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1338. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

* * * — Un véritable homme de lettres, que notre vieux Tourguéneff. […] Là-dessus le nom de Rouher est prononcé par Hébrard, et Spuller de soutenir, avec une certaine animation, que Rouher n’a jamais été qu’un habile causeur d’affaires, tandis que le véritable orateur de l’Empire a été Billault, que lui a supporté le poids des affaires les plus importantes, comme la question romaine.

1339. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Cette révélation par la raison, cette idée moderne, quoique appelée l’idée française, ne datait ni de Descartes ni de Malebranche, ces philosophes français ; elle datait, selon nous, de Bacon, en Angleterre, ce véritable Archimède de la philosophie raisonnée. […] XVI Quoi qu’il en soit, cette révolution, pour laquelle la France depuis deux siècles semblait avoir façonné sa langue claire, forte, polémique, oratoire, se concentra tout à coup avec toutes ses idées et ses nobles passions intellectuelles dans l’Assemblée Constituante, assemblée la plus littéraire qui ait jamais existé, véritable concile œcuménique de la raison humaine en ce moment.

1340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

On lit dans la premier volume des Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de bien étonnants détails sur les nominations de généraux, et même de généraux en chef, qui se faisaient alors ; il y a surtout la nomination d’un certain général Carlin ou Carlenc, mis à la tête de l’armée du Rhin sur le refus de tous les autres : c’est une véritable scène de comédie.

1341. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

et l’homme qu’il se propose en exemple n’est-il pas l’homme réel et véritable, et non celui d’un système ou d’un rêve ?

1342. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Turgan, directeur du Moniteur, avait pour objet bien moins de louer tel ou tel roman d’un de nos amis que de replacer la question littéraire et d’art sur son véritable terrain.

1343. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Thiers a le droit d’appeler une véritable « cécité morale » pour ne pas mieux entrer dans l’esprit de sa mission.

1344. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Mais le grand philologue de Leyde, qui était son véritable ami, qui entretenait avec lui un commerce de lettres, qui se plaisait à être son hôte dans ses voyages à Paris, saurait dire mieux que personne et dans leur juste mesure les qualités précises et multiples de celui qu’il distinguait et estimait entre tous.

1345. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

— Ainsi parle M. de Pongerville dans la préface qui précède sa traduction ; mais, depuis Louis XIV, l’admirable poème de la Nature des choses était tombé dans un véritable discrédit.

1346. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Jean Passerat, l’un des auteurs de la Satyre Ménippée, était encore le seul, avant Béranger, qui eût imprimé au couplet, au quatrain politique, une véritable perfection littéraire.

1347. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Cette perception du grotesque et du mal est un véritable progrès, un premier pas fait hors du simple idéal de quinze ans vers les mécomptes de la réalité ; seulement elle tourne d’abord au faux, en revêtant une enveloppe à part, difforme, monstrueuse, imaginaire, là aux feux du climat calciné des tropiques, ailleurs dans les grottes rigides de l’Islande.

1348. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Sabbatier mettent en avant à tout propos, Cabanis, Tracy, Garat, Ginguené, Daunou, Laromiguière, et quelques autres ; mais ces hommes n’étaient pas tous aussi unanimes que de loin, en les rangeant de front sur la même ligne, on voudrait nous le faire croire ; mais surtout ils n’ont pas eu de postérité littéraire et philosophique digne d’eux, et ceux qui se sont portés comme héritiers directs de leurs traditions les ont dès longtemps compromises en les rapetissant et en les outrant avec un véritable fanatisme.

1349. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Dans son morceau sur l’influence méridionale, sur la sonorité harmonieuse et un peu vaine de la langue et de la mélopée des troubadours, dans les hautes questions qu’il a posées sur les conditions d’une véritable et vivante épopée, dans sa définition brillante et presque flatteuse du peintre exclusif et du coloriste, il s’est montré un juge supérieur jusqu’au sein du panégyrique, et en même temps la plus religieuse amitié n’a pas eu un moment à se plaindre ; car s’il a eu le soin de maintenir et comme de suspendre ses critiques à l’état de théorie, il a mis le nom à chacun de ses éloges.

1350. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

L’antiquité dans ses grandes écoles, le Moyen-Age et la Scolastique, la Renaissance et les hardis rénovateurs italiens, ont été successivement mis en lumière, interprétés selon leur véritable esprit ; et dans ces voies diverses où s’avance chaque jour une studieuse élite, on retrouve partout à l’origine le passage lumineux, le signal et l’impulsion du maître.

1351. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Mais ç’a été un beau et véritable succès, un succès invincible dont l’étreinte dramatique n’a épargné personne là présent.

1352. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

L’Irlande, menacée d’une véritable mise hors la loi, a l’allure plus effervescente, plus insurrectionnelle que jamais.

1353. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Gogol me dit avoir trouvé à Rome un véritable poëte, un poëte populaire, appelé Belli, qui écrit des sonnet dans le langage transtévérin, mais des sonnets faisant suite et formant poëme.

1354. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Ce que je crois plutôt, c’est que les détracteurs du système de la perfectibilité de l’espèce humaine n’ont pas médité sur les véritables bases de cette opinion.

1355. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Mais il leur sera beaucoup pardonné, parce que l’on voit en eux une émotion véritable.

1356. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Si l’on comparait le sort des hommes éclairés sous Louis XIV, avec celui que leur préparait la violence révolutionnaire, tout serait à l’avantage de la monarchie ; mais quel rapport pourrait-il exister entre la protection d’un roi et l’émulation républicaine, lorsqu’elle prendrait enfin son véritable caractère ?

1357. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Et ainsi la littérature est un instrument de culture intérieure : voilà son véritable office.

1358. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Diderot est le véritable créateur du théâtre allemand : les théories et les drames de Lessing en viennent.

1359. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

On suppose ce qui est en question, en établissant que le véritable intérêt, que le vrai bonheur d’un individu consiste à faire ce qui est utile à la société ; et partant de là, on déclare que tout individu qui agit différemment ne recherche qu’un faux bonheur et qu’il faut l’empêcher de nuire ainsi aux autres et à lui-même.

1360. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Le chrétien véritable est bien plus dégagé de toute chaîne ; il est ici-bas un exilé ; que lui importe le maître passager de cette terre, qui n’est pas sa patrie ?

1361. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

Ne rien posséder fut le véritable état évangélique ; la mendicité devint une vertu, un état saint.

1362. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

. ; ainsi, en voilà 200 000 que j’ai à votre service. » Je prie de remarquer ce mot à votre service : il veut dire : pour vous aider à me trouver une terre à acheter, ce qui montre que Gobelin était un véritable agent de madame Scarron103.

1363. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Il vit avec sa femme dans une petite tourelle, se repaissant des Chroniques de l’œil-de-bœuf, si bien qu’il se croit un véritable intendant du xviiie  siècle, se croise les bras, ne surveille pas le moins du monde les foins ni quoi que ce soit au monde, occupé toute la journée à faire virevolter entre ses doigts un lorgnon prétentieux.

1364. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Pour le seul mot clematis vitalba ou clématite, en véritable français, viorne, du latin viburnum, il n’y a pas dans la langue et dans les dialectes moins d’une centaine de noms34 ; en voici quelques-uns, parmi lesquels on pouvait choisir : aubevigne, vigne blanche, vignolet, fausse vigne, veuillet, vioche, vigogne, viorne, vienne, vianne, viaune, liaune, liane, viène, vène, liarne, iorne, rampille, et des mots composés très pittoresques : barbe de chèvre, barbe au bon Dieu, cheveux de la Vierge, cheveux de la Bonne Dame, consolation des voyageurs 35.

1365. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

La loi véritable, la voici : tout ouvrage de l’esprit doit naître avec la coupe particulière et les divisions spéciales que lui donne logiquement l’idée qu’il renferme.

1366. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

Selon ce grand homme, il est prouvé « qu’une légère teinture de philosophie peut conduire à méconnaître l’essence première ; mais qu’un savoir plus plein mène l’homme à Dieu152. » Si cette idée est véritable, qu’elle est terrible !

1367. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Entre ces deux hommes, si différents en apparence, il s’établit promptement une véritable intimité, qui eut sa source dans le besoin que Mirabeau, dévoré de la soif de la gloire littéraire, avait du talent de Chamfort ; et dans l’amour-propre de Chamfort, que savait si bien caresser l’homme le plus habile qui fut jamais à se faire des amis de ceux qui pouvaient lui être utiles.

1368. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Cependant le véritable caractère d’une loi est d’être immuable, et non pas d’être transitoire ; d’être d’une application générale, et non point de ne recevoir que des applications particulières, locales et catégoriques.

1369. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Quand a-t-on vu, en effet, toutes les affections plus détournées de leurs véritables objets ?

1370. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

En effet, il n’y avait pas dans cet ouvrage que des détails de mœurs à animer, des faits à grouper et à décrire, enfin de la tapisserie historique à nous dérouler avec ses premiers plans et ses perspectives ; il y avait aussi de véritables questions d’histoire à toucher, à pressentir ou à résoudre, d’autant plus difficiles et plus hautes, ces questions, que l’histoire qu’écrivait Daumas n’était pas faite, mais qu’elle se faisait, et qu’il fallait pour récrire la sagacité des historiens contemporains, — les premiers des historiens quand ils sont un peu supérieurs, — qui jugent les événements et leurs résultats dans le coup de la mêlée, tandis que les historiens d’une époque finie les jugent tranquillement après coup.

1371. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Seul de tous les souverains, Louis XIV, dont Richelieu et Mazarin avaient préparé la besogne de roi absolu, fut noblement désintéressé dans son action contre le duel, et seul il se montra, dans toute la prudente et sévère beauté de cette fonction auguste, un véritable législateur !

1372. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Et tout de même que les disciplines de guerre les plus dures sont les mieux entendues et produisent toujours les résultats les plus grands, tout de même les autres disciplines, qui produisent, dans les sociétés comme dans les armées, la solidarité, la cohésion, l’efficacité du commandement et l’ascendant moral, — la seule raison véritable qu’on puisse donner de ce mystère de la victoire, — font les peuples les plus forts et les plus glorieux.

1373. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Manquant, comme les démocrates grecs, du véritable instinct politique, méconnaissant la réalité de leur temps comme les Grecs méconnaissaient la réalité du leur, ils établissent entre les gouvernements et les nations modernes, et les gouvernements et les nations de l’antiquité, un rapport qui n’a jamais existé que d’eux seuls à cette partie de l’antiquité, morte !

1374. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Supposez-le protestant, vous avez un roi plus populaire que Guillaume qui ne le fut jamais, — un roi brave, un homme de mer qui avait la poésie des batailles gagnées, — un véritable Anglais, enfin, dans toute la grandeur, la noblesse et la force qu’on prête à ce mot.

1375. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Ce grand spectacle de l’ensemble et de l’unité de l’Europe aurait replacé, pour l’historien des Pyrénées, dans leur véritable perspective les hommes, les événements et les choses de cette encoignure historique, qu’il nous a grossis parce qu’il les a regardés de trop près, et il n’eût pas fait l’honneur d’une si longue et si pieuse histoire à ces bouillonnements de peuplades, écumant ici ou là, un instant, aux avant-postes des vraies nations, de ces nations aux pieds de marbre qui constituent l’Europe actuelle, et qui n’ont point passé entre deux soleils !

1376. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

« Pour un prince déjà pauvre, — dit Lecoy de la Marche, — ayant une expédition maritime, des luttes à soutenir en Italie, et des charges de toute espèce, c’était là un véritable désastre, et jamais sa position financière ne devait s’en relever. » Et, de fait, elle ne s’en releva pas, et jusqu’à l’heure où elles lui tombèrent du front, il resta embarrassé et empêtré dans ses couronnes, ce Roi qui finit par les perdre, et par les perdre avec tout ce qu’il fallait pour les conserver !

1377. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Si elle cherche vainement dans les résultats connus de l’Économie politique l’étoffe d’une véritable science, elle ne nie pas et n’écarte point, avec un dédain étourdi, les obligations qu’on peut avoir à l’Empirisme.

1378. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

la véritable et la seule originalité de Gœthe, de cet Allemand qui, comme les autres Allemands, était idéaliste et poète, c’est d’avoir, Ixion infidèle, quitté la nuée pour embrasser la terre ; c’est d’avoir fait de la vie un art, bien plus qu’il n’a fait de l’art une vie ; c’est de s’être préoccupé, jusqu’à nous en faire mal au cœur, de l’utilité et de la pratique ; de jouer, enfin, au petit Machiavel, même littéraire, en n’étant qu’un petit Jérémie Bentham.

1379. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

M. de l’Espinois a fait un véritable herbier des altérations de texte, des ignorances, des oublis et des faussetés de ce savant M. 

1380. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Une fois le fond du livre écarté, les qualités qui resteront pour le défendre n’imposeront point par leur éclat aux véritables connaisseurs.

1381. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Ce n’est plus là seulement un ouvrage agréable ou piquant comme cette notice biographique dont nous venons de rendre compte, mais c’est un livre dans lequel on constate une véritable supériorité.

1382. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

La véritable gloire de saint Anselme est d’avoir donné à tous les fidèles de son temps, du haut d’une position qui leur imposait et les entraînait, l’exemple du respect de l’obéissance poussé jusqu’au fanatisme, mais à un fanatisme pour la première fois désintéressé.

1383. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Son système, véritable effort d’esclave qui fait de la métaphysique comme le noir fait de la canne à sucre, ira rejoindre les autres systèmes de métaphysique qu’a vus passer le monde, dans ce vaste cimetière d’éléphants où ils gisent tous, oubliés ; mais on en rapportera les choses d’esprit comme des ivoires.

1384. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

D’ailleurs, ce travail, qui a un autre but que d’expliquer les procédés de l’art oratoire et d’en mettre les beautés en lumière, sera la preuve d’un fait qu’il faut incessamment rappeler aux peuples affolés de l’art de bien dire, comme le sont les peuples vieux et impuissants ; c’est que l’éloquence véritable, celle que les âges n’éteignent point en passant sur elle, exprime toujours, je ne dis pas seulement une conviction… qu’est-ce que la conviction d’un homme ?

1385. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

L’abbé Christophe est un véritable historien par le renseignement, par la science, par la recherche vigilante de cette pointe écachée, aussi bien dans l’histoire qu’ailleurs, et qui désespérait Pascal.

1386. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Assurément, la féconde et véritable métaphysique n’est point dans l’étude acharnée de l’abstraction, et si elle y était réellement, comme on a l’air de le croire en Europe depuis Bacon et surtout depuis Descartes, qu’on le sache bien !

1387. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Dans Fleur de Tombe (une véritable création en vingt vers !)

1388. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

De temps en temps, une Revue, à laquelle il faut rendre cette justice qu’elle n’a pas cessé d’être littéraire quand la littérature véritable, la littérature désintéressée n’avait pas une pierre pour reposer sa tête, L’Artiste, publiait des vers charmants à faire presque croire qu’Alfred de Musset vivait toujours… Ces vers, qui, d’ailleurs, ne jouaient ni au pastiche, ni au mystère, ces vers sincères, étaient sincèrement signés de ce nom euphonique de Saint-Maur, qui, du moins, n’écorchera pas la bouche de la gloire, si cette renchérie se donne la peine de le prononcer !

1389. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Nonobstant ces causes d’insuccès actuel, Didier n’a pas hésité à réimprimer un livre qui n’a pas eu son jour encore et qui n’a réussi que parmi les esprits fins, choisis, connaisseurs, antidatés, mais qui sont les véritables précurseurs des succès durables.

1390. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

C’est un Turenne du peuple, sans génie, sans bâton de maréchal resté dans la giberne pour donner raison à Louis XVIII, et aussi sans la piété du grand Turenne, qui lui aurait ôté, s’il l’avait eue, cet air triste qui ne lui va pas, pour mettre à la place l’air serein, le véritable air d’une figure, d’une vie, d’une conscience comme la sienne ; car le scepticisme qui nous déborde, et qui n’a pas fait de foi aux plus grandes âmes, a versé son ombre et sa misère sur les fronts les mieux nés pour être sereins.

1391. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Ils savent toujours quel devoir doit céder à l’autre, et les Inspirés, ces héros de l’esprit, n’hésitent pas non plus ; car la vocation véritable, — j’entends celle-là dans laquelle la volonté et ses ahans ne sont pour rien, — la vocation est une despote impérieuse , qui n’en souffre pas une autre à côté d’elle.

1392. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Puis, ce qu’il eut de candeur et de véritable piété me touchait malgré moi ; et je connaissais de nouveau que cet homme, de qui l’on peut croire que tant de maux publics ont découlé (à son insu, il est vrai, et principalement après sa mort) fut sans doute un pécheur, et finalement un fou, mais non point du tout un méchant homme, et qu’il fut surtout un malheureux. […] Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet pour des vérités historiques (à la bonne heure), mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels, plus propres à éclairer la nature des choses qu’à en montrer la véritable origine, et semblables à ceux que font tous les jours nos physiciens sur la formation du monde. […] Cette comédie nous découvre mieux qu’aucune autre la véritable vue dans laquelle Molière a composé son théâtre. […] Vous ne sauriez me nier deux choses : l’une, qu’Alceste dans cette pièce est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l’autre, que l’auteur lui donne un personnage ridicule. […] En sortant de mes mains, il ne sera, j’en conviens, ni magistrat, ni soldat, ni prêtre ; il sera premièrement homme : tout ce qu’un homme doit être, il saura l’être au besoin aussi bien que qui que ce soit ; et la fortune aura beau le faire changer de place, il sera toujours à la sienne… Celui d’entre nous qui sait le mieux supporter les biens et les maux de cette vie est à mon gré le mieux élevé, d’où il suit que la véritable éducation consiste moins en préceptes qu’en exercices.

1393. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Mais on peut se demander si c’est là l’état véritable de la passion. […] Elles sont purement affectives et ce n’est qu’après une longue éducation qu’ils nous donnent de véritables connaissances. […] Or, cela seul est l’objet d’un véritable désintéressement, qui n’a pas de réalité concrète. […] Ce sont des histoires qui racontent et classent certains faits, mais non de véritables sciences. […] À ce quelque chose de mobile, de nuageux, le mot vient donner un corps, une véritable solidité.

1394. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Tout cela vient comme se grouper et se construire autour de l’idée politique, qui est l’idée centrale, pour la soutenir, la fortifier et lui faire honneur, pour montrer qu’elle se rattache à l’ensemble véritable des choses et que toute vérité y aboutit. […] C’est bien lui qui montre, de l’ancienne constitution française ramenée à son véritable esprit, quel gouvernement pondéré, souple, fort, aisé et libéral pouvait sortir. […] Et voilà, ce me semble, le véritable effet tant du Génie du christianisme que de l’Allemagne. […] Voyez donc sous quelles espèces nous apparaît, plus près de nous, un patriote, très véritable et très sincère, de 1825 ou 1828 ? […] Les suites véritables n’en ont point paru tout d’abord.

1395. (1927) André Gide pp. 8-126

Cependant, je me souviens que dans les milieux symbolistes où je fréquentais alors, on avait su tout de suite qui était l’auteur véritable, et bien que le hasard ne m’eût point permis de rencontrer M.  […] L’excès est souvent marque de disette et la véritable abondance entraîne une sorte de pondération. » Que cela est juste et bien dit ! […] André Gide prétend n’avoir rencontré aucune pensée véritable ni même aucune compétence philosophique. […] Gide pousse plus loin l’équivoque et veut passer pour un véritable chrétien.

1396. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Quelle est donc la véritable raison de la supériorité du peuple attique ; et pourquoi a-t-il atteint le premier chaque point de perfection dans les arts imitateurs dont il nous a transmis les types et les modèles ? […] La plupart de ses images cessent d’être fausses et exagérées, pour qui les envisage sous leur véritable aspect. […] Combien n’a-t-on pas sujet d’apprécier, en y réfléchissant, le pouvoir d’un véritable auteur comique dont la seule plume a souvent effacé d’un trait les bizarreries qui défiguraient la société ! […] Elle entend dire chaque jour qu’il n’y a plus de véritables hommes dans le gouvernement ; et puisqu’il n’y en a plus, c’est aux femmes à gouverner. […] Sa prompte sagacité décèle jusqu’aux moindres intentions du poète, et lorsqu’il prétend à lui plaire, à l’égayer, son meilleur parti est de ne satiriser que le vice, l’extravagance, et la sottise véritable.

1397. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

et les contes moraux de Marmontel ; car les contes de Voltaire sont de véritables et admirables satires. […] » Véritable parole d’un Grec. […] C’est que la vie, dans ce qu’elle a de beau, d’éclatant, de lumineux, est le véritable fond de la poésie. […] Cependant, le Voltaire de Houdon est devenu le Voltaire véritable. […] Cette vie tout entière est écrite dans le journal qu’il a fondé, la Quotidienne, un noble et imprévoyant recueil, qui réunit à toute la loyauté de véritables gentilshommes, toutes les déceptions d’une opinion qui n’a jamais été même un parti.

1398. (1921) Esquisses critiques. Première série

D’autres penseurs catholiques, Lacordaire par exemple ou Joseph de Maistre, n’ont pas redouté de faire allusion au véritable athéisme, et à reconnaître sa profonde sincérité. […] Les premières œuvres contiennent quelque chose d’involontaire et de subi, qui, lorsque l’auteur s’en est dépouillé, fait mieux apercevoir la nature de sa personnalité et la direction de ses véritables recherches. […] Si c’est au reste un succès véritable que mériter l’estime, peut-être a-t-il de quoi les satisfaire. […] Un véritable homme de théâtre peut-il sans rougir employer de pareils procédés ? […] Dans Papa, le véritable sujet, qui est la rivalité d’un père et de son fils, n’apparaît qu’au cours du dernier acte.

1399. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Je ne puis me rappeler sans un véritable attendrissement nos bonnes, nos interminables conversations qui venaient très souvent faire une délicieuse diversion, dans ma chambre d’alité, à mes insupportables souffrances. […] une véritable campagne autour de mon « entrée » dans divers hôpitaux plus ou moins inexactement cités, chacun à son tour, les uns que les autres. […] Il m’avait, dès le principe, plu par sa gaieté de bon aloi, son esprit des plus fins et la vaste étendue pour un si jeune homme, d’une véritable érudition sans la moindre pédanterie, qui ne lui servait qu’à baser et solidifier en quelque sorte une conversation étincelante « à la Mercutio », comme on l’a dit excellemment, et qui fut un des charmes de cet être charmant. […] — le fatras de préjugés amassés par l’esprit encyclopédique sur l’origine de notre civilisation ; qu’il dégage enfin, — et je crois bien qu’il est le premier, — le véritable caractère de la Renaissance. […] Quelles comédies, quelles tragédies pour faire suite à la véritable grandeur de nos tragédies, à nos comédies, à nos comédies formidables !

1400. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Je ne crois pouvoir rien ajouter à ce qu’il dit sur la véritable cause de la décadence des esprits ; c’est son plus remarquable chapitre. […] Une juste dialectique vous convainc froidement : une véritable éloquence vous persuade et vous ravit. […] On en parle avec indifférence comme d’un livre raisonnable que chacun se rappelle d’avoir une fois lu ; mais, à mon gré, ce même livre est un trésor de bons préceptes, et le code véritable de la poésie française. […] Mais les causes successives de ses afflictions ne se joignent à ce tissu que par un enchaînement de scènes épisodiques, dont les objets, trop passagers, s’entrecoupent, se nuisent, et ne forment pas une véritable action. […] Ils furent plus jaloux d’observer les proportions véritables du fait d’où résulte la grandeur des effets que d’affecter l’exacte soumission à une règle qui eût rétréci le sujet.

1401. (1888) Portraits de maîtres

Nous n’avons tenu à leur montrer les véritables Maîtres de notre siècle que pour les désigner à leur imitation féconde, à leur émulation passionnée. […] Il éprouva, comme tous ses contemporains, l’influence du fabuleux et brumeux Ossian, non sans puiser en même temps une véritable éducation poétique dans Fénelon, le Tasse, Racine. […] De pareils excès n’appartiennent qu’aux grandes âmes ; ils ne sont pas à la portée des âmes médiocres, véritable rebut et fléau de notre temps. […] Il y a donc un artiste dans Béranger, moins savant que ceux qui sont venus depuis, mais un véritable artiste de style et pour la rime et le rythme le premier en date. […] Voilà tout au contraire la véritable analyse d’une œuvre et d’un talent, l’analyse patiente, sagace, complète.

1402. (1901) Figures et caractères

Non seulement elle brisa sa vie en pleine fleur et interrompit sa pensée en pleine sève, mais elle manqua même lui escamoter la gloire véritable et réduire la sienne à la célébrité d’un fait divers de l’histoire. […] On lui en veut plus de ses désillusions que de ses maux véritables. […] Il est un des plaisirs du voyage qui en a d’autres encore, car les deux terres de Belgique et de France sont si liées, si assorties d’esprit et de goût qu’il y a entre elles une véritable parenté artistique. […] A ce compte le véritable Décadent serait le faiseur de tragédies de 1810 ou le fabricateur de poèmes didactiques de la même époque. […] Là il y eut véritablement entente étroite et ressemblance véritable.

1403. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Diderot, Apologie pour l’abbé de Prades], le cartésianisme était là, qui n’attendait que le moment d’entrer dans la place, un cartésianisme dégénéré, si l’on veut, de la vraie pensée de Descartes, mais un cartésianisme logique, logiquement déduit des principes du philosophe ; et c’est ici le temps de montrer sa véritable influence. […] Vous avez contre vous maintenant l’écrivain, le véritable écrivain, le grand écrivain, qui avait manqué jusqu’alors au cartésianisme ! […] ou combien, depuis Amyot, de véritables « historiens » ? […] Racan, dans sa Vie de Malherbe] ; — et qu’il est étrange à cet égard que les Banville et les Gautier de nos jours n’aient pas reconnu en lui leur véritable ancêtre. […] La Bruyère]. — Mais où il a réussi moins encore qu’ailleurs, c’est contre les médecins ; — et justement, c’est depuis qu’il les a poursuivis de ses plaisanteries que les médecins sont devenus de véritables directeurs de conscience. — S’il faut conclure des échecs de Molière que l’art ne doive avoir d’autre objet de lui-même ?

1404. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il y a dans les fleurs des couleurs brillantes et des beautés qui sont de véritables dégénérations déguisées. […] Oui, lorsque j’ai eu le malheur de faire cette analyse funeste, je m’en confesse à moi-même comme d’un péché, d’un crime véritable, et je ne m’absous pas, et il faut que je retrouve un de mes amis avant la fin du jour pour réparer ma faute en lui faisant quelque amitié.

1405. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

J’ai d’elle, en ce moment, sous les yeux, de véritables trésors épistolaires, des lettres intimes adressées à son frère, à sa sœur, à sa nièce, à d’autres personnes amies, et dans lesquelles se révèlent à chaque ligne la délicatesse morale, la piété, la charité naturelle de cette belle âme condamnée à un travail incessant et à des inquiétudes sans fin pour la subsistance des siens et pour la nourriture de sa chère couvée. […] Ses lettres à Mme Valmore, d’un ton vif et résolu, presque viril, la font voir sous ce jour, — un fidèle et brave cœur, d’une affection active, et sur qui l’on pouvait compter ; et Mme Valmore le lui rendait par un véritable culte de reconnaissance : « (7 avril 1847)… Cette bonne lettre me trouve au milieu de nouvelles et vives afflictions. — A peine avais-je été frappée de la perte foudroyante de M.

1406. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Cahen, véritable miroir du mot par le mot, nouveau jour jeté sur la Bible. […] IX Mais le véritable Te Deum de David, que les commentateurs ont placé sous le nombre 18 de ses chants lyriques, est celui qu’il écrivit et chanta après les victoires qui lui donnèrent le trône.

1407. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Son rôle n’a que la parade de la véritable grandeur d’âme. […] La soudaineté de la chute, l’incertitude prolongée, les vicissitudes de crainte et d’espérance, la bataille qui se livrait aux portes et dont ils étaient le prix sans même voir les combattants, les coups de canon, la fusillade retentissant dans leur cœur, s’éloignant, se rapprochant, s’éloignant de nouveau comme l’espérance qui joue avec le moment, la pensée des dangers de leurs amis abandonnés au château, le sombre avenir que chaque minute creusait devant eux sans en apercevoir le fond, l’impossibilité d’agir et de se remuer au moment où toutes les pensées poussent l’homme à l’agitation, la gêne de s’entretenir même entre eux, l’attitude impassible que le soin de leur dignité leur commandait, la crainte, la joie, le désespoir, l’attendrissement, et, pour dernier supplice, le regard de leurs ennemis fixé constamment sur leurs visages pour y surprendre un crime dans une émotion ou s’y repaître de leur angoisse, tout fit de ces heures éternelles la véritable agonie de la royauté.

1408. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Même il est vrai que Villehardouin était plus près de la véritable histoire : pour toutes les qualités solides et essentielles, la Chronique de Froissart est un recul plutôt qu’un progrès. […] Une soixantaine de ses discours nous sont parvenus dans leur forme française, sermons prononcés devant la cour entre 1389 et 1397, ou prêchés à Saint-Jean en Grève, entre 1401 et 1414, harangues ou propositions adressées au roi ou au peuple, le plus souvent au nom de l’Université, et qui ont un caractère de circonstance, une couleur politique : il faut y joindre le plaidoyer pour l’Université, véritable sermon développé en Parlement sur le texte : Estote miséricordes.

1409. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Or le véritable Horace fut, en littérature, le plus hardi des révolutionnaires. […] Or, le véritable Horace a bien pu se qualifier lui-même, par boutade, de pourceau d’Épicure : vous savez que l’épicurisme n’est nullement la philosophie des refrains à boire ; et celui d’Horace est, finalement, d’un stoïcien qui n’avoue pas.

1410. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ceux-ci, après avoir libéré le rythme, l’ont ensuite laissé trop souvent dégénérer, s’amoindrir, se désagréger, au point qu’un grand nombre d’entre eux paraissent avoir oublié la force propulsive qu’il donne au vers, dont il demeure en somme le véritable fondement. […] Les deux éléments de Rythme et d’Harmonie que Pindare et Sapho juxtaposaient pour ainsi dire, lorsqu’ils ajoutaient au vers les gloses de la musique proprement dite, choisissant pour le premier surtout la parole, confiant plutôt l’autre à la cithare ou à la flûte, il faudrait les définitivement unir en une véritable mélodie parlée.

1411. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Il est le véritable motif qui anime tout le drame, et pour donner une faible idée de sa circulation, il suffira de le retrouver à la fin de l’acte deux, où il se dégage de la sérénade de Beckmesser, pour se retrouver dans toute sa simplicité et son charme, page 235. […] C’est cette vision profondément réelle de Wagner, cette prophétie mille fois réalisée et de jour en jour plus réalisable, cette palpitation d’une renaissance par l’avènement de la vie sociale et de la maturité féminine, cette aurore qui croît, cette bienheureuse conscience de notre voie véritable, que nous devons entendre par le nouveau mode « Selige Morgentràum. » Pierre Bonnier   La bibliographie sera publiée dans le prochain numéro.

1412. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Les Contes furent accueillis avec un véritable enthousiasme ; ils eurent des éloges — il ne faut pas le dissimule — des plus grandes et des plus honnêtes dames du temps, comme Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, et il y eut — ce qui surprend davantage — il y eut un grand éloge écrit tout entier de la digne main et de la grave main de Chapelain. […] Il fut repoussé avec assez d’énergie en 1682 ; il y eut une véritable querelle littéraire au sein de l’Académie.

1413. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Et, en effet, c’est le métaphysicien qu’il est encore, sans le vouloir, contre la métaphysique ; c’est le philosophe, qui, dans les premières années de sa vie intellectuelle, partit de Condillac pour aller à Hegel, où tout le monde philosophique allait alors, comme on va maintenant à Notre-Dame de Lourdes, puis qui revint à Condillac, dégoûté d’allemanderie, en véritable esprit français fait pour le léger et le clair, et qui, s’il a maintenant perdu la légèreté immatérielle de notre race, en a du moins gardé la clarté, sous les accumulations et les épaississements de son style et de sa manière. […] Le procédé de son second volume sur la Révolution est le procédé du premier, qui surprit tant quand il parut et dont l’application désintéressée, laborieuse et soutenue, suppose un véritable enflammement de recherches et cet effacement de soi prodigieux qui fait la supériorité de l’observateur scientifique.

1414. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

On a discuté sur le sens véritable des oscillations de l’attention. […] La représentation s’isole de toutes les autres, parce que le schéma organisateur rejette les images qui ne sont pas capables de le développer, et confère ainsi une individualité véritable au contenu actuel de la conscience.

1415. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Je ne crois pas que ce soit là sa caractéristique véritable.

1416. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

De ce nombre, la belle pièce xiii sur les suicides multipliés, plusieurs pièces d’amour qui sont de véritables élégies, xxi, xxiv, xxv, xxvii, surtout la vingt-neuvième, qui commence par ces vers : Puisque nos heures sont remplies De trouble et de calamités ; Puisque les choses que tu lies Se détachent de tous côtés… Cette dernière est, selon nous, d’une beauté de mélancolie, d’une profondeur rêveuse et d’une tendresse de cœur à laquelle n’avait pas atteint jusqu’ici le poëte.

1417. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Depuis ce jour les critiques ingénieux et fins, ou même éloquents, n’ont pas manqué qui, par leurs écrits ou du haut des chaires, ont maintenu en honneur et divulgué de plus en plus l’esprit véritable de l’antiquité.

1418. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Sauf un petit nombre d’exceptions mystérieuses et de véritables monstruosités morales, l’homme est libre, bien que plus ou moins enclin ici ou là ; il peut lutter, bien qu’il lutte trop peu ; il peut s’appuyer sur certains principes qu’il sait bons et utiles, nouer alliance avec ses facultés louables contre ses penchants plus dangereux15, bien que d’ordinaire ce soit pour ceux-ci qu’il se déclare.

1419. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Rien n’est plus contraire au véritable talent d’un grand écrivain.

1420. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Vous êtes entré dans la véritable France, celle qui a conquis et façonné le reste.

1421. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Comptez quarante mille Druses, véritables Helvétiens du Liban, peuple fier, industrieux, sédentaire, vivant immémorialement en fraternité avec les Maronites dans le même village, et en parfaite harmonie, malgré leur culte différent, toutes les fois que des médiations étrangères ne leur mettent pas les armes à la main pour défendre leur part de nationalité dans les mêmes montagnes.

1422. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

En ce temps-là même, les hommes qu’anime le véritable esprit scientifique embrassent avec bonheur les objets de leur pensée, lussent-ils bien creux et chimériques : un Dalembert, un Condorcet se satisfont par leur pensée.

1423. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il appartient au xviiie  siècle, et il est tout classique, le dernier des grands classiques : ce qui a trompé sur lui, c’est qu’il était poète, en un siècle qui avait ignoré la poésie ; et c’est qu’il avait retrouvé, parmi les pseudo-classiques de son temps, le secret du véritable art classique.

1424. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Un procès politique fit connaître Gambetta848 tout à la fin de l’empire ; c’était un fougueux méridional, à la parole éclatante et large, très avisé, très intelligent, très maître de sa volonté, capable de voir plus haut que les intérêts et les haines de parti : un véritable homme d’État.

1425. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites.

1426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Or, quoi qu’en puissent dire les fanatiques des défauts de Musset, ce charmant génie, c’est cette faculté de dédoublement, cette surveillance perpétuelle de la réflexion sur la sensation, qui fait la véritable inspiration.

1427. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Commander comme obéir exige une perpétuelle abnégation, un véritable oubli de soi.

1428. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

La véritable masse d’un corps, ce serait alors la somme des masses mécaniques de ses électrons positifs, les électrons négatifs ne compteraient pas ; la masse ainsi définie pourrait encore être constante.

1429. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Cela est malheureusement vrai ; il faut toutefois observer que, si ces systèmes devaient avoir réellement pour effet d’améliorer la position matérielle d’une portion notable de l’humanité, ce ne serait pas là un véritable reproche.

1430. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Si imparfaite que soit la science de l’esprit, je n’hésiterai pas à affirmer qu’elle est beaucoup plus avancée que la partie correspondante de la physiologie ; et abandonner la première pour la seconde me semble une infraction aux véritables règles de la philosophie inductive71. » Voilà donc l’observation directe établie nettement contre le positivisme72.

1431. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

On a pu croire qu’en ces dix dernières années la frénésie de lettres eût atteint à son paroxysme suprême et qu’elle ne dût désormais que décroître pour la paix, la joie, le salut des véritables écrivains qui font leur œuvre sciemment, légitimement, en silence. — Mais on a cru… parce qu’on espérait. — La politique nous valut une trêve qu’on rêva bienfaisante et qui ne fit en somme, qu’aggraver la confusion.

1432. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Or il me semble que cette proposition, si elle n’est pas une métaphore hyperbolique, est absolument inintelligible et recouvre un véritable non-sens.

1433. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Les hommes ne sont pas donc autant exposez à être duppez en matiere de poësie qu’en matiere de philosophie, et une tragédie ne sçauroit, comme un systême, faire fortune sans un mérite véritable.

1434. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Je crois pourtant que c’est à distance égale ou à peu près de ces deux heureux qu’il faut être et tâcher de se maintenir, pour garder cette liberté d’esprit qui est le bonheur intellectuel véritable.

1435. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Ce n’est point une doctrine métaphysique que je prétends établir : je ne veux, quant à présent, que jeter des pontons pour traverser le fleuve ; nous verrons si nous pourrons ensuite construire un véritable pont.

1436. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

La véritable supériorité de Raousset est dans son caractère, et c’est ce qu’il faut surtout glorifier, car, au xixe  siècle, c’est la volonté qui défaille, et les caractères sont infiniment plus rares que l’esprit.

1437. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

la moralité du monde chrétien en proie aux erreurs les plus monstrueuses, — aucun de ces événements, qu’il fallait comprendre, n’a été jugé dans cette histoire au bout de la langue, et dans laquelle tout roule précipitamment et pêle-mêle, emporté par cette idée que l’Église romaine n’est pas la véritable Église, parce qu’elle a eu l’audace de vivre, de s’organiser et de devenir un gouvernement !

1438. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

L’abbé Mitraud10 [Le Pays, 11 janvier 1855] Le livre de M. l’abbé Mitraud a été l’occasion d’un véritable phénomène.

1439. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Il paraît que ce nom de Marie Desylles, dont il est étoilé, ne serait pas la véritable étoile.

1440. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

La défense de la divination faite par Dieu à son peuple fut le fondement de la véritable religion.

1441. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

non pas, et c’est l’œuvre très virile d’un véritable artiste. La forme est belle et puissante, et c’est d’elle, que les Blasphèmes tiennent leur véritable valeur. […] Je le répète, ce n’est pas une véritable étude sur le journalisme qu’a écrite M.  […] combien il faut regretter, au nom de la véritable observation, que la banalité paraisse être la consigne de presque tous ces livres qui s’intitulent modestement : Études. […] Jean Rameau, un véritable poète, vient de publier chez E.

1442. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

  Repassons enfin pour la dernière fois sur ces divisions, et transformons cette esquisse en un véritable programme. […] La disposition n’en est pas très heureuse ; et ses classifications par genres, en brouillant systématiquement l’ordre chronologique, rompent à tout coup cette continuité qui doit être le propre d’une véritable histoire. […] Elle implique encore une confiance dans l’autorité des règles tout à fait étrangère à l’esprit de la véritable critique. […] J’ai commencé franchement et crûment-par le xviiie  siècle le plus avancé, par Tracy, Daunou, Lamarck et la physiologie : là est mon fond véritable. […] Vous rapprocherez ce qu’il dit ici de Boileau de ce qu’il en avait dit dans son Port-Royal, où il a mis sa véritable opinion sur l’auteur des Satires.

1443. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Son véritable mobile était l’amour-propre blessé, le chagrin de n’être plus la première. […] Je dis qu’en ce cas son choix sera véritable, accompagné de discernement. — Une première preuve est frappante, c’est la composition des conseils municipaux. […] Et pourtant elle est le véritable objet de l’histoire, l’historien ne travaille que pour la recomposer ; s’il renoue les morceaux des fils apparents, c’est pour y rattacher les myriades de fils disparus. […] Les vues d’ensemble sont l’objet naturel des esprits élevés ; elles sont aussi la récompense véritable de l’historien. […] C’est une humanité, supérieure, mais analogue à l’autre, et l’illusion par laquelle nous lui prêtons la vie est une lumière qui nous dévoile son véritable fonds.

1444. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Sardou n’eût-il fait que le plan de Pont-Arcy, je le tiendrais pour un véritable philosophe. […] Alcide Dusolier a consacrée, il y a plus de vingt ans, à Champfleury, et qui a été réunie dans un livre de véritables mémoires littéraires intitulé : Nos gens de lettres. […] On suspecte justement un tel témoin… Pourtant Vilate, qui avait approché le dictateur, faisait un tableau véritable quand il montrait le Christ de la Terreur entouré de saintes femmes. […] Mais, ramenée à ses véritables proportions, la science est belle, elle est aimable et, bien qu’infiniment petite, elle est grande, mesurée à la petitesse humaine. […] Marcel Schwob ne dit rien que de véritable.

1445. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Ils voulaient, tous deux, faire des comédiens de véritables fonctionnaires : d’abord pour les réhabiliter, ensuite pour les amender. […] Il nous présente Voltaire dans son véritable cadre et dans son pays de prédilection. […] C’est un vieux renard, soit ; et c’est toujours un intérêt, véritable ou qu’il imagine, qu’il poursuit dans ses démarches machiavéliques. […] Après quelques instants, il me dit d’une voix épuisée de fatigue : “Êtes-vous bien pénétré, à présent, mon ami, du véritable caractère de votre rôle ? […] La « dissertation centrale » prend dans cette pièce l’ampleur et le développement d’une véritable satire à la Boileau ou à la Juvénal, moins l’âpreté.

1446. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

C’est le sujet véritable de l’étude de M.  […] Il n’y en a qu’une véritable, comme il n’y a qu’une société véritable des hommes entre eux. […] Elle se trouve encore dans la Préface générale de 1842 : « Aussi regardé-je la famille, non l’individu, comme le véritable élément social. […] Sollicité par tant d’impressions, l’intelligence comme décomposée entre tant de systèmes, la volonté comme paralysée entre tant de possibilités, comment un jeune homme ne subirait-il pas un véritable supplice ? […] Il y a là pourtant un véritable intérêt civique.

1447. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il n’y resta pas moins de six années (1849-1855), interrompues seulement par un congé en 1853 et par une mission en Grèce : sa véritable mission, scrupuleux comme il l’était, consistait surtout à revoir Ithaque, afin de pouvoir écrire en toute précision sa thèse latine. […] Mais aussi ces objections et ces contradictions sont parfois un secours pour le véritable orateur ; elles le soutiennent en le provoquant, elles l’alimentent. […] Il a laissé un vif et poignant souvenir de son enseignement au cœur de ceux qui l’ont entendu : « On regrettera longtemps encore, me dit l’un des plus fidèles, le charme communicatif de cette parole sérieuse, animée et prudente, qui s’élevait parfois et qui, ressentant l’écho des nobles émotions qu’elle éveillait dans l’âme de ses auditeurs, touchait à la véritable éloquence… Pourquoi faut-il que tous ces trésors d’érudition, de conscience, d’élévation morale, le meilleur de lui-même, soient perdus pour le public ?

1448. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Tout cela, on le voit ; concorde et s’explique à merveille ; on a le cadre et le canevas du roman ; mais c’est de la physionomie des personnages et de la nature des sentiments qu’il tire son véritable et durable intérêt. […] Ses définitions, ses images sont justes, fortes et vives ; enfin le Chevalier nous démontre que le langage du sentiment et de la passion est la sublime et véritable éloquence. […] Le jeune homme à qui ses passions font trêve et donnent le goût de s’éprendre des douces histoires d’autrefois, la jeune femme dont ces fantômes adorés caressent les rêves, le sage dont ils reviennent charmer ou troubler les regrets, le studieux peut-être et le curieux que sa sensibilité aussi dirige, eux tous, sans oublier l’éditeur modeste, attentif à recueillir les vestiges et à réparer les moindres débris, voilà encore le cortège le plus véritable, voilà la postérité la plus assurée et non certes la moins légitime des poétiques amants.

1449. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Cette source de croyance jaillit en lui de tous côtés ; en vain elle est enfermée dans le conduit régulier du dogme officiel ; les textes, les arguments dont elle se couvre laissent voir sa véritable origine. […] La véritable imagination aboutit naturellement à l’invention des caractères. […] Il y en a plusieurs dans Addison : l’observateur taciturne, William Honeycomb, le campagnard tory, sir Roger de Coverley, qui ne sont pas des thèses satiriques, comme celles de La Bruyère, mais de véritables individus semblables et parfois égaux aux personnages des grands romans contemporains.

1450. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Un devin, nommé Calchas, lui dit qu’il lui révélera la véritable cause de ces malheurs s’il veut le garantir contre la vengeance d’un homme puissant qui règne sur Argos. […] Homère, en véritable poète, ne se contente pas de raconter ; il décrit tous ces apprêts et présente à l’imagination tous ces détails pittoresques du sacrifice, du feu, du repas, détails qui sont la vie des tableaux ; puis, quand les matelots se rembarquent avec Ulysse, il peint cette autre scène de mer des mêmes couleurs que la scène du débarquement. […] XXX Ainsi finit le véritable intérêt du poème avec le vingt-deuxième chant.

1451. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Comme si la véritable nouveauté n’eût pas consisté à dire que les princes ne peuvent avoir de guerres personnelles, ni prétendre à des successions au dehors où la nation ne soit cohéritière avec eux ! […] A quelle influence le duc de Bourgogne dut-il de prendre enfin possession de son véritable naturel ? […] Un prêtre, un archevêque est le véritable précurseur de la philosophie.

1452. (1925) La fin de l’art

Comme telles grandes villes, anciennement riches, Paris, qui n’avait pas encore été remanié, était encore en 1830 un véritable musée de pierre. […] Pierre Louys retrouve le nom véritable et esquisse pour la première fois l’histoire encore incertaine. […] Si Molière eût avoué que sa comédie était une attaque directe contre la religion, que son Tartufe était le type même du dévot véritable, il eût risqué de finir ses jours à la Bastille ; mais en le donnant pour le faux dévot, il se posait même en défenseur de l’intégrité religieuse, et tout le monde y a été pris et on s’y laisse encore prendre.

1453. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Les plaines qui avoisinent le détroit de Magellan sont habitées par une espèce de Rhéa, ou d’Autruche américaine, et au nord des plaines de la Plata par une autre espèce du même genre ; mais on ne rencontre ni la véritable Autruche ni l’Ému, qui vivent cependant sous les mêmes latitudes en Afrique et en Australie. […] Martens en a essayé d’autres, mais en de meilleures conditions ; car il plaça ses graines dans une boîte et la boîte même dans la mer ; de sorte qu’elles furent alternativement mouillées, puis exposées à l’air comme de véritables plantes flottantes. […] Une montagne est une île sur la terre ; or les montagnes intertropicales, avant la période glaciaire, doivent avoir été complétement isolées ; et les productions de ces îles de la terre cédèrent à d’autres, qui avaient été élaborées dans les vastes régions du nord, de la même manière que les productions d’îles véritables ont récemment cédé presque partout à des formes continentales, naturalisées par l’intermédiaire de l’homme.

1454. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Messieurs, cette nouvelle objection va disparaître devant un fait nouveau prouvant bien que la production du sucre dans le foie est une véritable fonction, qui ne prend naissance qu’à une certaine époque de la vie intra-utérine. […] Mais nous vous avons déjà dit que deux faits bien observés ne sauraient se contredire, que leur antagonisme ne pouvait jamais être qu’apparent, et que, pour les ramener tous deux à leur véritable valeur, il suffisait d’une analyse plus exacte des conditions dans lesquelles on les avait observés. […] C’est là que se trouve la véritable précision de la physiologie. […] Vous avez vu que le foie doit être considéré comme un véritable laboratoire vital qui change profondément toutes les substances qui lui sont apportées par le sang. […] Il y a dans les uns comme dans les autres une véritable germination s’accomplissant suivant des modes différents sans doute, mais dans des milieux qui ont une analogie de composition.

1455. (1898) La cité antique

Puis, à l’aide de ces restes, nous essayerons d’entrevoir le véritable régime de la gens antique. […] Il n’est pas inutile de rechercher lequel de ces trois mots était considéré comme le nom véritable. […] Ne voyons-nous pas encore dans cette tradition la véritable pensée de ces anciens hommes ? […] Quel en est donc le véritable auteur ? […] Le véritable législateur chez les anciens, ce ne fut pas l’homme, ce fut la croyance religieuse que l’homme avait en soi.

1456. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

La Grâce a rétabli ce que le monde ne lui pouvoit rendre. » Autant, dans la Fronde, on voit Mme de Longueville supérieure, comme esprit, à Mme de Montbazon par exemple, ou à Mlle de Chevreuse (ce qui est trop peu dire), ou même à Mademoiselle, autant elle reste inférieure à son amie la princesse Palatine, véritable génie, ferme, ayant le secret de tous les partis, et les dominant, les conseillant avec loyauté et sang-froid ; non pas l’aventurière, elle, mais l’homme d’État de la Fronde. « Je ne crois pas que la reine Elisabeth ait eu plus de capacité pour conduire un État, » dit Retz. […] J’emprunte beaucoup pour ces commencements à la véritable Vie de la duchesse de Longueville par Villefore (1739).

1457. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Tels furent les véritables grands hommes dans l’antiquité et dans tous les temps, les Homère, les Aristote, les Socrate, les Cicéron, les Solon, les Virgile, les Raphaël, les Michel-Ange, les Shakespeare, les Racine, les Fénelon, les poètes, philosophes, législateurs, hommes d’État, orateurs, artistes, chez lesquels une imagination grandiose était en rapport exact avec une infaillible raison. […] C’est une sorte de mirage moral qui suscite des horizons de verdure, de fontaines et de lacs de l’aridité du désert ; c’est le coup qui frappe au cœur le soldat du Tyrol ou de l’Helvétie, quand il entend, à mille lieues de son pays, une note du chant du pasteur des Alpes rassemblant ses troupeaux, et qui le fait languir et se consumer de désir, jusqu’à ce qu’il ait respiré de nouveau une haleine de sa première patrie ; c’est cette nostalgie, véritable démence du souvenir, surajoutée à une autre démence, qui dirigeait instinctivement et comme à son insu le Tasse vers le royaume de Naples.

1458. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Sa mère avait le génie grave, ambitieux et sectaire de ces princes de la maison de Guise, véritables Machabées des papes et du catholicisme de ce côté des Alpes. […] X Tout indique que Marie Stuart et Rizzio voulurent faire une tragique diversion à cette animadversion publique en sacrifiant à la rage presbytérienne du peuple un autre amant que l’amant véritable, et en donnant pour satisfaction au clergé protestant le sang d’un pauvre insensé !

1459. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Religion, politique, philosophie, systèmes, l’homme a prononcé sur tout, il s’est trompé sur tout, il a cru tout définitif, et tout s’est modifié ; tout immortel, et tout à péri ; tout véritable, et tout a menti ! […]   Au-delà de ces écumes de débris qui forment de véritables dunes de marbre, la colline de Balbek, plate-forme de mille pas de long, de sept cents pieds de large, toute bâtie de mains d’hommes, en pierres de taille, dont quelques-unes ont cinquante à soixante pieds de longueur sur vingt à vingt-deux d’élévation, mais la plupart de quinze à trente ; cette colline de granit taillé se présentait à nous, par son extrémité orientale, avec ses bases profondes et ses revêtements incommensurables, où trois morceaux de granit forment cent quatre-vingts pieds de développement, et près de quatre mille pieds de surface, avec les larges embouchures de ses voûtes souterraines où l’eau de la rivière s’engouffrait en bondissant, où le vent jetait avec l’eau des murmures semblables aux volées lointaines des grandes cloches de nos cathédrales.

1460. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Aucun écrivain ne s’est examiné avec plus de désir véritable de connaître ses défauts, et d’en faire tourner la critique à la gloire de l’art. […] Là est la véritable cause de la précoce décadence du génie de Corneille.

1461. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il n’est pas une de nos « vertus » qui ne soit faussée en quelque manière et continuellement, ou qui ne devienne, à l’occasion, un véritable vice. […] L’homme est trop individualisé pour entrer dans un véritable organisme social.

1462. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Pinault eût été mon véritable maître, si, par le plus étrange des travers, il n’eût mis une sorte de rage à dissimuler et à fausser les plus belles parties de son génie. […] Pour lui, l’essentiel était le véritable esprit chrétien, inséparable de la vraie philosophie.

1463. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Enfin, il y aurait lieu, si l’espace nous le permettait, d’examiner l’hypothèse de faits historiques réels, hypothèse de plus en plus vraisemblable, d’après les recherches récentes, et suivant laquelle des templistes d’une espèce particulière, de véritables chevaliers du Gral, auraient existé en Europe. […] En tête de ce groupe est la porteuse du Gral (mademoiselle Kramer) qui réalise en son personnage tout un rythme, des pieds à la tête, formant une véritable harmonie de musique ; derrière arrive le cortège du roi blessé.

1464. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Couturier (Henri l’Oiseleur), dont la voix de baryton s’accommode mal d’une partie vocale destinée à une basse véritable. […] Lamoureux, a consacré aux études des chœurs sa rare intelligence de l’œuvre wagnérienne et son inépuisable dévouement, il a rencontré autour de lui des bonnes volontés nombreuses : entre tous ces choristes, dont plusieurs sont des musiciens véritables, je dois signaler M. 

1465. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Moquons-nous donc un peu même des véritables lois ; proclamons le despotisme de la fantaisie ; dédaignons la critique et, au besoin, le bon sens, s’il ose prendre parti pour elle. […] Hegel avait dit aussi : « L’artiste par conséquent ne prend pas, quant aux formes et aux modes d’expression, tout ce qu’il trouve dans la nature, et parce qu’il le trouve ainsi ; mais s’il veut produire de la véritable poésie, il saisit seulement les traits vrais, conformes à l’idée de la chose ; et, s’il prend la nature pour modèle, ce n’est pas parce qu’elle a fait ceci ou cela de telle façon, mais parce qu’elle l’a bien fait. » (De l’Esthétique, t. 

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

J’ai dit qu’envoyé en Espagne par le duc de Mayenne pour sonder les véritables intentions de Philippe II et faisant ce voyage dans une médiocre espérance, il arriva à reconnaître dès les premières audiences que Philippe II, en s’intéressant aux affaires de la Ligue, ne voulait autre chose que la part du lion, la couronne de France pour l’infante sa fille.

1467. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il était persuadé, comme Fontenelle, qu’avant Descartes on ne raisonnait presque point avec solidité ni avec justesse dans les matières qui n’étaient point du ressort de la géométrie : « Avant lui, le sens de la démonstration, le sens de la conséquence juste, ce sens qui met une si grande différence entre homme d’esprit et homme d’esprit, ce sens si précieux n’était presque point exercé ailleurs que dans la géométrie… Nous avions quantité d’orateurs et d’agréables discoureurs ; nous n’avions point de solides démontreurs. » Trop souvent on confondait la certitude qui vient de l’évidence véritable avec celle que l’on tirait des habitudes de l’éducation et des préjugés de l’enfance ou de l’opinion du grand nombre.

1468. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Mais ici je ne souris plus, et je dis avec toute l’énergie et la conviction d’un sentiment qui a aussi sa certitude : De telles assertions, mises en pratique, et appliquées dans l’éducation, seraient la mort des bonnes et saines études et du véritable esprit qui doit y présider, — de l’esprit proprement moderne.

1469. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dès l’âge de quatre ans, la jeune Amable faisait preuve d’une grande intelligence et d’une surprenante mémoire ; elle avait pour la lecture une véritable passion, et il lui fallait cacher les livres qu’elle dévorait.

1470. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

second article Nous avons donc, nous croyons toujours avoir un Homère, non pas un fantôme né de l’illusion et du mirage des temps, mais une personne véritable, un grand poëte qui a vécu quelques générations après la guerre de Troie, et qui en a rassemblé tous les échos.

1471. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

C’est dans ses ouvrages (et je l’ai fait ailleurs) qu’il convient de prendre une entière et véritable idée de son esprit et de son âme.

1472. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Les vraies chances de succès n’existent que si la mesure est complète, suivie dans son véritable esprit, prévue et acceptée dans tout son développement.

1473. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Enfin, peu à peu, les organes se restaurent ; « aidées par les pepsines, les véritables viandes furent digérées ; les forces se rétablirent »… « le moment échut où il put demeurer levé pendant des après-midi entières ».

1474. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

cette foule vous représente la véritable nation.

1475. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il s’oubliait lui-même, il s’enfonçait si bien dans ses personnages fictifs, qu’il s’intéressait à eux, leur parlait, revenait à eux comme à d’anciens amis, leur donnait une place dans sa vie, s’effaçait devant eux, et mettait au jour de véritables êtres.

1476. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Voilà le véritable art de la lecture.

1477. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Mais quand il veut s’expliquer, il ordonne au poète « d’imiter, inventer ou représenter les choses qui sont ou qui peuvent être » : voilà qui va bien, mais il ajoute : « ou que les anciens ont estimées comme véritables ».

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Eugène Lintilhac Après la Comédie de la Mort, véritable adieu au romantisme, il ouvre une voie nouvelle à l’art des vers.

1479. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Pour ce motif, une véritable école ne pouvait pas sortir de l’inspiration lamartinienne.

1480. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il sent que les dons de la Nature les seuls biens véritables sont la santé, la joie, la tendresse, la tranquillité de l’ame, & il soutiendra sans douleur toute autre privation, parce que sa raison aura reglé cette intempérance d’imagination qui fait l’inquiétude des autres hommes.

1481. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Quelle qu’ait été sa véritable connaissance de ce dernier idiome, il fut du moins l’un des premiers à faire usage du jargon qui devait plus tard en imposer si bien à M. 

1482. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

« Comme l’avide guerrier de Tarse, renversé de son cheval, se releva touché de repentir et ne désirant que la croix avec le Christ, ainsi Genest, au moment où il va se jouer du baptême, a reconnu son erreur véritable dans des eaux feintes.

1483. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Mais rien de ce qui contribue à donner l’éveil à l’humanité n’est perdu pour le progrès véritable de l’esprit ; jamais la pensée philosophique n’est plus libre qu’aux grands jours de l’histoire.

1484. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Il y a des phénomènes plus généraux, négligés jusqu’ici par la psychologie, que l’auteur décrit et examine avec ce luxe de détails, cette abondance de faits qui caractérisent la véritable étude expérimentale.

1485. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Le mal est venu de ce que ces éditeurs sont en même temps auteurs d’une vie de madame de Maintenon ; qu’ils ont composé leur biographie avant d’avoir assez étudié les lettres pour les mettre à leur véritable place, et qu’ensuite ils ont arrangé les lettres dans l’ordre qui s’accordait avec leur composition, au lieu de composer d’après l’ordre des lettres bien vérifié.

1486. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Celle-ci est la véritable héroïne des Confidences.

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Enfin la joie est l’état véritable de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à qui que ce soit.

1488. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Retiré dans son diocèse, il y vêcut occupé de la composition de différens ouvrages ; faisant les délices de quelques amis intimes & tendres ; consulté des grands, & particulièrement du duc d’Orléans, depuis régent ; toujours regretté vivement, mais inutilement, par le duc de Bourgogne ; adoré des curés, des soldats, des pauvres de son diocèse, qui tous l’appelloient leur père ; ayant enfin trouvé, ce semble, le bonheur véritable, &, malgré cela, parlant sans cesse de la cour & la regrettant.

1489. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Chamond, a donné un véritable voyage du Levant dans ses Observations sur le commerce & sur les arts d’une partie de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique & même des Indes orientales, 1762. deux vol.

1490. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

., on peut arriver, même sans étendre ses recherches au-delà d’un seul pays, à établir de véritables lois, quoiqu’il soit toujours préférable de confirmer ces résultats par d’autres observations faites sur d’autres peuples de la même espèce.

1491. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Je rentrais chez moi toujours avec le véritable besoin de relire le livre dont ils avaient parlé et de comparer mes impressions aux leurs.

1492. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Amédée Renée montre une véritable sagacité de critique en discutant les différentes versions qui ont couru sur sa naissance ; mais il résulte à peu près de la discussion à laquelle il se livre que Mazarin n’a pas d’ancêtres.

1493. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

pas de naturel véritable dans les lettres de cet homme dont l’esprit n’ondoie point, ne se contredit point, et qui aimait tant le naturel, — nous a-t-il dit et répété dans ses livres et sur tous les tons, mais qui l’aimait probablement comme les roués aiment les femmes candides !

1494. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

pas de naturel véritable dans les lettres de cet homme, dont l’esprit n’ondoie point, ne se contredit point, et qui aimait tant le naturel, — nous a-t-il dit et répété dans tous ses livres et sur tous les tons, — mais qui l’aimait probablement comme les roués aiment les femmes candides !

1495. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

On pouvait encore admettre la relativité du mouvement dans le cas de la translation rectiligne non accélérée ; mais l’apparition de forces centrifuges dans le mouvement de rotation semblait attester qu’on avait affaire ici à un absolu véritable ; et il fallait aussi bien tenir pour absolu tout autre mouvement accéléré.

1496. (1915) La philosophie française « I »

Ce naturaliste, qui fut aussi un philosophe, est le véritable créateur de l’évolutionisme biologique.

1497. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre, appelle le chant véritable de la langue.

1498. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

La véritable similitude, la parenté de génie n’existe pour elle qu’avec cette littérature de l’Orient, dont il faut vous parler, malgré mon ignorance. […] Maintenant, nous nous approchons tout à fait de notre véritable patrie ; et nous tâcherons de démêler les premiers caractères, les premiers indices du génie purement français. […] Je ne suis pas convaincu que celui qui les écrivait ne les prît pas lui-même pour histoire véritable ; certainement beaucoup de lecteurs s’y trompaient. […] On ne peut douter, au reste, que le règne de Philippe-Auguste n’ait marqué dans le temps un véritable progrès. […] Il a de ces notions particulières sur beaucoup de choses ; mais quant aux faits véritables, on ne saurait trouver plus naïf témoin.

1499. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Le véritable esprit français, tel que nos vraiment grands écrivains l’ont su représenter, s’est efforcé d’accommoder ensemble les justes libertés de l’esprit gaulois et les justes scrupules de l’esprit précieux. […] » De rencontrer peut-être une éternité de bonheur, répondait Pascal, et d’être, avec cela, fidèle, honnête, humble, reconnaissant, bienfaisant, sincère, ami véritable ; toutes vertus, comme l’on voit, dont nous payerions l’observance, presque toujours, du sacrifice ou de nos intérêts ou de nos plaisirs. […] Vous voyez que, pour parler de lui convenablement et lui faire sa véritable place, on est obligé, comme lui, de jouer un peu sur les mots. […] Le propre en effet d’un véritable encyclopédiste, — le propre de Diderot, de d’Alembert, de Grimm, de Marmontel, de Morellet, — c’est d’ignorer l’homme, et de l’ignorer complètement. […] Sa gentillesse et sa vivacité, sa franchise, ou plutôt son cynisme, tranchèrent sur ce que lui-même a quelque part appelé la morgue française, cette raideur d’échine et cette hauteur de ton, plus voisine du manque d’éducation que de la véritable fierté, qui caractérisa nos encyclopédistes.

1500. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Une entreprise comme celle de Fichte, quoique plus philosophique que celle de Spencer, en ce qu’elle respecte davantage l’ordre véritable des choses, ne nous conduit guère plus loin qu’elle. […] Elle se donne l’espace comme une forme toute faite de notre faculté de percevoir, — véritable deus ex machina dont on ne voit ni comment il surgit, ni pourquoi il est ce qu’il est plutôt que tout autre chose. […] Parler d’une diversité incoordonnée à laquelle l’ordre se surajoute est donc commettre une véritable pétition de principe, car en imaginant l’incoordonné on pose réellement un ordre, ou plutôt on en pose deux. […] Au plus bas degré de l’échelle des organismes nous trouvons déjà de véritables associations, les colonies microbiennes, et, dans ces associations, s’il faut en croire un travail récent, la tendance à s’individuer par la constitution d’un noyau 91.

1501. (1774) Correspondance générale

Moulin, à qui nous devons une autre lettre à Sartine, nous engageait à aller frapper à la porte de M. le marquis de Fiers, et, tout aussitôt, celui-ci mettait sous nos yeux trois lettres à l’abbé Gayet de Sansale, qui forment un véritable petit drame judiciaire. […] Et puis je me lève tous les matins avec l’espérance que les méchants se sont amendés pendant la nuit ; qu’il n’y a plus de fanatiques ; que les maîtres ont senti leurs véritables intérêts, et qu’ils reconnaissent enfin que nous sommes les meilleurs sujets qu’ils aient. […] Vous régnez sur ceux de vos concitoyens, et vous méritez de régner sur eux dont vous avez défendu les droits ; en véritables enfants de la liberté qu’ils sont, ils ont couronné par acclamation le champion de leurs libertés. […] Les démarches en apparence les plus suspectes se réduisent à rien quand on a le courage de les avouer et d’en exposer les véritables motifs. […] Comme c’était en effet mes véritables sentiments, la lecture que j’en fis acheva de lui donner le caractère de la vérité, et Sa Majesté Impériale en fut tout à fait touchée.

1502. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Quelle est donc la véritable « source » d’Hermann et Dorothée ? […] Aussi avec quel soin Goethe ne les ramène-t-il pas à leur véritable but ! […] Ces combats et les douleurs d’une âme qui perd son Dieu, voilà le véritable sujet à Eritis sicut Deus. […] Son extérieur était à mille lieues de l’humilité véritable. […] C’est qu’aucun de ces trois romans n’est son véritable sujet.

1503. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est alors qu’avec son flair de juif, il se lança dans la cochonnerie et qu’il ouvrit, dans le livre et dans le journal, une véritable maison de passe. […] C’est tout au plus un ignorant, j’entends qu’il ne se rend pas un compte exact de ce que doit être, de nos jours, un véritable écrivain. […] Hennique, un véritable écrivain doit écrire ; il doit surtout n’attendre satisfaction et succès que de ses livres. […] Pour un « véritable écrivain », la mort d’un parent aimé est une excellente aubaine. […] Je ne connais de lui que ses œuvres, dont je n’aime ni l’esprit philosophique, ni les tendances littéraires, mais qui, parfois, au milieu de grâces superficielles, me charment par de réelles qualités d’élégance et des accents de véritable tendresse.

1504. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Et je suis certain que peu de gens éprouvent en réalité ce véritable orgueil, au point d’en être secourus. […] Il faut le regretter, car, en matière d’art, si la jeunesse comporte tous les charmes, elle manque souvent de véritable solidité. […] La belle lumière, épandue sur les plaines et sur la mer, n’est-ce pas elle le véritable aspect tragique de la vie ? […] George Sand parle de Stendhal comme d’un homme éminent, d’un talent original et véritable. […] Et l’expression ne manque-t-elle pas de cette vertu cachée qui enchante en surprenant chez les véritables maîtres de la langue ?

1505. (1925) Comment on devient écrivain

Les fausses vocations ressemblent aux vocations véritables : elles ont les mêmes exigences, elles procurent les mêmes joies, elles inspirent le même orgueil. […] Même si l’on s’obstine, même si la vocation est véritable, à quoi arrive-t-on ? […] L’expérience m’a appris qu’elle obtenait souvent ainsi sa valeur véritable. […] La véritable éloquence consiste dans le don immédiat de la parole, et non pas dans une rédaction de phrases savamment et longuement préparées. […] On cite le Faust de Gérard de Nerval, qui, disait Gœthe à son secrétaire Eckermann, est un véritable prodige.

1506. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

L’homme qui les chantait ainsi était-il un débauché ou un véritable amant ? […] Le petit billet suivant à son ami Bullatius, pour le détourner de longs voyages, est un véritable jet d’eau de proverbes jaillissant en vers d’une seule gerbe, plus sonores et plus étincelants que le cristal.

1507. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Ce père, mort jeune, l’avait confié à un sculpteur de ses amis, à Venise ; le jeune homme y avait appris les rudiments d’une sculpture grossière et purement industrielle ; il était né peu à peu de lui-même, comme naît le véritable génie, qui ne sort pas de l’école, mais de la nature. […] Rien ne montre mieux, ce me semble, quelle distance sépare une civilisation toute matérielle de la civilisation véritable, et comme quoi le progrès de l’art se lie essentiellement à un développement religieux ou philosophique.

1508. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

C’est dans la petite chambre de Malherbe que naquit le véritable esprit académique, cet esprit de discipline et de choix qu’Henri IV appliquait au gouvernement et à la société civile. […] Ils donnaient aussi trop de prix à certaines qualités extérieures qui peuvent s’acquérir indépendamment des idées ; par exemple, an nombre et à la cadence des périodes, en quoi Vaugelas faisait consister la véritable marque de la perfection des langues.

1509. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Et nous, en tant qu’êtres sociaux, nous avons un ensemble d’opinions sur les hommes, sur l’État, sur les lois, sur les fonctionnaires, sur la famille et sur le véritable bien, mais en tant qu’individus égoïstes, nous avons d’autres impressions et d’autres vues. […] Ce qu’il y a de juste dans la conception du devoir3 supporte ainsi toute une végétation parasite d’illusions et de mensonges, une véritable mythologie.

1510. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Ce n’est pas la grimaçante sauterie chère aux chorégraphes ; c’est la danse véritable, la danse qui met en branle les paysans sous les grands arbres. […] J’ai eu la curiosité d’y regarder de plus près et de dresser l’inventaire des détails fournis au poète des Meistersinger par leur antique et véritable historien.

1511. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

C’est en s’inspirant de considérations de ce genre qu’on peut comprendre la nature véritable des institutions sociales qui sont essentiellement des institutions de défense, des coalitions contre la tyrannie du monde physique, contre la faim et le froid, des coalitions encore contre la férocité des bêtes et des hommes. […] Employée avec les ménagements et les soins que l’usage enseignera, la méthode exposée plus haut sera d’un secours véritable pour la connaissance du passé ; elle permettra pour les époques et les peuples littéraires, d’écrire l’histoire intérieure des hommes sous la surface des faits politiques, sociaux et économiques, et d’écrire cette histoire en termes scientifiques précis.

1512. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Cette poésie ne reconnaît de véritable grandeur que dans la domination du héros sur ses propres passions. […] « C’est bien », dit-il ; « il s’est conduit en véritable guerrier qui ne souffre pas impunément l’outrage et l’insolence.

1513. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

. ; mais le véritable pere de la Tragédie françoise sur Corneille. […] Si l’on peut lui reprocher quelque chose, c’est d’avoir été emporté quelquefois par l’amour de la rime, à l’exactitude de laquelle, il a sacrifié de véritables beautés.

1514. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Ils rejettent du rang spécifique une multitude de formes que, jusqu’à ces derniers temps, ils avaient eux-mêmes regardées comme des créations spéciales, que la majorité des naturalistes continuent de considérer comme telles, et qui, conséquemment, ont tous les caractères extérieurs de véritables espèces. […] On cessera de disputer sans fin pour savoir si une cinquantaine de Ronces anglaises sont de véritables espèces.

1515. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Ici, au contraire, les sujets rapportent souvent à des dates précises leurs prétendues expériences antérieures ; ils sont en proie à une véritable hallucination de la mémoire. […] Nous nous trouvons ici devant une illusion qui comprend des éléments divers et qui les organise en un seul effet simple, véritable individualité psychologique 33.

1516. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il en revenait encore de temps en temps à ses regrets et à son projet de ligue philosophique universelle : « Si les véritables gens de lettres étaient unis, ils donneraient des lois à tous les êtres qui veulent penser. » Mais il sentait bien qu’il n’avait pas de prise et qu’il ne l’entraînerait pas.

1517. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Il s’était fait à Saverne une des plus charmantes résidences du monde ; il y tenait une cour véritable, et il voulut que Ramond en fût.

1518. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Bossuet eut pour ami particulier durant toute sa vie, pour auxiliaire affectionné et constant dans toutes les questions de doctrine, de foi, de morale et de discipline de l’Église, un homme bien digne en tout de cette relation étroite et de cette intimité : l’abbé Fleury fut ce premier lieutenant modeste, ce véritable second de Bossuet et comme son abbé de Langeron.

1519. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il était plus homme à s’intéresser à de véritables travaux qu’à de simples digressions et à des aménités littéraires.

1520. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Il y eut donc un jour où il se dit qu’il manquait un journaliste véritable au parti catholique ; et il résolut de l’être.

1521. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Monmerqué, le plus instruit et le plus aimable des amateurs, le plus riche en documents, en pièces de toutes sortes, si au fait des sources et si porté à les indiquer, n’avait pas en lui l’esprit de critique et d’exacte méthode qui mène à terme et pousse à la perfection un travail de ce genre ; il fallait qu’un philologue de profession et à la fois ouvert à toutes les belles-lettres, un homme qui a fait ses preuves dans l’érudition antique la plus délicate et la plus ardue, et qui sait, à l’occasion, en sortir, apportât dans cette étude moderne les habitudes de la critique véritable et classique, pour que toutes les garanties, celles de la fidélité et du goût, se rencontrassent réunies : j’ai nommé M. 

1522. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Dans l’histoire des guerres comme dans celle des littératures, il y a des moments et des heures plus favorisées ; le rayon de la gloire tombe où il lui plaît ; il éclaire en plein et dore de tout son éclat certains noms immortels et à jamais resplendissants : le reste rentre peu à peu dans l’ombre et se confond par degrés dans l’éloignement ; on n’aperçoit que les lumineux sommets sur la grande route parcourue, on a dès longtemps perdu de vue ce qui s’en écarte à droite et à gauche, et tous les replis intermédiaires : et ce n’est plus que l’homme de patience et de science, celui qu’anime aussi un sentiment de justice et de sympathie humaine pour des générations méritantes et non récompensées, ce n’est plus que le pèlerin de l’histoire et du passé qui vient désormais (quand par bonheur il vient) recueillir les vestiges, réveiller les mémoires ensevelies, et quelquefois ressusciter de véritables gloires.

1523. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Revenir à l’homme, l’œuvre à la main, est impossible dans la plupart des cas avec les véritables Anciens, avec ceux dont nous n’avons la statue qu’à demi brisée.

1524. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Ce sont, hommes et femmes, des marionnettes incapables de vivre ; elles ont des proportions habilement conçues, mais, sur leur charpente de bois ou d’acier, ces poupées n’ont absolument que du rembourrage ; l’auteur les fait manœuvrer sans pitié, les tourne et les disloque dans les positions les plus bizarres, les torture, les fustige, déchire leur âme et leur corps, et met sans pitié en pièces et en morceaux ce qui, il est vrai, n’a aucune chair véritable : — et tout cela est l’œuvre d’un homme qui montre de grandes qualités d’historien éloquent, et auquel on ne peut refuser une vive puissance d’imagination, sans laquelle il lui serait impossible de produire de pareilles abominations. » — Vous qui parlez sans cesse de liberté, qui la voulez dans l’art et en tout, soyez conséquents ; sachez admettre et supporter les manières de sentir, même les plus opposées à la vôtre, quand elles sont sincères.

1525. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

s’écrie Sosie qui était dans une véritable anxiété, me voilà soulagé ; j’avais grand’peur de cette Chrysis. » Une fois morte, ses amis soignent ses funérailles, et Pamphile avec eux ; on le voyait aller et venir dans la maison de la défunte avec ceux qui l’avaient aimée ; il y avait même des moments où il mêlait ses larmes aux leurs.

1526. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Matuchewitz et rempli de pensées solides et de traits d’une véritable éloquence. » Napoléon, en lisant ce discours, en reçut tout à fait la même impression : ce qui avait paru plus éloquent à quelques-uns et surtout à son auteur, il le trouva mauvais.

1527. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Duveyrier se garde bien de la restreindre à la classe ouvrière proprement dite : il comprend trop bien pour cela l’esprit de la véritable démocratie, de celle qui tend à élever, non à restreindre.

1528. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Il n’y est tenu aucun compte de l’élément intérieur, du ressort principal qui explique les actions et toute la conduite de Racine dans ses dernières années, de son inspiration religieuse véritable, de son âme en un mot : et c’est elle qu’un ami du dedans va nous découvrir dans toute sa sincérité.

1529. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.

1530. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Racine a eu droit de rappeler en sa préface que la véritable invention consiste à faire quelque chose de rien ; ici ce rien, c’est tout simplement le cœur humain, dont il a traduit les moindres mouvements et développé les alternatives inépuisables.

1531. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Comme tous les vrais médecins, elle sait bien mieux l’état véritable du malade que les moyens d’y remédier ; elle n’y peut opposer que des palliatifs, et elle-même alors elle le dirigeait vers l’ambition : « J’avois bien espéré, lui écrivait-elle, du temps et de l’absence ; mais il semble qu’ils n’ont rien produit, et que infinie le mai est empiré.

1532. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les causes qui ont retardé les progrès de la littérature allemande, s’opposent encore, sous quelques rapports, à sa perfection ; et c’est d’ailleurs un désavantage véritable pour une littérature, que de se former plus tard que celle de plusieurs autres peuples environnants : car l’imagination des littératures déjà existantes, tient souvent alors la place du génie national.

1533. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Par là il manifeste son entière communion de goût avec les grands artistes classiques, chez qui nous avons trouvé la même conception originale de la véritable invention.

1534. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Mais la poésie contemporaine (et je suppose ici réalisées toutes les promesses, sans doute inconscientes, qu’elle contient), a pris conscience de sa véritable nature.

1535. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Ne craignez rien ; je lui parlai en chrétienne et en véritable amie de madame de Montespan. » Cette lettre, qui n’est point expressément datée, porte sa date dans les faits qu’elle présente.

1536. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

C’est là, suivant M. de Musset, le don Juan véritable, tout poétique, Que personne n’a fait, que Mozart a rêvé, Qu’Hoffmann a vu passer, au son de la musique, Sous un éclair divin de sa nuit fantastique, Admirable portrait qu’il n’a point achevé, Et que de notre temps Shakspeare aurait trouvé.

1537. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Je parle des mémoires véritables et non des libelles.

1538. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Ce que Retz voudrait pour agir sur l’esprit de la compagnie, pour l’exciter suffisamment sans l’opprimer, ce serait d’avoir, non à Paris, mais hors de Paris, une armée, une véritable armée au service de la Fronde ; il s’écrierait volontiers comme l’abbé Sieyès : « Il me faut une épée. » Un moment il espéra avoir trouvé celle de M. de Turenne ; on pouvait plus mal choisir ; mais elle lui manqua.

1539. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Pascal, il faudrait y rectifier en beaucoup d’endroits les idées imparfaites qu’il y donne de la philosophie du paganisme ; la véritable religion n’a pas besoin de supposer, dans ses adversaires ou dans ses émules, des défauts qui n’y sont pas.

1540. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Voilà le véritable éloge et qui domine toutes les critiques de détail.

1541. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Connaître les lois du système du monde est par soi-même, une chose noble, excellente, et c’est là le véritable but de la curiosité scientifique.

1542. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Autrefois l’éléphant et le rhinocéros… Nous retrouvons pourtant un véritable Apologue, c’est-à-dire, une action d’où naît une vérité morale voilée dans le récit de cette action même.

1543. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

De notre temps si la Prose s’altère sur quelques points, c’est pour s’enrichir par tant de conquêtes : rappelons-nous la comédie élargissant son domaine, le roman agrandi suscitant ses véritables chefs-d’œuvre, l’histoire faisant de son champ jadis étroit tout un monde d’explorations et de découvertes, la critique vraiment fondée et promue à la dignité d’un genre original où cinq à six hommes supérieurs ont véritablement créé, l’érudition réconciliée avec le beau style et devenue l’une des provinces de la haute littérature, la politique rendant parfois de mauvais services à la pureté de la langue, mais produisant aussi dans la presse et à la tribune d’admirables écrits de polémique et de non moins admirables discours, la philosophie et la religion enfin pour de nouveaux besoins et avec de nouveaux interprètes se créant aussi une langue nouvelle.

1544. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Seneque le pere qui exerçoit une profession des plus graves qui fussent de son temps, confesse que son goût pour les représentations des pantomimes étoit une véritable passion.

1545. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

lisez seulement dix lignes de ces deux écrivains à qui on ne peut comparer personne, et vous avez, dans ces dix lignes, entiers et visibles, ces deux esprits, véritables et charmants phénomènes qui sont une gracieuseté du bon Dieu faite à l’intelligence humaine, et qui n’ont, littérairement, ni ancêtres ni postérité, apparemment pour que les hommes ne pussent pas compter sur un tel bonheur tous les jours !

1546. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

— D’ailleurs, quand bien même une pareille relation serait vérifiée, il faudrait se rendre compte de la distance qui séparerait encore, de cette constatation, une explication véritable.

1547. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ?

1548. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Alexandre, mêlant à une véritable grandeur d’âme et à des actions incomparables quelques accès de fureur, avait vu autour de lui le silence, même sur sa gloire ; et son règne, marqué par autant de fondations que de conquêtes, n’avait pas su produire un grand poëte, un grand historien.

1549. (1923) Paul Valéry

Ce qu’on appelle une réalisation est un véritable problème de rendement dans lequel n’entre à aucun degré le sens particulier, la clef que chaque auteur attribue à ses matériaux, mais seulement la nature de ces matériaux et l’esprit du public. » Le rôle de l’artiste est d’établir la communication entre l’être de sa matière artistique (couleur, formes, vers) et l’être du spectateur ou du lecteur. […] « Pour ce héros glacial, le véritable ennemi, c’est le hasard », et l’œuvre véritable c’est non un discours sur la méthode, mais une création de méthode. […] Cela allait même, dans ses premiers poèmes, à de véritables jeux, d’ailleurs aimables.

1550. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

quelle joie délirante et quel bonheur véritable éclataient dans tous les yeux ! […] En principe il admettait le Parnasse Contemporain et les poèmes qui le composaient pour la plus plupart, mais il objectait fortement contre ce qu’il appelait, peut-être avec raison, les « véritables barbarismes » que constituait dans nombre des poèmes de Leconte de Lisle et de poèmes imités de ce maître l’orthographe du nom des dieux de la Grèce antique. […] Il m’avait toujours, en dépit de miennes idées, presque toutes opposées aux siennes, continué sa bienveillance, et c’est avec un véritable chagrin que j’appris, couché moi-même sur un lit, qu’il fût mort. […] Et tout d’abord, en des pages éloquentes, d’une élégante et captivante précision, il rend hommage à la forme, pour ainsi parler, donnée par les architectes aux diverses parties de l’immense construction, véritable ville, brillante comme de féerie et presque comme d’histoire, destinée à contenir ces trésors d’art, d’invention, d’ingénieux et infatigable travail en tout genre, qui sont, plus encore et plus généralement que la seule peinture visée par le poète : … le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité.

1551. (1886) Le roman russe pp. -351

Un critique l’a remarqué justement, ce réalisme est condamné à finir dans la caricature ; et Paul de Kock est en un sens son véritable père. […] À lire la prose et les vers qu’ils déclamaient à l’Ermitage, on croit entendre de beaux esprits, réunis pour un jeu de société qui les distrait de leurs véritables affaires. […] C’est là leur véritable service, leur meilleure contribution au progrès intellectuel du pays. […] La confusion augmente jusqu’au coup de foudre final, l’arrivée du véritable commissaire. […] Chez lui, ce fut une véritable possession ; après dix années de lutte, il succomba, terrassé par le fantôme qu’il avait évoqué.

1552. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Je ne pense pas que ce soit là le véritable esprit du christianisme. […] Dès à présent, on signalerait tel poème qui, comme le Pèlerinage de Charlemagne à Jérusalem, et surtout comme Beaudoin de Sebourg, est une véritable parodie de la grande épopée, quelque chose comme une première ébauche du genre au développement duquel la littérature italienne devra plus tard son Roland furieux et l’espagnole son Don Quichotte. […] C’est ainsi qu’en Grèce, Homère tout le premier, Hésiode, et les « poètes cycliques » furent et demeurèrent longtemps de véritables historiens, mieux que cela : les seuls historiens ! […] Mais empressons-nous d’ajouter qu’une pension de 8 000 francs consola Chénier de sa destitution ; que Chateaubriand ressemble fort à un persécuté imaginaire ; et que Mme de Staël a quelque part écrit ce mot curieux, trop rarement cité, « que Bonaparte était un homme que la véritable résistance apaisait, et que ceux qui ont souffert de son despotisme doivent en être accusés autant que lui-même257 ». […] Boucherie le sait comme moi, mieux que moi, de véritables réputations européennes se sont fondées sur de simples recensions de textes.

1553. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Quoique l’amour sincère soit digne de respect, il est impossible de ne pas voir dans cette scène de mélodrame une véritable profanation. […] Cette Marseillaise, qui se comprenait dix ans plus tôt, sous l’assemblée constituante, n’est-elle pas, sous le consulat, un véritable hors-d’œuvre ? […] Ce que Béranger avait fait dans la chanson, Lamartine le faisait dans l’ode et dans l’élégie ; c’était des deux parts une véritable révolution, préparée de longue main et accomplie sans secousse, sans résistance, par deux génies prédestinés. […] Il fait exécuter, je l’avoue, à l’idiome que nous parlons des manœuvres qui peuvent passer pour de véritables tours de force ; mais la langue, en sortant de ses mains, ressemble aux enfants qu’un saltimbanque impitoyable dresse à coups de bâton aux tours de souplesse. […] Frédérick Lemaître, non seulement il résume, pour les vieillards, Lekain et Garrick, et pour nous, contemporains, la science et l’inspiration de Talma ; mais la soirée du 8 novembre a été pour lui une véritable transfiguration.

1554. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Il y a des tragédies grecques qui sont pleines d’action, comme Philoctète, et qui sont pleines d’action et d’intrigue jusqu’à en être de véritables mélodrames, comme Œdipe roi. […] Ils étaient de très « petite extrace », comme dit Villon, et avaient au cœur une véritable foi à l’égard de leur littérature populaire. […] Ils prenaient sur leur repos et sur leur sommeil pour copier avec un grand soin et aussi une véritable intelligence les monuments du vieux théâtre. […] Tels sont, pour moi, les véritables misanthropes figures sinistres qui conviennent au genre tragique et peuvent seuls être mêlés à une action intense. […] La Cousine Bette, c’est la véritable École des Vieillards, celle de Casimir Delavigne, quoique très intéressante, restant un peu superficielle.

1555. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Dumas avait commencé par le roman, plus ou moins romanesque, plus ou moins facétieux, et c’est bien pour cela, sans doute, que ses deux premières pièces, la Dame aux camélias et Diane de Lys, sont encore, en leur fond, de véritable drames romanesques. […] Dénouement véritable, seul logique, seul possible, seul vrai, et d’une haute moralité. […] Joliet était un portier très véritable et point du tout un « portier de comédie ». […] Donc, pas d’intérêt véritable, car l’intérêt dramatique est précisément ceci : souhaiter aux personnages ce qu’ils se souhaitent, eadem velle, eadem nolle. […] Cette pièce, qui, encore une fois, est toute pleine de « petits coins délicieux » et toute pétillante d’esprit, avec des mots amusants, toujours originaux, à défrayer de Nouvelles à la main un journal humoristique pendant un mois, n’en est pas moins dénuée de véritable intérêt et laisse le spectateur sur une impression incertaine et plutôt triste.

1556. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Les véritables savants en sont encore à demander vainement qu’on leur cite une seule découverte réelle qui soit due à cette méthode si vantée. » Et en conséquence, la méthode qu’il a voulu substituer à celle de Cousin, comme étant non seulement la meilleure, mais à vrai dire la seule bonne, c’est celle qui consiste, si vraiment nous voulons nous connaître, à commencer par sortir de nous-mêmes ; et, quand ensuite nous essayons de systématiser nos observations, à n’y rien mêler de notre fond. […] et, quand ils en sont arrivés à penser, et très sérieusement, comme Flaubert, qu’un « assemblage de mots, indépendamment de ce qu’il exprime », avait en soi sa beauté, n’ont-ils pas été dupes d’une véritable hallucination d’art ? […] Les Harmonies ; — et qu’ayant paru avant Jocelyn ; — si cependant c’est après Jocelyn qu’on en parle ; — la raison en est « qu’étant écrites comme elles ont été senties, sans liaison et sans suite » ; — elles sont la substance même de la poésie de Lamartine ; — quand, au lieu de se contenir et de se surveiller, elle s’épanche. — Elle trahit en effet ainsi sa véritable nature ; — qui est précisément de ne pas savoir se borner ; — et de tendre non seulement à la philosophie ; — mais à la philosophie panthéiste ; — et à force d’abondance, au vague et à l’indétermination. — Que cette observation n’a pas d’ailleurs pour objet de « déprécier » les Harmonies ; — si Lamartine, à cette inspiration générale, a mêlé quelques-unes de ses inspirations les plus précises [Cf.  […] 2º La Rénovation de l’Histoire ; — et qu’il n’y a rien d’excessif à la rattacher au nom d’Augustin Thierry ; — sur l’esprit duquel il convient d’observer avant tout, que, ni son passage par l’École normale supérieure, de fondation toute récente alors ; — ni sa collaboration avec Saint-Simon ; — et aux journaux libéraux de l’époque, 1820, — tels que le Courrier français, — n’ont exercé de grande influence. — Mais ce sont Chateaubriand d’abord ; — et ensuite Walter Scott qui lui ont révélé sa vraie vocation ; — qui a été : 1º d’introduire dans l’histoire le sentiment de la diversité des époques ; — toutes ou presque toutes confondues jusqu’alors sous l’uniformité d’un même coloris ; — 2º d’introduire dans l’histoire, avec la doctrine de l’irréductibilité des races, une espèce de fatalisme physiologique ; — mais aussi un ferment ou un levain de poésie ; — si, comme nous l’avons vu en partant de l’épopée du Moyen Âge, — toute épopée se définit par un conflit de races ; — et 3º de faire voir enfin de quelle lumière — la préoccupation active du présent éclairait les obscurités du passé ; — et leur donnait leur véritable sens. […] ] ; — mais combien surtout ils sont peu romantiques. — Le roman de Cinq-Mars, 1826 ; — et le Moïse, 1826. — Liaisons de Vigny avec les romantiques ; — et sa part dans la lutte contre le classicisme ; — avec son Othello, 1829 ; — son drame de La Maréchale d’Ancre, 1831 ; — et son roman « symbolique » de Stello, 1832. — Rencontre et fusion dans Chatterton, 1835, — de trois au moins des caractères du romantisme — recherche de la « couleur locale » ; revendication de la « souveraineté du poète », et du « droit de l’individu ». — Mais déjà, dans les récits qu’il donne en 1835, sous le titre de Grandeur et servitude militaires — Vigny nous apparaît détaché de l’égoïsme romantique ; — comme aussi dans les fragments de son Journal sous cette date ; — et, puisque c’est là le principe et la nature de sa véritable originalité, — c’est ce qui rend bien oiseuse la question de savoir quel est exactement son rang parmi les romantiques.

1557. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

. — Les Anglais, me répondit-il, d’un grand sang-froid, ne peuvent avoir de véritable éloquence, ni de poésie vraiment admirable ; la nature de leur langue, non dérivée du latin, s’y oppose d’une manière invincible. […] Le Romantisme appliqué à celui des plaisirs de l’esprit à l’égard duquel a lieu la véritable bataille entre les Classiques et les Romantiques, entre Racine et Shakspeare, c’est une tragédie en prose qui dure plusieurs mois et dont les événements se passent en des lieux divers. […] Quand ces messieurs le voudraient, les propriétaires des Débats, véritables Girondins de la réaction royaliste, ne leur permettraient pas de louer une chanson de Béranger, ou un pamphlet de Courier.

1558. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Ce sont plutôt des réalisations de cauchemars que de véritables personnages d’invention. […] Les pages deviennent de véritables créatures, toutes pantelantes de leur outrance à vivre. […] La rose chantée par le poète surpasse en grâce toute rose, elle est la rose véritable et réelle, et les merveilles de toutes les autres s’y cristallisent et y chantent.

1559. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Et ils existent des gens qui, dans leurs feuilletons, font des traités sur le véritable art dramatique, — eux qui admirent à la fois Molière et Scribe, les fabricateurs les plus dissemblables dans la composition d’une pièce. […] Puis un volume manuscrit de pièces sur les prisonniers du donjon de Vincennes, et c’est avec une véritable émotion, que je lis la lettre d’incarcération de Diderot, et la lettre qui lui donne la clef des champs. […] Et il arrivait que ma mère, se trouvant sans autorité sur moi, quand j’avais commis quelque méfait, la chargeait de me gronder, et ma tante, par quelques paroles hautainement dédaigneuses, me donnait, sans que jamais, il y eût chez moi l’instinctive révolte du garçonnet en faute, me donnait une telle confusion, que je ressentais une véritable honte d’une peccadille.

1560. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ne doit-on pas quand on compile l’Histoire ancienne, faire sentir l’énorme différence de ces capitaines de bandits avec de véritables Rois d’une nation puissante ? […] Il creuse avec une rare sagacité jusqu’au fond du cœur humain ; il saisit les moindres nuances des passions, les petits ressorts des grands desseins, le manége sourd des Cours, & le véritable objet de leurs démarches. […] Cette simplicité noble qui est le véritable ornement de l’histoire, n’est point le caractère de ces deux ouvrages.

1561. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Dans l’Almanach royal et dans la France ecclésiastique de 1788, nous lisons leur revenu avoué ; mais le revenu véritable est de moitié en sus pour les évêchés, du double et du triple pour les abbayes, et il faut encore doubler ce revenu véritable pour en avoir la valeur en monnaie d’aujourd’hui72.

1562. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

La mère et la fille entretenaient tout le linge de la maison, et employaient si consciencieusement leurs journées à ce véritable labeur d’ouvrière, que, si Eugénie voulait broder une collerette à sa mère, elle était forcée de prendre sur ses heures de sommeil en trompant son père pour avoir de la lumière. […] ” Sa cuisine, dont les fenêtres grillées donnaient dans la cour, était toujours propre, nette, froide, véritable cuisine d’avare, où rien ne devait se perdre.

1563. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

que les humbles possèdent la véritable joie ! […] Si vous voulez goûter une véritable joie et des consolations abondantes, méprisez toutes les choses du monde, repoussez toujours les joies terrestres ; et je vous bénirai, je verserai sur vous mes inépuisables consolations.

1564. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

La fin du seizième siècle avait vu naître, de la double imitation des anciens et des Italiens modernes, un essai de comédie où des traits de mœurs véritables et des indications de caractères sont perdus parmi des scènes de nuit, des travestissements, des reconnaissances, dans un dialogue assaisonné d’obscénités. […] Les mœurs romanesques de la comédie d’intrigue cèdent la place aux mœurs véritables de la nation et du temps, qui sont la couleur locale de la comédie.

1565. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Cette manière d’être et de réagir propre à la conscience n’est point une forme, ni une sorte de cadre intellectuel a priori : c’est un état général en corrélation avec l’étendue de l’organisme, c’est un ensemble d’impressions venant de partout et provoquant une réaction du centre dans toutes les directions ; c’est un rayonnement véritable, une sorte d’irradiation de la vie comme celle d’un foyer de chaleur. […] Selon nous, le véritable révélateur de la troisième dimension, de la profondeur, de la distance en avant pour traverser des plans successifs, c’est l’appétit.

1566. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Si on considère l’idée qu’ils se font et qu’ils veulent nous faire de l’homme au berceau, le véritable nom de leur philosophie ne serait ni le spiritualisme, ni le déisme, ni le panthéisme, ni même le matérialisme ; ce serait le végétalisme. […] XIX Mais, dès les âges les plus reculés aussi, une autre philosophie, la philosophie de la réalité, la véritable expression de l’homme complexe, âme et corps, une philosophie qui est raison et religion tout ensemble, vérité et consolation à la fois, une philosophie dont on retrouve les dogmes et les préceptes dans les premiers monuments littéraires de l’Inde, a réfléchi au lieu de rêver, et a trouvé dans la douleur même les deux seuls remèdes à la douleur : l’acceptation et la sanctification.

1567. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Une Introduction à la véritable astronomie 36 par Keill. […] Il désigne les ouvrages auxquels il renvoie par un titre de fantaisie qui indique bien ce qu’ils contiennent, mais sous lequel il est difficile parfois de reconnaître le véritable.

1568. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Mais la véritable inspiration de telles paroles, c’était la foi même de la foule, et ce sentiment qui faisait dire à saint Basile : « Il a plu à nos pères de ne pas recevoir en silence le bienfait de la lumière du soir, mais, quand elle paraît, de rendre grâces. […] Voici ce langage nouveau : « L’âme est un souffle de Dieu ; elle a, quoique céleste, admis le mélange de l’élément terrestre, lumière enfouie dans un antre obscur, mais divine et immortelle. » Parmi bien d’autres effusions poétiques de Grégoire de Nazianze, toutes pleines de l’esprit, souvent des expressions littérales de l’Écriture sainte, se rencontrent aussi de véritables hymnes, offrandes de l’évêque à son église, ou pieuses exclamations de sa solitude.

1569. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Ce vaisseau, dont chaque partie et chaque agrès est un vice et une méchante pensée, est décrit d’une façon ingénieuse et pédantesque qui rentre déjà tout à fait dans le genre faux du xive  siècle, et qui signale une véritable décadence dégoût en même temps qu’un raffinement très habile dans les idées.

1570. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Un paysagiste est « non pas un copiste, mais un interprète ; non pas un habile diseur qui décrit de point en point et qui raconte tout au long, mais un véritable poète qui sent, qui concentre, qui résume et qui chante ».

1571. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Mais ce qui était bien véritable aussi et frappant, c’est que tout ainsi que Montesquieu pouvait dire : « L’esprit que j’ai est un moule, on n’en tire jamais que les mêmes portraits », l’esprit de Marivaux, à plus forte raison, devait paraître un patron d’où il avait tiré à la fin toutes les broderies et toutes les dentelles.

1572. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Le siècle a marché, ou plutôt trois siècles se sont écoulés, et la politique véritable tient seule désormais le dé dans le maniement des affaires.

1573. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Ainsi dans la biographie de James Watt, l’immortel perfectionneur et l’applicateur véritable de la machine à vapeur, celui qui, le premier, lui a donné l’organisation et la vie, on aurait besoin de figures pour tout comprendre.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

En attendant, et pendant qu’on se préparait à avoir de longues conférences infructueuses sur la paix, le président pourvut à l’essentiel, qui était de ressaisir pour son maître l’influence principale et le véritable arbitrage de la situation.

1575. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

La bizarrerie du poème continuait à être un obstacle et une sorte d’épouvantail : cette bizarrerie ne pouvait cesser d’être réputée telle que lorsqu’on aurait pénétré dans l’œuvre par la vraie voie, par la véritable entrée qui était encore peu expugnable, celle du Moyen Âge.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Le lecteur, à tous les instants aussi, et dans le détail même de la lecture, serait pénétré du véritable esprit du sujet, il en serait nourri, et au bout de ces quinze volumes l’homme réel, l’homme naturel, exprimé en mille façons, lui sortirait par tous les pores.

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Et certainement rien n’est plus propre à former un véritable homme de guerre qu’un métier qui apprend à attaquer hardiment, à se retirer avec ordre et avec sagesse, et enfin qui accoutume à voir souvent l’ennemi de fort près.

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Parmi les lettres qui se distinguent par une intention d’agrément comme par une affection véritable et des plus tendres, il y a celles qui sont adressées à Mme Daubenton, la nièce par alliance du grand anatomiste ; c’est à elle que Buffon écrit, parlant de l’oncle et peut-être du mari : « Il paraît que MM. 

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Mais s’il devait s’affranchir par l’intelligence, il appartenait bien radicalement à ce monde de La Chênaie par la sensibilité, par les impressions profondes, par les premiers et sincères témoignages du talent : tellement que, dans la perspective littéraire du passé, il s’y vient placer comme une figure dans son cadre, en s’en détachant ; il en est et en demeurera dans l’avenir le paysagiste, le peintre, le véritable poète.

1580. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Je m’étonnerais donc (si je ne le savais si absolu dans sa manière de voir) qu’aujourd’hui qu’il examine à loisir ces affaires du passé, il ne se soit point posé un seul moment cette question : Que serait-il arrivé en 1830, si dans les rangs de ce ministère Laffitte, ou à côté, il s’était trouvé à temps un homme véritable, un Casimir Perier du mouvement et d’une politique plus hardie, agressive et non plus défensive ?

1581. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

 » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.

1582. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Quelques années consacrées à cette seconde et véritable édition seraient bien employées : l’ouvrage le mérite ; ce n’est pas simplement un livre, c’est toute une existence.

1583. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

On se trompe sur la véritable cause du grand effet produit par Tacite.

1584. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il a très bien fait voir que les hommes d’État véritables ont trop manqué à la régénération de ce pays.

1585. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il était dans son entier développement et dans sa véritable maturité lorsque la mort le frappa à trente-quatre ans.

1586. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

La Bohémienne est une véritable ballade, comme nous en avons très-peu en notre langue, comme il n’en faudrait pas faire beaucoup, mais franche, naturelle, fortement composée de dessin, et sachant être noble, touchante et grandiose, sur le ton de la complainte.

1587. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

On a fort applaudi et l’on goûte de nouveau à la lecture cette parole de moraliste sur l’indulgence : « Pour moi, je le confesse, le résultat d’une longue suite de jours qui ne sont pas sans souvenirs, n’aura pas été uniquement de rendre mes convictions d’autant plus inébranlables, mais aussi, mais surtout de m’apprendre que l’indulgence, dont on se vante, a encore des rigueurs que n’aurait pas une complète justice105. » De simples mots ont produit un effet au passage : « Voilà, me dit-il un jour (en parlant de l’abbé Émery), voilà la première fois que je rencontre un homme doué d’un véritable pouvoir sur les hommes, et auquel je ne demande aucun compte de l’usage qu’il en fera. » Ce me dit-il un jour a fait mouvement ; il s’agissait de Napoléon.

1588. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

D’un autre côté, trop de soin a son danger et peut introduire dans le rhythme une sorte de mobilité, de turbulence fatigante, ou même des combinaisons fausses, de véritables contre-sens.

1589. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Flaubert avait trouvé, dans sa famille même et mêlées à ses souvenirs d’enfant, de sérieuses leçons anatomiques : son père, ancien prosecteur à l’hospice de Rouen, habitait un logement enclavé dans l’Hôtel-Dieu et s’était installé un véritable laboratoire où, quotidiennement, il professait en famille.

1590. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les gradations de la pensée, les nuances du sentiment, ont besoin d’être approfondies par la méditation ; et ces paroles agréables qui s’offrent en foule aux poètes italiens pour faire des vers, sont comme une cour de flatteurs qui dispensent de chercher, et souvent empêchent de découvrir un véritable ami.

1591. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

V Je continuai ensuite à avoir une véritable amitié pour lui, et lui pour moi.

1592. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Et le même Chapelain, dans ses lettres intimes qui nous découvrent sa véritable pensée, se montre essentiellement classique par toutes les préférences et par la direction générale de son esprit.

1593. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Il y a des littératures qui, mieux que la nôtre, ont rencontré les véritables conditions de la beauté littéraire, parce qu’elles ont été franchement nationales et chrétiennes.

1594. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Renan a préparé, parmi les incrédules, les esprits qu’il faut pour faire à cette nouvelle attitude de l’Église l’accueil qu’elle mérite ; et, si le mouvement dessiné depuis plusieurs années s’achève, si l’Église redevient, selon son véritable esprit, une grande force démocratique, l’Église en profitera sans doute, le monde plus encore, et notre pays plus que les autres.

1595. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et sans doute, dans son tête-à-tête avec Elmire, il débute assez lourdement par l’emploi du « jargon de la dévotion » ; mais, insensiblement, il sait tourner ce jargon en caresse, et le rapproche enfin de la langue vaguement idéaliste que l’amour devait parler, cent cinquante ans après Molière, dans des poésies et romans romanesques et qui a plu si longtemps aux femmes… Mais, en outre, il a de la finesse et de l’esprit, et des ironies, et des airs détachés qui sentent leur homme supérieur et qui sont d’un véritable artiste en corruption.

1596. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin, en composant le roman qu’il vient de publier, a eu l’excellente idée, et bien digne d’un véritable homme de lettres, de se distraire depuis deux ans du spectacle des choses publiques, du spectacle de la rue, et de chercher dans un sujet emprunté au Grand Siècle un oubli des misères et des ennuis du présent.

1597. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mais, à partir de ce jour, le charme de Cirey fut tout à fait rompu et détruit pour la triste voyageuse : elle ne s’y considéra plus que comme en prison et dans une véritable geôle, jusqu’à l’heure où elle put en sortir.

1598. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

C’est ce mélange et ce juste équilibre qui caractérise la véritable et complète éducation selon Rabelais : le médecin, l’homme qui sait les rapports du physique au moral et qui consulte en tout la nature, se retrouve en lui à chaque prescription.

1599. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

La proportion apparaîtra, en effet, bien faible, de ses conséquences funestes, des cas où il est accompagné d’une impuissance, de ceux où il détourne une activité de ses buts véritables, à la somme des avantages qu’il procure.

1600. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Sur la base d’un réalisme rigoureux, d’une aptitude singulière à apercevoir le monde ambiant, en son aspect véritable et à ressentir un plaisir général à la décrire, s’étage une faculté visuelle plus spécialisée, plus délicate, source de plus de joie et de plus d’efforts, celle de sentir et de retenir de préférence des sensations colorées.

1601. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

C’est un beau, un très-beau dessin, plein de véritable grandeur, de chaleur et d’effet.

1602. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

De plus, alors même que nous avons collaboré à leur genèse, c’est à peine si nous entrevoyons de la manière la plus confuse, et souvent même la plus inexacte, les véritables raisons qui nous ont déterminé à agir et la nature de notre action.

1603. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Eux chargeaient leurs phrases jusqu’à la gueule avant de les pointer sur le Romantisme : ils faisaient de véritables efforts, on les voyait suer à la peine.

1604. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Et telle est la véritable lacune que M. 

1605. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Ces observations, ces rapprochements que j’indique ici rapidement, et qui sont du domaine de la critique élémentaire, un lecteur véritable doit les faire, et un livre de mérite doit les provoquer.

1606. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Plus que jamais, fidèle à la méthode psychologique, au lieu de sortir de l’observation, je m’y enfonçai davantage, et c’est par l’observation que, dans l’intimité de la conscience et à un degré où Kant n’avait pas pénétré, sous la relativité et la subjectivité apparentes des principes nécessaires, j’atteignis et démêlai le fait instantané, mais réel, de l’aperception spontanée de la vérité, aperception qui, ne se réfléchissant point elle-même, passe inaperçue dans les profondeurs de la conscience, mais y est la base véritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la réflexion, devient une conception nécessaire.

1607. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Ne cherchez la véritable éloquence que sous les gouvernements où elle produit de grands effets et obtient de grandes récompenses27. […] Qui est-ce qui ignore que le véritable attachement a sa source dans les soins qu’on a pris, et dans les services qu’on a rendus91 ? […] Britannicus touchait à sa quatorzième année : le nommer le véritable successeur de Claude, c’était le proscrire ; et bientôt il est empoisonné à table (TACIT. […] XIII, cap. xlii)  : « Il hait, disait-il, les amis de Claude, sous lequel il a souffert un exil bien mérité ; auteur d’écrits frivoles qu’il fait admirer à de jeunes ignorants, il est jaloux de quiconque emploie une véritable et saine éloquence à la défense des citoyens. […] La première édition porte : Ne cherchez la véritable éloquence que chez les républicains.

1608. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Glesener, lui, nous dessine de véritables enfants qui ont leur âme en train de se former, qui ont leur univers limité à leurs regards, et qui ont leur pensée de cet univers peu étendu, complet cependant. […] Potterat, c’est la Suisse, la sincérité, la spontanéité de la Suisse : et il dément la neutralité de la Suisse, la véritable neutralité, celle du cœur, l’indifférence. […] Lucile, entre les héroïnes des romans, est une véritable jeune fille, non pas une femme inachevée, de même que l’enfant Gilles est un véritable enfant, non pas un petit homme trop court. […] Ses qualités sont d’un véritable érudit, d’un merveilleux artiste et d’un philosophe, au moins d’un penseur ; et, ses défauts ou quelques-uns de ses défauts, certains ignorants, ou primaires, les ont aussi. […] Les sciences véritables ont une liberté meilleure et ne craignent pas l’hypothèse : l’histoire, qui est une science à peine, craint l’hypothèse et, quelquefois, n’évite pas toute espèce de pharisaïsme.

1609. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Dès le second ouvrage de Sidney, la Défense de la poésie, on voit paraître la véritable imagination, l’accent sincère et sérieux, le style grandiose, impérieux, toute la passion et l’élévation qu’il porte dans son cœur et qu’il mettra dans ses vers. […] Nous savons que leurs larmes et leurs cris ne sont pas véritables. […] Pour se développer, il faut qu’une idée soit en harmonie avec la civilisation qui l’entoure ; pour que l’homme espère l’empire des choses et travaille à refondre sa condition, il faut que de toutes parts l’amélioration ait commencé, qu’autour de lui les industries grandissent, que les connaissances s’amassent, que les beaux-arts se déploient, que cent mille témoignages irrécusables viennent incessamment lui donner la preuve de sa force et la certitude de son progrès. « L’enfantement viril du siècle359 », ce titre que Bacon décerne à son œuvre, est le véritable. […] Alors paraîtront non les axiomes universels inutiles, mais « les axiomes moyens efficaces », véritables lois d’où l’on pourra tirer des œuvres, et qui sont des sources de puissance au même degré que des sources de lumière361. […] À la façon des poëtes, il peuple la nature d’instincts et d’inclinations ; il attribue aux corps une véritable voracité, à l’air une sorte de soif pour les clartés, les sons, les odeurs, les vapeurs qu’il absorbe ; aux métaux, une sorte de hâte pour s’incorporer les eaux-fortes.

1610. (1914) Une année de critique

Alfred Capus, et presque uniquement là, que l’on peut trouver la véritable chronique du temps présent. […] Reconnaissons ici le trait caractéristique du véritable romancier. […] Encore était-il permis de penser que l’aventure psychologique de celui-ci formait le véritable sujet du livre. […] Le véritable apôtre compatit : l’intellectuel en rupture de parlotte mondaine ou littéraire goûte le charme de la compatissance. […] Julien Benda semble tenir pour le véritable état de grâce philosophique et qui ressemble à cela à peu près comme ressemble à l’ivresse le vacillement de l’affamé.

1611. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Mais il est bien véritable qu’il y a des arguments qui, sans faire douter de la sincérité, trahissent un oubli de la gravité du dessein. […] C’est alors que commence sa véritable éducation intellectuelle, celle qu’on se donne soi-même, au gré de son goût. […] Il faut reconnaître que de l’esprit véritable, celui qu’ont La Fontaine, Molière, Voltaire, Henri Heine, Victor Hugo n’en a aucune trace. […] Les hommes de 1830 ont beaucoup de cet esprit-là : Gautier (Les jeune France) en donne de véritables modèles. […] Ceci c’est la véritable composition poétique, un poème étant, comme a très bien dit Aristote, « un organisme » (ζώόντι), et non une construction.

1612. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Faut-il étendre cette doctrine à ces véritables espèces intellectuelles que sont les genres littéraires, et, plus généralement encore, les arts ? […] Les Messéniennes le conduisirent à Childe Harold et ce fut aussitôt une véritable possession : « Byron et Alfieri », devait-il dire un jour, « m’ont empoisonné dix ans de ma jeunesse. » Ce qu’il demanda au poète du Corsaire, ce ne furent pas des façons d’écrire, ce furent des façons de sentir. […] Qu’avait-il fait entre 1835 et 1851, date où parurent presque simultanément la Vieille Maîtresse et les Prophètes du Passé, ses deux premiers véritables livres ? […] Ce sont de véritables drames intellectuels que ces volte-face, quand le jeune homme qui les accomplit ne cesse pas de préférer dans son cœur le genre brillant dont il s’écarte, au genre plus austère auquel il se voue. […] Les plus grands poètes n’ont eu qu’à copier leurs rêves d’enfance, et à écouter l’appel de leurs morts, pour trouver leur véritable talent.

1613. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il n’est que d’appeler les choses par leur nom, et, en toute occasion, de remonter aux causes véritables. […] Ce qui frappe l’esprit de la foule, ce sont les applications industrielles de la vapeur et de l’électricité ; et on ne peut en effet s’empêcher de voir qu’elles rendent chaque jour le monde plus inhabitable… Mais c’est ailleurs, dans l’acquisition de connaissances et de méthodes nouvelles, que s’est fait le véritable progrès. […] Sensualité qui voisine avec la cruauté, amour-propre blessé, égoïsme déçu, brutalité du tempérament, exaspération des nerfs, défaillance de la volonté libre, voilà ce que l’analyse révèle chez les auteurs de crimes passionnels ; ce qu’elle n’arrive pas à trouver parmi les éléments dans lesquels leur acte se décompose, c’est un atome de véritable amour. Une fois dépouillé de sa poésie mensongère, privé de sa fausse auréole, ramené à ses causes véritables et réduit à sa laideur foncière, il reste à apprécier le crime passionnel, comme on fait tous les crimes, au double point de vue du danger social et de l’infraction à la loi morale. […] C’est un monstre que l’abbé Jehoël de la Croix-Jugan, véritable phénomène de laideur.

1614. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Mais il s’élève à une éloquence véritable, à celle où le cœur et la pensée se confondent, lorsqu’il ajoute dans le ton de Jean-Jacques : « Il n’est pas possible de dire avec les stoïciens que la douleur n’est point un mal. […] Thierry en revenant avec charme sur ses travaux de l’année 1821, toute passion véritable a besoin d’un confident intime ; j’en avais un à qui, presque chaque soir, je rendais compte de mes acquisitions et de mes découvertes de la journée. […] Il est délicieux, j’en ai été dans un véritable enchantement ; c’est du bronze sur papier ; depuis que les Védas ont été révélés, l’on n’a rien vu de pareil. […] Il considérait tout crûment les barbares germains et en particulier les Franks (je demande pardon de l’image, qui rend parfaitement ma pensée) comme une suite de durs cailloux à digérer : tant que ce travail de rude digestion ne fut pas terminé, ou du moins très-avancé, il n’y eut pas, selon lui, dans la société autrefois gallo-romaine, de véritable réveil et de symptôme possible d’une civilisation recommençante. […] Il se fait là, au milieu des luttes finissantes de l’anarchie mérovingienne, une sorte d’émancipation du midi, une véritable contre-conquête, comme la nomme M.

1615. (1940) Quatre études pp. -154

La parenté véritable aurait exigé une même disposition des âmes, et puis un commun départ vers l’inconnu. […] We struggle by multiform combinations among the things and thoughts of time, to attain a portion of that Loveliness whose very elements perhaps appertain to eternity alone… « Par des combinaisons multiples, nous luttons au milieu des choses et des pensées qui sont de l’ordre du temps, pour atteindre une portion de cette Beauté dont les éléments véritables appartiennent peut-être à la seule éternité… » Comme on pourrait rêver, si on était délivré de la considération de l’espace et de la durée, rêver à la rencontre idéale d’Edgar Poe et de Baudelaire ! […] À ce point, quand la pièce semble aller d’un mouvement rapide vers sa conclusion, une véritable divagation commence. […] En vain mes Sœurs s’applaudissent-elles de cet art pénible qu’elles ont inventé pour le charme des oreilles ; en vain se sont-elles imposé cette servitude des sons et des mesures dont tu te plains ; elles ne sauraient plaire qu’autant que je les inspire ; et les prodiges dont elles se vantent sont bien moins dus aux grâces contraintes qui les parent, qu’aux véritables beautés que je leur prête. […] Ainsi s’exprime le Genevois Lesage, en 1722 : La philosophie ne doit pas travailler à détruire les passions, mais à nous faire voir quels doivent être leurs véritables objets ; après quoi l’on peut, sans scrupules, y tendre à pleines voiles.

1616. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Il y a peut-être un peu d’intempérance et pas assez de paix véritable dans cette capitale Possession du monde qui fourmille d’admirables pages, mais M.  […] On l’a appelé le Jules Verne anglais, alors qu’il y a entre Jules Verne et lui la différence d’une imagination ingénieuse à un art véritable et créateur de vie. […] Aujourd’hui il constitue un monde véritable, complet, harmonieux avec son esthétique et ses lois, sa gauche et sa droite, ses adversaires de gauche qui le honnissent au nom des outrances contraires, ses adversaires de droite qui l’attaquent au nom des principes anciens. […] Un Art du Roman véritable serait une sorte de dialogue, issu d’États Généraux du roman, avec ces trois ordres, les romanciers, la critique, le public, — le premier qui milite, le second qui fait oraison, le troisième qui paie. […] La vérité est qu’aucune des trois grandes épopées antiques, l’Iliade, l’Odyssée, l’Énéide, ne comporte une véritable composition.

1617. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Du véritable Hippocrate, à le prendre dans sa vie, si l’on retranche tout ce que la légende et la fable y ont ajouté, combien on sait peu de chose ! […]  » Les érudits gaulois, de jour en jour plus nombreux, qui se prenaient d’un beau zèle pour nos vieux titres et notre vieille littérature, ne faisaient rien cependant pour réfuter ce dédain des érudits classiques ; ils accumulaient les textes ou les extraits ; mais quand ils donnaient les textes, comme Barbazan et Méon, ils les transcrivaient et les imprimaient avec une véritable incurie, qui se trahissait à toutes les pages : il semblait que c’était chose sous-entendue et convenue d’avance qu’on n’avait à faire ici qu’à des patois informes où les règles n’existaient pas, et où il fallait deviner les choses spirituelles à travers un fatras de mots qui pouvaient se prendre les uns les autres presque indifféremment.

1618. (1929) Dialogues critiques

De même que le véritable homme du monde est celui qui n’a jamais d’opinion sur rien. […] Paul Et cette force, si franche du collier, n’est-ce pas la marque de la véritable jeunesse ?

1619. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle s’est ainsi formé un sens esthétique (mais ce mot n’est pas de sa langue), un instinct du bon et du mauvais, du beau et du laid, du vrai et du faux, un véritable tact littéraire. […] Mais la véritable propédeutique pour fonder le goût est le développement des idées morales et la culture du sentiment moral.

1620. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Plusieurs jours de suite, j’eus, soit dans mon lit, soit dans mon fauteuil, des hallucinations semblables ou des rêves véritables, dans lesquels je lisais des caractères orientaux. […] Baillarger rêva une nuit que telle personne était nommée directeur d’un certain journal ; le matin, il croyait la chose vraie et en parla à plusieurs personnes, qui apprirent la nouvelle avec intérêt ; toute la matinée, l’effet du rêve persista, aussi fort que celui d’une sensation véritable ; vers, trois heures seulement, comme il montait en voiture, l’illusion se dissipa ; il comprit qu’il avait rêvé ; ainsi le groupe réducteur n’avait repris son ascendant qu’au bout d’une demi-journée. — À cet égard, la minutie et l’intensité d’une image volontaire ont parfois la même puissance que le rêve.

1621. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Dans cette salle de l’intérieur du palais, qui est nommée salle des purifications, il y a un tableau dont l’inscription porte ces quatre caractères : véritable grandeur, brillante gloire. […] Je serai parvenu au terme de ma vie, où je pourrai jouir sans remords d’un peu de tranquillité et où je pourrai connaître la véritable joie ; car jusqu’à présent je n’ai connu que le travail, la gêne, les inquiétudes et les soucis.

1622. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Et puis, si cet écrivain surgissait à Paris, l’envie le dénigrerait à sa naissance et l’étoufferait longtemps dans son berceau ; il aurait à subir, comme nous tous, la comparaison avec d’autres hommes égaux ou supérieurs à lui ; il serait mesuré à la toise de la jalouse médiocrité ; on ne lui rendrait sa véritable taille qu’à sa mort, quand il faudrait mesurer son cercueil à sa stature. […] XXVII Voilà, comme homme, le véritable portrait du comte de Maistre, avant l’époque où il devint illustre par sa plume : une famille angélique, un époux irréprochable, un père tendre, une piété de femme sucée avec le lait d’une mère, une vertu antique, sauf quelques égarements d’esprit, une ambition honnête, mais trop active et peu modeste, une fidélité à son roi bien récompensée, mais une fidélité impérieuse forçant la main à son gouvernement, enfin un publiciste très contestable et très variable, qui, pour conserver sa réputation d’infaillibilité, corrigeait après coup ses oracles quand la fortune démentait ses prévisions, et qui savait être toujours de l’avis des événements, ces oracles de Dieu.

1623. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

À sa manière de connaître le bois, je fus bientôt convaincu que j’avais affaire à un véritable Indien ; car il se dirigeait aussi juste en droite ligne qu’aucun Peau-rouge avec lequel j’eusse jamais fait route. […] Une nuit d’orage, pendant que les éléments se déchaînaient dans toute la fureur d’une véritable tourmente, le pauvre nègre s’échappa.

1624. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Erckmann et Chatrian étaient, en effet, les véritables auteurs de ce récit. […] À trois heures, la tante nous servit les küchlen à la cannelle ; nous y mordions ensemble, en riant comme des bienheureux, et la tante quelquefois s’écriait : « Allons, allons, est-ce qu’on ne dirait pas de véritables enfants ? 

1625. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Il y a eu, pour des raisons qui n’étaient pas toujours littéraires, une véritable ruée contre le romantisme, ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal. […] Les moroses écrits de ces « mauvais maîtres » n’ont-ils pas engendré ce délétère état d’esprit qui nous conduisit à Charleroi, au bord du gouffre, et qui aurait abouti au désastre final si Léon Daudet, en écrivant L’Avant-guerre, n’avait été le véritable vainqueur de la bataille de la Marne ?

1626. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’est à quoi Bossuet, qui a tout vu en cette matière, fait servir l’étude de l’antiquité païenne. « Nous marquions, dit-il, dans la doctrine admirable de Socrate, ce que la philosophie chrétienne y condamne, ce qu’elle y ajoute, ce qu’elle en approuve, avec quelle autorité elle en confirme les règles véritables, et combien elle s’élève au-dessus. » Bossuet avait indiqué le véritable esprit de l’éducation moderne ; il restait à développer son plan d’études, et à l’approprier aux besoins de l’enseignement public.

1627. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Pourtant ce mot signifie plus d’esprit que de génie, plus d’habileté que d’invention, plus de procédé que d’inspiration véritable. […] Le rhéteur n’a pas la véritable invention qui consiste dans les raisons moyennes ; il veut frapper fort, et il cherche dans les choses outrées la force que l’orateur trouve dans les choses justes.

1628. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Les véritables intérêts du peuple ne sont presque jamais dans ce qui en a l’apparence. […] Notre libéralisme formaliste ne profite réellement qu’aux agitateurs et à la petite originalité, si fatale en ce qu’elle déprécie la grande, mais sert très peu le progrès véritable de l’esprit humain.

1629. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il y a là ces rapports de coordination si essentiels, si subtils, si ramifiés, qu’on peut appliquer à chacun de ces drames ce que Kant dit de sa Critique de la raison pure : « c’est un véritable corps vivant, dans lequel chaque partie est un organe. […] Wilder ait pu, avec son système, suivre le texte de Wagner autant qu’il l’a fait ; ce sont de véritables tours de force qu’il exécute.

1630. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

12 janvier La folie de l’artiste, de l’écrivain, — voyez Meryon, Baudelaire, — les surfait, une fois morts ; elle fait monter leurs œuvres, ainsi que la guillotine fait monter l’écriture des guillotinés, dans les catalogues d’autographes… Mercredi 13 janvier La princesse après dîner a encore sur Sainte-Beuve un jaillissement : « J’étouffais, je suis sortie de chez lui, de peur de pleurer… Mais savez-vous ce qu’il m’a dit : que rien ne le forçait de donner sa démission au Sénat, et du reste que ça lui était bien égal… et que d’ailleurs son intention était bien de ne jamais servir le prince Impérial. » Puis tout à coup elle jette cette phrase : « Voyez-vous entre une femme comme moi, et un homme incomplet comme lui, il ne peut jamais exister de véritable amitié. » Mot profond qui peint l’incompatibilité des deux natures de la princesse et de l’écrivain. […] * * * — Rien de bon, avec une maîtresse, comme des rapports simplement charnels, mêlés à une véritable amitié de camarade.

1631. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

À ce moment, a lieu dans le salon une irruption de femmes, un peu dépeignées, un peu allumées par le vin d’un cru périgourdin, qu’on vient de baptiser : le cru de Victor Hugo, une véritable invasion de bacchantes bourgeoises. […] Il est dans Werther, quand Goethe dit par la bouche de son héros : « Cela me confirme dans ma résolution de m’en tenir uniquement à la nature. » Et il ajoute : « Toute règle, quoi qu’on dise, étouffera le sentiment de sa nature et sa véritable expression. » Mardi 28 mai On cherchait aujourd’hui les raisons de la puissance de résistance des hommes, nés autour de l’année 1800.

1632. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Nul n’hésitera à mettre leurs vers de cette sorte, ceux encore de Byron et de Musset, au-dessous, poétiquement, sinon littérairement, — des grandes effusions lyriques de Shelley, de Victor Hugo, de Lamartine, de Tennyson et d’autres maîtres de la véritable poésie, impersonnelle et idéale. […] Mais celles-ci étaient de force à résister : le don de l’observation ôtait d’une délicatesse et d’une perspicacité merveilleuses ; de plus il était élagé de véritables facultés de penseur, nourri de toutes les spéculations allemandes, connaissant et admettant les théories de la science moderne.

1633. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Cela vient apparemment de ce que mon imagination s’est assujetie de longue main aux véritables règles de l’art, à force d’en regarder les productions ; que j’ai pris l’habitude d’arranger mes figures dans ma tête comme si elles étoient sur la toile ; que peut-être je les y transporte, et que c’est sur un grand mur que je regarde, quand j’écris ; qu’il y a longtems que pour juger si une femme qui passe est bien ou mal ajustée, je l’imagine peinte, et que peu à peu j’ai vu des attitudes, des groupes, des passions, des expressions, du mouvement, de la profondeur, de la perspective, des plans dont l’art peut s’accommoder ; en un mot que la définition d’une imagination réglée devroit se tirer de la facilité dont le peintre peut faire un beau tableau de la chose que le littérateur a conçu. […] Prendrons-nous les connoissances préliminaires de l’imitation de nature, pour la véritable imitation de nature, ou raporterons-nous les productions du peintre à leur vrai but ?

1634. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Avec Philippe le Bel, avec Philippe de Valois et ses successeurs commence l’intérêt véritable de l’Histoire de Mézeray.

1635. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.

1636. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Et tout à côté il retraçait le portrait du véritable et pur incrédule par doctrine et par théorie, le portrait de Spinoza qu’il noircit étrangement, dont il fait un monstre, mais en qui il touche pourtant quelques traits fondamentaux : Cet impie, disait-il, vivait caché, retiré, tranquille ; il faisait son unique occupation de ses productions ténébreuses, et n’avait besoin pour se rassurer que de lui-même.

1637. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Je ne crois pas qu’il y ait dans Paris, tant parmi les ecclésiastiques que parmi les gens du monde, cent personnes qui aient la véritable foi chrétienne, et même qui croient en notre Sauveur ; cela me fait frémir. » Le peuple de Paris sentait dans Madame une princesse d’honneur, de probité, incapable d’un mauvais conseil et d’une influence intéressée ; aussi elle était en grande faveur auprès des Parisiens, et plus même qu’elle ne le méritait, disait-elle, se mêlant aussi peu des affaires.

1638. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Lorsque sa traduction parut, ils se dirent : « Voilà donc cet Homère dont on parle tant », et ils firent bientôt toutes les critiques qu’une première impression suggère quand on ne se met pas au point de vue de l’Antiquité ou qu’à défaut d’une connaissance véritable on n’est pas retenu par le respect de la tradition.

1639. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Les idées de Buffon sur la dégénération des animaux et sur les limites que les climats, les montagnes et les mers assignent à chaque espèce, peuvent encore être considérées comme de véritables découvertes qui se confirment chaque jour, et qui ont donné aux recherches des voyageurs une base fixe dont elles manquaient absolument.

1640. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Dans un cours que je faisais à Liège il y a six ans et dont M. de Chateaubriand et ses amis formaient le sujet principal, je disais quelques-unes de ces choses ; sur ce point en particulier qui tient à la production du Génie du christianisme, je concluais en des termes qui ont encore leur application et que je ne pourrais qu’affaiblir en essayant de les varier : Je ne crois pas me tromper, disais-je à mes auditeurs, en assurant que nous avons eu une satisfaction véritable à lire cette lettre de Chateaubriand à Fontanes, qui nous l’a montré sous l’empire d’une haute exaltation sensible et religieuse, au moment où il concevait le Génie du christianisme.

1641. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mais c’est à Reims, sa dernière et véritable patrie, c’est au benoît préau qu’il en revient toujours, à la jolie maison qu’il se fait arranger et qu’on lui prépare (« Car j’aime la jeunesse, dit-il, aussi bien en maison qu’en autre chose ») ; c’est à son jardin, à ces allées qu’il y veut « toujours propres, toujours nettes et sablées comme celles de Versailles pour le moins » ; c’est à tout cela que va de lui-même son désir et son vœu : « La contrainte n’est pas mon fait, je n’aime que la liberté ; je ne l’ai pas haïe jusques ici, je l’aimerai à l’avenir encore davantage. » Il le redit de mille agréables façons : Somme toute, notre cher, les honneurs sont beaux, mais la liberté est admirable.

1642. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Vous soupirez à Dieu pour l’absence de vos amis et fidèles serviteurs, et en même temps ils sont ensemble soupirant pour la vôtre et travaillant à votre liberté ; mais vous n’avez que des larmes aux yeux, et eux les armes aux mains ; ils combattent vos ennemis et vous les servez ; ils les remplissent de craintes véritables, et vous les courtisez pour des espérances fausses ; ils ne craignent que Dieu, vous une femme, devant laquelle vous joignez les mains quand vos amis ont le poing fermé ; ils sont à cheval, et vous à genoux ; ils se font demander la paix à coudes et à mains jointes ; n’ayant point de part en leur guerre, vous n’en avez point en leur paix.

1643. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

C’est à cette destination particulière, et peut-être aussi au tour d’esprit de l’auteur, qu’il faut attribuer certaines formes, certaines divisions plus méthodiques et, pour tout dire, plus scolastiques qu’on ne voudrait en telle matière ; mais il y a une véritable étude, une étude approfondie du sujet, beaucoup de vues justes, fines, pénétrantes, des remarques ingénieuses et solides.

1644. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Aux députés du Clergé qui viennent de lui faire, et non sans arrière-pensée, un assez triste tableau de l’Église de France, il répond (28 septembre 1598) : À la vérité, je reconnais que ce que vous m’avez dit est véritable.

1645. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Quand on parle des femmes, il me semble que ce n’est point là la véritable question à se faire, et qu’il serait mieux de se demander tout bas, non pas si on daignera les accueillir, mais si elles vous auraient accueilli.

1646. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Despréaux, qui savait en quelles mains était alors le sceptre véritable, haussait les épaules quand il voyait les prétentions de ce Pindare égaré ; et le seul jour que Santeul parut à Versailles devant le roi pour y réciter ou y hurler des vers, Despréaux fit contre lui une épigramme.

1647. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Santeul avait, on le voit, au nombre de ses talents, celui de la mimique, et il excellait à ces légères scènes improvisées, qui faisaient de lui un véritable acteur de société.

1648. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

La véritable pièce historique de Voiture est sa lettre écrite en 1636 après son retour en France, à l’occasion de la reprise de Corbie sur les Espagnols, qui s’en étaient emparés quelques mois auparavant ; il y embrasse d’un coup d’œil sensé et supérieur tout l’ensemble de la politique du cardinal de Richelieu, et, se mettant au-dessus des misères et des animosités contemporaines, il en fait à bout portant un jugement tout pareil à celui qu’a confirmé la postérité.

1649. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il réussit à tous les exercices qui faisaient partie de l’éducation d’un gentilhomme et d’un homme de guerre, et s’appliqua aussi aux choses de l’esprit, notamment à l’histoire, à la géographie, aux mathématiques, qu’il disait être la véritable science d’un prince.

1650. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Un peu d’application et d’étude suffit pourtant bientôt pour dissiper ou pour réduire la plupart de ces fausses vues et de ces objections exagérées à distance : à le considérer de près, dans ses actes et dans ses Œuvres, on reconnaît qu’avec ses défauts et ses taches Frédéric est de la race des plus grands hommes, héroïque par le caractère, par la volonté, supérieur au sort, infatigable de travail, donnant à chaque chose sa proportion, ferme, pratique, sensé, ardent jusqu’à sa dernière heure, et sachant entremêler à son soin jaloux pour les intérêts de l’État un véritable et très sincère esprit de philosophie, des intervalles charmants de conversation, de culture grave et d’humanité ornée.

1651. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

J’avais une véritable affection pour lui, et j’aurais donné ma vie pour lui épargner le déshonneur.

1652. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

» J’aime à croire que La Bruyère pressentait, au contraire, la vogue possible de son livre et qu’il pensait bien faire à sa petite amie un véritable et solide cadeau.

1653. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Bonstetten, par exemple, un véritable homme d’esprit et un fin juge, disait de la critique impartiale qu’il trouvait à Coppet, et en particulier de celle dont il était redevable à Mme de Staël : « Elle est si libre de préjugés, si claire, que je vois mes tableaux dans son âme comme dans un miroir. » Il disait encore, dans une lettre à une poétique amie qu’il avait en Danemark : « Je vois Mme de Staël très souvent, et si je ne dîne chez elle qu’une fois par semaine, j’ai la guerre.

1654. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Vacherot, il a adressé au Père céleste une invocation, une véritable prière.

1655. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

A quelques lieues de Montpellier, dans la montagne et dans les bois, à un lieu qu’on nomme la Taillade de Gignac, s’étaient livrés de véritables combats entre les insurgés royalistes et les troupes ; les insurgés interceptaient au passage les courriers, les caisses publiques, et ils assassinaient le plus de soldats qu’ils pouvaient, de ceux qui rentraient dans leurs foyers après le licenciement.

1656. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

L’absence des objets qu’il voit avec trop d’inquiétude, la nouveauté des lieux, l’air, les promenades champêtres, les conversations douces, tout cela contribue à éclaircir son front, à mettre dans son esprit une certaine modération, qui est peut-être toute notre sagesse humaine… C’est une chose étrange que nous nous forgions à grands frais une sagesse laborieuse qui nous accable, tandis que la véritable est à nos côtés et se rit de nous.

1657. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il serait juste aussi de le montrer un digne fils et un héritier direct de la civilisation et de la culture grecque à laquelle il appartient, de cette civilisation qu’on voit si humaine au temps de Gélon, et qui trahissait déjà son véritable esprit dans la lutte fabuleuse de Pollux, l’un des Argonautes, contre un roi brigand des bords de la Propontide.

1658. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Une verve inégale, intermittente, qui a ses allées et ses venues, ses fuites et ses retours, qui l’abandonne parfois, qui le ressaisit tout d’un coup, qui ne se soutient pas durant un long temps, mais une veine vraie et franche, toute de source, à laquelle il obéit et s’abandonne, et qui fait de lui, non pas un versificateur plus ou moins savant et habile, mais un véritable frère des poètes.

1659. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

L’Antiquité ne perd pas au point de vue historique ; là-dessus je suis tranquille ; la Grèce, ainsi considérée comme un anneau d’or dans la chaîne des temps, se classe et se coordonne de plus en plus ; mais, au point de vue du goût et pour le sentiment direct, pour la familiarité véritable entretenue avec les sources, je suis moins rassuré, et je ne m’en prends de cela à personne ; je considère simplement les circonstances où nous vivons.

1660. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Ce que nous connaissons de plus d’un de ces élèves, depuis lors célèbres, peut donner idée du piquant et de l’animation qu’offraient ces joutes véritables.

1661. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

La marquise de Prie, qui gouvernait le duc de Bourbon, ne se tenant pas pour satisfaite, dépêcha en Allemagne un explorateur ad hoc qui, sous le titre de chevalier de Méré, fit une véritable tournée matrimoniale et rédigea un rapport qui doit exister aux Affaires étrangères.

1662. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

À part un très petit nombre, la presque totalité des noms, un moment célèbres, est vouée vite à un véritable oubli.

1663. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

60 Ce qui est certain, c’est qu’une extrême irrégularité orthographique, une véritable anarchie s’était introduite dans les imprimeries pour les textes d’auteurs français au xviie  siècle : il était temps que le Dictionnaire de l’Académie, si longtemps promis et attendu, vînt y mettre ordre.

1664. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Hugo a donné à la fois les plus belles marques de son génie lyrique dans les Feuilles d’Automne, et de son talent de prosateur dans sa Notre-Dame de Paris ; Marion Delorme aussi (une œuvre dramatique véritable) n’a paru à la scène que depuis 1830.

1665. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

C’est aussi vers ce temps qu’il dut se mettre à la lecture de Rabelais, de Marot, et des poëtes du xvie  siècle, véritable fonds d’une bibliothèque de province à cette époque.

1666. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Il y flétrit avec une colère étincelante de poésie ces réformateurs mesquins, ces regratteurs de mots, qui prisent un style plutôt pour ce qui lui manque que pour ce qu’il a, et, leur opposant le portrait d’un génie véritable qui ne doit ses grâces qu’à la nature, il se peint tout entier dans ce vers d’inspiration : Les nonchalances sont ses plus grands artifices.

1667. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Les Grecs étaient beaucoup plus exercés que les Romains à ces reparties promptes et piquantes qui assurent la popularité au milieu d’une nation spirituelle et gaie ; mais les Romains avaient plus d’esprit véritable ; c’est-à-dire, qu’ils voyaient un plus grand nombre de rapports entre les idées, et qu’ils approfondissaient davantage tous les genres de réflexion.

1668. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Au dedans, cette œuvre est une image plus ou moins vague, celle d’une ligne élancée, puis épanouie ; au dehors, elle est l’attitude et le geste imitatif du corps ; dans le langage primitif, chez les peuples enfants, à l’origine de la parole, elle est une autre imitation poétique et figurative, dont nous retrouvons çà et là des fragments ; aujourd’hui, elle est un simple mot appris, pure notation, reste desséché du petit drame symbolique et de la mimique vivante par laquelle les premiers inventeurs, véritables artistes, traduisaient leurs impressions.

1669. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Mais la satire de Lesage est pittoresque ; elle est une peinture des hommes et de la vie ; et c’est par là que Lesage est au xviiie  siècle le véritable héritier de Molière et de La Bruyère, à l’exclusion de tous ces auteurs de comédies qui ne savent que diriger des épigrammes pincées contre les mœurs sans les représenter au vif.

1670. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Beaumarchais fut blâmé par le tribunal, c’est-à-dire dégradé de ses droits civils : mais l’opinion publique lui fit un véritable triomphe.

1671. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Il y a de véritables affinités entre vous et certaines suites de sons, entre vous et certaines couleurs éclatantes, entre vous et certains miroitements lumineux, entre vous et certaines lignes, certaines formes.

1672. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

La préoccupation des gestes et des attitudes de l’amour physique est chez lui une véritable obsession.

1673. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Je parle de ce genre de brasseries aujourd’hui à peu près disparues, véritables lieux de perdition, qu’on vit s’établir et pulluler, dans Paris, au lendemain de 1870, soi-disant à l’imitation des brasseries alsaciennes, mais desservies par d’étranges « Kellnerinnen » et où certains voyaient la main de l’Allemagne, préoccupée de noirs dessins et d’assurer sa domination future, en préparant la corruption et l’énervement de la jeunesse française.

1674. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Stéphane Mallarmé La mort de Mallarmé survenue le 9 septembre 189828 découronnait le clan symboliste dont il fut le véritable patron.

1675. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

On me dit que je repousse en vain dans les nuages le véritable nom de la précieuse que Boileau avait en vue ; qu’il s’agit de madame de Sévigné dans la satire de 1693.

1676. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

À propos de l’inceste qui est le sujet de ce roman, j’écrivais ces lignes d’homme qui voit presque et qui refuse de voir tout à fait : « Léon Daudet n’a pas compris la véritable faute de ses héros.

1677. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Suivant moi, à part les cours tout à fait supérieurs et savants, tels que je me figure ceux du Collège de France ou des Facultés, les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix, et plus ou moins commentés.

1678. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Quand, redescendant des sphères et des astres, et de la région orageuse des météores, il en vient à décrire la terre, il se livre à un lieu commun véritable, exaltant, amplifiant les qualités et les mérites de cette surface du globe, subtilisant pour lui prêter plus de vertus qu’il n’est besoin.

1679. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle se trouva bientôt liée avec la jeune et facile princesse par une véritable amitié, et il fut décidé entre elles qu’elle deviendrait la gouvernante de ses filles, et (contre l’usage) leur gouvernante dès le berceau.

1680. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Ces grandes épidémies morales par lesquelles passent les sociétés, et qui les transforment, qui ne les laissent pas après ce qu’elles étaient devant, usent bien des générations et constituent les véritables époques de l’histoire68.

1681. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il paraît que Christine, malgré la beauté de la harangue de Patru, avait peu songé à lui depuis lors ; il en prend son parti en philosophe, et nous le retrouvons dans sa nature véritable.

1682. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

L’arrestation de Fouquet ne peut donc être considérée comme une simple catastrophe individuelle ; elle donna le signal d’une véritable révolution dans le régime de la France.

1683. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Il n’en parle pas comme un juge ni comme un critique, mais comme un rival : « Elle n’a aimé véritablement qu’une seule personne, La Rochefoucauld », dit-il de Mme de Longueville ; et cela le mène à dire : « Je ne m’en défends pas, je n’aime pas La Rochefoucauld… » Dans cette véritable diatribe contre La Rochefoucauld, M. 

1684. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle se trouve là en compagnie de plusieurs dames parentes de Brantôme, Mme de Dampierre, tante de celui-ci, et Mme de Retz, sa cousine, et elle commence avec la plus âgée des deux une véritable amitié ; car, avec la cousine plus jeune, cette amitié ne viendra que plus tard.

1685. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Laissons une bonne fois ce Beaumarchais-Grandisson qui fait fausse route, et arrivons, à travers les divers incidents de sa vie, au Beaumarchais véritable dont la veine comique jaillira à l’improviste et d’autant plus naturelle, même avant qu’il soit devenu le Beaumarchais-Figaro.

1686. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard esquisse là, dans cette suite de pensées, une véritable épître d’Horace, et cette philosophie, si elle n’est pas la plus difficile à inventer, n’est pas pour cela la moins bonne, ni surtout la plus aisée à pratiquer1.

1687. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

L’oppression et l’anarchie de l’empire russe se prolongent ainsi misérablement, jusqu’à ce qu’enfin le sentiment national, à bout de souffrances, se suscite un chef véritable, non plus un faux rejeton du passé, mais un fondateur de dynastie nouvelle, de la dynastie sous laquelle la Russie atteindra à toute sa grandeur, Michel Romanof (1613), C’est le terme où M. 

1688. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Écrites fort longtemps après les faits, elles n’ont de véritable authenticité que pour les grands événements.

1689. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Je ne connais pas de pays, dit Tocqueville, où il règne moins d’indépendance d’esprit et moins de véritable liberté de discussion qu’en Amérique.

1690. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Voilà pourquoi il a écrit ce livre, où la pitié déborde dans tous les types ; voilà pourquoi il a raconté ces histoires vraies de vieux soldats, dont l’un devient une véritable mère pour la femme folle de l’homme qu’il fut forcé, par devoir, de faire fusiller, et dont l’autre meurt en bénissant le gamin d’émeute qui l’assassine.

1691. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Je n’ai rien su que ce que j’ai trouvé, et quand il m’est entré dans la tête des opinions qui étaient aussi celles des autres, c’est que mes recherches comme les leurs y avaient abouti. » Un peu plus tard, traitant des signes, il ne voulut ouvrir aucun des ouvrages de ses prédécesseurs, et expliqua son étrange refus comme Descartes : « Notre première raison, c’est que les idées qu’ils nous suggéreraient gêneraient la liberté de notre esprit qui aime à se conduire à sa façon, et dépouilleraient pour lui cette recherche de son plus grand charme, qui est dans la recherche même plutôt que dans le résultat qu’elle peut donner à la science ; la seconde, c’est que les idées d’autrui, quand nous n’avons pas d’abord exploré nous-même la matière à laquelle elles se rapportent, n’ont pour nous qu’un sens vague, et nous troublent plutôt qu’elles ne nous éclairent54. » Cette habitude et ce goût sont le signe du véritable philosophe.

1692. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Jouffroy parmi les monades de M. de Biran, l’a conduit à considérer les facultés comme des choses réelles, véritables objets de la psychologie ; à emprisonner la psychologie dans une question de mots scolastique et oiseuse ; à exprimer les faits par des notations vagues, inexactes en elles-mêmes et grosses d’erreurs.

1693. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Il y eût apporté peut-être une érudition moins exacte de textes et de transcriptions ; mais pour l’intelligence, pour l’étendue, pour le contraire du chauvinisme en littérature, pour le véritable esprit critique, pour la classification naturelle des genres et l’orientation à travers les ensembles, il n’y aurait pas eu de comparaison. […] Il y avait répulsion instinctive, antipathie véritable entre leurs deux natures d’esprit, et j’ai quelque raison de croire qu’ils ne se rendaient pas justice réciproquement. […] Je vous connais jusqu’au fond, et c’est pour cela que j’ai une affection si véritable pour vous ; je juge peut-être mieux l’état de votre âme que vous ne pouvez le juger vous-même ; je sais que, si vous veniez ici, vous y vivriez dans un état d’agitation intérieure et profonde que rien ne pourrait dérober ‘a mes regards.

1694. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Sainte-Beuve dit que le paganisme a été d’abord une jolie chose, puis est devenu une véritable pourriture, une v…… Et le christianisme a été le mercure de cette v….. ; mais on en a trop pris, et maintenant il faut que l’humanité se guérisse du remède. […] Et sa véritable ambition eût été d’être joli garçon, mais j’ai rarement rencontré dans ma vie une vocation plus manquée que celle-là. […] * * * — Paris, le véritable climat de l’activité de la cervelle humaine.

1695. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Tous les demi-siècles, et plus ordinairement tous les siècles ou tous les deux siècles, paraît un homme qui pense : Bacon et Hume en Angleterre, Descartes et Condillac en France, Kant et Hegel en Allemagne ; le reste du temps la scène reste vide, et des hommes ordinaires viennent la remplir, offrant au public ce que le public désire, sensualistes ou idéalistes, selon la direction du temps, suffisamment instruits et habiles pour tenir le premier rôle, capables de rajeunir les vieux airs, exercés dans le répertoire, mais dépourvus de l’invention véritable, simples exécutants qui succèdent aux compositeurs. […] Pour cela, il suffit de remarquer que la proposition générale n’est point la véritable preuve de la proposition particulière. […] Une faculté magnifique apparaît, source du langage, interprète de la nature, mère des religions et des philosophies, seule distinction véritable, qui, selon son degré, sépare l’homme de la brute, et les grands hommes des petits : je veux dire l’abstraction, qui est le pouvoir d’isoler les éléments des faits et de les considérer à part.

1696. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Le vers qu’on nomme libre — à tort, car il obéit à un déterminisme psychologique très sévère — est le véritable instrument et la plus sûre expression du lyrisme. […] Il n’avait analysé en phrases caressantes et débordantes de lyrisme éthéré l’attitude mystique, que pour mieux montrer l’essence de l’art véritable et de la poésie immanente. […] L’Héroïde de la Danse du Lys offre ce merveilleux ensemble d’être à la fois un puissant exemple de poésie pure, de haut lyrisme, — et un véritable manuel de prosodie française en action. […] La véritable conquête de l’auteur de Sagesse « n’est pas dans l’exactitude et la pluralité des rythmes, elle est dans la combinaison de leurs rapports, dans l’harmonie de leurs successions ». […] Cette étude d’esthétique comparée est un véritable effort pour dégager en 140 pages les principes directeurs du lyrisme actuel.

1697. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Fontanes eut le temps de voir beaucoup d’Alembert : laissons-le dire là-dessus : « Tout homme, écrit-il au Mercure à propos de Beaumarchais99, tout homme qui a fait du bruit dans le monde a deux réputations : il faut consulter ceux qui ont vécu avec lui, pour savoir quelle est la bonne et la véritable. […] Plus le Corps législatif se confondra dans le peuple, plus il aura de véritable lustre ; il n’a pas besoin de distinction, mais d’estime et de confiance… » Et la phrase, en continuant, retournait vite à l’éloge ; mais le mot était dit, le coup était rendu. […] Le véritable esprit de l’Université doit être d’abord dans le petit nombre. […] Il faut que ce travail soit confié non-seulement à des auteurs d’un vrai talent, mais encore à des hommes attachés, qui présentent les faits sous leur véritable point de vue, et qui préparent une instruction saine, en prenant ces historiens au moment où ils s’arrêtent et en conduisant l’histoire jusqu’en l’an VIII.

1698. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

On m’a raconté que j’avais montré beaucoup de répugnance à venir au monde : la figure voilée de mon bras replié, je me refusais obstinément à faire mon entrée dans cette vie, et, y ayant été contrainte, je manifestai mon déplaisir par un véritable accès de fureur : j’avais saisi, en criant, les doigts du médecin et je m’y cramponnais de telle façon, qu’incapable d’agir, il fut obligé de les secouer vivement et s’écria, très stupéfait : — Mais qu’est-ce que c’est qu’un pareil petit monstre ? […] On venait de me faire subir un véritable interrogatoire, sur mes pensées les plus secrètes, et j’étais fâchée contre ceux qui m’avaient ainsi harcelée, fâchée contre moi-même aussi, contre moi surtout. […] C’était une véritable délivrance quand, après nous être précipitées dans le vestibule, nous repoussions violemment la porte, qui, avec un bruit sourd, se refermait derrière nous. […] Je n’en avais jamais assez ; c’était chez moi une véritable manie, tout l’argent, que je pouvais récolter, passait en achats de poupées à ressorts ; je ne réclamais jamais d’autre jouet, aucun, hors celui-là, ne m’intéressait. […] Je voudrais y voir les péris et les fées véritables !

1699. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Barbey d’Aurevilly et sa véritable manière d’être, connue seulement de ceux-ci qui le voient de fort près ou de ceux-là, plus éloignés, qui savent déchiffrer ésotériquement une âme d’homme à travers les paraboles et les similitudes de la poésie. […] D’ailleurs, un artiste a, plus qu’aucun homme, le devoir de ne rien profaner de grand et cela finirait par être une véritable profanation que de confier le rôle de l’Humanité à ce drôle enfariné, toujours fripon, toujours cocu, toujours rossé, toujours italien, dont le nom seul est un ridicule, quand il n’est pas une ignominie. […] Vous racontez que vous avez été beaucoup aimé des femmes, et c’est cette circonstance qui m’a éclairé sur votre véritable vocation. […] La vie et la mort d’un clown, les Mères ennemies, le Roi vierge, sont de véritables chefs-d’œuvre d’imitation. […] On a tout écrit depuis dix ou quinze ans sur Sarah Bernhardt, tout, excepté cela, si ma mémoire est fidèle, et moi, le dernier venu, je me suis efforcé de l’écrire comme je l’ai senti, c’est-à-dire avec le tremblement véritable de tout mon cœur et l’extraordinaire angoisse ce mon esprit bouleversé.

1700. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Dans la préface de sa pièce l’auteur disait en parlant de lui-même : « Il n’ose se flatter que tout le monde ait compris du premier coup ce drame dont le Romancero general est la véritable clef. […] Quant à mademoiselle Favart, elle est la véritable doña Sol ; hautaine et soumise à la fois, faisant plier sa fierté devant l’amour, et se révoltant contre la galanterie : aventureuse et fidèle comme une héroïne de Shakespeare, elle a au dernier acte une agonie digne de Rachel. […] Cette nouvelle, répandue avec toute la rapidité des mauvaises nouvelles, a causé dans Paris une véritable stupeur ; Paris si distrait, si affairé, si frivole, s’est arrêté un instant pour s’enquérir de cette mort. […] Il était par sa personne, son talent et la manière dont il comprenait ses rôles, le véritable idéal du jeune premier romantique. […] Il était inquiet, fiévreux, passionné, amoureux de l’art et de la gloire, poursuivant son idéal à travers tout, ne craignant pas d’être choquant, ayant horreur du commun, âpre au travail malgré sa santé délicate, et fécond comme un véritable maître, car il laisse un œuvre immense.

1701. (1903) La pensée et le mouvant

Il eût fallu s’arracher à des habitudes profondément enracinées, véritables prolongements de la nature. […] Ainsi se constituera une science de l’esprit, une métaphysique véritable, qui définira l’esprit positivement au lieu de nier simplement de lui tout ce que nous savons de la matière. […] Et l’idée d’une suppression de tout ordre, c’est-à-dire d’un désordre absolu, enveloppe alors une contradiction véritable, puisqu’elle consiste à ne plus laisser qu’une seule face à l’opération qui, par hypothèse, en comprenait deux. […] Pour les modernes, au contraire, ces essences sont constitutives des choses sensibles elles-mêmes ; ce sont de véritables substances, dont les phénomènes ne sont que la pellicule superficielle. […] À vrai dire, il n’y a jamais d’immobilité véritable, si nous entendons par là une absence de mouvement.

1702. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Des nations étrangères ont vu plus finement la véritable disposition d’âme de M.  […] Renan cette déférence aboutit à une véritable piété. […] Est-il nécessaire de rappeler que tel personnage de cette race d’élite a manifesté, à force d’intelligence des causes, un véritable don de prophétie des effets à venir ? […] Nous ne pouvons pas concilier qu’une conscience qui n’est pas sincère avec elle-même soit une véritable conscience. […] Un véritable poète ne peut pas davantage calculer l’effet que produiront ses vers, ni un mathématicien quelle valeur d’application pratique prendront ses formules.

1703. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il vient donner à ses amis des nouvelles de son monde imaginaire comme on en donne du monde véritable. […] Il profite de toutes les passions, de toutes les vertus, de toutes les misères, véritable diplomate, calculateur obstiné, si attentif et si prudent, qu’il dupe les gens d’affaires et se joue de la loi avec la loi. […] Voilà la véritable association, désintéressée et libre, exempte d’ambition et affranchie de protection. […] On trouve en ce talent la marque d’un esprit supérieur et d’une éducation incomparable ; on juge que la passion ainsi dissimulée reste encore véritable et poignante ; et l’on aperçoit l’angoisse secrète que les yeux ni la voix n’ont point trahie. […] « Le démérite général de tous les vivants est la véritable cause de la destruction du monde, comme le mérite général de tous les vivants est la véritable cause de la reconstruction du monde63 ».

1704. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Tel est le vrai Sully dans son véritable esprit et dans son attitude.

1705. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Mézeray résista pendant toute une séance, et, forcé d’acquiescer enfin à la condamnation, il écrivit en marge : « Rayé quoique véritable.

1706. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Il a de ces notions particulières sur beaucoup de choses ; mais, quant aux faits véritables, on ne saurait trouver plus naïf témoin.

1707. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Mais ces exemples, trop tôt interrompus, n’avaient pas eu force de loi, et il fallut en effet le règne de Bourdaloue, durant plus de trente ans, pour inaugurer et établir dans le sermon la véritable et juste éloquence, digne en tout de l’époque de Louis XIV.

1708. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Je recommande surtout la belle pensée qui commence par ces mots : « Je veux un ami véritable et, autant qu’il se peut, un ami sincère, etc. » Bourdaloue, dans ces endroits, se rapproche de La Bruyère ; il a du tour et quelque imprévu.

1709. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Quand on a lu cela, on revient tout naturellement, ce me semble, en fait de compositions romanesques, au genre français, ou du moins à un genre qui soit large et plein dans sa veine ; on demande une part de raison, d’émotion saine, et une simplicité véritable telle que l’offrent l’histoire des Fiancés de Manzoni, tout bon roman de Walter Scott, ou une adorable et vraiment simple nouvelle de Xavier de Maistre.

1710. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Ainsi il énumère tous les faux motifs, les vains essais de retraite, et montre en quoi ils diffèrent de la véritable, de celle qui profite et qui dure.

1711. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Ce sont là de détestables sentiments, en même temps qu’un détestable système et une fausse vue des véritables intérêts qui importent le plus aux hommes réunis en société.

1712. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Au risque de démentir ses propres conseils de tout à l’heure, il dira à Mirabeau : Il n’est pas facile de changer son cœur, mais il est encore plus difficile de détourner le cours rapide et puissant des choses humaines ; c’est donc principalement sur nous que nous devons travailler, et la véritable grandeur se trouve dans ce travail.

1713. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Un véritable citoyen servira sa patrie de son mieux par son esprit et par ses talents, mais n’ira pas écrire sur le pacte social pour nous faire suspecter la légitimité des gouvernements et nous accabler du poids des chaînes que nous n’avions pas encore senties.

1714. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

. — Et c’est ainsi que tout en lisant Sénèque et les stoïciens, il s’emparait de leurs maximes pour leur donner le vrai sens, et il les détournait, il les accommodait, par une parodie d’un genre nouveau, disait-il, à la piété véritable.

1715. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Il y avait une véritable contradiction en lui : par tout un côté de lui-même il sentait la nature extérieure passionnément, éperdument, il était capable de s’y plonger avec hardiesse, avec une frénésie superbe, d’y réaliser par l’imagination l’existence fabuleuse des antiques demi-dieux : par tout un autre côté, il se repliait sur lui, il s’analysait, il se rapetissait et se diminuait à plaisir ; il se dérobait avec une humilité désespérante ; il était de ces âmes, pour ainsi dire, nées chrétiennes, qui ont besoin de s’accuser, de se repentir, de trouver hors d’elles un amour de pitié, de compassion ; qui se sont confessées de bonne heure, et qui auront besoin de se confesser toujours.

1716. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il faut en revenir au Béranger véritable, et pour cela se garder des commentateurs, et ne s’adresser qu’à l’homme.

1717. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Je suis sur les lieux ; je vois les choses avec application, et c’est mon métier que de les connaître ; je sais mon devoir, aux règles duquel je m’attache inviolablement, mais encore plus que j’ai l’honneur d’être votre créature, que je vous dois tout ce que je suis, et que je n’espère que par vous ; ce qui étant de la sorte, et n’ayant pour but que très-humble et très parfaite reconnaissance, ce serait bien y manquer et me rendre indigne de vos bonnes grâces, si, crainte d’une rebuffade ou par l’appréhension de la peine, je manquais à vous proposer les véritables expédiants qui peuvent faciliter le ménage et avancement de cet ouvrage-ci, et de tous ceux que vous me ferez l’honneur de me commettre.

1718. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il y a de plus, dans ces Souvenirs littéraires de soixante années, deux parts fort distinctes à faire : il y a les véritables souvenirs, ceux qui sont de première main, et ce qui n’en est pas, ce que M. 

1719. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

mais on a parlé de classique dernièrement à propos des écrits d’une dame russe fort vantée, et j’ai protesté contre cette manière d’éloge : Mme Swetchine, avec tout son esprit, ne saurait, en effet, être appareillée aux véritables classiques, même en matière de spiritualité ; celle qui mériterait véritablement ce nom par la grâce du tour, la correction du trait, le naturel et la propriété des images, la simplicité (au moins relative) des pensées, ce serait Mlle Eugénie de Guérin, si elle avait fait un livre.

1720. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Quelles furent les causes qui amenèrent un politique si profond, si ambitieux, si habile, émancipé et souverain depuis l’âge de quinze ans, initié dès lors aux plus grandes affaires, qui avait reçu coup sur coup en héritage des royaumes et des mondes, avait brigué et obtenu l’Empire, qui défendait, la Catholicité et aux frontières contre les mécréants, et au cœur contre les hérétiques, qui avec toutes ses couronnes recommençait presque la grandeur et l’universalité de la puissance de Charlemagne (moins, il est vrai, ce quartier du milieu qu’on appelle la France), — quelles raisons, dis-je, quels motifs véritables ramenèrent un jour à renoncer à tout cela en plein démêlé, en plein écheveau d’affaires, à se démettre à l’âge de cinquante-cinq ans, à se confiner dans un cloître, à vouloir y mourir ?

1721. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Pie VII, de douce et bénigne figure, ne compromettait point la cause romaine en paraissant au milieu de nous ; Rome eût gagné à n’être que lui seul, et ce mot du Pontife à un jeune homme qui, dans une rue de Paris, se dérobait par la fuite à sa bénédiction, est le mot de la situation même : « Jeune homme, la bénédiction d’un vieillard ne fait jamais de mal. » C’était l’impression la plus générale de la France à ce moment ; on était dans une période de sentiment, de pitié et de justice, en même temps qu’à une ère recommençante de grande politique, et la politique véritable consistait précisément à respecter et à reconnaître toutes ces dispositions publiques, à se donner faveur et force en y satisfaisant.

1722. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Quoi qu’il en soit, c’est ainsi qu’il expliquait et louait le talent d’Horace Vernet : Si copier simplement et promptement la nature, disait-il encore, est la véritable condition du génie ; si c’est bien la condition qu’ont remplie les anciens maîtres et qui les distingue de tous les autres, M. 

1723. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Qu’on me laisse dire hardiment qu’un tel homme avait et devait avoir la faconde sacrée plus que la véritable éloquence sacrée.

1724. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

mais pourquoi l’administration de Paris, qui fait tant de belles et grandes choses, n’achèterait-elle pas la vraie maison, celle qui occupe le véritable emplacement du logis où naquit Molière ?

1725. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Parmi les sujets que vient de reproduire excellemment la photographie, je ne puis m’empêcher de signaler encore, pour le dessin comme pour le sentiment, cette scène de l’homme du peuple, de l’ouvrier faisant choix d’une épouse, lui posant la main sur l’épaule, et dans un langage grossier, que la légende a rendu au naturel, lui déclarant une affection grave pourtant et des plus sérieuses : l’attitude et le visage de cette femme debout, les yeux baissés, acceptant avec simplicité une vie commune qui lui sera rude, ont un véritable caractère de chasteté.

1726. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

« Ce prince, disait dès lors un bon observateur, est naturellement caché et secret ; quelque soin qu’on prenne de pénétrer ses véritables sentiments, on les connaît difficilement, et j’ai remarqué qu’il fait des amitiés à des gens pour qui je sais qu’il a de l’aversion… Je suis fort trompé si Madame Royale elle-même doit faire beaucoup de fondement sur sa tendresse et sur sa déférence, quand il sera le maître.

1727. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il disait dans cette dédicace, en se raillant agréablement de sa gêne habituelle et de cette maladie, si connue de ce temps-là et du nôtre, qui s’appelle faute d’argent : « Celui qui a montré le plus grand désir d’avoir le véritable Don Quichotte est l’empereur de la Chine.

1728. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

La grande époque d’inspiration est passée ; l’époque rassise et de déclin laisse lieu à bien des agréments encore, et même (Tacite et Swift l’ont prouvé) à de la véritable éloquence.

1729. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

« Le véritable esprit (ou talent), c’est la nature, — la nature mise à son avantage ; ce qui a été souvent pensé, mais ce qui n’avait jamais été encore exprimé si bien ; quelque chose dont la vérité nous trouve convaincus déjà à première vue, qui nous rend une certaine image que nous avions dans l’esprit. » Il est pour le choix, il n’est pas pour le trop, pas même pour le trop d’esprit ou de talent : « Une œuvre peut pécher par le trop d’esprit, comme le corps peut périr par excès de sang23. » Toutes ces vérités délicates sont rendues chez Pope en vers élégants et en bien moins de mots que je n’en mets ici ; car autant que de Malherbe on peut dire de lui : D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir.

1730. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mais ce n’était qu’un sentiment, non une passion, — non la passion véritable contre laquelle elle avait eu à lutter et dont elle parle en ses Mémoires comme d’une chose actuelle, disant de l’orage où elle vit et où elle se sent comme enveloppée qu’elle a besoin de toute la vigueur d’un pour sauver à peine l’âge mûr.

1731. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dans un admirable article sur les difficultés qu’il y aurait, pour plus d’un demi-siècle encore, à composer une véritable histoire de la Révolution française, parlant des Mémoires nombreux qui commençaient à paraître et dans lesquels chacun plaidait pour son parti et pour son saint et ne présentait que « la portion de vérité qui pouvait servir le mieux à noircir l’adversaire », l’éminent publiciste indiquait, à l’appui de sa pensée, les deux exemples le plus en vue : « Beaucoup de gens, disait-il, écrivent leurs Mémoires pour faire l’histoire personnelle de leurs talents, de leur mérite et de leur conduite.

1732. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

« Son éducation lui a imprimé dans l’âme une piété si véritable qu’elle est devenue un sentiment en elle et qu’elle lui sert à régler tous les autres.

1733. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

On a dit que le véritable éditeur était Auguis.

1734. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

On peut maintenant se faire une idée complète, ce me semble, du maréchal de Noailles, et donner la véritable définition de ce personnage multiple qui appartient à deux régimes et à deux siècles : un courtisan du temps de Louis XIV, tournant avec les années au citoyen.

1735. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Je ne savais auquel courir, du général ou de mon père ; la nature en décida : je me jetai dans les bras de mon père et je lui cherchais un reste de vie, que je craignais ne plus lui trouver, lorsqu’il m’adressa ces paroles que toute la France trouva si belles, qu’elle compara le cœur qui les avait dictées à ceux des anciens et véritables Romains ; et je crois que la mémoire s’en conservera longtemps.

1736. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Voici une page que je trouve d’une grande dureté et d’une véritable injustice pour les lettrés philosophes : « Habiles gens, ces philosophes académiques du xviiie  siècle, les Suard, les Morellet, plats, serviles, rentés par les seigneurs, à peu près entretenus de pensions par des grandes dames, avec, aux jambes, les culottes de Mme Geoffrin.

1737. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Quoique j’aie beaucoup vécu au temps de ma jeunesse à côté de M. de Montalembert et dans quelques-unes des mêmes sociétés, je n’ai jamais contracté avec lui de liaison particulière et encore moins d’amitié véritable : c’était assez de le côtoyer sans le coudoyer.

1738. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Il reste pourtant à regretter qu’avec de si heureuses qualités et un art véritable d’écrivain, Jasmin n’ait pu cacher, sous ce titre d’homme du peuple, un bon grain d’érudition et de vieille langue, comme Béranger et Paul-Louis de ce côté-ci de la Loire.

1739. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Une leçon d’une véritable élévation morale ressort de l’ouvrage.

1740. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Arnould Fremy, qui se porte aujourd’hui pour juge absolu du véritable esprit de la poésie grecque et de la simplicité antique, a commencé, il y a une quinzaine d’années, sous des auspices bien différents.

1741. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Mme de La Fayette lui écrivait : « Votre présence augmente les divertissements, et les divertissements augmentent votre beauté lorsqu’ils vous environnent ; enfin la joie est l’état véritable de votre âme, et le chagrin vous est plus contraire qu’à personne du monde. » Mme de Sévigné avait ce qu’on peut appeler de l’humeur, dans le sens d’humour, mais une belle humeur à chaque instant colorée et variée de la plus vive imagination.

1742. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Ce sont là de véritables impôts, fonciers, mobiliers, personnels, de patente, de circulation, de mutation, de succession, établis jadis à condition d’un service public dont aujourd’hui il n’est plus chargé.

1743. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ainsi le bon ton exclut la véritable comédie.

1744. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Si l’on va tout au fond des choses, on trouvera que le véritable et le principal objet des réunions mondaines, c’est l’exhibition de la femme, accommodée, attifée, harnachée, habillée ou déshabillée de la meilleure façon possible pour charmer les yeux des hommes et pour les tenter.

1745. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Son impuissance est surtout physique. « Il s’énervait, ne voyait plus, n’exécutait plus, en arrivait à une véritable paralysie de la volonté.

1746. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Un véritable artiste, un de ceux qui voient ce dont ils parlent, l’eût, selon son tempérament, précisé d’une épithète de forme, éclairé d’une épithète de couleur ou auréolé d’une épithète de lumière.

1747. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Joubert fut en son temps le type le plus délicat et le plus original de cette classe d’honnêtes gens, comme l’ancienne société seule en produisait, spectateurs, écouteurs sans ambition, sans envie, curieux, vacants, attentifs, désintéressés et prenant intérêt à tout, le véritable amateur des belles choses.

1748. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Peu avant de mourir, comparant ensemble toutes les phases de sa carrière, il écrivait : « J’ai connu le véritable bonheur dans l’obscurité, l’innocence et la pauvreté de mes premières années. » Puisque tel était le charme qui rappelait le héros vers les commencements de lui-même, approchons-en de plus près, et cherchons dans quelques vestiges subsistants ce qu’il y avait donc de si aimable en cette enfance demeurée si chère.

1749. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

La véritable poésie épique, pour être vivante, a besoin de reposer sur des racines populaires et d’y puiser sa sève, sans quoi elle ne produit que des œuvres de cabinet, belles peut-être, mais toujours un peu froides.

1750. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Il s’étend sur ce règne avec complaisance ; il va même jusqu’à oser établir un parallèle entre ce petit prince du Nord et Louis XIV dans sa gloire : sauf deux ou trois traits un peu fleuris et trop mythologiques, sauf un léger accent oratoire qui perce çà et là, cette comparaison fournit à une belle page historique et d’une véritable élévation.

1751. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Né d’un père excellent et qui, médiocrement instruit, avait donné avec un véritable enthousiasme dans le mouvement de la Renaissance et dans toutes les nouveautés libérales de son temps, il avait corrigé ce trop d’enthousiasme, de vivacité et de tendresse, par une grande finesse et justesse de réflexion ; mais il n’en avait point abjuré le fond originel.

1752. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il nous montre le procédé par lequel on les fabrique, et, si cette raillerie ne saurait en aucun temps atteindre les dignes et véritables érudits, elle frappait d’aplomb sur « un certain peuple tumultueux de savants » qui, à cette époque, se maintenait encore.

1753. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

C’est ici que le romancier fait preuve d’un art véritable ; ces huit mois, destinés à confirmer l’amour d’Alfred et de Léonie, vont peu à peu le défaire, et leur montrer à eux-mêmes qu’en croyant s’aimer, ils s’abusent.

1754. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Tout homme qui a fait du bruit dans le monde a deux réputations : il faut consulter ceux qui ont vécu avec lui, pour savoir quelle est la bonne et la véritable.

1755. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Son goût n’a rien d’exclusif et se prend à quoi que ce soit qui en vaille la peine, tableaux, statues, jolies boiseries, vieux livres, raretés bibliographiques : « Car je suis comme les enfants, les chiffonneries me délectent. » En toute rencontre, et principalement dans le cabinet du grand-duc à Florence, devant « cet abîme de véritables curiosités », il s’arrête à tous les chefs-d’œuvre d’art, de sciences, de curiosités, et de douces chiffonneries, qui en font véritablement la chose la plus surprenante du monde ».

1756. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Les flatteries l’emportèrent jusque-là qu’il crut que toutes les louanges qu’on lui donnait étaient véritables, et que la grandeur qu’il possédait était moindre que son mérite… Il était plein de belles paroles et de promesses qu’il ne tenait pas fidèlement ; mais, lorsqu’il donnait des paroles plus absolues, c’est alors qu’on était plus assuré de n’avoir pas ce qu’il promettait ; et, lorsqu’il promettait le plus son affection, c’était lorsqu’on avait plus de sujet d’en être en doute : tant il manquait de foi sans en avoir honte, mesurant tout l’honneur à son utilité !

1757. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Ce qu’il disait à Mme de Chantal, il l’aurait dit également à toute âme : « Tenez voire cœur au large, ma fille ; et, pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir, et sa gloire votre prétention, vivez toujours joyeuse et courageuse. » Si l’on ne voyait chez lui que quelques images de mauvais goût et quelques abus d’esprit, de sucre, de miel et de fleurs, on pourrait croire qu’il amollit et qu’il effémine la dévotion : en allant plus au fond et en dégageant sa pensée, les meilleurs juges ont trouvé qu’il n’en était rien, et qu’il est resté fidèle au véritable et sérieux esprit chrétien.

1758. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Il n’en est pas moins vrai que le véritable fond du processus est dans l’appétit, dont le mécanisme est la manifestation extérieure ; s’il n’y avait pas dans les éléments de notre organisme des appétitions élémentaires et, dans le tout, un appétit général où les autres se résument et se composent, il n’y aurait ni vie, ni mouvement, ni mémoire.

1759. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est que c’est un véritable voyage que celui que l’on fait pour parvenir à la villa d’Augier et, la nuit, les routes qui y conduisent, complètement dépourvues de lumière, sont presque impraticables !

1760. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Certains mots, bizarrement figurés ou violemment détournés de leur acception ordinaire, véritables tics de langage, sont reproduits à tout propos, hors de propos surtout, et marquent d’un sceau ridicule les productions de la nouvelle école.

1761. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Ces gens qui se mangent le nez dans les journaux avaient trouvé à table leur véritable terrain de conciliation.

1762. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Le sacrifice, c’est une véritable création pour chacun à faire en soi-même, avec toutes les douleurs d’une création.

1763. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Ils pensent encore que le calme, la possession plus complète de soi-même, la vue prochaine et facile des campagnes véritables, non enjolivées, et non bâties, ne sont pas des compensations sans valeur à l’éloignement des théâtres et des sources immédiates de l’information politique ou mondaine.

1764. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Elle n’est que le résultat matériel de cet acte, lequel nous échappe, parce qu’il s’accomplit dans le sein de la cause qui le produit. » — « La véritable cause qui meut le cœur, l’estomac, les organes, est extérieure et supérieure à ces organes79. » Il y a donc un monde spirituel distinct du monde matériel, et dont nous apercevons un individu dans la cause qui est nous-mêmes ; tout l’effort de la psychologie est d’étudier cette cause, plus importante que ses effets.

1765. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Lui demander pourquoi il n’a rien raconté, pourquoi il ne s’est imposé ni la peinture des hommes ni celle des choses, serait une véritable injustice. […] J’y trouve plus de gaîté, plus de véritable comédie que dans le Misanthrope, et en même temps moins de tirades sentencieuses, moins de couplets officiels que dans Tartuffe. […] Arnault ; mais il s’est bien vite débarrassé de cette obligation insignifiante, et il a franchement abordé le véritable sujet de sa réponse. […] À ce propos, il y aurait à poser une question préalable : le crédit des femmes, si puissant et impérieux au dix-huitième siècle, a-t-il encore une véritable importance dans la société actuelle ? […] Quant à Bocage, la rapidité merveilleuse de ses succès a jusqu’ici fermé ses yeux sur la véritable mission de l’acteur.

1766. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

« Mon père était la terreur des domestiques, ma mère le fléau. » D’ailleurs « une véritable sainte », dit-il autre part : car ça n’empêche pas. […] Il « éprouve d’abord un véritable délire » ; puis, s’étant calmé, le frère d’Amélie, « sous un sassafras, au bord du Meschacebé », assis entre Chactas et le Père Souël, « leur révèle la mystérieuse douleur qui empoisonna son existence ». […] Pourquoi ai-je été royaliste contre mon instinct, dans un temps où une véritable race de cour ne pouvait ni m’entendre ni me comprendre ? […] Confiez donc les premières places de l’État aux véritables amis de la monarchie légitime… Vous en faut-il un si grand nombre pour sauver la France ? […] Est-ce qu’il n’y a pas, au fond de cela, une véritable niaiserie ?

1767. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Rien que par le contraste, le véritable sentiment de l’auteur de l’Ami des femmes éclate et se dévoile. […] Il a discuté cette question dans la préface de la Visite de noces, et il s’en est tiré en distinguant un véritable et un faux amour. […] Il est d’un âge et d’un peuple où le mot amour a perdu sa signification véritable. […] C’est, dans les Eaux printanières, Marie Nicolaïevna qui s’amuse à ensorceler Dimitri Pavlovich Savine, simplement parce qu’elle le voit rempli d’un véritable amour pour une autre. […] J’avouerai même qu’aujourd’hui je n’ai de goût véritable que pour eux, peut-être parce que ce sont les seuls dont je ne crois pas que l’on puisse donner une rhétorique.

1768. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il exerça, dans la coulisse, une véritable royauté, et jamais une royauté effective… L’opinion publique — plus équitable qu’on ne suppose — lui sut gré de ce désintéressement. […] Il se sent plus que jamais le père, le véritable père de Smilis. […] … Si ce n’est pas maladresse, c’est faute d’harmonie et faute de goût… Que manque-t-il à M. de Montesquieu pour être un véritable écrivain, au sens généreux et large du terme ? […] … Le véritable amour ne connaît pas ces obstacles. […] C’est une véritable trombe qui fauche les hommes… Quelques-uns reculent et lâchent pied.

1769. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

* * * La Gaud du roman s’appelle aussi Gaud dans la vie et est une véritable demoiselle. […] Vignier, qu’encore que très courte elle est peut-être la meilleure critique qu’on ait faite et qu’on fera du symbolisme, de cette école prétentieuse et vide, toute en dehors, excellant, non point, comme le clament ses esthètes, à exprimer l’inexprimable, mais bien au contraire à rendre inintelligibles les plus simples notions de l’expérience53, véritable école normale de jongleurs et d’avaleurs d’étoupes enflammées, où l’on prépare à Bicêtre, je le pense, mais à la littérature, c’est encore à prouver. […] Alors commença son véritable travail, germa en lui la consolation réelle avec l’ambition de devenir un maître à son tour. […] Le boute-selle sonnait sur toutes les lèvres dans les écuries ; et ainsi qu’elles l’eussent fait si leurs maris s’en étaient allés à une guerre véritable, les femmes silencieusement regardaient ces préparatifs avec des yeux douloureux, car probablement le gars se défendrait. […] Ce fut, du reste, et sous toutes les poses de cette vie outrée, criarde, puérile, un véritable écrivain, un de ceux qui ont leur marque particulière, la fleur de coin dans l’expression à quoi on reconnaît les batteurs de style.

1770. (1899) Arabesques pp. 1-223

. — Comme il fait appel à l’envie, comme il flagorne les Soudards dans l’intention de les pousser à la dictature, comme il feint de s’apitoyer sur la misère de Jacques Bonhomme, il a réussi à créer une certaine agitation qu’entretiennent des chevaliers du Sacré-Cœur, des publicistes issus des jésuitières, des politiques qui ont compris le véritable sens des conseils donnés par Pecci dans ses encycliques, des industriels, de gros propriétaires, des banquiers en concurrence avec les Juifs, tout un syndicat dont le siège social se trouve à Rome. […] Drumont a beau crier qu’il n’agite qu’une question de race et non de religion, il ne peut s’empêcher de dévoiler ses mobiles véritables en attaquant, parallèlement aux Juifs, les Protestants. […] Clément Lanquine : « L’art véritable n’est pas celui qui provoque en nous les sensations égoïstes les plus troublantes, mais celui qui y suscite les sentiments les plus généreux et les plus désintéressés. » M.  […] Cette aberration singulière qui fait qu’on s’acharne à gouverner ou à être gouverné empêche non seulement la liberté mais encore la véritable égalité d’exister. […] Aussi, qu’on place la question sur son véritable terrain, qu’on donne, sans déguisement, la formule où se résume le régime actuel : « Mange-moi ou je te mange ! 

1771. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Le baptême de sang des journées de juin, les réactions qui suivirent nous serrèrent le cœur ; il était clair que l’âme et l’esprit de la France couraient un véritable péril. […] Disons au moins qu’un état comme celui qu’avait rêvé la bourgeoisie française, état où celui qui possédait et jouissait ne tenait pas réellement l’épée (par suite de la loi sur le remplacement ) pour défendre sa propriété, constituait un véritable porte à faux d’architecture sociale. […] L’abaissement politique intérieur mécontentait une fraction intelligente ; le reste avait trouve ce qu’il voulait, et il n’est pas douteux que le règne de Napoléon III restera pour certaines classes de la nation un véritable idéal.

1772. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Avec la véritable méthode de faire toutes sortes d’eaux et de liqueurs, fortes, raffraichissantes, à la mode d’Italie. […] On le peignait désagréable de rapports, humoreux, despote, mais ayant une véritable conscience d’artiste. […] Au-dessus de la petite étagère qui contient ces bibelots, est suspendu un foukousa, qui est un véritable spécimen de coloration picturale franchement japonaise : un vase de sparterie roussâtre qui renferme des chrysanthèmes blancs, légèrement orangés, se détachant de feuilles vert pâle, sur un fond écru.

1773. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

En Orient, la nouvelle des étranges faiblesses auxquelles se résignait le ministère français souleva une véritable stupéfaction. […] Mais, bien qu’il ne sût faire des vers qu’en latin, il était poète ; il y avait en lui des réserves de volonté et d’enthousiasme qui dormaient en attendant l’occasion propice qui viendrait les éveiller et les adapter à leurs véritables fins. […] La précision dont il est coutumier l’abandonne un peu lorsqu’il dénonce la grande duperie de l’amour, et, mieux qu’un raisonnement, ce vague de la pensée et de la forme, fait voir combien son malaise est véritable. […] À mesure que les documents arrivent, ils sont aussitôt examinés, débités, manufacturés par un véritable atelier d’historiens attentifs et diligents. […] Bonaventure, cardinal-évêque d’Albano, Joachim, abbé des cisterciens, Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, le dominicain Henri Suso, Jean Ruyjsbroëk, prieur des chanoines réguliers de Grœnendaël, les Pères du concile de Constance, ces hommes vraiment apostoliques, véritables réformateurs avant la Réforme, plus récemment le Père Lacordaire et le vénérable M. 

1774. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Un véritable damné… Seulement, je ne crois pas qu’on puisse m’accuser de simonie !  […] C’est égal… La bonne humeur de Gyp (et ceci démolit toutes les théories littéraires qu’on m’apprenait dans les classes) aboutit à de véritables effets de terreur, qu’Aristote, Longin et Joseph-Victor Le Clerc n’avaient pas prévus. […] J’aurais voulu que le fécond narrateur de tant de mésaventures galantes nous eût montré, à une certaine distance de ces flirteuses fin-de-siècle, la jeune fille moderne, la véritable, le type nécessairement nouveau, que de nouvelles mœurs façonnent parmi nous dans l’élite qui travaille, la forme neuve d’un genre qui évolue comme tout le reste, la frappe récente d’une médaille qui a été remise à la fonte et dont le métal est resté pur. […] Ainsi Zola, ayant soigneusement catalogué toutes les turpitudes d’un arrondissement agricole, nous a bâti “le paysan français” ; ainsi Bourget, après analyse de cette écume où s’ébattent fraternellement rastas, noble et financiers, nous a donné “la physiologie de l’amour moderne”. — Rien n’est assurément moins légitime que cette façon de concevoir un “type” représentant soi-disant toute une classe ou toute une société. — Ce n’est plus un portrait, plus même une caricature, mais un véritable monstre qu’on a rarement occasion, Dieu merci ! […] Ne croit à rien, sinon à cette maxime de La Rochefoucauld : « Quelque rare que soit le véritable amour, il l’est encore moins que la véritable amitié. » Berthe Du Prat, épouse d’Olivier.

1775. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

C’est là une véritable fin, la seule convenable. […] toi (c’est à l’époux qu’il s’adresse, à celui qu’il a peint si flegmatique sous le nom d’Albert), tu n’as pas senti comment l’humanité t’embrasse, te console. » Le véritable Albert goûtait peu cette insigne faveur et il était plutôt de l’avis de celui qui lui écrivait : « Sauf le respect pour votre ami, il est dangereux d’avoir un auteur pour ami. » — Les raisons de Gœthe pourtant, au point de vue poétique, ont leur beauté et leur grandeur.

1776. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

En somme, les Anglais, même lord Chesterfield et Horace Walpole, n’ont jamais attrapé le véritable ton des salons. […] Voici ces vers si beaux traduits en prose ; j’ai beau traduire exactement, de toutes ces beautés il ne reste presque rien : Connais-toi donc toi-même, et ne te hasarde pas jusqu’à scruter Dieu. —  La véritable étude de l’humanité, c’est l’homme. —  Placé dans cet isthme de sa condition moyenne, —  sage avec des obscurités, grand avec des imperfections, —  avec trop de connaissances pour tomber dans le doute du sceptique, —  avec trop de faiblesse pour monter jusqu’à l’orgueil du stoïcien, —  il est suspendu entre les deux ; ne sachant s’il doit agir ou se tenir tranquille, —  s’il doit s’estimer un Dieu ou une bête, —  s’il doit préférer son esprit ou son corps, —  ne naissant que pour mourir, ne raisonnant que pour s’égarer, —  sa raison ainsi faite qu’il demeure également dans l’ignorance, —  soit qu’il pense trop, soit qu’il pense trop peu, —  chaos de pensée et de passion, tout pêle-mêle, —  toujours par lui-même abusé ou désabusé, —  créé à moitié pour s’élever, à moitié pour tomber, —  souverain seigneur et proie de toutes choses, —  seul juge de la vérité, précipité dans l’erreur infinie, —  la gloire, le jouet et l’énigme du monde.

1777. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Le père et la mère, qui s’en aperçurent les premiers, tombèrent à genoux pour remercier le Ciel de leur avoir donné pour fils un véritable ange de la musique. […] Vous y êtes tout près de l’église. » XIV Mais le chef-d’œuvre de la piété paternelle est cette lettre admirable, véritable testament du cœur de Mozart le père, adressée comme une recommandation de l’âme à son fils pour le préserver contre les dangers de Paris, et pour faire en même temps devant Dieu, devant sa femme et devant ce fils, l’examen de sa conscience de père pendant les tribulations de son existence.

1778. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Michel-Ange, que ses années devaient rendre plus sage, les convie à une véritable orgie, qui donne une idée des mœurs licencieuses de l’époque. […] Je suis à présent aux pieds de Votre Sainteté, qui est le véritable confesseur, et je la supplie de me pardonner, et de me permettre de me confesser et de communier, pour que je puisse obtenir la grâce de Dieu.

1779. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Faust, le véritable Satan des cours, s’empare de celui de Marguerite ; Marguerite, brillante et pure comme l’étoile du matin, l’aime avec passion. […] L’architecture n’était pas encore entrée dans le drame humain : il y a du véritable génie à créer un monument pour ces âmes, et ces âmes pour cette architecture.

1780. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Ces odeurs canailles et migraineuses, qu’on les compare avec ce qu’était la senteur d’une chemise de femme autrefois : l’odeur suave à peine perceptible du véritable iris de Florence, sans addition et immixtion d’autre chose puant bon. […] L’opinion de ce Russe, c’est que Tourguéneff n’a de valeur qu’en ces premiers ouvrages, dans les scènes retracées du temps de son adolescence, où il a donné de véritables photographies de son pays.

1781. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Faisons donc faire silence à tous les bruits du jour dans notre âme et reportons-nous à l’époque héroïque et pastorale du monde, dans une de ces îles, véritables Édens, de la mer sur l’Archipel, et écoutons. […] VIII La tonte des brebis, le lavage des agneaux dans le bassin d’eau courante ; la dernière gerbe qui arrivait dans l’aire sur le dernier char de la moisson, festonné de bleuets, de pavots, de guirlandes de chêne ; la dernière gerbe battue, dont on apportait le grain dans une écuelle au maître du château pour la répandre sous ses pas et pour qu’il remplît à son tour l’écuelle vide de petites monnaies pour les batteurs ; la visite des étables, où les bœufs, les vaches, les taureaux, liés aux mangeoires par de grosses cordes, étalaient leurs flancs luisants et leurs litières dorées, témoignages des soins et de la propreté des bouviers ; les écuries des chevaux de trait, tapissées de harnais aux boucles de cuivre aussi éclatantes que l’or, le bruit de leurs mâchoires qui moulaient l’orge, la fève ou l’avoine entre leurs dents, délicieuse musique des râteliers bien garnis aux heures où le laboureur détèle trois fois par jour ses attelages ; les mugissements lointains des bœufs de labour répercutés d’une colline à l’autre, le matin avant que le soleil se lève ; les cris intermittents de l’enfant qui les chatouille de la pointe de l’aiguillon ; les claquements du fouet du charretier qui revient à vide de la ville où il a déchargé ses sacs de blé ; le roucoulement perpétuel des pigeons sur le toit du colombier ou sur la paille des basses-cours, ou ils disputent l’épi mal vidé aux poules ou aux passereaux ; les fêtes champêtres au château, fêtes qui marquaient pour les serviteurs et pour les mercenaires des hameaux voisins la fin de chaque travail essentiel de l’année ; les danses dans la grande salle délabrée quand la pluie ou le froid s’opposait aux danses sur les pelouses des parterres ; les préférences naissantes, les inclinations devinées, avouées, combattues, ajournées, triomphantes enfin entre les jeunes serviteurs de la ferme et les jeunes servantes de la maison ; les aveux, les fiançailles, les noces, les joies des épousées devenant la joie et l’entretien de toute la tribu ; enfin ces repos et ces silences complets des dimanches d’été succédant aux bruits de la semaine, silences délassants pendant lesquels on n’entendait plus autour du château et jusqu’au fond des bois que le bourdonnement des abeilles sur le sainfoin autour des ruches et le ruminement assoupissant des bœufs couchés sur les grasses litières dans les étables ; toutes ces scènes de la vie privée, quoique vulgaire, rurale, domestique, n’étaient-elles pas aussi riches de véritable poésie épique ou descriptive que les scènes de la vie publique dans l’Iliade, que les tentes des héros, les conseils des chefs, les champs de bataille d’Ilion ?

1782. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Plat & insipide en cent endroits, il est trop rempli de ses bouffonneries triviales, qui sont le poison de la véritable plaisanterie. […] Marolles est plat & languissant ; Brébeuf est encore plus emphatique que son modèle ; mais il se relâche quelquefois : & quand Lucain rencontre heureusement la véritable beauté d’une pensée, le traducteur demeure beaucoup au-dessous ; comme s’il vouloit paroître facile & naturel, où il lui seroit permis d’employer toute sa force.

1783. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Cette seconde partie devra contenir le grand fait sauveur de Brumaire et l’histoire des armées françaises, à toute époque l’honneur, l’espoir et la véritable vie de la France, dix fois morte sans elles. […] On y rencontrait, par exemple, un Louis XVI qui n’était peut-être pas exactement le Louis XVI de la réalité ; mais, d’un autre côté, il y débordait un si grand nombre de vérités qu’elles y faisaient fleuve et emportaient tout ce qui n’était pas rigoureusement la vérité même, et qu’on resta frappé, presque à l’égal de ces vérités qui révélaient une réelle histoire, du double talent de moraliste et de peintre qui révélait un véritable historien.

1784. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Admirons la Providence qui permit qu’à une époque où les hommes étaient incapables de discerner le droit, la raison véritable, ils trouvassent dans leur erreur un principe d’ordre et de conduite. […] Tout artifice, toute intrigue doivent être bannis de la république des lettres, si l’on veut acquérir de véritables lumières. — 1704.

1785. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Deyverdun prend feu et lui répond (10 juin 1783) par l’aperçu d’une vie heureuse faite pour tenter ; il connaît bien son ami, il veut l’arracher à une condition politique qui n’est pas faite pour lui, et où sa nature véritable a dû nécessairement souffrir : « Rappelez-vous, mon cher ami, lui dit-il, que je vis avec peine votre entrée dans le Parlement, et je crois n’avoir été que trop bon prophète : je suis sûr que cette carrière vous a fait éprouver plus de privations que de jouissances, beaucoup plus de peines que de plaisirs.

1786. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans l’intervalle, et pendant le séjour qu’il fit en Lombardie, à Milan, à Brescia, à Bergame, à cet âge de moins de vingt ans ; au milieu de ces émotions de la gloire et de la jeunesse, de ces enchantements du climat, du plaisir et de la beauté, il acheva son éducation véritable, et il prit la forme intérieure qu’il ne fera plus que développer et mûrir depuis : il eut son idéal de beaux-arts, de nature, il eut sa patrie d’élection.

1787. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Tous les mois, par exemple, et peut-être plus souvent, les meilleurs élèves de rhétorique, de seconde et de troisième, se réunissaient en présence des professeurs, des autres écoliers, et devant aussi quelques invités de la ville, et là, dans une véritable petite séance académique, ils faisaient lecture de quelques pièces de leur composition en prose ou en vers latins et surtout français.

1788. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Quelques-uns de ceux même qui ont eu l’idée d’introduire chez nous des images de la poésie familière et domestique, et qui y ont réussi à certain degré, n’en ont pas eu assez la vertu pratique et l’habitude dans la teneur de la vie ; ils en ont bientôt altéré le doux parfum en y mêlant des ingrédients étrangers et adultères, et l’on a trop mérité ce qu’un grand évêque (Bossuet) a dit : « On en voit qui passent leur vie à tourner un vers, à arrondir une période ; en un mot, à rendre agréables des choses non seulement inutiles, mais encore dangereuses, comme à chanter un amour feint ou véritable, et à remplir l’univers des folies de leur jeunesse égarée.

1789. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

M. de Girac, dans sa dissertation, assez élégante, ce me semble, mais composée sans prétention et s’adressant peu au public, disait donc, non sans s’excuser d’avoir à donner son avis en matière de grâces, lui homme de campagne et vivant au milieu des bois, que des trois genres de lettres où s’était exercé Voiture, l’un sérieux et grave, l’autre enjoué et badin, et le troisième amoureux, il n’avait bien réussi ni dans le premier ni dans le dernier, et n’avait atteint à une véritable perfection que dans le second genre, celui de l’ingénieuse familiarité et de l’enjouement ; mais cette perfection qui lui était propre, il n’hésitait pas à la lui reconnaître.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Cependant avec deux gros yeux dont l’un regardait à droite et l’autre à gauche, son regard n’en avait pas moins je ne sais quelle douceur, qu’on remarquait aussi dans le son de sa voix et lorsqu’on l’écoutait, ses paroles étant toujours d’une obligeance extrême : on s’accoutumait à le voir… Il avait pour les arts, et surtout pour la musique, une véritable passion, au point qu’il voyageait avec son premier violon afin de pouvoir cultiver son talent en route.

1791. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Ce n’est pas là, dira-t-on, le discours d’un moraliste trop rigide : c’est que le véritable Vauvenargues n’est pas du tout rigide en effet ; il aspire à concilier, à humaniser, à tempérer, à se servir des passions elles-mêmes avec ensemble et à-propos ; il est le contraire du philosophe scythe qui coupe de l’arbre les branches les plus belles ; il est un ennemi presque personnel de Caton le censeur ; s’il a été stoïcien dans un temps, il en est bien revenu.

1792. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Voici leur véritable histoire.

1793. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Craignez donc de porter la délicatesse trop loin ; craignez d’y sacrifier de véritables devoirs.

1794. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Un volume entier où l’on recueillerait la suite de ses lettres à Jean-Jacques et de Jean-Jacques à elle, où l’on mettrait la Correspondance de Hume exactement traduite, celle de Gustave III que l’on ne saurait manquer de retrouver, ce serait là, au défaut de sa tombe inconnue, son véritable tombeau, tout littéraire comme elle, et son durable monument.

1795. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Ils ne quittèrent Paris qu’après le 10 août, et ne parvinrent à franchir la barrière (la barrière Blanche) qu’avec de grandes difficultés et à travers de véritables dangers.

1796. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

J’entre autant que personne dans l’esprit de ces raisons, et je reconnais même dans cette conduite le véritable Montaigne tel que je me le suis toujours représenté, avec toutes ses qualités de bon esprit, de modération, de prudence, de philosophie et de parfaite sagesse ; à quoi il ne manque que ce qui n’est plus en effet de la philosophie et de la sagesse, ce qui est de la sainte folie, de la flamme et du dévouement.

1797. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Collé, d’ailleurs, dégoûté pas l’accueil et la morgue des comédiens français, moins accessibles alors qu’aujourd’hui, n’y revint guère, et son théâtre de société, le théâtre du duc d’Orléans, fit, tant qu’il dura, son occupation et ses délices comme il est sa véritable originalité.

1798. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Nous laissons à ceux qui ont plus de loisir que nous le soin de démêler le vrai du faux, là où un véritable esprit de critique n’a point encore passé.

1799. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann a le plus connues, et il a eu l’honneur d’inspirer à cette femme distinguée une amitié véritable.

1800. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Nous assistons depuis quelque temps, en France, à une véritable croisade des éditeurs et des biographes en l’honneur et pour l’entière glorification de Marie-Antoinette.

1801. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Que l’on mette aujourd’hui cette phrase mystérieuse et pleine de sous-entendus en regard de la page des Mémoires où éclate le Mirabeau véritable dans toute sa hideur et sa beauté91 : rien ne nous montre mieux combien l’histoire a de doubles fonds, et tout ce que la postérité a à faire avant d’arriver sur bien des points à savoir le dernier mot ; il y aura auparavant à lever bien des scellés et à ouvrir bien des serrures.

1802. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

. — Dites-moi quelque chose de Paris, pour qu’en y retournant je ne paraisse pas un véritable provincial : — mes occupations me donnent cette direction-là ; car je renouvelle les baux de Valençay, où tout est en petit domaine. — M. de Vaux39 s’annonce pour la fin de septembre : je serai charmé de le revoir.

1803. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Croit-il avoir élevé un monument à la gloire de Napoléon en publiant une réprimande écrite en termes déplacés au gouverneur de Wilna, qui, par excès de zèle, osait dépeindre le véritable état des affaires ?

1804. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Il est probable qu’à une certaine époque de sa vie le véritable Oberman a essayé réellement de devenir ce solitaire.

1805. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Elle était alors dans une veine d’amertume et de misanthropie sociale, à la veille de rompre un lien déjà ancien, dans un véritable isolement moral, et se demandant quels amis et quel ami elle se pourrait choisir parmi tous ces visages nouveaux de gens à réputations diverses qu’elle affrontait pour la première fois.

1806. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Mais ce n’est que depuis moins de quinze ans, c’est-à-dire depuis la mise au jour d’André Chénier et l’apparition des premières Méditations poétiques, ces deux portes d’ivoire de l’enceinte nouvelle, que notre poésie, à proprement parler, a trouvé sa langue, sa couleur et sa mélodie, telles que les réclamait l’âge présent, et qu’elle a pu exprimer ses sentiments les plus divers sur son véritable organe.

1807. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

— Gresset se trompe, il n’est pas si coupable36 Un vers heureux et d’un tour agréable Ne suffit pas ; il faut de l’action, De l’intérêt, du comique, une fable, Des mœurs du temps un portrait véritable, Pour consommer cette œuvre du démon !

1808. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

» Prolonger de telles situations, les créer par amusement, tout en se flattant d’avoir trois cœurs, c’est le sûr moyen de n’en avoir bientôt plus un ; à un tel régime la sensibilité véritable s’épuise, la volonté se ruine et s’use, l’être moral intérieur arrive vite à un complet délabrement.

1809. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

« Toutes les histoires de l’Astrée ont un fondement véritable, « mais l’auteur les a toutes romancées, si j’ose user de ce mot. » C’est Patru qui dit cela (Œuvres diverses, tome II) dans ses curieux éclaircissements sur l’ouvrage de D’Urfé.

1810. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

La dernière scène surtout, où La Blancherie lui parut si différent de ce qu’elle l’avait fait, mais au sortir de laquelle pourtant elle le jugeait encore avec une véritable estime cette scène d’entrevue un peu mystérieuse, qui dura quatre heures, est racontée par elle dans ses Mémoires avec une infidélité de souvenir bien légère et bien cruelle.

1811. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Parce que Ronsard et Des Portes, Scudery et Chapelain leur paraissent détestables, ils en concluent qu’il n’y a de vrai goût, de poésie véritable, que chez les anciens ; ils négligent, ils ignorent, ils suppriment tout net les grands rénovateurs de l’art au moyen-âge ; ils en jugent à l’aveugle par quelques pointes de Pétrarque, par quelques concetti du Tasse auxquels s’étaient attachés les beaux esprits du temps d’Henri III et de Louis XIII.

1812. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Or il est impossible d’affirmer que les causes définies et connues sont les véritables causes, nécessaires et suffisantes, des effets, plutôt qu’un inconnu, qu’on néglige ; et par suite on se trompe quand on dit que, ces causes étant données, ces effets devaient suivre ; car ils pouvaient ne pas suivre, si le résidu inaperçu, inexpliqué, n’y avait été joint.

1813. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Monsieur, Nous sommes bien incompétents pour louer ce qui fait votre gloire véritable, ces admirables expériences par lesquelles vous atteignez jusqu’aux confins de la vie, cette ingénieuse façon d’interroger la nature qui tant de fois vous a valu de sa part les plus claires réponses, ces précieuses découvertes qui se transforment chaque jour en conquêtes de premier ordre pour l’humanité.

1814. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Ne peut-on la considérer comme une cour d’appel, comme un tribunal suprême qui siège toujours, revise tous les procès, n’admet point la prescription, casse les réputations usurpées, réhabilite les méconnus, remet chacun à son rang véritable ?

1815. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Vous êtes trop intéressée à sa guérison pour n’y pas travailler avec attention, mais vous l’êtes trop pour y réussir toute seule, et surtout en combattant son goût par autorité ou en me peignant sous des couleurs désavantageuses, fussent-elles véritables.

1816. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Combien d’esprit dans les individus, combien de courage dans la masse ; mais combien peu de caractère réel, de force calme, et surtout de véritable vertu !

1817. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Elle voudrait faire du misanthrope vieilli et infirme un Saint-Preux véritable, un Saint-Preux idéal, tout âme et tout esprit, toute flamme.

1818. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Qu’il y a loin de ce procédé d’invasion à l’art d’un établissement véritable !

1819. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Dans les deux préfaces qu’il a mises à l’Histoire de l’Académie des sciences (l’Histoire de 1699 et celle de 1666), il a atteint à une véritable perfection, encore agréable et presque sévère.

1820. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Représentons-nous bien ce qu’était le proverbe dramatique à l’origine et dans le véritable esprit du genre.

1821. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Dans les premières années de la Restauration, la haute société fut avertie de l’existence de ces Mémoires et en ressentit une véritable épouvante.

1822. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, en s’élevant à ce genre de compositions nouvelles, suivait encore son naturel sans doute, mais il s’était mis à le diriger, à le perfectionner ; cet homme, qui avait lu peu de livres, avait médité en lisant à celui du cœur et de la nature, et il entrait dans la voie de l’art véritable, où un travail secret et persévérant préside à ce qui paraîtra le plus éloquemment facile et le plus heureusement trouvé.

1823. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

C’est ce qui faisait dire à Montaigne que le véritable auteur qu’il proposait comme un travail naturel à la vieillesse du bon Amyot, c’était Xénophon, parce que le style du bonhomme, dit-il, « est plus chez soi quand il n’est pas pressé et qu’il roule à son aise. » Il resterait à voir si de nos jours, à force de se piquer de mieux entendre le vrai Plutarque, on ne s’est pas exagéré quelques défauts de ce grand et incomparable biographe.

1824. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il ne prit pas garde que ce repos des premières années de la régence n’était pas la santé véritable ; au lieu de ménager les moyens et d’aviser au lendemain par des remèdes, il continua dans les errements qui aggravaient le désordre et la souffrance à l’intérieur : « Le mal s’aigrit, dit Retz ; la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie.

1825. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.

1826. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Je conçois aisément, dit à ce propos Gourville, que, si quelqu’un voyait ces Mémoires, il ne pourrait jamais les croire véritables : les vieux, qui ont vu l’état où les choses étaient dans le royaume, ne sont plus, et les jeunes, n’en ayant eu connaissance que dans le temps que le roi a rétabli son autorité, prendraient ceci pour des rêveries, quoique ce soit assurément des vérités très constantes.

1827. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Toutefois ne calomnions point la réalité : Frédéric, quoi qu’en ait dit Voltaire et qu’il nous en ait donné à accroire, était un ami solide et sûr ; on le retrouvait le même le lendemain d’une défaite ou le lendemain d’une victoire ; ceux qu’il avait d’abord aimés, il les aima toujours, et ce n’est que quand cette première génération d’amis véritables lui manqua, qu’on le vit, faute d’avoir à qui parler, se complaire trop souvent à des sarcasmes piquants avec des parasites d’esprit.

1828. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

On constatera de nouveau, après avoir analysé de la sorte un certain nombre d’œuvres d’art, qu’aucune ne présente une émotion que l’on puisse qualifier positivement de peine ou de plaisir : il n’est pas de livre qui donne, sauf par un retour sur soi, un sentiment de souffrance véritable, de désespoir, de chagrin, d’infortune positifs ; ni de peinture qui procure de la satisfaction, un encouragement, de l’espoir intéressé et vif, sauf dans la mesure ou un pur exercice corporel ou intellectuel, donne du plaisir.

1829. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

C’est là la véritable différence entre un roman idéaliste et un roman réaliste7.

1830. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Son véritable héros ce n’est pas tel ou tel écrivain, ce n’est pas Boileau, Racine ou Bossuet, c’est ce qu’il appelle l’esprit français, qu’il représente comme un type, Platon dirait comme une idée à laquelle participent plus ou moins tous nos grands écrivains, et dont ils sont les diverses expressions.

1831. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Tel est le véritable éclectisme, qui n’est autre chose que le plus large libéralisme.

1832. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Quand on atteint les régions arctiques, celles des neiges éternelles ou de véritables déserts, la lutte vitale n’a plus lieu que contre les éléments.

1833. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Je crois avoir déjà remarqué dans quelques-uns de mes papiers, où je m’étais proposé de montrer qu’une nation ne pouvait avoir qu’un beau siècle, et que dans ce beau siècle un grand homme n’avait qu’un moment pour naître, que toute belle composition, tout véritable talent en peinture, en sculpture, en architecture, en éloquence, en poésie, supposait un certain tempérament de raison et d’enthousiasme, de jugement et de verve, tempérament rare et momentané, équilibre sans lequel les compositions sont extravagantes ou froides.

1834. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Les animaux des contes sont, soit des génies travestis, soit de véritables animaux-génies.

1835. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Voilà donc le véritable sujet de cet article.

1836. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

C’est d’elle que le philosophe doit partir, c’est à elle qu’il devra constamment se reporter, s’il veut saisir le sens véritable des considérations de temps dans la théorie de la Relativité.

1837. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Enfin, quand il allait retrouver sa mère et ses sœurs, qui étaient restées à Paris, il arrivait tout rempli de ses lectures et de ses pensées et leur donnait de véritables leçons, soit sur la philosophie, soit sur la littérature, en particulier sur les trois écrivains qui étaient alors et qui sont restés depuis ses auteurs de prédilection : Stendhal, Balzac et Musset. […] Mais, après une longue interruption et un véritable avortement, voici que ces sciences recommencent à fleurir ; elles ont changé complètement de méthode et se font a posteriori. […] Ce n’est point un simple jeu d’esprit que ses beaux sonnets sur les chats52, ces animaux graves, doux, résignés, amis de l’ordre et du confort, pour qui il avait une véritable adoration. […] Je crois l’avoir mis sur la bonne voie, et, en tout cas, lui avoir fait comprendre la véritable situation d’un professeur de philosophie. […] Il a, dès à présent, un véritable talent d’exposition.

1838. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

On s’est livré, sur ce sujet, à une véritable débauche d’ethnographie. […] Elle se désole, s’abandonne à de véritables accès de dépit amoureux, s’exaspère, se répand en confidences naïves. […] Les troupes éprouvent non du patriotisme, non de l’enthousiasme, mais une véritable rage pour l’Empereur et contre ses ennemis. » Chacun voulait doubler les étapes pour arriver aux premières batailles. […] L’Australie est un véritable laboratoire de science sociale, où la vieille Europe travaillée par tant de malaises, peut s’instruire d’exemple. […] Chester Holcombe intitule Le véritable Chinois lui a offert plus d’une occasion de rapprochements instructifs.

1839. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Voilà qu’à présent, à ce qu’il me paraît, tu me fascines et m’ensorcelles comme un véritable enchanteur, de façon que je suis rempli de doutes. […] En véritable Athénien, il ne peut souffrir les termes bas et vulgaires : il veut que le discours soit riche et choisi. […] Il est curieux, quand on a connu l’homme de cour par les écrivains et par les peintres, de connaître par Saint-Simon le véritable homme de cour. […] Son désir l’enflamme ; en véritable artiste, il s’échauffe à l’œuvre. […] La force véritable fait la fierté légitime, et, avec le sentiment de son énergie, on acquiert la conscience de son droit.

1840. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

La véritable place de l’anatomie est dans l’explication à posteriori des phénomènes découverts par l’expérimentation physiologique. […] C’est à la présence de cette substance, qui joue le rôle d’un véritable ferment, que le suc pancréatique doit sa propriété d’être sans contredit le plus altérable de tous les liquides de l’économie. […] Il y a eu mélange avec le liquide ; mais bientôt la plus grande partie de la graisse s’est séparée, et il n’y a pas eu émulsion véritable. […] J’ai souvent constaté, par exemple, que la salive parotidienne du cheval, mélangée et agitée avec un peu d’huile, donne lieu à une véritable émulsion persistante, même quand on y ajoute de l’eau. […] Il en résulte souvent une inflammation de l’organe, mais pas une véritable destruction.

1841. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Où réside alors la véritable personne, et comment la saisir parmi tous les avatars auxquels elle se complaît ? […] Mais le véritable amoureux de la poésie ne s’attache pas dans une œuvre, vous l’avez dit, à son caractère social ou psychologique. […] Et quand un poète qui n’est que poète obtient la renommée, c’est d’ordinaire par les portions de son talent que les véritables amants de son génie voudraient en distraire. […] Bref, voici le monologue qu’il prononça pour mon édification esthétique, — ou à peu près :‌ — « Oui », s’écria-t-il, « fous par idolâtrie… Vous riez, monsieur le psychologue, ignorez-vous que le monde est plein d’idolâtres qui ont déplacé la notion de Dieu, et qui adorent un tas d’êtres ou d’objets d’un véritable culte de lâtrie, comme disent les mystiques ? […] Grâce à des comparaisons semblables, la critique peut fixer plus nettement la véritable position des doctrines littéraires à l’heure présente, et, quand des réimpressions comme celle de M. 

1842. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Bien loin d’être une nouveauté, elle s’accorde pleinement avec les véritables dogmes chrétiens, qui la contiennent en substance et qui la résument. […] et que non seulement il ne l’engendre ni ne l’entretient, mais au contraire qu’il est le principe même et le ressort de la véritable activité ? […] Tout le problème de l’art, et en particulier de l’art symbolique, est de ramener cette complexité à son unité primitive ; et le véritable artiste est celui qui le fait avec aisance, mais surtout avec clarté. […] Par où, s’ils entendent qu’on ne connaît point de recette pour faire des chefs-d’œuvre, ils ont sans doute raison, comme encore s’ils prétendent que le propre du véritable artiste est de ne jamais égaler ni réaliser son idée tout entière. […] On ne nous posera pas de véritables énigmes, et on ne fera pas consister le triomphe de l’art à les résoudre d’une manière neuve et inattendue.

1843. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Sa mission expirée, il revint à Rome, véritable théâtre de ses talents. […] La Cyropédie de Xénophon est un véritable roman philosophique, comme le remarque Cicéron. […] L’Histoire véritable de Lucien ne semble écrite que pour tourner en ridicule, par l’exagération même de la folie, toutes ces narrations fabuleuses dont la Grèce était inondée. […] C’est un monument fort peu honorable pour la raison ; mais, par cela même peut-être, c’est un véritable monument historique. […] Cet enthousiasme, justifié par de véritables beautés, ne lit que s’accroître.

1844. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Tels étaient les hommes de ce temps, Raleigh, Essex, Élisabeth, Henri VIII lui-même, excessifs et inégaux, prompts aux dévouements et aux crimes, violents dans le bien et dans le mal, héroïques avec d’étranges faiblesses, humbles avec de soudains redressements, jamais vils de parti pris comme les viveurs de la Restauration, jamais rigides par principes comme les puritains de la Révolution, capables de pleurer comme des enfants14, et de mourir comme des hommes, souvent bas courtisans, plus d’une fois véritables chevaliers, et qui, parmi tant de contrariétés de conduite, ne manifestent avec constance que le trop-plein de leur nature. […] Celui-ci était un esprit déréglé, débordé, outrageusement véhément et audacieux, mais grandiose et sombre, avec la « véritable fureur poétique » ; païen de plus, et révolté de mœurs et de doctrines. […] Au fond du cœur, elle se juge mariée avec celui à qui elle a engagé son âme ; c’est le mariage du cœur qui, à ses yeux, est le seul véritable ; l’autre n’est qu’un adultère déguisé.

1845. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Cette disposition d’esprit et cette humeur semblaient faire de Boileau l’ennemi naturel de ces riens galants, de ce grand fin, de ce fin des choses, de ce fin du fin, après lequel couraient tous les poètes de l’époque ; mais il s’en faut qu’elles l’aient rendu indifférent au langage de l’amour véritable. […] Où est la liberté véritable, sinon dans la connaissance de soi-même ? […] Le poète, selon Boileau, doit se défendre contre les éloges, et ne jamais dédaigner les critiques, fût-ce même celles d’un sot, qui peut quelquefois donner un bon avis ; chercher un véritable ami qui l’éclaire sur ses fautes ; faire reluire dans ses vers la pureté de sa vie ; fuir la jalousie et les intrigues ; travailler pour la gloire, et non pour le gain129.

1846. (1925) Dissociations

Dans leur véritable habitat, les homards se tiennent très souvent dans les trous de rochers, où ils vivent en compagnie d’un congre. […] Je dis animale parce que j’ai observé récemment un véritable miracle sur un chat. […] Je viens de lire, sur ce mode de numération, un véritable dithyrambe et certes je n’ai pas l’intention d’y contredire, car il paraît que l’on reconnaît le mauvais Français essentiel à ce qu’il ne s’évanouit pas d’admiration devant une manière de compter à la fois si simple et si hermétique.

1847. (1896) Le livre des masques

Cet autre Samain, plus ancien et non moins véritable, se révèle en les parties de son recueil appelées Évocations ; c’est un Samain parnassien, mais toujours personnel, même dans la grandiloquence : les deux sonnets intitulés Cléopâtre sont d’une beauté non seulement de verbe, mais d’idées ; ce n’est ni la pure musique, ni la pure plastique ; le poème est entier et vivant ; c’est un marbre étrange et déconcertant ; oui, un marbre qui vit et dont la vie agite et féconde jusqu’aux sables du désert, autour du Sphynx pour un instant énamouré. […] Mais si maintenant, ayant conquis, rien qu’en vivant, plus d’indulgence et quelques droits à la véritable amertume, s’il voulait sourire pour se défendre et se distraire, il semble que toute l’assemblée des poètes protesterait, étonnée et peut-être scandalisée. […] Tout cela donc étant admis et admis aussi que si l’Animale est le livre le plus singulier de Rachilde (quoique pas le plus équivoque), le Démon de l’Absurde est le meilleur, j’ajouterais volontiers, non pour le seul plaisir de me contredire et d’annihiler la vertu des précédentes pages, que ce recueil de contes et d’imaginations dialoguées m’affirme un effort réalisé de véritable sincérité artistique.

1848. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Voilà le véritable style de la tragédie : il doit être toujours d’une simplicité noble, qui convient aux personnes du premier rang ; jamais rien d’ampoulé ni de bas, jamais d’affectation ni d’obscurité. […] Cependant les auteurs semblent, depuis quelque temps, mettre le sentiment pénible de l’horreur à la place de la terreur et de la pitié, qui seront à jamais les ressorts de la véritable tragédie. […] Il ne doit pas être chantant ; il doit exprimer les véritables inflexions du discours, par des intervalles un peu plus marqués et plus sensibles que la déclamation ordinaire : du reste, il doit en conserver la gravité et la rapidité, et tous les autres caractères.

1849. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il se défie de ses ministres et de tout le Sacré Collège… Ce n’est que le 20 décembre 1769 que Bernis, éclairé et fixé désormais, écrivait avec plus de véritable justesse : J’ai trouvé le pape de bonne humeur lundi dernier ; sa gaieté dépend de sa santé et des personnes avec lesquelles il s’est entretenu.

1850. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Voltaire, le prenant sur l’ensemble de ses lettres, l’a jugé sévèrement et sans véritable justice : Il sert à faire voir, dit-il, combien les auteurs contemporains, qui écrivent précipitamment les nouvelles du jour, sont des guides infidèles pour l’histoire.

1851. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Les principaux emplois de Roederer sous l’Empire furent auprès du roi Joseph, qu’il avait beaucoup connu dans le Conseil d’État, alors qu’ils en faisaient tous deux partie, et qui lui portait une véritable amitié.

1852. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Comme c’est du véritable La Boétie, déjà homme fait, que je veux m’occuper ici, j’ai hâte de me débarrasser de ce premier traité soi-disant politique, qui est comme sa tragédie de collège, La Servitude volontaire ou Le Contr’un, œuvre déclamatoire, toute grecque et romaine, contre les tyrans, et qui provoque à l’aveugle le poignard des Brutus.

1853. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos répondait à une première objection qui se présentait naturellement, à savoir, que la véritable histoire de Louis XI était déjà faite par Philippe de Commynes.

1854. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Ici il y a une véritable erreur à mon sens, et que tout l’esprit de Marivaux ne saurait masquer.

1855. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

[NdA] Dans les derniers temps de sa vie, M. d’Argenson était devenu plus sévère pour M. de Chauvelin, et je trouve dans ses cahiers la note suivante, sous le titre de Véritables causes de la guerre de 1733 : Je n’ai jamais été si surpris que causant avec M. de Chauvelin, ancien garde des sceaux de France, et lui ayant dit que la guerre de 1733 avait pu être causée pour réhabiliter la France, dont le cardinal de Fleury avait flétri la réputation en se montrant pacifique jusqu’à l’excès, cet ancien ministre me répondit que ce n’était point cela, mais que le roi ayant épousé la fille du roi Stanislas qui n’avait été reconnu roi par aucune puissance de l’Europe, Sa Majesté se trouvait ainsi n’avoir épousé qu’une simple demoiselle ; qu’il était donc devenu nécessaire que la reine fût fille d’un roi, quoquo modo, et que c’élait à cela qu’il avait travaillé heureusement.

1856. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

S’il faut, outre cela, dire quelque chose de ses mœurs, le lieu d’où il est né, sa physionomie, ses paroles, ses gestes plus militaires qu’autrement, le font soupçonner d’être léger ; et néanmoins, soit par artifice qui a corrigé la nature, soit par vraie et naturelle inclination, il n’y a rien au monde si constant que lui, si attaché à une chose de laquelle il ne déprend jamais, quand il s’y est mis, qu’elle ne soit achevée, voire jusques au blâme véritable d’opiniâtreté.

1857. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Le fond du Grand Testament, ce sont les plaintes, les regrets, les remords et les confessions qui remplissent le préambule et la plus grande partie du codicille, et par où le poète répand comme par autant de blessures tout le sang de son cœur ; ce sont, avec les leçons saisissantes que le poète y donne, çà et là, au commencement et à la fin, les véritables legs de Villon à la postérité ; c’est là le vrai testament de son âme et de son génie, celui qu’elle a accepté religieusement et qu’elle n’oubliera pas, tant qu’il y aura une langue française.

1858. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Après la mort de Gœthe, resté uniquement fidèle à sa mémoire, tout occupé de le représenter et de le transmettre à la postérité sous ses traits véritables et tel qu’il le portait dans son cœur, il continua de jouir à Weimar de l’affection de tous et de l’estime de la Cour ; revêtu avec les années du lustre croissant que jetait sur lui son amitié avec Gœthe, il finit même par avoir le titre envié de conseiller aulique, et mourut entouré de considération le 3 décembre 1854.

1859. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

A la tribune, s’il eut le mérite d’apporter de prime-abord un talent d’improvisation véritable, chose alors très-neuve, maître d’ailleurs de sa parole, il la gouverna toujours et sut la tenir également éloignée de la passion on du système.

1860. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

… » « D’El-Arich à Gaza, le pays change de figure ; le sable se couvre de petits buissons, puis on commence à rencontrer des pierres, puis des troupeaux ; enfin on entend un peu de bruit ; le silence est encore une chose qui fait une véritable impression ; on cherche pendant longtemps ce qui manque à la vie, et tout à coup… » Horace Vernet a, depuis, imprimé quelques-uns de ces passages dans une brochure sur les Costumes de l’Orient, il a ôté les familiarités et n’a laissé que le noble et le grave, ce qui allait à son but.

1861. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Mais l’explication ne me suffit pas tout à fait ; et dans Albertus, après une série d’apostrophes à l’amour, je trouve une suite de stances (de 50 à 58) qui me paraissent, jusque dans leur ironie, trahir une sensibilité véritable : Moi, ce fut l’an passé que cette frénésie Me vint d’être amoureux. — Adieu la poésie !

1862. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Je serais fâché que des personnes amies de la société moderne et du progrès véritable de leur sexe appelassent pédante celle qui n’était que sensée et raisonnable ; théâtrale, celle qui n’a été qu’héroïque jusqu’au bout et généreuse.

1863. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Un autre peintre qui n’est ni sobre ni élégant, qui est souvent barbouilleur, mais qui rencontre parfois des mots qui touchent au vif, le marquis d’Argenson, après avoir parlé du manque de génie et de vigueur de nos officiers petits-maîtres à cette date, a dit : « C’est donc le besoin des affaires qui nous a réduits à nous servir d’étrangers : les Allemands et ceux du Nord ont mieux conservé aujourd’hui le véritable esprit de la guerre ; nous tirons de leurs pays des hommes et des chevaux (c’est poli) plus robustes et plus nerveux que les nôtres.

1864. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

C’est alors que, sur le déclin du moyen âge, un poème qui ne semblait point destiné d’abord à la grande fortune qu’il eut depuis, le Roman de la Rose, causa, parmi les esprits cultivés, une vive distraction, et apporta dans le courant des idées poétiques une perturbation étrange ; ce qui n’était d’abord qu’un accident devint (comme cela s’est vu souvent en France) l’occasion d’un entraînement général, d’une véritable révolution dans le goût.

1865. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Depuis les premières Méditations jusqu’aux Harmonies, Lamartine est allé se développant avec progrès, dérivant de plus en plus de l’élégie à l’hymne, au poëme pur, à la méditation véritable.

1866. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

La terre destinée à la semence a un aspect d’ordre qui est une véritable beauté.

1867. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

En procédant toujours par des faits précis plutôt que par développement rationnel ou effusion oratoire, et plutôt en traits qu’en couleurs, l’historien s’élève avec son sujet, et, à l’heure de l’immense catastrophe où la société s’abîme, il atteint à une véritable éloquence dans la forte étude qu’il nous ouvre de Grégoire de Tours, cet Hérodote de la barbarie.

1868. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin dégage chez Courier, au travers de l’homme de parti et du champion libéral, l’homme véritable, naturel, l’indépendant épicurien et moqueur, l’artiste amoureux du beau, l’humoriste vraiment attique, au rictus de satyre : « On n’a point la bouche fendue comme il l’avait, d’une oreille à l’autre, sans être prédestiné à être rieur, et rieur du rire inextinguible d’Homère ou de Rabelais. » Ces pages si légères et si bien touchées, à propos du plus docte et du plus lettré de nos pamphlétaires politiques, nous ont rappelé involontairement la différence des temps et le contraste de deux périodes pourtant si rapprochées.

1869. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Mais est-il rigoureusement exact de dire que « les progrès ou les défaites de l’hérédité souveraine, essayée par les empereurs romains, étaient devenus la véritable mesure de la destinée des chrétiens ; que, sitôt que le sénat et l’empire non héréditaire emportaient la balance, le christianisme était persécuté ; que, sitôt que l’idée orientale ou royale recommençait à prévaloir, les persécutions s’arrêtaient ; que le caractère personnel des princes n’avait aucune part à ces oscillations ? 

1870. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Il y avait un léger échange de rôles entre eux ; ils s’étaient donné l’un à l’autre quelque chose d’eux-mêmes qui s’entre-croisait dans cette seconde moisson ; ou plutôt ils arrivaient à la fusion véritable et parfaite des âmes.

1871. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus. » C’est le sentiment de cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle fait, selon lui, la beauté unique du style : « Racine : — son élégance est parfaite ; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile. » « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ?

1872. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Celui-ci, en sincère et véritable amant, avait pu se contenir tant qu’il avait vu l’objet de son adoration rester dans une sphère de pureté et d’innocence ; mais lorsqu’en arrivant à Copenhague la jeune femme, a bout de son essai de roman conjugal et comme en désespoir de cause, se fut lancée dans les dissipations du monde et le tourbillon de la vanité, l’humble adorateur n’y tint pas, et, en prenant la résolution de s’éloigner, il fit sa déclaration, non pas à madame, mais à M.

1873. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

La véritable imperfection de ce beau livre, ce n’est pas d’être écrit en prose, c’est d’être une copie de l’antiquité, au lieu d’être une création moderne.

1874. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Si c’était vrai, jamais Louis XIV n’aurait pu rendre plus mauvais service à Boileau : mais par malheur, celui-ci n’avait pas besoin de céder au goût du roi pour dévier de sa véritable voie.

1875. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Celui-ci naît quelques années seulement après la mort de son devancier : mais un siècle à peu près sépare les deux œuvres, et l’Histoire de Saint Louis nous conduit aux premières années du xive  siècle, presque à la fin du véritable moyen âge.

1876. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

La marque sensible de la sympathie qu’inspire Renart à ses biographes, c’est qu’ils n’ont pas su donner de véritable et profonde indignation aux victimes même de ses méfaits.

1877. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Voyez comment il loue la vérité des personnages dans Térence : Ce n’est plus un portrait, une image semblable : C’est un amant, un fils, un père véritable.

1878. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Ainsi, pour M. le duc d’Aumale, Gassion n’a rien fait ; pour d’autres, c’est lui le véritable vainqueur.

1879. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Il en rapporta tout l’honneur à son guide, et déclara qu’il n’avait pas vécu jusque-là ; qu’il renaissait à la véritable vie.

1880. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Elle ne lui est nulle part plus fidèle que dans les pièces légères, son véritable génie, comme la Henriade est sa prétention.

1881. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Cette initiative ne peut aboutir qu’à une réforme partielle des modes de production ; rarement à un bouleversement, à une révolution véritable dans la technique industrielle.

1882. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Ne serait-ce pas cet animal qui est le véritable philosophe ?

1883. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Sans doute, tous les socialistes n’acceptaient pas, même en ce temps-là, ces doctrines si peu conformes à la tradition française  ; mais l’école qui les propageait rencontra des esprits préparés à les accueillir, parce qu’il y avait alors un véritable interrègne d’idéal ; elle profita de son accord avec les opinions ambiantes et elle put croire durant quelques années qu’elle avait triomphé, comme elle s’en vantait, « de l’illusion juridique ».

1884. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Ses représentations étaient quelquefois des tragédies véritables : catastrophes sur la scène et catastrophes dans l’enceinte.

1885. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Tant est surprenante la force, ou plutôt la magie d’une femme qui possède de véritables charmes !

1886. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

On n’y sent rien, en effet, de cette action vivifiante et féconde qui suppose un foyer véritable.

1887. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

D’amitié, d’attachement véritable, Mme de Choisy n’en admettait pas qui ne fût à ce point de vue du courtisan et dans l’unique but du crédit et de la fortune.

1888. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

« Le roi a toujours été et est encore ma première passion, M. de Lauzun la seconde », disait Mademoiselle ; et M. de Lauzun, de son côté, ne se flattait d’avoir plu en définitive à Mademoiselle et de l’avoir touchée, qu’en raison du respect et de la véritable tendresse qu’il avait pour la personne du roi.

1889. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Il ne la met point hors de là : C’est précisément dans les hautes classes, pense-t-il, que résident les principes conservateurs et les véritables maximes d’État.

1890. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle dira en définissant toujours l’amitié, et les qualités qu’elle exige, et les vices de cœur qu’elle exclut : « Les avares ne connaissent point un si noble sentiment ; la véritable amitié est opulente. » Elle dira encore, en recommandant à son fils de se méfier des plaisirs : « Se livrer à la volupté, c’est se dégrader.

1891. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

La sienne est véritable ; elle est puisée aux sources morales les plus pures, et, dès qu’il s’agit d’élévation, nous aurons plaisir et profit à l’entendre.

1892. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Je n’ose pas ennuyer mes amis de cette lecture ; je me ferais un véritable scrupule d’exiger d’eux une pareille corvée, et il n’y a que vous au monde qui ayez le courage et la bonté d’entendre un sermon ailleurs qu’à l’église.

1893. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

J’en conclurai pourtant qu’il aimait un peu trop à se battre en duel pour un véritable général, et qu’il y avait en lui une crânerie innée, qui, au moment où l’on s’y attendait le moins, dérangeait et compromettait tout.

1894. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Les Histoires de Rollin ont été dans le temps un service et un bienfait du même genre ; à mesure qu’il les composait, l’auteur découvrait en lui et déployait aux yeux de tous un véritable talent d’ampleur, de développement et de récit, qui s’est soutenu jusqu’à la fin, et qui a charmé le public durant bien des années.

1895. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

J’en sortis si plein d’estime et de vénération pour le roi, je le trouvai si rempli de bon sens, d’habileté, de justice, de véritable mérite, que je dis à M. de Luxembourg en sortant : « Je viens d’entretenir un grand homme, qui me dégoûte fort de mon petit maître.

1896. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Dans la seconde partie de sa vie qu’il ne commence que tard, trop tard, et après bien des souffrances et des aigreurs, il n’est plus qu’un auteur et un homme de lettres, aspirant, sous un toit à lui, à dégager, comme il le dit, sa Minerve de son tronc rustique, et à mettre, s’il se peut, un globe à ses pieds ; sa véritable voie est trouvée.

1897. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux.

1898. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Nous l’avons poursuivi dans le papier des greffes, dans les échos des procès, dans les mémoires judiciaires, véritables archives des passions humaines qui sont la confession du foyer.

1899. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La rose chantée par le poète surpasse en grâce toute rose, elle est la rose véritable et réelle, et les merveilles de toutes les autres s’y cristallisent et y chantent.

1900. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

voici le véritable homme de lettres de tous les temps et de notre temps.

1901. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Il serait honteux qu’il se connût mal en véritable éloquence.

1902. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement devait tirer de la théologie, qui est la véritable philosophie catholique, tout un système d’idées qui aurait été le criterium de sa critique, la législation même d’après laquelle, comme critique et comme historien, il allait juger.

1903. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Amédée Pommier a réalisé dans ce volume et qui en est la véritable originalité.

1904. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

. — La véritable gloire et la vraie mission de Gavarni et de Daumier ont été de compléter Balzac, qui d’ailleurs le savait bien, et les estimait comme des auxiliaires et des commentateurs.

1905. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Claparède a greffé une très intéressante théorie, qui voit dans le sommeil un moyen de défense de l’organisme, un véritable Instinct.

1906. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

« La valeur de la détermination qui résulte d’une conviction personnelle, comme l’idée des droits et des devoirs de l’homme en général ne sont, suivant Zeller 26, des principes généralement reconnus que dans la période de transition qui coïncide avec la disparition de l’ancien point de vue grec. » La fameuse distinction de la « liberté à l’antique » et de la « liberté à la moderne » 27 repose sur cette observation que le véritable prix de l’individu était inconnu à la cité antique.

1907. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Les hommes qui brillaient au commencement du siècle avaient d’abord vécu dans un autre temps ; il fallait, pour connaître les fruits de cette époque, voir paraître ses véritables enfants, ceux à qui elle avait donné la naissance et l’éducation. […] Celle qui a été entreprise depuis est, sans nul doute, conçue d’après un plan beaucoup meilleur, plus riche eu science, et plus conforme à son véritable but. […] Un véritable esprit d’observation fut apporté dans l’étude des faits intellectuels. […] Le travail, la réflexion, l’étude, ne peuvent, à eux seuls, former le véritable caractère du poète dramatique. […] Ce n’est pas chose facile, Messieurs, que de donner aux générations nouvelles une idée véritable de ces moments terribles.

1908. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

… Il n’est qu’une joie véritable en ce monde si mauvais, mais celle-là est sans pareille ; la joie de t’aimer, mon Dieu !  […] Sa pièce de Campo Vachino accuse un véritable progrès. […] Le Cantique est en forme de dialogue, entremêlé d’exemples et de paraboles, aussi nombreux que les jours de l’année et dont la réunion forme un véritable Art de Contemplation. […] À côté de publications scientifiques qui ont prouvé, de l’aveu des gens compétents, que, considéré sous ce jour, le savant n’était certes point le premier venu, il a édité, il y a deux ans, un tout petit volume en deux parties : Chardons et Myosotis et Une singulière rencontre, puis, hier encore, une étude sur La création du véritable vers blanc et du véritable poème en prose. […] Louis Tridon va faire une seconde tentative de création de véritables vers blancs disposés, cette fois, comme des poèmes à rimes plates ; tentative où la dernière syllabe tonique de chacun de ces vers aura, contrairement à ce qui a lieu dans son premier essai, un maximum de sonorité.

1909. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Notre discours ne peut donc être aujourd’hui ni un simple exorde, ni une continuation de notre cours, mais une véritable péroraison, puisque nous devons y récapituler succinctement les matières que nous vous avons présentées, et que nous y retracerons les maximes qui en ont dirigé l’ordonnance. […] Peignant quelquefois des lieux et des mœurs de convention poétique, il ne caractérise pas assez les habitudes de ses navigateurs, et ne détermine pas nettement leurs aventures dans les contrées qu’ils parcourent : néanmoins, soutenu par de touchants épisodes, riche de détails fournis par une érudition maniée avec art, plein de nobles sentences, et enflammé par les véritables sentiments de la gloire et des vertus, il respire en sa haute poésie l’esprit industrieux, ardent, fier et guerrier de sa nation. […] » Et alors il découvre noblement la véritable cause des maux qu’on lui fit subir, cause perpétuelle de ceux qu’endureront toujours les poètes qui sauront garder le courageux caractère qu’il signale, en ajoutant ces octaves qu’il adresse aux déités du Tage. […] Voilà traduire en poète, voilà de cette véritable ardeur qui enflamme tout dans le style. […] Homère fait agir et parler ces êtres surnaturels d’après les mouvements et les pensées que leur prête la tradition, ainsi qu’il fait agir et parler les hommes d’après la nature que nous connaissons tous ; aussi ne choque-t-il jamais la vraisemblance, et n’excède-t-il en rien la nécessité, tant ordinaires qu’extraordinaires ; mais ce nécessaire d’un ordre supérieur, ce vraisemblable élevé, sont fondés l’un et l’autre sur une condition majeure, sans laquelle il n’est point de véritable épopée : j’aborde ici la règle du merveilleux.

1910. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Les hommes les plus éminents avaient insisté auprès de lui pour qu’il entreprît une véritable histoire littéraire de son temps. […] Dans la peinture des objets extérieurs, Jocelyn est un véritable progrès. […] Il n’y a dans cette guerre désastreuse rien d’inattendu ni de singulier ; mais en présence d’un pareil spectacle, le silence serait plus qu’une faiblesse, ce serait une lâcheté véritable. […] Mateo est, en effet, un véritable chef-d’œuvre de narration. […] Chacune de ses études est un véritable voyage.

1911. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

On en apprécie bien la véritable et remarquable originalité quand on fait attention au nombre de choses que l’auteur y a exprimées pour la première fois. […] La religion, emprisonnée dans le vieil édifice politique, véritable cachot de l’Église, ne reprendra son ascendant qu’en recouvrant sa liberté, et c’est là le service que ses ennemis, instruments aveugles d’une puissance qu’ils méconnaissent, ont reçu d’en haut l’ordre de lui rendre. […] À cet égard même il avait un principe : c’était que l’esprit romanesque est la véritable et même l’unique cause de la perdition des femmes. […] Les romans de Feuillet pourront donc quelque temps encore n’être pas mis à leur véritable place, et jugés au-dessous de leur valeur. […] N’émancipons pas de l’espèce de honte qu’ils éprouvent à l’admirer d’honnêtes, de bons jeunes gens, qui, dans quelques années, quand la vie leur aura donné ce qui leur manque encore d’expérience, jugeront sans doute les Fleurs du mal à leur véritable valeur !

1912. (1895) Hommes et livres

Dans le sérieux, cette vision imagée est plus près de la poésie que du véritable esprit ; Vendôme, acharné à la poursuite de l’archiduc, devient par une métaphore épique, « un chasseur de loup qui n’est content qu’après que la bête est essoufflée et étranglée par les chiens ». […] Mais il s’est donné carrière dans une sorte de roman qu’il intitule Histoire véritable, et qui nous expose les vicissitudes d’une âme que la métempsycose promène à travers toutes sortes de corps, de conditions et de sexes. […] Je conviendrai, pour être juste, qu’il y a dans cette Histoire véritable des pensées et des traits dignes de Montesquieu : la fameuse déclaration de principes qui est comme la formule du cosmopolitisme de ce siècle raisonneur et bienfaisant : « Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, etc… » : cette phrase si caractéristique a d’abord eu sa place dans l’Histoire véritable. […] Il ne lui manquait que de pouvoir être suivi par l’auteur : s’il avait su faire son Histoire véritable sur le plan indiqué par le sage M.  […] Le Figaro du cinquième acte, drapé dans son orgueil plébéien et disant son fait à la société, est le véritable père de Ruy Blas et de Richard d’Arlington.

1913. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je me suis tout d’abord adressé à celle de ces écoles qui a le plus de véritable action sur le public, en même temps, d’ailleurs qu’elle se rattache à des formes de pensées intensément nationales. […] Quant à la Poésie, ma sentence est que, touchant le rendu, elle n’a pas encore offert sa manifestation véritable, adéquate. […] Le véritable évolutionniste sera celui qui aura le plus de talent — et écrira le moins. […] Véritable fondateur du « Parnasse », il groupa autour de lui les jeunes talents de la Renaissance poétique qui succéda au romantisme épuisé. […] Nous étions quarante-deux au Parnasse, et à la lecture de certains vers, il était quasi-impossible de dire où était le talent véritable… Eh bien !

1914. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Vous trouverez de charmants ou sérieux portraits de femmes : celui de Dora, qui reste petite fille dans le mariage, dont les mutineries, les gentillesses, les enfantillages, les rires, égayent le ménage comme un gazouillement d’oiseau ; celui d’Esther, dont la parfaite bonté et la divine innocence ne peuvent être atteintes par les épreuves ni par les années ; celui d’Agnès, si calme, si patiente, si sensée, si pure, si digne de respect, véritable modèle de l’épouse, capable à elle seule de mériter au mariage le respect que nous demandons pour lui. […] « Par la même raison, ces satires, quoique réunies, resteront effectivement détachées, et ne formeront point de véritable ensemble.

1915. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Le beau vieillard les reçoit aimablement, leur dit que depuis la Révolution, il n’a plus aucune influence, mais qu’il a un ami, un véritable ami, M.  […] La femme, sous son ébauchoir, prend l’aspect caricatural, qu’aurait un véritable antique, copié par Daumier.

1916. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

C’est avec un soulagement véritable qu’on voit venir la strophe : « Où sont nos lyres d’or ?  […] Nous avons vu tout à l’heure que le style scientifique n’est pas le véritable idéal esthétique.

1917. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Il arrive à des formules presque vides de faire surgir ici ou là, véritables paroles magiques, l’esprit capable de les remplir. […] La première consisterait à intensifier si bien le travail intellectuel, à porter l’intelligence si loin au-delà de ce que la nature avait voulu pour elle, que le simple outil cédât la place à un immense système de machines capable de libérer l’activité humaine, cette libération étant d’ailleurs consolidée par une organisation politique et sociale qui assurât au machinisme sa véritable destination.

1918. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

L’artiste véritable se prolonge en esthéticien, quitte à perdre, sitôt que la fièvre de l’intuition inconsciente le crispe, son beau calme théorique. […] pour lui, les vocables s’illuminent d’un véritable pouvoir métaphysique en corrélation intime avec le sentiment intérieur à objectiver.

1919. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

. — Ce n’est pas un très noble régime, dira-t-on, qu’un tel régime représentatif et monarchique, avec une seule hérédité, sans aristocratie véritable, sans démocratie entière et Franche. — Non : mais c’est un régime sensé, modéré, tolérable assurément, et, qui plus est, assez heureux. — Mais vivra-t-il ? […] examinez bien ; vous verrez que, depuis l’âge de la maturité, il n’y a plus de véritable joie pour lui. […] C’est son Suave mari magno…., mais non point ici sans une véritable onction de christianisme.

1920. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

« Parce qu’une demi-douzaine de sauterelles sous une fougère font retentir la prairie de leur importun bruissement, pendant que des milliers de grands troupeaux, reposant sous l’ombre des chênes britanniques, ruminent leur pâture et se tiennent silencieux, n’allez pas vous imaginer que ceux qui font du bruit soient les seuls habitants de la prairie, qu’ils doivent être en grand nombre, ou qu’après tout ils soient autre chose qu’une petite troupe maigre, desséchée, sautillante, quoique bruyante et incommode, d’insectes éphémères873. » La véritable Angleterre, « tous ceux874 qui ont sur leur tête un bon toit et sur leur dos un bon habit » n’a que de l’aversion et du dédain875 pour les maximes et les actes de la Révolution française […] Nous nions que la force brutale soit l’autorité légitime, et que la populace soit la nation882. « Une véritable aristocratie naturelle n’est point dans l’État un intérêt séparé ni séparable. […] Junius a écrit sous l’anonyme et les critiques n’ont pu encore démêler avec certitude son véritable nom. — Pour Sheridan, voyez tome II, p. 85, et tome III, p. 408. — Pour Burke, tome III, p. 88.

1921. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Le bon sens de Bossuet, à cet égard, c’est l’esprit même du christianisme véritable et bien entendu. […] La cause véritable de ces luttes si diverses, c’est la guerre de la liberté contre la discipline, du particulier contre le général, de ce que Fénelon appelait le sens propre contre ce que Bossuet appelle la tradition et l’universel. […] Il était donc d’un grand intérêt que tous ces schismes, y compris celui-là même qui tira tant d’autorité de la vertu incommode mais irréprochable de ses défenseurs, le jansénisme, fussent vaincus par le véritable esprit de la nation, représenté plus ou moins bien et défendu plus ou moins innocemment par la puissance publique.

1922. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Il y a, parfois, dans les œuvres de Mmes de Noailles, Gérard d’Houville, Marie Dauguet, Lucie Delarue-Mardrus, Renée Vivien, et quelques autres femmes-poètes, un art véritable, qui recrée artistiquement les sensations enregistrées par elles. […] Marie Dauguet, dans ses Pastorales, a renversé cette valeur sentimentale et a voulu redonner à la nature son véritable aspect : la voici devant elle, comme un jeune dieu plein de vie et de santé. […] Il y a certes, dans l’œuvre poétique d’Hélène Picard, une grande richesse de vie, de véritables trouvailles d’images : c’est tout un monde de rêves, sages et fous ; mais quelques-unes de ses poésies vivront, parce qu’elle y a mis toute la tiédeur et tout le parfum de son corps de femme, et l’élan harmonieux de son désir de l’homme.

1923. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Évidemment non ; mais si cet organisme est à peine une société, la ruche et la fourmilière sont de véritables organismes, dont les éléments sont unis entre eux par d’invisibles liens ; et l’instinct social de la fourmi — je veux dire la force en vertu de laquelle l’ouvrière, par exemple, exécute le travail auquel elle est prédestinée par sa structure — ne peut différer radicalement de la cause, quelle qu’elle soit, en vertu de laquelle chaque tissu, chaque cellule d’un corps vivant fonctionne pour le plus grand bien de l’ensemble. […] Les autres, au contraire, sont de véritables inventions, comparables à celles du musicien, et à l’origine desquelles il y a un homme. […] Mais Rousseau les a ramassés ; il les a fait entrer, simples harmoniques désormais, dans un timbre dont il a donné, par une création véritable, la note fondamentale.

1924. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Montagne moins irrésolu, eût été un excellent critique dans la partie morale de l’Histoire : mais peu ferme dans ses principes, il chancelle dans les conséquences ; son imagination trop féconde, étoit pour sa raison ce qu’est pour les yeux un crystal à plusieurs faces, qui rend douteux l’objet véritable à force de le multiplier. […] Qu’on se représente Electre dans son premier monologue, traînant de véritables chaînes dont elle se voit accablée : quelle différence dans l’illusion & l’intérêt ! […] La Mothe après avoir dit, Nous pouvons, s’il nous plaît, donne : pour véritables Les chimeres des tems passés, ajoûte : Mais quoi ? […] « Savez-vous, dit Pline à Trajan, où réside la gloire véritable, la gloire immortelle d’un souverain ?

1925. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Il faut, au contraire, que la lecture soit une imprégnation générale, une véritable transfusion. […] La véritable amplification, c’est l’art de développer un sujet insuffisamment présenté. […] La véhémence et l’émotion dépendent du resserrement, de l’énergie intérieure, du développement sobre. « La véritable éloquence, a dit Pascal, se moque de l’éloquence. » On n’imitera donc l’amplification de Cicéron qu’avec une extrême réserve. […] On voit la différence, et de quel côté se trouve la véritable éloquence. […] Et cela dure pendant des pages, avec un véritable parti pris de monotonie.

1926. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Ayant perdu ma première candeur, j’avais de grandes envies de comprendre ; je cherchai le sens de ces paroles sans pouvoir le découvrir et j’en éprouvai un véritable malaise. […] Il n’est point d’écrivain véritable qui n’ait de ces faiblesses. […] Il lui dit : « Si tu es venu pour me consoler, étends la main et prie le Seigneur Jésus. » En entendant le nom de Jésus, Satan (car c’était lui-même) reprit sa forme véritable, qui est celle d’un bouc cornu.

1927. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

» — « Soyez tranquille, répondit affectueusement le monarque ; vous apercevrez aux premières occasions à quel point je suis content de vous. », La guerre recommençait, et Villars allait retrouver son véritable élément.

1928. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Le véritable atticisme n’est, ni de la complaisance ni de la mollesse.

1929. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il fait prisonnier dans une action mémorable le comte de Barcelone lui-même : sa rentrée dans Saragosse fut un véritable triomphe.

1930. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il l’admire comme poète ; il n’a pas assez d’éloges pour sa Henriade ; il n’a jamais rien vu de si beau, c’est du véritable enthousiasme, et qui donne la mesure de celui des contemporains : « (Février 1724.) — Le poëme de la Ligue, par Arouet, dont on a tant parlé, se vend en secret.

1931. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Royer-Collard est un véritable ornement de ce volume nouveau.

1932. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Mais en même temps (car les extrêmes s’appellent et se touchent), pour échapper aux épouvantes infinies de ses propres conjectures, il se rangeait d’autant plus comme un humble enfant et en véritable aveugle sous la houlette du saint homme auquel il s’était abandonné.

1933. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ses lettres à Mme Valmore, d’un ton vif et résolu, presque viril, la font voir sous ce jour, — un fidèle et brave cœur, d’une affection active, et sur qui l’on pouvait compter ; et Mme Valmore le lui rendait par un véritable culte de reconnaissance : « (7 avril 1847)… Cette bonne lettre me trouve au milieu de nouvelles et vives afflictions.

1934. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Véritable précurseur, il invoque un historien qui sache parler guerre, administration, politique, et qui ait, comme on l’a dit, l’intelligence.

1935. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

. — « Si cela est, repartit l’évêque, vous ne pouvez mieux faire que de vous adresser à moi ; je connois ces montagnes, j’y ai passé souvent en faisant mes visites : j’y sais des endroits si affreux et si éloignés de tout commerce, que, quelque difficile que vous puissiez être, vous aurez lieu d’en être content. » Rancé, avec sa vivacité naturelle, prenant cette parole à la lettre, pressait déjà M. de Comminges de les lui montrer : « Je m’en garderai bien, lui répondit le prélat en souriant, ces endroits sont si tentants, que, si vous y étiez une fois, il n’y auroit plus moyen de vous en arracher. »  C’était en vain que cet évêque aimable et d’autres amis conseillaient à Rancé, jusque dans son repentir, « cette juste médiocrité qui fut toujours le caractère de la véritable vertu. » Cette médiocrité était précisément ce qu’il y avait de plus contraire à son humeur et de plus insupportable à ses pensées.

1936. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Mais sa véritable école, celle qui d’abord l’avait développé et à laquelle il devait le plus, était l’École primaire fondée à Péronne par M.

1937. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

On lui doit, à la fin de son quatrième volume, la publication de lettres manuscrites d’une sœur Demerez de l’Incarnation, véritable gazette où sont notés au fur et à mesure par une plume catholique les principaux contre-coups et les terreurs de cette guerre des Cévennes.

1938. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Et qu’on ne dise pas que ce christianisme de Pascal était particulier, bizarre, excessif, en dehors des voies générales ; je ne nie pas qu’il n’ait eu quelques singularités de pratique ou d’expression ; mais dans le fond son christianisme ne diffère en rien du véritable et, j’oserai dire, de l’unique.

1939. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il a aggravé la dénonciation des pétitionnaires par son commentaire propre : des noms honorables ou glorieux, confondus avec d’autres, y encourent une réprobation entière et sommaire, une véritable flétrissure publique, sans discussion.

1940. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Il ne fait pas des individus véritables, mais des caractères généraux, le roi, la reine, le jeune prince, la jeune princesse, le confident, le grand prêtre, le capitaine des gardes, avec quelque passion, habitude ou inclination générale, amour, ambition, fidélité ou perfidie, humeur despotique ou pliante, méchanceté ou bonté native.

1941. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

« L’agriculture642, telle que l’exercent nos paysans, est une véritable galère ; ils périssent par milliers dès l’enfance, et, dans l’adolescence, ils cherchent à se placer partout ailleurs qu’où ils devraient être. » En 1783, dans toute la plaine du Toulousain, ils ne mangent que du maïs, de la mixture, de menus grains, très peu de blé ; pendant la moitié de l’année, ceux des montagnes vivent de châtaignes ; la pomme de terre est à peine connue, et, selon Arthur Young, sur cent paysans, quatre-vingt-dix-neuf refuseraient d’en manger.

1942. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Et cependant l’action des centres sensitifs est celle que provoqueraient en eux, à l’état normal, des rayons gris et jaunâtres, tels qu’en lancerait une véritable tête de mort.

1943. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

De là ce que les érudits appellent le parallélisme, dans les chants épiques ou lyriques de la Bible ; parallélisme dont nous croyons, nous, ignorant, trouver la véritable origine dans l’imitation de l’écho.

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