/ 1939
1181. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Mme Valmore ne peut s’empêcher d’y applaudir ; elle ne se raisonne pas, elle suit son élan ; elle a l’âme populaire ; elle était pour les souffrants, pour les opprimés et les mitraillés à Lyon, en 1834 ; elle était de tout temps pour les condamnés politiques, sans distinction de parti, que ce fût M. de Peyronnet ou Raspail, pour tous ceux dont elle entendait la plainte à travers les barreaux ; elle est pour eux encore le jour où elle se figure que le peuple triomphe et se délivre ; elle a son hymne du lendemain : « (1er mars 1848)… L’orage était trop sublime pour avoir peur ; nous ne pensions plus à nous, haletants devant ce peuple qui se faisait tuer pour nous. […] Mais ce parti lui-même est entouré de bien des difficultés ; c’est un déchirement, et je suis inerte de douleur. » « (5 décembre 1853)… J’ai tant de raisons de savoir que le malheur d’argent surtout change beaucoup les affections et n’est justifié devant personne ! 

1182. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Lebrun est un succès de parti, une victoire des lumières sur les préjugés. […] Le poëte, rassemblant toutes ses ardeurs et ses enthousiasmes du premier âge, ne craignait pas de s’y montrer plus napoléonien qu’on ne se le permettait généralement alors dans cette fraction du parti libéral qui confinait aux opinions doctrinaires.

1183. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Comme on lui disait que le journal d’un parti orthodoxe alors dominant avait traité son Cosmos de livre de piété, il répondit avec un sourire sardonique : “Cela pourra m’être utile.” […] Convive assidu d’un roi, et ami demi-déclaré des libéraux, il continuait son vrai rôle : — capter la faveur des deux partis. — Goethe, envers lequel il était respectueux comme envers les puissances, écrivit de lui le 1er décembre 1826 : « Alexandre de Humboldt a passé quelques heures, ce matin, avec moi.

1184. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Comme lui, il ne fut d’Église que pour avoir part aux revenus de l’Église, du reste l’esprit le plus laïque qu’on puisse voir : comme lui, il recueillait de toutes bouches l’exact détail des événements, à grands frais et fatigue de corps, aujourd’hui à Londres, demain en Écosse, cette année à Paris ou en Auvergne, l’autre en Avignon, en Béarn, en Hollande, toujours interrogeant et notant, et de loin en loin se reposant dans son Hainaut pour classer et rédiger ses notes : indifférent du reste aux intérêts vitaux des peuples et des temps dont il fait l’histoire, ni Anglais, ni Français, ni même Flamand de cœur et de sentiment national, clerc aujourd’hui de Madame Philippe reine d’Angleterre, demain chapelain de Mgr le comte de Blois, à l’aise dans tous les partis, sans amour et sans haine, parce qu’il est sans patrie, curieux seulement de savoir et de conter. […] Il refera trois fois son premier livre, deux fois le second et le troisième, pour corriger, étendre, compléter : il effacera de plus en plus du premier, primitivement tout anglais, l’air de nation et de parti.

1185. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Menacé, il croit se sauver par la cabale, dans le parti d’Orléans : cela donne lieu de l’écraser. […] Il suit le parti du duc d’Orléans contre la régente Anne de Beaujeu, est emprisonné, exilé, puis rentré à la cour (1490) et au conseil.

1186. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ceux de Crébillon semblent partis de la main de Corneille et de Racine. […] Aussi admirai-je Tibère, outre que la politique du temps50, qui s’insinuait dans nos collèges et nous y divisait en partis, donnait à tout le mal que Chénier dit du vieux tyran de Caprée le piquant de l’à-propos.

1187. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Telle on la voit dans sa carrière militante, toujours du parti des causes justes, patronne des luttes légitimes. […] En tout et toujours, je me range du parti des hommes, mais ma faveur les quitte au lit nuptial.

1188. (1772) Éloge de Racine pp. -

à ce parti si nombreux des écrivains médiocres, qui, sans s’aimer d’ailleurs et sans être d’accord sur le reste, se réunissent toujours comme par instinct contre le talent qui les menace, se joignait cette espèce d’enthousiastes qui avaient déclaré qu’on n’égalerait pas Corneille, et qui étaient bien résolus à ne pas souffrir que Racine osât les démentir. […] Confondue dans une foule tumultueuse, elle est dispensée de rougir : elle a d’ailleurs si peu de chose à faire ; l’illusion théâtrale est si frêle et si facile à troubler ; les jugemens des hommes rassemblés sont dépendans de tant de circonstances, et tiennent quelquefois à des ressorts si faibles ; l’impression exagérée d’un défaut se répand si aisément sur les beautés qui le suivent, que toutes les fois qu’il y a eu un parti contre un ouvrage de théâtre, le succès en a été troublé ou retardé.

1189. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Avant Charles II d’Angleterre, avant Jacques II, ce grand homme méconnu qui eut plus de conscience que de gloire, — ce que les hommes, qui font la gloire, ne comprennent pas et ne peuvent pardonner, — on n’avait point vu de rois en exil, ou si on en avait vu, c’était dans un exil armé, menaçant, toujours prêt à être le rebondissement de ces Dieux Termes de la Royauté qu’on avait jetés par-dessus la frontière qu’ils avaient si longtemps gardée, et qui s’opiniâtraient à revenir… Mais de rois prenant leur parti de la chose, vivant tranquillement dans l’exil, s’y engraissant, chanoines royaux de cet exil, ou s’y dégraissant de leurs majestés, on n’en avait pas vu. […] À présent, ils sont tous partis.

1190. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Dès les premiers jours d’avril 1814, un parti exagéré et qui n’était que l’organe le plus fidèle, le plus selon le cœur de l’ancienne race royale, prétendait forcer la main aux pouvoirs intermédiaires et encore arbitres de la situation, et obtenir la rentrée de plein droit et sans condition aucune.

1191. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Entre tout lire et ne rien lire dans cette immense littérature de la Révolution, quel parti prendre, se demande-t-il, à quel point intermédiaire s’arrêter ?

1192. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est qu’on nous assure que l’éditeur, pour couper court à ces criailleries de chaque matin, a pris le parti de retirer le plus d’exemplaires qu’il a pu de la circulation.

1193. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?

1194. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Il s’est alors conduit comme un habile chef de parti, mais non comme un bon écrivain.

1195. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Lorsque, dans les moments de péril, les magistrats n’adressaient aux François que les phrases banales, l’éloquence usitée par les partis entre eux, ils n’agissaient en rien sur l’opinion.

1196. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Après les Fleurs du mal, il n’y a plus que deux partis à prendre pour le poète qui les fit éclore : ou se brûler la cervelle… ou se faire chrétien !

1197. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Alors ne voulant pas humilier ce titan et, d’autre part, ne renonçant qu’à regret à un ornement dont l’indispensable beauté ne saurait être méconnue, il se résigna à prendre le parti de devenir chauve par devant, tout en gardant sur le derrière de la tête la richesse soyeuse et annelée d’une chevelure apollonienne.

1198. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Verlaine avait décidé de tirer parti de sa plume.

1199. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Un gros embarras résultait du parti que j’avais pris d’imprimer mon vieux pourana tel qu’il est ; c’étaient les ressemblances qui ne pouvaient manquer de se remarquer entre certaines pages du présent volume et plusieurs endroits de mes écrits publiés antérieurement.

1200. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Amitié, Bonté, Famille, Pays, Parti, Humanité : tels sont les six titres un peu confus sous lesquels l’auteur les classe.

1201. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

De huit frères qu’ils étaient, aucun n’entra dans le parti de la Ligue6 ; mérite qui appartient peut-être qu’à cette famille, toute nombreuse qu’elle était.

1202. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Il faut en prendre son parti.

1203. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Voilà le parti sage.

1204. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Les deux partis sçavoient positivement le contraire.

1205. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ces messieurs habiles dans l’art de falsifier la verité sans mentir, veulent nous faire accroire que ces sçavans sont de leur parti.

1206. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Faites ces observations ou des observations analogues, ou contraires ; mais faites-en pour tirer tout le parti possible des écrivains qui savent écrire en musique.

1207. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Je vois avec regret que nous restreignons ou empoisonnons nos plaisirs par des préventions ou des exclusions que dicte l’esprit de parti.

1208. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.

1209. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Nul aperçu, nulle vue particulière à l’auteur n’y domine et n’y décide les conclusions de parti, qui ne s’y expriment pas, mais qui y soupirent.

1210. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

si les gens du monde, endoctrinés par les faux docteurs du cœur humain, ont vu la passion suprême dans les pages frelatées d’une religieuse de fantaisie, inventée plus ou moins pour les besoins d’un parti ou les intérêts de la vanité d’un homme, ils pourront du moins apprendre aussi dans ces œuvres de sainte Térèse, traduites pour eux, ce que c’est qu’une vraie religieuse, et ils en pourront étudier le merveilleux idéal.

1211. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Ces hommes inouïs et calomniés par l’esprit de parti ou par l’ignorance, ces hommes attachés immuablement à ce qui doit rester immuable dans les principes et les institutions, et qui ont en mourant dit d’eux-mêmes, par la bouche de leur général, à qui on proposait la vie : Sint ut sunt, aut non sint , avaient pourtant à un suprême degré ce qui distingue si éminemment l’aristocratie anglaise, — la plus politique des aristocraties, — l’entente de l’heure qui sonne, cet instinct du moment qui gagne les batailles et qui sauve aussi les nations.

1212. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Mais il y aurait, selon nous, un troisième parti à prendre : ce serait de nous reporter par la pensée à ces moments de notre existence où nous avons opté pour quelque décision grave, moments uniques dans leur genre, et qui ne se reproduiront pas plus que ne reviennent, pour un peuple, les phases disparues de son histoire.

1213. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Je couvrais d’un bouclier chacun des deux partis ; et je ne laissais d’injuste victoire ni à l’un ni à l’autre. » Quelque singulier que puisse paraître à la rudesse d’un autre temps ce pouvoir modérateur exercé par la poésie, il faut bien le reconnaître dans Solon quand on le voit attesté par l’histoire.

1214. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Lilia avait été couper des fleurs dans le fond du jardin, et Marc venait de l’y rejoindre, brusquement comme s’il prenait un parti. […] Parti, le soleil. […] Saint-Mars parti sur-le-champ, rencontra l’Empereur et lui dit tout. […] Il y rencontre Washington, il fait un peu de tout, saigne au besoin un malade et tire parti de l’instruction pratique qu’il a reçue. […] M. de Pastoret, alors un des représentants autorisés du parti légitimiste à Paris, est averti : avis est promptement donné à la duchesse qu’elle est trahie et qu’elle va être arrêtée.

1215. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Voyez le parti qu’en a tiré Taine. […] Molière tire bien meilleur parti de cette idée. […] Il en a pris son parti. […] Il faut tout d’abord savoir tirer parti d’une idée et apercevoir les contraires qu’elle comporte. […] En voici un exemple : « De toutes les fonctions du pouvoir, celle dont les partis révolutionnaires ont le moins l’intelligence, c’est le gouvernement des relations extérieures.

1216. (1924) Critiques et romanciers

Mais cette force résistante, ne la confondons pas avec ce qu’on nomme un parti rétrograde. Certes, un tel parti peut, à l’occasion, doit aussi rendre des services, pour peu que l’autre parti aille trop vite et aille trop loin. […] Mais trop souvent ils prenaient leur parti de cette obscurité avec un entrain fâcheux ; ils n’évitaient pas tous également d’habiller de mystère le néant. […] Il aima leur polémique et l’aima si bien qu’on l’a vu combattre dans les deux partis. […] Et l’on est à constater que l’auteur de ces deux romans n’était pas un homme de parti, l’un de ces théoriciens prompts à la besogne qui croient tout sauvé si le parti est au pouvoir.

1217. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il continua de lutter, assemblant autour de lui les quelques membres épars de ce qui avait été un parti. […] Ils travaillent pour amasser un capital et en tirer bon parti. […] Et vous allez voir le parti qu’il en va tirer. […] Quel parti en tirera-t-il ? […] Le voilà parti.

1218. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

C’est pourquoi je pense que certains partis s’abusent étrangement quand ils croient qu’on pourrait imposer aux Anglais certaines institutions aussi facilement qu’on les a imposées à d’autres peuples. […] Il devra savoir désormais que ce nom de Butler ne représente rien que l’esprit de parti et doit céder la place à celui de l’inconnu Bunyan, qui représente l’enthousiasme religieux et la poésie de la croyance sincère. […] Il servit fidèlement son roi ; mais, quand les vieilles libertés de son pays furent menacées, il prit le parti du Parlement. […] Un seul écrivain moderne, Chateaubriand, a entrevu vaguement le parti qu’on pouvait en tirer. […] Il a été jugé avec sévérité par les théologiens du parti opposé au sien.

1219. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Bardoux, a très lucidement analysé dans ses récents articles des Débats sur la faillite du parti libéral. Ce parti peut garder son étiquette. […] Notre petit groupe, c’est son originalité, se compose d’indépendants qui ne sont pas d’un parti. […] Maurice Barrès à l’Académie française a été saluée par une approbation quasi unanime des lettrés de tous les partis. […] Il faut en prendre son parti.

1220. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Je sais quelqu’un qui a écrit : « Ce qu’était l’abîme qu’on disait que Pascal voyait toujours près de lui, l’ennui l’était à Mme du Deffand ; la crainte de l’ennui était son abîme à elle, que son imagination voyait constamment et contre lequel elle cherchait des préservatifs et, comme elle disait, des parapets dans la présence des personnes qui la pouvaient désennuyer. » Jamais on n’a mieux compris cet effrayant empire de l’ennui sur un esprit bien fait, que le jour où, malgré les plus belles résolutions du monde, l’ennui que lui cause son mari se peint si en plein sur sa figure, — où, sans le brusquer, sans lui faire querelle, elle a un air si naturellement triste et désespéré, que l’ennuyeux lui-même n’y tient pas et prend le parti de déguerpir. […] Il n’y avoit qu’à se donner un peu de patience à attendre ma guérison ; mais au lieu de prendre ce parti qui étoit le plus sage et le plus raisonnable, le chevalier Gesson, mon parent, par des veues d’intérest, et le sieur Belin, mon chancelier, pour s’aproprier toute l’autorité, avec quelques domestiques qui étoient bien aises de profiter du désordre, firent faire une consultation par quatre médecins sur ma maladie. […] Parti de Toulon dans les derniers jours de juillet 1699, il alla résider en Turquie durant plus de dix ans, ne fut remplacé qu’en novembre 1710 par M. 

1221. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Certes elle se croyait, sous le rapport de la fortune, un parti sortable. « Quant au reste, je vaux bien le bonhomme !  […] « Donc, un jeudi matin je partis de Tours par la barrière Saint-Éloy, je traversai les ponts Saint-Sauveur, j’arrivai dans Poncher en levant le nez à chaque maison, et gagnai la route de Chinon. […] Averti par les aboiements du chien de garde, un domestique vint à notre rencontre, et nous dit que monsieur le comte, parti pour Azay dès le matin, allait sans doute revenir, et que madame la comtesse était au logis.

1222. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

« Il confesse son indécision ; il avoue qu’il se laisse aller à un serrement de cœur et aux noirceurs causées par les contradictions et les peines de l’incertitude ; que quelquefois, paresse on négligence, d’autres, mauvaise honte ou respect humain, ou timidité, l’empêchent de prendre des partis et de trancher net dans des choses importantes. » Ailleurs il représente ainsi son intérieur : « Je ne vois en moi que haut et bas, chutes et rechutes, relâchements, omissions et paresses dans mes devoirs les plus essentiels, immortifications, délicatesse, orgueil, hauteur, mépris du genre humain, attachement aux créatures, à la terre, à la vie, sans avoir cet amour du Créateur au-dessus de tout, ni du prochain comme de moi-même. » Il s’avoue renfermé, donnant trop de temps à la prière, écrivant beaucoup. […] Dans une lettre à Cideville, du 13 août 1731, Voltaire signale le parti qu’on tirait de ces doctrines contre la poésie en général. […] Cependant tous nos stériles partisans de la prose triomphent d’avoir dans leur parti l’auteur du Télémaque, et vous disent hardiment qu’il y a dans nos vers une monotonie insupportable. » 169.

1223. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Tout à coup je me dis : « Lieutenant Louaut, tu es un… — Et les soixante-sept jours que le rhumatisme m’a retenu au lit l’an passé, dit le parti de la prudence ! […] Homère a tiré parti en poète de ce fait que, chez les hommes d’action, surtout chez les natures primitives, l’idée d’une action à faire est spontanée, vive, presque violente ; soit qu’une parole intérieure la définisse à l’esprit, soit qu’elle reste à l’état d’impulsion confuse, toujours elle parle haut dans l’âme, et comme elle est subite et vive, elle semble inspirée. […] » (X… est un des orateurs du parti qui vient de triompher. ) Voilà l’homme de passion.

1224. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — L’esprit est roi, il est le maître, il est maître absolu, il appelle la contradiction, il exècre l’esclavage, il se plaît à frôler les divers écueils où tombe, en s’agitant, la raison humaine ; il recherche avec rage tout ce qui brille, et tout ce qui chante, et tout ce qui se voit au loin ; il est fou de couleurs, fou de lumière et de fracas ; le demi-jour lui sied à merveille ; il ne hait pas le crépuscule ; si la nuit est profonde, il saura tirer parti des ténèbres ! […] Tel a été l’aide tout-puissant dont s’est servi Molière pour tirer parti d’un pareil héros, plus difficile à remuer que Tartuffe en personne. […] Dimanche lui-même, dont le poète a tiré le parti le plus plaisant du monde, est un avertissement. […] Don Juan veut, à cette heure, payer ses dettes, rétablir son crédit, apaiser son père par un faux repentir, éloigner la justice humaine, qui ne peut manquer d’intervenir, et enfin tirer un bon parti de Don Carlos, qui veut le tuer : « Le Ciel me défend ce duel. — Prenez-vous-en au ciel ! […] dramaturges, race ignorante ; ils n’ont pas su tirer parti de cet aveu de Bossuet !

1225. (1927) Des romantiques à nous

Il était, à vrai dire, satirique, insolent et gamin dans toutes les directions, sur tous les fronts, et aux dépens de tous les partis. […] La lutte des partis, des doctrines, prend une place importante dans la société. […] Si laïcité signifie, de la part de l’Etat, un parti, une attitude de combat plus ou moins dissimulé, de dédain plus ou moins avoué à l’égard des confessions religieuses en général, ou de telle confession religieuse spécialement, alors je ne suis plus laïque du tout, je suis antilaïque. […] Naïfs et raffinés de sensibilité à la fois, ces musiciens, avec leur parti de ne plus ouvrir leur cœur qu’aux chants de la terre russe, s’étaient placés dans la condition artistique des primitifs, tandis que, autour d’eux, l’art musical européen avait atteint depuis longtemps le plus haut degré de perfection technique, la plus éblouissante richesse et sûreté de moyens. […] Le compositeur trouva dans la jeunesse un parti enthousiaste qui fit et soutint le succès.

1226. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est ainsi que, dans les dernières années du règne de Louis XV, et la question religieuse mise à part, on voit succéder au grand tumulte et à l’agitation des années précédentes, une sorte d’apaisement, et non pas de réconciliation, mais de trêve au moins des partis. […] Marmontel, dans ses Mémoires]. — Les coquetteries de Frédéric avec Baculard d’Arnaud le décident. — Son départ pour Berlin [18 juin 1750] ; — et son arrivée à Potsdam [10 juillet 1750]. — Sincérité de son enthousiasme pour Frédéric ; — et, à ce propos, du profit que Voltaire devait tirer de son séjour en Prusse ; — si l’amitié d’un grand homme est un bienfait des Dieux. — Parti de Paris en suspect, — et n’y comptant encore que comme un homme de lettres parmi beaucoup d’autres ; — le séjour de Berlin, — et la familiarité de Frédéric, — en dépit de l’aventure de Francfort, — vont en faire en moins de trois ans un homme unique désormais ; — le confident littéraire des puissances ; — et déjà presque le maître de la littérature européenne. […] XL]. — Quelques médiocres facéties : La Relation de la maladie et de la mort du Père Berthier, 1759 ; — Les Quand, 1760, réponse à un discours académique où Lefranc de Pompignan avait attaqué les philosophes ; — ses Dialogues chrétiens, 1760, — et un opuscule plus important : l’Extrait des sentiments de Jean Meslier, 1762, — achèvent de faire de lui le chef incontesté du parti philosophique. — L’Éloge de Crébillon, 1762 ; — le Commentaire sur Corneille, — et le Recueil de pièces originales concernant la mort des sieurs Calas, 1762. […] Desnoiresterres, VIII, p. 364-366] ; et s’il convient d’en tirer le parti qu’on en a tiré. — Légendes qui courent sur la mort de Voltaire ; — et qu’il semble bien qu’elles ne soient que des légendes. […] L’enfant terrible du parti : Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau [Perthuis en Provence, 1715 ; † 1789, Argenteuil]. — Sa jeunesse tapageuse, et sa première campagne, 1734 ; — sa liaison avec Vauvenargues [Cf. 

1227. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Sienne se fait, dans l’Italie centrale, la citadelle du parti gibelin. […] Davignon en janvier 1913, « un parti puissant qui désire la guerre. » Et par là il faut entendre naturellement la guerre contre la France. Jusqu’à quel point Guillaume II influençait-il ce parti, jusqu’à quel point était-il influencé par lui, c’est un départ impossible à établir. […] Il est bien probable, en effet, que, si Guillaume II et ses ministres avaient eu la certitude que l’Angleterre se rangerait au parti qu’elle a pris au mois d’août 1914, ils auraient reculé devant leur entreprise. […] La République française a prêté trop d’argent à la Turquie, le gouvernement impérial, l’Autriche et la Roumanie ne peuvent pas embrasser le parti de l’Islam contre des nations chrétiennes.

1228. (1930) Le roman français pp. 1-197

S’ils eussent été bonapartistes, le jugement parti du salon de la princesse Mathilde eut sans doute été tout différent. […] Mais il y a encore Emma Bovary elle-même, type éternel, puisque, très justement on a introduit dans notre langage le mot « bovarysme » pour qualifier une mentalité, une attitude sentimentale et irréelle devant la vie, assez commune chez les femmes et même certains hommes : car on peut dire, par exemple, que le général Boulanger, chef de parti, se tuant sur la tombe d’une maîtresse sans laquelle il ne pouvait vivre, au lieu de courir ses dernières chances de chef de parti, était atteint de bovarysme. […] Si Stendhal n’eût pas créé Julien Sorel, Robert Greslou, parti de rien, boursier d’université comme Sorel avait été séminariste, entrant comme lui, précepteur, dans une famille aristocratique, en séduisant la fille, par un effort de volonté, de domination, comme Sorel avait séduit Mme de Rênal, fut-il jamais né ? […] Parti d’en bas, un homme — ou une femme — pourra montrer toutes les vertus sociales. […] Tous les fils d’universitaires partis de très bas sombrent-ils fatalement dans l’amoralité ?

1229. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Les enfants perdus du parti philosophique. — Naigeon, Sylvain Maréchal, Mably, Morelly. — Discrédit complet de la tradition et des institutions qui en dérivent. Arrêtons-nous ici ; ce n’est pas la peine de suivre les enfants perdus du parti, Naigeon et Sylvain Maréchal, Mably et Morelly, les fanatiques qui érigent l’athéisme en dogme obligatoire et en devoir supérieur, les socialistes qui, pour supprimer l’égoïsme, proposent la communauté des biens et fondent une république où tout homme qui voudra rétablir « la détestable propriété » sera déclaré ennemi de l’humanité, traité « en fou furieux » et pour la vie renfermé dans un cachot.

1230. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Les marais de Venise ne sont pas sans inconvénients, mais il faut bien prendre son parti. […] L’esprit de parti a voulu en faire un héros d’un seul bloc ; voici ce que je tiens moi-même du plus honnête des hommes, le général de l’artillerie française à Wagram, Pernety : « Je l’avais placé sur le bord du Danube, la nuit qui précéda la bataille de Wagram.

1231. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

A. d’Aubigné, sa vie, ses œuvres et son parti, Montpellier, 1854, in-8 ; Pergameni, la Satire au xvie s. et les Tragiques d’A. […] Biographie : Honoré d’Urfé, né à Marseille en 1568, suivit le parti de la Ligue et la fortune du duc de Nemours, et se relira en Savoie après le triomphe de la cause royale.

1232. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Tous les partis et tous les peuples applaudissent ensemble à sa gloire. […] Partis des deux pôles opposés, M. 

1233. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Le bergsonisme aussi est un parti de la raison. On ne voit pas ce que serait une philosophie qui ne serait pas un parti de la raison.

1234. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les partis politiques de l’extrême droite à l’extrême gauche, continuent à s’accuser de toutes les noirceurs. […] Chacun sait que Louis XVIII, franc-maçon, athée et goinfre, chef du parti jésuite au surplus et capucin en public, comme il fut rabelaisien dans le privé, est un type essentiellement vieille France.

1235. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Après Les Contemplations, sans l’esprit de parti politique et la curiosité contemporaine, il le serait déjà. […] Presque partout une flatterie de parti et de parti pris, aussi hyperbolique que la poésie de M. 

1236. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Je croyais véritablement que l’esprit de parti, la badauderie et la bassesse devant toute puissance reconnue, ces trois choses malheureusement françaises, tambourineraient, une fois de plus, avec fureur, la gloire et le génie du grand poète dont on dit : le Poète, comme on dit : le Pape. […] … Il n’y a rien de plus amusant pour nous que la déconvenue d’un parti qui comptait sur une apothéose des siens, et qui trouve, à la place, l’apothéose de ses adversaires !

1237. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

. — Oui ; mais il fait de si grandes choses de son pouvoir, il en lire un parti si supérieur à ce qu’en ferait un autre, que c’est comme s’il créait encore.

1238. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Ainsi, quand je partis, tout trembla dans cette âme ; Le rayon s’éteignit ; et sa mourante flamme Remonta dans le ciel pour n’en plus revenir… Ce sentiment qui se trahit dans le détail et qui respire dans tout l’ensemble, c’est une singulière complaisance du poète à décrire le mal qu’il a causé, et cette complaisance, à mesure qu’on avance dans la lecture, l’emporte visiblement sur la douleur, sur le regret, au point de choquer même la convenance.

1239. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

— Enfin on a publié depuis lors (1856) les Mémoires mêmes, si souvent cités et invoqués, et le Journal tout entier de l’abbé Ledieu, ce secrétaire de Bossuet, dont le nom et le renom valent mieux que la personne, qui n’est pas l’exactitude ni la délicatesse même, mais qui aimait, somme toute, son évêque, qui l’admirait, et qui, ayant songé de bonne heure à tirer parti de son intimité pour écrire ce qu’il voyait et ce qu’il entendait, nous a rapporté bien des choses qui se ressentent du voisinage de la source, et que rien ne saurait suppléer.

1240. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

On a tiré grand parti de ce vers unique où il apparaît comme ressuscité.

1241. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Parti du néant, le roi a fait un État compact qui renferme vingt-six millions d’habitants, et qui est alors le plus puissant de l’Europe. — Dans tout l’intervalle, il a été le chef de la défense publique, le libérateur du pays contre les étrangers, contre le pape au quatorzième siècle, contre les Anglais au quinzième, contre les Espagnols au seizième.

1242. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Il ne faut plus rien alors de flottant ou d’indécis dans la pensée : il faut prendre nettement parti ; entre deux explications contraires, se décider pour l’une et repousser l’autre ; entre deux versions d’un fait, opter franchement et ne point osciller de l’une à l’autre.

1243. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Étalant à nos yeux son ample collection de petits faits significatifs, il a encore ici fait jouer ses trois forces, race, milieu, moment, avec une étonnante vigueur d’imagination philosophique : quelques erreurs dans l’estimation des sources, de violents partis pris dans l’interprétation de l’enchaînement des faits, ne diminuent pas la solidité de l’œuvre, ni surtout sa richesse suggestive867 Taine est un des grands esprits de ce siècle : il a eu au suprême degré l’intelligence et la volonté.

1244. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Edmond Pilon La bonne Vierge-Vénus et la Vénus-Marie Se penchent, se désolent, sanglotent et prient Sur ton tombeau plus blanc que celui des colombes, De l’Olympe, du Pélion, du Paradis, Des anges, des satyres et des séraphins prient Pour le pauvre homme bon et le poète parti Vers les églises d’encens et les riches prairies Où la harpe entremêle à la flûte fleurie Des rythmes de prière à des chansons d’orgie ; Ta vie toute pareille à celle du pèlerin, Dont la violente jeunesse grisée d’amour et de vin Avance peu à peu vers la prière des anges, Aboutit — ô Verlaine — à ce tombeau étrange Bâti des impuretés de ta jeunesse ardente Et des strophes liliales de tes poèmes chrétiens ; Te voici, à présent, couché dans la prairie ; Mais la rouge passiflore à la fleur de Marie Enlace, malgré tout, sa passion orgueilleuse Aux tiges de la pensée et des fleurs religieuses Que placeront des amis, que sèmeront des fidèles Et que planteront de beaux anges avec leurs ailes… La couronne d’épines et la couronne de roses, Le bâton de Tannhauser et la houlette des fêtes Que Watteau dessina, pour toi, voici deux siècles, S’emmêlent sur ton ombre tourmentée et posent Leur symbolique trophée au bord de ton silence… Verlaine, ton tombeau est un tombeau étrange Que veillent à la fois les amours et les anges… [La Vogue (15 juin 1900).]

1245. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Que tous les hommes se rangent du parti de l’erreur, que le despotisme emploie son bras d’airain (b) pour la faire triompher, il le défiera de réduire en servitude sa pensée.

1246. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

La caravane comique tomba par malheur dans un parti, de huguenots.

1247. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Si la vie humaine n’avait d’autre horizon que de végéter d’une façon ou d’une autre ; si la société n’était qu’une agrégation d’êtres vivant chacun pour soi et subissant invariablement les mêmes vicissitudes ; s’il ne s’agissait que de naître, de vivre et de mourir d’une manière plus ou moins semblable, le seul parti à prendre serait d’endormir l’humanité et de subir patiemment cette vulgaire monotonie.

1248. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

La plupart des psychologistes ont pris parti pour le toucher, et la plupart des physiologistes pour la vue.

1249. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Vous hésitez, disait-il, sur un parti à prendre.

1250. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Puisqu’il fallait qu’il se décidât à un parti pénible, une préface brève, nette et simple, aurait bien mieux convenu, et elle nous aurait convaincus plus réellement de la violence qu’il se faisait à lui-même.

1251. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Rien de plus curieux en ce genre que le parti qu’on tirait de saint Christophe.

1252. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

D’ailleurs, dans son état de grandeur & de considération, elle n’eut pas été flattée en se mettant à la tête d’une espèce de parti.

1253. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

C’est comme nos poètes de théâtre qui n’ont jamais su tirer aucun parti du lieu de la scène.

1254. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Dans les sensations et les joies du style, il prenait très bien son parti de n’être pas un créateur.

1255. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Ce n’est pas non plus uniquement le Mazarin des Mazarinades, quoique Amédée Renée nous l’y montre davantage, parce qu’il est toujours actuel d’opposer les peintures stupidement spirituelles de l’opinion et des partis aux peintures justes et définitives de l’Histoire.

1256. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Elle avait entre les partis qui, de son temps, n’avaient pas déposé les armes, l’attitude de la Sabine dans le tableau de son contemporain David.

1257. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Peintre de talent sur la toile, que nous n’avons pas ici à apprécier, Eugène Fromentin est allé demander deux fois à l’Afrique ce que les peintres vraiment inventeurs trouvent par l’intuition seule de leur génie, fussent-ils culs-de-jatte, et voilà qu’une fois parti il n’a pu résister à la facilité de ce livre de tout le monde que chacun peut faire, et même les enfants et les femmes, car les femmes et les enfants aiment très fort à parler de leurs impressions personnelles.

1258. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Eh bien, la femme de ce talent rare, — plus rare que des talents plus grands, — et que je vous donne comme la plus suave boîte à rouge nuancé que les femmes puissent se mettre sur la joue, et qui ne s’y fonce jamais trop, c’est cette femme qui prend le parti de nous écrire un roman !

1259. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Mais peu importe : la théorie de la Relativité est une théorie physique ; elle prend le parti de négliger toute durée psychologique, aussi bien dans le premier cas que dans tous les autres, et de ne plus retenir du temps que la ligne de lumière.

1260. (1915) La philosophie française « I »

Parti du criticisme kantien, qu’il avait d’ailleurs profondément modifié dès le début, Renouvier 35 s’en est dégagé peu à peu pour arriver à des conclusions qui ne sont pas très éloignées, quant à la lettre, de celles du dogmatisme métaphysique : il affirme, en particulier, l’indépendance de la personne humaine ; il réintègre la liberté dans le monde.

1261. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

L’esprit de parti lui a élevé des statues, le zèle religieux les a brisées.

1262. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement.

1263. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Elle était une république ; elle avait des institutions libres, des partis politiques, des guerres civiles ; et, quand elle fut lasse de tant d’épreuves, elle eut pour maîtres, d’abord un sage, puis, longtemps après, le peuple athénien, qui, dans sa victoire, l’admit au partage de ses lois généralement humaines et modérées, et lui rendit plus, en exemples de grandeur, en amour du travail et de la gloire, qu’il ne lui ôtait en stérile indépendance.

1264. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

maintenant que vous avez dans la pensée ces dix échelons, ce noviciat progressif de l’enfer, ne vous semble-t-il pas qu’un tel récit, que des récits analogues, partis d’abord de cette bouche terrible qui faisait trembler les rois, et de cette chaire pleine d’anathèmes, circulant avec toutes les variantes de la foule effrayée, devaient tôt ou tard déposer dans l’âme d’un homme de génie le germe de ce plan extraordinaire et sublime, où neuf cercles infernaux étalent sous les yeux du poëte une continuelle progression de supplices ? […] Lorsqu’il allait causer avec les paysans voisins de ses terres, il remarqua seulement qu’ils étaient tous du parti de César.

1265. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Pourtant l’héroïne l’emporte ; le décret passe, et le parti est résolument pris. […] Ne vous ai-je pas dit que nos Athéniens sont étourdis, légers, volages, sans cesse allant de l’un à l’autre extrême, et changeant mille fois de maximes, de partis et d’alliés, comme mes animaux volant de branche en branche ? […] Les cabales des partis, les intrigues, et les préventions, tenaient les juges en suspens, et les souplesses d’Euripide, qu’on peignait ambitieux et rusé, ne l’emportaient pas sur la roideur majestueuse de son concurrent. […] Sa prompte sagacité décèle jusqu’aux moindres intentions du poète, et lorsqu’il prétend à lui plaire, à l’égayer, son meilleur parti est de ne satiriser que le vice, l’extravagance, et la sottise véritable. […] On voit que la pensée fondamentale de Térence est celle qu’a prise Molière ; mais qu’il en tire un meilleur parti.

1266. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Ou bien, au cas où notre névropathe voudrait passer outre, en aurait-elle par hasard pris son parti ? […] Mlle Avdotia a bien assez de peine comme ça ; il faut que quelqu’un prenne son parti. […] » Mais il saura bien tirer parti de sa maladresse. […] Il faut en prendre notre parti. […] Et voyez l’ingénieux parti que le poète a tiré de ce jeu des vertus.

1267. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Il se pourrait que l’auteur des Serres Chaudes ait été le Jason de cette jeune armée d’Argonautes inspirés, partis sans retour à la conquête de leur moi transcendant. […] Cette pièce donne le ton du livre et contient toute l’essence du tempérament du poète en lutte avec lui-même, parti à la conquête de l’Infini. […] J’hésiterais à lui trouver des parents spirituels, et il faut bien avouer que parmi les cerveaux contemporains plus ou moins étroits, tous inféodés à des partis, nul n’atteint ce parfait équilibre. […] Seul ou presque seul au milieu des partis s’entre-dévorant, Mithouard a conservé une intelligence lucide et un noble souci des nuances. […] Les poètes de la génération de Mockel ont obscurément pressenti le parti à tirer, au point de vue de l’art, de ces fines analyses de la conscience considérée comme une « continuité d’écoulement ».

1268. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

D’Holbach, « le théoricien politique du parti », comme dit très justement M.  […] Je suis, tout compte fait, pour le dernier parti. […] Le voilà défini comme Laurier disait qu’il fallait définir un parti politique : par son personnel. […] C’était une idée biscornue, dont toute la France, sauf quelques ridicules débris des partis rétrogrades, était chaussée, férue et enthousiaste. […] En 1862, c’est à peine si le socialisme existait en Allemagne ; en 1870 le parti socialiste allemand était un parti immense et qui allait devenir formidable.

1269. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Après la mort de son père, il s’arrête « à l’entrée des voies trompeuses de la vie. » Il se sent tenté d’aller cacher ses jours dans un cloître, mais il renonce à ce projet et prend le parti de voyager. […] Dans le cours de ses méditations sur le meilleur parti à prendre, le découragement s’empare de lui, et il en arrive à envisager une solution suprême qui conviendrait à son désespoir. […] En général, le parti des mélancoliques est aussi le parti de l’opposition au gouvernement impérial, et le retour de quelques-uns d’entre-eux à des idées plus riantes coïncide avec la fin de leur hostilité politique. […] Gautier, un romantique qui n’a pas laissé de se rendre compte des ridicules de son parti, « il était de mode d’être pâle, livide, verdâtre, un peu cadavéreux, s’il était possible. […] Ils ne voulurent pas survivre à la chute de leurs espérances, et prirent le parti de se donner ensemble la mort.

1270. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Et il en a tiré bon parti. […] Aussitôt le fâcheux parti, un signal est donné par Lauffen, et Claire artive. […] Si vous aviez pris le parti raisonnable et décisif, aucun, songez-y, aucun des différents malheurs qui vous arrivent dans la pièce ne se serait produit. […] Quand j’y songe, il me semble que l’auteur n’a pas pris son parti. […] Quand on a le malheur d’aimer deux hommes, il n’y a qu’un parti sensé, c’est de n’épouser ni l’un ni l’autre.

1271. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Une mâle robustesse d’esprit se respire dans ces lettres, auxquelles on serait tenté de reprocher plutôt trop de fermeté, une rigueur dans les partis pris qui ne connaît pas assez la détente, et, pour tout dire, presque des moments d’inhumanité, par excès de force. […] De telles pages supposent déjà une réflexion profonde, les partis pris de l’esthétique et un dur labeur. […] Les premiers volumes de l’Histoire des origines de la France contemporaine 1 ont paru, et les partis politiques se sont jetés sur cette proie. […] Il n’existe point, dans la littérature actuelle, de style plus systématique, et dont tous les procédés traduisent mieux les partis pris d’une pensée sûre d’elle-même. […] Taine, pour se dégager entièrement de l’un et de l’autre parti et considérer 89 et ses conséquences d’une manière scientifique, ses trente années de vie philosophique et leur absolu désintéressement.

1272. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

En vérité, j’aimerais autant qu’il en eût écarté la règle des partis. […] Et, aussi bien, ce que l’on ne peut corriger ni par force ni par adresse, le plus simple n’est-il pas d’en prendre au plus vite son parti, puisqu’après tout il en faudra bien toujours finir par là ? […] Ma situation devint embarrassante ; je commençais déjà même à faire diète ; il fallut promptement prendre un parti. […] — Non, elles n’accepteraient point ce parti. […] Mais qui ne voit, en conséquence, que plus ils s’accumulent, plus il faut se hâter, sauf à être obscur ou incomplet en quelques points, d’en tirer le parti qu’ils comportent.

1273. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Leur coterie durait encore en 1696 ; on les voit cabaler contre le Discours de réception de La Bruyère, et prendre le parti de tous les ridicules flagellés dans son livre. […] La république des lettres en France pouvait alors se comparer à un État où deux partis, à peu près d’égale force, se disputent le gouvernement. Qu’un caractère, un talent s’y produise, voilà l’un des partis qui devient le maître, et l’État est assuré. […] C’était en effet la poésie bourgeoise dont le règne commençait ; c’était la poésie de cette classe éclairée et indépendante qui s’était formée au seizième siècle, entre les grands seigneurs et le peuple, et qui prend si hautement parti, dans la Ménippée, pour la royauté contre la féodalité, pour la nation contre l’étranger.

1274. (1898) Essai sur Goethe

Et il entreprendra la tâche, la sachant grande, sans un doute sur sa compétence, s’étudiant comme il venait d’étudier le spectre solaire, avec des partis pris analogues et une égale certitude. […] Comme la date fixée pour le mariage des fiancés approchait, il prit un parti très sage : il s’en alla. […] Cependant, Kestner parti, les lettres recommencent, — la passion, la mélancolie : « C’était autrefois l’heure où j’allais chez elle, c’était la petite heure où je les rencontrais, et maintenant, j’ai tout le temps d’écrire ! […] Le vrai Tasse, né dans une époque peu propice, gêné par son milieu, en butte à des soupçons dangereux, fut cependant un grand poète, mais déjà un poète artificiel ; le Tasse de Goethe, produit d’une imagination pliée à certains partis pris par une intelligence despotique, demeure un grand poète, mais plus artificiel encore. […] En tous cas, on ne saurait méconnaître qu’il tira le meilleur parti possible des faibles moyens dont il disposait ; car, si Charles-Auguste avait à la fois, comme un poète l’en félicitait, l’âme d’un Auguste et celle d’un Mécène, il n’en avait point le budget.

1275. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Les poètes ont parfois de ces partis pris. […] Il avait, notamment sur M. de Broglie et le parti des ducs, des anecdotes que je regrette de n’avoir pas notées en leur temps et qui eussent été piquantes à rappeler. […] Il avait, notamment sur M. de Broglie et le parti des ducs, des anecdotes que je regrette de n’avoir pas notées en leur temps et qui eussent été piquantes à rappeler. […] Baragnon resta délibérément dans le parti des vaincus, malgré la place que son talent lui eût assuré dans le parti des vainqueurs. […] Et le voilà parti sur la Foi, la résurrection, le culte de la Vierge et les Evangiles.

1276. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Elle passe au parti de l’ange de l’amour, son amant. […] Si elle ne lui a pas été donnée, cette force, ou si les occasions de l’employer ne se trouvent pas sur sa route, et lui manquent, même pour s’immoler ; si, plongé dans cette lente destruction de lui-même, il ne s’y peut tenir, quel parti prendre ? […] Enfin, il prend son parti, retourne contre lui-même son dard empoisonné, et tombe mort sur-le-champ.

1277. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il la communiqua à son parti, qui ne crut pas pouvoir se sauver qu’en faisant une conjuration opposée, qui était d’aller arracher la reine mère du milieu du sérail et de la faire mourir. […] Leur conclusion fut que, comme ils voyaient que le prince aîné ne pouvait pas vouloir du bien aux grands, que c’était à eux une imprudence de lui en faire, particulièrement un bien de cette nature, qui le mettait en pouvoir de leur faire tout le mal qu’il lui plairait ; et dans cette conjoncture, le parti le plus assuré était de faire tomber leur élection sur le puîné, Hamzeh-Mirza ; que ce jeune prince promettait beaucoup et donnait pour l’avenir de grandes espérances pour la grandeur de l’empire des Perses, et pour le présent il leur donnait sujet à tous de s’attendre à un doux repos, puisque, étant incapable des affaires, il leur en laisserait le maniement un fort long temps, qui ne pouvait être moindre que de douze ou quinze ans. […] Au contraire, tout le monde s’élèvera contre vous pour soutenir le parti de l’héritier légitime ; et quand il ne le ferait pas, vous serez chargés de malédictions et toujours regardés comme les auteurs d’un attentat exécrable ; vous en rougirez de honte toute votre vie et en aurez un regret perpétuel dans l’âme.

1278. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Nous voilà partis ; nous causons, nous marchons. […] Je pris donc le parti, privé de mon cicerone et de sa galerie, de me prêter aux amusemens du reste de la maison. […] Je l’attendais, et nous voilà partis avec les deux petits compagnons de nos pèlerinages, et précédés de deux valets qui se relayaient à porter un large panier.

1279. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

J’en vois dans tous les journaux et dans tous les partis, autant qu’il y en avait autrefois, plus peut-être. […] Dieu me garde de dire du mal de l’Académie Française qui, au fond, malgré ses partis pris et ses manies de vieille dame, est une fort respectable personne. […] Par conséquent, il est impossible qu’il ne glisse pas, çà et là, d’involontaires partis pris et — M.  […] Alors les critiques enthousiasmés prédirent des choses historiques et miraculeuses, telles que l’union des partis, la reconquête de l’Alsace, la pulvérisation de l’Allemagne, l’émiettement instantané de la triple alliance. […] Je m’adressai à des personnes que je pris le soin de choisir différentes de classe, de mœurs, d’éducation, de parti politique et dont la réunion correspondait assez à l’idée, très vague d’ailleurs, que l’on se fait de cette chimère : l’opinion publique.

1280. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Quoique libéral, il n’appartenait pas au parti des agitateurs et des révolutionnaires, et ne s’occupait nullement de politique. […] — il faut savoir tirer parti de la copie des autres, et que l’on peut être, à bon compte, sans jamais écrire soi-même, un intarissable et prestigieux écrivain. […] Les partis s’agitaient… Les ministères étaient pleins d’angoisse ! […] Ludovic Halévy et lui ait reproché L’Invasion, un livre sombre et terrible, malgré les enveloppements de la forme, malgré l’esprit de parti politique qui l’anime. […] C’est que tous les journaux, si divisés pour servir, je ne dis pas des causes, mais des intérêts privés différents et des ambitions ennemies, ne font plus qu’un seul journal, lorsqu’il s’agit les partis : la routine, la médiocrité, l’injustice et le mensonge.

1281. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Qu’on m’en croie, moi qui suis de leur parti, c’est beaucoup dire. […] J’ai bien souffert autrefois à cause de lui, puis j’ai pris mon parti de la séparation effective… Sa maladie l’a rendue toute naturelle. […] C’est je crois, Mosca qui, dans la Chartreuse de Parme, prononce une phrase dans le genre de celle-ci : « Méfiez-vous de tout mouvement irréfléchi du cœur qui pourrait vous jeter dans un parti contraire à vos sympathies futures. » Dans le livre de M.  […] » n’est-il pas un appel effroyable parti de la jeune bouche d’où va bientôt s’exhaler une âme ! […] Je m’arrête ici au seuil de la politique, mais je ne puis m’empêcher de citer cette page brûlante où parle, non pas l’homme d’un parti, mais le patriote sincère et dont le cœur est meurtri de la blessure de la patrie.

1282. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

L… a inventé un moyen infaillible pour être servi promptement et être bien servi, dans les restaurants, les jours où il y a encombrement et où les garçons, ne pouvant servir tout le monde à la fois, prennent le parti de ne servir personne. […] — Seulement, si pareil honneur m’arrive, disait-il à un de ses camarades, mon parti est pris, — je tutoierai M.  […] À la fin, — comme il fallait lever le rideau, — l’Asiatique prend un parti vif et animé. […] En une seconde son parti est pris. […] Augier pousse même une pointe dans le domaine de la fantaisie, en compagnie d’Alfred de Musset, — et continue de se compromettre aux yeux du parti littéraire qu’il représente, en écrivant une comédie avec M. 

1283. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il est à croire que le succès de ses vers éclaira l’auteur lui-même ; l’intérêt que le public se mit aussitôt à prendre à Eléonore, et que vinrent entretenir d’autres pièces à elle adressées dans les Opuscules poétiques de l’année suivante (1779), acheva de décider le choix du poëteamant, et lui indiqua le parti qu’il lui restait à tirer de sa passion : dans les éditions qui succédèrent, les Aglaé, les Euphrosine, furent sacrifiées ; l’inconstance devint un crime, tandis qu’auparavant on ne voyait que l’ennui de criminel ; en un mot, Parny s’attacha à mettre de l’unité dans ses élégies et à pousser au roman plus qu’il n’avait songé d’abord. […] Parny le composa depuis l’an iii environ jusqu’à l’an vii, époque de la publication ; dans l’intervalle, divers morceaux et même des chants tout entiers avaient été insérés dans la Décade, principal organe du parti philosophique.

1284. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Le père de son enfant parti, — hélas ! […] Le désespéré s’abandonne, qui est las prend le parti de mourir, il se laisse faire, il se laisse aller, il lâche prise, et le voilà qui roule à jamais dans les profondeurs lugubres de l’engloutissement.

1285. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

N’était-ce pas le parti le plus sûr ? […] Pourquoi mon mari est-il parti ?

1286. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

— Je vous dis qu’il y a un parti du haut embêtement… — Ça ne m’a pas paru si mal. […] Comme leur talent naturel allait plutôt à la peinture curieuse et trépidante des « milieux » qu’à l’invention et à la narration continue d’« histoires » intéressantes, ils en ont, dès le premier jour, pris hautement leur parti, même avec affectation.

1287. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Pendant que l’esprit de parti, l’ignorance ou l’envie de nuire armerait la meute aboyante, le public n’en ressentirait pas moins qu’un tel essai n’est pas une œuvre méprisable. […] Que Wagner eût trouvé là des renseignements dont-il avait tiré parti pour écrire le livret des Maîtres Chanteurs, tout le monde le savait ; mais jusqu’à quel point s’étendaient les emprunts faits au vieil incunable ?

1288. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

De nouvelles discussions se sont élevées récemment sur ce sujet toujours actuel ; la situation respective des divers partis semble s’être précisée. […] Les deux partis adverses raisonnent chacun selon des hypothèses de leur invention et selon des définitions de leur fabrique, au lieu de prendre pour point de départ les faits donnés dans la conscience humaine.

1289. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Rien que des artistes qui n’ont jamais appartenu à un parti. […] * * * Il faut que nous en prenions notre parti, nous sommes des auteurs immoraux, et nous ne sommes pas des carcassiers.

1290. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Ces théories sont probables ; avec de nombreux tempéraments que l’expérience suggèrera, il est possible qu’on finisse par en reconnaître la vérité ; elles ne nous semblent, par contre, ni justes dans leur rigueur, ni exactement vendables, ni par conséquent d’une certitude telle dans l’application, qu’on puisse en tirer parti, comme d’une méthode d’investigation historique ; il nous sera permis de formuler ces opinions en toute liberté, malgré le respect et l’admiration que nous éprouvons pour un des premiers penseurs de ce tempsdb. […] A Rome de même, — il est presque oiseux de le dire, — il existait tout un peuple divers, des antagonismes profonds de clan, de famille, de partis, d’individus, qui font que l’on peut concevoir du « Romain » les idées les plus diverses, selon qu’on songe à tel ou tel parmi ceux qui portaient ce nom, à Appius ou à Gracehus, à Scipion ou à Caton, à Sylla ou Marius, à César ou à Cicéron.

1291. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

… La fortune toujours du parti des grands crimes ! […] Partis sectaires et utopistes, ils sont revenus de leurs voyages les premiers économistes et les premiers financiers de leur siècle ; l’espace les a pénétrés de sa clarté ; en marchant ils ont dépouillé le vieil homme, ils ont revêtu l’étendue.

1292. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il est vrai aussi que j’avois pris le parti de m’ensévelir dans les ténébres, n’osant me flatter que mes discours pussent avoir un mérite supérieur à la censure.” […] Las de ne gagner à la guerre que des lauriers stériles, il prend congé brusquement du Dieu Mars, fait connoissance avec le Dieu de l’hymen & délibere ensuite sur le parti qu’il doit prendre dans le monde.

1293. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Au contraire, elle s’est faite son commis voyageur, elle a été lui chercher en Italie, en France, en Espagne, en Nubie, en Syrie, au Mexique, aux Indes, en Sicile, partout enfin, des paysages, des monuments, des types, des costumes dont elle a pu tirer parti pour sa propre gloire. […] En effet, il était déjà parti pour s’incarner dans l’humanité.

1294. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Montluc, qui nous a conservé ses paroles, sentit là ce premier et poignant aiguillon de la louange qui, parti de haut, fait faire ensuite l’impossible aux gens de cœur.

1295. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Les uns ont pris parti contre l’or et les vices qu’il soudoie, d’accord en cela avec tous les anciens moralistes et satiriques, avec Juvénal et Boileau.

1296. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Suard était un esprit discret, honnête, et bien que foncièrement adhérent au parti philosophique, incapable de rien inventer et supposer au profit de sa cause ; son témoignage ne laissait pas d’être très embarrassant, et on était réduit à y voir une singulière méprise.

1297. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Le psychologue est resté en chemin, et, parti du dedans, il n’a pas rejoint le monde du dehors, ce qui est le domaine propre et le règne de nos cinq sens de nature.

1298. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Le malheur du jeune général que nous verrons sortir si brillamment victorieux, si intrépide et si habile dans les luttes prochaines où il n’était que lieutenant et en second, ce fut, à une certaine heure, d’avoir été poussé au premier rang, d’y être arrivé dans tous les cas trop tôt, et par le jeu des partis qui s’inquiètent peu de vous compromettre et de vous briser, pourvu que vous leur serviez d’instrument un seul jour.

1299. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Au reste, quand le plus froid même et le plus sage est une fois piqué de cette mouche qu’on appelle l’esprit de parti et de coterie, il peut commettre des fautes d’entraînement.

1300. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Et ce sentiment se reproduisait encore avec bien de l’ampleur et de l’énergie dans ces paroles, lorsqu’il disait dans son aversion pour la politique étroite : « Dès qu’un poëte veut avoir une influence politique, il faut qu’il se donne à un parti, et, dès qu’il agit ainsi, il est perdu comme poëte ; il faut qu’il dise adieu à la liberté de son esprit, de son coup d’œil : il se tire jusque par-dessus les oreilles la chape de l’étroitesse d’esprit et de l’aveugle haine.

1301. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Louis Paris, dans son analyse, a tiré parti de cet endroit le plus remarquable du vieux Mystère et l’a mis dans tout son jour.

1302. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non content d’écrire à Louvois pour réclamer des mesures de rigueur, et avant même d’avoir la réponse, Foucault s’adresse au Père de La Chaise pour lui suggérer d’autre part des moyens auxiliaires plus doux ; il propose non plus ici des cavaliers et des dragons, mais d’autoriser une conférence, par exemple, où les points controversés soient agités, disant que les ministres et les principaux religionnaires de ces contrées ne cherchaient qu’une porte honnête pour rentrer dans l’Église : « Ceux, ajoute-t-il, qui sont les plus considérés et les plus accrédités dans le parti m’ont assuré que c’était la seule voie qui pût faire réussir le grand projet des conversions ; que celles de rigueur, de privation des emplois, les pensions et les grâces seraient inutiles. » Dans un voyage qu’il fait à Paris, il en parle également au chancelier Le Tellier, lequel a d’ailleurs peu de goût pour Foucault, et qui ferme l’oreille à sa proposition : « Il la rejeta absolument, disant qu’une pareille assemblée aurait le même succès que le Colloque de Poissy ; que le pape trouverait mauvais que l’on fît une pareille conférence sans sa participation, et me défendit d’en parler au roi.

1303. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Giscon, général carthaginois, gouverneur de Lilybée, chargé du commandement après la démission du général en chef Hamilcar, avait prévu le danger, et, pour le conjurer, il n’avait renvoyé de Sicile en Afrique les troupes étrangères, qu’on allait licencier, que partie à partie et par détachements ; mais les Carthaginois, au lieu de payer ces nouveaux arrivants au fur et à mesure, et de les éloigner avant qu’ils fussent en nombre, avaient retardé le paiement de la solde sous plusieurs prétextes ; et bientôt ces étrangers, se trouvant concentrés dans Carthage, y commirent des désordres qui forcèrent de prendre un parti.

1304. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Enfin, il en faut prendre son parti.

1305. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Le duc d’Otrante reconnut que, dans la branche du gouvernement qui lui était commise, la plus grande faute est de faire un mal qui n’est pas nécessaire à la sûreté de l’État ; et ce grand principe, appliqué dans toute son étendue sous un règne despotique, toutes les fois que la volonté absolue de l’Empereur, à laquelle il a souvent osé opposer de la résistance, n’est pas intervenue d’une manière directe, ce principe a rendu son administration bienfaisante pour la France et l’a fait chérir particulièrement des classes les plus exposées à la persécution. » N’oublions pas encore une fois que cela est écrit en 1814 et avant le rôle de Fouché en 1815, rôle que les honnêtes gens d’aucun parti ne sauraient, je pense, envisager sans dégoût.

1306. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

« Monsieur Fouché, vous aviez une grande confiance en l’abbé de Pradt ; je ne sais pas si je vous ai dit de vous méfier de cet homme comme du plus grand ennemi qu’on puisse avoir ; cependant, comme je ne suis pas certain de vous l’avoir dit, je prends le parti de vous l’écrire pour votre gouverne.

1307. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

J’y existe, comme je l’ai toujours été, étranger à toutes les discussions et à tous les intérêts de parti, et n’ayant pas plus à redouter devant les hommes justes la publicité d’une seule de mes opinions politiques que la connaissance d’une seule de mes actions… » Sa réclamation étant restée vaine, il s’embarqua en ce temps pour les États-Unis.

1308. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

C’est que dans l’intervalle l’auteur comprenant quel parti il y avait poétiquement à tirer de cette contrée bretonne où un simple retour de cœur l’avait porté au début, s’y était enfoncé avec une sorte d’amour sauvage et d’ivresse impétueuse.

1309. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

C’est, selon nous, bien mal le comprendre et tirer trop de parti d’un trait avant tout spirituel.

1310. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Il se pose entre les deux partis, se contentant d’affirmer, après Staël et avec Villemain, que la littérature est l’expression de la société.

1311. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Différent, ils le soupçonnent méprisant, et, voulant imiter ce qu’ils devinent, se fabriquent des partis pris : cependant qu’il n’est pas sorti de sa générale bonté, même pour les fustiger, ces petits.

1312. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Et le voilà parti à son tour à la conquête de la Toison d’or.

1313. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Tarde193 a bien saisi, sans en tirer tout le parti possible, cette vérité indéniable : que dans une société l’affirmation crée la négation, la thèse l’antithèse, et qu’ainsi s’engagent en tous les domaines une quantité de « duels logiques », comme il les appelle.

1314. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

L’esprit de parti était alors dans sa violence.

1315. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer, laborieux, infatigable, occupé de bien des recherches à la fois, amassait des notes sur chaque sujet, mais il n’en tirait point parti à l’instant même.

1316. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Nos deux Anaxagores trouvèrent des partisans, entr’autres madame Des Houlières, dont le fort fut toujours de donner au public de bonnes choses & de prendre le parti de ceux qui lui en donnoient de mauvaises.

1317. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

On peut étudier une science pour s’en servir, pour en tirer parti ; mais on peut en outre l’étudier pour elle-même.

1318. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Je suis bien loin de blâmer La Fontaine du parti qu’il a pris ; mais il est curieux d’observer que ce que dit le compagnon d’Ulysse, sur les guerres, sur les conquêtes, sur la gloire, etc., offre le même fond d’idées que Fénélon développa depuis dans le Télémaque : ce sont les principes dont il fit la base de l’éducation du duc de Bourgogne.

1319. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Ces factions dégeneroient quelquefois en partis aussi échauffez les uns contre les autres, que les guelfes et les gibelins peuvent l’avoir été sous les empereurs d’Allemagne.

1320. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

Il n’y a dans son livre que les opinions du parti auquel elle appartient probablement depuis le berceau… À cela près d’un fort petit nombre d’esprits, chez qui la réflexion domine et pousse à la recherche de la vérité, on n’a guère communément que les opinions de sa naissance ou de son milieu.

1321. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Cet ami de César, d’abord allié d’Antoine, puis accueilli par Octave et, dans sa retraite littéraire, resté du moins impartial envers le parti qu’il avait combattu, ne pouvait mettre sur la scène ni ces grands caractères romains qu’il honora dans son histoire, ni les héros plus anciens qui les auraient rappelés.

1322. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

III Elles l’avaient fait pour la lutte, et dès son retour en Angleterre, il s’y était engagé tout entier, armé de logique, de colère et d’érudition, cuirassé par la conviction et par la conscience. « Aussitôt que la liberté, au moins de parole, fut accordée, dit-il, toutes les bouches s’ouvrirent contre les évêques… Réveillé par tout cela, et voyant qu’on prenait le vrai chemin de la liberté, et que les hommes partis de ce commencement se disposaient à délivrer de la servitude toute la vie humaine, … comme dès ma jeunesse je m’étais préparé avant tout à ne demeurer ignorant d’aucune des choses qui ont rapport aux lois divines et humaines…, je résolus, quoique occupé alors à méditer sur d’autres sujets, de porter de ce côté toute la force et toute l’activité de mon esprit », et là-dessus il écrivait son traité De la Réforme en Angleterre 444, raillant et combattant avec hauteur et mépris l’épiscopat et ses défenseurs. […] On reconnaît l’homme de parti qui, sur l’extrême penchant de la restauration, quand « toute la multitude était folle du désir d’avoir un roi », publiait « le moyen aisé et tout prêt d’établir une libre république448 », et en décrivait le plan tout au long. […] Une femme sage, aux explications d’un étranger, « préfère les explications de son mari. » Cependant Adam écoute un petit cours d’astronomie : il finit par conclure, en Anglais pratique, « que la première sagesse est de connaître les objets qui nous environnent dans la vie journalière, que le reste est fumée vide, pure extravagance, et nous rend, dans les choses qui nous importent le plus, inexpérimentés, inhabiles et toujours incertains514. » L’ange parti, Ève, mécontente de son jardin, veut y faire des réformes, et propose à son mari d’y travailler, elle d’un côté, lui d’un autre. « Ève, dit-il avec un sourire d’approbation, rien ne pare mieux une femme que de songer aux biens de la maison, et de pousser son mari à un bon travail515. » Mais il craint pour elle, et voudrait la garder à son côté. […] Les deux partis se taillent à coups d’épée, se jettent par terre à coups de canon, s’assomment de raisonnements politiques525.

1323. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Taine, qui a là-dessus pris son parti, mais ceux qui veulent bien me lire, de se demander s’ils peuvent concevoir un mouvement sans quelque chose qui se meut. […] Mais si la loi que nous avons mentionnée plus haut est vraie (et l’histoire de la philosophie démontre qu’elle est indubitable), si l’homme va sans cesse de lui-même aux choses pour revenir ensuite des choses à lui-même, ne craignez rien, dirai-je aux spiritualistes inquiets qui se voient dépassés, débordés et transportés sans l’avoir voulu, du parti du mouvement au parti de la résistance ; ne craignez rien : dans vingt ans, dans trente, dans cinquante ans, qui sait ? […] Entre eux et nous, il n’y a qu’un seul juge : ce n’est pas l’opinion, ce n’est pas la foule, ce n’est pas tel ou tel parti, c’est la raison même, le verbe éternel, qui illumine tout homme venant en ce monde.

1324. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

» Combinaisons dont le peintre, le musicien, le romancier peuvent tirer parti, comme le poète dramatique. […] Elle n’accepte de mot d’ordre de personne, ni d’une doctrine, ni d’un parti, et si le poète, son maître, la force à marcher en tête de quelque bande chantant un hymne ou sonnant une fanfare, elle s’en venge tôt ou tard. […] Puisque le moyen n’est pas encore trouvé de se débarrasser des poètes, des musiciens, de tous les dilettantes, il faut en tirer vaille que vaille un parti. […] Victor Hugo avait déjà tiré grand parti des recherches érudites pour lesquelles nous l’avons vu si passionné. […] Mais, par une profonde ironie du hasard, ou plutôt par un retour de bienveillance attendrie, Pierre, parti pour tuer, sauve.

1325. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Donc, un seul parti à prendre, elle le sent bien : tout avouer à son mari… Mais voici un bel exemple des « malices » de M.  […] Mais, les invités partis, et seul avec Hélène… Arrêtons-nous ici. […] Meilhac, parti modestement du vaudeville, à ce qu’il semblait, inventa, presque du premier coup, une comédie moins tendue et moins apprêtée que celle de Dumas ou d’Augier, d’une composition moins artificieuse, d’un style moins livresque, une comédie plus familière, et même plus vraie en dépit des parties bouffonnes. […] Répondant à ceux qui le traitaient de « libelliste » et d’« homme de parti » : « Tous les honnêtes gens, écrit Geoffroy savent bien qu’un bon critique est toujours, pour les mauvais auteurs, un libelliste ; qu’un écrivain courageux, attaché aux vrais principes, est toujours, aux yeux des brouillons, un homme de parti ; comme si l’on pouvait appeler un parti le bon goût, la saine morale, et les bases éternelles de l’ordre social. » En outre, le souci des rapports de la littérature avec les mœurs conduit Geoffroy à étudier surtout, dans les pièces soumises à son jugement, ce qu’elles contiennent de vraiment intéressant, de sérieux, d’humain : caractères, passions, esprit ou tendances philosophiques, et à considérer les œuvres par l’intérieur : en sorte que sa critique est rarement insignifiante. — Enfin, les relations des mœurs avec la littérature à travers les siècles enveloppant les rapports des diverses formes littéraires avec les sociétés qui les ont produites et goûtées, la théorie favorite de Geoffroy insinue en lui, peu à peu, des commencements d’intelligence historique, ce que M.  […] Becque est exempt des partis pris et des outrances désobligeantes par où devaient se signaler, facilement et bruyamment, ses jeunes disciples.

1326. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

C’est le parti le meilleur. […] Les partis littéraires, en l’opposant successivement à quelqu’un, à celui-ci, puis à celui-là, ont périodiquement rajeuni sa gloire. […] Elle ne se trompe pas, elle n’hésite pas ; elle sait prendre son parti et s’y tient ferme ; elle a de la précision en toutes ses démarches. […] Madame Lia Félix a su tirer parti d’un rôle tout en dedans (Claudie) presque muet et qui ne pouvait avoir de valeur que par la tenue et la pantomime. […] George Sand fut étonné, mais elle en prit bien gaiement son parti.

1327. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il me serait impossible de lire tel de mes confrères, dont je fais le plus grand cas, sans que son opinion, si elle était contraire à la mienne, ne m’amenât à une sorte de tiers parti, nébuleux et fuligineux, qui est, ma parole d’honneur, ce que, ce me semble, M.  […] »          — « J’élirais plutôt le tombeau « Que ma volage humeur se dispensât au change. »          — « Si la rigueur de tes parents « À quelque autre parti plus sortable t’engage ?  […] C’est Rodogune mal annoncée d’abord, ensuite ne prenant pas assez parti ou d’être une autre Cléopâtre, ou d’être l’antithèse même de Cléopâtre. […] Mais, pour mon compte et pour le moment, je vois trois partis à prendre : 1º Faire la scène sensuelle. […] Je ne vois qu’un parti, c’est de sortir ensemble.

1328. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

En pareil cas, l’arme la plus naturelle est l’ironie sérieuse, car elle témoigne d’une haine réfléchie : celui qui l’emploie supprime son premier mouvement ; il feint de parler contre lui-même, et se maîtrise jusqu’à prendre le parti de son adversaire. […] Outragé par sa maîtresse, malade d’une blessure qu’il a reçue aux côtés de son maître, accusé d’ingratitude et de lâcheté, sa justification dans sa main, il persiste à se taire. « Quand le combat fut fini dans son âme, un rayon de pure joie la remplit, et, avec des larmes de reconnaissance, il remercia Dieu du parti qu’il lui avait donné la force d’embrasser. » Plus tard, amoureux d’une autre femme, certain de ne pouvoir l’épouser si sa naissance reste tachée aux yeux du monde, acquitté envers sa bienfaitrice dont il a sauvé le fils, supplié par elle de reprendre le nom qui lui appartient, il sourit doucement et lui répond de sa voix grave : « La chose a été réglée, il y a douze ans, auprès du lit de mon cher lord. […] Esmond fait la guerre, sert un parti, vit au milieu des dangers et des affaires, jugeant de haut les révolutions et la politique, homme expérimenté, instruit, lettré, prévoyant, capable de grandes entreprises, muni de prudence et de courage, poursuivi de préoccupations et de chagrins, toujours triste et toujours fort.

1329. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Samedi 3 janvier Ah, si un parti politique quelconque avait mis à l’exécution l’idée, que je lui donnais dans ce Journal, l’idée de créer dans le gouvernement : un Ministère de la Souffrance publique, que de choses menaçantes qui sont, ne seraient pas ! […] « Le mérite de mes livres, disait sérieusement un bibliophile, qui vient de vendre sa bibliothèque, — très cher : le mérite de mes livres, c’est qu’ils n’ont jamais été ouverts. » Jeudi 19 mars Elle est vraiment originale, cette pensée du Japonais Hayashi, qu’il émettait hier : « Pour les idées philosophiques, nous ressemblons un peu, nous les Japonais, à un collectionneur ayant une vitrine, et n’y introduisant que les choses qui le séduisent tout à fait, sans trop se demander au fond le pourquoi de cette séduction. » Vendredi 20 mars Un des leader du parti républicain, dans un dîner, où il y avait quelques droitiers, formulait, à ce qu’il paraît, un De profundis prochain de la République, à peu près en ces termes. […] Tout d’abord Porel me dit : « Oui, en effet, nous faisons 2 200 en moyenne… mais je suis très content, très content. » Il ajoute toutefois, au bout de quelques instants : « Seulement, si dans la semaine de Pâques, la pièce ne remonte pas, il faudra prendre un parti. » Il y a, dans le théâtre, la mauvaise humeur produite par une pièce qui ne fait pas d’argent, et tout me dit que la pièce est destinée à quitter l’affiche, après une trentaine de représentations.

1330. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Juge de la force corporelle en sa qualité de tonnelier, il devina le parti qu’on pouvait tirer d’une créature femelle taillée en Hercule, plantée sur ses pieds comme un chêne de soixante ans sur ses racines, forte des hanches, carrée du dos, ayant des mains de charretier et une probité vigoureuse comme l’était son intacte vertu. […] Tous les soirs il apportait à la riche héritière un gros et magnifique bouquet que Mme Cornoiller mettait ostensiblement dans un bocal, et jetait secrètement dans un coin de la cour, aussitôt les visiteurs partis.

1331. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

L’éducation d’Isabelle a porté ses fruits : la pupille a appris à tirer parti des travers du tuteur. […] Mais quel parti Molière n’a-t-il pas tiré de l’anecdote !

1332. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Seiffert, le directeur de la Cour des comptes à Potsdam, que M. de Manteuffel, le ministre des affaires étrangères, pour se prémunir contre les agissements du parti russe, très puissant alors à la cour de Berlin, avait de compte à demi avec M. de Hinkeldey, le président de la police, organisé un service secret, qui, depuis plus d’un an, lui livrait la copie des lettres particulières que M. de Gerlach et M. de Niebuhr échangeaient derrière son dos, avec l’attaché militaire de Prusse à Saint-Pétersbourg. […] Il est également permis de croire qu’en cette affaire, M. de Manteuffel obéissait un peu à son ressentiment contre le parti russe, qui ne lui pardonnait pas d’avoir empêché le roi de Prusse de prendre fait et cause pour son beau-frère, l’Empereur Nicolas. » Donc le fait avancé par mon frère et moi, dans notre Journal, est parfaitement vrai, sauf quelques petites erreurs de détail, provenant du récit, tel qu’il nous a été fait à cette époque.

1333. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Les apologistes des religions ont naturellement tiré parti de ces doctes théories : « La jouissance, dit M.  […] Parti sur mon bateau de toiles ( ?)

1334. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

C’est elle qui indique le parti le plus sûr ou le moins incertain, et qui console lorsque l’événement ne répond pas à une attente bien fondée. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans.

1335. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Accorde-moi voyage prospère, et bon ange pour guide et pour défenseur, afin qu’à l’abri des périls de la nuit et du jour, donnant à mes fatigues un terme favorable, parti sain et sauf de la maison, il m’y ramène de même, près de mes proches, de mes amis semblables à moi, et que, nuit et jour, libre et tranquille, je te prie en paix, dans une vie sans mélange de mal, tendant vers toi sans cesse les ailes de mon âme, ô lumière de la vie ! […] voilà ce que les fidèles de Dieu, dans la guerre lamentable qu’ils se font l’un à l’autre, ont machiné contre moi, parce que je ne voulais pas être l’athlète d’un parti, ni mettre quelque chose avant le Christ !

1336. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Dans le dernier discours sur Jouffroy, il me semble avoir sacrifié plus que d’ordinaire à la mise en scène ; il y a mêlé un but étranger au sujet même qu’il étudiait ; il a voilé en un sens et drapé son personnage ; il a pris parti, plus finement qu’il ne convient, pour la malice et la rancune des grands sophistes et des grands rhéteurs dont l’histoire sera un jour l’un des curieux chapitres de notre temps, intolérants et ligués comme les encyclopédistes, jaloux de dominer partout où ils sont, et qui, depuis que l’influence décidément leur échappe, s’agitent en tous sens pour prouver que le monde ne peut qu’aller de mal en pis.

1337. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Quant à Villehardouin, toujours dévoué au bien commun et à l’union de l’armée qui lui semble le premier des devoirs, il représente à merveille ce composé de bon sens, d’honneur et de piété qui consiste à remplir religieusement les engagements de tout genre, même humains, une fois contractés ; en chaque occurrence, il tâche, entre les divers partis proposés, de se tenir au meilleur ; et, s’il y eut une sorte de moralité dans l’esprit et la suite de cette croisade si étrange par ses conséquences, c’est en lui et autour de lui qu’il faut la chercher.

1338. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Hamilton ses frères, qui étaient de l’expédition d’Irlande et du parti de Jacques II, échouèrent en quelque occasion particulière, furent blâmés et encoururent quelque disgrâce à Saint-Germain : elle en fut piquée et outrée dans sa tendresse et dans son orgueil ; elle s’y retrouva tout entière avec « son humeur hautaine, injuste et révoltée ».

1339. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Ainsi M. de Meilhan loue Turgot ; il prend le parti de Sully contre Colbert ; il célèbre un Sully sentimental outre mesure et de convention ; il parle par moments du luxe dans les termes de l’auteur du Télémaque.

1340. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Au moment le plus critique de l’expédition, et lorsqu’il s’agit de savoir si après des mois d’attente au fond du Portugal devant les lignes inexpugnables de Torrès-Vedras, sans secours reçus, on passera ou non le Tage, et à quel parti on s’arrêtera, il y a un déjeuner chez le général Loison à Golgao, où, dans une sorte de conseil de guerre amical, on a en présence et en action la physionomie, le caractère et les idées des principaux chefs consultés par Masséna : c’est un récit des plus piquants, et qu’il n’eût tenu qu’à l’historien de rendre plus piquant encore ; mais M. 

1341. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Satisfait de savoir et de bien savoir, sans prétendre en informer l’univers, prêt toutefois à faire part à quiconque le consultait du vaste et tranquille trésor de ses connaissances, il était tout l’opposé du metteur en œuvre, qui tire aussitôt parti de ce qu’il sait et se hâte d’en faire montre, de celui dont le poète satirique a dit : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter.

1342. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Charles Bonnet, philosophe chrétien, psychologue et naturaliste éminent, homme d’observation et de principes, eut à entreprendre cette cure délicate sur l’esprit du jeune Bonstetten que l’enthousiasme de Rousseau avait saisi, qui prenait hautement parti pour lui, pour sa profession de foi condamnée à Genève ; qui, dans les troubles de cette petite république, penchait pour les démagogues (ô scandale !)

1343. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Il croit qu’on peut tirer grand parti de ce vers alexandrin qui, bien manié, n’est pas si roide qu’il en a l’air, qui est capable de bien des finesses et même de charmantes négligences.

1344. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

.” — Je partis d’un grand éclat de rire, car de ma vie je ne m’en serais doutée. » — Le croira qui voudra, qu’elle ne s’en était pas doutée !

1345. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

heureux qui l’invoque et le prie à chaque accident de la saison, qui compte sur lui seul comme aux jours de la manne dans le désert qui suit en fidèle ému, entre deux haies en fleur, la procession d’une Fête-Dieu champêtre, ou qui prend part avec foi et ferveur, le long des blés couchés ou desséchés, aux cantiques d’alarmes et aux pieux circuits des Rogations extraordinaires ; qui sait le chemin qui mène à la statue de la Vierge dressée au sommet du rocher ou logée au cœur du chêne antique où hantaient jadis les Fées ; qui ne méprise pas le Saint même du lieu et le miracle d’hier qu’on en raconte, toutes croyances et coutumes innocentes et charmantes, si, au lieu de devenir des affaires de parti, elles restaient ce qu’elles devraient être toujours, de touchantes religions locales et rurales ! 

1346. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Soyez toujours et avant tout de votre religion, de votre monde, de votre parti.

1347. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

» « … Après le mouvement oratoire de Maurice, et pendant le repos du modèle, Moriès, Ducis, Roland, de Forbin, M. de Saint-Aignan, Granet et beaucoup d’autres qui représentaient assez bien le parti aristocratique à l’atelier, vinrent prendre les mains de Maurice et le féliciter sur son élan généreux.

1348. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Sa philosophie, à lui, restait toute pratique, non critique, non ironique, nullement pessimiste, mais toute en vue de l’usage qu’on peut faire, du parti qu’on peut tirer de ce merveilleux instrument qui s’appelle l’homme, dans une société, dans une nation.

1349. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Quant à revenir aux Catacombes, ce serait prendre un grand parti et certainement se rapprocher de Jésus ; mais l’idée d’un tel art est encore à l’état archéologique, et l’Imprimerie Impériale, dont l’objet essentiel est la typographie, et pour qui l’ornementation n’est que l’accessoire, ne pouvait ni ne devait, quand elle en aurait eu le temps, hasarder une telle nouveauté.

1350. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Ce fils d’un rhéteur grec et d’une fille campanienne sent tout le parti qu’il peut tirer de cet Africain robuste, brutal, superstitieux et brave ; lui, il est lâche à l’action, mais hardi partout ailleurs, fertile en idées, l’homme aux expédients : tous deux ils se doublent et se complètent.

1351. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

N’y a-t-il donc pas moyen pour un auteur aimé de garder tout son public, et de continuer de le charmer, sans paraître lui donner des gages comme à un parti ?

1352. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Le mépris que cette entrevue fit naître pour ce prince mit fin au dessein qu’on avait de se servir de lui95. » Ne pouvant l’utiliser directement, on songea du moins à maintenir la race pour alimenter les espérances du parti.

1353. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Si nous analysons les édifices des Grecs, nous rencontrons toujours cet esprit fin, délicat, qui sait tirer parti de toute difficulté, de tout obstacle, au profit de l’art, jusque dans les moindres détails.

1354. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Selon moi, il n’a pas tiré un parti assez sérieux de Linguet et de ses nombreux écrits ; Linguet le paradoxal, si éloquent lorsqu’il a raison ; celui de qui Voltaire écrivait dans une lettre à Condorcet (24 novembre 1774) : « Si ce Linguet a d’ailleurs de très-grands torts, il faut avouer aussi qu’il a fait quelques bons ouvrages et quelques belles actions » ; celui dont Mme Roland, qui l’avait vu à Londres en 1784, a parlé comme d’un homme « doux, spirituel, aimable », corrigeant dans sa personne et dans sa conversation ce que sa plume pouvait avoir d’âpre et d’amer, et en particulier (chose rare chez un exilé) ne s’exprimant sur la France et les Français qu’avec circonspection, réserve et modestie17.

1355. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Nullement insensible ni indifférent à ses succès d’esprit en haut lieu, dès qu’il s’était senti souffrant ou affaibli dans ses organes, il avait pris bravement son parti et avait quitté Versailles pour n’y plus remettre les pieds.

1356. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Quoi qu’il en soit, quand on ne veut pas faire une épopée historique et classique dans le genre de Lucain, mais une épopée qui ait en soi du sacré, du merveilleux et du populaire, essayons de voir quel parti on peut tirer de Napoléon.

1357. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Cette multitude de principautés, féodalement ou théocratiquement gouvernées, ont été livrées à des guerres civiles, à des partis, à des factions ; le tout sans profit pour la liberté.

1358. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

disait-elle, il est mort ce soir à six heures ; sans cela, vous ne me verriez pas ici. » Sous ce régime continu de distractions et d’amusements, il n’y a plus de sentiments profonds ; on n’en a que d’épiderme ; l’amour lui-même se réduit à « l’échange de deux fantaisies »  Et, comme on tombe toujours du côté où l’on penche, la légèreté devient une élégance et un parti pris301.

1359. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

« Les âmes les plus faibles de toutes sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes, lesquelles étant souvent contraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à leur parti, et l’employant à combattre contre elle-même, mettent l’âme au plus déplorable état qu’elle puisse être… Il est vrai qu’il y a fort peu d’hommes si faibles et irrésolus qu’ils ne veulent rien que ce que leur passion leur dicte.

1360. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mais elle aura peine à en prendre son parti ; aucune de ses expériences ne vaincra son optimisme sentimental.

1361. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Et, par là-dessus, elle a sa voix, dont elle sait tirer parti avec la plus heureuse audace  une voix qui est une caresse et qui vous frôle comme des doigts  si pure, si tendre, si harmonieuse, que Mme Sarah Bernhardt, dédaignant de parler, s’est mise un beau jour à chanter, et qu’elle a osé se faire la diction la plus artificielle peut-être qu’on ait jamais hasardée au théâtre.

1362. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Dès que la pièce étudiée prête à quelques réflexions sur l’histoire des mœurs, le voilà parti là-dessus, et je ne connais pas de moraliste mieux informé, plus acéré ni plus clairvoyant.

1363. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Ils ont, eux, une faculté maîtresse qu’on distingue sans trop de peine, et, dans l’exécution, des partis pris constants.

1364. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Il faut choisir entre trois partis : ou représenter le premier Tartuffe, ou représenter le second, ou essayer de réaliser un Tartuffe mitoyen ; car, de « fondre » les deux l’un dans l’autre, il n’y faut guère songer.

1365. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Le respect académique, tous les partis l’ont.

1366. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous concevons aujourd’hui tout autrement notre rôle ; l’artiste, parmi la dislocation des castes, des partis et des hiérarchies, va être le circulateur d’idées, le « quatrième pouvoir » mêlé à tout, influant sur tout.

1367. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Il n’est donc pas étonnant que ces suites d’idées agréables aient attiré à un degré particulier l’attention, et que dans les premiers âges, alors que la poésie était toute la littérature, elle ait paru mériter un nom particulier plus que des suites d’idées d’une autre classe… Dans le cas de l’avocat, la suite d’idées amène à une décision favorable au parti qu’il défend ; elle n’a rien d’agréable en elle-même.

1368. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Il y a une autre manière d’admirer Rabelais, c’est de vouloir en faire un homme de son parti, de son bord, de le tirer à soi, de le montrer, comme Ginguené l’a fait dans une brochure, un des précurseurs et des apôtres de la Révolution de 89 et de celles qui suivront.

1369. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Le bon La Fontaine, en prenant parti dans la querelle pour le docte Huet, ne s’apercevait pas que lui-même, malgré ses oublis, était à la veille de se réveiller classique à son tour.

1370. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Tout esprit de parti se désarme et expire en le lisant, et il n’y a place qu’à une compassion et à une admiration profonde.

1371. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Ce jour-là, La Fare raconte qu’il ramena de Saint-Cloud M. de Tréville, un des amis particuliers de Madame, un de ceux dont elle appréciait le plus l’esprit fin, un peu subtil et extrêmement orné : « Tréville, que je ramenai ce jour-là de Saint-Cloud, et que je retins à coucher avec moi, pour ne le pas laisser en proie à sa douleur, en quitta le monde et prit le parti de la dévotion, qu’il a toujours soutenu depuis. » Mme de La Fayette elle-même, depuis qu’elle eut perdu Madame, se retira de la Cour et vécut avec M. de La Rochefoucauld de cette vie plus particulière qu’elle ne quitta plus.

1372. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis était de cette race de philosophes, d’amis de la retraite et de la Muse, qui n’entendent rien à la politique ni à la pratique des affaires, et qui ont droit de résumer toute leur charte en ces mots : « Quand un homme libre pourrait démêler dans les querelles des rois (rois ou chefs politiques de tout genre) le parti le plus juste, croyez-vous que ce serait à le suivre que consiste la plus grande gloire ? 

1373. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Sa perspicacité, d’assez bonne heure, dut l’éclairer sur l’avenir inévitable ; mais il n’en continua pas moins jusqu’au bout, et avec une patience inébranlable, de tenir pied et de tirer parti des moindres circonstances qui pouvaient procurer l’accord et donner jour à l’arrangement.

1374. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

C’est parce qu’ils connaissent bien ce mécanisme, que les partis politiques, quelle que soit la pensée qu’ils représentent, apportent une telle passion à s’emparer des sources de l’enseignement.

1375. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Des deux méthodes, c’est la première qui doit céder le pas, basée, comme elle l’est, et comme nous la montrerons au chapitre suivant, sur des lois incertaines et présomptives dont la critique scientifique ne pourra tirer parti qu’après avoir vérifié, par ses propres travaux, la mesure dans laquelle elles s’appliquent aux hommes supérieurs.

1376. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je défie le génie même de la peinture et de la sculpture de tirer parti de ce système de mesquinerie.

1377. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Le siècle de Louis XIV fut goûté de nouveau ; et, pour le remarquer en passant, on sentait, surtout dans les feuilles quotidiennes, un instinct monarchique dont il était bien facile de tirer parti, mais que l’on sut tourner habilement au seul profit du despotisme.

1378. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

… Profanateur de nature et d’éducation, flétrissant, pourrissant, un peu pourri lui-même, tel est Mistigris ; et je souffrirais d’avoir à dire qu’il reste quelque chose de cet affreux enfant terrible dans le talent élégant, désinvolte et presque aristocratique de Gustave Droz, si, en tournant les pages de son livre, je ne trouvais, à ma grande joie, le La Bruyère mauvais sujet corrigé, marié et père, — comme ces bons cœurs de mauvais sujets le deviennent, — le Bébé arrivé et Mistigris parti, par respect pour cette innocence, qui a fait tout à coup sûr l’auteur un peu immodeste de Monsieur et de Madame l’assainissant effet d’une contagion de pureté.

1379. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Les deux compartiments devaient communiquer sans doute, il en prenait gaîment son parti et il en riait.

1380. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Les romantiques, au xvie  siècle, portèrent une première atteinte à la césure en décrétant qu’il y avait des partis heureux à tirer de son déplacement.

1381. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

« Depuis, il n’a plus connu que l’enivrement passager des sens, surtout celui de la guerre, pour laquelle il était né, et qui était sa vraie passion, sa vraie maîtresse, son parti, son pays, son roi, le grand objet de sa vie, et tour à tour sa honte et sa gloire. » Voilà ce que le style de M. 

1382. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Parti d’abord pour le continent, avec un jeune lord dont il pouvait plus tard redevenir l’ami, mais ne voulait pas être le compagnon inégal, il avait vu la France et l’Italie en amateur passionné des lettres, écrivant la langue des Romains comme un érudit du seizième siècle et avec la pensée mélancolique d’un moderne.

1383. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ces ducs, ces nobles qui, comme Duras, avaient accepte le commandement de l’armée patriotique bordelaise, ils étaient à l’étranger, chassés par les hommes qui, grâce à la faiblesse du parti girondin, se poussaient dans la faveur de la plèbe. […] Le parti royaliste n’avait pas cessé de compter de nombreux adhérents à Bordeaux : tant que les modérés furent au pouvoir, il les laissa agir avec dédain, mais sans attaques. […] L’échec, subi par le parti modéré, abandonna le pouvoir à la section Franklin et au club du Café National ; c’était un Laïs, vil comédien, un Lacombe, qui allaient terroriser la ville. […] Ysabeau restait seul pour lutter contre le parti avancé. […] À Bordeaux, le départ d’Ysabeau fut triomphal ; le parti modéré sentait la nécessité de se montrer fort et de contenir ainsi Jullien.

1384. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Cette polémique, menée avec aigreur par les deux partis, ne fut pas de longue durée. […] le jour où le mépris appela l’insulte, a-t-elle embrassé d’autre parti que la fuite ? […] A-t-il pris parti pour la réflexion ou l’invention ? […] Je défie qu’on tire d’une donnée si simple un plus riche parti ; à la bonne heure c’est une perle, un diamant, si vous voulez. […] Pour les femmes, elles ont à choisir entre deux partis, la curiosité ou la coquetterie.

1385. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Je vis très nettement que je mettais le doigt sur des idées d’une tout autre fécondité que celles qui m’avaient lui jusqu’alors et auxquelles cependant je ne renonçai pas tout de suite, mais que je pris le parti d’oublier quelque temps pour me livrer tout entier à la nouvelle venue. […] L’esprit tire parti de la nature extérieure et des excitations qu’il en reçoit pour construire des synthèses qu’il crée selon ses propres aptitudes, selon les tendances qui sont déjà organisées en lui et qui s’incarnent en des phénomènes nouveaux à certains égards. […] J’en vois bien le sens général, j’ai l’idée principale et quelques-unes des idées secondaires qui s’en dégagent, mais je ne sais pas toujours le parti que j’en pourrai tirer et souvent les idées accessoires se dégagent au courant du travail, se vérifient et se ramifient au fur et à mesure de la marche de l’étude, ou bien sont abandonnées. […] Et tout homme en est réduit, dans les meilleures et les plus rares conditions, à sacrifier au moins une partie de son originalité pour pouvoir tirer parti de l’autre. […] Ce qu’il y a de vigoureux en lui peut tirer parti d’une partie de ce qu’il y a d’extravagant et d’insensé, et c’est l’origine des cas où la folie et le génie sont intimement mêlés.

1386. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

N’ayant pas, comme ses prédécesseurs, pu concevoir un ordre analytique des principes qu’il doit poser et suivre, il choisit un parti plus commode, et prend l’ordre chronologique que lui offrent les dates des ouvrages, sans songer qu’il devait se soumettre à celui des règles qui les produisent, sans prévoir que sa marche romprait le fil des préceptes, sans obvier à l’inconvénient de semer des maximes éparses qu’il ne pourrait plus rattacher à un système, et qui, non rassemblées dans l’esprit de l’auditeur, échapperaient à son attention. […] S’il est vrai qu’à la scène un hasard, ou l’opiniâtreté d’un parti, fait chanceler les ouvrages, et les peut renverser à jamais ; si le génie y lutte parfois contre le caprice et la fortune, son triomphe a d’autant plus de splendeur que, pour l’obtenir, il lui fallut surmonter plus d’obstacles, et tenir tête à plus d’orages. […] Émilie aspire à venger son père, en conjurant contre Auguste ; Cinna aime cette Romaine, et l’amour de la liberté publique s’unit à ce sentiment pour le faire entrer dans les vues de sa haine, et gagner à son parti les plus illustres républicains échappés aux proscriptions.

1387. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Quel est pour lors le parti que doit prendre l’acteur que le poëte tient à la gêne ? […] Quel parti doit prendre l’auteur ? […] Les plus sages, effrayés des difficultés que présente ce genre de critique, ont pris modestement le parti de ne faire des ouvrages de théatre que de simples analyses : c’est beaucoup pour leur commodité particuliere, mais ce n’est rien pour l’avantage des Lettres. […] Horace, dans la peinture des moeurs, laisse le choix ou de suivre l’opinion, ou d’observer les convenances ; mais le dernier parti a cet avantage sur le premier, que dans tous les tems les convenances suffisent à la persuasion & à l’intérêt. […] Mais à l’égard des vivans mêmes, quel parti doit prendre l’homme de Lettres, à la vûe des succès injustes & des crimes heureux ?

1388. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

S’il eût été tenté d’un forfait, quel parti aurais-je pris ? […] Exhortez-le à se mettre au-dessus de l’opinion : chaque jour il fera sentir à ses censeurs qu’il a choisi le parti le plus avantageux… » Pour lui, peut-être ; mais pour la société ? […] Et quel parti prend l’homme sage entre ces disputeurs ? […] Quelque parti que prenne Sénèque, ce ne sera point l’adulation de lui-même qui le perdra. […] « Entre le parti qui réjouira les scélérats, et le parti qui affligera les gens de bien, y a-t-il à hésiter ?

1389. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Quitter les béguines et les jésuites d’Ajaccio pour les minimes de Brienne ; sentir autour de soi le dédain goguenard d’une centaine de gamins sans pitié pour qui le désarroi du petit hobereau corse était une occasion de taquineries sans fin : voilà de quoi décider n’importe quel écolier à prendre le parti du silence et à tomber dans la nostalgie. […] Il a voulu savoir dans quelles conditions avait été rendue cette sentence, que les historiens de tous les partis s’accordent à déclarer inique et monstrueuse. […] On y voit comment la conscience humaine peut descendre aux pires capitulations lorsqu’elle est aveuglée par l’esprit de parti, gênée par l’intérêt, paralysée par la contagion de la peur, et enfin poussée au crime par un excès de faiblesse et de timidité. […] Mais elle était de ces femmes expertes, qui savent défier les années en tirant parti de tout, même des ruines, et en découvrant des ressources de grâce jusque dans le deuil inévitable de l’arrière-saison. […] Parce que son père lui-même lui conseilla de prendre ce parti.

1390. (1925) Portraits et souvenirs

Il ne l’est pas moins quand il nous explique la manière dont l’ingénieux et subtil adaptateur que savait être José-Maria de Heredia tirait parti de la riche et souple matière anthologie pour la refondre dans sa strophe afin d’en composer les petits tableaux votifs, funéraires ou descriptifs qu’il excellait à animer en les dramatisant. […] A son retour en France, il chercha à tirer parti de ce qu’il avait appris d’anglais au cours de ses pérégrinations londoniennes. […] Barrès s’en était tenu, vis-à-vis de lui-même, à l’emploi de ses qualités les plus instinctives, s’il se fût contenté de tirer parti du magnifique don romantique qui était en lui et qui, peu à peu, savamment amalgamé avec d’autres éléments, a fini par constituer l’originalité si particulière d’un des écrivains les plus étonnants et les plus personnels de notre temps ? […] Partout et en tout, on lui obéissait, et j’avais pris le même parti, d’autant que je savais ce qu’un enfant doit à son grand-père, et ce vieux monsieur était le mien ! […] Ce n’était pas cependant de lui-même qu’il avait pris ce parti.

1391. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

— Afin que les volontaires fournissent à la vie des types où votre espèce s’affirme en beauté, afin que l’homme parti de l’animalité pure se perfectionne, se complète par le désir de l’idéal jamais atteint et prépare ainsi un être supérieur, celui qui vous dominera en vertu d’illusions encore plus hautes que les vôtres… MAÎTRE PHANTASM. […] — Chèques, lois, morale et commandites. — Protocoles, dévouements, applaudissements et mascarons pour cérémonies officielles. — Parades électorales. — Convictions à vendre et à revendre. — Assiettes au beurre. — Poêles sans queue. — Queues sans poêles. — Notables chefs de partis. — Manteaux troués de la Dictature. — Astringents, budgétaires contre le déficit… Il y en a trop : j’y renonce. […] Ceux-ci, pourvu qu’ils gardent la plus grosse part, souffrent volontiers que les partis politiques, chacals et valets avides, détournent les viscères les plus purulents de cette charogne : la France. […] Pourquoi n’as-tu pas choisi notre parti jadis, au moment de la bataille ? […] Puis quand ils se sont trouvés tellement embrouillés dans mes mystères que personne — pas même moi — n’y comprenait plus rien, ils m’ont tous pris à témoin de leur bon sens, et chaque parti a chanté victoire en affirmant que j’étais avec lui. — D’autres, il est vrai, las de ne point parvenir à me concevoir, m’ont renié carrément.

1392. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il faudrait un bien grand fonds d’humilité pour en prendre facilement et vite mon parti. […] Soumet, je serai charmé de la recevoir, mais je voudrais bien que mon art., avant qu’elle me parvienne, fût déjà fait et parti. […] Il me semble que, dans son dessein, l’auteur pouvait tirer un grand parti de cet amour. […] Il est bien pire, pour qui raconte, d’être emprisonné dans un parti que d’être fixé dans un lieu. […] C’est le rendre impropre, inégal au genre humain, qui, d’un christianisme ainsi fait, ne peut tirer aucun parti.

1393. (1922) Gustave Flaubert

Le contraire exactement des énervements, des colères et des partis pris de Flaubert. […] Aucun parti ne nous passionne. […] Enfin, ils demandèrent à se réunir pour célébrer une de leurs victoires, et le parti de la paix céda, en se vengeant d’Hamilcar qui avait tant soutenu la guerre. […] Le Candidat ayant été écrit en 1873, à une époque d’âpres luttes politiques, pour « rouler tous les partis dans la (cf. Cambronne) », Flaubert se croit victime de la haine de tous ces partis fondus en une union sacrée contre la cause de l’art.

1394. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Il ne s’est, pas contenté d’exposer, il n’a pas eu seulement un avis, il a pris parti en certains cas. […] Le parti que vous prenez est sans contredit le seul dont ils n’aient pas à se plaindre et le plus digne de vous ; mais ne gâtez pas un acte de vertu si grand et si pénible par un dépit déguisé et par un sentiment injuste envers un homme aussi digne de votre estime par sa conduite, que vous-même êtes, par la vôtre, digne de l’estime de tous les honnêtes gens.

1395. (1929) Dialogues critiques

Je dis que c’est bien fait pour Bourget et son parti. […] Paul Il y a des obscurantistes dans tous les partis.

1396. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Lorsque Louis XV, ayant exilé le Parlement, fit dire tout haut par Mme du Barry que son parti était pris et qu’il ne changerait jamais : « Ah ! […] Pour la leur coller au corps, il a fallu la tourmente révolutionnaire, puis la surveillance hostile d’un parti organisé et la menace d’un danger continu.

1397. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Il y avait là tout ce qui cultive les lettres pour elles-mêmes, sans exception d’opinion, de parti, de dynastie. […] — Je vous croyais parti ?

1398. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Catherine ne pouvait plus se tenir, je la posai dans le fauteuil et je partis sans oser tourner la tête. […] Les enfants venaient nous voir ; les vieilles nous demandaient de quel pays nous étions, ce que nous faisions avant de partir ; les jeunes filles nous regardaient d’un air triste, rêvant à leurs amoureux, partis cinq, six ou sept mois avant.

1399. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

malheureux, crois-moi, fuis ce terroir ingrat ; Prends un parti solide et fais choix d’un état Qu’ainsi que le talent le bon sens autorise, Qui te distingue, et non qui te singularise. […] Il en a pris son parti d’avance : Si rien ne réussit, je ne me pendrai pas.

1400. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Il n’est pas assez d’or sur la terre pour nous faire prendre le parti des Mèdes contre la liberté de la Grèce. […] Cependant Mardonios, parti de la Thessalie, rentra dans Athènes ; la cité s’était de nouveau réfugiée à Salamine, sous les ailes de sa Victoire.

1401. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Picard nous le montre, pendant toute la Défense nationale, assis sur une chaise, en arrière de la table du conseil, en un coin, dissimulé, et retraité dans l’ombre, ne se décidant sur rien, ne se prononçant sur quoi que ce soit, ne se compromettant par aucune opinion tranchée, ménageant tous les partis, et se conservant pour toutes les aventures du hasard. […] Je plains le représentant de la France d’être réduit à ce rien, qui est maintenant le parti de la France.

1402. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il est rude, abrupt, excessif, incapable de pentes adoucies, presque féroce, avec une grâce à loi qui ressemble aux fleurs des lieux farouches, moins hanté des nymphes que des euménides, du parti des Titans, parmi les déesses choisissant les sombres, et souriant sinistrement aux gorgones, fils de la terre comme Othryx et Briarée, et prêt à recommencer l’escalade contre le parvenu Jupiter. […] Les religions, ayant besoin de ce livre, ont pris le parti de le vénérer ; mais, pour n’être pas jeté à la voirie, il fallait qu’il fût mis sur l’autel.

1403. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Mais le vent finit par passer, malgré les hommes, et par porter la fécondité dans les deux partis. […] Sa constance dans ses amitiés pour Molière persécuté par les hypocrites de son temps, pour Racine abandonné par la faveur du roi, attestent en lui une de ces âmes fermes qui ne se laissent plier ni par la versatilité des partis, ni par la disgrâce des rois.

1404. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« “Une étroite lucarne à travers les murailles de la tour de la Faim, qui a reçu son nom de moi, et qui se referma encore sur tant d’autres, m’avait déjà laissé entrevoir plusieurs fois la clarté du jour par ses fissures, quand je fis un rêve qui déchira pour moi le voile de l’avenir.” » Ugolino raconte ici son rêve, qui n’est qu’une allusion symbolique aux partis qui se combattaient entre Lucques, Pise et Florence. […] — l’heure qui poigne d’amour le voyageur à peine parti, s’il entend résonner dans le lointain la cloche qui semble pleurer le jour mourant !

1405. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les jésuites, très favorisés alors par l’empire et par le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, saluèrent le Génie du Christianisme avec moins d’enthousiasme que le parti de l’empire et que le parti royaliste ne l’avaient salué ; ils ne se dissimulèrent pas que le secours apporté en apparence par ce livre à la religion était un secours dangereux, plus poétique que chrétien, et que les sensualités d’images et de cœur par lesquelles l’écrivain alléchait, pour ainsi dire, les âmes, étaient au fond très opposées à l’orthodoxie littérale et à la sévérité morale de dogme et de l’esprit chrétien.

1406. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Pourtant il s’en consolait tout bas et prenait assez crûment son parti à la manière des vieux Gaulois, en se disant ou à peu près, comme dans le fabliau (je rends le sens, sinon les paroles) : « Après tout, ce n’est qu’une femme perdue, et il s’en retrouvera assez. » Je ne donne pas cette manière de sentir pour très délicate ni pour chevaleresque, mais elle est de Sully.

1407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

L’Oraison funèbre qu’il prononça de Louis XIV, et dont j’ai cité l’admirable début, a de beaux détails, mais pèche également par l’ensemble : Massillon, en louant, ne sait point prendre de ces grands partis comme Bossuet ; il mêle des vérités et des restrictions qui font nuance, là où il faudrait une couleur éclatante, une touche large et soutenue.

1408. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

comme il se lamente sur la perte de cette perle de la chevalerie, quel que soit le parti qu’elle ait ornée !

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Je suis persuadé, Monseigneur, que toute la pente de voire cœur est pour ce parti.

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

En novembre 1825, il félicite son ami Navez du mariage ; c’est une idée qui reviendra souvent et qui tient une grande place dans la réflexion mélancolique et dans le regret moral de Léopold Robert : « Je te félicite d’avoir enfin pris le parti de te marier et d’avoir trouvé surtout une aimable moitié qui trouvera plus son plaisir d’être chez elle que de sortir.

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il n’y a qu’un très petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.

1412. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld est mort chef d’un parti déclaré contre l’Église, étant lui-même ecclésiastique et d’un ordre dont la doctrine a toujours été sans reproche, eût voulu louer et préconiser un hérésiarque, reconnu par l’Église et la France pour tel, et que si le roi savait cela, etc… Santeul effrayé, et qui avait une pension du roi de huit cents livres, s’excusa en paroles, désavoua les vers comme il put ; mais Jouvency voulait une rétractation non pas seulement verbale, mais écrite.

1413. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Peu après cette querelle de parti et cette polémique, la seule au reste qu’il eut dorénavant à soutenir, Ronsard publia en 1565 un recueil intitulé : Élégies, mascarades et bergerie ; ce sont pour la plupart des pièces de circonstance, des divertissements de cour qui furent représentés à des fêtes, et qui sont pour nous purement ennuyeux et sans intérêt ; mais j’y trouve en tête, sous le titre d’élégie, un discours en vers à la reine d’Angleterre Élisabeth, nouvellement en paix avec la France.

1414. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Puylaurens, en s’engageant à ce degré dans le parti de Monsieur et en s’attachant coûte que coûte à sa fortune, ne se fait aucune illusion, et en face de Richelieu, ce grande adversaire, il présage ce qui d’un moment à l’autre l’attend.

1415. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Dans une lettre à Mme de Bellocq, veuve de son ami, il a tracé un tableau assez riant de la vie tranquille, à la fois philosophique et chrétienne, qu’il menait durant les dernières années (1726-1737) : Ayant fait réflexion, disait-il, que j’étais dans un âge trop avancé pour me donner le soin d’économer (de régir) des biens de campagne, j’ai pris le parti de mettre ma terre en ferme et de me retirer entièrement à la ville.

1416. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Toutes les circonstances, même les plus futiles, de cette mémorable et unique soirée, lui restent gravées dans le cœur et y travailleront sourdement : « Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu’un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. » Quand le lendemain du bal, partis au matin de la Vaubyessard, et de retour chez eux à l’heure du dîner, M. et Mme Bovary se retrouvent dans leur petit ménage, devant leur table modeste où fume une soupe à l’oignon et un morceau de veau à l’oseille, Bovary est heureux, il se frotte les mains en disant : « Cela fait plaisir de se retrouver chez soi ! 

1417. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

. — Voici ma devise, disait-il encore, je ne suis né pour aucun combat. » Bienveillant, modéré, ami d’un sage progrès et des lumières graduelles, pressé entre deux partis contraires, il semblait aux uns un bien pâle démocrate, aux autres un patricien infidèle.

1418. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il est volontiers pour les partis mitoyens et d’entre-deux.

1419. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Simple employé dans les bureaux de l’Université, il craintdéjà l’envahissement du parti prêtre dans l’instruction publique : c’est le seul indice qu’on aperçoive de son opposition future.

1420. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

C’est dans cet ensemble qu’elle excellait ; c’est cette trame diverse et mobile qu’elle agitait, qu’elle variait et recommençait sans cesse avec un art de magicienne ; c’est au cœur de cet orchestre où elle ne jouait pas seule, où elle tirait parti de tous, où elle devinait et occupait chacun, où elle associait les autres à son talent et se faisait pardonner sa supériorité en créant l’harmonie et en marquant l’accord jusque dans les dissonances, c’est là, dans son cercle à elle, qu’il fallait la voir ; et Byron, qui avait senti et noté le défaut, a aussi reconnu le charme et le triomphe.

1421. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Mais il faut en prendre son parti : si l’art était la forme la plus haute sous laquelle l’Antiquité aimait à concevoir et à composer l’histoire, la vérité au contraire est la seule loi, décidément, que les modernes aient à suivre et à consulter.

1422. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

C’est même pour lui une des conditions de la critique complexe et nuancée telle qu’il l’entend : « L’esprit délicat et dégagé de passion, critique pour lui-même, voit, dit-il, les côtés faibles de sa propre cause et est tenté par moments d’être de l’avis de ses adversaires. » Le contraire lui paraît presque de la grossièreté, de la violence à l’usage seulement des hommes d’action, des chefs de secte ou de parti, non des penseurs.

1423. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Mais on y pensait peu : tout le monde tournait à la fois ; il n’y avait plus qu’un parti, celui du roi.

1424. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

« Allons, disais-je l’autre jour à mon cher et spirituel confrère Viennet, qu’il y a toujours plaisir à lutiner, parce qu’il est en fonds de riposte et qu’il a plus d’une corde à son arc ; allons, il en faut prendre-son parti : la tragédie se meurt, la tragédie est morte.

1425. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il était des amis de mon père et des miens, homme d’un esprit doux, aimable dans la société, orné de plusieurs connaissances et ayant du goût pour les lettres comme pour ceux qui les cultivent ; mais, soit par un dévouement trop ordinaire aux intendants pour les ordres de la Cour, soit parce qu’il croyait, comme bien d’autres, qu’il ne restait plus dans le parti protestant qu’une opiniâtreté qu’il fallait vaincre ou plutôt écraser par le poids de l’autorité, il eut le malheur de donner au reste du royaume un exemple qui n’y fut que trop suivi et dont le succès surpassa d’abord les espérances même de ceux qui le faisaient agir.

1426. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Le parti catholique et légitimiste, ennemi de la Révolution et du mouvement social, semblait avoir en ce temps-là, aux yeux de plusieurs, le privilège des hauts esprits et des hautes doctrines.

1427. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Tout est sobre, vrai, parti du cœur.

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Auguste Widal, professeur à la Faculté de Douai, dans une suite de leçons sur Homère qu’il a données au public et qu’iln’a cessé de revoir et d’améliorer depuis, s’est placé, sans prendre de parti, à une sorte de station moyenne qui lui a permis d’unir bien des comparaisons, de combiner bien des rapprochements, et il a fait un livre qui, dans sa seconde édition surtout, est devenu une excellente et fort agréable étude14.

1429. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Critique, il ne faut pas, pour un simple passage d’un siècle à l’autre, prendre si vite son parti de la perte de la délicatesse.

1430. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Elle ne parut peut-être jamais mieux ni plus à son avantage que quand elle eut pris son parti et qu’elle ne lutta plus.

1431. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Mais, avant cette formidable époque46, Chénier ne sentit guère tout le parti qu’on peut tirer du laid dans l’art, ou du moins il répugnait à s’en salir.

1432. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Mais il fit cet étrange Cymbalum mundi, la première œuvre française qui manifeste, entre les deux théologies également intolérantes, l’existence d’un tiers parti de libres philosophes.

1433. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Le lendemain je partis pour Paris sans que Mallarmé m’eût interrogé quant à Igitur d’Elbénone.

1434. (1890) L’avenir de la science « V »

Voilà pourquoi toutes les sectes religieuses qui ont essayé, depuis un demi-siècle, de s’établir en Europe sont venues se briser contre cet esprit critique qui les a prises par leur côté ridicule et peu rationnel, si bien que les sectaires, à leur tour, ont pris le bon parti de rire d’eux-mêmes.

1435. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Nos guerres de religion ne sont en réalité que des guerres civiles ou des guerres de parti.

1436. (1886) De la littérature comparée

Les docteurs qui savent le grec — et leur nombre est des plus restreints — ne peuvent, faute de documents, tirer qu’un parti très modique de leur science : Jean Scot traduit le livre des Noms, attribué au faux Denys l’Aréopagite.

1437. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Celui qui semblait pouvoir être le noble pamphlétaire de sa propre conscience est devenu bassement le pamphlétaire d’un parti.

1438. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Maintenant, son parti est pris, sa dernière larme est tombée.

1439. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

À un certain moment, chaque parti se croit battu.

1440. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Partant de là, j’ai pris le parti du silence et de la soumission.

1441. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Pour réparer son échec de Pologne, il prend le parti de s’attacher entièrement aux jeunes princes de Vendôme, et s’insinue si bien par son esprit, qu’il devient le maître absolu de leurs affaires, l’intendant et l’arbitre de leurs plaisirs.

1442. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Lainé est en général très bien peint par M. de Lamartine, sauf un point qui me semble accusé d’une manière bien absolue : « Il n’était point du parti des Bourbons, nous dit M. de Lamartine de M. 

1443. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

[NdA] Il en profita si bien qu’on le soupçonna même de se l’être suscitée et « d’avoir fait courir contre lui la lettre injurieuse dont il avait tiré un si grand parti ».

1444. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

Mérimée a pris son parti plus franchement, ou du moins de propos plus délibéré : il donne tout d’abord ses deux personnages pour deux coquins ; il ne s’agit guère ensuite que du degré ; il s’agit surtout de voir comment l’amour naît, se comporte et se brise, ou persiste malgré tout, dans ces natures fortes et dures, dans ces âmes sauvages.

1445. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ainsi parlent les athénées, les sorbonnes, les chaires assermentées, les sociétés dites savantes, Saumaise, successeur de Scaliger à l’université de Leyde, et la bourgeoisie derrière eux, tout ce qui représente en littérature et en art le grand parti de l’ordre.

1446. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

De quelle tradition Augustin Thierry est-il parti pour renouveler l’histoire de France ?

1447. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Le jour venu, les applaudissements, la popularité, les annonces des journaux, l’affluence du public, l’intérêt de parti, le sentiment de la gloire, le transportaient jusqu’au génie.

1448. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Ses goûts de lettré l’éloignaient de la chirurgie ; il prit le parti de ce demi-cloître et ferma les yeux sur les inconvénients de l’avenir, séduit sans doute par une perspective de retraite et d’étude au sein de vastes bibliothèques, par l’idée de ne pas changer de maîtres et de guides, lui timide et qui craignait avant tout le commerce des hommes. […] Daunou comme homme politique et public et comme philosophe, j’aime mieux pourtant ici, dans ses démonstrations en faveur de la Constitution civile du clergé, ne voir qu’un simple vœu honorable et de convenance, un mode d’interprétation utile qu’il propose jusqu’à la dernière extrémité, sans trop espérer de le faire accepter, et en se consolant lui-même très-aisément d’avoir à marcher au delà. « Philosophes, s’écrie-t-il en faisant sous le masque anonyme la leçon aux deux partis, philosophes, loin de vous des procédés injustes ou des mesures imprudentes qui détacheraient de la cause commune à tous les Français une classe de citoyens qui, après tout, a servi cette cause en y attachant sa destinée ! […] Cette brochure, qui a pour titre Union et Confiance, ou Lettre à un émigré de mes amis, est censée écrite par un aristocrate du dedans qui se félicite de toutes les brouilles survenues entre les diverses fractions du parti victotorieux et qui met en scène un conciliateur peu écouté ; c’est une manière indirecte de signaler aux amis de la révolution ce qui réjouit les adversaires et ce qu’il faut par conséquent éviter.

1449. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

La cour écoutant les jésuites, la ville fut et resta favorable au jansénisme, et ce parti sévère, grondeur et persécuté, déjà lié avec les chefs de la Fronde, recruta parmi les bourgeois, les magistrats, les notables de paroisse, de nombreux adeptes tout disposés à la censure des joyeux dérèglements de Versailles431. […] Pour la parer autant que possible, il avait entrepris d’intéresser le parti janséniste au succès de son œuvre. […] En l’absence du roi, parti pour la guerre de Flandre, le premier président du Parlement, Lamoignon, opposa son veto formel à une nouvelle représentation ; l’archevêque de Paris fit un mandement qui défendait « à toutes personnes de voir représenter, lire ou entendre réciter la comédie de l’Imposteur, soit publiquement, soit en particulier, sous peine d’excommunication » ; et le Tartuffe ne put être mis en liberté qu’en février 1659, à la faveur de l’apaisement des querelles religieuses, et de la réconciliation momentanée des diverses opinions de l’Église de France.

1450. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

On y parlait d’un sénateur qu’on espérait rendre favorable à tel parti en subventionnant son écurie de course ou son journal ; on escomptait le désistement d’un autre candidat qu’on croyait prêt à accepter une indemnité, etc… Après la publication d’un document de cette nature, toute compensation aux torts qu’il a causés apparaît comme tellement impossible, que, quoique cette lettre n’ait pas été vendue mais volée, ni Pierre**, ni H** ne tentèrent la moindre poursuite. […] Sous l’Ancien Régime, quoi que prétendent quelques journalistes de parti plus ou moins sophistes17, les écrivains avaient tous l’habitude de vendre une fois pour toutes et sans restrictions leurs œuvres à l’éditeur, si bien que leurs descendants restaient complètement dépossédés. […] Il l’offrira à son tour au Parti Communiste Français.

1451. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Le manque de lucidité dans la distribution des œuvres de Diderot, qui en étaient déjà à leur dixième volume quand nous écrivions ceci, ajoute un labeur nouveau à la rude besogne de la Critique, obligée de lire et déjuger, à un siècle de distance, des livres sans valeur absolue, écrits dans un intérêt de parti ou d’idées qui n’existe plus que par le terrible souvenir du mal que ces livres ont fait. […] Il ne montra jamais par un exemple le parti qu’on pouvait tirer d’une idée. […] Partis des deux pôles opposés, ces deux condors, aux ailes trop longues pour un temps qui hait tous les aigles, rouleront dans la même chute, au fond du plus profond mépris, par la très singulière raison qu’ils avaient des ailes et que les hommes ne veulent plus que l’on ait des ailes.

1452. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il semble que cette femme conclut la défaite d’un parti devenu mauvais depuis qu’elle le sert. […] La Bruyère serait plus indulgent et peut-être voudrait-il nous amuser, mais il nous attriste encore avec cette comédie de nos manies, de nos défaillances, des mille torts de nos habitudes et de nos attitudes… — Quel parti prendre ? […] Quel parti prendra-t-elle ? […] Diderot, qui eut quelques éclairs de bon sens en dépit de lui-même et de son siècle, a dit : « Il faudrait prendre son parti et y demeurer attaché. » Victor Hugo a pris tous les partis et les a tous quittés. […] C’est pourtant à ce dernier parti — qu’il croit nouveau — qu’Hugo s’arrête, et, ce faisant, il innove en effet : contre l’Humanité et contre la Sagesse.

1453. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Comme la sœur du roi, cette bonne Marguerite de Navarre, il ne passa jamais dans le parti des bourreaux, tout en se gardant de rester dans celui des martyrs. […] Chateaubriand qui, lui aussi, était de notre parti, se moqua de nous dans sa vie beaucoup plus sérieusement. » Paul Arène7 « Je vins au monde au pied d’un figuier, un jour que les cigales chantaient. » C’est ce que rapporte de sa naissance, Jean des Figues, dont M.  […] Les chansons vraiment populaires de notre France, où pourtant les soldats poussent comme le blé, ces chansons, qui se lèvent du sillon avec l’alouette, sont du parti des mères. […] Il faut en prendre notre parti : nous ne nous reposerons jamais.

1454. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il écrivait dans le Parti national. […] Il y donna les Notes de Tristan Noël et les Deux paradis d’Abd-er Rhaman, mais c’est dans le Parti national, où il écrivit de 1887 à 1889, qu’il se répandit aisément en fantaisies, en chroniques, en variétés littéraires, en notes de voyage. […] Et il est visible après cela que les Petites lettres ne sont qu’une œuvre de parti. […] Enfin, il est homme de parti. […] Il n’est en histoire, ni païen ni chrétien, et n’a d’autre parti que celui de la sagesse et de la modération.

1455. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Aussi ne voyons-nous pas trop d’inconvénient à ce qu’on en prenne son parti, les fièvres de la lutte en l’honneur d’une foi quelconque étant certainement bien préférables au croupissement dans le bourbier de l’indifférentisme et de l’inaction. […] Mis en présence d’un chef-d’œuvre ; un novice ou un incapable ne sait en tirer parti qu’en cherchant à l’imiter, tandis qu’un homme devenu maître de sa propre personnalité sent vibrer en lui telle corde dont jusque-là il ne soupçonnait pas même l’existence, et dont il recueille ensuite les mélodies, devenues par le fait sa propriété la plus incontestablement légitime. […] Courbet est attaché à son sol natal, sa profonde nationalité locale et le parti qu’il peut en tirer. […] C’est contrariant, j’en conviens, pour les gens qui tiennent à se regarder comme des phénix, mais pour nous autres simples mortels qui prenons notre parti de vivre parmi des hommes et non parmi des anges, cette constatation nous met dans des joies désopilantes.

1456. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il ne fut pas plus chef de parti qu’il n’avait été chef d’école. […] Quand il s’était présenté, on lui avait dit : Mais vous n’êtes d’aucun parti. […] De 1841 à 1848 sans jamais se classer dans aucun parti, il se range peu à peu à une opinion. […] Il eut des mots durs contre le « parti des bornes. » L’idée démocratique, avec ce qu’elle a de généreux et de confiant, l’attirait. […] Elles ont comme suivi sa marche un peu hasardeuse à travers le siècle et les partis.

1457. (1900) Molière pp. -283

Dans les premières années du xixe  siècle, à l’époque de la Restauration, quand s’était engagée la querelle entre le parti libéral et le parti congréganiste ; c’est alors qu’on a sacrifié à Molière comme à une divinité, il avait fait Tartuffe, il devenait sacré ! […] Je ne sais pas comment vous êtes, mais, pour moi, je n’ai jamais pu lire sans émotion, sans me mettre du parti de cet avare si insensible, d’Harpagon, la scène où l’on vient de lui prendre sa cassette ; il n’y a rien de plus tragique : Au voleur ! […] On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. […] Eh bien, avec cette imagination effrénée, il avait aussi par je ne sais quelle combinaison de la nature, l’esprit et l’humeur qui remettent tout en sa place et envisagent le monde avec ses proportions véritables ; la raison positive qui fournit certaines maximes pratiques pour se conduire dans la vie, et enfin ce regard froid et clair qui voit une époque à laquelle il est interdit de demander trop, et un prudent esprit de retour à la maxime de son Ariste, maxime très peu héroïque qui consiste à penser qu’il vaut mieux … Souffrir d’être au nombre des fous, Que du sage parti se voir seul contre tous47. […] Il met ce discours dans la bouche de Chrysale, du parti duquel nous nous trouvons alors ; pourquoi ?

1458. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Le parti de Paula est pris. […] Sardou, dans Georgette, n’a pris ni l’un ni l’autre de ces deux partis ; il n’a fait triompher ni l’une ni l’autre des deux morales en présence. […] Cela commence par un échange de paroles aigres ou froides. « Enfin, dit la comtesse, puisque vous vous trouvez si mal ici, pourquoi n’êtes-vous pas parti plus tôt ? […] À peine sont-ils partis, Sapho arrive, qui le guette depuis longtemps. […] Prenons-en notre parti : ce sont les vacances de l’art dramatique C’est la nature qui se charge de nous donner des représentations.

1459. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

En matière de finances, de même que plus tard en artillerie et dans l’art des sièges, ne demandez pas à Rosny des inventions qui changent la science et la fassent avancer : il n’a pas de ces grandes vues générales, et souvent simples dans leur principe ; mais des inventions et des industries de détail, il en est plein ; il a toutes sortes d’expédients pour tirer parti des circonstances et pour rétablir les choses sur le meilleur pied et le plus solide.

1460. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Cet abbé de Cheminon lui donne l’écharpe et le bourdon, et le voilà parti en pèlerin, pieds nus et en chemise, faisant visite à tous les saints lieux d’alentour, sans plus devoir rentrer à son château jusqu’à ce qu’il revienne de Palestine ; et en passant d’un de ces lieux des environs à l’autre, « pendant que j’allais, dit-il, à Blécourt et à Saint-Urbain, je ne voulus jamais retourner mes yeux vers Joinville, pour que le cœur ne m’attendrît pas trop, du beau château que je laissais et de mes deux enfants ».

1461. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Laissons les comparaisons : il ne s’agit pour le moment que de bien définir, par un caractère général qui l’honore, ce groupe littéraire de Collin d’Harleville, d’Andrieux, de Picard, d’Alexandre Duval (avant la brouille), de Roger (avant l’esprit de parti), de Campenon, Lémontey et autres.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

[NdA] Il est rare que dans un groupe, dans un parti philosophique, politique ou autre, il n’y ait pas quelque esprit sensé, parmi les adhérents mêmes, qui fasse tôt ou tard les objections : ainsi Mélanchthon parmi les luthériens, Nicole parmi les jansénistes, le président Jeannin parmi les ligueurs ; ainsi, dans le cas présent, Bernier panai les gassendistes : tous ces hommes, et d’autres que nous ignorons, savaient très bien les côtés faibles, et disaient à l’intérieur bien de bonnes raisons et des vérités à l’oreille de leurs amis.

1463. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Le voilà enfin parti et voulant rejoindre au galop la voiture.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

D’Alembert serait plus l’homme de Frédéric ; celui-ci en parle en des termes si naturels, qu’on croit voir la personne même dans sa modestie de grand géomètre, et quand Diderot ne le poussait pas aux affaires de parti (7 juillet 1755) : J’ai vu à Wesel d’Alembert, qui me paraît un très aimable garçon ; il a beaucoup de douceur et de l’esprit, joint à un profond savoir, sans prétentions.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Ce jeune homme, et très jeune homme au temps où il servait avec Vauvenargues, avait le trait caractéristique de sa famille : « Je lui trouve dans l’humeur quelque chose des Riquetti, qui n’est point conciliant. » Vauvenargues, qui jugeait ainsi le petit chevalier, essayait de lui insinuer un peu de douceur, de politesse de ton et de mœurs, de l’assouplir. « Quant au genre de persuasion que vous soufflez au chevalier, lui disait Mirabeau, vous ne réussirez pas, s’il est du même sang que nous ; votre système est d’arriver aux bonnes fins par la souplesse ; le mien est d’arriver au bien, droit devant moi, ou par la violence ; de fondre sur le mal décidé, de l’épouvanter, et enfin de m’éloigner de ce qui n’a la force d’être ni l’un ni l’autre. » Ce système à outrance et que Vauvenargues a décrit dans un de ses caractères intitulé Masis (évidemment d’après Mirabeau), est le contraire de sa science à lui, de sa tactique dans le maniement des esprits, qui va à les gagner par où ils y prêtent, et à en tirer le parti le meilleur : Où Masis a vu de mauvaises qualités, jamais il ne veut en reconnaître d’estimables ; ce mélange de faiblesse et de force, de grandeur et de petitesse, si naturel aux hommes, ne l’arrête pas ; il ne sait rien concilier, et l’humanité, cette belle vertu, qui pardonne tout parce qu’elle voit tout en grand, n’est pas la sienne… Je veux une humeur plus commode et plus traitable, un homme humain, qui ne prétendant point à être meilleur que les autres hommes, s’étonne et s’afflige de les trouver plus fous encore ou plus faibles que lui ; qui connaît leur malice, mais qui la souffre ; qui sait encore aimer un ami ingrat ou une maîtresse infidèle ; à qui, enfin, il en coûte moins de supporter les vices que de craindre ou de haïr ses semblables, et de troubler le repos du monde par d’injustes et inutiles sévérités.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Mme du Deffand, au reste, était tout à fait de cet avis ; depuis surtout que Mlle de Lespinasse avait fait défection et s’était retirée d’auprès d’elle, emmenant à sa suite quelques-uns des coryphées de l’école encyclopédiste, elle était très opposée à tout ce qui ressemblait à des intérêts de parti philosophique ou littéraire : et comme Voltaire, dont c’était le malin plaisir, essayait de provoquer Walpole, de l’amener, par pique et par agacerie, à une discussion en règle sur le mérite de Racine et de Shakespeare, comme de plus il paraissait d’humeur à chicaner les deux dames au sujet de La Bletterie qu’elles protégeaient et qu’il n’aimait pas, Mme de Choiseul écrivait encore à sa vieille amie : Je crois que nous ferons bien de le laisser tranquille ; car, pour moi, je ne veux pas entrer dans une dispute littéraire : je ne me sens pas en état de tenir tête à Voltaire.

1467. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

… Lorsque Casaubon écrivait cette page touchante, il était depuis quelques mois en Angleterre : la mort de Henri IV son bienfaiteur, l’incertitude de l’avenir en France, les avances réitérées et pressantes du roi Jacques l’avaient décidé à se transplanter encore une fois ; il avait cinquante et un ans, et pendant les trois ou quatre années qu’il vécut encore, il n’eut qu’à se féliciter du parti qu’il avait pris.

1468. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Les derniers jours que passa Guérin à La Chênaie eurent de la douceur, mais une douceur souvent troublée ; il sentait en effet que cette vie de retraite allait cesser et que l’époque des vacances amènerait pour lui la nécessité d’un parti à prendre.

1469. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Mme de Sévigné paraissait en prendre son parti de meilleure humeur, quand elle écrivait à sa fille : « Vous ne serez pas fâchée d’apprendre ce que c’est que d’avoir une belle compagnie ou d’en avoir une mauvaise.

1470. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Quand il a fait une chose ; il ne s’en repent pas, il ne le regrette jamais, et il est porté à s’en applaudir : « Je ne saurais assez me féliciter me disait-il un jour, du parti que j’ai pris… » Il s’agissait de ses études sur les auteurs de la Renaissance, dans lesquelles il se rendait compte à lui-même plus (qu’au public du résultat de ses nombreuses lectures, et il puisait évidemment sa satisfaction dans sa conscience plutôt que dans son succès.

1471. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Je fais là-dessus mes observations, et je compte en tirer un bon parti.

1472. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Si vous m’aimiez, le bonheur serait pour vous, le plaisir pour moi. » Cette belle n’entend pas avoir affaire au désir ; elle le trouve vulgaire et grossier ; il faut qu’elle en prenne son parti pourtant : « Le désir, vous me l’avez donné, vous le savez, ma reine !

1473. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Forçé de se tenir sur la défensive, il la rendit aussi active et aussi nuisible à l’ennemi que possible, soit qu’il attaquât des camps isolés, des partis de fourrageurs, soit qu’il comblât des cours d’eau et coupât la navigation des rivières.

1474. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Mêlé aux hommes de parti, aux tories, aux whigs, très lié avec les premiers, il n’épousa vivement aucune querelle ; il a exprimé sa doctrine dans des vers célèbres : « Laisse les fous se disputer pour les formes de gouvernement : l’État le mieux administré est le meilleur. » C’est ainsi que, plus tard, Hume le sceptique dira en appliquant des vers de Claudien : … Nunquam libertas gratior exstat Quam sub rege pio…………… « La meilleure des républiques, c’est encore un bon prince. » — Pope a parlé de Cromwell comme d’un criminel illustre condamne a l’immortalité.

1475. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dans les pages d’adieux intitulées Mes dernières Pensées, et qu’elle écrivit à un moment où elle avait pris le parti de ne point attendre l’échafaud et de se donner la mort, après une apostrophe à son mari, à sa fille, elle continuait ainsi, à l’adresse de Buzot fugitif et persécuté : « Et toi que je n’ose nommer !

1476. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Parti de la province de Constantine en 1859, il tenta une reconnaissance aventureuse, une pointe sur El-Goléa, à cent lieues au sud de Laghouat, dans une ville où aucun autre Européen n’avait encore pénétré.

1477. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote a pris résolument son parti : à ses yeux, il n’y avait rien à faire pour l’histoire dans de telles époques et dans les fictions de tout genre qui les remplissent ; il s’est contenté de les exposer en détail comme se les figuraient les Grecs et comme les premiers auteurs les ont transmises.

1478. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

« Ce siècle-ci n’est pas fécond en grands hommes. » Il le dit et en prend son parti, se consolant de n’avoir ni Condé ni Turenne, puisque les ennemis de leur côté n’ont ni de prince Eugène ni de Marlborough.

1479. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Elle avait besoin d’être pressée, et j’avais le plaisir de voir qu’elle prenait souvent le bon parti… » Voilà la véritable Marie-Antoinette, celle, à l’origine, dont la personne avait du charme, mais dont l’esprit n’avait certes rien du prodige.

1480. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Dans l’histoire de cette sainte, morte à vingt-quatre ans, fille de rois, mariée enfant au jeune landgrave de Thuringe et de Hesse qu’elle appelle jusqu’au bout du nom de frère, et qui la nomme sœur, bientôt veuve par la mort de l’époux parti à la croisade, persécutée, chassée par ses beaux-frères, puis retirée à Marbourg au sein de l’oraison, de l’aumône, et mourant sous l’habit de saint François ; dans cette histoire si fidèlement rassemblée et réédifiée, ce qui brille, comme l’a remarqué l’auteur, c’est surtout la pureté matinale, la virginité de sentiment, la pudeur dans le mariage, toutes les puissances de la foi et de la charité dans la frêle jeunesse.

1481. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Cette nature trop franche devait percer toutefois et choquer à cette époque de partis irrités et dans une société d’étiquette ; on ne lui épargna l’envie ni la haine.

1482. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Christel s’était prêtée à l’illusion et en avait tiré parti pour tracer à Hervé, avec un détail rempli tout bas de vœux et de conseils, une vie de bonheur et de vertu, où lui, qui l’écoutait, la supposait active et présente en personne, mais où elle se savait d’avance absente, excepté d’en haut et pour le bénir : « Vous vivrez beaucoup dans vos terres, lui disait-elle ; Paris et le monde ne vous rappelleront pas trop ; il y a tant à faire autour de soi pour le bien le plus durable et le plus sûr !

1483. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Néron, le dernier des empereurs du sang de César, a péri, exécré des uns, regretté par les autres ; car les vices et les crimes eux-mêmes ont leur parti dans les populaces et dans les casernes.

1484. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

La lutte s’anima : chaque parti mettait toutes ses forces en ligne ; si La Fontaine vengeait négligemment les anciens dans son exquise Épître à Huet, Fontenelle apportait au secours de Perrault sa finesse charmante et ses airs séduisants d’homme impartial et détaché, dans son Discours sur l’Églogue et sa Digression sur les anciens et les modernes.

1485. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Zola en prenne son parti : il ne peut pas être à la fois Zola et autre chose que Zola… Il lui restera toujours d’avoir écrit la Conquête de Plassans, l’Assommoir et Germinal, d’avoir puissamment exprimé les instincts, les misères, les ordures et la vie extérieure de la basse humanité.

1486. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Est-ce l’homme resté fidèle à ses affections du passé, qui nous parle en maint endroit de ces Mémoires, ou l’homme qui ne tient à son parti que par point d’honneur, et tout en trouvant bête (c’est son mot) l’objet de sa fidélité, et en le lui disant bien haut ?

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Il n’y a qu’un très petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Il prit d’abord un parti plus sage, qui était de venir à Paris causer de Mme du Châtelet avec d’Argental et le duc de Richelieu, et de se distraire en faisant jouer devant lui ses tragédies dans sa propre maison.

1489. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je prends donc mon parti sur le style comme sur les choses.

1490. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

La reine étant venue à mourir subitement en 1683, Mme de Maintenon se trouva devant une perspective d’ambition inespérée, et elle en sut tirer parti comme de tout, avec solidité, considération, et un couvert de modestie suprême.

1491. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Il fut fidèle jusqu’à la fin à cette manière de voir, et, quelque parti qu’on prenne soi-même en le jugeant, il mérite l’estime du moins par cette suite dans la conduite et par cette tenue.

1492. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

. — Brizeux, parti de Paris malade, est arrivé à Montpellier le 16 avril 1858, et y est mort le 3 mai.

1493. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Chapelain était le chef de ce vieux parti encore régnant.

1494. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

De Brosses qui, à plus d’un égard, était bien du xviiie  siècle, dut à ce retour vers une époque antérieure et vers des sources plus hautes, de n’être point engagé dans les partis et dans les ligues philosophiques de son temps ; il en eut plus de largeur de vues et d’indépendance.

1495. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Jeudi 15 juillet Parti faire un mois de vie végétative à Jean-d’Heurs.

1496. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Si les anciens n’avoient pas, pour ainsi dire, défriché la geométrie, il auroit fallu que les modernes nez avec du génie pour cette science, emploïassent leur temps et leurs talens à la défricher, et comme ils ne seroient point parti d’un terme aussi avancé que le terme dont ils sont partis ils n’auroient pas pû parvenir où ils ont pû s’élever.

1497. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Pour ne parler que de la France, ces productions, généralement nobles et décentes sous Louis XIV, devinrent licencieuses et impies sous la Régence ; ensuite, sauf de glorieuses exceptions qui s’offrent à la pensée de tous, futiles et affectées pendant le long règne de Louis XV, elles semblèrent se régénérer, avec les mœurs publiques et privées, dans les années trop peu nombreuses du règne de son infortuné successeur ; et enfin, nous les avons vues, durant les jours de nos discordes civiles, partager la fortune diverse des partis, et suivre les phases variées du corps social, tantôt abjectes et furibondes, tantôt sublimes et dévouées, ici célébrant les épreuves de la vertu, et là consacrant les triomphes du crime.

1498. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Ici la passion de groupe, de coterie, de parti, et l’opposition politique, ne semblent plus rien dans cette absence de justice ou de sagacité.

1499. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Il est resté ce qu’il est d’essence : un raffiné, — un convulsé de raffinement, — qui ne prend son parti de rien, qui tord la chose, le mot, le trait, non seulement parce qu’il est une nature d’efforcement, mais parce que son temps est le contraire de tous ses rêves et de toutes ses aspirations !

1500. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

C’était un grand maigre, un osseux, et presque une espèce de squelette, mais qui ne rougissait pas plus de sa maigreur qu’une vieille fille anglaise, et qui même eut l’idée d’en tirer parti.

1501. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Plus tard encore, une Correspondance diplomatique, tirée de l’ombre des chancelleries épaissie par la précaution, et misérablement altérée dans un intérêt de parti, révélait encore assez du de Maistre des Œuvres complètes pour qu’à côté du mensonge de l’altération on vît éclater la vérité de l’irréductible génie et tomber et passer sur l’imposture comme une rature sublime !

1502. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Après Les Fleurs du mal, il n’y a plus que deux partis à prendre pour le poète qui les fit éclore : ou se brûler la cervelle… ou se faire chrétien !

1503. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Il faut bien prendre notre parti de laisser dans l’ombre des groupes importants de soldats catholiques.

1504. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Vous couriez à droite, à gauche, entre deux partis contraires ; vous voilà arrêté.

1505. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

La pitié et l’esprit de parti lui donnèrent des panégyristes en foule ; et ce qu’il n’est pas inutile d’observer, son malheur sembla la justifier aux yeux de la postérité, qui même aujourd’hui ne prononce pas encore son nom sans intérêt.

1506. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

je n’ai, dans un intérêt de parti, offusqué ta lumière ou étouffé ta sainte flamme ; mais je bénissais les armes triomphales de la France délivrée, et je baissais la tête et je pleurais au nom de la Grande-Bretagne.

1507. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Le 23 juillet 1898, étant assez malade et fort souffrant, j’ai prononcé, aux obsèques de mon noble ami, le recteur Auguste Couat, un discours où j’ai dit de quelles douleurs ce juste était mort : d’une terrible épreuve domestique, et de la patriotique tristesse que lui causait, dans le drame où l’on a vu et où l’on voit encore tout le parti de la nuit et du crime se liguer contre la réparation d’une erreur judiciaire, le spectacle « des maux et des hontes de son pays. » C’est presque inconsciemment que je parlais ; en toute franchise, je ne croyais rien faire ni rien dire d’extraordinaire ; je suivais une irrésistible et toute puissante impulsion intérieure de passion et de conviction ; simplement, je disais la vérité. […] Au xviie  siècle aussi, il y avait d’importantes sociétés littéraires qui entretenaient la vie dans le monde des lettres, en s’intéressant passionnément aux choses de l’esprit ; mais ni le parti de Racine, ni même celui de Pradon, ne constituaient le véritable public, toujours passif, toujours routinier, toujours résistant aux idées et aux formes nouvelles, quoique prêt à se ranger finalement, même dû côté de la raison, s’il était le plus fort et avait la victoire. […] Mais ces courages isolés et rares, qu’aucune grande voix d’évêque n’a soutenus, sont des exceptions trop individuelles et surtout trop contraires à l’esprit du catholicisme pour constituer un parti qu’on puisse appeler proprement une minorité au sein de la religion dominante. […] Mais en voulant être agréables à l’auteur du livre, ils sont tous invariablement partis de cette idée, que j’avais soutenu avec quelque talent une gageure audacieuse, et que le seul bien qu’on pût dire d’une thèse aussi singulière, c’était d’exposer sympathiquement les circonstances atténuantes de mon paradoxe. […] Tarde54 confirme cette remarque en rappelant avec quelle facilité des absurdités aussi fortes que l’art des augures, l’astrologie, la sorcellerie, etc., ont été crues unanimement du peuple le plus spirituel de la terre. « Toute idée qui nous frappe vivement et reste devant nos yeux nous paraît bientôt vraie… La seule présence d’une idée fait que nous y croyons… Et voilà pourquoi la croyance des autres accroît la nôtre si promptement… Voilà pourquoi il y a si peu d’hommes qui puissent s’empêcher de céder aux préjugés dont on est imbu dans leur secte ou dans leur parti. » L’homme est en proie à l’universelle suggestion, et l’état où il passe sa vie, plongé dans toutes les causes d’erreur qui exercent sur lui leur influence, comme dans l’eau sale un canard, c’est un vrai sommeil magnétique.

1508. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

De ce point de vue, le portrait qu’il brosse de Michelet est particulièrement féroce en pointant les insuffisances et les partis pris du « plus détestable historien du XIXe siècle » (id. […] Le Romantisme se définira donc en des termes étroitement conséquents à ceux déjà proposés, un parti d’individualisme absolu dans la pensée et dans le sentiment. […] Mais ce parti était au-dessous de la sorte de valeur morale qu’on ne peut lui disputer. […] Sainte-Beuve imagine la vieillesse d’un Chateaubriand resté fidèle à la poésie, n’apportant dans les luttes civiles que des conseils désintéressés de philosophe, s’attachant au bien public, mais non aux partis, finissant en patriarche des lettres. […] Ce qui détermine ses attitudes publiques, ce n’est pas un intérêt de doctrine et de parti, mais l’éclat, entendez l’éclat retentissant et populaire, du rôle.

1509. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les beaux gentilshommes prennent comme l’écrivain le parti du galant, s’intéressent à ses progrès, et se croient avec lui en bonne fortune. […] Il plante et jardine, sur un sol fertile, dans un pays dont l’air lui convient, parmi des plates-bandes régulières, au bord d’un canal bien droit et flanqué d’une terrasse bien correcte, et il se loue en bons termes, avec toute la discrétion convenable, du caractère qu’il possède et du parti qu’il a pris. « Je me suis souvent étonné, dit-il, qu’Épicure ait trouvé tant d’âpres et amers censeurs dans les âges qui l’ont suivi, lorsque la beauté de son esprit, l’excellence de son naturel, le bonheur de sa diction, l’agrément de son entretien, la tempérance de sa vie et la constance de sa mort l’ont fait tant aimer de ses amis, admirer de ses disciples et honorer par les Athéniens605. » Il a raison de défendre Épicure, car il a suivi ses préceptes, évitant les grands bouleversements d’esprit, et s’installant comme un des dieux de Lucrèce dans un des interstices des mondes. « Quand les philosophes ont vu les passions entrer et s’enraciner dans l’État, ils ont cru que c’était folie pour les honnêtes gens que de se mêler des affaires publiques606… Le vrai service du public est une entreprise d’un si grand labeur et d’un si grand souci, qu’un homme bon et sage, quoiqu’il puisse ne point la refuser s’il y est appelé par son prince ou par son pays, et s’il croit pouvoir y rendre des services plus qu’ordinaires, doit pourtant ne la rechercher que rarement ou jamais, et la laisser le plus communément à ces hommes, qui, sous le couvert du bien public, poursuivent leurs propres visées de richesse, de pouvoir et d’honneurs illégitimes607. » Voilà de quel air il s’annonce. […] Entre ces poëtes, au premier rang, est Edmund Waller, qui vécut et écrivit ainsi jusqu’à quatre-vingt-deux ans : homme d’esprit et à la mode, bien élevé, familier dès l’abord avec les grands, ayant du tact et de la prévoyance, prompt aux reparties, difficile à décontenancer, du reste personnel, de sensibilité médiocre, ayant changé plusieurs fois de parti, et portant fort bien le souvenir de ses volte-faces ; bref, le véritable modèle du mondain et du courtisan. […] V Un d’eux (Dryden toujours à part) s’est élevé jusqu’au talent, sir John Denham, secrétaire de Charles Ier, employé aux affaires publiques, qui, après une jeunesse dissolue, revint aux habitudes graves et, laissant derrière lui des chansons satiriques et des polissonneries de parti, atteignit dans un âge plus mûr le haut style oratoire. […] À l’instant son parti est pris, elle dit à la nourrice et au chapelain de tenir leurs langues : « J’épouserai celui-là aussi, voilà la fin de l’histoire657. » Elle s’en dégoûte pourtant, et assez vite ; il n’est pas bien bâti, il ne lui donne guère d’argent de poche ; elle hésite entre les deux, calcule : « Comment est-ce que je m’appellerais avec l’autre ?

1510. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Il est un parti littéraire qui prône la religion de l’antique, parti très intolérant, qui foudroie avec une gravité comique tout ce qui n’est pas de son opinion : c’est la littérature atrophiante. […] L’accouplement du catholicisme et de la philosophie a produit l’éclectisme philosophique, l’accouplement du romantisme et du classique a produit l’éclectisme littéraire ; c’est l’école bourgeoise qui n’ose nier ni le passé, ni l’avenir ; c’est un parti inutile, il ne cherche rien, ne découvre rien, se traîne à la suite de tous les progrès, et les entrave. […] Et que ceux qui tiennent à trouver une chose belle, pour leur satisfaction personnelle et un reste de concession à leur éducation, remarquent que je ne nie pas la notion du beau, je ne fais que changer sa place ; au lieu de le chercher dans une idée vague, sans consistance et surtout inappréciable à tout le monde, je le trouve dans le portrait fidèle du grand modèle que l’artiste a devant les yeux, qu’il peut sentir, rendre et faire comprendre à tous ; je veux que, s’il fait un tableau de femme nue, une baigneuse, comme votre peintre Courbet, il fasse voir à chacun une femme et pas autre chose et qu’il n’y ait personne pour s’écrier devant sa toile, comme je l’ai entendu devant nombre de Vénus : « C’est dommage qu’il n’y ait pas de créatures comme cela au monde. » Je crois que vous avez, en fondant ce journal et en soutenant les idées qu’il proclame, fait une chose bonne et utile, parce que c’est une chose de conscience ; je crois que vous avez fait mieux, beaucoup mieux que tant d’autres qui fondent un journal pour des satisfactions d’amour-propre, des vengeances de parti, des amitiés du monde, des intérêts personnels et je vous place parmi ceux qui suivent la bonne voie. […] Le parti légitimiste est vanté par Balzac comme le plus matérialiste de tous ; M. de Pontmartin s’en défend.

1511. (1899) Arabesques pp. 1-223

Je prie donc qu’on veuille bien accueillir les lignes suivantes comme l’exposé de conviction d’un homme qui fut longtemps sans se connaître, qui se connaît aujourd’hui, qu’on peut discuter pour certains de ses partis pris, mais dont nul n’a le droit de suspecter la sincérité. […] Il parle avec mépris de ces Politiques qui « croient que le christianisme est encore un grand parti qu’il est bon de ménager. […] Elle lutte, aujourd’hui, contre l’idée étatiste qui tend à détruire l’esprit d’initiative en subordonnant les individus à cette fiction : la Loi. — Il appartient aux Indépendants, à ceux qui ne veulent être ni d’une école, ni d’un parti, ni d’un cénacle, de la maintenir intégrale, d’indiquer les corollaires qu’elle comporte et d’en poursuivre la réalisation pratique. […] Il faut montrer plus de souplesse, ménager les partis, ne pas prendre trop au sérieux les principes que vous formulez ou, du moins, ne les considérer que comme des prétextes à développements métaphysiques, des songes agréables, — et rien de plus… Vous n’ignorez pas que si la liberté, l’égalité, la fraternité peuvent servir, bien présentées, à enlever un vote et à retenir la confiance du grand nombre, il serait cependant puéril d’en poursuivre la réalisation pratique. […] C’est là l’histoire des partis politiques.

1512. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Croire ce que pense tout le monde, c’est le vrai parti. […] C’est à quoi une église, pas plus qu’un parti, ne renonce. […] Il y a eu un temps où, surtout en apparence, mais aussi en réalité, l’humanité avait pris le parti de penser en commun. […] Il est regrettable qu’il n’en ait pas tiré un meilleur parti. […] Jeté dans l’action, il faudra qu’il dise, et un peu qu’il sache, avec qui il est dans la grande mêlée des partis, religieux et philosophiques.

1513. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Le lendemain, de bonne heure, je partis dans un telega à deux chevaux du pays, ornés de gros ventres, avec le fils du starosta et un autre paysan du nom de Yégor, dans l’intention de chasser le grand tétras ou coq de bruyère. […] Attachez-la plus fort pendant que je dormirai, et je serai à la maison avant mon escorte. » Et en effet, à peine parti, on le revoit au pays. […] Une fois, il y avait bien des années, un de ses amis et admirateurs, Allemand pauvre comme lui, avait publié à ses frais deux de ses sonates, — mais, après être restées en bloc dans les magasins, elles avaient disparu sourdement et sans laisser de traces, comme si quelqu’un les avait jetées nuitamment à la rivière. — Lemm finit par en prendre son parti ; du reste, il se faisait vieux ; à la longue, il s’endurcit au moral, comme ses doigts s’étaient endurcis avec l’âge ; seul avec sa vieille cuisinière, qu’il avait tirée d’un hospice (car il ne s’était jamais marié), il végétait à O…, dans une petite maison voisine de celle de madame Kalitine.

1514. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Pour éviter cette tristesse de voir les générations neuves se retirer de lui, un grand écrivain n’a que que deux partis à prendre : mourir vers la soixantaine ou devenir, à cet âge, le plus détaché des philosophes. Un autre parti serait de vivre cent ou cent cinquante ans, — le temps d’attendre les justes retours des jugements des hommes. […] Edouard jouit d’une immense, d’une enivrante popularité, et il dépend de lui seul, à l’occasion des funérailles d’un vétéran de son parti, de déchaîner la révolution. Or, tout d’un coup, il voit clair : le parti révolutionnaire et le parti des Stuarts se sont rapprochés (nous connaissons ces alliances) pour préparer ce soulèvement dont chacun d’eux espère profiter. […] Tu as voulu me donner une leçon. » Mais, les camarades partis : « Pourquoi, demande-t-il à Catherine, ne m’as-tu pas dit qu’il y avait là un mort ? 

1515. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

« On lisait alors (vers 1840) Lélia, ce roman qui-s’en ira, s’il n’est déjà parti, où s’en sont allées l’Astrée et la Clélie, et où s’en iront tous les livres faux conçus en dehors de la grande nature humaine et bâtis sur les vanités des sociétés sans énergie, fortes seulement en affectations. » Et il ajoute : « Malheureusement l’Amour impossible est de cette farine-là. » L’aveu est entier, comme on voit, et pourrait nous dispenser de l’examen de l’Amour impossible, si ce livre n’était un début et, comme tout début, un précédent curieux à consulter ; si, de plus, il n’ouvrait un jour sur un des côtés natifs, et le plus accentué peut-être, de M. d’Aurevilly, son goût des bizarreries psychologiques et physiologiques. […] Évidemment, un tel roman, parti d’une telle donnée et mené d’une telle façon, ne pouvait être dramatique : l’intérêt ne jaillit pas de situations incompréhensibles. […] Un poète agitateur : Frédéric Mistral Un félibre chef de parti. — L’émancipation des provinces. — Mistral, un patoisant ! […] Émile Zola, remarquait, ces jours derniers, et très justement à mon avis, que l’auteur de Calendau est « chef de parti » en même temps que poète. Chef de parti ?

1516. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

. — Qui résume, ce me semble, la pensée d’un travail du même auteur, intitulé : Le parti national italien, ces vicissitudes et ses espérances. […] Il accepta celui qui était alors au pouvoir ; homme politique, il lui a fallu un parti, il a accepté celui qui est au pouvoir aujourd’hui. […] Il sentit bientôt qu’il avait un meilleur parti à en tirer, que Manfred était un ouvrage de trop haute philosophie pour descendre à lutter contre telle ou telle forme de religion. […] Il a vu le côté riant ou grand de toutes les destinées sociales, de tous les partis, de tous les systèmes. […] Il en avait pris la donnée, et, frappé du parti qu’on en pouvait tirer, il avait improvisé, sans y songer, un chef-d’œuvre.

1517. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Mme la maréchale prit le parti de Mme la marquise, soit par complaisance ou qu’en effet ce fût son sentiment. […] Mme de Lesdiguières, en effet, aima bientôt le chevalier plus que le bon pédant Ménage qu’il n’eut pas de peine à supplanter, et celui-ci, qui n’aurait pas si galamment proclamé sa défaite auprès de Mme de Sévigné, en prenait très-bien son parti pour ce qui était de la duchesse ; car ici il n’y avait pas moyen de se faire illusion, et la préférence était plus claire que le jour.

1518. (1813) Réflexions sur le suicide

La mère elle-même porta le manteau de sa fille le jour de son couronnement ; et le père, le Duc de Suffolk fit une tentative pour réveiller le parti de Jane Grey lors qu’elle était déjà dans les fers et condamnée à mort depuis plusieurs mois : c’est de ce prétexte que l’on se servit pour faire exécuter sa sentence et le Duc de Suffolk périt peu de temps après sa fille. […] — Lord Guilford, me dit Asham, n’a pas exprimé d’opinion sur le parti que vous deviez prendre, mais quant à lui sa résolution de périr sur l’échafaud est inébranlable. — Oh mon ami, m’écriai-je, combien je vous remercie de m’avoir laissé le mérite du choix ; si j’avais su plus tôt la résolution de Guilford, je n’aurais pas même délibéré, et l’amour aurait suffi pour m’inspirer ce que la religion me commande.

1519. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

J’ai même attiré Gluck dans notre parti ; du moins, s’il n’y est pas de cœur, il ne peut pas le faire voir, car nos protecteurs sont aussi les siens ; et, pour m’assurer les acteurs, qui causent d’ordinaire le plus de désagrément aux compositeurs, je me suis mis en rapport direct avec eux sur les indications que l’un d’entre eux m’a données ; mais la vérité est que la première idée de faire composer un opéra à Wolfgang m’a été suggérée par l’empereur, qui lui a demandé par deux fois s’il ne voulait pas composer et diriger lui-même un opéra. […] écrit à son tour le père à sa femme le 29 décembre 1770 ; la première représentation de l’Opéra a eu lieu le 26 avec un plein et universel succès, et avec des circonstances qui ne se sont jamais présentées à Milan, à savoir que, contre tous les usages de la première sera, un air de la prima donna a été répété, tandis que d’habitude, à la première représentation, on n’appelle jamais fuora ; et, en second lieu, que presque tous les airs, sauf quelques airs delle vecchine parti , ont été couverts d’extraordinaires applaudissements, suivis des cris : Evviva il maestro !

1520. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Une considération m’arrêta : je savais bien que le parti républicain extrême, tout-puissant alors, me seconderait, et que nous l’emporterions aisément dans les conseils. […] Les chefs des partis politiques prennent aujourd’hui le catholicisme comme un mot d’ordre et un drapeau ; mais quelle foi ont-ils dans ses merveilles, et comment suivent-ils sa loi dans leur vie ?

1521. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Ainsi, à tout risque, combattons pour le parti qui peut encore, à la rigueur, sauver la France. […] Contentons-nous de préserver notre honneur en vivant séparés de ces partis, et en regardant ce qui se passe en dehors de nous avec les leçons de l’expérience et les vœux pour notre pays.

1522. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Platon même en ceci est bien plus grand que Descartes : parti d’un principe identique, il en tire des conséquences morales que le philosophe moderne a passées sous silence, conséquences qui n’avaient plus, il est vrai, au dix-septième siècle, la même importance qu’au sein du paganisme, mais que la science du moins réclamait comme un indispensable complément12. […] Platon non plus, tout grand artiste qu’il est, n’aurait certainement pas choisi de lui-même une telle forme, et son génie livré à lui seul n’en eût pas tiré un tel parti.

1523. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Pour plaire aux partis, ajoute-t-il, j’aurais dû être membre du club des jacobins et prêcher le meurtre et le massacre. […] Très sage et très heureux, il vécut en harmonie avec toutes les idées raisonnables des deux partis qui déchiraient son temps, religion et incrédulité, radicalisme et conservation, jamais populaire jusqu’à l’excès, jamais impopulaire jusqu’à la ciguë, géant de l’Allemagne dominant de la tête les petitesses du vulgaire, plus grand que lui et respecté de lui, le seul homme supérieur qui ait dompté l’envie !

1524. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Kriemhilt s’adresse successivement à tous les chefs de son parti ; ils refusent tous d’attaquer déloyalement Hagene et ses guerriers ; un sentiment très-vif d’honneur les retient tous. […] XXVIII Le loyal Ruedigêr, qui avait si bien reçu les Burgondes à leur passage et donné sa fille en mariage au fils du roi de Worms, se croit engagé d’honneurs envers Etzel son souverain et combat ses anciens amis ; il le leur déclare avec franchise, et meurt sur le corps du second fils du roi de Worms tombé sous ses coups: il fut pleuré par les deux partis.

1525. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

On ne découvre des vérités neuves que par de grands partis pris qui entraînent tout autant d’erreurs. […] Marcel Prévost tira un excellent parti de renseignements qu’il avait reçus chez les Pères de la rue des Postes, de sa connaissance sérieuse de la morale chrétienne, — connaissance qui n’abonde pas chez nos écrivains, — et, spécialement, de l’exacte notion qu’il avait du « péché ».

1526. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Au bout d’un petit nombre d’années, quand la fureur de la cabale et l’esprit de parti auraient fait place à la décision des sages, ces juges aussi ignorants que sévères se trouveraient en contradiction ou avec eux-mêmes ou avec le public ; car, malgré toutes les injures que l’on dit si souvent au public (et qu’il mérite quelquefois), il en est un qui décide avec connaissance et avec équité ; il est vrai que ce public qui juge, c’est-à-dire qui pense, n’est pas composé de tous ceux qui prononcent ni même de tous ceux qui lisent ; ses arrêts ne sont pas tumultueux, souvent il examine encore lorsque la passion ou la prévention croient avoir déjà décidé, et ses oracles mis en dépôt chez un petit nombre d’hommes éclairés, prescrivent enfin à la multitude ce qu’elle doit croire. […] Je m’écarte en cela d’autant moins de mon sujet, qu’étant aujourd’hui bien reçus partout, principalement lorsqu’ils sont riches et d’un grand nom, ils forment dans le monde comme une classe particulière qui mérite d’être observée, et dont les gens de lettres cherchent aussi à tirer parti pour cette réputation qu’ils ont si fort à cœur.

1527. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Avertie par les premiers relâchements et par les fantaisies légères qu’elle avait vues poindre, elle s’occupa à faire à ses filles un rempart de leurs constitutions et de leur règle ; elle comprit, comme toutes les grandes fondatrices, qu’on n’arrive à tirer de la nature humaine un parti singulier et extraordinaire sur un point qu’en la supprimant ou la resserrant par tous les autres côtés.

1528. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Joinville préfère le premier parti.

1529. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il dut faire quelques sacrifices au ton du jour et entrer plus ou moins en composition avec le libéralisme, bientôt général et dominant : il sut pourtant se soustraire et résister à l’espèce d’oppression morale que cette opinion d’alors, en tant que celle d’un parti, exerçait sur les esprits les plus distingués ; il sut être indépendant, penser en tout et marcher de lui-même.

1530. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Quoi qu’il en soit, après la guerre de Sept Ans, une des premières choses qu’il fit dans sa retraite fut de lire Bayle, et Frédéric lui écrivait à ce sujet (22 avril 1764) : Je ne vous plains point d’être en compagnie avec Bayle ; c’est de tous les hommes qui ont vécu celui qui savait tirer le plus grand parti de la dialectique et du raisonnement.

1531. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

S’il arrivait ce malheur à l’armée que vous commandez, quel serait votre sentiment sur le parti que j’aurais à prendre pour ma personne ?

1532. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Après avoir dompté et décapité les grands, maté les protestants comme parti dans l’État, déconcerté et abattu les factions dans la famille royale, tenant tête par toute l’Europe à la maison d’Autriche, faisant échec à sa prédominance par plusieurs armées à la fois sur terre et sur mer, il eut l’esprit de comprendre qu’il y avait quelque chose à faire pour la langue française, pour la polir, l’orner, l’autoriser, la rendre la plus parfaite des langues modernes, lui transporter cet empire, cet ascendant universel qu’avait eu autrefois la langue latine et que, depuis, d’autres langues avaient paru usurper passagèrement plutôt qu’elles ne l’avaient possédé.

1533. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

On dira tout ce qu’on voudra de M. de Falloux comme homme de parti politique et religieux, mais il est de sa personne le plus gracieux des catholiques et le plus avenant des légitimistes : il semble né pour les fusions, pour les commissions mixtes, pour faire vivre ensemble à l’aise, dans le lien flexible de sa parole, un protestant et un jésuite, un universitaire et un ultramontain, un ligueur et un gallican.

1534. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Dans la brouillerie de Mme du Deffand et de Mlle de Lespinasse, elle avait fait comme dans la brouille de Hume et de Rousseau ; elle n’avait épousé en aveugle aucun parti, et n’avait pas donné absolument tort, à ce qu’il paraît, à la demoiselle de compagnie qui faisait schisme et qui avait dressé autel contre autel.

1535. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

S’ils n’étaient point partis ce jour-là, leur sûreté et leur vie eussent été compromises.

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Chimène, se voyant refuser la justice qu’elle poursuit sous la forme du châtiment, en prend assez son parti et se rabat à demander le duel, le jugement de Dieu par les armes : « A tous vos cavaliers je demande sa tête ; Oui, qu’un d’eux me l’apporte et je suis sa conquête… J’épouse le vainqueur……… » Ce sont là des semblants ; elle sait bien en son cœur qu’elle n’épousera personne autre et que Rodrigue, à ce jeu de l’épée, sera le plus fort.

1537. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Il est comme le parti auquel il appartient et qui se formait peu à peu en s’essayant ; il ne sait pas très bien ce qu’il veut ; mais ce à quoi il tend est, en somme, généreux, humain, libéral.

1538. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Aussi, malgré toutes les explications et les excuses de l’aimable reine pour atténuer des torts où il y avait souvent plus d’apparence que de fond, Marie-Thérèse insiste ; elle sait les conséquences : la malignité tire parti de tout ; l’opinion est chose qui compte.

1539. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Tu sais que nous avons eu les missionnaires, et le mauvais esprit de parti qui cherche toujours quelque prétexte pour faire du tapage s’est assemblé devant les églises pour crier : À bas les prêtres !

1540. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Le parti qui me reste à prendre n’est pas difficile à préjuger : je dois soutenir mon rôle et savoir mourir au besoin.

1541. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Or, comme il ne me plaît pas de rompre, il ne me reste que le dernier parti à prendre.

1542. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Or, pour trouver un confesseur, il faut se cacher de Mme de Ferriol, moliniste tracassière, et qui ferait de cette conversion une affaire de parti.

1543. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

» Sans doute à une époque d’analyse et de retour sur soi-même, une âme d’enfant rêveur eût tiré parti de cette gêne et de ce refoulement ; mais il n’y fallait pas songer alors, et d’ailleurs l’âme de Boileau n’y eût jamais été propre.

1544. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Essayerai-je de montrer le parti qu’on peut tirer de la condition la plus misérable ?

1545. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Littré la relevait : « Mon fils, lui dit-elle, il faut bien aimer le peuple pour demeurer de son parti. » La croyance de M. 

1546. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

L’Europe, secouée tout entière par cette longue commotion sociale comme par un grand cataclysme naturel, y a ravivé le sentiment d’une étroite solidarité, preuve en soit « la sainte alliance » des souverains, protectrice officielle des trônes, ou bien la mystérieuse entente des aspirations populaires, visible en ces journées de 1830 et de 1848 où l’esprit de révolte, comme une traînée de poudre, court et fait explosion de capitale en capitale, visible encore aujourd’hui dans les revendications presque identiques de tous les partis socialistes.

1547. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Un jour qu’elle vit le bon abbé de Saint-Pierre s’installer chez elle pour toute une soirée d’hiver, elle eut un moment d’effroi, et, s’inspirant de la situation désespérée, elle fit si bien qu’elle tira parti du digne abbé, et le rendit amusant.

1548. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

C’est alors qu’il conçut le projet de tirer de sa position au Jardin du roi un grand parti et de devenir l’historien de la nature.

1549. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Montrant Mazarin, habile à tirer parti de l’excès même des accusations et des haines, à les neutraliser et à les tourner à son profit : Le cardinal Mazarin, dit-elle, avait fait des injures ce que Mithridate avait fait du poison, qui, au lieu de le tuer, vint enfin, par la coutume, à lui servir de nourriture.

1550. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

» Comme, en toute matière, il préfère le parti le plus lent et le plus sûr !

1551. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Montesquieu, dans le monde, ne se laissait pas aller aux coteries qui devenaient impérieuses ; on a retenu sur lui les jugements de Mme Geoffrin et de la duchesse de Chaulnes, c’est-à-dire de deux femmes qui aimaient assez à tirer parti de ceux qu’elles voyaient et à en jouer à leur gré.

1552. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il nous est difficile de ne pas sourire en voyant cet art de vertu, ainsi dressé par lui pour son usage individuel, et en l’entendant nous dire que de plus, à cette même époque, il avait conçu le plan de former, parmi les hommes de toutes les nations, un parti uni pour la vertu.

1553. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault et son exil, on donnait au Théâtre-Français son Germanicus (mars 1817), composé depuis plusieurs années, et dont les circonstances d’alors faisaient une allusion continuelle : les partis s’y donnèrent rendez-vous comme à un combat.

1554. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Il est comme l’acteur de profession, chez qui tout geste et toute parole perd son caractère spontané pour devenir une mimique ; c’est Talma cherchant à tirer parti même du cri de douleur sincère qui lui est échappé à la mort de son fils, et s’écoutant sangloter.

1555. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Nous avons tenu à dire nettement ce que nous pensons de l’esthétique naturaliste, parce qu’elle est erronée d’abord comme toute esthétique de parti, puis parce qu’elle trouble l’appréciation exacte des œuvres de M. 

1556. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

En poursuivant une recherche semblable sur tous les problèmes de la philosophie, on voit combien la conciliation des systèmes est une œuvre difficile ; en réalité, cette conciliation ne consiste presque jamais qu’à juxtaposer des principes, à peu près comme en politique on fait des ministères de transaction en réunissant les hommes les plus voisins des partis contraires ; mais autre est la théorie, autre est la pratique.

1557. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

II Or, en quelques mots, voici cette histoire dont Edouard Drumont a tiré un parti charmant, mais trop doux… Le duc de Saint-Simon mourait en 1755, insolvable et probablement ruiné par son ambassade d’Espagne, qu’il avait menée avec cette grandeur désintéressée et ce luxe que notre siècle, peu accoutumé à ces généreux spectacles, a pu admirer quand le duc de Northumberland vint, comme ambassadeur d’Angleterre, au sacre du roi Charles X.

1558. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Parti simple soldat, Amédée Rothstein fut promu sous-lieutenant, puis cité à l’ordre de l’armée pour avoir « montré une fougue et un sang-froid remarquables, qui ont fait l’admiration des officiers d’infanterie et de ses hommes », enfin nommé chevalier de la Légion d’honneur pour «  s’être particulièrement distingué le 25 septembre 1916 en sortant le premier des tranchées et en entraînant vigoureusement ses hommes, ce qui a contribué à donner un élan superbe à la première vague d’assaut ».‌

1559. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

J’eus beau m’excuser ; les gens de parti n’entendent point raison. […] Pour la représentation de l’une d’elles, Mirame, dans laquelle il y avait mainte allusion à la reine Anne d’Autriche et à Buckingham, et, d’autre part, à la chute de La Rochelle et du parti huguenot, il fit bâtir cette salle de théâtre dans son nouveau palais, et y dépensa dit-on, 2 ou 300 000 écus. […] Mais le comte de Gormas, dépité de ce que le Roi lui a préféré Don Diègue pour gouverneur du prince de Castille, réplique avec aigreur et avec une mauvaise humeur déjà insultante : À de plus hauts partis ce beau fils peut prétendre ! […] Toutefois, pressée par les instances de Don Sanche, elle lui promet d’accepter son service, si le Roi tardait trop. — Cette petite scène, de demi-caractère, est agréable et sert à faire ressortir le pathétique des deux scènes qui la suivent. — Don Sanche parti, Chimène, se croyant seule avec Elvire, laisse éclater en liberté et sa douleur et son amour désespéré. […] Corneille, dans Polyeucte, ne plaidant que la thèse chrétienne, mettait de son parti l’Église, le clergé, et tous leurs adhérents, qui alors étaient la majorité55.

1560. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Marivaux est le traître du parti du bon goût et de la poésie. […] Il était dans son élément et a tiré parti de tous ses moyens. […] Pour l’idéaliste elle prendra toujours parti pour ou contre, parce que c’est dans les cas isolés que gît sa faiblesse ou sa force. Avec une pareille divergence de principes, il est inévitable que les deux partis ne soient pas souvent tout à fait opposés dans leurs jugements ; une fois d’accord sur les objets et les résultats, ils ne devraient plus être en antagonisme sur les motifs. […] Ici, les deux partis se montrent aussi coupables de cette inconséquence, ce qui prouve, une lois de plus, le tort commun aux deux systèmes de n’envisager qu’un côté des choses, et prouve également la richesse foncière de la nature humaine.

1561. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Cette attitude n’empêche ni la cordialité des relations, ni l’estime, ni l’admiration ; mais elle éviterait des erreurs dont souffrent les deux partis. […] Je vais les exposer sans prendre définitivement parti, ni contre moi-même, ni contre l’idéalisme subjectif, auquel, en somme, je reste en grande partie fidèle. […] Cependant il y eut, dès les premiers temps de son règne temporel, deux partis dans l’Eglise : celui du peuple et celui des prêtres ; celui des dieux et celui de Dieu. […] Il faut en prendre son parti. […] Il faudrait peut-être prendre l’un de ces partis, ou faire ce que la Commission, oubliant la décence, n’a pas fait : passer.

1562. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Chef du parti catholique, il est l’éloquent défenseur de la religion, de la morale, l’avocat de tous les intérêts supérieurs et de toutes les grandes causes. […] De même il a dédaigné de tirer parti des derniers perfectionnements de l’art de la réclame. […] On nous fait assister dans une monographie aux débuts, aux études, aux épreuves, aux alternatives de grandeur et de décadence de l’orateur du parti praticabiliste. […] Le socialisme a été une utopie de romanciers avant de devenir le programme d’un parti. […] Au théâtre, l’auteur du Pardon prend à son tour le parti de l’indulgence.

1563. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Je voudrais qu’en tâchant d’être facile, l’écrivain prit son parti de la difficulté inévitable : mais seulement de celle-là. […] Quelquefois, il nous a laissés sur les routes : et il est déjà parti ; nous n’avons pas su l’accompagner. […] Aujourd’hui, l’amant parti, Renée Néré est à regarder la rue, par la fenêtre de sa chambre, dès l’aube. […] Il vaut mieux, une fois pour toutes, prendre un parti énergique et reléguer dans une panoplie l’imparfait du subjonctif. […] Et Anthime renonce à la science impie ; il n’écrira plus dans les journaux du parti radical : il est ruiné.

1564. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Seul, il était incapable de prendre un parti. […] C’est là une conduite qu’il est impossible d’approuver, à quelque parti qu’on appartienne : car elle offense grièvement l’esprit militaire et la discipline de l’armée. […] C’est le colonel Lachau qui a créé parmi nous des coteries secrètes, des partis qui n’existaient point, et y a distribué, classé les individus selon son caprice. […] Le conseil supérieur de l’instruction publique ne pouvait prendre son parti si aisément. […] Si je suis inconsolable, la raison me donne tort ; la nature n’est jamais du parti des inconsolables.

1565. (1876) Romanciers contemporains

Pour le moment, ils poursuivent un parti d’Indiens-Apaches qui leur a dérobé leurs chevaux. […] Eux partis, il a imaginé leurs aventures ; il leur a donné leur nom ; ils sont devenus Bois-Rosé et Pepe. […] Il a pris ce parti, comme il avait affronté tant de dangers, avec une tranquillité sereine. […] Reybaud aussi en prenne son parti. […] Zola en prenne son parti, il a cru faire de la science, il a fait de l’art, et nous l’on félicitons.

1566. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

— Mais enfin, en deux heures, monsieur, on a raison de tout cela ; et, parti à neuf heures de chez vous, vous pourriez encore être rendu à onze. […] Il estimait également un Italien plus récent, Manzoni, et il savait en tirer parti : On dit qu’aux derniers jours de sa longue agonie Devant l’éternité seul avec son génie, Son regard vers le ciel parut se soulever, Le signe rédempteur toucha son front farouche, Et même on entendit commencer sur sa bouche                       Un nom qu’il n’osait achever. […] D’où êtes-vous partis sur les humides chemins ? […] Cependant Ulysse lui répondit en ces termes : — Nous sommes des Achéens partis de Troie et égarés par les vents contraires sur le profond abîme de la mer. […] Je ne voulus point le déranger, je partis sans le voir.

1567. (1913) Poètes et critiques

» En avril 1831, il avait pris le parti d’essayer du métier de maître d’études : il avait là, plus encore qu’ailleurs, montré son incapacité. […] Et quels jours d’été, que ces jours de navigation sur le bateau parti du port de Luléa ; avec la station du soir, au bord d’un lac « dont la face d’insomnie se mit à luire comme si de la clarté en montait des profondeurs » ; avec l’émotion de l’admirable nuit qu’emplit la voix d’une vulgaire voyageuse, chantant religieusement « l’Ermeline Rose du poète danois Jacobsen ». […] Et, lorsqu’il s’agira de dresser le bilan de la pensée morale au début du xxe  siècle, et de déterminer exactement le rôle ou l’influence des écrivains que l’on s’était donnés, à vingt ans, pour guides et pour maîtres, comment ne pas analyser et définir, de préférence, ceux pour lesquels l’idée de Dieu a eu le plus de prix et qui, croyants ou incroyants, ont pris parti comme champions ou tout au moins comme témoins dans le « duel ininterrompu » pour et contre la foi chrétienne ? […] Enfin, chaque pièce est datée scrupuleusement : nous verrons le parti qu’on peut, qu’on doit tirer de cette indication. […] Mais, si l’on veut un mot moins absolu, moins dépalisant, nous verrons là des partis pris d’émulation.Reportons-nous, pour y trouver un argument de plus, à ce « cuadro de chevalet » des Fleurs du mal : xcix Je n’ai pas oublié, voisine de la ville, Notre blanche maison, petite, mais tranquille ; Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus, Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus, Et le soleil, le soir, ruisselant et superbes Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, Répandant largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.

1568. (1925) Dissociations

Elles deviennent d’une telle absurdité qu’il ne tarde pas à y renoncer et à prendre le parti de souffrir en silence, s’il ne peut vaincre son caractère et le plier aux circonstances sociales. […] Ils ont été longtemps à comprendre qu’il vaut peut-être mieux en tirer parti que de les persécuter ; mais ils y sont venus enfin, et voilà qu’ils convient les sectes chrétiennes à prier pour la nouvelle République. […] Il se trouve toujours quelques citoyens pour ériger en vertu un sentiment qui est si naturel qu’il en est invincible, et comme la vertu, principalement la vertu factice, est contagieuse, un parti politique se forme bientôt, qui s’arroge la prétention d’être plus nationaliste que les nationaux vulgaires, d’être pour ainsi dire sur-nationaliste.

1569. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ces lettres, qui souvent ne se prononcent pas, doivent néanmoins s’écrire nécessairement ; et cet inconvénient est inévitable, à moins qu’on ne prenne le parti de supprimer ces lettres dans le cas où elles ne se prononcent pas, et d’avoir par ce moyen deux orthographes différentes pour le même mot ; ce qui serait un autre inconvénient. […] Enfin, la dernière raison de l’impossibilité d’une réforme exacte et rigoureuse de l’orthographe, c’est que si on prenait ce parti, il n’y aurait point de livre qu’on pût lire, tant l’écriture des mots y différerait à l’œil de ce qu’elle est ordinairement. […] Et si, par un malheur très rare, la conduite a déshonoré les ouvrages, quel parti prendre ?

1570. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

M. de Choiseul épiait (et sincèrement, on peut le croire,) les occasions de l’obliger en cour et de le servir : il eut de bonne heure l’idée de lui faire avoir la résidence de Rome ; mais il fallait préparer les voies : De mon côté, lui écrivait Bernis (14 mai 1759), je ne songe qu’à m’attacher à mon état et à mettre dans les partis que je prendrai à cet égard le temps, les réflexions et la droiture qui conviennent à mes principes et à mon caractère… Je serai toujours prêt à servir le roi quand vous croirez que je puis lui être utile.

1571. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Quand on l’a connu, il est évident qu’il n’aurait jamais consenti à assembler les notables, et encore moins les États généraux ; et que, si l’on suppose des circonstances critiques, il n’aurait pas balancé, pour le rétablissement de l’ordre, à prendre les plus violents partis et à y persévérer.

1572. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Les hommes de désir, en ceci, me paraissent prendre leur parti des douleurs publiques un peu trop commodément.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Tant qu’il ne s’agissait que du renversement des fortunes, il en prenait son parti encore plus facilement, et il allait même par instants jusqu’à désirer quelque chose au-delà de ce qu’il voyait : Le bien-être terrestre, disait-il, m’a paru si bien un obstacle au progrès de l’homme, et la démolition de son royaume en ce monde un si grand avantage pour lui, qu’au milieu des gémissements qu’occasionnait le renversement des fortunes pendant la Révolution par une suite de la maladresse et de l’ignorance de nos législateurs, je me suis souvent trouvé tout prêt à prier que ce genre de désordres s’augmentât encore, afin de faire sentir à l’homme la nécessité de s’appuyer sur son véritable soutien dans tous les genres.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Une telle passion exclut la vertu et cet amour du bien public, qu’on doit adorer après son simple bonheur et bien avant sa propre grandeur… Il faut remarquer, ajoute-t-il (et l’on n’a que le choix entre vingt passages), que mon frère aime mieux une place qui lui vient par une brigue, par un parti et par une intrigue, que par la voie simple et noble de sa capacité reconnue et placée.

1575. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Sa dévotion était, comme celle des vieilles femmes de son siècle qui prenaient ce parti, froide et sèche d’apparence, personnelle pour ainsi dire, non convertissante, mais aussi pleine de bonnes œuvres et de bienfaits positifs.

1576. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

C’est une thèse qui a été fort débattue, et dans laquelle des biographes, tantôt malins, tantôt galants et courtois, ont pris parti pour ou contre.

1577. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

nous sommes en style d’atelier, il faut en prendre son parti) que les jours précédents, grâce à un nouveau venu auquel j’ai donné l’hospitalité : c’est un pauvre pinson que les autans nous ont apporté.

1578. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Poniatowski et Fritsch étaient les vraies gens pour M. le Cardinal, et il avait confiance en eux. » La Saxe avait donc en lui, chez nous, un très bon observateur, un attaché du premier ordre, qui de tout temps l’aima, la servit, et qui certainement l’aurait servie encore davantage, à plein collier et de son épée, si elle l’avait voulu et si elle avait osé prendre un grand parti à l’heure décisive où, Charles VI mort, s’ouvrit la succession de l’Empire.

1579. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Un jour il arriva à pied devant Turin ; la sentinelle l’arrêta à la porte, et, sur la vue de son visage, on le fit conduire entre deux fusiliers chez le gouverneur, qui l’envoya à l’hôpital ; de là on prit le parti de le diriger sur la Cité d’Aoste, où il résida par ordre.

1580. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Pepin d’Héristal et Charles Martel se rapprochèrent de Rome et du parti romain dans les Gaules.

1581. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On était au fort des intrigues molinistes, et Mme de Noyon, sa tante, liée avec les Tencin, les Rohan, tenait bannière levée pour ce parti.

1582. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Il ne croit pas pouvoir changer l’homme, il ne se pique même pas de le sonder trop à fond ; mais il le sent tel qu’il est, et il tâche d’en tirer parti.

1583. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

« Elle s’entretenait, à la grille, avec les hommes principaux de son parti, qui peuplaient la Conciergerie.

1584. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Heureusement, la royauté n’avait pas hésité à se ranger du parti de la raison et de la civilisation.

1585. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Mais la pièce dont l’ajustement fait le plus honneur au génie de Corneille, c’est Horace : pour tirer parti de la belle et ingrate matière qui lui fournissait Tite-Live, il a fallu que par un coup de génie il fit du meurtre, du crime, le point culminant du drame, que toute l’action y tendit, s’y adaptât, et tous les caractères.

1586. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il n’a cru qu’à la raison : mais il a trop cru que ses habitudes, ses préjugés, ses partis pris étaient la forme universelle, éternelle de la raison.

1587. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

On juge bon ce qu’on aime, voilà tout (je ne parle pas ici de ceux qui croient aimer ce qu’on leur a dit être bon) ; seulement les uns aiment toujours les mêmes choses et les estiment aimables pour tous les hommes, les autres, plus faibles, ont des affections plus changeantes et en prennent leur parti.

1588. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Mieux placé que la Rochefoucauld, qui, durant l’âge où se formait le trésor de ses pensées, n’avait vu que la cour et les grands seigneurs, ou cette espèce d’hommes avides ou crédules qu’on appelle les hommes de parti, La Bruyère, par son emploi, avait vue sur la cour, et, par sa condition, sur la ville, et il mêlait dans ses peintures les grands et les petits.

1589. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Il emploie donc dès lors, instinctivement et sans cesse, ce type de la taxation : à propos de tout ; donc aussi à propos des productions des arts et des sciences, des penseurs, des savants, des artistes, des hommes d’État, des peuples, des partis et même d’époques tout entières : il s’informe à propos de tout ce qui se crée, de l’offre et de la demande, afin de fixer, pour lui-même, la valeur d’une chose.

1590. (1890) L’avenir de la science « II »

Notre politique machinale, nos partis aveugles et égoïstes sembleront des monstres d’un autre âge.

1591. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle arrive, elle entre dans son sujet comme dans un salon, ayant d’avance ses partis pris d’être gaie, aimable, éblouissante, à rebours du lieu commun (je n’ai pas dit du sens commun), et elle tient sa gageure.

1592. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

J’ai tâché, en le peignant, de dégager sa figure poétique et naturelle des questions brûlantes et des déclamations de parti auxquelles on a tout fait pour le mêler.

1593. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Dès les premiers jours où la Révolution se prononça, Rivarol n’hésita point, et il embrassa le parti de la Cour, ou du moins celui de la conservation sociale.

1594. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Appliquez cette règle au Génie du christianisme, et vous verrez qu’il résiste. » L’esprit de parti, chez La Harpe, ne nuisait pas à cette équité finale.

1595. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Félix-Marchand, avocats et conférenciers littéraire et politique et nous ne voulons pas nommer les jeunes parlementaires pour n’être soupçonnés ni de flagorneries, ni de complaisance à l’égard d’un parti.

1596. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Dans ces circonstances, quel parti prendre ?

1597. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

En premier lieu un traducteur en latin qui sçait mal cette langue ne rencontrant point assez-tôt le mot propre pour signifier le mot françois qu’il veut rendre, au lieu de le chercher dans un dictionnaire prend le parti d’en exprimer le sens par une periphrase.

1598. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

L’arrangement harmonique des mots ne peut quelquefois se concilier avec leur arrangement logique ; quel parti faut-il prendre alors ?

1599. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Désiré Nisard, dans ce célèbre manifeste, avait pris parti pour la réflexion, l’étude, la volonté inspirée, contre l’improvisation, la précipitation, le gaspillage ; parce qu’il s’était rangé du côté de la conscience littéraire contre les succès à tout prix et au rabais ; parce que, là comme dans ses autres écrits, il n’avait pas sacrifié toutes les qualités de l’écrivain à ce pittoresque que nous ne haïssons pas, mais qui avait positivement alors tourné la tête à toute la littérature ; parce qu’il honorait la tradition, qu’on ne respectait plus et même qu’on insultait très bien ; parce qu’il ne concevait pas la Critique en dehors de la morale chrétienne, quand le Beau seul suffit aux âmes, disaient les délicieux Esthétiques de ce temps ; parce qu’enfin il avait en lui la faiblesse la touchante faiblesse du xviie  siècle au lieu d’avoir l’orgueil insensé et insupportable du xixe , il fut bientôt classé, par les ardents et les rutilants de ce siècle-là, parmi les effacés, les chagrins, les retardataires, les professeurs d’ailleurs, les pédantisants !

1600. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Comme historien, il a des préjugés, il a des partis pris et ce que j’oserai appeler, moi, des pusillanimités.

1601. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Panizza, avec beaucoup de science et de finesse, entreprit de me démontrer qu’en croyant prendre le parti des « réalistes » contre les « rêveurs », j’avais moi-même absolument faussé la réalité, et que la stérilisation sensuelle pouvait être et était réellement pour l’individu la cause même de sa fécondité cérébrale21.‌

1602. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Baïf, Dubellay, Jean Daurat et les poëtes de la pléiade tiraient un si excellent parti. […] Elle n’accepte de mot d’ordre de personne, ni d’une doctrine ni d’un parti, et si le poëte, son maître, la force à marcher en tête de quelque bande chantant un hymne ou sonnant une fanfare, elle s’en venge tôt ou tard. […] Elle fera toujours aux partis la fière réponse du poëte allemand Lenau. […] Du parti de la jeunesse, il en était sans doute. […] Mais ce discours, ce manifeste d’un parti, commandé par le marquis d’Auberive, c’est Giboyer lui-même qui l’a écrit, c’est Giboyer qui a détruit la foi au cœur de son enfant, Giboyer qui n’avait jamais osé lui dire qu’il est son père, craignant de surprendre sur son visage un sentiment de tristesse, et qui est forcé de le lui dire pour lui prouver que son père a menti.

1603. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Elle prit alors le parti de s’en aller visiter l’Allemagne, un peu par des raisons d’amour propre qu’elle avoue elle-même. […] L’aristocratie a trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités ; sortie du premier, elle dégénère dans le second et s’éteint dans le dernier. » — Un pareil aristocrate devait être l’enfant terrible de son parti. […] Mais après un séjour de quelques mois, j’ai fini par comprendre que les combats acharnés que se livrent les partis en Allemagne, dans les ouvrages de M.  […] Les deux partis sont en présence : chacune des deux armées littéraires a ses bannières sur lesquelles sont écrites des devises bien différentes : les noms d’Aristote, de Quintilien, de Cicéron, d’Horace, de Boileau, se lisent sur les étendards des classiques ; les drapeaux des romantiques ne portent le nom d’aucun législateur ; on n’y voit briller que ces mots : Ossian, Shakespeare, Kotzebue (sic !) […] Guizot dans ses Mémoires, le chef du parti.

1604. (1927) Approximations. Deuxième série

La Bruyère le disait : « des livres faits par des gens de parti et de cabalebx ». […] Lancé par lui, le projectile n’est pas plus tôt parti qu’il arrive. […] Il ne s’agit pas ici de cette intelligence que naguère l’on vit se constituer en parti : mesure de précaution en effet que de se mettre à plusieurs pour penser ; pas davantage de celle que visent sans doute les gens fort nombreux qui, sur un ton d’implicite supériorité gourmande, proclament comme entrée de jeu : « Il est très intelligent » pour donner à entendre « Il n’est que cela ». […] Cette exigence, ce sont les qualités mêmes de Jaloux qui me l’inspirent : qu’il en prenne son parti : il est condamné au sérieux, et je ne saurais pour ma part lui souhaiter plus enviable destin. […] En même temps Proust ne prend jamais parti.

1605. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le lieutenant, son renseignement parti, ne se ménage guère ; les balles qui bourdonnent et sifflent ne le dérangent pas de sa besogne. […] Les deux partis, et munis déjà de quelques renseignements que leur apportait Joze, — mais Joze leur en a promis bien d’autres, — Benoît s’empare du vieux traître. […] Il n’est pas un homme d’État, mais un chef de parti : n’est-il pas, quelquefois, un émeutier ? […] Son père insiste : pourquoi refuserait-elle ce parti excellent et la filiale satisfaction de sauver sa famille ? […] Et Paul Déroulède, qui n’était certainement pas bonapartiste, a écrit : « C’est l’ineffaçable opprobre de tous les partis d’opposition au régime impérial que d’avoir continué à se laisser dominer par leurs passions personnelles, à pareille heure.

1606. (1923) Nouvelles études et autres figures

Ce notaire florentin, érudit encyclopédique, avait été envoyé vers 1260 par le parti guelfe à la cour d’Alphonse le Sage, élu empereur d’Allemagne, pour lui demander du secours contre les Gibelins qui défendaient Manfred, roi de Sicile. […] Il traite l’humanité comme si elle n’avait été créé que pour lui servir de matière à divertissements ; mais il n’a pas la morgue de l’artiste qui tient son modèle à distance ; il ne s’excepte pas de cette humanité qu’il peint ou caricature ; il se joue lui-même ; il exploite ses travers comme il tire parti des défauts de ses acteurs. […] À la fin du troisième acte, George Dandin déclare que « lorsqu’on a, comme lui, épousé une méchante femme, le meilleur parti qu’on puisse prendre, c’est de s’aller jeter dans l’eau la tête la première ». […] Il fut prudent, ne s’inféoda à aucun parti ; mais il fonda un journal et attendit l’occasion. […] C’est à Quinet que revient le triste honneur d’avoir formulé un certain nombre d’absurdités solennelles qui devinrent le credo des partis démocratiques.

1607. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Si encore ce Sydney Smith avait été le chef, le fondateur, ou l’inspirateur d’un parti ! Il n’a été qu’un membre influent du parti whig ; vingt autres, autour de lui, auraient eu au moins autant de quoi nous intéresser. […] À peine Chalek fut-il parti que Marysia fut envahie de son souvenir. […] Je pris un parti formel : ma nourrice était l’innocente cause de mon angoisse : eh bien ! […] Reste le parti de renoncer à chercher des lois.

1608. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Signalé à l’animadversion locale, on lui conseillait de ne point la braver en allant dans la ville avec les autres Dijonnais, chevaliers de l’arquebuse ; car la bêtise est aisément violente, et l’on pouvait lui faire un mauvais parti. […] J’avais si fort les rieurs de mon côté, qu’il a pris le parti de s’en mettre lui-même (du bout des dents, comme bien jugez), me disant, d’un air de protection, qu’il aimait mieux m’entendre que me lire. — Dites la vérité, monsieur, lui ai-je répondu, avouez que vous aimez l’un autant que l’autre. — On n’a pas eu de peine à tourner cette réponse de ses deux côtés, et ça été le coup de grâce.

1609. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

…………………………………………………… Certes, quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtes Les funestes éclats des plus grandes tempêtes Qu’excitèrent jamais deux contraires partis, Et n’en voit aujourd’hui nulle marque paraître, En ce miracle seul il peut assez connaître Quelle force a la main qui nous a garantis. […] Je ne donnai rien à notre amitié, je ne donnai rien à la complaisance, je ne fis que ce qui est de mon inclination et de ma coutume : je pris le parti de la vérité.

1610. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Encore faut-il pour pouvoir tirer ce parti de leurs œuvres, une confiance hardie dans les conjectures et une rare sagacité. […] Toutefois, bien d’autres en avaient fait autant avant lui, et je ne vois pas ce qui, dans ce genre, devrait l’ériger en créateur unique et entièrement original… Nous allons examiner brièvement si Molière a vraiment réussi à perfectionner les pièces qu’il a imitées, en tout ou en partie, de Plaute et de Térence… Plusieurs des sujets de Molière ont tout l’air d’être empruntés d’ailleurs, et je suis convaincu qu’il serait possible d’en découvrir la source si l’on parcourait les antiquités littéraires de la farce ; c’est ce qu’atteste formellement le savant Tiraboschi : Molière, dit-il, a tellement tiré parti des comiques italiens, que si on lui reprenait tout ce qu’il en a emprunté, les volumes de ses Œuvres ne seraient pas en si grand nombre… Notre Hans Sachs avait mis en œuvre avec assez de gaieté l’idée de la scène du Malade Imaginaire, où l’on met l’amour de la femme à l’épreuve en supposant la mort du mari… Dans les farces mêmes que Molière a véritablement inventées, il ne laisse pas de s’approprier des formes comiques imaginées chez les étrangers, etc.

1611. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Sans illusion ni sur les représentants ni sur le fondement humain de l’aristocratie, aussi impitoyable aux « mauvais nobles » qu’aux « mauvais prêtres », c’est lui qui, à propos d’un domaine dépecé par un gentilhomme de boulevard et de cabinets de nuit, écrit ces lignes, où se révèle délicieusement la qualité de son âme : Je ne peux prendre mon parti de ces décadences de la noblesse. […] Il prendrait enfin son parti, sans trop le dire  comme fait le Souverain Pontife tout le premier  de la destruction du pouvoir temporel, qu’il sentirait voulue de Dieu.

1612. (1925) La fin de l’art

Car cela semble bien dans cette vue qu’elle gave la jeunesse et il semble bien aussi que cette vue ne soit plus absolument compatible avec le parti que cette jeunesse entend tirer de la vie. […] Mais, il faut en prendre son parti.

1613. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Vous qui êtes dans des conditions meilleures, vous devez prendre un parti. […] Sophie prit le parti d’attaquer le mariage, et peu à peu s’anima, s’emporta, bien que ses deux auditeurs n’essayassent pas de la contredire. […] En attendant encore, je trouverai peut-être un meilleur parti ; et, soit qu’on reste dans le célibat ou qu’on se marie à la première occasion, c’est toujours l’effet de l’amour-propre ou de l’orgueil.

1614. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Dans les tombereaux d’imprimés — journaux, revues et livres, — qui se déversent tous les jours sur le pays, chacun choisit selon son goût ou, plus souvent, selon le goût que la publicité, la mode, l’esprit de parti, la critique lui imposent à son insu ; il en va de même pour les spectacles. […] L’intention y est : tous les partis et même les plus avancés réclament un ordre quel qu’il soit, marxiste, républicain ou monarchiste ; ils réclament une société. […] À dire vrai, ils firent quelques concessions au « grand public » et tel de leurs auteurs, parti pour rénover la poésie de scène, composa peu à peu avec un demi-réalisme, un demi-parisianisme, défavorables à son ambition.

1615. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

De l’idéal et du modèle La couleur étant la chose la plus naturelle et la plus visible, le parti des coloristes est le plus nombreux et le plus important. L’analyse, qui facilite les moyens d’exécution, a dédoublé la nature en couleur et ligne, et avant de procéder à l’examen des hommes qui composent le second parti, je crois utile d’expliquer ici quelques-uns des principes qui les dirigent, parfois même à leur insu. […] Je crois que Mme Calamatta est aussi du parti des ennemis du soleil ; mais elle compose parfois ses tableaux assez heureusement, et ils ont un peu de cet air magistral que les femmes, même les plus littéraires et les plus artistes, empruntent aux hommes moins facilement que leurs ridicules.

1616. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je sais des gens pour qui l’homme d’un parti contraire n’existe pas. […] Je sais bien qu’il considère le second Empire « comme une époque fort insouciante par malheur, mais aussi comme l’une des plus tranquilles, des plus gaies, des plus amusantes et des plus brillantes de notre histoire », et je constate que cette appréciation n’est pas d’un farouche républicain ; je ne sais pas cependant ce qu’il pense de nos différents partis et de nos innombrables ministères, et je serais tenté de croire que ces sujets de méditation le préoccupent assez peu. — Quelqu’un me souffle à l’oreille : Avez-vous remarqué ? […] Il est si bien l’ami des femmes que, lorsqu’il les rencontre en faute (j’entends dans l’histoire ou dans une œuvre littéraire), il prend toujours parti pour elles et les aime doublement pour leur faute même. […] En même temps, il est porté à la colère, enclin aux haines vigoureuses, aux violences de l’esprit de parti. […] Il a le courage, toujours rare à Paris, de prendre le parti du bon sens contre l’esprit.

1617. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Voici quelques-unes de ces notes : Les livres de l’Odyssée vont toujours de plus beau en plus beau, comme il est aisé de le reconnaître, parce que les premiers ne sont que pour disposer aux suivants : mais ils m’ont parti tous admirables et divertissants. […] Il prit le parti de le faire sans en rien dire à cette femme. […] Vous savez qu’à Athènes, au temps d’Aristophane, tout citoyen pouvait être juge, pourvu qu’il eût trente ans révolus ; que les juges, au nombre de six mille (ce qui semble folie pure), étaient annuellement désignés par le sort et répartis entre dix tribunaux criminels ou civils (l’Aréopage, ou cour supérieure, non compris) ; que les juges recevaient trois oboles par jour, et que, tenant ce salaire du parti au pouvoir, c’est-à-dire des démagogues, et ce salaire, d’autre part, suffisant mal à les faire vivre, il leur était peu habituel de juger soit avec indépendance, soit avec intégrité. […] Les comédiens, partis de Saint-Germain dans trois carrosses, allèrent porter cette bonne nouvelle à Racine. […] Et l’on se dit que les sots ne sauront jamais qu’ils sont des sots, excepté peut-être dans l’autre monde, quand cela nous sera égal… Il faut en prendre son parti, c’est entendu.

1618. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Goethe, sans oser le blâmer, le conseille cependant longtemps par la voix du sage Werner et lui présente la route du métier, de la profession, de la spécialité, comme la plus sûre et celle qui convient le mieux à un bourgeois ; mais, une fois que le héros a pris décidément son parti, il l’accompagne avec une sage sollicitude jusqu’à ce qu’il soit enfin arrivé à bon port. […] De cette classe d’âmes nobles il n’est pas de notre temps de type mieux frappé ni mieux accusé que le remarquable écrivain à la plume élégante et mâle à la fois qui signe Daniel Stern, car il n’est personne qui ait jamais mieux et plus bravement pris son parti de la victoire de la vérité. […] Pourtant ces hommes ont donné des gages certains à l’esprit de secte ou de parti ; leur intelligence, quelque puissante qu’elle fut, s’est mue dans un cercle relativement étroit ; l’arène dans laquelle ils ont combattu est rigoureusement circonscrite, et l’on peut dire sans blasphème aucun qu’il est facile de compter les idées qu’ils ont soulevées. […] Dante et Goethe excluent l’esprit de secte et de parti, qui les exclut à son tour. […] Réfléchissez un instant et vous cesserez de vous étonner que des hommes en qui cette alliance existe au degré où elle existe chez Dante et Goethe échappent à toute classification de secte et de parti.

1619. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Des rayons qui le caressaient et le chatouillaient semblaient lui jeter aux talons les roses d’une corbeille de Fête-Dieu… La mère et l’enfant partis, Renée regardait encore. […] Et tout de suite son parti fut pris. […] Le voilà parti pour Rodez, cherchant à oublier, tombé aux griffes des provinciaux ; pour se croire encore à Paris il écrit, à ses amis, de touchantes lettres dont je garantirais l’authenticité. […] Comme cet accident ne paraissait pas l’affecter davantage, j’en pris mon parti comme lui. […] « Non, descendez, rendez-vous, sans cela, je serai fusillé à votre place. » Raoul Rigault sembla hésiter, puis prenant brusquement son parti : « Soit, dit-il, je ne suis pas un lâche (le mot fut beaucoup plus vif), descendons ! 

1620. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Parti à la tête d’une armée de cinq mille claqueurs, — Augustani, — il chante, lutte, pose, déclame dans toutes les arènes helléniques. — Il chante du nez, il tombe de son char, il danse gauchement, car ses jambes grêles fléchissent sous le poids d’un ventre proéminent. […] Les moines et les casuistes du parti s’en mêlèrent ; on lança à ses trousses tous les diables noueurs d’aiguillettes. […] Quoi qu’il en soit, Charles II ordonna à la comtesse de se retirer en Flandre ; mais Olympe était soutenue par le parti autrichien, qui l’avait peut-être mandée à Madrid, comme on appelait Locuste au chevet des impératrices trop lentes à mourir. […] L’ambassadeur de France, qui la surveillait, tenait Louis XIV au courant de toutes ses démarches. « Mme de Soissons, lui écrit-il, transportée de ressentiment, a pris le parti de se déclarer contre la reyne, et de se jeter entre les bras du comte d’Oropesa et du comte de Mansfeld. […] Les traités de partage se dressaient et se débattaient sous ses yeux ; chaque parti les lui faisait signer et déchirer tour à tour, — Le Romancero raconte que le cadavre du Cid, sanglé sur son coursier, gagnait des batailles : lui, cadavre vivant, dont des mains sacrilèges tiraient les gestes et remuaient la tête imbécile, il présidait machinalement à la curée de l’Espagne.

1621. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

En mai 1840, je partis pour l’Espagne. […] Dès ses débuts, Méry se jeta dans le parti bonapartiste et libéral, et il fit avec Barthélémy les Sidiennes et la Villéliade. […] Elle étendit sa main sèche, et Julia, l’adorable enfant qui accompagnait son père en ces pays lumineux où la vie semble prendre des énergies nouvelles, pencha la tête comme une fleur touchée au pied par le soc, et le vaisseau parti avec des voiles blanches revint avec des voiles noires, ramenant un cercueil. […] Partis d’Alexandrie par un temps superbe, le 1er mai, nous avons eu, deux jours après, un vent de nord-ouest si fort, que ne pouvant plus aller de l’avant, inquiets du Luxor, qui, peu fait pour supporter la mer, paraissait devoir s’engloutir à chaque instant, nous avons laissé porter sur Rhodes, où nous sommes arrivés à bon port, malgré un vent très-fort et une mer houleuse. […] Parti d’Ingres, ayant traversé Delacroix comme pour colorer son dessin si pur, il était depuis longtemps lui-même un maître, et tout dernièrement nous signalions son influence sur les plus hardis élèves de l’école de Rome.

1622. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Je ne le dis point, sachez-le bien, cher Sire, pour vous railler, car tous ceux de notre parti qui ont vu les uns et les autres se sont par pleine science à cela accordés, et tous vous en donnent le prix et chapelet d’honneur si vous le voulez porter. » À ce moment, un murmure d’approbation se fit entendre, et tous, François et Anglois, se disoient entre eux que le prince avoit très noblement parlé et à propos ; et ils célébroient son éloge, et disoient qu’en lui il y avoit et il y auroit encore un gentil seigneur dans l’avenir s’il pouvoit longuement durer et vivre, et en cette fortune persévérerc.

1623. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Leur parlant déjà comme à un peuple-roi, leur prouvant que, du moment qu’ils l’ont été une fois, ils ne peuvent reculer et sont condamnés à l’être toujours ou à ne plus être du tout, à n’espérer plus même, s’ils tombent, la condition ordinaire des cités sujettes, il professe, à leur usage, les plus fermes maximes publiques et politiques : « Être haï, être odieux dans le présent, ç’a été le lot de tous ceux qui ont aspiré à l’empire sur les autres ; mais quiconque encourt cet odieux pour de grandes choses, il prend le bon parti et il n’a pas à s’en repentir. » Et certes, si l’on entendait toujours le Périclès de Thucydide, ce Démosthènes non seulement en parole, mais en action, on ne permettrait plus aux Romains de se vanter, comme ils l’ont fait, d’avoir ajouté de la solidité au génie charmant des Grecs.

1624. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Au moment des révolutions, le soir des journées sanglantes, elle allait, inaperçue, ramassant les blessés des divers partis et les cachant dans son magasin à paille.

1625. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Se désespérer qu’il en soit ainsi, c’est se désespérer d’être homme, car c’est là une des plus inflexibles lois de notre nature… Il faut donc prendre son parti de n’arriver que très-rarement à la vérité démontrée.

1626. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

On doit au reste en prendre son parti avec M. de Balzac, et l’accepter selon sa nature et son habitude.

1627. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard prenait vite parti et s’enflait toujours.

1628. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Mais ailleurs, notamment dans la Religieuse, il est homme de parti et donne une impression fausse.

1629. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Ces maîtres de l’homme sont le tempérament physique, les besoins corporels, l’instinct animal, le préjugé héréditaire, l’imagination, en général la passion dominante, plus particulièrement l’intérêt personnel ou l’intérêt de famille, de caste, de parti.

1630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On ne voit que villages ruinés ou abattus, et nulles maisons qui se relèvent… Par ce que m’ont dit mes voisins, la diminution des habitants va à plus du tiers… Les journaliers prennent tous le parti d’aller se réfugier dans les petites villes.

1631. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

XXI Maintenant, pour nous faire une idée juste de ce qu’est la poésie lyrique, écoutons chanter dans un même homme d’abord ce pauvre petit berger des montagnes de Bethléem ; puis cet adolescent armé de sa fronde, libérateur de son pays ; puis ce musicien favori de Saül assoupissant avec sa harpe les convulsions d’esprit de son roi ; puis ce proscrit cherchant asile dans les cavernes de Moab ; puis ce chef de bande et de parti courant les aventures sur les frontières de la Judée ; puis ce roi choisi par les prêtres et acclamé par le peuple pour éteindre la race de Saül et pour fonder sa propre dynastie ; puis ce souverain exalté par sa haute fortune, ne refusant rien à ses intérêts ni à ses amours, et ternissant ainsi sa vieillesse après avoir couvert d’innocence et de gloire ses jeunes années ; puis le vieillard puni, repentant, rappelé à Dieu par l’extrémité de ses châtiments, et convertissant encore ses sanglots en cantiques pour fléchir et pour attendrir son juge là-haut.

1632. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

C’était une orgie de couleur locale ; chaque mot était un renseignement d’histoire : état des partis, état des finances, intérêts des princes, passions des bourgeois, topographie du vieux Paris, astrologie, nécromancie, jurons, bilboquets, sarbacanes, sabliers, pourpoints tailladés, les quatre sous que l’on payait au spectacle des Gelosi, toute l’histoire politique et toute la chronique de la mode pour l’année 1578 sont là.

1633. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Un général Chichkova, à qui on attribue les proclamations éloquentes qui, en 1812, appelèrent le peuple russe à la défense de son territoire, était le principal avocat de l’idiome slavon ; et, de fait, il en tira parti habilement dans un pays où le patriotisme se confond avec l’attachement à la religion.

1634. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Quant à la liberté, l’aima-t-il pour elle-même ou pour les louanges de l’esprit de parti ?

1635. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

ma chère Angélique, s’écrie-t-elle, tu ne me rends pas. tendresse pour tendresse.  » Dans toute la comédie, Marivaux nous offre le spectacle curieux de cette mère qui soutient comme une gageure le parti qu’elle a pris.

1636. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Sir William Hamilton est probablement le premier des philosophes anglais qui ait pris parti pour l’affirmative, sans s’arrêter à ce prétexte spécieux qu’une action ou une passion inconsciente de l’esprit est inintelligible.

1637. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il a pris le sage parti de rétracter ses erreurs, & d'employer sa plume à la défense de la Religion, qu'il avoit paru combattre pendant qu'il étoit Encyclopédiste.

1638. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Les cavaliers partis, la jeune fille rassurée soulève son voile, et raconte à Diane l’histoire de son aventure nocturne.

1639. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Pompignan, reçu à l’Académie française à la place de Maupertuis, y avait prononcé un discours de parti qui avait irrité tout le coté philosophique.

1640. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Il a tout apprêté dans sa vie en vue de cette éventualité qui ne se réalise pas, et ce faux espoir le dissuade de tenter tout effort pour tirer parti de facultés plus modestes, qu’il renie, dont il est doué, et qui l’eussent mis dans la vie à sa vraie place.

1641. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Les deux invités de l’Anglais prennent le parti de dîner à Belleville, et dînent ensemble sans se connaître.

1642. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Cette analyse, qui n’a guère été tentée jusqu’à présent, nous révèle un fait dont pourrait d’ailleurs tirer parti la théorie de la Relativité.

1643. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ?

1644. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Partis du réalisme, nous revenons au même point où l’idéalisme nous avait conduits ; nous replaçons la perception dans les choses.

1645. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Leur variété augmente en même temps que leur nombre : ce ne sont pas seulement des intérêts économiques, ce sont des mobiles politiques, religieux, moraux, qui suscitent de toutes parts Vereine, sectes et partis.

1646. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Le tableau de la vie politique à la fin de la monarchie de Juillet, sous la République de 48 et au début de l’Empire n’est qu’une satire perpétuelle, qui n’épargne aucun des partis en présence et ne fait même pas d’exception pour Lamartine. […] Charles Péguy a tiré un bon parti dans ses Mystères de Jeanne d’Arc). […] L’erreur des partis est de se jeter avidement sur ce qui leur agrée, comme sur une proie, sans pénétrer l’ensemble d’un système et sans en découvrir tout de suite les aspects moins favorables à leurs préjugés. […] Il y a des écrivains remarquables dans tous les partis ; il y en a même qui n’appartiennent à aucun parti ; et c’est en dehors de toute considération de cet ordre que le critique ou l’historien littéraire a le devoir de les juger. […] Charles Péguy accorde le nom de « Parti intellectuel » à ses adversaires, les contempteurs des humanités et les fabricants de fiches, qui sont précisément au contraire les pires ennemis de l’intelligence.

1647. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Mais, au contraire, une des habitudes et, je crois, un des partis pris d’Euripide, c’est de faire dire à ses personnages, même sympathiques, tout ce qu’ils sentent en effet, et non point seulement ce qu’il convient qu’ils disent et ce qui peut donner bonne opinion d’eux. […] Pesons les deux partis qui s’offrent à elle. […] Entre les deux camps oscillent M. et Mme David et Emma, lesquels finissent par se rallier au bon parti. […] Il s’arrête enfin à ce parti : il ira voir dona Thérésa ; s’il est bien reçu, il restera chez elle : sinon, il reviendra, avec sa rapière, surprendre le donneur de sérénades sous le balcon de Vanina. […] La séduction du député radical par l’ambitieuse marquise, leur commencement d’entente pour la formation d’un parti des mécontents et des honnêtes gens, tout cela s’opère vraiment avec une merveilleuse rapidité.

1648. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Je n’ai jamais réussi à me satisfaire. » Les esprits indulgents prennent leur parti des trahisons de l’histoire. […] Elle en fut si déconcertée que, n’entendant rien à ce qu’il lui disait et ne sachant que lui répondre, elle prit le parti de se sauver à l’autre bout du salon, très rouge et dans un état affreux. […] Quand on est d’un parti, il faut d’abord en partager les préjugés. […] Jules Lemaître n’est d’aucun parti. […] Charles Morice, j’en prendrais mon parti moins aisément.

1649. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il suffisait de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre qu’il ne s’agissait pas là d’une représentation ordinaire ; que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même, — ce n’est pas trop dire — étaient en présence, se haïssant cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts-à fondre l’un sur l’autre. […] Les chefs de parti s’injuriaient comme les héros d’Homère avant d’en venir aux mains, et quelquefois, il faut le dire, ils n’étaient guère plus polis qu’Achille et qu’Agamemnon. […] Regardé comme un traître par son ancien parti, suspect au parti de la cour, faisant en personne ce qu’il devrait laisser faire à des subalternes, contrariant les intérêts par des rigorismes outrés, marchant en aveugle dans le dédale des intrigues, en quelques mois de pouvoir il perd sa popularité, ses amitiés et presque son honneur domestique, et résigne sa charge, désabusé de ses rêves, ne croyant plus à son talent, doutant de l’homme et de l’humanité. […] Et les deux partis avaient raison : le drame lui doit autant que la tragédie.

1650. (1903) La pensée et le mouvant

Mais ceux mêmes, en très petit nombre, qui ont cru au libre arbitre, l’ont réduit à un simple « choix » entre deux ou plusieurs partis, comme si ces partis étaient des « possibles » dessinés d’avance et comme si la volonté se bornait à « réaliser » l’un d’eux. […] Il faut en prendre son parti : c’est le réel qui se fait possible, et non pas le possible qui devient réel. […] Auxiliaire de l’action, elle isole, dans l’ensemble de la réalité, ce qui nous intéresse ; elle nous montre moins les choses mêmes que le parti que nous en pouvons tirer. […] Nous ne visons pas, en général, à connaître pour connaître, mais à connaître pour un parti à prendre, pour un profit à retirer, enfin pour un intérêt à satisfaire. […] Il y aurait un tout autre parti à prendre.

1651. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

On s’y bat moins par intérêt que par acharnement et par esprit de parti. […] Il ne satisfera personne et mécontentera les deux partis. […] Il entre et reste dans le cabinet de Washington qui est le chef du parti opposé. […] Si je prenais votre parti, je perdrais les voix du Missouri ». […] Un seul navire parti de Liverpool en 1860 a amené huit cents néophytes.

1652. (1901) Figures et caractères

La politique de la Révolution, la lutte de partis, fut odieuse, cruelle et tracassière ; ses fils furent tenus par des mains mesquines plus que par le poing populaire. […] On peut l’attaquer par maint endroit, par sa bizarrerie, ses partis pris, ses erreurs. […] Le plus curieux encore est que Beaumarchais, au début, était seul de son parti ; personne avec lui, ni coreligionnaires puissants, ni alliés d’aucune sorte. […] Kipling tire parti de cette intense matière humaine. […] Il est évident qu’on s’occupe beaucoup d’eux de par le monde, aussi ont-ils pris le parti de suivre l’exemple universel et de s’occuper à peu près exclusivement d’eux-mêmes.

1653. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Woodberry, « de tirer un parti beaucoup plus fâcheux encore pour sa mémoire que celui qu’en a tiré Griswold ». […] Si vous allez à la cour, attachez-vous, quoi qu’il arrive, au parti du Roi et de l’Église ; rappelez-vous l’exemple que vous a donné Socrate dans Criton ». […] La tendresse conjugale de Charles Ier avait fortifié l’espoir des catholiques ; on considérait comme possible de ramener à la religion romaine, par une adroite diplomatie, plusieurs hauts dignitaires de l’église établie, et d’accord avec un jésuite ami de la reine, le père de John avait formé le projet d’utiliser à ce rôle d’agent docile du parti catholique la fine et souple nature de son fils cadet. […] L’adresse de ses reparties, sa souplesse et son égalité d’humeur dans le maniement des hommes, sa probité et son désintéressement, toutes ces précieuses vertus lui ont valu autant de respect dans le parti opposé que d’affection dans le sien. […] Dans toute l’Europe il a détaché d’eux les âmes supérieures : il est en train de leur prendre l’élite des jeunes gens de leur parti.

1654. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ainsi, désirant traiter les suppliants avec bonté, et leur accorder toutes leurs prières, nous avons ordonné ce qui suit : « Que tout laboureur ayant cinq enfants retranchera journellement la cinquième parti du pain qu’il leur donne. […] Quand le roi des dieux leur envoie une grue « qui les tue, qui les croque, qui les gobe à son plaisir », on est presque du parti de la grue et de Jupiter.

1655. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il a cédé, lui, au désir de peindre tous ces fanatismes, toutes ces superstitions, maladies des religions à certaines époques ; à l’envie de jouer de tous ces hommes, comme dit Hamlet ; d’étager au-dessous et autour de Cromwell, centre et pivot de cette cour, de ce peuple, de ce monde, ralliant tout à son unité et imprimant à tout son impulsion, et cette double conspiration tramée par deux factions qui s’abhorrent, se liguent pour jeter bas l’homme qui les gêne, mais s’unissent sans se mêler ; et ce parti puritain, fanatique, divers, sombre, désintéressé, prenant pour chef l’homme le plus petit pour un si grand rôle, l’égoïste et pusillanime Lambert ; et ce parti des cavaliers, étourdi, joyeux, peu scrupuleux, insouciant, dévoué, dirigé par l’homme qui, hormis le dévouement, le représente le moins, le probe et sévère Ormond ; et ces ambassadeurs, si humbles devant le soldat de fortune ; et cette cour étrange toute mêlée d’hommes de hasard et de grands seigneurs disputant de bassesse ; et ces quatre bouffons que le dédaigneux oubli de l’histoire permettait d’imaginer ; et cette famille dont chaque membre est une plaie de Cromwell ; et ce Thurloë, l’Achates du Protecteur ; et ce rabbin juif, cet Israël Ben-Manassé, espion, usurier et astrologue, vil de deux côtés, sublime par le troisième ; et ce Rochester, ce bizarre Rochester, ridicule et spirituel, élégant et crapuleux, jurant sans cesse, toujours amoureux et toujours ivre, ainsi qu’il s’en vantait à l’évêque Burnet, mauvais poëte et bon gentilhomme, vicieux et naïf, jouant sa tête et se souciant peu de gagner la partie pourvu qu’elle l’amuse, capable de tout, en un mot, de ruse et d’étourderie, de folie et de calcul, de turpitude et de générosité ; et ce sauvage Carr, dont l’histoire ne dessine qu’un trait, mais bien caractéristique et bien fécond ; et ces fanatiques de tout ordre et de tout genre, Harrison, fanatique pillard ; Barebone, marchand fanatique ; Syndercomb, tueur ; Augustin Garland, assassin larmoyant et dévot ; le brave colonel Overton, lettré un peu déclamateur ; l’austère et rigide Ludlow, qui alla plus tard laisser sa cendre et son épitaphe à Lausanne ; enfin « Milton et quelques autres qui avaient de l’esprit », comme dit un pamphlet de 1675 (Cromwell politique), qui nous rappelle le Dantem quemdam de la chronique italienne.

1656. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Eugène Sue n’avait qu’un seul parti à prendre pour échapper aux terribles dangers de la dépréciation, c’était de s’ensevelir dans son triomphe, de disparaître pour six mois et de se faire oublier, en un mot, comme son ouvrage. […] Buloz comprit tout le parti qu’il pouvait tirer de cette rare universalité contemporaine ; il accapara, comme on dit en termes de librairie, Mme Sand ; il devint non seulement son publicateur, mais son éditeur.

1657. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Et puisque ces démarches lui sont sans doute suggérées par le plus ou moins grand avantage qu’elle peut tirer des images environnantes, il faut bien que ces images dessinent en quelque manière, sur la face qu’elles tournent vers mon corps, le parti que mon corps pourrait tirer d’elles. […] Sectionnez le nerf optique d’un animal ; l’ébranlement parti du point lumineux ne se transmet plus au cerveau et de là aux nerfs moteurs ; le fil qui reliait l’objet extérieur aux mécanismes moteurs de l’animal en englobant le nerf optique est rompu : la perception visuelle est donc devenue impuissante, et dans cette impuissance consiste précisément l’inconscience.

1658. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Musset achevait d’user dans la débauche une vie dont l’erreur avait été de vouloir se conformer au caractère de sa poésie : l’enfant terrible du parti en était devenu la plus lamentable victime ! […] Qu’en effet ce qu’il s’est proposé, ç’a été d’établir la souveraineté de la religion parmi les hommes ; — et là même est le sens de l’Essai sur l’indifférence ; — et comme il y en a plusieurs moyens ; — il a d’abord invoqué contre le progrès croissant de l’irréligion « l’alliance des vieilles souverainetés ». — Mais, s’étant aperçu que les vieilles souverainetés ne voulaient retenir de la religion que ce qu’elles croyaient utile à leurs intérêts ; — et voyant que par là même la défiance qu’elles inspiraient aux partis s’étendait jusqu’à la religion ; — il a voulu séparer la religion de la politique ; et, selon la juste expression de Renan, c’est alors qu’il a essayé de constituer la religion elle-même en parti ; — et ce sont ici les commencements de ce qu’on a depuis lors appelé « le catholicisme libéral ». […] La Mare au diable, 1846 ; — La Petite Fadette, 1849 ; — François le Champi, 1850]. — Et le succès de ces romans, — au lendemain des aventures de la Révolution, — opère un double effet ; — qui est de la réconcilier elle-même avec le grand public ; — dont elle avait semblé vouloir se séparer pour ne s’adresser qu’« au populaire » ; — et le grand public avec elle ; — comme ne voyant plus en elle qu’un grand talent reconquis sur l’esprit de parti. […] Poirier, 1854, — il n’a pas tardé à se trouver dépaysé dans ce genre de la comédie sentimentale et moyenne. — Et c’est finalement, en prenant position et parti contre le romantisme, — dans Le Mariage d’Olympe, 1855, Les Lionnes pauvres, 1855, et La Jeunesse, 1858 ; — qu’il a conquis son originalité.

1659. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mahaffy pour abaisser l’histoire au niveau du pamphlet politique courant que met en ligne la guerre des partis contemporains. […] Il eût pu faire de son livre une œuvre d’un intérêt solide et durable, mais il a préféré lui donner un caractère passager et substituer, à l’esprit scientifique du véritable historien, le préjugé, le trompe-l’œil, la violence de l’homme de parti parlant sur le tréteau électoral. […] Elle ne s’attacha à aucun parti déterminé. […] Présentement il est tout à fait patriote et s’arrange pour combiner, avec son patriotisme, une grande sympathie pour le parti tory. […] Après une lutte, il prend le parti de se sacrifier à son téméraire serment.

1660. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Jules Tellier dans Le Parti national du 20 janvier 1883 et de M.  […] Notre pauvre ami n’avait publié qu’un livre : Nos poètes, et des articles, çà et là, au Gaulois, au Parti national et aux Annales. […] « Et c’est parce que cette pensée me vint, et quelle me parut étrange et triste, et qu’elle troubla longtemps mon cœur de rhéteur ennuyé, qu’il m’est possible encore, entre tant d’heures oubliées, d’évoquer ces lointaines heures noires où je rêvais seul sur le pont du navire parti de Massilia, un soir d’automne, à la tombée de la nuit. » 80. […] Se reporter à un exquis article de Jules Tellier (Parti national, du 2 octobre 1888).

1661. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Peut-être en prendrait-il son parti, maintenant qu’on lui a dit sur tous les tons que la pièce était originale et belle. […] Très apprécié et très aimé dans le petit monde des poètes, il n’était pas encore très connu du public, bien qu’il écrivît depuis un an, au Parti national, de très élégantes et pénétrantes chroniques sur les choses littéraires. […] J’imagine qu’en sortant hier de l’Odéon telle jeune fille qui jusque-là avait obstinément refusé un « parti avantageux », a dû dire à ses parents : « J’ai réfléchi, je ferai ce que vous voudrez. » Ses parents n’y ont rien compris ; mais je connais, moi, son secret. […] Pour moi, bien que j’aie toujours été aussi anti-boulangiste que possible, pour des raisons très simples qui me paraissent très fortes et qui n’ont rien de littéraire, je prends aisément mon parti de votre succès, par amitié pour vous et principalement par curiosité ; et je sens que je vous suivrai, dans votre nouvelle carrière, avec le plus vif intérêt.

1662. (1921) Esquisses critiques. Première série

* *    * Nous ne sommes point l’ennemi des partis pris, et ne voulons point reprocher à M.  […] Son dessein n’était pas de peindre la vie sans parti pris, mais au contraire d’en donner une image qui fût conforme à ses partis pris. […] Sans plus de vie propre que les marionnettes, elles n’ont rien de leur pouvoir d’évocation et, quelles que soient les possibilités qu’elles puissent contenir, nos auteurs ne sont jamais parvenus à en tirer un parti saisissant. […] Il n’a rien d’un impressionniste, ne se croit pas tenu de tirer un parti esthétique de toutes ses remarques, et critique même avec vivacité les auteurs qui veulent, comme les Goncourt, placer toutes leurs notes dans leurs romans .

1663. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Je ne sais si c’est cette apparence quasiment claustrale et plus quartier Saint-Sulpice que quartier Latin, proprement dit, qui épouvanta ou du moins inquiéta les plus jeunes d’entre mes amis ; toujours est-il que mes « jours », partis de mon entrée en ces nouveaux et légèrement réfrigérants foyers (si je puis employer une pareille antithèse) perdirent beaucoup de leur animation, vu le nombre de plus en plus restreint de mes visiteurs du mercredi soir. […] Le lendemain, j’empaquetai mes effets, et je partis de la gare de King’s Cross pour Sibsey, la station la plus proche de Stickney, où le domestique et le cabriolet du directeur devaient m’attendre. […] Je pris ensuite le parti de rire de ces choses, et formai même, de ces témoignages d’art enfantin anglais, une intéressante collection dans son genre, que j’ai longtemps conservée. […] Nous en étions également attristés et je partis presque en larmes, non sans avoir serré chaudement la main de ces excellentes gens et embrassé les enfants, en particulier Lily, que j’appelais à demi sérieusement mon petit miracle.

1664. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Les anciens Grecs prirent leur parti de ces conventions et les firent très larges. […] Il a été l’ennemi résolu du christianisme, il faut en prendre notre parti. […] … « Ce Mathan a été autrefois du parti de Juda. […] J’ai pris le dernier parti, par respect même pour la mémoire du bon géant et par scrupule de conscience. […] Edmond de Goncourt avait été un sage, il en eût pris son parti ; il en eût appelé, une lois pour toutes, à l’équitable ( ? 

1665. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

À cet article, nous avons noté que le Dante n’eut que lui seul pour défenseur de ses travaux et de sa personne, contre la triple persécution des injustes partis et de la critique perfide. […] Qu’ils réfléchissent au parti qu’a su tirer le talent de Virgile des minutieuses circonstances qui occasionnèrent l’établissement des petites peuplades d’où la puissance romaine devait sortir. […] Gardons-nous de nous laisser séduire à de semblables modèles ; et si nous voulons prendre l’exemple d’un bon épisode dans la Henriade, relisons le combat du vieux et du jeune d’Ailly : cet incident sort bien du sujet d’une guerre civile : il met bien en action la plus philosophique leçon qu’il faille en tirer : là le fils et le père ont l’épée à la main l’un contre l’autre : là le père immole son enfant, qu’il méconnaît dans les rangs du parti contraire ; et là l’enfant eût égorgé son père méconnu de même, si celui-ci n’eût remporté le premier une détestable victoire. […] Innocents de l’attentat commis par le fils d’un roi qu’ils respectent, ils en seront les victimes plutôt que d’abaisser leur fierté naturelle à subir les fers et les châtiments de l’étranger ; l’héroïsme des deux partis doit intéresser tous les cœurs vraiment nobles et droits.

1666. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Si ma première lettre vous a amusé, je me louerai fort d’avoir pris le parti de vous continuer ces confidences. […] Il appartient par ses opinions au parti républicain, quoiqu’en général les écrivains ne se mêlent que fort peu à la politique. […] Jal a pris le parti de parler de lui dans tout ce qu’il écrit, et de placer partout et à tout propos ce prénomw possessif qui est de si mauvais goût chez un écrivain.

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Werther est artiste ; au milieu de toutes ses expansions et ses abandons, il a souci de son talent : en face de cette belle vallée, par une matinée du printemps, il ne songe pas seulement à en jouir, il songe à en tirer quelque parti comme peintre, et, s’il reste inactif, il a du regret : Je suis si heureux, mon ami, dit-il54, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence que mon talent en souffre.

1668. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Je l’ai perdu de vue après quelques années, et, parti un matin comme pour une absence passagère, il ne m’est plus revenu.

1669. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Transfuge, comme en latin Transfuga, est quiconque quitte son parti pour suivre celui des ennemis. » Pour que ce mot s’établît de plain-pied et d’un si prompt accord, il fallait peut-être que l’idée de patrie elle-même fût bien établie, et encore mieux qu’elle ne l’était il y avait environ un siècle, du temps du connétable de Bourbon.

1670. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

On prend son parti de ne pas voir en Du Bellay un prochain archevêque : il avait, malgré ses plaintes et ses désirs, un rôle plus à sa portée ; et, même disgracié du sort, même chétif et malade, même confiné dans son petit Liré, pour peu qu’il eût eu quelques années encore, il aurait su trouver assurément dans sa sensibilité et dans son talent aiguisé de souffrance quelque œuvre notable de poésie.

1671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

on trouve de tout temps en tête des partis populaires un patricien dissolu et brillant, qui renie sa caste et gagne la faveur de la foule : à Rome Catilina, César ; des exemples sans nombre dans les républiques italiennes ; les Guises en France, Retz et Beaufort, D’Orléans, Mirabeau.

1672. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Je partis plein de confiance dans sa bonté.

1673. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Quel que soit le parti qu’on prenne à l’avenir pour ces comptes rendus, et la question dût-elle être de nouveau soumise au Sénat, il n’est pas moins vrai que ce qui s’est passé précédemment a été le commentaire extérieur le plus intempestif, le plus maladroit, le plus maussade, à la loi sur la presse qui était proposée et qui allait se discuter dans le même temps.

1674. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Les femmes, femmelettes et jusqu’aux femmes de chambre s’y feraient hacher… Ce parti s’est grossi des honnêtes gens du royaume qui détestent les persécutions et l’injustice. » — Aussi, quand toutes les chambres de magistrature, jointes aux avocats, donnent leur démission et défilent hors du palais « au milieu d’un monde infini, le public dit : Voilà de vrais Romains, les pères de la patrie ; on bat des mains au passage des deux conseillers Pucelle et Menguy et on leur jette des couronnes »

1675. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il était suivi de trente hommes de son parti, marchant un peu en arrière, destinés à porter la main sur les officiers de la Signoria.

1676. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Le dépit, le découragement, en face d’une cabale chaque jour plus ardente, le poussèrent à ce parti extrême.

1677. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Emmanuel Chabrier a tiré un admirable parti de ces situations si franches et si claires.

1678. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Quant à la morale de ces fables, elle n’est guère que locale, parce que les personnages sont des gens de parti.

1679. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Voilà un auteur qui eût été bien surpris si on lui avait dit qu’un siècle après sa mort, on le priserait, non comme le meilleur défenseur qu’ait eu le parti des ducs et pairs, mais comme un grand écrivain.

1680. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Faut-il maintenant, prenant parti pour l’idéalisme, conclure avec Berkeley que, comme nous ne connaissons que des idées, les objets doivent être identifiés avec les idées, et que le esse des objets, pour nous, c’est percipi ?

1681. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Zaïre est tiré en parti de l'Othello de Shakespear.

1682. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître.

1683. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Cependant, moi septième, avec six guerriers intrépides, j’irai défendre les sept portes de nos murailles. » Mais, Etéocle parti, les lamentations recommencent.

1684. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Or elle offre, entre toutes les autres, un exemple admirable du parti qu’un groupe social peut tirer de l’idée religieuse, soit ici de l’idée chrétienne, comme instrument de règne.

1685. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

De là, mon souvenir est allé à ma première jeunesse, à mes séjours chez cet oncle Alphonse, né pour être un oratorien, et que les circonstances avaient fait négociant en Angleterre, et qui, après avoir été à peu près ruiné par un associé, tout à coup parti pour les Grandes Indes, s’était retiré avec un Horace et une giletière, dans une petite propriété du Loiret.

1686. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

En sociologie, la complexité et la mobilité plus grandes des faits obligent à bien plus de précautions, comme le prouvent les jugements contradictoires dont le même phénomène est l’objet de la part des partis.

1687. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Nous ne pouvons douter qu’il ait pleinement tiré parti de cela, lorsque nous lisons ses livres, car chaque volume de la série des Rougon-Macquart est une orgie de vision matérielle.‌

1688. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il ne s’agit pas seulement d’avoir de bons yeux, ni myopes, ni presbytes, voyant de loin, voyant de près, voyant juste et rapidement, et une âme claire, qui ne déforme pas l’image ; il faut entendre par là une acuité de tous les sens, la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, une aptitude singulière à toutes les perceptions externes dont l’art peut tirer parti, et à laquelle se joint, ordinairement, la mémoire spéciale des images.

1689. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Il faut en prendre son parti.

1690. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Cependant ils ont été utiles à notre scene lyrique par le parti ingénieux qu’a su en tirer un de nos plus agréables Poetes modernes*.

1691. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Comme il était arrivé jadis aux Romains, dans leurs premiers combats de mer contre Carthage, les galères des deux partis se heurtant et s’accrochant avec des crampons de fer, le combat était devenu souvent un duel de pied ferme et corps à corps, où les vieilles bandes d’Espagne, les Italiens et les Grecs vainquirent, après cinq heures de mêlée.

1692. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Je parus ; deux pages in-8 ; il s’agissait de tirer parti de ce succès. […] Il travaillait beaucoup et avait une peine infinie à tirer un parti pratique d’une production acharnée. […] dans un jour saumâtre, fumeux, un matin jaunâtre et moite ; enterrement simple, sans aucune tenture à la porte, hâtivement parti à huit heures, sans attendre un instant quelque ami retardataire, et nous étions si peu derrière ce cercueil : Émile Laforgue, son frère, Th.  […] Coppée, parti des vers de Sainte-Beuve, non sans rapport avec Brizeux, chantait les Humbles et tentait l’épopée familière, que M.  […] On les pourrait diviser en deux classes : les sociologues et les moralistes ; et, parmi ces deux classes, distinguer deux partis : ceux qui règlent l’avenir d’après les hommes calmes et conservateurs du passé ; ceux qui l’entrevoient à la lumière des rêveurs généreux et des progressives déterminés du même passé !

1693. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il y a, certes, à en tirer parti. […] — et je souris amèrement en voyant comme le temps y avait rendu les arbres drus, et comme il avait renforcé leurs feuillages…   … L’autre semaine, je partis pour une douce vallée, qu’illustra, au commencent du siècle dernier, le séjour d’un grand écrivain, beau ténébreux classico-romantique. […] De cette façon, le style de Diderot leur sera profitable ; car, — c’est son Neveu de Rameau qui nous l’affirme : — « On tire parti de la mauvaise compagnie comme du libertinage ; on est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés ». […] Je partis. […] Dans l’après-midi, je partis le long du rivage et j’arrivai en un lieu de sable fin où poussent des bouquets d’herbes marines, pâles et mélancoliques.

1694. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Ce fut donc autour d’une illusion raisonnable que se fit la cristallisation du succès, et les beaux esprits n’eurent pas à rougir de leur parti. […] Entre deux partis extrêmes, il y a toujours une opinion moyenne. […] Les Jésuites, prenant le parti de la liberté, ne faisaient que se ranger à l’opinion commune. […] Parti d’un principe faux, le casuiste a trouvé une conséquence tolérable. […] S’il prenait, en ces conjonctures si graves pour un croyant, parti contre le pécheur qui se veut absous, il serait un juge d’instruction, un procureur, un sergent d’armes ou un bourreau, non pas un prêtre.

1695. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Elle n’a point odoré, elle n’a point avalé, elle n’a point bu, elle est restée immobile sur ces tas de blé et y serait assurément morte de faim, si je n’eusse pris le parti de la faire manger moi-même. […] Dès lors, on comprend son office ; par suite, on comprend sa construction, sa distribution, ses combinaisons les plus simples, et même on peut les concevoir d’avance, car elles sont réglées en vue de cet office. — Soit dans le membre inférieur gauche un point irrité : il est utile que le membre, en se déplaçant, puisse écarter la cause d’irritation ou s’écarter d’elle ; pour cela, il faut qu’un nerf afférent AC, parti du point irrité, aille rejoindre la cellule, et que cette cellule, par un nerf efférent CE, communique avec les muscles du membre ; c’est la disposition nerveuse élémentaire — Il est utile que le membre inférieur droit puisse en cette occasion collaborer avec le gauche ; pour cela, il faut que la cellule C du côté gauche communique avec une autre cellule C′ du côté droit, que celle-ci soit également pourvue d’un nerf efférent C′E′, que ce nerf se termine dans les muscles du membre inférieur droit.

1696. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Vendredi 22 juillet L’anarchie aura une grande force, elle verra venir à elle, toutes les déséquilibrées, toutes les folles, toutes les hystériques, qu’a eues, dans le principe, pour lui le christianisme, et qu’aucun parti politique n’avait pu jusqu’alors enrégimenter, comme ouvrières et martyres. […] » Zola reprenant brutalement : « Il ne s’agit pas de couleur… ici, c’est un remuement des âmes qu’il faut peindre… Eh bien, oui, ce spectacle m’a empoigné de telle sorte que, parti pour Tarbes, j’ai passé, deux nuits entières, à écrire sur Lourdes. » Puis dans la soirée, il parle de son ambition de pouvoir parler, des essais qu’il fait de sa parole, jetant à sa femme, comme avec un coup de boutoir : « Des romans, des roman », c’est toujours la même chose ! 

1697. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Et c’est, sans doute, partagé entre le scrupule de s’en tenir aux jets natifs de son âme, et celui d’affecter une contenance artistique trop étudiée, qu’un beau jour, Rimbaud, reniant tout ce qu’il avait fait, mais ne pouvant se résoudre à le faire autrement, prit le parti de ne plus rien faire du tout. […] Pacifiste durant la première guerre mondiale, Arcos n’adhère après la guerre à aucun parti, mais continue à se définir comme internationaliste.

1698. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

  Voilà donc l’auteur de Cruelle énigme parti pour le nouveau monde. […] En observant la tendance de l’opinion publique, ici à l’Ouest, il n’est pas difficile de s’apercevoir que l’un et l’autre des deux grands partis politiques du pays seront bientôt forcés d’accepter les principes de cette grande et toujours croissante foule profondément convaincue que si l’on permet que la moralité publique dégénère, le fondement d’un État libre succomberait aussi, et l’anarchie usurperait le trône de la liberté. […] Ils hésitent, ne savent que se dire, puis, brusquement prennent un parti. […] En 1515, un parti, « qui pouvait passer alors pour le parti national », désirait l’ordre dans les finances, la régularité dans l’administration et dans la justice, la discipline dans l’armée, la dignité dans nos relations avec les peuples étrangers. […] En 1598, c’est encore ce même parti national, républicain (comme on disait alors pour indiquer le souci de la chose publique), qui dicte à Henri IV les deux principaux articles de son programme : 1º l’établissement de l’unité au dedans par la tolérance religieuse et par la disparition des communautés particulières : 2º la grandeur de la France au dehors par l’abaissement de la maison d’Espagne, par la protection des protestants de Hollande et d’Allemagne et enfin par d’indépendance à l’égard du Saint-Siège.

1699. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Sous ce gouvernement fort et victorieux, dans ce silence absolu de toute discussion politique sérieuse, on avait pris le parti, quand on le pouvait, de jouir de la vie, du soleil de chaque matin, de rêver la paix et d’en prélever les douceurs.

1700. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Et ici se serait placée probablement son étude de l’homme, l’analyse des sens et des passions, la connaissance approfondie de notre être, tout le parti enfin qu’en pourront tirer bientôt les habiles et les sages.

1701. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Plus heureux que le Dante toscan, on sent le bonheur intime à travers ses rugissements de poète indigné ; car Laprade n’a connu ni les odieuses vengeances des partis politiques, ni l’exil, ni le veuvage du cœur ; heureux fils, heureux amant, heureux père !

1702. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

On sait, ou on ne sait pas comment tout cela, si bon et si consolant sous l’Assemblée constituante, c’est-à-dire sous la France représentée, s’est brouillé sous l’Assemblée législative, représentation des partis qui ne sont plus la France, mais le fantôme de la France de 1793.

1703. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Ce fut un vendredi aussi que tu partis pour la Bretagne.

1704. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il y avait parmi eux des hommes de tous les partis.

1705. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Ne pouvant les suivre dans leurs utopies, il songeait, dans sa force, ou si l’on veut dans sa faiblesse, à tirer d’eux un utile parti ; avec ces hommes de foi, qu’il avait sous les yeux, il songeait à faire de l’art ; il ne s’abandonnait pas à leurs idées, il voulait seulement, comme un miroir fidèle, réfléchir leur image : il travaillait à son Mahomet 6.

1706. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

La vénalité de Barthélemy, qui servit plusieurs partis contraires d’une plume étincelante, ne suffit pas à justifier son oubli.

1707. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Ces réserves faites, je demeure partisan des prix littéraires, si je considère qu’ils permettent tout de même d’aider quelques écrivains, mais je suis moins ferme en mon parti quand j’examine les mœurs qu’ils ont introduits, ou développés et exaspérés, chez certains auteurs et certains éditeurs, quand je prévois quels instruments d’injustice fatale ils peuvent devenir pour ceux qui n’en ont point obtenu.

1708. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ainsi, ce qui importe le plus pour se faire entendre, ce n’est pas de posséder une voix forte et puissante, c’est de savoir tirer parti de celle qu’on a, quelque défectueuse qu’elle soit.

1709. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Qui ne sait, en effet quel parti Montaigne a tiré de la lecture de Plutarque ?

1710. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Il ne la reprenait pas, ne se cachait pas d’elle ; il ne sortait pas du parti inébranlable qu’il avait pris de n’admettre son existence que comme une abstraction.

1711. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

2° Bernhard Fœrster : Programme pour le parti conservateur de la Prusse proposé par Paul de Lagarde.

1712. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Sa logique subtile et ingénieuse apporterait à une doctrine aimée bien des conséquences intéressantes ; mais comme il serait heureux qu’on lui fournît les principes premiers… Rien n’est plus curieux que la transition que traverse Mauclair depuis quelques années et je sais peu de spectacles plus beaux que son pèlerinage : parti d’un individualisme dont la noblesse le touche encore mais qui exige décidément trop de vigueur isolée et raidie, il va, non sans regret pour ce qu’il laisse, vers un altruisme qui semble lui promettre des joies moins rudes et de laisser son sacrifice moins inutile.

1713. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Le parti des universitaires, des académiques, des faiseurs d’éloges des morts, des critiques, des non producteurs d’idées, des non imaginatifs, choyé, festoyé, gobergé, pensionné, logé, chamarré, galonné, crachaté, et truffé et empiffré par le règne de Louis-Philippe, et toujours faisant leur chemin par l’éreintement des intelligences contemporaines, n’a donné, Dieu merci, à la France ni un homme, ni un livre, ni même un dévouement.

1714. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

L’histoire d’une langue n’est que l’histoire de déformations successives, presque toujours monstrueuses, si on les juge d’après la logique de la raison ; — mais la faculté du langage est réglée par une logique particulière : c’est-à-dire par une logique qui oublie constamment, dès qu’elle a pris son parti, les termes mêmes du problème qui lui était posé.

1715. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Ceux qui ont pris parti pour l’ode, et qui lui donnent le premier rang dans la poësie, s’imaginent qu’elle ne doit chanter que les loüanges des dieux et des héros ; et ils tirent de ces sujets mêmes à quoi ils la bornent, une preuve de sa dignité.

1716. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je partis seul, suivi de mes trois chiens.

1717. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Cependant tous nos héros de théâtre sont atteints de cette espèce d’égarement ; ils raisonnent, ils racontent même, ils arrangent des projets, s’objectent des difficultés qu’ils lèvent dans le moment, balancent différents partis et des raisons contraires, et se déterminent enfin au gré de leurs passions et de leurs intérêts ; tout cela comme s’ils ne pouvaient se sentir et se conseiller eux-mêmes, sans articuler tout ce qu’ils pensent.

1718. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Par exemple, lorsqu’il dit que la raison de l’homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l’existence de Dieu, on triomphe, on s’écrie qu’il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal.

1719. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Impossible à nier, cette particularité dans le génie de Pindare peut seule expliquer ce que j’ose appeler la mort de ses œuvres, que les traductions les mieux faites et la connaissance plus profonde et plus répandue de la langue grecque ne parviendront pas à ranimer, Il faut en prendre son parti : Pindare, malgré des qualités nettement supérieures, est un poète dont le sens intime est perdu.

1720. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Parti comme sergent de réserve au 102e d’infanterie, il fut blessé, dès le 16 septembre 1914, à Tracy-le-Mont, puis à son retour au front nommé sous-lieutenant au 67e d’infanterie, qu’il rejoignit aux Éparges.

1721. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

On peut conjecturer qu’il fut chef du parti du peuple, lorsque Athènes était gouvernée par l’aristocratie, et que ce conseil fameux qu’il donnait à ses concitoyens (connaissez-vous vous-mêmes), avait un sens politique plutôt que moral, et était destiné à leur rappeler l’égalité de leurs droits.

1722. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

« C’est, dit-il, parce que je sais toute la part que le hasard a sur nos déterminations politiques que j’ai toujours été sans préjugés et fort indulgent sur le parti que l’on avait suivi dans nos convulsions ; être bon Français ou vouloir le devenir était tout ce qu’il me fallait. » (Mémorial, t.  […] J’étais excédé de démarches mutiles, d’espoirs trahis, et enfin, à bout de patience, je pris donc la lettre que l’on m’offrait pour Déjazet, et je partis pour Seine-Port ! […] Mais il faut savoir tout entendre, souffrir la contradiction, ne terroriser ni l’art ni la pensée, laisser les amateurs de théâtre goûter en paix les spectacles qui leur plaisent le mieux, ne point imposer à l’histoire, qui est incertaine et douteuse de sa nature, l’esprit de parti et les opinions des sectaires, et se résigner enfin à ce que la Révolution, dont on n’a pu constituer la légende divine, soit discutée comme un événement immense pour le monde entier, mais humain et naturel. […] Pour toutes ces raisons, il était favorable aux catholiques et il laissait voir son sentiment autant que l’état des partis le lui permettait. […] Ainsi qu’il est d’usage dans les guerres fratricides, il faut que chaque parti songe à choisir un insigne distinctif, une fleur, par exemple.

1723. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

On en a vite pris son parti. […] Il est, paraît-il, très Norvégien par la surcharge des détails et les brumes volontaires qu’il laisse flotter sur certaines régions, et le parti qu’il a tiré des légendes de son pays et des caractères locaux. […] Or, comme son enseignement est inépuisable, il nous apprend aujourd’hui à ne juger que d’après nous-mêmes, à n’admettre que ce que nous avons compris, soumis à notre équation individuelle et morale, à repousser tout préjugé historique, tout esprit de parti, toute main brutale mise sur nos opinions, nos façons de sentir et de voir la vie passée. […] Intimement persuadé que l’homme souffre surtout de deux maux, la crainte de la mort, l’inhabileté à tirer parti des richesses qui l’environnent, il propose hardiment ses remèdes. […] Le pays, le pouvoir semblaient un enjeu que les partis de cour se disputaient par un échec compliqué et retors.

1724. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

En voici le résumé : 1º Les destructions nécessaires (les citations qui suivent sont empruntées aux manifestes officiels du parti) : Abolition de l’« esclavage féminin » ; Affranchissement de la femme « actuellement humiliée, livrée comme une proie à l’insatiable égoïsme du maître » ; Lutte contre le préjugé relatif à la prétendue « infériorité des femmes » ; Abolition du « monopole masculin », en vertu duquel on institue des Parlements, des Tribunaux, des congrès diplomatiques, des assemblées d’actionnaires, des conseils généraux ou municipaux, exclusivement composés de mâles ; Lutte contre l’« iniquité de nos lois qui font de tous les hommes les patrons de toutes les femmes et permettent d’abuser, d’exploiter, d’opprimer l’être humain… » ; La femme ne doit pas « rester dans la société l’être inférieur terrorisé par la brutalité masculine ». […] Edward C…, avocat de la reine, homme considérable et charmant, très initié aux élégances parisiennes, orateur lorsqu’il parle anglais et causeur exquis dès qu’il emploie notre langue, me montre en détail l’installation de ce club, principal rendez-vous du parti conservateur. […] La mère, veuve d’un professeur de Cambridge, déjà âgée, appartient à un parti politique très avancé et développe ses théories, plusieurs fois par mois, dans des réunions publiques. […] On n’a pas envie de faire des grimaces, d’aiguiser des « traits » ni de débiter un boniment divisé en réguliers paragraphes, lorsqu’on rencontre, au détour d’un chemin, du côté d’Arkhangelskj ou de Nijni-Novgorod, un troupeau de Samoyèdes conducteurs de chiens et pasteurs de rennes, des Finnois au teint blanc et aux yeux bleus, des paysans et des popes qui fuient devant la famine et le typhus, ou bien quelque parti de cavaliers tcherkesses, batteurs d’estrade et voleurs de chevaux, ou bien encore des Tatares au crâne rasé, aux oreilles écartées, aux yeux inquiets. […] Partis de grand matin, après avoir fait nos dévotions à l’autel des Douze dieux, nous avons marché pendant quatorze cent quatre-vingt-cinq stades.

1725. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Désormais il a pris son parti, il veut être sauvé coûte que coûte. […] « Quoique la discipline de l’Église fût renversée402, dit Neal, il y avait un esprit extraordinaire de dévotion parmi le peuple dans le parti du Parlement. […] La Restauration allait se discréditer, la Révolution allait se faire, et sous le progrès insensible de la sympathie nationale, comme sous l’essor incessant de la réflexion publique, les partis et les doctrines allaient se rallier autour du protestantisme libre et moral.

1726. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ces petites & inutiles querelles, que la jalousie & l’esprit de parti font naître entre petits Ecrivains qui prennent chacun de leur côté un ton avantageux, sont aussi ridicules que honteuses ; car il s’agit le plus souvent de rimes, d’hémistiches, d’un mot déplacé, &c. […] Son incapacité s’accommode des brusqueries ; &, sa paresse le mettant hors d’état de porter un Arrêt exact & motivé, il veut quelqu’un (dût-il en être trompé) qui le décide & qui lui fournisse périodiquement une petite sentence meurtrière, qui lui épargne l’ennui d’applaudir à tout ce qui se fait de bon : emploi vraiment triste & décourageant ; car s’il faut louer quelque chose à Paris, ce ne doit être que par communication, par signal, par esprit de parti, & tout ce qui n’est pas divin, comme l’a dit Helvétius, est nécessairement détestable. […] c’est elle seule qui fait qu’au-lieu de s’attacher à réfuter les opinions dangereuses, on insulte à ses contemporains ; c’est elle seule qui fait croire qu’on peut se bâtir une renommée en dénigrant ses rivaux : mais, tel que par une foiblesse lâche nous voulons rabaisser, vaut mieux que nous(37) ; nous ne sommes jamais dans le point de vue nécessaire pour nous appercevoir & nous bien apprécier : laissons donc chaque écrivain vivre en paix & déployer ses talens, sans chercher à les dépriser ; l’esprit de parti n’agit que pour un instant.

1727. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Force nous est donc d’en prendre notre parti. […] Il ne faut pas dire : sa structure étant telle, il en a tiré tel parti. Le parti qu’il en tirera est au contraire ce qui a dû déterminer sa structure ; en tout cas, le fil conducteur de la recherche est là.

1728. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

I Celui-ci dissident, pamphlétaire, journaliste, romancier, tour à tour marchand de bas, fabricant de tuiles, comptable dans les douanes, fut un de ces infatigables travailleurs et de ces obstinés combattants, qui, maltraités, calomniés, emprisonnés, à force de probité, de bon sens et d’énergie, parvinrent à ranger l’Angleterre de leur parti. […] Elle n’entraîne pas, on lui voit toujours à la main son catéchisme de bienséances ; elle n’invente pas son devoir, elle suit une consigne ; elle n’a pas l’audace des grands partis pris, elle a plus de conscience et de fermeté que d’enthousiasme et de génie1066.

1729. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Au moment où le royaume se divisait en deux partis, dont l’un voulait faire une république et l’autre conserver la monarchie, il se hâta de rappeler au peuple les anciennes obligations qu’il avait à son roi. […] Dans les jours de désordre, on ne vous demande pas de suivre votre conscience, mais de suivre un parti.

1730. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

On se risque, on se compromet pour des chances de places futures, on se dévoue pour un parti qui représente l’avenir. […] À peine y a-t-il deux ou trois fous, deux ou trois enthousiastes gratis dans un parti, et si le hasard vous les fait rencontrer, c’est bien extraordinaire, si vous ne vous apercevez pas que ce sont des imbéciles.

1731. (1925) Proses datées

Il n’en manquait pas, d’ailleurs, et quand il s’y mêlait un chanteur ou un pianiste, Mme Leconte de Lisle, en bonne maîtresse de maison, se hâtait d’en tirer parti. […] Et c’est injustement où Balzac apparaît prestigieux, dans la façon dont il sut toujours, au milieu des pires occurrences, tirer parti de lui-même et tourner au profit de son œuvre tout ce qui eût dû la contrecarrer. […] Il s’y plaît volontiers, car il y trouve l’occasion d’exercer à la fois son esprit de critique et son esprit de parti. […] En effet, les adversaires même du romantisme reconnaissent la nécessité et l’utilité de sa présence et admettent les ressources qu’il apporte en sensibilité, en pittoresque, en mouvement, la riche et abondante matière qu’il offre, la liberté d’expression qu’il permet, et dont c’est au classicisme à tirer parti en imposant à ces éléments de vitalité et de passion sa discipline et sa méthode, son ordre et son harmonie, en refrénant ses écarts et en modérant ses audaces.

1732. (1891) Esquisses contemporaines

Toutes les convictions particulières, les principes tranchants, les formules accusées, les idées infusibles ne sont que des préjugés utiles à la pratique, mais des étroitesses de l’esprit… Les partis politiques, religieux, esthétiques, littéraires, sont des ankylosés de la pensée. […] Mais la dictature, à son tour, ne saurait subsister que par des armements formidables, dont les frais écrasants tarissent les ressources d’une nation, et par des guerres de conquêtes également ruineuses pour l’un et l’autre parti. […] Cependant, comme il rachetait ce qu’il y avait en lui de raideur calviniste par un savoir solide et une ardeur infatigable aux études théologiques, alliés à une lucidité d’esprit et de diction qu’on trouve rarement ensemble, surtout chez un jeune étudiant, je le pris en affection et j’augurai qu’il serait appelé un jour, à la tête du parti franchement conservateur, à vivifier en France la science protestante si profondément engourdie… Scherer passa trois ans dans cette Société, et quoique nos opinions, malgré les nombreuses discussions engagées sous ma présidence, ne nous aient pas rapprochés sur le terrain de la théorie confessionnelle, l’intérêt que je prenais à un élève si évidemment hors ligne me faisait sentir de plus en plus qu’il y avait quelque chose qui au fond m’unissait à lui. » Scherer obtint son baccalauréat théologique en 1839 et se maria peu après. […] Veuillot et le Parti catholique, etc…, il en interroge les manifestations, il en expose les péripéties et les chances.

1733. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il est vrai qu’il est bien curieux, le mécanisme de ce circulus vital qui, parti de la sensation, y retourne éternellement et nécessairement ! […] Albalat avait lu la Chanson de Roland, il en aurait tiré plus d’un parti, et sa thèse, que les grands écrivains s’imitent les uns les autres, aurait pu se trouver renforcée de quelques bons arguments, C’est en effet dans la traduction de Génin que Victor Hugo trouva le germe de ces périodes énumératives dont il a tant abusé dans ses dernières œuvres. […] Cet orfèvre, même sur un champ aussi restreint que le dos d’un peigne de chignon, a su tirer parti d’un motif fort différent, le corps de la femme. […] Le parti que prend la circulaire est le plus mauvais, s’il n’est pas le plus ridicule.

1734. (1897) Aspects pp. -215

Zo d’Axa, cet homme bizarre, content d’être lui-même, sans étiquette de parti, sans accointances politiques, cet anarchiste hors de l’Anarchie réglait la danse. […] bien, puisque vous rendez tout un parti responsable des actes d’un seul homme et que vous frappez en bloc, nous aussi nous frappons en bloc… Il faut que la Bourgeoisie comprenne bien que ceux qui ont souffert sont enfin las de leurs souffrances : ils montrent les dents et frappent d’autant plus brutalement qu’on a été plus brutal avec eux. […] À partir de cette époque Bakounine est en but [sic] aux mauvais procédés, aux traîtrises et aux calomnies du parti marxiste. […] Partis de la famille unique, séparés, dispersés en tribus plus tard, heurtés par des haines fratricides, ils tendaient, malgré tout, à redevenir l’unique famille. […] Enfin, si l’on coupa le col à ce pauvre diable de Louis XVI, elle put revendiquer une large part de responsabilité dans cette vivisection opérée par les Bourgeois de 1793 et que les Bourgeois d’aujourd’hui déplorent afin de détourner le peuple de leur en faire autant quand viendra pour eux le moment de rendre des comptes c’est-à-dire d’entrer en relation avec cette guillotine dont ils tirèrent et dont ils tirent encore un si charmant parti.

1735. (1774) Correspondance générale

Vous vous êtes plaint, à ce qu’on m’a dit, que vous n’aviez pas entendu parler de moi au milieu de l’aventure scandaleuse qui a tant avili les gens de lettres et tant amusé les gens du monde ; c’est, mon cher maître, que j’ai pensé qu’il me convenait de me tenir tout à fait à l’écart ; c’est que ce parti s’accordait également avec la décence et la sécurité ; c’est qu’en pareil cas il faut laisser au public le soin de la vengeance ; c’est que je ne connais ni mes ennemis, ni leurs ouvrages ; c’est que je n’ai lu ni les Petites Lettres sur de grands Philosophes 30, ni cette satire31 dramatique où l’on me traduit comme un sot et comme un fripon ; ni ces préfaces où l’on s’excuse d’une infamie qu’on a commise, en m’imputant de prétendues méchancetés que je n’ai point faites, et des sentiments absurdes que je n’eus jamais. […] C’est bien dommage que cela n’ait pas paru plus tôt ; j’en aurais tiré bon parti. […] Le seul parti que la critique pourrait tirer de son travail, ce serait d’en faire une bonne lettre qu’il enverrait à celui qu’il appelait à Paris son ami. […] Je plains cet homme de déchirer ceux dont les conseils lui apprenaient peut-être à tirer un meilleur parti de son talent. […] Je vous croyais bien convaincu de la gloire qui en résulterait pour Sa Majesté Impériale, mais pas assez de l’avantage qui en reviendrait à vos établissements, et j’étais incertain sur le dernier parti que vous prendriez.

1736. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Quelque parti que nous prenions, quelles que soient les recherches savantes et archéologiques dont nous nous fassions guider, jamais notre scène, avec ses personnages de création toute poétique, ne nous offrira un tableau véritable de la vie antique ; pas plus d’ailleurs que les personnages héroïques qu’ont peints Homère et Eschyle n’ont jamais ressemblé aux êtres historiques dont un savant moderne, dans sa foi ardente, exhume les restes à Mycènes et à Troie. […] Cette modification de costume (celle que j’indique ou toute autre produisant un effet analogue) concorderait avec la série des actes accomplis par Théramène ; et, lorsqu’il se présente devant les spectateurs, son aspect seul indiquerait qu’il n’est pas demeuré dans le palais, et que, parti avec Hippolyte, il a précipité son retour pour apprendre à Thésée la mort de son malheureux fils. […] Il faudrait dans ce but prendre le parti d’une mise en scène spéciale et sommaire qui permît de faire à vue, entre les tableaux d’un même acte, tous les changements de décorations nécessités par les changements de lieux. […] On attend le roi, celui en qui se résume les espérances de tout un parti. […] L’art, parti du particulier et du relatif, doit donc aboutir au général et à l’absolu ; et par suite le poète, après avoir soigneusement pris ses types dans la réalité, doit tendre à l’idéal, c’est-à-dire à dégager l’être humain de toute contrainte sociale et à débarrasser les passions des masques sous lesquels cette contrainte les force à se cacher et à se dérober aux regards.

1737. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Le directeur de la Revue et moi, nous profitâmes donc d’un moment où il était absent de Paris pour brusquer en apparence et faire passer l’article, dont il n’aurait ensuite qu’à prendre son parti.

1738. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Jamais et nulle part ils ne l’ont été si habituellement et au même degré. « Pour un homme de science et de génie, dit un voyageur anglais, ici le principal plaisir est de régner dans le cercle brillant des gens à la mode456. » Tandis qu’en Angleterre ils s’enterrent morosement dans leurs livres, vivent entre eux et ne figurent dans la société qu’à la condition de « faire une corvée politique », celle de journaliste ou de pamphlétaire au service d’un parti, en France, tous les soirs, ils soupent en ville, et sont l’ornement, l’amusement des salons où ils vont causer457.

1739. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Bateau parti.

1740. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

A tout le moins ce sont des compagnons de route, qui, partis du même endroit que nous-mêmes, se sont arrêtés avant la fin du chemin, et nous ont laissés prendre l’avance ; on peut les observer sans déchoir. — Et l’on est tenté de les observer.

1741. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

C’est dans ses écrits, chez Sainte-Beuve, chez les critiques allemands que le lecteur verra tout le parti qu’on peut tirer d’un document littéraire ; quand ce document est riche et qu’on sait l’interpréter, on y trouve la psychologie d’une âme, souvent celle d’un siècle, et parfois celle d’une race.

1742. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

CXXXIII — Je leur dis alors, comme on parle dans le délire de la fièvre, tout ce qu’on peut dire quand on a perdu sa raison et qu’on n’écoute rien de ce qui combat votre folie par des raisons, des caresses ou des menaces, que mon parti était pris ; que si Hyeronimo devait mourir, il valait autant que je mourusse avec lui, car je sentais bien que ma vie serait coupée avec la sienne ; que des deux manières ils seraient également privés de leurs deux enfants ; que, vivant, il aurait peut-être besoin de moi là-bas ; que, mourant, il lui serait doux de me charger au moins pour eux de son dernier soupir et de prier en voyant un regard de sœur le congédier de l’échafaud et le suivre au ciel ; que la Providence était grande, qu’elle se servait des plus vils et des plus faibles instruments pour faire des miracles de sa bonté ; que je l’avais bien vu dans notre Bible, dont ma tante nous disait le dimanche des histoires ; que Joseph dans son puits avait bien été sauvé par la compassion du plus jeune de ses frères ; que Daniel dans sa fosse avait bien été épargné par les lions, enfin tant d’autres exemples de l’Ancien Testament ; que j’étais décidée à ne pas abandonner, sans le suivre, ce frère de mon cœur, la chair de ma chair, le regard de mes yeux, la vie de ma vie ; qu’il fallait me laisser suivre ma résolution, bonne ou mauvaise, comme on laisse suivre la pente à la pierre détachée par le pas des chevreaux, qui roule par son poids du haut de la montagne, quand même elle doit se briser en bas ; que toutes leurs larmes, tous leurs baisers, toutes leurs paroles n’y feraient rien, et que, si je ne me sauvais pas aujourd’hui, je me sauverais demain, et que peut-être je me sauverais alors trop tard pour assister le pauvre Hyeronimo.

1743. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

C’est le moment de sa vie où le dégoût de l’esprit de parti et l’horreur des compétitions de pouvoir entre les Médicis et leurs rivaux le rejetèrent de plus en plus dans la pure passion de la liberté républicaine.

1744. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Je n’en veux pour preuve que le morceau, si souvent cité et avec raison, de la mort de Raoul : cet Ernaut de Douai qui fuit devant Raoul, la main coupée, demandant grâce à son impitoyable ennemi, secours à tous les amis qu’il rencontre, reprenant haleine, chaque fois qu’un baron de son parti arrête Raoul, piquant son cheval avec désespoir, dès qu il voit son défenseur abattu, cette poursuite sans cesse interrompue et reprise, acharnée, haletante, puis Bernier enfin s’interposant, le combat de Bernier contre Raoul, et la mort de Raoul, combat et mort décomposés en chacun de leurs moments avec une vigoureuse précision, la tristesse du vainqueur, et la rage féroce d’Ernaut qui, se voyant sauvé, se venge de ses terreurs récentes sur son ennemi abattu, voilà, à coup sûr, une scène neuve, rare, émouvante.

1745. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Je n’ai pu prendre mon parti de ces séries de vocables qui, étant enchaînés selon les lois d’une syntaxe, semblent avoir un sens, et qui n’en ont point, et qui vous retiennent malicieusement l’esprit tendu dans le vide, comme un rébus fallacieux ou comme une charade dont le mot n’existerait pas… En ta dentelle où n’est notoire Mon doux évanouissement, Taisons pour l’âtre sans histoire Tel vœu de lèvres résumant.

1746. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Les hommes qui feront l’avenir ne seront pas de petits hommes disputeurs, raisonneurs, insulteurs, hommes de parti, intrigants, sans idéal.

1747. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Le mari parti, survient Maximilien, qui rapporte sa bague à la comtesse, et lui présente étourdiment à sa manière, M. 

1748. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Malgré tous leurs enthousiasmes, leur fanatisme, leur idolâtrie, je ne trouve pas au fond d’eux, le deuil des défaites, qui seul peut, selon moi, assurer le retour des partis vaincus.

1749. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Après les Fleurs du mal, il n’y a plus que deux partis, à prendre pour le poète qui les fit éclore : ou se brûler la cervelle…… ou se faire chrétien !

1750. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Deuxième leçon »

Mais, quelque parti qu’on puisse prendre à cet égard par suite des progrès ultérieurs de la philosophie naturelle, la classification que nous établissons n’en saurait être aucunement affectée.

1751. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Béranger mériterait littérairement, par ses chansons non politiques, toute la célébrité que lui a faite l’esprit de parti, le plus bête de tous les esprits.

1752. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Mais vous n’êtes pas en état De passer, comme nous, les déserts et les ondes, Ni d’aller chercher d’autres mondes : C’est pourquoi vous n’avez qu’un parti qui soit sûr ; C’est de vous renfermer aux trous de quelque mur… » Voyez-vous les quatre tableaux qui se succèdent et qui s’enchaînent les uns aux autres, les quatre saisons de la vie rustique dans une chènevière, depuis le moment où l’on sème, c’est-à-dire après l’hiver passé, jusqu’à l’autre hiver, jusqu’au moment où la terre n’est plus couverte par es blés et par les chanvres et que les villageois se livrent aux cruels plaisirs que vous savez Voilà tout un récit rustique.

1753. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

., pour quel parti penche l’auteur de ces descriptions, qui n’a de sympathie que pour les choses visibles qu’on peut retracer ?

1754. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Je partis de l’impression générale qui m’en était restée.

1755. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Souvenez-vous que, parti d’une condition modeste. […] Cela fait songer aux scrupules, aux transes, aux effarements, aux partis pris et aux subterfuges de quelque digne ecclésiastique qui aurait entrepris l’histoire d’un saint un peu gênant et un peu compromettant, aux vertus fortement mélangées de passions humaines, comme il s’en est rencontré. […] Tout le rôle de Caroline, la façon dont son amour pour le marquis naît à son insu et se laisse deviner malgré elle : puis son silence et son courage, sa sérénité dans le devoir, même douloureux ; la mélancolie romantique d’Urbain, ses airs de chevalier de la triste figure, la violence et la profondeur de ses sentiments, jointes à la timidité de son caractère : même ses rêves de grand seigneur philosophe et démocrate ; la générosité brillante et gaie du duc d’Aléria : l’amour d’Urbain, qui, d’abord silencieux et secret, éclate soudainement dans un coup de jalousie : la grande scène entre les deux frères (presque comparable à celle des deux sœurs dans Froufrou) : la manière adorable dont le duc plaide auprès de sa mère la cause des deux amoureux ; par-dessus tout cela, et répandues dans toute la pièce, je ne sais quelle cordialité et quelle douceur ; le plaisir de pouvoir aimer tous les personnages : la confiance qu’il ne leur adviendra finalement rien de fâcheux et que tout s’arrangera selon leur désir, parce qu’ils sont tous bons : l’idée que le sacrifice même a son charme, que la pratique du devoir porte avec soi sa récompense et que, en outre, la destinée se range toujours, après quelques hésitations, au parti de la vertu : la consolation de croire pendant une heure ou deux à la bonté des hommes, à la « justice immanente » des choses et à l’ordre excellent de l’univers… tout cela fait du Marquis de Villemer une pièce très intéressante et très touchante. […] On pouvait (insinuant ainsi dans la parodie un peu de critique presque sérieuse) montrer Pinguet si entreprenant… que Francillon, qui n’a pas tout prévu et qui a d’ailleurs un peu de champagne dans la tête, finit par se venger plus complètement qu’elle ne voulait… Et elle se trouverait d’abord tout sotte, et puis elle en prendrait son parti, et le dénouement de la pièce resterait le même. […] Et cette grosse Mme Courtebec, qui souffle dans l’oreille de son mari l’idée scélérate, et ce gros et pacifique Courtebec qui, une fois parti et le chambertin aidant, ne s’arrête plus dans la voie du crime… ne les avons-nous pas vus sous un autre habit, dans les plus sombres drames ?

1756. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Il faut donc prendre son parti de cet inconvénient, à moins d’être un homme de génie comme Pascal, Mozart, Raphaël ou Bonaparte, qui ont été des petits prodiges avant d’être de grands hommes. […] C’est l’histoire d’un jeune homme, jeune et homme, ce qui n’est plus de mode, dont le cœur est ouvert à tous les sentiments nobles et généreux et que la corruption de nos mœurs politiques, une faiblesse de conscience, il faut le dire, jettent dans le parti contraire à ses convictions. « Méfiez-vous, disait Stendahl, de tout mouvement du cœur qui pourrait vous jeter dans le parti contraire à vos sympathies futures ! 

1757. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

On prétend que le prince de Condé, interrogé par un de ses amis sur ce qui l’avait porté à combattre Louis XIV pendant la minorité de ce prince, répondit par ces deux vers de Du Ryer, faisant allusion à Mme de Châtillon dont il avait été amoureux fou, et qui avait exigé de lui de se jeter dans le parti contraire à celui de la cour. […] la carogne, elle m’a pris par mon faible, la graisse m’en fige encore sur le cœur. » Cette scène, qui dura une heure, et dans laquelle les deux pauvres diables se surpassèrent, amusa tellement Richelieu, le fit rire à tel point, qu’il prit leur parti contre les acteurs de l’hôtel de Bourgogne et qu’il ordonna à ces derniers de s’associer les trois amis, disant qu’on sortait toujours triste de leur théâtre et qu’avec le secours de ces braves gens il n’en serait plus de même. […] De ce jour on vit s’accroître le parti de Racine et s’affaiblir celui de Corneille. […] Boileau, voyant le ton de persiflage de son hôte, ce qui était d’assez mauvais goût de la part de M. de Seignelay, lui répondit : « Si vous voulez que je me fasse comprendre de vous, il faut d’abord que je passe au moins trois jours à vous instruire. » Cette réponse mit les convives du parti de l’auteur de l’Art poétique, et en sortant, Racine s’écria : « Le brave homme que vous êtes, Achille en personne n’aurait pas mieux combattu que vous. » A propos de cet opéra, Boileau disait : « Tous ces faiseurs d’opéra font des vœux pour Quinault ; Quinault est leur modèle : c’est le plus grand parleur d’amour qu’il y ait eu, mais il n’est point amoureux. […] Il était très-fatigué, s’excusa d’être venu si tard, expliquant que parti à onze heures du matin de la rue de Jouy pour se rendre dans l’île Saint-Louis, où demeurait son amphitryon, il s’était trouvé, sans savoir comment, à deux heures, au beau milieu de la plaine d’Ivy, où la faim s’était fait sentir à lui d’une façon irrésistible.

1758. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Conséquence absurde qui dévoile ou la fausseté ou l’abus du principe d’où elle est déduite ; mais elle en est déduite par les mêmes voies que celle à laquelle nous l’opposons, pour détruire, ou du-moins pour contre-balancer l’une par l’autre ; ce qui suffit actuellement pour la justification du parti que nous avons pris sur les genres. […] C’est le parti qu’a pris M. l’abbé d’Olivet, dans son excellent Traité de la Prosodie françoise : le lecteur ne sauroit mieux faire que de consulter cet ouvrage, qui d’ailleurs ne peut être trop lû par ceux qui donnent quelque soin à l’étude de la langue françoise.

1759. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

D’où l’on voit que, parti de l’angle du parallélogramme, il est arrivé à l’angle opposé. […] Parti du point de vue opposé, Stuart Mill arrive à une conclusion semblable.

1760. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Moréas, véritable pèlerin passionné, parti des ̃classiques, revient aux classiques, mais avec une volonté de classicisme épuré, agrandi, progressiste ; de son voyage vers les sables lumineux du symbole — où le Mirage remplace trop souvent, hélas ! […] Certes je n’ai pas grande confiance au vers blanc, cependant je crois assez au génie et aux dons rythmiques de mon vieil ami Frédéric Mistral pour estimer qu’il tirera bon parti de cet instrument douteux.

1761. (1886) Le naturalisme

Un écrivain réaliste se décide à tirer parti du moindre détail observé chez un ami, même chez un indifférent ou un ennemi juré. […] je pense que non ; les partis politiques donnent trop à faire aux Espagnols et les partis littéraires ne les font pas beaucoup réfléchir.

1762. (1896) Études et portraits littéraires

Étranger aux partis, bien que classé dans l’un d’eux par l’opinion, l’auteur a osé mécontenter ceux qui jusqu’alors l’avaient applaudi. […] Les maîtres hommes du « Parti ouvrier » ont leurs portraits dans ce recueil ; — je dis les hommes sans excepter Louise Michel, la pauvre fille « désexuée ». […]   Nous ignorons donc ce qu’elle est, et il en faut prendre notre parti. […] Et, parti de cette image, il esquisse la hiérarchie des dévoreurs de provinces au temps de l’Empire romain.

1763. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

» Et il en prend son parti, ou veut le prendre, en s’endormant tranquille sur cette hypothèse de néant : « L’Être dont nous avons été l’efflorescence passagère a toujours existé, existera toujours. » Ouvrons les Pensées de Pascal, maintenant. […] Ne le voyez-vous pas, ô Pascal, que vous êtes un homme de parti qui cherche à faire des recrues ?  […] Ne faut-il pas chercher là, dans le pessimisme immédiat qui enveloppe cette sombre vue de la vie humaine, le secret du détour inattendu qui fit, du dilettante et de l’esthète des Poèmes dorés, des Noces corinthiennes, de la Rôtisserie, du Lys rouge et de tant de pages exquises un des corvphées du parti des plus brutales revendications sociales ? […] Quand Anatole France écrivait cette phrase que les journaux du parti affichent volontiers en manchette : « L’Union des travailleurs fera la paix du monde », il ne sentait pas autrement.

1764. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

On avait tant insisté sur les désaccords, les bouleversements, les hasards, qu’il y avait nouveauté à la fois et vérité dans ce parti.

1765. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Le duc ou marquis qui siège à la Chambre Haute à côté des évêques a besoin de leurs votes pour faire passer un bill, et de leur assistance pour rallier à son parti les quinze mille curés qui disposent des voix rurales.

1766. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

J’ai fait quelques vers médiocres dans ma jeunesse, et cette célébrité de jeune homme m’ayant appelé à de hautes dignités, dans un âge plus mûr j’ai conquis la bienveillance du pays en vivant et en parlant à l’écart des partis passionnés pour ou contre la révolution de 1830 ; et le jour ayant sonné, et la France périssant dans l’hésitation, j’ai vu l’anarchie sanguinaire prête à s’emparer du pouvoir et j’ai proclamé la souveraineté des peuples et la République conservatrice de la société.

1767. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

L’idée est mûre, les temps sont décisifs ; un petit nombre d’intelligences appartenant au hasard à toutes les diverses dénominations d’opinions politiques, portent l’idée féconde dans leurs têtes et dans leurs cœurs ; je suis du nombre de ceux qui veulent sans violence, mais avec hardiesse et avec foi, tenter enfin de réaliser cet idéal qui n’a pas en vain travaillé toutes les têtes au-dessus du niveau de l’humanité, depuis la tête incommensurable du Christ jusqu’à celle de Fénélon ; les ignorances, les timidités des gouvernements, nous servent et nous font place ; elles dégoûtent successivement dans tous les partis les hommes qui ont de la portée dans le regard et de la générosité dans le cœur, ces hommes désenchantés tour à tour de ces symboles menteurs qui ne les représentent plus, vont se grouper autour de l’idée seule, et la force des hommes viendra à eux s’ils comprennent la force de Dieu et s’ils sont dignes qu’elle repose sur eux par leur désintéressement et par leur foi dans l’avenir.

1768. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il suivait en cela la prescription de saint François de Sales contre les passions, dont on parvient à se défendre, dit ce saint, en parlant fort contre elles, et en s’engageant, même de réputation, au parti contraire.

1769. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

L’Académie française, dans la critique que Richelieu lui commanda de faire du Cid, et qu’elle fit plus modérée qu’il n’eût voulu, crut de bon goût de prendre le parti du devoir contre la passion.

1770. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Une des grandes sagesses de M. l’abbé Loyson a été de résister sur ce point à toutes les séductions et de se refuser aux caresses que le parti avancé ne manque jamais de faire à ceux qui rompent les liens officiels.

1771. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Citons encore L’Art moderne qui ne s’intéressait pas qu’à la seule musique mais prit le parti de l’art contemporain dans tous les domaines et défendit ouvertement Wagner.

1772. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Lamoureux, trop confiant certes en sa puissance, ait refusé le concours direct et personnel de toutes les forces, même modestes, du parti wagnérien ?

1773. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

D’un autre côté, pendant que l’Académie se montroit sourde aux sollicitations de son Secrétaire, des Lettres anonymes, c’est-à-dire, des torrens de fiel, d’injures, & de grossiéretés, sont venues m’exhaler la fureur des subalternes & peut-être même des Chefs du parti offensé.

1774. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Il est vraiment, cet homme ; un gros enfant terrible pour son parti.

1775. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

. — Enfin, entre les vieux dogmes que l’on prétend renverser et l’idéal nouveau que l’on n’aperçoit pas encore, il y a pour beaucoup d’âmes un état de crise vraiment pathétique dont un poète contemporain a su tirer un brillant parti pour son inspiration et l’occasion d’un grand succès, montrant par son exemple que la rénovation de la poésie est possible, à quelles conditions de talent, à quel prix de passion et de science3.

1776. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Pour bien comprendre la différence de la vigueur de ces deux hommes, partis tous les deux du principe de Descartes (l’examen individuel), qui n’était en somme que le principe protestant tombé de l’ordre religieux dans l’ordre métaphysique pour retomber dans l’ordre politique, comme toujours, il n’y a qu’à regarder leur point d’arrivée… Après Rousseau, que n’y a-t-il pas ?

1777. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Saint-Simon est un poète épique ; le pour, le contre, les partis mitoyens, l’inextricable entrelacement et les prolongations infinies des conséquences, il a tout embrassé, mesuré, sondé, prévu, discuté ; le plan exact du labyrinthe est tout entier dans sa tête, sans que le moindre petit sentier réel ou imaginaire ait échappé à sa vision.

1778. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Renouvier, n’a été qu’une conjuration contre la liberté et contre l’existence même. » Montrer d’abord, par une esquisse sommaire des principales conceptions métaphysiques, qu’entre toute spéculation de ce genre et les enseignements de la psychologie, il y a contradiction ; puis essayer d’établir que cette contradiction ne saurait, si l’on ne peut la résoudre, infirmer le témoignage de la conscience ; faire voir enfin le parti que toute spéculation philosophique peut tirer des lumières de cette conscience pour l’ordre de problèmes qu’elle poursuit : tel est le triple objet de notre recherche dans cette troisième et dernière étude.

1779. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Après deux années d’un enseignement où le professeur se cherchait en quelque sorte lui-même, on a bien le droit de lui demander quel il est, quels sont ses principes les plus généraux sur toutes les parties essentielles de la science philosophique, quel drapeau enfin, au milieu de partis qui se combattent si violemment, il vous propose de suivre, jeunes gens qui fréquentez cet auditoire, et qui êtes appelés à partager la destinée si incertaine encore du xixe  siècle. […] Puisque l’esprit de parti nous a si mal réussi jusqu’à présent, essayons de l’esprit de conciliation. […] Voilà le procédé par lequel Descartes, parti de sa pensée et de son être propre, s’élève à Dieu.

1780. (1895) Hommes et livres

Après beaucoup de temps, on s’est aperçu que notre civilisation n’obligeait plus les corps des enfants à se développer comme il fallait : on a pris le parti d’organiser la gymnastique et les jeux. […] Montfaucon prit vite son parti. […] Docile et déposant ses haines, il laisse la main du roi amalgamer et fondre les partis. […] Il est de ce parti modéré qui s’est rallié autour d’Henri IV, qui, suivant la belle parole du chancelier de l’Hôpital, veut abolir ces noms détestables de huguenots et de papistes, pour ne garder que ceux de chrétiens et de Français. […] Chacun a ses fins particulières, difficiles à accorder ensemble. » Et comme on entend qu’il prend son parti d’ignorer !

1781. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Le grand parti whig sembla disparaître, et dans l’année 1799 la plus forte minorité qu’on put rassembler contre le gouvernement fut de vingt-cinq voix. […] Lorsqu’une forme d’esprit arrive à la lumière, elle y arrive de toutes parts ; il n’y a point de parti où elle n’apparaisse, ni d’instincts qu’elle ne renouvelle.

1782. (1896) Le livre des masques

Mais Jean Moréas, qui a rencontré ses amis en chemin, parti de plus loin, s’annonce plus fièrement. […] Il voulut faire le chemin auquel devrait se vouer tout jeune sage ambitieux de devenir un bon harpeur ; il jura d’accomplir le plein pèlerinage : à cette heure, parti de la Chanson de Saint-Léger, il en est, dit-on, arrivé au XVIIe siècle, et cela en moins de dix années : ce n’est pas si décourageant qu’on l’a cru.

1783. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

À Dieu ne plaise que je cherche à tirer aucun parti contre la religion de cette indifférence religieuse, si vainement combattue ! […] » Et le voilà parti pour la maison de M. 

1784. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

« J’ai choisi le parti le plus prudent, naturellement, mais je vous avouerai qu’il m’a beaucoup coûté de quitter mes hommes. […] Je me souviens d’un mot prononcé par un des coryphées de l’école symboliste, et qui pourrait servir de devise à l’histoire d’un parti. […] Une politique fondée sur la suppression du gouvernement des partis devait nécessairement exercer un attrait sur l’esprit du dilettante qui avait en horreur la convention sociale et le sens commun partout où ils montraient leur face. […] est un cri parti du fond de nos cœurs. […] Ils se tiennent modestement en dehors de la lutte des partis et des théories générales sur l’art.

1785. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Les erreurs, les insuffisances, les partis pris, les injustices, les contradictions, les légèretés, j’allais dire les immoralités, que ses ennemis et même ses amis ont pu dénoncer chez Beyle, eurent toujours cette moralité-là. […] — Je cherche le mot dans le dictionnaire et je trouve cette définition : « Qui a un sens caché, relatif aux mystères de la foi. » Suit un exemple tiré d’une lettre de Pascal à Mlle de Roannez : « Il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique. » Quand Péguy reproche aux adeptes de tel ou tel parti de manquer à la mystique de leur doctrine, quand Psichari fait dire à Nangès que l’armée a sa morale à elle et sa mystique, ils entendent bien affirmer que notre activité, pour être complète, doit avoir un sens caché et impliquer une foi. […] Mais si ce discernement le rend plus lucide qu’un autre sur la genèse d’une œuvre, il n’a pu lui-même construire ses propres livres qu’avec des partis pris. […] Certes, il a des partis pris à vaincre parfois, — il est homme, et homme de lettres, — mais lisez l’article qu’il a écrit sur la mort de son pire ennemi, Balzac. […] Au lieu de s’avouer ses insuffisances, il s’est tendu à les cacher, à tous, et d’abord à lui-même, en affirmant ses partis pris, tous aveugles, avec une superbe qui étonna.

1786. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

La variété humaine qui découvrit le feu disparut peut-être sans avoir tiré un grand parti de son invention mais d’autres variétés se développèrent successivement, posant, chacune à leur tour, une des assises du temple. […] Andrew Lang en a tiré parti dans Myth, Ritual and Religion. […] Dans l’un et l’autre cas, ils ont pris parti contre la foule. […] Si Jean-Jacques Rousseau avait pu connaître la civilisation lacustre, quel parti n’en aurait-il pas tiré pour sa théorie de l’homme primitif !

1787. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Mon père voyant les choses pacifiées, les bâtards réduits, punis, envoyés en prison ou exil, et tout leur parti débellé, ce qui fut une des grandes opérations de son ministère, il ne voulut pas aller plus loin ni mêler des intérêts particuliers sur motifs des grands coups qu’il frappa.

/ 1939