Tourneur, [Pierre le] Censeur Royal, & ancien Secrétaire général de la Librairie, né à Valognes en 17..
Sont-ils anciens ? […] Là nous le retrouvons avec une partie de son ancienne puissance : c’est encore la même vigueur de tons, la même richesse d’images, la même fécondité de métaphores et d’analogies. […] Comme critique, nous sommes forcé de constater avec douleur que ses anciennes opinions lui avaient inspiré de bien beaux vers, et que ses opinions nouvelles lui en inspirent de diamétralement contraires. […] Nous sommes fâché pourtant qu’il ait omis d’indiquer deux points qui revenaient de droit à cette partie de son sujet, et qui rapprochent encore plus de la Révolution et de notre époque ce chapitre de l’ancien régime. […] Il n’y a plus la taxe, la taille, la dîme ou la corvée ; mais il y a l’impôt, l’intérêt usuraire, l’isolement, l’absence de ces grands établissements monastiques qui, même au déclin de l’ancien régime, gardaient leur caractère bienfaisant et tutélaire.
Le monde parisien se compose de deux mondes bien divers : « Le monde des anciennes vertus, des anciennes croyances, qui révère l’Église, la famille, la royauté » ; et puis le monde flottant, indécis entre toutes les passions, tous les principes. […] Les anciens le savaient bien quand ils représentaient ce terrible duel de l’homme contre les éléments. […] Là, ils furent témoins de bien des crimes ; de temps à autre, ils disaient tout bas à leur ancien maître : « Prenez garde ! […] Comme il passait devant la forge de son ancien maître, hélas ! […] Dans cette poursuite de l’inconnu à travers les titres de noblesse de l’ancienne France, il a fait de merveilleuses trouvailles.
On a parlé des Souvenirs sur l’Empire de M. de Meneval, ancien secrétaire particulier de l’empereur : il n’y a pas d’habitude de composer un livre, et ceux qui ne lisent que pour avoir un récit agréable et continu peuvent y trouver du mécompte ; mais il y a beaucoup d’anecdotes précieuses, originales, que garantissent la position et la probité de l’auteur.
Poèmes anciens et romanesques, (1890), Librairie de l’Art Indépendant.
Il s’agissoit de prouver cette Proposition, les progrès des Modernes ne dispensent pas de l’étude des Anciens.
Celui où il représente un essaim d'Abeilles distillant du miel dans le carquois de l'Amour, offre une des plus jolies allégories qu'on puisse opposer aux Anciens.
Ce n’est pas la peine d’avoir brisé les conventions de l’ancien répertoire pour s’encombrer d’un pareil bric-à-brac ». […] Est-il besoin de dire qu’il mettait les Anciens au-dessus de tout ? […] D’anciens amis avaient disparu ; de nouveaux survinrent. […] D’anciens amis avaient disparu ; de nouveaux survinrent. […] Nous reprochions au XVIIIe siècle sa servile imitation des Anciens.
Une très ancienne ballade. […] Elle pleure ; l’air est ancien Et triste jusqu’à la folie. […] Et défiant la mort comme les anciens preux ! […] Restaurer les croyances anciennes ? […] Pour nous élever jusqu’à nos destinées définitives, il faut jeter le lest ancien.
Dans ses conversations revenait souvent le nom de Leconte de Lisle, qu’Heredia aimait d’une profonde et ancienne affection. […] Je venais de publier un de mes premiers recueils de vers : Les Poèmes anciens et romanesques. […] C’est le père Louvard, ancien marin infirme, que les « éfants », comme on dit là-bas, saluent au passage pour lui témoigner leur sympathie. […] Marié une première fois en 1803, il épousa en secondes noces, en 1818, Mlle Caroline Archambaut-Dufays, fille d’un ancien officier et qui fut la mère du poète. […] A gauche, s’élève une ancienne chapelle.
L’ancien rôle, que Molière n’avait certes pas fait bien profond, est irréparablement usé et mort. […] J’ai trouvé une espèce de feuille automnale, de palimpseste hébraïque, où l’on croirait reconnaître les caractères indéchiffrés d’un très ancien texte samaritain. […] Peu m’importe, au fond, que le seul cabaretier spirituel de Paris soit issu d’une très ancienne famille grisonne, transplantée depuis deux siècles dans la patrie de M. […] Un seul rayon subsiste désormais de son ancienne rutilance : l’amour rabelaisien de la tripe, de ce qui remplit la tripe et de ce qui sort de la tripe. […] Il paraît que cette légende si populaire, tirée des anciennes chansons de geste et mise en français moderne par des traducteurs du dix-septième siècles, a une valeur historique et archéologique tout à fait incontestable.
Vivien, ancien ministre du 1er mars.
. — Maîtres anciens (1882). — La Peinture italienne (1885). — La Vie et l’œuvre du Titien (1886).
Il sut rajeunir & embellir l’ancienne Comédie de l’Avocat Patelin, qu’on jouoit dès le temps de Charles VIII, & dont François Corbueil est le premier Auteur.
Il prit parti dans le Systême de Law, qu'il démontra inébranlable justement la veille de sa chute ; il entra dans la dispute des Anciens & des Modernes, & sa Dissertation contre l'Iliade d'Homere, ne vaut pas mieux que sa Démonstration.
Enfin, le sacrifice antique n’est pas même banni du sujet chrétien ; car il n’y a rien de plus facile, au moyen d’un épisode, d’une comparaison ou d’un souvenir, de rappeler un sacrifice de l’ancienne loi.
C’est une application de la méthode qu’on y a suivie, au plus ancien auteur du paganisme, à celui qu’on a regardé comme le fondateur de la civilisation grecque, et par suite de celle de l’Europe.
Joseph Garaguel dont le tort est de s’obstiner aux errements anciens. […] Cette sorte d’ouvrages et la méthode qui les dicte nous semblent si anciennes, si de jadis, plus loin et plus surannées que les plus folles truculences du romantisme ! […] J’en ai connu des prêtres, d’anciens prêtres, et ces temps-ci, pour mon feuilleton Là-Bas, j’en ai fréquenté pas mal. […] qui a repris les anciens fabliaux français, et qui les a démarqués ! […] Ses Poèmes anciens et romanesques sont vraiment très beaux : c’est vaste, c’est clair et pur.
Il continuait Montaigne, avec moins de talent, avec plus de connaissances variées, avec plus d’études et de recherches fureteuses dans les anciens philosophes, les anciennes croyances et les anciennes superstitions. […] Et d’abord une idée de liberté entre très difficilement dans l’esprit d’un Français ; et ensuite une loi de liberté donne à une Église aussi ancienne que l’Église catholique en France et aussi enracinée, une puissance énorme, une puissance qu’il est difficile de mesurer, mais que je ne serais pas étonné qui fût plus grande ou devînt plus grande que celle dont l’Église jouissait sous l’ancien régime, sous le régime des concordats. […] Je n’ai pas besoin de rappeler ce qui a été reconnu par tous et proclamé par tous, à savoir qu’il n’y a eu aucune différence entre le patriotisme des anciens élèves des maisons religieuses et celui des anciens élèves de l’État pendant la guerre de 1870 ; et je ne sache pas qu’à l’heure où j’écris les antipatriotes soient d’anciens élèves ou d’anciens professeurs des maisons religieuses. […] A la vérité, la séparation de l’Église et de l’État était un très ancien article du programme républicain. […] Buisson frappe les congrégations enseignantes, pourquoi tolère-t-il le même enseignement de la part de l’ancien congréganiste, de la part du prêtre séculier, de la part du tiers ordre ?
Par ces six écrivains l’esprit des derniers siècles de l’ère ancienne a revécu à nouveau. […] Le langage est donc conservateur des erreurs anciennes ou peut-être des vérités anciennes ; mais à coup sûr il est conservateur et antilibérateur. […] En un mot, « la cruauté est une des plus anciennes réjouissances de l’humanité ». […] Or, ce n’est que ce qui est ancien qui peut être le bien. […] L’esprit ancien prenait sa revanche.
Il recule ses nouveaux personnages jusqu’à l’extrémité de l’antiquité sacrée, comme il a reculé ses anciens personnages jusqu’à l’extrémité de l’antiquité fabuleuse, parce que la distance ajoute à leur taille, et que l’habitude cessant de les mesurer cesse de les avilir. […] Le protestantisme n’avait ni altéré ni renouvelé la nature divine ; conservateur du symbole accepté et de l’ancienne légende, il n’avait transformé que la discipline ecclésiastique et le dogme de la grâce. […] Adam est le vrai chef de famille, électeur, député à la chambre des communes, ancien étudiant d’Oxford, consulté au besoin par sa femme, et lui versant d’une main prudente les solutions scientifiques dont elle a besoin. […] » Il fait des calembours aussi lourds que ceux d’un Harrison, ancien boucher devenu officier526. […] Il employa l’un au service de l’autre, et déploya l’inspiration ancienne en des sujets nouveaux.
Un maître à danser n’est pas toujours celui (tant s’en faut) qui danse le mieux ; mais si quelque ancien maître fameux en ce genre a écrit quelque chose sur son art, et que cet art soit en partie perdu, on doit recourir au traité. […] Les anciens avaient remarqué que de toutes les écoles de philosophie on passait dans celle d’Épicure, mais qu’une fois dans celle-ci on y restait et qu’on ne passait point à d’autres. […] Or le chevalier vieillissant se convertit tout de bon, et ce ne fut pas, comme La Rochefoucauld, à l’extrémité, et pour faire une fin ; il suffit de lire les écrits de ses dernières années pour voir quel bizarre amalgame se faisait, dans son esprit, de son ancien jargon d’honnête homme avec ses nouveaux sentiments de dévot. […] Les écrits sortis de sa plume dans ses dernières années sont insipides ; il baisse à vue d’œil, il se rouille ; il parle de la Cour en bel-esprit redevenu provincial ; il a des ressouvenirs d’épicurien qu’il amalgame comme il peut avec des visées platoniques, et, dans son type d’honnête homme qui est sa marotte éternelle, après avoir épuisé la liste des anciens philosophes, il va jusqu’à essayer en quelques endroits d’y rattacher… qui ? […] Ainsi, à travers les fatuités de cette lettre qui nous paraît si étrange de ton, il savait très-bien indiquer le côté faible de Mme de Maintenon, lui dénoncer cet oubli où on l’accusait de laisser tomber insensiblement ses relations du passé : « On s’imagine que vos anciens amis ne tiennent pas en votre bienveillance une place fort assurée. » Il l’avertit qu’on lui reprochait à la cour de n’aimer à favoriser que des gens déjà élevés et par eux-mêmes en faveur.
Les enfants arrivaient, il fallait leur gagner du pain, et il n’était pas pour cela d’humeur à suivre la route battue, étant persuadé qu’il fallait mettre dans la comédie « une belle philosophie », une noblesse et une dignité particulières, suivre les exemples des anciens, imiter leur sévérité et leur correction, dédaigner le tapage théâtral et les grossières invraisemblances où la canaille se complaît. […] Jonson a pris dans le commerce des anciens l’habitude de décomposer les idées, de les dérouler pièce à pièce et dans leur ordre naturel, de se faire comprendre et de se faire croire. […] Tantôt c’est une manie extraite des sophistes anciens, le bavardage avec horreur du bruit ; cette formule de pathologie mentale devient un personnage, Morose ; le poëte a l’air d’un médecin qui aurait pris à tâche de noter exactement toutes les envies de parler, tous les besoins de silence, et de ne point noter autre chose. […] C’est un genre nouveau qu’il apporte ; là-dessus il a une doctrine ; ses maîtres sont les anciens, Térence et Plaute. […] Les dieux grecs et tout l’Olympe antique, les personnages allégoriques que les artistes peignent alors dans leurs tableaux, les héros antiques des légendes populaires, tous les mondes, le réel, l’abstrait, le divin, l’humain, l’ancien, le moderne, sont fouillés par ses mains, amenés sur la scène pour fournir des costumes, des groupes harmonieux, des emblèmes, des chants, tout ce qui peut exciter, enivrer des sens d’artistes.
C’est lui qui détruit l’ancien drame, abaisse le nouveau, appauvrit et détourne la poésie, produit l’histoire correcte, agréable, sensée, décolorée et à courtes vues. […] Si aujourd’hui lady Mary Wortley, son ancienne divinité poétique, est par malheur à table, on ne pourra pas dîner en paix ; ils ne manqueront pas de se contredire, de se picoter, de se quereller, et l’un des deux quittera la chambre. […] Tout au plus cet ours de Rousseau, ancien laquais et Génevois moraliste, eût lancé ce coup de boutoir. […] « La Vérité craintive s’enfuit dans son ancienne caverne, menacée par des montagnes de casuistique entassées sur sa tête. […] Comme lui, il combattait la frivolité contemporaine et mettait en regard les anciennes républiques, « dont les désirs héroïques planaient si fort au-dessus de la petite sphère égoïste de notre vie sceptique. » Comme lui, il louait le sérieux, le patriotisme, la liberté, la vertu, s’élevait du spectacle de la nature à la contemplation de Dieu et montrait à l’homme par-delà le tombeau les perspectives de la vie immortelle.
Je confiai toujours beaucoup à la Muse, et le Recueil qu’on va lire (les Pensées d’Août), aussi bien que les fragments dont j’ai fait suivre précédemment l’ancien Joseph Delorme et que j’ai glissés sous son nom, le prouvent assez. […] C’est la source du Nil que les voyageurs anciens et modernes n’ont pu découvrir, et qui semble découler directement du ciel à travers les nuées de l’Abyssinie. […] Les anciens grammairiens, chez qui on serait tenté de chercher une biographie positive du poète, y ont mêlé trop d’inepties et de fables ; mais, de quelques traits pourtant qu’ils nous ont transmis et qui s’accordent bien avec le ton de l’âme et la couleur du talent, résulte assez naturellement pour nous un Virgile timide, modeste, rougissant, comparé à une vierge, parce qu’il se troublait aisément, s’embarrassait tout d’abord, et ne se développait qu’avec lenteur ; charmant et du plus doux commerce quand il s’était rassuré ; lecteur exquis (comme Racine), surtout pour les vers, avec des insinuations et des nuances dans la voix ; un vrai dupeur d’oreilles quand il récitait d’autres vers que les siens. […] Et en acceptant même sur son compte les quelques anecdotes assez suspectes que les anciens biographes ou grammairiens nous ont transmises, et qui intéressent ses mœurs, on y trouverait encore ce qui répond bien à l’idée qu’on a de lui et ce qui le distingue à cet égard de son ami Horace, de la retenue jusque dans la vivacité du désir, quelque chose de sérieux, de profond et de discret dans la tendresse. […] Laurent de Jussieu, l’un des plus anciens amis de Lamartine.
Que le sombre Cuchullin me cède l’ancien trône de Cormac, ou son sang rougira l’écume des torrents d’Erin. » « Carril revient, et dit : « Les accents de la voix de Swaran sont sinistres. […] Protégez les amis de votre père, et que les guerriers des anciens temps soient présents à votre souvenir. […] « Enfants du roi de Morven, dit Fingal, gardez le roi de Loclin ; car il a la force de mille flots irrités ; son bras est instruit aux combats ; il a toute la vigueur des anciens héros de sa race. […] Ullin, ancien nom de l’Ulster. […] Ceci fait allusion à la manière dont les anciens Écossais ensevelissaient les morts.
Ces sentiments sont très anciens et de beaucoup antérieurs à l’occasion qui me les a fait éclaircir et développer. […] Sir Temple s’était jeté, avec une témérité qui ne lui était pas ordinaire, dans cette vaine polémique sur le mérite comparé des anciens et des modernes, qui avait traversé la France et qui occupait en Angleterre des esprits distingués. […] C’était une difficulté de poids ; mais le frère à distinctions, que nous nommerons plus tard, maintenant qu’il avait mis la main à l’ouvrage, prouva par un argument péremptoire-que K était une lettre récente, illégitime, inconnue aux âges savants et ignorée dans les anciens manuscrits. […] Les Tories étaient portés au pouvoir par la reine et par l’opinion, et Swift allait leur tendre la main, malgré les efforts de ses anciens amis. […] L’ancien ministère fut accusé de trahison.
Dans la Destination de l’Opéra (Leipzig, 1871), il explique que l’ancien opéra est voisin du drame religieux ; le drame est seulement la définition correcte de ce dont l’opéra est une mauvaise traduction. […] L’ancien critique du Réveil est, aussi, parmi les plus remarquables défenseurs des idées wagnériennes : son admiration, très ardente, est éclairée, et vaillante. […] Deuxième article : L’opéra ancien et le drame wagnérien ; ce qu’est précisément le drame wagnérien ; le rôle de l’orchestre et le rôle de l’acteur ; l’interprétation des Maîtres Chanteurs, à Bruxelles. […] Et je reconnais aussi qu’une œuvre d’art aussi complètement originale et basée sur un travail musical on ne peut plus complexe, exige une initiation comme toute création de génie, et que cette initiation demande encore un effort qui disparaîtra graduellement à mesure que l’esprit s’habituera à cette nouvelle forme d’art, comme il s’est habitué à l’ancien opéra.. […] Voici la conclusion de l’étude : Désormais la démonstration est faite, nous n’avons plus qu’à marcher dans la voie progressive ; Bruxelles a reconnu la signature de Richard Wagner ; ses œuvres entrent dans notre répertoire ; elles marchent invinciblement à cette popularité que bien d’anciens opéras détenaient injustement.
Si Wagner n’a pas fait un nouveau poème à la place de l’ancien, c’est qu’il avait une raison pour ne pas le faire, une raison esthétique. […] Henri La Fontaine, le président de l’Association Wagnérienne de Bruxelles, un wagnériste d’ancienne date. […] L’histoire est fort ancienne, si elle est vraie. […] Le récit, le théâtre, le roman, ce fut les trois formes successives de la littérature ancienne. […] Je ne connais point d’autre poète, en notre littérature française d’aujourd’hui, et j’ai vainement cherché hors de France un musicien des mots23 Les nouveaux poètes anglais ne diffèrent des anciens, de Byron et de Swinburne, que parce qu’ils ont un moindre talent.
Frédéric Cuvier, et avant lui, du reste, plusieurs des plus anciens métaphysiciens, ont comparé l’instinct à l’habitude. […] Supposons maintenant que l’ancien progéniteur de notre Coucou d’Europe ait eu les habitudes du Coucou américain, mais qu’il n’ait que rarement pondu ses œufs, et peut-être les premiers ou les derniers de ses couvées dans le nid d’autres oiseaux. […] Quand leur ancienne fourmilière leur devient incommode et qu’elles sont forcées d’émigrer, ce sont les esclaves qui décident l’émigration et qui transportent leurs maîtres entre leurs mandibules. […] Les Aphis se trouvent vis-à-vis des Fourmis dans la même situation que notre bétail par rapport à nous ; et il est certain que nos meilleures vaches laitières seraient fortement incommodées par l’abondance de leur lait si elles recouvraient la liberté de l’état sauvage, sans variations correspondantes qui les fissent revenir à leur ancien type. […] Enfin il est probable que la stérilité des Fourmis ou des Abeilles ouvrières n’a pas toujours existé, du moins d’une manière aussi constante et aussi complète ; et qu’elle a suivi, et non pas précédé, l’apparition de leurs instincts les plus remarquables, acquis d’abord, au moins jusqu’à certain degré, par une accumulation héréditaire chez d’anciens progéniteurs féconds.
M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires, a raconté, de son ancienne et pauvre vie en Angleterre, une attendrissante aventure, qui a pour objet une divine Charlotte, fille d’un ministre de campagne, d’un Révérend très-fort aussi en grec, comme ils le sont tous : le presbytère anglais encadré de ses fleurs, et avec toute sa précieuse netteté, y reluit dans une belle page. […] L’amitié du Botaniste a pu les ignorer jusqu’au moment où Marthe l’a aidé à retrouver ces papiers anciens qui n’étaient point destinés à survivre. […] La mère de Jocelyn, affaiblie par la fatigue et la souffrance, a désiré revoir le village natal, dans lequel sa maison ancienne ne lui appartient plus ; elle a désiré y embrasser un moment, encore une fois, son fils, qui abandonne pour quelque temps Valneige. […] … Mieux vaut remercier une ancienne journée Pour la joie au soleil librement couronnée, Que d’aigrir son désir contre un présent jaloux.
Cette génération dont l’âge actuel est environ quarante ans, et dont la presque totalité lutta, sous la Restauration, contre l’ancien régime politique et religieux, occupe aujourd’hui les affaires, les Chambres, les Académies, les sommités du pouvoir ou de la science. […] Théodore Jouffroy est né en 1796, au hameau des Pontets près de Mouthe, sur les hauteurs du Jura, d’une famille ancienne et patriarcale de cultivateurs. Son grand-père, qui vécut tard, et dont la jeunesse s’était passée en quelque charge de l’ancien régime, avait conservé beaucoup de solennité, une grandeur polie et presque seigneuriale dans les manières. […] Jouffroy le côté dédaigneux, ironique, l’ancien côté actif refoulé, qui se fait sentir amèrement par retours, et qui tranche, comme un éclair, sur un grand fonds de calme et d’ennui.
La plupart, pusillanimes, défiants, engourdis, avilis », « peu différents des anciens serfs686 », ressemblent aux fellahs d’Égypte, aux laboureurs de l’Indoustan. […] En Champagne, les syndics de Bar-sur-Aube écrivent695 que plus d’une fois les habitants de La Ferté, pour échapper aux droits, ont jeté leurs vins à la rivière, et l’assemblée provinciale déclare que « dans la majeure partie de la province, la plus légère augmentation des droits ferait déserter les terres à tous les cultivateurs ». — ; Telle est l’histoire du vin sous l’ancien régime. […] Compiègne paye toute sa taille au moyen d’un impôt sur les boissons et sur les bestiaux721. « Dans Toul et Verdun, les charges sont si pesantes, qu’il n’y a guère que ceux qui y sont retenus par leurs offices et par d’anciennes habitudes, qui consentent à y rester722. » À Coulommiers, « le marchand et le peuple sont si surchargés, qu’ils répugnent à faire des entreprises ». […] À moi seul, pauvre homme, je paye deux gouvernements : l’un ancien, local, qui aujourd’hui est absent, inutile, incommode, humiliant, et n’agit plus que par ses gênes, ses passe-droits et ses taxes ; l’autre, récent, central, partout présent, qui, se chargeant seul de tous les services, a des besoins immenses et retombe sur mes maigres épaules de tout son énorme poids. » — Telles sont, en paroles précises, les idées vagues qui commencent à fermenter dans les têtes populaires, et on les retrouve à chaque page dans les cahiers des États généraux.
Il résolut de provoquer la bataille entre l’esprit nouveau et l’esprit ancien par un coup d’État. […] Rousseau et de Volney avait déteint sur ses pensées, mais son âme n’avait pas été altérée jusqu’au fond par ces doctrines décolorées et froides qui désenchantent l’esprit sans attendrir le cœur ; et, quand il rentra dans sa patrie, au milieu des ruines faites par l’incrédulité, et des efforts d’un gouvernement hardi et réparateur pour rattacher la France à ses anciens dogmes par des repentirs avoués et par des réconciliations politiques entre les armées et les autels, il ne lui fut pas difficile de renier le culte nouveau, qui n’était encore que doute, et de se rattacher aux douces habitudes de son imagination comme à d’anciens amis éprouvés avec lesquels on vient prier dans les mêmes temples et dans la même langue, après être rentrés sous les mêmes cieux. […] Il dut y avoir à la fin du paganisme des hommes supérieurs, d’abord chrétiens, puis ramenés aux dieux de leur jeunesse par la poésie de l’Olympe et par la facilité d’un vieux culte rétabli ; flottant d’une religion à l’autre, écrivant tantôt pour la nouvelle, tantôt pour l’ancienne foi de Rome, et mourant héroïquement comme Julien l’Apostat, en lançant au ciel le reproche terrible où le doute retentit à travers ces âges : « Tu as vaincu, Galiléen !
Et n’eussent-ils fait que lui apprendre du grec et du latin, il leur serait encore plus redevable qu’à personne : car lui ouvrir l’intelligence des anciens, c’était lui mettre en main la clef de sa future doctrine. […] Tandis que, sous l’apparence de la dévotion, la cour inclinait au cynisme débraillé, et que dans les salons commençait à éclore une nouvelle sorte de préciosité, philosophique et scientifique, l’hôtel de Lamoignon continuait la tradition des anciennes maisons de magistrats, graves et décentes, où toutes les belles éruditions étaient en honneur, où le bel esprit même et la plaisanterie s’enveloppaient de doctrine. […] Despréaux, avec une adresse perfide, se fait prier et supplier par un Père Jésuite de lui nommer l’unique moderne qui surpasse à son gré les anciens ; à ce nom de Pascal, si malignement retenu et brusquement lâché, stupeur du bon Père, qui gratifie d’une épithète injurieuse l’auteur des Provinciales ; là-dessus, voilà notre poète hors de lui, qui oublie son artificieuse ironie, et s’emballe à fond, criant, trépignant, et courant d’un bout de la chambre à l’autre, sans plus vouloir approcher d’un homme capable de trouver Pascal faux : cette merveilleuse page, dont je ne puis reproduire la couleur et la vie, donne la sensation de l’homme même : c’est bien lui, avec sa malice railleuse et sa sincérité passionnée, et toujours prenant trop au sérieux les idées pour s’en jouer avec la grâce indifférente de l’homme du monde, qui sacrifie sans hésiter n’importe quelle opinion à la moindre des bienséances. […] Le maître du logis aimait toujours la bonne chère et les propos autour de la table : ses convives étaient parfois des courtisans, Pontchartrain le fils ou le marquis de Termes, plus souvent quelques voisins, et de bons amis, le chirurgien Félix, le musicien Destouches, l’abbé de Châteauneuf, ancien ami de Ninon, qui vers ce temps-là fut parrain du fils du notaire Arouet.
Il me semble qu’à ce moment-là les anciens serviteurs de Napoléon devaient plutôt, devant le mystère tragique de cette destinée, être pris d’une immense compassion et comme pénétrés d’une horreur sacrée où s’évanouissaient les rancunes personnelles. […] S’il a jamais été de mauvaise foi, il n’est pas commode de dire à quel moment ; car, s’il l’était en faisant le procès de l’ancien régime, il ne l’était donc pas en faisant le procès de la Révolution et inversement. […] Il sait ce qu’ont pensé et découvert les philosophes anciens et modernes, d’Empédocle à Schopenhauer, et d’Euclide à Claude Bernard. […] Les magnifiques lamentations de la race humaine, l’éveil de la mémoire et de la pitié de Faustus au bruit de cette plainte qui passe, la scène où, assis près de Stella, il cherche au firmament son ancienne patrie, la terre ; (Je me rappelle cet enfer… Et cependant je l’aime encore Pour ses fragiles fleurs dont l’éclat m’était cher, Pour tes sœurs dont le front en passant le décore.
Ces pensées qui se pressent dans l’esprit sans qu’on puisse les changer en acte de la volonté, le contraste singulier d’une vie beaucoup plus monotone que celle des anciens et d’une existence intérieure beaucoup plus agitée, causent une sorte d’étourdissement semblable à celui qu’on prend sur le bord de l’abîme ; et la fatigue même qu’on éprouve, après l’avoir longtemps contemplé, peut entraînera s’y précipiter. […] Nous disions : « Depuis que la philosophie du Dix-Huitième Siècle a porté dans toutes les âmes le doute sur toutes les questions de la religion, de la morale et de la politique, et a ainsi donné naissance à la poésie mélancolique de notre époque, deux ou trois génies poétiques tout à fait hors de ligne apparaissent dans chacune des deux grandes régions entre lesquelles se divise l’Europe intellectuelle, c’est-à-dire d’une part l’Angleterre et l’Allemagne, représentant tout le Nord, et la France qui représente toute la partie sud-occidentale, le domaine particulier de l’ancienne civilisation romaine. […] » …… Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse et dans ses poésies, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourc dans Oberman d, Sainte-Beuve dans Joseph Delorme, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir, qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal), et de la proclamation de principes nouveaux qui doivent engendrer une société nouvelle. […] Le plus grand peintre de la nature chez les anciens, Virgile, a déjà jusqu’à un certain point l’âme chrétienne.
Un autre jour, Buffon a fouillé du regard les entrailles de notre globe ; il a demandé aux métaux, aux rochers, aux couches du terrain comment s’est formée la planète dont nous peuplons la surface, et la géologie vient à son tour prendre rang parmi ses sœurs plus anciennes. […] Mots bizarres parfois : mots formés du grec qui seraient des énigmes pour les grecs anciens (hypnotisme, électrothérapie, téléphone, etc […] L’âge d’or, tel que l’imaginaient les anciens, avec ses ruisseaux de lait, son printemps perpétuel, ses arbres d’où coulait le miel, ses hommes innocents parmi lesquels erraient des lions, des ours, des tigres aussi innocents qu’eux, cette idylle aimable et douceâtre a pu prêter à de jolis tableaux. […] Saint-Lambert, le médiocre auteur des Saisons, a dit ce mot profond : « Les anciens aimaient et chantaient la campagne ; nous chantons et aimons la nature. » Et qu’est-ce que la nature ?
Mais bientôt les souvenirs affluent ; ils se mêlent et affluent : c’est des tronçons de faits anciens, des visions ténues et innombrables ; comme la secousse joyeuse d’un large flot qui s’élève, et qui l’envahit. […] Ces successions de quartes et de quintes, qui aujourd’hui signifient pour nous les émotions les plus étranges et nous paraissent les plus dures, elles étaient, pour les âmes anciennes, le signe des émotions les plus naturelles. […] Pendant que les savants compositeurs détruisaient la langue musicale ancienne, une nouvelle langue était fournie à la musique par ces chansons populaires. […] L’œuvre de Bayreuthal (suite) Extraits de lettres anciennes à des amis 13 novembre 1871 : « Que l’affaire suive donc son cours, et que l’Allemand montre qu’il sait enfin donner l’attention nécessaire à une branche de l’art public si honteusement négligée, et même temps d’une influence illimitée, et à laquelle je voue ma vie. » 19 mai 1871 : « Avant tout je suis heureux d’obtenir ce que nous nous proposons par un accord vraiment amical, et je m’efforce pour cela d’exclure tout élément étranger, hostile ou nuisible, Personne ne sera attiré par nous qui ne conçoive pleinement ce dont il s’agit ; les faits mêmes parleront à ceux qui n’auront pas compris.
C’est ainsi, par exemple il faut vous rappeler tout au moins quelques-uns de ces contes c’est ainsi, par exemple, que la Poule aux Œufs d’or, le Trésor et les deux Hommes, les Femmes et le Secret, l’Astrologue, l’Ours et les deux Compagnons, le Vieillard et les trois Jeunes Hommes, le Jardinier et son Seigneur, la Jeune Veuve, la Fille, sont de petites nouvelles presque toujours imitées d’anciens conteurs, mais relevées par une certaine manière de considérer l’humanité avec malice, avec indulgence et avec un certain souci de la rendre, je ne dis pas meilleure, encore une fois, le mot ne conviendrait pas, mais plus sage, plus sensée et même plus juste. […] La Poule aux Œufs d’or est une petite diatribe satirique contre l’avarice et qui a tout le sel des anciens fableaux, avec quelque chose — quelque chose seulement — de la gravité que le dix-septième siècle ajoutait déjà à cet esprit. […] Souvenez-vous aussi de ce bois qui paraît en l’enfoncement avec la noirceur d’une forêt âgée de dix siècles : les arbres n’en sont pas si vieux à la vérité ; mais toujours peuvent-ils passer pour les plus anciens du village, et je ne crois pas qu’il y en ait de plus vénérables sur la terre. […] La retenue des terres est couverte d’une palissade de philiréa apparemment ancienne ; car elle est chauve en beaucoup d’endroits.
Tiercelin publia son premier volume de vers : Les Asphodèles, œuvre qui, dit un critique, « est éclose dans l’atmosphère très catholique de l’ancienne famille bretonne à laquelle appartenait le poète, et qui est comme le pur reflet de ses impressions premières ».
Il avoit principalement le talent d’exprimer avec grace jusques aux plus petites choses : « C’est en quoi, disoit* Boileau, il ressemble mieux aux Anciens, que j’admire sur-tout par cet endroit ; plus les choses sont seches & mal aisées à dire en Vers, plus elles flattent quand elles sont dites noblement & avec cette élégance qui fait proprement la Poésie ».
Il était né à Saint-Marcel d’Ardèche en Vivarais, le 22 mai 1715, d’une race ancienne et de la meilleure qualité. […] On le voit successivement chanoine et comte de Brioude, chanoine et comte de Lyon, c’est-à-dire membre de chapitres pour lesquels il fallait faire preuve de très ancienne noblesse : tout cela n’était pour lui qu’honorifique. […] » En le citant, on a quelquefois supposé que c’est à Boyer, ancien évêque de Mirepoix, et qui tenait la feuille des bénéfices, que Bernis l’avait plus tard adressé ; c’est une erreur, et qui ôte au mot de son piquant et de sa vengeance.
Quand Tallemant des Réaux, par exemple, s’appuyant du manuscrit d’un ancien secrétaire de Du Plessis-Mornay, c’est-à-dire d’un témoignage ennemi, s’amuse à nous conter que tous les soirs, à l’Arsenal, jusqu’à la mort de Henri IV, Sully, déjà arrivé à la cinquantaine, continuait d’aimer si fort la danse « qu’il dansait tout seul avec je ne sais quel bonnet extravagant en tête, qu’il avait d’ordinaire quand il était dans son cabinet », une telle anecdote, qui n’a aucun rapport prochain ni éloigné avec les actes publics de Sully et qui ne saurait être contrôlée, est indigne d’être recueillie par un historien et n’est propre (fût-elle exacte à quelque degré) qu’à déjouer et à dérouter le jugement général, bien loin d’y rien apporter de nouveau. […] Il avait de tout temps écrit ou fait rédiger les journaux et mémoires des actions principales et des événements importants de sa vie ; il chargea en définitive quatre secrétaires d’en faire un extrait considérable et un recueil à l’usage du public : Monseigneur, est-il dit dans la dédicace, Votre Grandeur ayant commandé à nous quatre, que vous connaissez assez, de revoir et considérer bien exactement certains mémoires que deux de vos anciens serviteurs et moi avons autrefois ramassés et depuis fort amplifiés, etc., etc., de toutes lesquelles choses nous nous sommes acquittés le mieux qu’il nous a été possible, etc. […] Le chapitre vie des Mémoires a cela de remarquable qu’il est copié sur un ancien recueil écrit tout entier, disent les secrétaires, de la main de Sully et qui doit être de sa composition même.
on a toute la variété et les contrastes du tableau : un ancien eût fini peut-être par ce dernier trait et par cet image, mais Cowper ne s’y est pas tenu ; il y a mêlé son idée de fils d’Adam sur le travail qui est une peine et un châtiment, mais qui est devenu un moyen ou un gage de rachat. […] [NdA] Le plus ancien et le plus sacré des poètes, Homère, ne pensait pas autrement que Wordsworth, lorsqu’il a dit : « Il n’est rien de meilleur ni de plus beau que lorsqu’un homme et une femme habitent la maison, ne faisant qu’un par le cœur. » C’est Ulysse qui dit cela en adressant des vœux d’heureux mariage à Nausicaa et en songeant lui-même à sa Pénélope. […] William Hughes, comme pour quelques-uns des autres morceaux. — Mes amis et moi, dans cette étude déjà ancienne de Cowper, à laquelle j’aurais pu donner bien plus de développement, nous avons cherché à lutter d’exactitude et de fidélité de ton en présence de l’original 25.
Il sollicita donc un de ses savants amis et voisins, Paul Thomas, sieur de Girac, un galant homme de son pays d’Angoumois, ami des lettres pour elles-mêmes, grand lecteur des anciens, des Latins, des Grecs, et sachant même un peu d’hébreu, de lui écrire ce qu’il pensait des lettres de Voiture. […] Cependant, sincèrement amoureux des lettres, dilettante à sa manière, il employait la fleur de ses matinées dans son joli et commode appartement, et en vue des jardins de l’évêché, à lire ou plutôt à se faire lire (goutteux et myope qu’il était) les modernes et même les anciens, à les parcourir en tous sens, à en tirer, non pas une science solide et continue, mais de jolies pensées, des anecdotes curieuses, des raretés galantes et graveleuses même dès qu’il s’en offrait, le tout pour en enrichir ses cahiers de lieux communs et ses tiroirs : il songeait qu’un moment pouvait venir où tous ces magasins d’esprit lui seraient utiles et lui feraient honneur à débiter. […] Costar na pas fort lu les anciens poètes ; qu’il se trompe en disant que la lune n’a point eu d’amant ; qu’il ignore que l’étoile du matin est la même que celle de Vénus. » Quand on en est là, on est bien près d’en venir aux grosses injures : la querelle allait prendre une tournure décidée de xvie siècle, et elle fut portée en effet bientôt aux dernières extrémités.
Ce fut la dernière figure tout à fait en vue de vieille femme et de grande dame imposante dans l’ancienne société ; nous n’avons pas à y revenir. — Il y avait encore la marquise de Boufflers, la digne mère du léger et spirituel chevalier, l’amie du bon roi Stanislas et qui faisait les beaux jours de la petite Cour de Luné-ville à l’époque où Mme du Châtelet et Voltaire y étaient invités. […] Si la vie humaine n’était destinée qu’à être plaisir et fête, féerie continuelle dans un cercle magique et dans une île enchantée, je ne saurais pas de destinée plus enviable dans l’ancienne société et sur le déclin de l’antique monarchie que celle de ces princes de Conti, nés proche du trône, à distance suffisante pour n’en pas être trop gênés et offusqués, jouissant des prérogatives du sang sans avoir les ennuis de la charge ni même ceux du trop de représentation ; pas d’obligation étroite, nulle responsabilité, popularité facile et à peu de frais. […] Le comte, blessé du procédé, ayant consulté son père sur ce qu’il devait faire à cet égard : « Mon fils, lui répondit le prince, il faut savoir si le refus de M. de Choiseul est dans les règles, en ce cas vous n’avez rien à dire ; sinon, il est bon gentilhomme, et vous pouvez lui faire l’honneur de vous battre avec lui. » Tel était, sur ces dernières pentes de l’ancienne monarchie, un prince du sang, philosophe faute de mieux et comme pis-aller, le plus poli des gentilshommes, sans autre ambition définitive que celle de plaire, bien plus de Paris que de Versailles, les délices du Parlement, celui enfin que Mme de Boufflers sut retenir, captiver jusqu’au bout par les liens au moins de l’esprit et de l’affection, et qu’elle avait même espéré, à un moment, épouser.
Sur la fin de ce séjour et pendant l’exercice de cette garnison si bien établie et consolidée, Louis XIV jugea à propos de le détacher pour lui confier le commandement de la petite armée qu’il envoya en 1686 au duc de Savoie : elle devait l’aider à chasser des vallées des Alpes les religionnaires désignés sous le nom de Vaudois et qui vivaient là cantonnés depuis des siècles ; on les appelait aussi Barbets les jours de mépris et d’insulte, à cause de l’ancien nom de leurs pasteurs (barbas). […] En 1686, sous la pression et sur l’instance comminatoire de Louis XIV, Victor-Amédée se vit forcé, cependant, de faire à son tour sa révocation de l’Édit de Nantes, et le 31 janvier 1686 il déclara révoqués et abolis, à Fégard de ses sujets des vallées, tous les anciens privilèges qu’il avait ratifiés lui-même à son avènement. […] C’était une guerre toute politique en effet ; il y avait dans le duc de Savoie un ancien et un futur allié, celui qui devait donner en définitive la duchesse de Bourgogne à la France ; il semble qu’il ne convenait pas de le pousser trop à bout, de l’écraser ni de l’exterminer, quand même on l’aurait pu, mais qu’il suffisait de lui infliger, selon son propre mot, quelques corrections : et les deux victoires de Catinat en furent de sévères et d’éclatantes.
André de Murville, un ancien ami de Fontanes, un gendre (ma foi !) […] C’est ainsi que chantait la dernière Valmore dans le ressentiment de ses jeunes et anciennes douleurs. […] (26 décembre 1821.) » — Cette Mme de Launay, nièce par alliance de l’ancien gouverneur de la Bastille, avait la plume alerte et gaie, l’esprit légèrement bigarré, railleuse, bonne royaliste d’ailleurs, et même, ce semble, assez bonne catholique : elle accommodait tout cela dans son joli caquetage, nouvelles de coulisses et nouvelles d’église : « (15 août 1822)… Tu dois savoir, par les journaux, que Damas (du Théâtre-Français) vient de donner sa démission.
Jay estime, que les anciens rédacteurs du Constitutionnel et du Mercure ont connu ; que plusieurs littérateurs de cinquante ans regardent comme aussi ingénieux que modeste ; dont les femmes ont lu le livre de l’Amour, un peu sur la foi du titre, et que les jeunes gens de notre âge se rappellent peut-être avoir vu figurer dans quelque réquisitoire sous la Restauration ; — M. de Sénancour a eu, à tous égards, une de ces destinées fatigantes, malencontreuses, entravées, qui, pour être venues ingratement et s’être heurtées en chemin, se tiennent pourtant debout à force de vertu, et se construisent à elles-mêmes leur inflexible harmonie, leur convenance majestueuse. […] Je marcherai doucement, allant et revenant le long d’un sentier obscur et abandonné ; je n’y veux voir que l’herbe qui pare sa solitude, la ronce qui se traîne sur ses bords, et la caverne où se réfugièrent les proscrits, dont sa trace ancienne est le dernier monument. […] Notre contemporain a raison de se donner après eux comme un nouvel interprète des maximes de la loi perpétuelle : les vérités, en passant par sa bouche, empruntent une autorité bien persuasive ; on apprécie mieux la suavité de ce baume, connaissant les amertumes anciennes d’où il l’a su tirer ; le solitaire des Rêveries, m’élevant avec lui vers Dieu, me transporte plus puissamment que Necker n’y réussirait tout d’abord.
Il y a quinze ans que cet honorable gentilhomme, ancien député sous la Restauration, a pris à cœur de rechercher tout ce qui pouvait, de près ou de loin, concerner l’aimable poëte d’Amiens. […] Je dis que cela est touchant, parce que cela est désintéressé ; et c’est l’honneur éternel des lettres, de ce que les Anciens appelaient studia, d’entretenir en ceux qui les aiment de ces piétés qu’on appellera, si l’on veut, des manies : les hommes qui ne visent qu’au présent et à user à leur profit des circonstances sont incapables, je l’avoue, de telles illusions, qui supposent le rêve d’immortalité, et c’est pourquoi, avec toute sorte de considération pour ces hommes utiles, je préfère les autres. […] Qu’est-ce que cette mollesse et finesse de l’air que les Anciens trouvaient au ciel d’Athènes, que les Latins du temps des Césars croyaient ressentir à Rome (proprium quemdam gustum urbis), que Voltaire recommandait si fort aux poëtes trop absents de Paris, et dont lui-même, à ce qu’il semble, il savait se passer si bien ?
Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs. […] Le père d’Ernest était dans les ambassades ; M. de Liron trouve naturel qu’Ernest y entre à son tour : voici l’âge ; pour l’y introduire, il a songé à l’un de ses anciens amis, M. de Thiézac, qui, de son côté, se voyant au terme décent du célibat, songe que Mlle de Liron lui pourrait convenir, et arrive à Chamalières après l’avoir demandée en mariage. […] La nouvelle position des deux amants, l’embarras léger des premiers jours, le rendez-vous à la chambre, le bruit de la montre accrochée encore à la même place, le souper à deux dans une seule assiette14, cette seconde nuit qu’ils passent si victorieusement et qui laisse leur ancienne nuit du 23 juin unique et intacte, les raisons pour lesquelles Mlle de Liron ne veut devenir ni la femme d’Ernest ni sa maîtresse, l’aveu qu’elle lui fait de son premier amant, cette vie de chasteté, mêlée de mains baisées, de pleurs sur les mains et d’admirables discours, enfin la maladie croissante, la promesse qu’elle lui fait donner qu’il se mariera, l’agonie et la mort, tout cela forme une moitié de volume pathétique et pudique où l’âme du lecteur s’épure aux émotions les plus vraies comme les plus ennoblies.
Il y a en critique, comme dans la vie, une fidélité à ses anciennes relations qui est utile et douce autant qu’obligée. […] N’oublions pas tout à fait les anciens coins préférés. […] Ou était en 93 ; bien des années d’absence et les dissentiments politiques avaient relâché, sans les rompre, les liens des anciennes compagnes ; Mme Roland, captive sous les verrous de Sainte-Pélagie, attendait le jugement et l’échafaud.
Après le vigoureux élan des humanistes pour s’élever à la hauteur des œuvres anciennes, après les convulsions politiques et religieuses qui ont remué les âmes jusqu’au fond, la littérature, comme la France, se repose. […] Bien assurée de ce côté, la raison, mûrie dans les agitations du siècle et l’étude des anciens, se reconnaît juge souveraine de la vérité qu’on peut connaître, et la littérature s’imprègne d’un rationalisme positif et scientifique. […] On conçut qu’il fallait donner une autorité supérieure et un fondement rationnel à la règle des mœurs, et l’on résolut encore ce problème par la superposition du christianisme à la sagesse humaine des anciens.
Montesquieu accepte les dires des historiens anciens ; il ne contrôle pas leurs assertions ; il ne s’embarrasse pas de leurs contradictions. […] Ses propres études, une fois qu’il aura échappé au collège, l’affermiront dans sa passion pour l’histoire ancienne, et particulièrement pour l’histoire romaine : car, peu touché de l’art, c’est des mœurs, des caractères, des actions, de l’histoire par conséquent, qu’il s’éprend. […] Il a une ample information : il a lu, il a voyagé ; depuis les anciens Grecs jusqu’aux Suisses de son temps, depuis les sages Chinois jusqu’aux plus grossiers sauvages, tous les peuples fournissent des documents à son enquête.
Regarde, les voici qui viennent Une à une, les anciennes, Et du plus loin qu’il te souvienne, Pauvre Âme, Ombre de la Tour morne aux murs d’obsidiane. […] Mais le talent de M. de Régnier n’apparaît pas toujours avec cette tendance, sans doute inconsciente, et l’auteur des Poèmes anciens est bien certainement symboliste. […] J’aime à y appliquer, de même qu’aux Poèmes anciens et romanesques, ce que je disais de la suggestion même : elles sont en leurs strophes variées comme un ensemble de lignes qui, sans atteindre le point précis de leur jonction, le révèlent au moins par leur unanime tendance, projetant ainsi dans l’espace le signe de leur raison d’être et de leur unité.
Les Anciens, avec ce génie du symbole qui était en eux, représentaient la Jeunesse armée d’un arc, appuyée d’une main sur une lyre, et, de l’autre, répandant quelques grains d’encens sur le brasier d’un autel. […] Tout au contraire, l’ancienne comédie en tire ses meilleures scènes et ses plus gais expédients. […] S’il est dupe, l’outrage qu’il reçoit est si ignoble et si lâche, qu’on comprend les anciens Germains étouffant l’adultère dans un tas de boue.
Ses questions la pressent et se resserrent, comme les crans du brodequin de l’ancienne torture. […] Madame Aubray lui impose de ne plus revoir son ancien amant, de ne vivre désormais que du travail. […] Tellier la rencontre, en venant rendre visite à madame Aubrav ; et, resté seul avec elle, il lui dénonce son ancienne maîtresse comme une femme tarée qui n’est pas à voir.
Dans un quatrième dialogue, il se trouve face à face avec son propre frère, ancien jacobin resté incorrigible, et il se révèle à nu. […] Mitis est un laïque, un écrivain qui a de certains emplois secrets peu honorables, et qui finissent par tourner contre lui-même : « Il y a dans ce moment-ci, dit-il à un ancien ami qu’il veut séduire, deux partis très distincts dans le gouvernement, le parti religieux qui mène, et le parti politique qui se lasse d’être mené. […] Ne riez pas, c’est comme cela. » Et il engage cet ami Dalinville à faire comme lui, à se mettre de l’un au moins des deux bords : Comme compatriote, comme ancien camarade d’études, je vous donne à choisir de vous mettre dans celui que vous voudrez ; vous serez accepté d’un côté comme de l’autre ; j’en ai la certitude.
Il ne fut pas inutile à Ninon, dans ces conjonctures, que le prince de Condé, son ancien amant et son ami toujours, intervînt en personne pour lui donner à la Cour et ailleurs des témoignages publics d’intérêt. […] Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement ; beaucoup d’esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et toutefois sans ouvrir la porte à la médisance ; tout y était délicat, léger, mesuré, et formait les conversations qu’elle sut soutenir par son esprit, et par tout ce qu’elle savait de faits de tout âge. […] « Les femmes courent après Mlle de Lenclos, disait Mme de Coulanges, comme d’autres gens y couraient autrefois. » Et là-dessus Mme de Sévigné écrivait à M. de Coulanges : « Corbinelli me mande des merveilles de la bonne compagnie d’hommes qu’il trouve chez Mlle de Lenclos ; ainsi elle rassemble tout sur ses vieux jours, quoi que dise Mme de Coulanges, et les hommes et les femmes. » Aucun livre ne nous rend mieux ce qu’était dans les derniers temps le salon de Mlle de Lenclos, que le Dialogue sur la musique des anciens, par l’abbé de Châteauneuf : c’est une conversation qui se tient chez elle, et où on l’entend dire son mot avec goût, avec justesse, et en excellente musicienne qu’elle était.
On est tout surpris, en voyant ce simple tableau, d’être involontairement reporté en souvenir à d’autres tableaux bien expressifs des anciens, et de Théocrite par exemple. […] Je définis un patois une ancienne langue qui a eu des malheurs, ou encore une langue toute jeune et qui n’a pas fait fortune. […] Dumon d’Agen, l’ancien ministre, et qui avait eu autrefois mille attentions et mille bonnes grâces pour lui.