d’un ministère, la victoire d’un cheval, un déraillement de chemin de fer. […] J’ai le regret de l’apprendre à ceux qui verraient là une diminution du pittoresque : l’accent régional est en décroissance partout.

578. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ruyters, André (1876-1952) »

Ruijters n’a point l’étourderie, la pétulance et le rire de ses années ; son idyllisme n’est point emprunté ou appris par cœur, le poète est bel et bien amoureux et ce qu’il écrit, il a dû vivement l’éprouver.

579. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172

Un mot là-dessus suffit à qui sait entendre, une page de plus n’apprendrait rien aux autres ; c’est une chose à sentir.

580. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je puis dire maintenant que je parle le russe, le français, l’anglais, l’italien ; j’apprends l’allemand et le latin, j’étudie sérieusement. […] On m’apprend de bien grandes nouvelles à propos de vous. […] — C’est cela, et pendant les sept mois vous apprendrez à dessiner. […] Serait-ce abuser de votre sensibilité, monsieur, que de vous apprendre, à brûle-pourpoint, la mort du roi Henri IV ? […] … non, j’aurais l’air de me vanter, et vous apprendriez du coup que je suis de Marseille.

581. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Il apprit qu’entre elles il devait choisir l’immuable fiancée de sa virilité prochaine. […] je n’ai point appris les subtils symbolismes, à l’école d’où je viens. […] Il faut, pour l’apprendre, considérer l’ensemble de ses écrits politiques. […] Nous avons grandi, appris, rêvé sous leur ombre, et maintenant de tout le beau jardin nous ne nous rappelons qu’eux seuls. […] Pourquoi tant apprendre, puisque nous ne saurons jamais rien ?

582. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

» Il serait assez convenable que le public apprenne enfin qu’il existe une génération plus jeune et aussi originale que celle dont les maîtres furent Baudelaire et Mallarmé. […] Le murmure des ruisseaux, les voix des branches, l’orchestration impromptue des chants et du vent bruissant, mille enseignements qui, mieux que le rhéteur le plus affable ou le traité d’euphonie le moins rébarbatif, t’apprendront à parler des paroles de Dieu ! […] Ces maîtres apprenaient aux idéologues l’art préparé des métaphores. […] C’est d’eux-mêmes qu’il l’apprit, — hymne énorme, églogue d’or. — Ce qu’il récite, ils le lui chuchotèrent. […] Les rhéteurs nous apprenaient que l’art pouvait être tour à tour, descriptif ou sentimental, personnel ou religieux, comique ou élégiaque.

583. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

C’est dans de tels Ecrivains qu’il faut apprendre à juger sainement de la Religion & de ses dogmes.

584. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 487-488

La derniere de ces Dissertations apprendra sur-tout à connoître ce que doit être un Philosophe.

585. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

— « Moi seule, a dit l’Étude ; J’ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours. » — Les livres ont dès lors peuplé ma solitude, Et j’appris que tout pleure, et je pleurai toujours. […] Doux pleurs, allez-vous-en l’apprendre à l’univers !

586. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne mettrai de sa réponse que deux ou trois strophes dans lesquelles elle réclamait avec confusion contre le mot de gloire que lui avait jeté magnifiquement le grand poète : Mais dans ces chants que ma mémoire Et mon cœur s’apprennent tout bas, Doux à lire, plus doux à croire, Oh ! […] Nous sommes tous ainsi faits : les débutants croient en apprendre aux maîtres ; un touriste en sait plus que l’habitant du lieu ; passez-moi cette commune manie : elle fait tant de plaisir ! 

587. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Renard nous apprend à plaindre plus justement l’enfance innocente et tourmentée. […] On nous conte ses petits malheurs, et une tristesse en sort d’autant plus vive que Poil de Carotte est plus philosophe, d’une résignation précoce qui désole : « Tout le monde ne peut pas être orphelin. » Le mal n’est pas d’avoir les oreilles tirées ; c’est, tout jeune, de n’apprendre pas l’art d’espérer qui est tout l’art de vivre.

588. (1890) L’avenir de la science « VI »

Mais tout autre qui y consacre sa vie se mêle de ce qui ne le regarde pas, à peu près comme un homme qui apprendrait les procédés d’un métier, sans vouloir jamais l’exercer. […] C’est plaisir de le voir faire le brave et le dégagé, l’homme du monde qui n’entend rien aux sciences et sait tout sans avoir jamais rien appris. « Ce ne sont ici, dit-il, que resveries d’homme qui n’a gousté des sciences que la crouste première en son enfance et n’en a retenu qu’un général et informe visage : un peu de chaque chose, et rien du tout, à la françoise.

589. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

On nous apprenait autrefois dans un morceau mémorable « comment les dogmes finissent. » En définitive, il n’y a pas beaucoup d’exemples historiques de la chute d’une religion. […] C’est ce que l’avenir nous apprendra.

590. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Les étrangers nous diront eux-mêmes que ce sont nos poëmes et nos livres, qui plus qu’aucun autre évenement ont contribué à donner à la langue dans laquelle ils sont écrits un si grand cours, qu’elle a presque ôté à la langue latine l’avantage d’être cette langue que les nations apprennent par une convention tacite pour se pouvoir entendre. […] Si les fautes que ces critiques reprendront sont des fautes contre l’art de la poësie, ils apprendront seulement à connoître la cause d’un effet qu’on sentoit déja.

591. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Bélise de cette maison, mais qui n’a pas vieilli fille, comme l’autre Bélise, elle est devenue une madame Philaminte de haut parage qui a dégourdi son mari Chrysale, lui a appris Villemain, l’a voué à la littérature et l’a fait académicien, en attendant qu’elle devienne académicienne à son tour ! […] Seule, la femme, forte en orthographe de l’école doctrinaire, pouvait, à propos du mouvement d’imagination généreuse par lequel lord Byron fut emporté vers la Grèce, écrire, sans se déferrer, dans un style d’institutrice anglaise qui a lu Wilberforce, que Byron n’avait ni la foi d’un croisé (merci de me l’apprendre), ni l’ignorante ardeur d’un jeune homme, MAIS le sentiment d’un PHILANTHROPE SAGE et ÉCLAIRÉ !

592. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

« Tu ne sais pas ce que c’est qu’une femme, ma fille, — dit Weill, — et il faut qu’avant de te marier tu apprennes ce que c’est qu’un homme (sic), et de nécessité il faut que tu le saches pour te marier et être heureuse par le mariage. » Tel est exactement le préambule de Weill. […] …) je te parle au nom de la nature, qui est la même partout, chez les civilisés comme chez les sauvages, à Constantinople comme à Paris, et que les hommes ont violée partout par des lois particulières, malheur des femmes… » Or, c’est cette nature interrogée, cette physiologie bien apprise, qui donneraient à la jeune fille de Weill, s’il avait vraiment une fille à marier, les notions nécessaires pour résister à tout, même à l’infidélité de son mari, s’il était jamais infidèle.

593. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

On n’est jamais compté par lui qu’à l’une ou l’autre de ces deux conditions : ou lui donner un plaisir ou du moins une émotion quelconque, ou lui apprendre quelque chose qu’il ne savait pas ; et c’est ce que ne feront point, je vous assure, ces Œuvres et Correspondances inédites ! […] On apprend dans une correspondance comment on est Goethe et comment on est Byron, et voilà pourquoi les correspondances sont si intéressantes lorsque l’on est Goethe ou Byron !

594. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Apôtre futur de Celui qui à douze ans enseignait dans le temple, il jaillit docteur par la force seule du génie, à l’âge où les autres jeunes gens ne sont que des bégayeurs de sciences apprises, mais non pénétrées. […] Aussi se demande-t-il, en vrai psychologue et en observateur profond, ce que dut gagner l’esprit de Bossuet dans ces longues heures passées au chœur, dans les loisirs vigilants de la Contemplation et de la Prière ; et il se répond comme se répondrait Sainte-Beuve, le grand critique des influences : qu’il y apprenait la mélancolie.

595. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Après s’être condamnées à tant d’épreuves et de souffrances mutuelles, ces deux Églises ont appris, par leur propre expérience, qu’elles ne peuvent se détruire l’une l’autre, et qu’il est dans leur destinée de vivre ensemble sur la face du globe… » Ainsi, selon Guizot, le Christianisme est une chose, et le catholicisme et le protestantisme deux autres choses, sorties de celle-là ; il y a égalité de deux Églises. […] Tout ce qui est là-dedans, avant de le lire, on le savait ; et la manière de nous l’apprendre, on la savait aussi, mais moins, car elle s’est lamentablement affaiblie.

596. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Elle lui apprend qu’elle n’y est pas. Elle lui apprend que la poésie se fait avec de la douleur comme la vie, et que les plus grands poètes furent les plus vieux, depuis Homère jusqu’à Milton, — et même Byron, qui mourut à trente-neuf ans, date menteuse !

597. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

… Excellent exercice, du reste, pour apprendre à entendre le second sans se décontenancer ! […] Sandeau sont des couleurs déteintes et mêlées. — Or, elle apprend, par l’une des circonstances du roman, qu’un cousin-germain de son nom, dont le père avait, comme on dit, embrassé les principes de 89, vit non loin d’elle, sur une petite terre qu’il cultive, et qu’il est sur le point d’épouser la fille d’un meunier.

598. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

C’est ainsi, dit-il, en parlant de Constance, qu’il apprenait à commander, mais en même temps il apprenait aussi à obéir ; et il obéissait à ce qu’il y a de plus saint sur la terre, la nature et la loi.

599. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

L’amitié de Racine et de Bourdaloue, et les beaux vers de Despréaux, ne contribueront pas moins à sa gloire que cet éloge funèbre, et apprendront à la postérité que l’orateur a parlé comme son siècle. […] Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.

600. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

En avons-nous si peu à apprendre, qu’il faille inventer un art pour nous en instruire avec de si grands circuits ? […] S’il suffisoit de cette sorte de simplicité pour rendre les hommes dignes d’estime, il faudroit aller apprendre à vivre chez les iroquois et chez les sauvages. […] Il suffit, pour prouver ma pensée, de faire attention à la maniere dont nous apprenons nôtre langue et les langues étrangeres par un commerce habituel avec ceux qui les parlent, et à la maniere dont nous apprenons les langues mortes par les livres. […] Il n’en est pas de même des langues mortes : on ne nous les apprend que par l’entremise de celles que nous connoissons déja. […] Mais enfin, je n’ai point appris à me cacher.

601. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Ce petit pays, qui n’est pas un démembrement du nôtre, a tenu dès lors un rôle très-important par la parole ; il a eu son français un peu à part, original, soigneusement nourri, adapté à des habitudes et à des mœurs très-fortes ; il ne l’a pas appris de nous, et nous venons lui dire désagréablement, si quelque écho parfois nous en arrive : Votre français est mauvais ; et à chaque mot, à chaque accent qui diffère, nous haussons les épaules en grands seigneurs que nous nous croyons. […] Son français fut d’abord peut-être un peu appris, mais appris de haut et par delà, comme il sied. […] Son oncle qui l’apprend, et qui a sur lui d’autres projets, l’en plaisante comme d’une fredaine ; puis, le trouvant sérieux, il se fâche et finalement le déshérite. […] Un mot de lui, jeté en un moment de colère, a cruellement appris à Charles qu’il est un enfant trouvé.

602. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Outre l’honneur qu’il eut de réformer l’éloquence judiciaire, dont il avait appris le secret dans les ouvrages de Cicéron, il ne fut guère moins versé que Vaugelas dans la connaissance de notre langue. […] C’est l’art de parler qui nous apprend l’art de penser. […] Mais c’est peu de nous apprendre à diriger nos pensées par la raison, afin d’en former de bons jugements et de bien raisonner par le bien juger ; il faut savoir appliquer nos pensées, nos jugements et nos raisonnements à la conduite de la vie. […] On n’y peut pas apprendre à penser sans apprendre à bien penser, tant les auteurs nous font voir avec évidence par quels détours insensibles le meilleur raisonnement nous peut, mener à une mauvaise conclusion, et comment cette corruption de l’esprit peut se glisser dans le cœur.

603. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Que ne nous eût-il pas appris ! […] Quand même Papias ne nous apprendrait pas que Matthieu écrivit les sentences de Jésus dans leur langue originale, le naturel, l’ineffable vérité, le charme sans pareil des discours synoptiques, le tour profondément hébraïque de ces discours, les analogies qu’ils présentent avec les sentences des docteurs juifs du même temps, leur parfaite harmonie avec la nature de la Galilée, tous ces caractères, si on les rapproche de la gnose obscure, de la métaphysique contournée qui remplit les discours de Jean, parleraient assez haut. […] Aucun doute à cet égard n’est possible ; tout le monde s’est attaché aux « Entretiens » et non aux « Dialogues. » Platon cependant n’apprend-il rien sur Socrate ? […] Une observation qui n’a pas été une seule fois démentie nous apprend qu’il n’arrive de miracles que dans les temps et les pays où l’on y croit, devant des personnes disposées à y croire. […] La lecture des évangiles suffirait pour prouver que leurs rédacteurs, quoique ayant dans l’esprit un plan très juste de la vie de Jésus, n’ont pas été guidés par des données chronologiques bien rigoureuses ; Papias, d’ailleurs, nous l’apprend expressément 82.

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