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640. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Les Allemands sont assurément les plus admirables travailleurs classiques que l’on puisse imaginer ; depuis qu’ils se sont mis à défricher le champ de l’antiquité, ils ont laissé bien peu à faire pour le détail et le positif des recherches ; ils ont exploré, commenté, élucidé les grandes œuvres ; ils en sont maintenant aux bribes et aux fragments, et ils portent là-dedans un esprit de précision et d’analyse qu’on serait plutôt tenté de leur refuser lorsqu’ils parlent et pensent en leur propre nom.

641. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours.

642. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

C’est Diderot, en effet, qui est chez nous le père, l’aïeul vénérable, l’Homère de ce genre mélangé de critique et d’art, de ces contes, de ces historiettes, de ces pastiches chauds et gracieux, de ces analyses mousseuses et vives.

643. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Les diverses additions qui s’étaient faites à la première connaissance si vague et si lyrique, les détails plus précis, les analyses et les anecdotes se rapportaient naturellement au même point de vue.

644. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Saisissons dans leur fleur ces premiers sentiments délicats et fugitifs qui naissent en nous spontanément avant toute réflexion : la critique littéraire n’est que l’analyse des sentiments littéraires.

645. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Invention, création, originalité, nouveauté, tout cela, en dernière analyse, se réduira à la conception d’une forme, c’est-à-dire d’un enchaînement, d’une subordination, d’une proportion, qui mettent en lumière des rapports nouveaux entre des pensées anciennes, et leur attribuent des valeurs nouvelles.

646. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Lorsqu’un nouvel ordre s’établit, la littérature n’est plus tout à fait au point où elle était en 1789 : plus affranchie du goût mondain, de l’esprit, de l’analyse, de la finesse piquante, moins intelligente, elle s’est vidée de pensée en harmonisant ses formes.

647. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Les caractères sont d’un relief remarquable, d’une analyse un peu sommaire, mais bien vivants et dramatiques en leurs énergiques raccourcis.

648. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

On s’est borné à des analyses trop vagues ou à des intuitions trop hâtives.

649. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Le judicieux Du Marsais, un des hommes qui a le mieux entendu le génie des langues, & qui a porté plus loin l’esprit de discussion & d’analyse dans toutes les parties grammaticales, a fait voir qu’en matière d’orthographe, si l’usage étoit un maître dont il convint en général de respecter les loix, c’étoit le plus souvent aussi un tyran dont il falloit sçavoir à propos secouer le joug.

650. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Il en est qui sont obscurs naturellement, spontanément, très loyalement, sans artifice ; qui sont capables, ce qui est une chose encore que je n’ai jamais comprise, d’exprimer par des mots, de mettre sur le papier, une pensée qui n’est pas devenue nette dans leur esprit ; pour qui la parole ou l’écriture n’est pas un instrument d’analyse ; pour qui la parole ou l’écriture n’est pas une épreuve qui force à se rendre compte de ce qu’on pense ; qui, en un mot, peuvent exprimer ce qu’ils ne conçoivent pas.

651. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

., tous épisodes ou mosaïques d’anecdotes dont il faut juger par soi-même en les lisant et dont l’analyse, d’ailleurs, ne donnerait qu’une très imparfaite idée.

652. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

une anatomie vivante du pamphlet qui ressemble beaucoup moins à une analyse qu’à un hymne ; mais ce lyrisme en l’honneur du pamphlet, le discours écrit, prouve à quel point cette forme, qui chez lui a le caractère oratoire, mais qui n’est pas nécessairement oratoire, transportait et emportait haut sa pensée.

653. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Il nous a donné une analyse très exacte de la théodicée, de la métaphysique et de la morale de l’illustre auteur de la Somme.

654. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Il n’y a pas d’analyse à faire de cette œuvre charmante, brûlante et chaste, dont les détails sont ravissants.

655. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Pour arriver à trouver cette nature des choses humaines, la Science nouvelle procède par une analyse sévère des pensées humaines relatives aux nécessités ou utilités de la vie sociale, qui sont les deux sources éternelles du droit naturel des gens (axiome 11).

656. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

M. de Loménie les analyse et en publie deux au complet à la fin de son livre. […] Quand l’analyse s’exerce sur un sujet contemporain, la difficulté de généraliser est encore augmentée par le manque de perspective. […] C’est affaire de prose et d’analyse. […] Tous les mots, même ceux qui paraissent le moins figurés, se résolvent à l’analyse en images. […] Brachet, puisqu’il faisait un dictionnaire spécial des étymologies, nous donnât deux ou trois volumes au lieu d’un et poussât l’analyse jusqu’à ses derniers retranchements.

657. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

L’analyse est autrement pénétrante chez M.  […] et, dans Conseil (un chef-d’œuvre d’analyse), quelle expérience cruelle on devine, et quelle rancœur ! […] Jamais, chez eux, de ces curiosités d’analyse, de ces efforts pour exprimer tels effets rares de lumière et de couleur. […] Elle n’est pas une peinture, mais une analyse, et elle ne traduit pas directement les objets, mais les sentiments qu’ils éveillent en nous. […] Ils se contenteront des « analyses résumées », les misérables !

658. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

En dernière analyse, la critique n’est plus un tribunal, puisqu’on trouve toujours à appeler des arrêts de l’un au goût et à la complicité de l’autre. […] Une bonne analyse est une des œuvres les plus méritoires de l’esprit. […] Balzac parle d’hier et Walter Scott de longtemps ; Balzac analyse les passions de M.  […] Dieu a voulu que tout homme fût éloquent à l’heure où il analyse les battements de son cœur ; doit-on s’étonner qu’à cette heure choisie les éloquents deviennent sublimes ? […] Mais nous n’avons pas à faire ici l’analyse de Melænis, l’espace nous manque pour cela.

659. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Le romantisme a été un hymne, un chant, plutôt qu’une peinture et une analyse ; et s’il a dépassé Rousseau, un aïeul qu’il ne saurait désavouer, il est resté en deçà de Shakespeare2, son plus grand et son plus glorieux ancêtre. […] Soumis à une patiente analyse, le style de M.  […] Pousserons-nous plus loin notre analyse ? […] L’analyse minutieuse d’une catastrophe interne et psychique lui tenait lieu d’une course folle sur le terrain de l’invraisemblance ; ses plus saisissantes péripéties se dénouaient dans l’âme de ses héros. […] L’article dont je veux parler, ayant pour objet l’analyse des œuvres de Charles de Bernard, est une des pages les plus remarquables des Causeries littéraires.

660. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Les curiosités de l’analyse ne le tentent pas. […] » C’est là le dernier terme de cette analyse de la passion telle qu’elle peut se développer dans des cœurs choisis. […] De même il semble que l’analyse des sentiments pourrait avoir plus d’acuité, leur expression être plus choisie et plus rare. […] C’est lui qui leur a remis en main cet instrument de l’analyse dont lui-même avait usé avec tant de subtilité et de pénétration. […] Rappelez-vous quelle direction ont suivie les lettres en ces derniers temps, et ce qu’on a appelé : littérature d’analyse, écriture artiste, document, détermination par le milieu.

661. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Le raisonnement eût fait languir l’attention de l’auditeur ; une analyse trop délicate et trop raffinée lui eût paru suspecte de bel esprit. […] Après Bossuet, parut, comme à propos, pour accommoder la parole chrétienne à l’attention plus forte du roi entrant dans l’âge viril, un prédicateur doué du talent de raisonnement et d’analyse au même degré que Bossuet possédait le talent de peindre. […] Louis XIV entendit prêcher Bourdaloue dix carêmes de suite, et cet esprit si droit, si capable de s’approprier les lumières d’autrui, apprit, dans ces profondes analyses de tous les états du péché, non seulement à se mieux connaître, mais à mieux connaître les autres. […] Nul du moins ne put se flatter de protéger par la hauteur du rang un vice ou désordre contre cette redoutable analyse.

662. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

L’idée du non-moi, inséparable de l’idée de la diversité des choses et de leur permanence individuelle en dehors de la succession psychique, suppose tout un travail d’analyse et de synthèse qui se fait peu à peu, à mesure que les observations s’accumulent et que l’esprit les compare et les interprète. […] Les psychologues ont souvent pris pour des observations de conscience l’analyse logique des notions qui composent la psychologie du sens commun. […] Liard, La science positive et la métaphysique, p. 401-502. — Les pages qu’on va lire étaient écrites quand nous avons lu, dans la Revue philosophique (oct. 1879, p. 381-382), l’analyse, faite par M.  […] Laura Santone (« Victor Egger ‘annunciatore’ di Edouard Dujardin e di James Joyce… », art. cit., p. 249) identifie dans ce passage une trace de la lecture de Egger par Bergson, même s’il n’y fait qu’une allusion masquée, quand il analyse les sensations de son dans l’Essai sur les données immédiates de la conscience (PUF, « Quadrige », 2003, p. 32-33) : « que restera-t-il, sinon une indéfinissable qualité du son entendu ?

663. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XX Je n’ai plus qu’un plaisir, j’analyse, j’herborise, je suis un naturaliste des esprits

664. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Nous venons trop tard pour une analyse que toutes les plumes spirituelles ont épuisée : nous n’en toucherons ici que ce qui est nécessaire à nos remarques.

665. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Au second acte, par exemple, quoi de mieux comme vérité d’analyse que cette scène entre Cosima et Ordonio, lorsque celui-ci, qu’on croyait mort, revenu à l’improviste, surprend Cosima en larmes, lisant la dernière lettre qu’elle a reçue de lui ?

666. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

C’est un modèle d’information et d’analyse.

667. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe.

668. (1890) L’avenir de la science « I »

La faiblesse de notre âge d’analyse ne permet pas cette haute unité ; la vie devient un métier, une profession ; il faut afficher le titre de poète, d’artiste ou de savant, se créer un petit monde où l’on vit à part, sans comprendre tout le reste et souvent en le niant.

669. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

De là, sur notre scène, trois espèces d’œuvres bien distinctes : l’une vulgaire et inférieure, les deux autres illustres et supérieures, mais qui toutes les trois satisfont un besoin : le mélodrame pour la foule ; pour les femmes, la tragédie qui analyse la passion ; pour les penseurs, la comédie qui peint l’humanité.

670. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Telle est l’analyse de l’ouvrage de Du Marsais.

671. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Il les réduit toutes aux suivantes ; 1°. l’esprit pointilleux & d’analyse qui fait qu’on discute tout aujourd’hui, & qu’on ne sent rien ; 2°. le ridicule de se passionner pour l’antithèse, le recherché, le nouveau & ce qui n’est que dans la petite manière ; 3°.

672. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Pendant que ces choses se passaient dans l’entendement, l’analyse resserrait de plus en plus les limites de nos langues : les mots consacrés par elles avaient subi tant d’épreuves de tous les genres, qu’ils avaient fini par recevoir un sens trop fixe et trop déterminé, qui était en opposition avec l’indépendance naturelle de la pensée.

673. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Excepté cela et l’analyse de Trialph, qui est Lassailly encore, ces Portraits après décès, où se rencontrent des fronts douloureux et presque égarés comme ceux de Gérard de Nerval et de Jean Journet, manquent de plaisanterie… Et si, comme en certains qui touchent à la caricature exquise, comme celui de M. de Jouy, — un petit chef-d’œuvre, — la bouche qui a tant aimé à rire s’y reprend encore, elle s’y reprend en deux fois, et je sens dans ce rire brisé, comme la corde d’un arc rompue, le commencement de l’amertume qui pourrait bien être le commencement de la sagesse… La caractéristique du talent de M. de Jouy par le carrick de l’Empire, ce carrick qui reparaît tous les cinquante ans, taillé d’une autre façon, mais absolument sur le dos du même homme, cette fatale et éternelle perruque qu’a tout front et qui fait, hélas !

674. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

L’Histoire de la Satire, en d’autres termes, l’Histoire de la comédie humaine, n’était-ce pas par une déchirante analyse du rire et de ses causes (les causes du rire, grand Dieu !)

675. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Vaublanc, lorsque vous le lisez, vous rappelle involontairement le Julien Sorel de Rouge et Noir et le Fabrice de la Chartreuse de Parme, qui n’est, du reste, que le même homme, C’est le même genre de courage qui raisonne, s’analyse, calcule et se doit de jouer encore la partie, quand elle semble le plus perdue sans ressource.

676. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Assurément, ce serait une analyse curieuse à faire, et très digne, du reste, de la Critique, qui doit regarder autant à l’effet des livres qu’à leur substance, que de rechercher les causes de l’insouciance affectée pour le livre de Crétineau-Joly… Qui sait ?

677. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Il est inférieur aussi, après avoir conclu au particulier dans chacune de ces biographies intellectuelles, de n’avoir pas su conclure au général, et après avoir fait passer philosophes et systèmes par le creuset de l’analyse, de n’avoir pas jaugé d’un dernier regard la puissance en soi de la philosophie !

678. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

-Auguste Martin nous analyse les livres sacrés, les quatre livres de Confucius, le Ta-Hio, le Tchong-young, le Lun-yu, le Yao-King (voilà assez de cette musique, n’est-ce pas ?)

679. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Mais l’Académie, qui a retiré de ses programmes futurs la question posée par elle dans ce brumeux français qui la distingue, l’a comblé de compliments par l’organe de son rapporteur, Baudrillart, très compétent, comme on sait, en matière d’analyses morales, pour les avoir étudiées dans le Faste funéraire et les Fêtes publiques sous l’ancienne monarchie.

680. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Je distingue, entre tous ces articles sévères, d’analyse et de discussion, celui qui traite des Mélanges littéraires de M. de Sacy, une oasis charmante au milieu de ces graves domaines, une causerie pleine de laisser aller, où M.  […] Il ne faudrait pas séparer de cette préface le beau travail d’analyse intitulé : De la Physiologie, et dont le livre même de Mueller est le sujet (Revue des Deux Mondes, 15 avril 1846). […] Il se rendit compte d’abord avec une parfaite exactitude de tous les systèmes des philologues allemands ; il les exposa dans notre Journal des Savants avec analyse et discussion, dans une suite d’articles aujourd’hui recueillis, et dont quelques-uns en leur genre sont admirables.

681. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

D’autres étaient arrivés par l’analyse à l’idée du sentiment : Rousseau, par son tempérament, a la réalité du sentiment ; ceux-là dissertent, il vit ; toute son œuvre découle de là. […] Il a aidé les âmes de nos Français à opérer une conversion dont ils avaient le besoin et qu’ils n’arrivaient pas à faire : rassasiés de raisonnement, d’abstraction et d’analyse, desséchés, vidés par un excès de vie intellectuelle, ils ont senti revivre leur cœur au contact du cœur de Rousseau ; ils ont demandé au sentiment les certitudes et les jouissances, que l’intelligence n’était pas capable de leur donner. […] Et leurs amours se développent en émotions poétiques plutôt qu’en analyses psychologiques : rien de plus édifiant à cet égard que la promenade à la retraite de la Meilleraie567 ; les impressions des deux amants sur ce lac, parmi ces rochers qui ont été témoins de leur passion maintenant assagie, épuisée, toujours délicieuse, cette joie mêlée d’un sentiment mélancolique de l’irréparable écoulement des choses et de l’être, c’est le thème, et plus que le thème, du Lac de Lamartine.

682. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Analyse du Roman de la Rose. — Guillaume de Lurris. — Jean de Meung. — § III. […] Courte analyse du Roman de la Rose. […] Il faut m’en permettre une courte analyse, pour en faire voir la différence, et motiver le jugement que j’en dois porter.

683. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et les auteurs allemands sont trop occupés de théories, d’analyses des écrits, et, selon les cas, de dénigrements ou d’admirations, pour nous accorder ce qu’il nous importerait d’avoir, un aperçu vivant de cette époque. […] Nous diviserons cette analyse en trois parties : 1° Der Reine Thor : 2° Durch mitleid ;3° Wissend. […] Sur le style de Tristan, se reporter à l’analyse d’André Miquel (voir note n°40) qui écrit dans la notice de sa traduction  : «  ce superbe morceau d’anthologie musicale est aussi le lieu d’une recherche textuelle constante, notamment à partir du moment où le délire d’Isolde passe à une exaltation supérieure et qui ne se démentira plus.

684. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

IV Origine radicale du principe de raison suffisante dans l’action de la volonté L’idée d’intelligibilité s’explique aussi, en dernière analyse, par l’expansion de la volonté dans un milieu qui la favorise ou la contrarie, et par l’effort de la volonté pour se maintenir avec le moindre abandon possible d’elle-même. […] Par une analyse et une critique approfondies des lois ou conditions de l’intelligence, on en devait venir à se poser ce problème : tout le réel est-il vraiment intelligible ? […] L’analyse psychologique ne peut ni remonter au-delà de cette conscience d’agir et de vouloir, ni en donner des définitions ou descriptions, qui seraient toujours plus ou moins objectives.

685. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Nulle définition n’en précisa le sens, nulle analyse n’en détermina les élémens, surtout nulle induction fondée sur des faits suffisamment nombreux et caractéristiques ne lui donna l’autorité d’un principe. […] Survient l’analyse, qui rabaisse les espérances exaltées par cette hardie métaphysique. […] Mais l’analyse pourrait pousser plus loin.

686. (1926) L’esprit contre la raison

Quelques mois plus tard, le voici qui défend le surréalisme, une « entreprise qui a le mérite de ne point  vouloir être exclusivement littéraire » (« Voici Marcel Arland », Les Nouvelles littéraires, 15 novembre 1924) ; ce que Marcel Arland analyse comme « le nouveau mal du siècle », un surréalisme entaché d’un vague à l’âme encore romantique, devient « Le Bien du siècle » sous la plume de Crevel dans La Révolution surréaliste n°6, 1er mars 1926. […] Barrès plus tard analyse curieusement dans les mêmes termes son nationalisme : « J’ai voulu m’entourer de hautes murailles ». […] On peut voir dans cette fresque de l’état d’esprit qui conduisit à la guerre une contestation de l’analyse de Valéry : Crevel fait le même constat de fragmentation, d’éclatement, mais Valéry accusait la diversité, cette coexistence dangereuse de systèmes de pensée incompatibles, d’avoir produit la débâcle de l’intellect et d’avoir ainsi conduit à la guerre ; pour Crevel, c’est la volonté de synthèse qui est à l’origine de tous les maux.

687. (1921) Esquisses critiques. Première série

On n’analyse point l’esprit. […] C’est l’outil de l’analyse étincelant comme l’acier des coutelleries chirurgicales. […] C’est celle de savoir si l’analyse d’une œuvre doit demeurer parfaitement indépendante de l’étude du caractère de son auteur, ou si toutes deux peuvent se combiner et dans quelles proportions. […] Il ne faut point chercher ici l’étude complexe des détours du cœur ou l’analyse des lents développements d’une émotion qui s’impose peu à peu à un esprit qu’elle dominera. […] Que veut dire ce vers, assurément beau, ceci sans doute, si on l’analyse de près : Ma tristesse me vient de plus loin que je ne me viens moi-même (Id. loc.

688. (1902) La poésie nouvelle

Cette confusion, qui ne se décrit pas, échappe à la plus délicate analyse. […] On y retrouve un peu la manière de Sully-Prudhomme, avec moins de raffinement, moins de minutie patiente dans l’analyse, moins de profondeur aussi. […] Les Episodes rompent brusquement avec ce genre ; plus d’épanchements, ni d’analyse. […] Mais ce qui différencie surtout ces petits poèmes d’amour de ceux de jadis, c’est qu’ils ne procèdent plus par l’analyse. […] La « poésie d’analyse » serait bonne si la psychologie classique était juste, si toute la vie mentale consistait dans les idées claires et distinctes.

689. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Il est le père du roman d’analyse, créé sans mère, cela se voit. […] Le premier il a pratiqué cette clairvoyance sans méchanceté, bien plus impitoyable à lui-même qu’aux autres, il l’exprime à la pointe d’un style lucide, le grand style de l’analyse. […] Car Adolphe est aussi le roman d’un esclavage consenti, et l’analyse de cet esclavage par un homme qui a la vocation de la liberté. […] L’analyse des idées religieuses, politiques, morales, peut jouer dans la vie des sociétés, des États, des hommes, un rôle aussi précieux que l’analyse mathématique au principe des sciences. […] Nous n’en lisons plus rien, mais ils furent de grands agents de liaison, et leurs disciples maintinrent ou retrouvèrent l’esprit du xviiie  siècle et de l’analyse à travers le romantisme.

690. (1886) Le roman russe pp. -351

Jaloux de la rigueur des procédés scientifiques, l’écrivain se propose de nous renseigner par une analyse perpétuelle des sentiments et des actes, bien plus que de nous divertir ou de nous émouvoir par l’intrigue et le spectacle des passions. […] Ainsi, en empruntant aux sciences naturelles leurs procédés d’analyse minutieuse, nos écrivains réalistes, naturalistes, — peu importe le nom qu’on leur donne, — se sont trouvés en face de ce problème redoutable : contraindre nos facultés littéraires à un emploi nouveau qui leur répugne. […] Je ne veux point développer une analyse à laquelle j’aurai souvent occasion de revenir dans ce volume, à propos de chaque écrivain en particulier. […] Ce n’est plus chez Gogol, comme chez quelques-uns des poètes ses prédécesseurs, l’instinct vague de la race qui affleure ; l’écrivain a observé la vertu nationale, il l’analyse et la vante en connaissance de cause. […] Ils valent mieux qu’une analyse de quelques lignes dans un volume consacré à leurs chefs de file ; je leur demande un crédit de temps.

691. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Richet lui-même reconnaît, en dernière analyse, que l’homme « souffrira moins », mais ne sera pas plus « heureux ». […] Voici encore une analyse délicieuse de l’instinct de justice. […] Une excellente analyse de l’altruisme. […] En termes plus philosophiques, si vous voulez, une idée littéraire est une analyse, et une idée philosophique est une synthèse. […] Elle entrait avec lui dans l’analyse plus ou moins sincère de son âme.

692. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Gustave Planche, a publié sur Adolphe 98 quelques pages d’une analyse attristée et sévère. […] Cette lettre nous représente à merveille ce que pouvaient être les interminables conversations de Colombier, ces analyses dévorantes qui avaient d’abord tout réduit en poussière au cœur d’Adolphe. […] Pour l’observateur, pour le moraliste qui étudie curieusement le fond des caractères, celui de Benjamin Constant ne se dessine sans doute que mieux ; ce mélange d’égoïsme et de sensibilité, qui se combine dans la nature d’Adolphe pour son malheur et celui des autres, n’est plus désormais masqué par rien ; il se remet à écrire à Mme de Charrière comme à l’esprit le plus supérieur qu’il connaisse ; il lui dit tout et plus que tout, il s’analyse et se dénonce impitoyablement lui-même, il ne craint plus d’offenser en elle cette première délicatesse ni même cette pudeur de l’amitié qu’il a violée une fois ; les confidences les plus étranges, les plus particulières, se multiplient et s’entre-croisent ; il sait être encore aimable, encore touchant par accès, spirituel toujours173, mais aussi il ose avoir toute sa sécheresse, tout son ennui désolant ; il y a du cynisme parfois. […] Il le dit d’autres fois d’un ton de langueur si expressif et si abandonné176, avec une obstination d’analyse si désespérante177, qu’elle s’effraie pour lui et lui prodigue d’affectueux, de salutaires conseils : « N’étudiez pas, mais lisez nonchalamment des romans et de l’histoire. […] L’excès d’analyse, la facilité de médisance et d’ironie, une habitude d’incrédulité et d’épicuréisme, venaient corrompre à tout instant ce que cette influence pouvait avoir d’affectueux et de bon ; Mme de Charrière était le xviiie  siècle en personne pour Benjamin Constant ; il rompit à un certain moment avec elle et avec lui.

693. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« J’ai fini l’analyse et j’arrive à votre jugement. […] Vous n’avez pas seulement jugé son talent avec cette sûreté de coup d’œil et d’analyse d’un maître, vous avez aussi apprécié son caractère avec une justice et une bienveillance qu’il n’a pas toujours rencontrée dans les écrivains de    son camp.

694. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Fabre, après une analyse complète de ses mérites, conclut à le placer dans le si petit nombre des parfaits modèles de l’art d’écrire, s’il montrait toujours autant de goût qu’il prodigue d’esprit et de talent 152. […] Il en a sur le cœur et les passions surtout qui rencontrent à l’improviste les analyses intérieures de nos contemporains.

695. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Schuré qui, sous l’impression immédiate des représentations de Munich, avait fait de ce drame une analyse qui est restée célèbre et dans laquelle il n’est nullement question de philosophie2, M.  […] L’analyse de son buste nous fait voir dans le front, dans les yeux, dans le menton, dans la bouche surtout, si minutieusement étudiée, les lignes caractéristiques essentielles.

696. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Ne pouvant en faire ici l’analyse musicale, je me borne à signaler la grandeur du premier morceau, les puissants contrastes du vivace, l’expressivité si émouvante de de l’adagio, et enfin l’extraordinaire finale où les thèmes déjà entendus reparaissent. […] Voici le texte même : « Devant l’œuvre dramatique représentée, le rôle de la compréhension qui analyse n’a rien à fairer car, dans la perception, après qu’elle a atteint sa plus grande étendue, il s’établit un repos, qui nous amène sans effort (unwillkürlich) à la compréhension de la vie.

697. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

C’était bien la peine d’avoir quitté avec fracas les corruptions du village normand pour les splendeurs de Carthage ; après tant d’efforts, après tant de labeurs convulsifs, nous voici ramenés, comme dans Madame Bovary, à des questions d’analyse médicale. […] Un seul être, dans ce long récit, a échappé à l’implacable analyse du peintre, c’est l’âne du suffète, sans doute parce que l’auteur s’est rappelé les vers de Marie-Joseph Chénier : Un âne sous les yeux de cet homme d’esprit Ne peut passer tranquille et sans être décrit4.

698. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Or le choix de l’unité phénoménale est livré à l’arbitraire de mon esprit ; si je dis, avec la psychologie classique, qu’il n’y a pas d’imagination sans mémoire, c’est que j’ai introduit dans mon analyse l’idée toute métaphysique du phénomène-atome, élément indivisible des phénomènes divisibles ; mais je puis tout aussi bien convenir avec moi-même qu’un fait digne de ce nom dure au moins deux heures ; cette convention admise, la mémoire subsiste comme faculté, comme principe matériel de certains faits dont la forme est toujours originale et nouvelle ; mais il n’y a plus de faits de mémoire, il n’y a plus de souvenirs, à proprement parler ; se souvenir est nécessaire, car l’invention n’est pas une création ex nihilo ; mais un souvenir est impossible, car je ne puis me répéter deux heures durant sans glisser quelque élément nouveau dans la reproduction de mon passé ; la mémoire se déduit, elle ne s’observe plus. […] L’attention, tel est, en dernière analyse, le principe qui, transformant l’habitude négative en habitude positive, maintient la parole intérieure à l’état de perpétuelle et consciente actualité [§ 2].

699. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Dès lors il n’y a plus d’événements dans ces deux vies séparées et voisines, mais seulement des incidents grossis par la passion qui en souffre, et par le talent du romancier qui les analyse jusqu’en leurs dernières conséquences. […] Celui de Dominique au moins est une merveille d’analyse et de vérité.

700. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Tout le mal vient de comparaisons outrées, d’écarts fréquents, de raffinements d’analyse ; et qu’on ne nous reproche pas d’imputer beaucoup trop à des bagatelles : Hæ nugæ seria ducunt.

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