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1346. (1760) Réflexions sur la poésie

La Fontaine surtout, qu’on regarde assez mal à propos comme le poète des enfants, qui ne l’entendent guère, est à bien plus juste titre le poète chéri des vieillards : il l’est même plus que Racine.

1347. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

II Et pour ne parler que de celle-là, à qui l’Opinion, cette femelle, décerne actuellement le titre d’homme de génie, Mme George Sand, qui, dans sa Lélia, ayant voulu montrer des abstractions et des types revêtus d’une humanité agrandie, a glissé bien vite, de cette hauteur de conception et de résolution, dans cette fatalité des portraits, imposés, de par la nature, à la femme, laquelle ne pense guère que quand elle se souvient.

1348. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Ses romans, au fond, ne sont guère que des Almanachs du Bonhomme Richard, sous forme romanesque… Mme Sand, je l’ai dit, descend de Rousseau et Mme Colet, de Diderot.

1349. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Tandis que la comédie de société ne paraît guère qu’une occupation innocente, un joli goût de gens bien élevés et d’instincts artistes, un passe-temps charmant pendant lequel on ne médit point du prochain, comme disent les badauds qu’on rencontre au fond de toutes les questions.

1350. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Dans la pensée de Richelieu, le cardinal équestre du siège de la Rochelle, dont l’âme était certainement belliqueuse, le duel ne fut guères qu’un prétexte pour casser des épées toujours prêtes à sortir du fourreau contre la royauté.

1351. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Écrite avec cette correction qu’on apprend aux écoles et qu’elles croient de l’élégance, elle n’est guère qu’un lieu commun renouvelé d’une rhétorique inépuisable.

1352. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Il y a un mot heureux de Guizot, et que je souligne parce que Guizot, que je voudrais entraîner, ne se permet guère l’imagination : « Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres, isolé de sa personne. » Mais c’est justement à cause de la difficulté de saisir la vie de Shakespeare, d’empoigner le pied du fanal caché sous sa lumière, que la pensée la veut, cette vie, et qu’elle s’y obstine.

1353. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Et ce mot de Joubert est vrai, même physiologiquement, même sur la médaille où cette fine tête ne doit guère peser au cou décharné de vieux romain qui la porte avec tant de noblesse.

1354. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Aussi doit-on le reconnaître, entre tous les historiens qui ont eu à parler de cet homme illustre, entre tous ceux-là qui touchent d’une main pieuse aux saintes poussières du passé, je n’en sache guères qu’un seul qui ait refusé sa sympathie à une si grande condition et à une si grande infortune.

1355. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

placé par ses relations de famille et ses alliances au confluent de tous les héritages, quand il perd un royaume (la Sicile), il en gagne un autre (l’Aragon), et les peuples semblent enchantés de lui échoir ; mais cela ne l’avance guères.

1356. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

Les femmes dont il y est question, les Femmes d’Amérique 13, n’y sont guères qu’un exemple à l’appui d’une incroyable théorie qu’y formule l’auteur, et que la contemplation de la société américaine lui a inspirée.

1357. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Trompe-l’œil grossier, elle n’est guères qu’un kaléidoscope de citations que l’auteur fait tourner devant vous pour vous éblouir, et auxquelles citations la Critique, une critique informée et compétente, a péremptoirement et depuis longtemps répondu.

1358. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Charles 8 I Si jamais j’avais eu pour Gœthe la passion qu’ont certaines personnes, voici une publication qui me rendrait fort triste, car ce livre d’un innocent, qui ne se doutait guères de ce qu’il écrivait quand il écrivait, ôte, d’un seul coup, à Gœthe, pour les esprits de sang-froid et fermes, les grandes qualités à travers lesquelles on est accoutumé de le voir.

1359. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Quoique ces documents trop vantés ne répandent guère sur les faits qu’une lumière qui a ses vibrations, ses tremblements et ses ombres, il faut nonobstant en convenir, si beaucoup de découvertes analogues à celles que MM. 

1360. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Au fond, la haine de Michelet n’est guères qu’une haine de tourterelle en colère.

1361. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Tant que ceci durera, la fonction du poète sera plus qu’une magistrature et presque un sacerdoce. » C’était déjà satisfaisant pour un faiseur de comédies, mais pour Vacquerie, qui n’a guères la modestie de sa fonction, la pensée de Hugo n’avait ni assez de relief ni assez de vérité saisissante.

1362. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Sous le masque de lave de la plus impétueuse pensée auquel la réflexion ait jamais attaché ses rides et ses ombres, sous la fière moulure du lutteur le plus redoutable qui ait jamais terrassé l’ennemi, ce n’est pas tout que d’avoir trouvé une âme à laquelle nous ne pouvions guères nous attendre.

1363. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle », je sais ce que j’écris : je ne veux pas engager l’avenir.

1364. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Cette édition est, en réalité, comme le dit son titre, une Correspondance entre Madame Geoffrin et Poniatowski, mais l’opinion n’y a guères vu que Madame Geoffrin.

1365. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Nicolas Gogol25 I En voyant ce titre singulier et piquant sur la couverture de ces deux volumes : Les Âmes mortes, les braves gens naïfs qui se prennent au titre des livres, et qui ne sont pas, d’ailleurs, très au courant de la littérature de Russie, ne se douteront guères, à distance, de ce qu’exprime un titre pareil.

1366. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Il n’y a guère plus haut, en effet, dans l’opinion actuelle du monde, et quand j’écris « actuelle » je sais ce que j’écris, je ne veux pas engager l’avenir.

1367. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Raillerie à part, d’ailleurs, Sainte Térèse, qui n’est guère connue en France que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque !

1368. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Les hommes purent la voir et la constater, mais ils n’en dirent rien, pas même ceux que ce boulet avait servis… Les meilleurs coups ne donnent guères qu’un peu de fumée, qu’un souffle a bientôt effacé.

1369. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Gratry n’aura guères d’action que sur les gens qui pensent comme lui, et qui, par conséquent, n’ont pas besoin d’être ramenés ou convaincus.

1370. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Aujourd’hui, il nous donne un poème de ce temps-là, — un poème d’âme, — d’une inspiration qui n’est plus guères l’inspiration de ceux qui ont encore la prétention d’être des poètes… Ceux-là, qui sont une bande, et oui, malheureusement pour eux ne sont pas des bandits, appelleront, je n’en doute pas, s’ils ont a en parler, l’auteur d’Armelle un romantique attardé.

1371. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Sa célébrité, à moitié voilée mais d’autant plus piquante pour la curiosité, ne dépassait guères alors le tour de la table dont il était souvent l’Amphytrion.

1372. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Le vice respiré de loin, enivrant de loin, ne fascine plus comme à distance ; et, malgré les dépravations secrètes de la volonté, ce n’est guères plus là qu’une ébauche de Messaline, et une ébauche qui ne s’achève jamais ; une ébauche qui a les bras coupés comme la Vénus de Milo !

1373. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Doué de facultés très-dramatiques, sachant s’effacer, cette chose difficile, car l’esprit est égoïste comme le cœur, et ne procédant nullement à la manière des romanciers contemporains, qui entassent les descriptions, les paysages et les portraits, dans une ivresse de plastique qui est une maladie littéraire du temps, M. de La Madelène ne fait guères de portraits qu’en quelques traits, quand il en fait, et chez lui, c’est l’action et le dialogue qui peignent le personnage, le dialogue surtout, que M. de La Madelène a élevé à un rare degré de perfection.

1374. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Ainsi, par exemple, ce n’est guères qu’à la 108e page d’un récit qui n’en a que 219 que l’idée de l’auteur se dégage et qu’on en voit rayonner au loin la portée.

1375. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Le goût sentit, dans la fiction et le récit, cet accent naïf qui ne trompe pas et qu’on ne peut guère simuler.

1376. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Et il ajoute : « Le peuple n’a guère d’esprit et les grands n’ont point d’âme. […] Apparemment Balzac ici ne songeait guère à ce détail de pathologie ; mais l’inspiration est une divination. […] De pureté, de grâce, il ne s’en inquiète guère ; à ses yeux un crapaud vaut un papillon ; la chauve-souris l’intéresse plus que le rossignol. […] En effet, un Français n’invente guère autre chose ; s’il atteint plus loin, c’est que la clarté de son style l’y conduit. […] D’ailleurs Joseph n’était guère instruit ni capable d’idées justes.

1377. (1876) Romanciers contemporains

En mourant il ne délivre pas seulement sa femme : il la justifie sans le vouloir, car un tel excentrique ne pouvait guère inspirer l’amour. […] Les thèses paradoxales ont leur temps, et elles ne survivent guère à l’esprit d’exclusivisme qui les a produites. […] Nous n’apercevons guère que Sterne avec lequel on puisse trouver, pour ce vrai bijou littéraire, une certaine parenté. […] Mais il n’y songe guère en chemin, tant est consommé l’art du guide et prodigieusement sûre d’elle-même la main qui nous a conduits. […] Nous n’en comprenons guère le mérite.

1378. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Je n’eus guère là-bas de vie littéraire, sauf un jour un brusque rappel. […] Et puis j’avais aussi des anciens rêves d’érudit à satisfaire, des musées à revoir, des livres à lire, à relire, des lacunes d’instruction à combler, je ne me hâtais guère de lancer une œuvre ou des manifestes, j’avais envie de voyager, d’errer, de sentir sous mes pieds une multiple Europe. […] Un vieux communard l’imprimait dans les fonds de Vaugirard, pour une rétribution, je pense, un peu stricte ; le Décadent ne survécut guère au Symboliste. […] Il n’y a plus guère de bons peintres flamands ; il n’y avait plus, dès longtemps, de poètes. […] En écartant comme un léger rideau les faits proches, on retrouve l’éternelle et infinie complexité des passions, qui sont tout l’homme, toute la nature et qui ne varient guère que de mode.

1379. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

On sait aujourd’hui que le vrai Cid ne ressemble guère à celui de la légende et de la poésie. […] Toutefois elle ajoutait que cette passion « a assez d’éclat et de charme pour avoir fait oublier les règles à ceux qui ne les savent guère bien, ou à qui elles ne sont guère présentes ». […] On aura remarqué peut-être que ce lieu-commun de morale sur les avantages des autres vices, au contraire du mensonge qui n’a que des inconvénients, est joli sans doute en lui-même, mais un peu long pour la situation, qui ne semble guère permettre qu’on s’attarde en de telles excursions gnomiques. […] Il n’y a guère de bon que le premier et le cinquième acte ; le reste est languissant. […] Rotrou suivit les mêmes errements, aventureux et libres, et, depuis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à sa mort, ne laissa guère passer une année sans faire représenter une, deux, trois pièces, quelquefois quatre.

1380. (1904) Zangwill pp. 7-90

Les montagnes étaient devenues collines, les bois n’étaient plus guère que des bosquets, les ondulations du terrain recevaient, sans discontinuer, les cultures. […] La terre, un peu sèche et pierreuse, ne leur donne guère que du pain et du vin ; encore ce vin est-il léger, si léger que les gens du Nord, pour y prendre plaisir, le chargent d’eau-de-vie. […] « L’homme ne s’arrête guère à cette pensée qu’un pas, un mouvement de lui écrase des myriades d’animalcules. […] Car vraiment si l’historien est si parfaitement, si complètement, si totalement renseigné sur les conditions mêmes qui forment et qui fabriquent le génie, et premièrement si nous accordons que ce soient des conditions extérieures saisissables, connaissables, connues, qui forment tout le génie, et non seulement le génie, mais à plus forte raison le talent, et les peuples, et les cultures, et les humanités, si vraiment on ne peut rien leur cacher, à ces historiens, qui ne voit qu’ils ont découvert, obtenu, qu’ils tiennent le secret du génie même, et de tout le reste, que dès lors ils peuvent en régler la production, la fabrication, qu’en définitive donc ils peuvent produire, fabriquer, ou tout au moins que sous leur gouvernement on peut produire, fabriquer le génie même, et tout le reste ; car dans l’ordre des sciences concrètes qui ne sont pas les sciences de l’histoire, dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, connaître exactement, entièrement les conditions antérieures et extérieures, ambiantes, qui déterminent les phénomènes, c’est littéralement avoir en mains la production même des phénomènes ; pareillement en histoire, si nous connaissons exactement, entièrement les conditions physiques, chimiques, naturelles, sociales qui déterminent les peuples, les cultures, les talents, les génies, toutes les créations humaines, et les humanités mêmes, et si vraiment d’abord ces conditions extérieures, antérieures et ambiantes, déterminent rigoureusement les conditions humaines, et les créations humaines, si de telles causes déterminent rigoureusement de tels effets par une liaison causale rigoureusement déterminante, nous tenons vraiment le secret du génie même, du talent, des peuples et des cultures, le secret de toute humanité ; on me pardonnera de parler enfin un langage théologique ; la fréquentation de Renan, sinon de Taine, m’y conduit ; Renan, plus averti, plus philosophe, plus artiste, plus homme du monde, — et par conséquent plus respectueux de la divinité, — plus hellénique et ainsi plus averti que les dieux sont jaloux de leurs attributions, Renan plus renseigné n’avait guère usurpé que sur les attributions du Dieu tout connaissant ; Taine, plus rentré, plus têtu, plus docte, plus enfoncé, plus enfant aussi, étant plus professeur, surtout plus entier, usurpe aujourd’hui sur la création même ; il entreprend sur Dieu créateur.

1381. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Mais le fait est qu’elle est assez pauvre d’œuvres, plus pauvre d’idées, non moins pauvre d’hommes ; et pendant de longues années son originalité ne consistera guère que dans la liberté, toute nouvelle alors, avec laquelle chacun va s’y montrer tel qu’il est. […] Dans une littérature qui ne connaissait ni l’art de composer ni celui d’écrire, dont les chefs-d’œuvre n’avaient guère été jusqu’alors que d’heureux accidents, ils ont fait entrer pour la première fois le sentiment du pouvoir de la forme, ou du style ; et ce n’est pas là tout le classicisme, mais c’en est bien l’un des éléments ou des « facteurs » essentiels. […] Au lieu de se traîner, comme ils avaient fait jusqu’alors, sur les traces des anciens, et de « pindariser » ou de « pétrarquiser », nos écrivains savent désormais qu’ils peuvent trouver en eux de quoi remplir et comme nourrir ces formes dont ils n’avaient guère imité jusque-là que les contours. […] Les quatre autres sont posthumes ; et on n’y peut guère distinguer la part qui en revient à d’Urfé de celle qui appartient à Baro, son continuateur.

1382. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Préoccupé du soin de l’expression qu’il torture laborieusement et qu’il s’efforce de rendre singulière, il n’a guère le temps de ressentir l’enthousiasme qu’il veut chanter. […] Il chante le bonheur de l’étude et le bonheur de l’amour, et certes il n’est guère possible de choisir une idée plus vieille. […] À cette époque, il est vrai, le sentiment religieux était peu développé ; le scepticisme, qui avait envahi la société française, ne permettait guère à la passion de s’élever jusqu’à l’extase. […] L’amour du capitaine d’Auverney pour Marie n’est guère plus neuf que l’amour d’Ordener pour Éthel ; mais, grâce à la richesse du paysage qui encadre cet amour, nous acceptons comme inventé ce que nous avons déjà lu cent fois. […] Il n’est guère possible de présenter sous une forme plus nette et plus précise les souffrances d’un cœur poussé à la colère par la sécurité.

1383. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Vandérem, des « urbains », des gens de Paris pour qui la longue et lente vie de province, si pleine à la fois et si vide, pleine et vide comme les seaux complémentaires d’un puits, n’existe guère. […] Amiel ne se doutait guère de l’avenir. […] Mais ce centre, cette unité n’existent guère, et le salon de Mme de Staël n’en a donné qu’un crayon bien vite effacé. […] Amiel n’est guère tourné que vers lui-même ; l’arbre privilégié l’empêche de voir la forêt. […] Il l’a éprouvée à un point de paradoxale pureté, dans un état de mysticité auquel on ne peut guère comparer que celui des soufis, et qui est, comme il le dit lui-même, d’Orient plutôt que d’Occident.

1384. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Au point de vue stylistique, les Romains étaient un peuple enfant et nous n’avons guère, à ce point de vue, fait de progrès sur nos ancêtres littéraires. […] L’écriture, qui ne pouvait guère prétendre qu’à la figuration des objets et des idées très simples, marcher, manger, va devenir le miroir de la parole, mais un miroir où les images se fixeraient. […] S’il en était ainsi vraiment, on ne saurait guère concevoir plus profond désaccord. […] Et, de fait, l’automobile n’est guère utilisé que par ceux qui utilisaient hier les pur-sang ou les trotteurs normands. […] Car il ne paraît guère avoir travaillé d’original, ce qui, d’ailleurs, n’a point ici d’importance.

1385. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Je me souviens que la première fois que je revis Madame de Broglie, bien des mois après, elle commença, dès que nous fûmes seuls, à me reprendre là-dessus, et je n’eus guère rien à répondre27. […] Je ne suis guère mieux, ce me semble, pourtant pas plus mal, et je suis debout ou à peu près, une partie de la journée. […] Pourquoi certaines idées n’apparaissent-elles guère qu’obliquement, à titre d’allusions ou d’images ? […] Qu’on essaye de lire deux fois certains morceaux, la première lecture n’étant guère que provisoire quand il s’agit d’une diction si insolite et si imprévue. […] Le critiquer, je n’y ai guère songé ; nous verrons plus tard.

1386. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Paraître sot aux sots n’est guère compromettant. […] Il n’y a guère de chose qui n’ait pas deux noms auxquels on donne une signification tout opposée. […] Remarquez bien une chose : on n’est guère presbyte qu’à la condition d’être vieux. […] Sa volonté ne s’appliquant qu’au Tout, quant à la forme, il ne veut pas, quant à la matière, l’appliquer à des fragments ; et cependant ce n’est guère que par des actions restreintes qu’il peut témoigner de ses préoccupations morales. […] Il est généreux, sans doute, parce que, vis-à-vis des autres, il ne se souvient guère de son individu ; mais il est plus souvent injuste, précisément parce qu’il fait chez les autres abstraction de l’individu.

1387. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Tout cela t’explique assez que je vis en pleurs, ma bonne amie, sans avoir le droit de me plaindre que Dieu ne m’ait pas choisie pour répandre ses consolations sur les miens, lui qui m’a faite si tendre pour eux… « Pour mettre un peu de baume sur les tristesses que je te cause, je finis en parlant des consolations divines que nous devons à mon cher Hippolyte. » Il lui restait, on vient de le voir, une dernière sœur, l’aînée, Cécile, qui habitait aussi Rouen ; elle paraît avoir été d’un esprit plus simple et aussi d’un cœur moins expansif que les autres membres de la famille, ou peut-être n’était-ce qu’un effet de l’âge et des malheurs : du moins la correspondance avec elle est plus rare et ne roule guère que sur d’humbles envois ; mais il est touchant de voir comme Mme Valmore s’efforce de réveiller son sentiment, d’intéresser sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes ou par l’appel à de chers souvenirs59 : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie. Mais tu dois savoir depuis longtemps qu’il n’y a guère que les malheureux qui se secourent entre eux.

1388. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Le domaine ne s’étend guère, Mais il est selon mon trésor. […] Depuis ce temps, le poëte, l’homme de lettres en lui a dû se moins manifester, et on ne le retrouverait guère directement que dans les solennités de l’Académie, y portant la parole en toute convenance.

1389. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

La vraie poésie n’a guère à faire avec eux. […] Chez Mellin de Saint-Gelais, c’est à la fois délayé et rude ; il n’y a guère qu’un ou deux bons vers ; le traducteur ne lutte pas d’expression, il n’essaye pas ; sa langue n’est pas faite, son instrument n’est pas sûr ; l’art est absent ; il ne fait, en quelque sorte, que dégrossir son Ancien.

1390. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

. — En somme, l’exemple et l’éducation n’ont guère servi qu’à appeler son attention sur des sons que déjà elle ébauchait ou trouvait d’elle-même, à provoquer leur répétition ou leur achèvement, à diriger de leur côté sa préférence, à les faire émerger et surnager dans la foule des autres sons semblables. […] Oua-oua. — Ce n’est guère que depuis trois semaines (fin du seizième mois) qu’elle prononce ce mot dans le sens de chose bonne à manger.

1391. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Maintenant, si je parle ainsi, c’est peut-être que je suis orfèvre, n’ayant guère fait, littérairement parlant, que du théâtre injoué. […] Mais si nous considérons la masse, nous constatons qu’elle ne lit guère que des romans.

1392. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

La Cour vient de faire ici des changements qui ne vous intéresseront guère. […] Les miennes ne sont guère agréables.

1393. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Je sais bien que les satires de d’Aubigné, non plus que celles de Régnier, non plus que certaines pièces de Saint-Amant ou même de Ronsard, ne pourraient guère paraître dans nos revues actuelles.

1394. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

C’était au seizième siècle, c’était parmi les guerres religieuses, sous les règnes si orageux et si poétiques des derniers Valois, que devait surgir l’Épopée française ; à cette époque on trouve Ronsard et quelques autres poètes de la Pléiade, trop vantés alors, et surtout trop décriés de nos jours par des auteurs qui ne les connaissent guères et qui sont loin de les égaler, mais on cherche vainement, dans cette Pléiade brillante, l’homme d’une puissante imagination, le poète de génie enfin, capable d’enfanter une œuvre épique. […] Certes, si un théâtre nouveau pouvait s’ouvrir, sous la direction d’un entrepreneur intelligent, sans comité de lecture ni d’administration, sans cet encombrement d’ouvrages reçus depuis trente ans et vieillis avant de naître, avec des acteurs jeunes, disposés à jouer tous les rôles, en étudiant la pantomime expressive et la déclamation naturelle des grands acteurs anglais, les seuls qui, depuis Talma, nous aient fait éprouver des émotions tragiques ; avec la ferme volonté de ne représenter en fait de pièces nouvelles que des pièces vraiment neuves, et d’un caractère homogène ; certes, un pareil théâtre n’aurait pas besoin d’autres secours que son travail et sa bonne organisation, et il y aurait dans tout cela quelque chose de fort et de vital qui ne ressemblerait guères à la végétation expirante, à la fécondité caduque qui poussent et se perpétuent encore aux quinquets de nos coulisses.

1395. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Je n’ai guère besoin de vous citer, après la biographie de La Fontaine que je vous ai faite, les hommages rendus à La Fontaine par Mme de Sévigné, par Mme de Thianges, par Mme de La Sablière, c’est-à-dire par les femmes les plus intellectuelles, les plus distinguées de son temps. […] » Je vous dirai que je n’en sais rien ; que, peut-être, la fable avant La Fontaine, c’est-à-dire telle que Boileau en pouvait parler, puisqu’il ne parlait pas d’actualité, n’était rien du tout ou si peu de chose qu’en réalité elle ne valait guère la peine d’être nommée, pas plus, à la vérité, que le triolet, le rondeau, et il n’a sans doute pas considéré la fable comme vraiment un genre poétique, ni par son importance puisque, jusqu’à La Fontaine exclusivement, elle n’en avait pas, ni par sa forme ; et s’il a parlé du rondeau et du triolet, et du sonnet, c’est que ce sont des formes de versification, des formes, au point de vue de la versification, tout à fait intéressantes, tout à fait curieuses qu’il ne faut pas, au moins, avoir l’air d’ignorer.

1396. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

… Est-ce que le gentil poète des Amoureuses, qui, aux épines de la vie, n’a guères laissé qu’une gouttelette de son sang vermeil, juste autant que sa gouttelette d’originalité, peut être, quoi qu’il fasse, autre chose qu’un gentil écrivain, ayant à perpétuité les grâces joliettes et fluettes de la jeunesse ? […] Elles n’y sont guères que par l’accent, par un mot échappé de temps en temps et dont la vibration soulève ou attendrit, ou encore par l’intention de vous déchirer avec la cruauté de sa peinture.

1397. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Decazes, qui était alors, je crois, ou à Ville-d’Avray ou à Madrid, le conseil se tint chez lui, et pendant la durée de ce conseil qui ne fut guère que de deux heures, il arriva jusqu’à trois ou quatre messages empressés de Louis XVIII, exprimant pour le cher ami ses attentions, son inquiétude, avec le tutoiement de l’extrême familiarité ; et le ministre favori ne put s’empêcher de laisser voir négligemment à ses collègues ces petits billets qui se succédaient de si près et si caressants.

1398. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

M. de Tocqueville, qui n’avait guère jamais lu un livre qu’en creusant et en méditant, n’avait pas assez lu au hasard et en butinant.

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Faire son devoir, le faire avec distinction sans se mêler des partis, voilà le vrai patriote, l’homme estimable ; et voilà bien pourquoi je ne me soucie guère d’une grande charge où l’on est entraîné dans les partis, ou du moins l’on est entraîné à des liaisons qui décident souvent de votre sort, avec des gens qui ne peuvent exister sans troubler l’État par des opinions exclusives.

1400. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

En dehors de son court passage au ministère, il eut peu d’occasions d’être administrateur, et il ne fut guère que le grand directeur et manipulateur de la philosophie universitaire de son temps.

1401. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

L’ode, à proprement parler, depuis Pindare et à commencer par lui, n’a guère été jamais qu’un thème de circonstance, accepté plutôt que choisi, et plus ou moins richement exécuté.

1402. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Le jeune abbé se contentait, en ces années fougueuses, d’obéir à ses passions, sans en faire parade par lettres : ce sont d’ailleurs de ces choses qu’on n’a guère coutume d’aller raconter à son ancien précepteur.

1403. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Comme le chroniqueur ingénu ne paraît guère préoccupé de l’idée de pudeur, cela fait que le lecteur est médiocrement choqué lui-même, et qu’il laisse courir le récit du moins prude des mondains.

1404. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Les siècles précédents n’avaient guère eu que des chroniques : mais quand l’individu se prit lui-même pour objet et fin de son activité, quand il poursuivit au-delà de la durée de son être terrestre l’immortalité de la gloire, on conçoit aisément quels stimulants, dans une race sociable et causeuse, excitèrent les hommes à écrire leurs mémoires.

1405. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Thucydide ne l’inquiètent guère.

1406. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

De la doctrine saint-simonienne, si large et généreuse à l’origine, l’utopie tombant, il n’est guère resté que la forte impulsion donnée à l’activité industrielle : du grand rêve humanitaire sort un accroissement prodigieux de richesse pour les classes moyennes.

1407. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Mais il faut n’avoir guère suivi le mouvement des études littéraires dans ces dernières années, pour ne pas remarquer que le champ des disputes se resserre, que le domaine de la science faite, de la connaissance incontestée, va s’étendant et laisse ainsi moins de liberté, à moins qu’ils ne s’échappent par l’ignorance, aux jeux des dilettantes et aux partis-pris des fanatiques, si bien qu’on peut sans chimère prévoir un jour où, s’entendant sur les définitions, le contenu, le sens des œuvres, on ne disputera plus que de leur bonté et de leur malice, c’est-à-dire des qualificatifs sentimentaux.

1408. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Anonyme Le vénérable M. de Banville a cru devoir réunir en un volume ses hebdomadaires vaticinations de l’Écho de Paris (journal des poètes, dit-on, ce qu’on ne croirait guère, vu la copieuse quantité de mauvais vers qui s’y publient).

1409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Il ne développe guère que des lieux communs, et je consens qu’il réussisse quelquefois, par les moyens que l’on a vus, à les rendre plus communs encore… Si Baudelaire ne fut pas ce que l’on appelle un fou, du moins fut-ce un malade, et il faut avoir pitié d’un malade, mais il ne faut pas l’imiter.

1410. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Le front, très haut, se gonfle au-dessus des yeux en deux bosses qui ne font guère défaut dans les têtes des hommes de génie ; les sourcils bien fournis sont très rapprochés des yeux, et ces yeux vifs, perçants, impérieux et spirituels sont comme embusqués au fond de deux cavernes sombres, d’où, avec impartialité, ils regardent passer tous les dieux.

1411. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Il n’y a guère d’autre moyen de se faire obéir des hommes que de leur obéir soi-même.

1412. (1890) L’avenir de la science « Préface »

N’importe ; il n’y a guère plus d’un siècle que la raison travaille avec suite au problème des choses.

1413. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

On me pardonnera, si je ne puis guère qu’indiquer des commencements de sentiers, têtes de ligne des grandes routes à tracer.

1414. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Mais quand même il oserait la tenter, cela n’avancerait guère.

1415. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Depuis, la publication de l’Histoire de la littérature anglaise, il ne s’est guère produit dans le domaine de cette méthode de tentatives dignes de mention.

1416. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Les écoles politiques du xixe  siècle ont ce caractère général d’être plutôt des partis que des écoles : nées des événements et mêlées aux événements, elles n’ont guère cette impartialité abstraite qui caractérise la science ; et par la même raison, elles ont laissé ou laisseront peu de ces ouvrages mémorables et éternels, qui survivent aux passions d’un temps.

1417. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

L’éducation de nos ancêtres ne précédait guère l’âge de quinze ans ; avant que de s’occuper de la culture de l’esprit ils songeaient à la force du corps.

1418. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

D’abord tout bas, pour que l’on comprenne leur pensée ; car la plupart d’entre nous, par l’effet de l’habitude, ne comprennent guère qu’à moitié ce qu’ils lisent tout haut ; ensuite à haute voix, pour que l’oreille se rende compte du nombre et de l’harmonie, sans que, cette fois, l’esprit laisse échapper le sens, puisqu’il s’en sera préalablement rempli.

1419. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il n’est guère possible, du reste, de trouver mauvais que M. de Lacretelle ait l’orgueil de l’amitié de Lamartine, et que d’avoir vécu dans l’intimité d’un tel homme n’ait pas grossi, à ses propres yeux, les proportions de son individualité.

1420. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Raillerie à part, d’ailleurs, sainte Térèse, qui n’est guère connue en France, comme nous venons de le dire, que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque !

1421. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Goethe, par la nature du sien, avant tout dramatique, ne montre guères que les extrémités de la personne : c’est par le geste, un mot, une indication, qu’il la révèle.

1422. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

qui ne sourit pas comme l’aimable Bonhomme, lequel est certainement trop du xviiie  siècle pour être pie, mais qui ne se permet guères qu’un œil de poudre en impiété.

1423. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Autrement on ne serait plus guères que l’Alceste ou le Timon de ses propres égratignures, et Monselet est fait évidemment, pour mieux que cela.

1424. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Nul doute que ce génie lyrique, si cher il la Grèce, ne s’y trouve et ne puisse parfois se reconnaître sous des formes où la théorie moderne ne le chercherait guère.

1425. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Roumestan qui avait plaidé pour elle en première instance, ne pouvait guère refuser de la suivre. […] Si tu gardes ces goûts-là, tu n’auras guère d’agrément dans la vie, et les camarades diront que tu es un fameux jobard. […] Aussi bien n’avons-nous guère à juger nous-même son œuvre, laissant au lecteur le droit de se faire une opinion d’après les quelques extraits que nous lui en donnons. […] » S’il faut en croire quelques récits du temps, l’enfance du Dauphin ne faisait guère prévoir la douceur que devait prendre son caractère. […] Nous n’avons pas la prétention de découvrir le célèbre philosophe allemand Schopenhauer, mais nous croyons que beaucoup de ceux qui savent son nom ignorent son œuvre et la relèguent parmi les spéculations arides qu’on ne lit guère ou qu’on ne lit pas.

1426. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il en est de même pour l’avarice légendaire de l’auteur des Châtiments, qui ne se châtiait guère lui-même. […] cela ne paraît guère niable !  […] La Science ne développe guère le jugement. […] Je ne l’ai guère rencontré, pour ma part, que chez le professeur Potain, qui souriait doucement du progrès indéfini. […] Mais ce sont là de ces bonheurs qui n’arrivent guère que dans les contes de fées.

1427. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Cet Ucalegon du poëte, c’est vous, c’est moi : on ne pense guère à la maison d’autrui, quand le feu est à la nôtre. […] Je ne le lis guère, parce qu’il m’offre sans cesse un artiste épris de son talent, qui, la baguette à la main, me marque l’excellence de sa composition, que j’aimerais autant admirer ailleurs que sur son chevalet. […] Je dirais que ce fut le plus grand homme que la nature ait produit, que je trouverais des approbateurs ; mais si je dis qu’elle n’en avait point encore produit, et qu’elle n’en produira peut-être pas un aussi extraordinaire, il n’y aura guère que ses ennemis qui me contrediront. […] Celui qui s’exprime ainsi n’a jamais lu les ouvrages de Sénèque et n’en connaît guère que les titres ; sa vie privée lui est inconnue. […] On ne peut guère douter que ce petit traité ne soit la continuation de celui qui précède.

1428. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

A vrai dire, on ne s’en douterait guère. […] Je sais bien que nos ans ne se rapportent guère, Et je laisse à son choix liberté tout entière. […] Et le Mercure de décembre 1727 le rassurait en ces termes : « On n’a guère vu des pièces du ton de celle-ci. […] il les joue ; même, il n’en joue guère d’autres. […] » Il ne saurait guère sortir de là.

1429. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Quant aux hérétiques, ajoutait-il, et aux infidèles, comme ils me sont acquis, je ne m’en inquiète guère. […] Son esprit était inventif, et quoique ses pièces ne soient pas restées longtemps au théâtre et ne lui aient guère survécu, son nom ne saurait être passé sous silence. […] Elle ne vaut guère mieux quoiqu’elle servît de modèle à beaucoup de copies. […] Le grand Corneille acquit une gloire immortelle ; mais il ne fit pas fortune ou du moins il n’en laissa guère après lui. […] D’un autre côté, comme au temps où nous vivons, on ne va guère plus d’une fois entendre la même pièce, on ne se donne pas volontiers la peine de l’applaudir ou de la siffler.

1430. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Son rôle de critique n’a guère dépassé le rôle d’un amateur compétent. […] Il est bien difficile de connaître jusqu’au fond ce cœur de jeune fille qui ne s’est guère trahi que par des plaintes. […] Voyez enfin la vie que dégage Dickens, qui n’est guère pour M.  […] Je crois qu’on ne peut guère adopter d’autre méthode, si l’on veut écrire quelque chose de durable. […] Il n’y a guère que La Fontaine qui échappe à cette loi et chez qui le travail ne se sente pas.

1431. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Mais l’esprit français, qui subit en cela l’inévitable rançon de ses qualités, n’arrive guère à la sensation de la vraie poésie, à moins d’y être entraîné par des raisons étrangères à l’essence même du principe poétique. […] Il n’en est guère auquel il ne se soit intéressé, qu’il n’ait compris et qu’il n’ait chanté. […] Dans une âme neuve et qui aperçoit soudain des formes de la vie plus complexes, il s’éveille un étonnement, irrité parfois, parfois enthousiaste, qui ne ressemble guère au badinage frivole du dilettantisme. […] Dès l’année 1849, c’est-à-dire en pleine jeunesse, il écrivait : « Tu ne dois pas vivre, parce que tu n’en es maintenant guère capable. — Tiens-toi en ordre, laisse les vivants vivre, et résume tes idées. […] Les anciens, en effet, ne le connaissaient guère, ce dangereux esprit d’analyse.

1432. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

De cette première révélation à imiter ces sentiments, la distance est faible, et l’adolescent ne tarde guère à la franchir. […] Cela n’est guère à l’éloge de leur sensibilité. […] Le premier, Voltaire est arrivé à cette critique, sèche et médiocre, malgré sa verve, qui ne voit guère dans un prêtre qu’un fripon, et dans un fidèle qu’une dupe. […] Cette réalité n’est guère, au regard de M.  […] Il écrivit beaucoup et ne fut guère lu.

1433. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il ne médite guère ; il rêve et contemple, il s’agite et il souffre. […] Ces inspirés ne sont nullement d’accord entre eux ; Jean Reynaud n’admet guère les purs esprits, et Victor Hugo veut anéantir la matière. […] Les deux premiers actes de Faust feraient une œuvre complète, et l’arrivée de Marguerite dans le drame ouvre déjà un drame nouveau où Faust n’a guère à se développer, et ne se développe guère en effet. […] Mais il est silencieux et triste, et, à en juger par sa mine, il n’a guère envie de parler. […] On ne fait guère autre chose en commençant.

1434. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Il n’y a guère de poétique au dix-septième siècle, en dehors des beaux vers de La Fontaine, que la de prose Pascal, parfois de Bossuet et de Fénelon. […] Aristote ne voit guère dans la métaphore qu’une sorte de jeu d’esprit : c’est pour lui un exercice de l’intelligence beaucoup plus qu’un moyen de raviver la sensibilité ; il la distingue à peine de l’énigme, qui est une sorte de métaphore pour la pensée. […] Cet assembleur de bœufs ne serait guère plus homérique que notre assembleur de rimes.

1435. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

À cette métaphysique on ne pense guère, et c’est inconsciemment que tout poète dans la plus petite œuvre solutionne les rapports de l’être avec la nature. […] En présence d’une intuition, sous la poussée du débord mystique, les mots disparaissent, introuvables ; on ne peut plus guère parler que par exclamations, Dieu, Nature, Être, cœur, sentiment ! […] Mais réciproquement, on n’a guère connu de grand métaphysicien qui ne fût poète en quelque manière, depuis Platon jusqu’à Hegel, en passant par Malebranche et par Spinoza. » Évolution de la poésie lyrique, t. 

1436. (1888) Poètes et romanciers

Ma naissance faillit coûter la vie à ma mère. » Cette mère, d’ailleurs, ne l’était guère, que de nom. […] On peut bien dire que son fils ne lui ressembla guère. […] Il ne parvint guère qu’à m’initier aux règles de la versification. […] Grave question, difficile à résoudre et qui laisse le lecteur indécis, d’autant plus qu’il ne se sent guère éclairé par la conclusion de l’auteur. […] Feuillet ; il n’y a guère que des entraînements irréfléchis ou de vagues curiosités du cœur.

1437. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Aussi son tableau n’avance-t-il guère !  […] Les sujets de ce genre ne s’adaptaient guère au talent de ce peintre. […] Le père, la mère, soucieux, ne mangeaient guère, et n’étaient tirés de leurs rêveries que par le soin qu’ils prenaient de leurs enfants. […] On peut donc dire qu’il avait raison de profiter de sa grande célébrité de peintre qui ne lui avait guère rapporté jusque-là que des louanges. […] Ces divers reproches, très-vivement exprimés, ne s’étendirent guère cependant au-delà des limites du Louvre, où demeuraient alors presque tous les artistes.

1438. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature, ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait qui n’est qu’aimable en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement de cœur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenait. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive : « qu’elle eut douce haleine et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais ne les transporte pas. […] On ne l’écrit plus ou on ne l’écrit guère ; insensiblement, on voit dans la chronique saxonne le vieil idiome s’altérer, puis s’éteindre ; cette chronique s’arrête un siècle après la conquête102. […] « Nous sommes faits pour obéir à la volonté de Dieu — et pour accomplir ses saints commandements. —  Car de tous ses ouvrages grands ou petits,  — l’homme est la principale créature. —  Tout ce qu’il a fait a été fait pour l’homme, comme vous le verrez prochainement115. » C’est là un poëme, vous ne vous en doutiez guère ; appelez-le sermon, c’est son vrai nom ; il continue, bien divisé, bien allongé, limpide, et vide ; la littérature qui l’entoure et lui ressemble témoigne de son origine par son bavardage et sa netteté. […] Il cite une île où « les gens sont hauts de dix-huit ou trente pieds de haut, et non vêtus, fors de peaux de bêtes  » ; puis une autre île « où il y a moult diverses femmes et cruelles, qui ont pierres précieuses dedans les yeux, et ont telle vue que si elles regardent un homme par dépit, elles le tuent seulement du regard comme fait un coq basilic. » Le bonhomme conte, et puis c’est tout ; le doute et le bon sens n’ont guère de place encore dans ce monde.

1439. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Mais, si l’usure des idées a des conséquences observables dans l’histoire des langues, c’est qu’elle se produit dans les mêmes couples de mots et d’idées chez presque tous les hommes d’une même nation : l’énergie intellectuelle, l’attention aux idées, est rare ; on ne réfléchit guère que lorsqu’on innove, et les inventeurs, chez tous les peuples, sont peu nombreux ; ralentir le cours de sa pensée pour la mieux connaître est d’un esprit exceptionnel [§ 11] ; la plupart des hommes se hâtent de passer d’une idée à une autre et négligent chacune d’elles à mesure qu’elle a été suffisamment aperçue ; de là vient qu’au bout d’un certain temps une langue ne contient plus guère que des mots usés ; on les comprend sans effort, mais ils ne disent presque rien à l’esprit ; associés entre eux suivant des habitudes invétérées, ils expriment des pensées devenues banales, des lieux communs, auxquels on croit par routine sans bien savoir la raison qui les fonde. […] Le néologisme a trois procédés : 1° construire des mots nouveaux avec les radicaux et d’après les lois de la langue que l’on veut enrichir ou renouveler ; 2° emprunter des radicaux à des langues étrangères, et les particulariser au moyen des affixes de la langue maternelle ; 3° emprunter aux langues étrangères des mots tout formés, avec la nuance particulière de leur signification ; demandant un effort de souvenir pour être compris, ces mots font trait dans la phrase et disent bien ce qu’on veut leur faire dire ; mais, ensuite, ils entrent difficilement dans la langue commune ; ils n’ont guère d’autre valeur que celle d’un expédient momentané, précieux seulement pour tourner une difficulté ; par suite, après les épistolaires, qui n’écrivent pas pour tout le monde, ce procédé n’est guère employé que par les humoristes, qui cherchent l’expression saisissante et la nuance exacte, et qui, eux aussi, n’écrivent pas pour le grand public ; et, chez les uns et les autres, ou peut dire que les mots étrangers sont des néologismes à l’état naissant, mais mort-nés pour la plupart. — Cette utilité des langues non-usuelles pour rajeunir la pensée a été bien exprimée par Benjamin Constant dans un passage d’Adolphe : « Elle parlait plusieurs langues imparfaitement ; mais ses idées semblaient se faire jour à travers les obstacles et sortir de cette lutte plus agréables, plus naïves et plus neuves : car les idiomes étrangers rajeunissent les pensées et les débarrassent de ces tournures qui les font paraître tour à tour communes et affectées. » [Le passage d’Adolphe cité par Egger se trouve au début du chapitre II, lors de la rencontre d’Elléonore (B.

1440. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

On ne s’imagine guère Lamartine, dans la barque qui voguait sur le lac silencieux, en train de débiter des paradoxes ou de tourner des épigrammes à Elvire. Alfred de Vigny, dans sa Tour d’ivoire, on ne le suppose guère en train de badiner. […] En fait de pathétique, elle aime le plus gros, et en fait de poésie, elle ne connaît guère que la poésie des romances, à laquelle nous ajouterons, si vous le voulez, le lyrisme des chansons de café-concert. […] Je vous ai dit que Théophile Gautier n’a guère d’idées. […] Vous la trouverez : les gens des chaumières               Vivent très longtemps ; Et je suis d’un monde où l’on ne vit guère               Plusieurs fois vingt ans.

1441. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Avant de nous engager dans la succession des travaux qui font de notre auteur un des maîtres les plus originaux du temps présent, un de ceux qui ont avancé d’au moins vingt ans sur les idées courantes et, à vrai dire, le premier critique français qui soit sorti de chez soi, nous avons à noter encore quelques essais qu’on n’est guère disposé à attendre de sa plume, et qui le montrent s’occupant simplement de la littérature nationale et domestique, comme on pouvait le faire à cette date. […] A un monde qui n’en vaut guère la peine, d’accord ; mais nous n’en avons pas d’autre ; et il n’y a moyen d’y exister qu’en rêvant à le rendre meilleur. […] Ce journal, qui ne subsista guère plus d’une année, et que les circonstances politiques interrompirent, est indispensable pour la connaissance précise de ce que projetait la jeune école par delà les monts. […] On n’était guère accoutumé à entendre le sentiment et le goût de cette sorte en France après les siècles de Louis XIV et de Louis XV ; aussi Fauriel put-il sembler quelquefois ne pas faire assez de cas des époques littéraires constituées et donner ouvertement la préférence à des âges trop nus ; il avait pour ceux-ci un peu de cet amour dont Ulysse aimait sa pierreuse Ithaque. […] Raynouard, qui avait tant fait pour remettre en lumière l’ancienne langue classique et les productions du midi de la France, n’avait guère dérangé cette opinion reçue.

1442. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Pour saisir le morceau, ils se donnaient un mal infini que ne motivait pourtant guère cette friandise poussiéreuse. […] Parmi les hommes de notre génération et des générations précédentes, on ne trouve guère que des Mous résignés à leur déchéance ou des Régressifs qui usent les restes de leur énergie à regretter les évolutions périmées. […] Tu vois : le glaive ne luit plus guère que comme la flamme d’une lanterne aux vitres brouillées. […] Mais tu sais bien que s’il entre, il sera mis en pièces par quelque ange qui pensera faire du zèle : d’abord c’est un homme, et on ne les aime guère chez nous. […] Cette famille achète quotidiennement douze livres de pain… et ce n’est guère.

1443. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

À tous les hommes d’État nés parmi les troubles de l’ancienne monarchie française, nos dernières assemblées nationales ne peuvent guère opposer que leur Mirabeau. […] On réfutera, en lui répondant, quelques autres écrivains du même parti, qui ont mis plus de méthode dans leurs raisonnements, mais qui n’ont guère mieux prouvé ce qu’ils voulaient établir. […] Je sais que le bon sens et l’histoire n’imposent guère à ceux qu’on réfute. […] La discipline de l’église romaine ne permit guère qu’aux orateurs sacrés l’emploi des richesses poétiques du christianisme ; mais elles appartinrent de droit à tous les poètes de l’église nouvelle. […] Cette disposition à tout exagérer put s’accroître encore par le genre qu’il avait choisi ; car il n’a guère fait que des panégyriques.

1444. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Il piquait bien parfois la curiosité, mais l’intérêt ne se soutenait guère. […] Elle ne creusa guère sans trouver le corps de son malheureux amant. […] Ainsi Carlyle ne chômait guère en son déchiffrement humain. […] tu parles du monde : tu ne sais guère ce que c’est. […] La tragédie de La Fosse est médiocre, et le drame boursouflé d’Otway ne vaut guère mieux.

1445. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Bonald, lui, qui ne causait guère, a été classé non moins systématiquement parmi les philosophes obscurs, ennuyeux et illisibles, lui, chez qui abondent des formules comme celle-ci : « Des sottises faites par des gens habiles, des extravagances dites par des gens d’esprit, des crimes commis par d’honnêtes gens. […] La Prusse, avide d’agrandissements sur le Rhin, ne se souciait guère d’un prince qui prétendait ne rien céder du territoire qui avait été celui de ses ancêtres avant 1789. […] Mme Sainte-Marie Perrin, transportée à Lyon par son mariage dès 1901, — elle était née en 1879, — n’a plus guère quitté cette laborieuse cité, si différente dans ses aspects et dans ses mœurs de cette « douceur angevine » dont s’enchantait du Bellay. […] Nous sommes un peu plus qu’un métier, un peu plus qu’une profession et dans l’ensemble de la société nous ne sommes guère comparables qu’aux prêtres et aux savants !  […] Macon, — vous le voyez, son activité ne chôme guère, — a aussi appelé l’attention de M. 

1446. (1911) Nos directions

Entre lui et tel artiste enfermé des années dans un labeur très lent, il n’y eut guère plus qu’une différence de temps. […] On ne voit guère ce que cette œuvre gagnerait à être exposée à la scène. […] il ne communie plus guère. […] La tragédie française n’avait guère encore été que parlée. […] Rostand ne forgera guère.

1447. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il ne subsista guère plus que dans l’oratoire. […] La chirurgie n’est guère favorable à la cupidité. […] Nos moines ne leur ressemblent guère. […] Il n’y auroit guère eu d’exemple de moine plus répréhensible. […] Il n’est guère de plaisanterie qu’il ne se permette contre M. d’Auxerre.

1448. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Nicole tout simplement. » Au tome XII des Ouvrages de morale et de politique de l’abbé de Saint-Pierre, on trouve sur le genre d’esprit et la qualité intellectuelle de Mme de Longueville ce témoignage assez particulier qu’on n’aurait guère l’idée d’aller chercher là, et dont l’espèce de bizarrerie n’est pas sans piquant176 : « Je demandai un jour à M. […] De ce qu’on cite Mme de Longueville dans des moments de pénitence, et de ce que l’on ne possède guère Mme de La Fayette que dans des écrits littéraires et romanesques, a-t-on le droit de juger de la qualité de leurs esprits par la différence des sujets ?

1449. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

On glanerait également chez Boileau le petit nombre de vers qui peuvent passer pour des traits de peinture naturelle ; on ne trouverait guère que l’Épître à M. de Lamoignon, dans laquelle s’aperçoivent ces noyers, souvent du passant insultés, accompagnés de quelques frais détails, encore plus ingénieux que champêtres. […] Dans les descriptions, les odeurs se mêlent à propos aux couleurs, signe de délicatesse et de sensibilité qu’on ne trouve guère, ce me semble, chez un poëte moderne le plus prodigue d’éclat63. — Des groupes dignes de Virgile peignant son Andromaque dans l’exil d’Épire ; des fonds clairs comme ceux de Raphaël dans ses horizons d’Idumée ; la réminiscence classique, en ce qu’elle a d’immortel, mariée adorablement à la plus vierge nature ; dès le début un entrelacement de conditions nobles et roturières, sans affectation aucune, et faisant berceau au seuil du tableau ; dans le style, bien des noms nouveaux, étranges même, devenus jumeaux des anciens, et, comme il est dit, mille appellations charmantes  ; sur chaque point une mesure, une discrétion, une distribution accomplie, conciliant toutes les touches convenantes et tous les accords !

1450. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Que de fois, par cette ardeur conciliante qui lui était un lien avec les meilleurs représentants de tous les partis, et par ce droit légitime de son esprit qui ne lui donnait guère moins de pouvoir sur M. de Blacas ou sur M. de Montmorency, que sur M. de Lafayette ou sur le baron Louis, je l’ai vue dans la même soirée, faire admettre dans la maison du roi un homme de mérite aussi indépendant que malheureux, réintégrer dans leurs emplois quelques agents impériaux et dévoués, mais avec honneur, au pouvoir qu’elle avait combattu, et servir de son crédit des hommes de lettres qui, pendant son exil, avaient eu le malheur de nier son talent. […] je n’ai guère été plus heureux à Coppet qu’à ***.

1451. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Dès lors Port-Royal n’eut plus guère de repos. […] Dans notre littérature classique, qui n’a guère eu de poètes lyriques que parmi ses grands prosateurs, selon le mot de Mme de Staël, Pascal est un des plus grands.

1452. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Je ne connus guère l’Empire que par le concierge du collège. […] Leur foi était vive et sincère, mais c’était une foi implicite, ne s’occupant guère des dogmes qu’il faut croire.

1453. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Nous avions accoutumé, du moins, voir ces œuvres se passant des couleurs : et leur adjonction ne fait guère plus vive notre délicieuse impression première. […] Les uns trouvent leur distraction dans la politique, les autres dans le sport, un nombre bien plus petit dans le drame, la littérature et les beaux-arts ; mais l’Anglais type est tellement absorbé dans ses affaires qu’il ne s’intéresse guère à ce qui se passe hors de son bureau.

1454. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

A quoi bon partir en guerre maintenant que la haute valeur du maître n’est guère plus contestée que par quelques esprits rétrogrades et routiniers ? […] La Revanche, dont jusqu’à ce jour l’hostilité avait égalé, sans guère la dépasser, celle des autres journaux spécialement anti-prussiens ou anti-wagnériens, répondit par un article où sont ces lignes (19 avril) : … Puisqu’il plaît à M. 

1455. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Je ne comprends guère, pour ma part, qu’on puisse s’égayer de bon cœur au spectacle de son grotesque martyre. […] L’antithèse du gentilhomme et du bourgeois, si tranchée et si flagrante autrefois, n’est plus guère, a l’heure qu’il est, qu’une nuance sociale qui va s’affaiblissant et s’effaçant tous les jours.

1456. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Mis à même de calculer les forces du passé qui nous commandent, nous accepterions, pour en tirer profit, notre prédestination… Un jeune être isolé de sa nation ne vaut guère plus qu’un mot détaché d’un texte… » « Notre conscience individuelle nous vient de l’amour de notre terre et de nos morts. » Cette formule se trouve sans cesse sous la plume de M.  […] Les élèves, grandis dans une clôture monacale et dans une vision décharnée des faits officiels ou de quelques grands hommes à l’usage du baccalauréat, ne comprennent guère que la race de leur pays existe, que la terre de leur pays est une réalité et que, plus existant, plus réel encore que la terre ou la race, l’esprit de chaque patrie est pour ces fils l’instrument de libération. » L’Appel au soldat pose un cas de psychologie de l’âme populaire.

1457. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il ne paroissoit guère, à Athènes, de bonne tragédie qui ne fût tournée en ridicule. […] Il n’en est guères qui ne redoutent d’être mis à son creuset.

1458. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

L’opération ne peut guère avoir été nuisible chez une espèce dioïque. […] D’après les exemples que j’ai pu rassembler d’animaux croisés très ressemblants à un seul de leurs parents, j’ai toujours vu que ces ressemblances se manifestaient, surtout à l’extérieur, dans des caractères particuliers très visibles, ou d’une nature presque monstrueuse, et qui, en général, apparaissent soudainement dans les races, tels que l’albinisme, le mélanisme, l’absence de queue ou de cornes, et la présence de doigts ou d’orteils surnuméraires ; mais elles ne concernent guère, au contraire, les particularités les plus importantes de l’organisation qui ont dû être lentement acquises par sélection.

1459. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le public, dans son indifférence systématique, ne se trompe donc guère qu’une fois sur mille. […] Cette histoire est intéressante, et je veux bien la croire fort exacte ; mais on m’avait promis de l’éloquence française, et je n’en trouve guère ici… si ce n’est dans le style du narrateur.

1460. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et quant à ces trois qui firent une famille de l’imposance d’une dynastie, et qui pouvait devenir une quatrième race, avant celle de Napoléon, on ne savait guères lequel était le plus grand, dans son tourbillon de lumière, de cette panoplie auréolisée de héros. […] et surtout la plus grande de toutes et la mère de toutes, dont vous ne vous souciez guères, vous autres de la Libre Pensée, mais dont nous nous soucions, nous !

1461. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Pour ce qui est de leur Trinitaire, qui tortionne si vilainement la pauvre diablesse d’âme de leur Madame Gervaisais, ce n’est guères plus qu’une caricature outrageante pour le catholicisme, — ou plutôt tout le livre est une caricature outrageante, et qui n’a demandé, pour la tracer, ni grandeur de talent ni grandeur de caractère. […] Sa Faustin n’est guères qu’une cabotine, et lui, qui la met en scène, un Byzantin de ce temps de nerfs, de mièvreries et de corruption.

1462. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

et un impossible bien autrement compromettant que le simple impossible de l’événement, des circonstances, de la mise en scène, dont un habile homme ne se joue guères ; mais l’impossible de la nature humaine, la méconnaissance absolue des lois qui la régissent et dont, sous peine de faux et d’absurde, il est défendu — à n’importe qui ! […] n’a pas toujours eu le même soleil dans la bouche : qu’avant Napoléon il y avait eu le soleil de la vieille monarchie française et de sa restauration, qui ne dura qu’une aurore ; et après le soleil de Napoléon, qui l’a toute remplie, celui de la révolution, après lequel il ne pouvait plus guères sortir que la flamme révolutionnaire de cette bouche rotonde et profonde.

1463. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Schelling et Hegel restitueront à la nature la force et la vie, mais en l’attribuant à l’Être absolu, le seul être dans la vraie acception du mot, en sorte que le dynamisme de la nouvelle philosophie n’est guère plus favorable à la liberté et à l’individualité que le mécanisme de Spinoza. […] L’action de la grâce y domine au point de ne plus guère laisser d’efficacité à la volonté que pour le mal et le péché.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Lisant sans autre but que de s’instruire et de se charmer, de revenir à la source de la juste éloquence et des pensées salutaires, il n’a guère pris la plume en littérature que pour exprimer ce sentiment vif, l’amour et le goût des bonnes et vieilles œuvres.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Quand on écrit pour de purs savants et si près du Rhin, on ne se gêne guère, on emploie leur langage, leur phraséologie, les termes en usage dans les controverses engagées.

1466. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Oui, en France, dans ce qu’on déprime ou ce qu’on arbore en public, on ne pense guère le plus souvent au fond des choses ; on pense à l’effet, à l’honneur qu’on se fera en défendant telle ou telle opinion, en prononçant tel ou tel jugement.

1467. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Il a présenté en traits caractéristiques et non chargés ce type spécial à la civilisation moderne et qui n’y fait guère d’honneur, le propriétaire indigent, avec son bien grevé d’hypothèques et rongé par l’usure.

1468. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Son pinceau maigre, quoique étincelant, joue d’ordinaire sur un fond abstrait ; il ne prend guère de splendeur large que lorsque le poëte songe à Buffon et retrace d’après lui la nature.

1469. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

On n’en pourrait tirer une conclusion que si les femmes dont il s’agit faisaient toutes métier d’écrivain ; mais (sauf, si vous voulez, Mmes de Graffigny, du Bocage et Riccoboni, qui sont négligeables), la femme de lettres proprement dite n’apparaît guère que de notre temps.

1470. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

S’il n’est guère catholique, il n’est pas « diabolique » non plus, quoi qu’on en ait dit et bien qu’il le croie peut-être.

1471. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Puis, il ne s’agit guère, chez eux, que de l’amour-maladie, — ou de l’amour-libertinage, — quelques noms qu’ils lui donnent ; bref, d’un amour dans lequel il y a toujours un principe de haine.

1472. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Or, Lamartine n’a guère aimé.

1473. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Ils n’étaient guère sensibles au charme des arts ; ils devaient être surtout fort mal disposés pour les bouffons italiens qui s’en allaient divertir MM. les députés de la Ligue.

1474. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Quant à l’intolérance proprement esthétique, elle ne se rencontre guère que dans les écoles artistiques et littéraires, les chapelles, les cénacles qui décernent aux artistes amis ou dissidents des brevets de talent ou de sottise.

1475. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Au reste, ces deux sortes d’esprits ne peuvent guère s’entendre, ni se convaincre.

1476. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Certes un vieux maître voyant un homme sans célébrité venir vers lui et garder à son égard des allures d’indépendance, se fût révolté ; on n’a guère d’exemples d’un chef d’école accueillant avec empressement celui qui va lui succéder.

1477. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Les évangiles et les écrits des apôtres ne contiennent guère, en fait de doctrines apocalyptiques, que ce qui se trouve déjà dans « Daniel 809 », « Hénoch 810 », les « Oracles Sibyllins 811 » d’origine juive.

1478. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Les grandes familles sacerdotales, les Boëthusim, la famille de Hanan, ne se montraient guère fanatiques que de repos.

1479. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Si cette version était la vraie, on ne comprendrait guère que Jean, qui aurait été le témoin intime d’un épisode si émouvant, n’en parlât pas dans le récit très circonstancié qu’il fait de la soirée du jeudi 1064.

1480. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Il n’est guère de cœur de femme qui ne comprenne cette passion une et multiple, une, par l’objet auquel elle s’attache, multiple, par les diverses raisons de son attachement.

1481. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Ces tripotages, qui font tomber le père de l’odieux dans le ridicule, n’intéressent guère, et le vieil oncle y joue un rôle étrangement contraire aux traditions do sa classe, en patronnant si violemment le fils naturel contre la famille dont il est le chef.

1482. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Il n’avait guère de cervelle, dit Retz ; mais Hamilton a mis en action son étourderie naïve, et nous le fait aimer.

1483. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue.

1484. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il vous indique telle particularité qui vous est échappée ; vous rentrez chez vous ; vous ne songez guère qu’à relire le volume, tout au moins à le repasser en revue dans votre mémoire ; d’une façon ou d’une autre, vous le relisez, vous le revoyez sous un nouvel angle.

1485. (1761) Apologie de l’étude

Comme ils jouissent à leur aise, en fait de réputation, d’une fortune bornée, mais très suffisante pour eux, et que personne ne leur dispute, ils se piquent, entre autres qualités, d’un grand zèle patriotique pour la littérature ; car le patriotisme dans les âmes vulgaires (je ne dis pas dans les grandes âmes) n’est guère que le sentiment de son bien-être, et la crainte de le voir troubler.

1486. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Ajoutons qu’on ne s’est guère davantage préoccupé de la nature du temps lui-même.

1487. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre peut-il écrire que « tout bien examiné, Verlaine ne va guère plus loin que Molière et La Fontaine » ?

1488. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

L’aristocratie de Gênes, quoique fondée sur des principes un peu différents, n’est guère plus favorable aux orateurs.

1489. (1885) L’Art romantique

G. commence par de légères indications au crayon, qui ne marquent guère que la place que les objets doivent tenir dans l’espace. […] Ils possèdent ainsi, à leur gré et dans une vaste mesure, le temps et l’argent, sans lesquels la fantaisie, réduite à l’état de rêverie passagère, ne peut guère se traduire en action. […] la France n’est guère poëte non plus. […] Fétis ne sont guère qu’une diatribe affligeante ; mais l’exaspération du vieux dilettantiste servait seulement à prouver l’importance des œuvres qu’il vouait à l’anathème et au ridicule. […] En vérité, ils ne comprennent guère le jeu de bascule des affaires humaines, le flux et le reflux des passions.

1490. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il en juge comme les contemporains et c’est signe qu’il ne se trompe guère. […] Croyez-moi, c’est là une différence qui n’importe guère. […] Il n’y ajouta guère que le blasphème. […] Il n’y a guère que les poètes grecs pour donner une impression de cette nature. […] Il ne s’émeut guère et dessine sous les orangers.

1491. (1896) Le livre des masques

Herold est l’un des plus objectifs, parmi les poètes nouveaux ; il ne se raconte guère lui-même ; il lui faut des thèmes étrangers à sa vie, et il en choisit même qui semblent étrangers à ses croyances : ses reines n’en sont pas moins belles, ni ses saintes moins pures. […] Ce n’est guère qu’amusant. […] « Et je sais presque me taire. » Quand les anthologies accueilleront cette page, elles n’en auront guère d’une ironie aussi fine et d’une poésie aussi vraie. […] Il y a une évidente contradiction entre l’art et la vie ; on n’a guère vu jamais un homme vivre à la fois l’action et le songe, transposer en écritures des gestes d’abord réels ; ou, si cela arrive, l’homme qui a d’abord vécu ne tire de ses aventures aucun profit : l’équivalence des sensations est certaine et les affres de la peur peuvent être dites par qui les imagine mieux que par celui qui les ressentit.

1492. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

»   La situation était devenue assez embarrassante pour ce dernier, qui ne voyait plus guère Gambetta. […] Ingrate besogne qui, du moins, a l’avantage de laisser obscures des idées qui, pour la plupart du temps, ne méritent guère de voir la lumière, infirmité à y bien regarder, car si on est alambiqué quand on veut, on n’est clair que quand on peut. […] Il est vrai que l’auteur de Manon Lescaut ne procède guère autrement, et que si l’on retirait les redites de son chef-d’œuvre, il en resterait juste le quart. […] Il s’agit d’un jeune ménage dont la lune de miel n’est guère qu’une lune rousse, et qui finalement, sans grands mouvements, sans dieu de la machine, s’aperçoit qu’il n’y a rien de mieux que de prendre le bonheur que le ciel nous met sous la main. […] La plupart de ceux qui chantent Baudelaire aujourd’hui ne sont guère sensibles qu’à ses insanités, il vaut infiniment mieux que cela et mérite d’être admiré et étudié, folie à part.

1493. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Les guerres de religion n’ont guère été chez nous une manifestation de foi, d’un côté ou de l’autre ; elles ont été, avant tout, une forme du besoin gratuit de guerre civile. […] On ne peut guère dire : « la vanité nationale », et l’on dit très bien : « l’orgueil national ». […] Elle consiste à ne guère admettre qu’un autre que vous puisse avoir complètement raison, ou qu’un autre que vous réalise pleinement en lui l’humanité. […] En somme, on ne l’a guère repoussée à droite que parce qu’elle venait de la gauche, et on l’aurait certainement repoussée à gauche si elle était venue du côté droit. […] Vous me dites que ce n’est guère une religion et que même ce n’en est pas une.

1494. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Mais le fond ou si vous voulez — car je ne sais guère ce que c’est que le fond — certaines parties très considérables de sa complexion étaient tout autres et contraires. […] » Nietzsche n’est guère autre chose qu’un Goethe nerveux et surexcité. […] Il n’y a guère d’illusion plus forte que cette idée, vraiment universelle à notre époque, qui consiste à confondre la civilisation et la science. […] Je ne vais guère faire autre chose que la ramasser. […] Elle n’est guère qu’une rêverie brillante de poète.

1495. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On sent que le sacrifice de sa vie ne lui coûte guère et qu’il l’accomplirait gaillardement, s’il en voyait la nécessité ou s’il en trouvait l’occasion. […] On n’y devinait guère le futur auteur de Sagesse. […] cette belle conversion ne persista guère. […] Léon de Tinseau La critique littéraire ne s’occupe guère que des écrivains illustres. […] En tout cas, il attendit sans se lasser ; — et cette longue patience ne s’accorde guère avec l’indifférence d’un caractère égoïste.

1496. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Jusqu’au seizième siècle, le corps de la nation, dit un vieil historien, ne se composa guère que de pâtres, gardeurs de bêtes à viande et à laine ; jusqu’à la fin du dix-huitième, l’ivrognerie fut le plaisir de la haute classe ; il est encore celui de la basse, et tous les raffinements des délicatesses et de l’humanité moderne n’ont point aboli chez eux l’usage des verges et des coups de poing. […] Ils n’en disent guère plus long ; ils ne font que répéter coup sur coup quelque mot passionné, profond, avec une véhémence monotone. « Tu es, dans le ciel,  — notre aide et notre secours — resplendissant de félicité !  […] Au-delà de l’Humber, je pense qu’il n’y en avait guère ; il y en avait si peu, qu’en vérité je ne me rappelle pas un seul homme qui en fût capable, au sud de la Tamise, quand je pris le royaume. » Il essaya, comme Charlemagne, d’instruire ses sujets, et mit en saxon à leur usage plusieurs livres, surtout des livres moraux, entre autres la Consolation de Boëce ; mais cette traduction même témoigne de la barbarie des auditeurs.

1497. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

On ne visite guère les caves d’un édifice dont on a parcouru les salles, et quand on mange le fruit de l’arbre, on se soucie peu de la racine. […] Il lui a semblé que si, en effet, on ne visite guère par plaisir les caves d’un édifice, on n’est pas fâché quelquefois d’en examiner les fondements. […] Aussi ne connaissait-il guère l’infortune, hors des douleurs domestiques.

1498. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Cette aristocratie de la pensée n’était guère moins innocente que l’aristocratie de naissance, de fortune, ou même de costume. […] Nous n’avons guère changé depuis. Le reste de l’année, la fréquente correspondance entre nous n’était guère qu’un commentaire familier de nos innombrables lectures, un cours de philosophie et de littérature épistolaires entre quatre amis qui croyaient découvrir chacun de son côté un monde intellectuel nouveau pour son ignorance.

1499. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

-mais cela ne revient guère à la chose. — Allez toujours. […] L’abbé en colère prononçait qu’il n’y aurait point de promenade, en effet il n’y en eut point, et selon l’usage, les élèves et moi nous fûmes châtiés de la faute du maître, car les enfants ne manquent guère à leurs devoirs que parce que les maîtres ne sont pas au leur. […] Il y a plusieurs petites observations, que j’ai presque toujours faites, c’est que les spectateurs au jeu ne manquent guère de prendre parti pour le plus fort, de se liguer avec la fortune, et de quitter des joueurs excellens qui n’intéressaient pas leur jeu, pour s’attrouper autour de pitoyables joueurs qui risquaient des masses d’or.

1500. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Dans le cas d’un organisme rudimentaire, il faudra, il est vrai, un contact immédiat de l’objet intéressant pour que l’ébranlement se produise, et alors la réaction ne peut guère se faire attendre. […] Il n’y a guère de perception qui ne puisse, par un accroissement de l’action de son objet sur notre corps, devenir affection et plus particulièrement douleur. […] Mais, d’autre part, l’affection ne sera guère plus claire, dans cette hypothèse, que la représentation.

1501. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Remy de Gourmont donne la sensation d’une pensée solide, mais il ne s’est guère occupé avec méthode que de grammaire et de linguistique. […] Je me souviens qu’étant au lycée, à l’âge où l’on ne connaît guère en littérature que les classiques, et à peine les romantiques (car notre première éducation est telle, et cette particularité explique bien des choses), je lus un jour par hasard un volume de Verlaine. […] Ça ne varie guère.

1502. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Quoique Saint-Simon ne paraisse pas avoir été homme à mettre de la critique proprement dite dans l’emploi et le résultat de ses recherches, et qu’il ne semble avoir guère fait que verser sur sa première observation toute chaude et toute vive une expression ardente et à l’avenant, son soin ne portant ensuite que sur la manière de coordonner tout cela, il n’est pas sans s’être adressé des objections graves sur la tentation à laquelle il était exposé et dont l’avertissait sans doute le singulier plaisir qu’il trouvait à y céder. […] La vie de Saint-Simon n’existe guère pour nous en dehors de ses Mémoires ; il y a raconté et sans trop les amplifier (excepté pour les disputes et procès nobiliaires), les événements qui le concernent.

1503. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Bossuet n’allègue guère que l’Écriture pour autoriser ses préceptes ; en fait, il tire quelque chose de saint Thomas, dans son De regimine principum ; il s’inspire plus encore d’Aristote et de Hobbes ; souvent il dégage des lois de l’étude des faits, et il utilise les observations qu’il a faites en expliquant au Dauphin l’histoire de France. […] Mais nous n’avons guère de lui que des harangues de cérémonie, des discours solennels où il s’est forcé pour être majestueux et digne.

1504. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Un monstre surgit en elles à l’improviste ; et la première moitié des deux histoires ne se déroulerait guère autrement si Manette devait être l’ange gardien de Coriolis et Marthe la muse de Demailly. […] Je n’ai guère rencontré, pour ma part, des bohèmes et des petits journalistes aussi spirituels que ceux de la rédaction du Scandale.

1505. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

On pourrait faire des observations analogues sur la morale et le culte et prouver que la morale n’est guère aux yeux des Chinois que l’observation d’un cérémonial établi et le culte que le respect des ancêtres. […] Ainsi l’entendait Aristote, bien moins coupable pourtant qu’on ne pourrait le croire, car l’âme n’est guère pour lui que le phénomène persistant de la vie.

1506. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Pour Luc d’abord, le doute n’est guère possible. […] Le mot aux femmes de Jérusalem (XXIII, 28-29) ne peut guère avoir été conçu qu’après le siège de l’an 70.

1507. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Mais ayant l’ambition singulière de faire de son art une religion et de son théâtre une sorte d’église, il comprenait cependant que, dans aucune de ses œuvres, il n’avait montré le chemin de cette régénération, de cette perfection spirituelle, dont il ne se souciait guère, mais qui s’impose à l’homme et à l’humanité comme le but suprême. […] Avant l’institution des tribus, il n’existait guère de différences entre les hommes que celle imposée par la disparité des forces des deux sexes ; le système patriarchal et plus encore l’agrégation des familles en tribus créa la différence entre gouvernants et gouvernés ; en même temps, les occupations des gouvernés les subdivisent, d’abord en castes, puis en métiers, enfin en spécialistes.

1508. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Elles ne peuvent donc guère manquer d’être à peu près intermédiaires en caractères entre les formes organiques des formations inférieures et supérieures. […] — J’ai essayé de montrer que nos archives géologiques sont extrêmement incomplètes ; qu’une très petite partie du globe seulement a été géologiquement explorée ; que seulement certaines classes d’êtres organisés ont été conservées à l’état fossile ; que le nombre des espèces et de leurs spécimens individuels, conservés dans nos musées, n’est absolument rien en comparaison du nombre incalculable de générations qui doivent s’être écoulées pendant la durée d’une seule formation ; que l’accumulation de dépôts riches en fossiles, d’une puissance suffisante pour résister à des dégradations ultérieures, n’étant guère possible que pendant des périodes d’affaissement du sol, d’énormes intervalles de temps doivent s’être écoulés entre la plupart de nos formations successives ; que les extinctions d’espèces ont probablement été plus fréquentes et plus rapides pendant les périodes d’affaissement, mais qu’il doit y avoir eu des variations plus considérables pendant les périodes de soulèvement, beaucoup moins favorables que les autres à l’enfouissement des fossiles, de sorte qu’elles forment autant de lacunes dans les archives de la terre ; que chaque formation elle-même s’est accumulée avec intermittence ; que la durée de chaque formation a peut-être été courte en comparaison de la durée des formes spécifiques ; que les migrations d’espèces ont joué un rôle important dans la première apparition des formes nouvelles en chaque région et en chaque formation ; que les espèces très répandues sont les plus variables, et, conséquemment, celles qui doivent avoir le plus souvent donné naissance à des espèces nouvelles ; enfin que les variétés ou espèces naissantes ont presque toujours commencé par être locales.

1509. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Du temps des troubles de la Ligue et dans les premières années de Henri IV, il en fut de même : on comptait de ces hommes de sagesse et de conseil, et auprès de Henri IV et dans les rangs opposés, car, en temps de révolution, les hommes ne choisissent guère les partis où ils entrent, ils y sont jetés.

1510. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Je ne me souviens point que les Romains en aient vu un tel ; car leurs armées n’ont guère passé, ce me semble, quarante ou tout au plus cinquante mille hommes ; et il y avait hier six vingt mille hommes ensemble sur quatre lignes. » Il faut lire toute cette description.

1511. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

À travers les doux éclats de la musique, les tendresses des vibrations assourdies dont il ne se souciait guère, il me parla de chasse, de théâtre, de chevaux, que sais-je !

1512. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Dans ces Mémoires, d’ailleurs, le grand Frédéric ne parle guère que de batailles, ce à quoi je n’entends rien… Ce que j’aurais voulu surtout savoir, c’est comment Frédéric menait son gouvernement, et les réflexions que ce sujet lui suggérait ; mais j’imagine qu’il dédaignait trop cette partie de sa vie pour s’appliquer à la faire comprendre au lecteur.

1513. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Je le répète, il n’est guère possible aujourd’hui de déterminer avec précision le projet politique auquel il aurait concouru, s’il lui avait été donné de vaincre.

1514. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Ce sont des pasteurs qui promènent leurs épouses, leurs enfants ou leurs fiancées : ils n’ont guère autre chose à faire. » Notez qu’ici ce ne sont pas les nécessités de la polémique qui commandent, c’est pur zèle et train habituel d’esprit.

1515. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Portalis) ; le respectable orateur ne se fie pas, comme le précédent, au verre d’eau sucrée, souffleur trop souvent capricieux : « Il arrive toujours ayant à la bouche un commencement d’improvisation dont la suite est toujours sous son bras, dans de certains petits papiers dont il ne se sépare guère… » Et sur ces petits papiers, ô merveille !

1516. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Le mépris de la mort en était arrivé chez eux à ce point « qu’il n’en mourait guère, dit une Relation officielle, sans avoir sur les lèvres un bon mot qui renfermait un vœu pour la patrie » Tels étaient les soldats que Dagobert léguait en mourant à la France.

1517. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il n’avait guère de patience dans ses prompts désirs de lecture, et aurait voulu être servi aussitôt.

1518. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Le professeur, dans sa chaire, ne distribue guère que la science morte ; l’esprit vivant, celui qui va constituer la vie intellectuelle d’un peuple et d’une époque, il est plutôt dans ces jeunes enthousiastes qui se réunissent pour échanger leurs découvertes, leurs pressentiments, leurs espérances7. » Je laisse les applications à faire en ce qui est de notre temps.

1519. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Après avoir, par ses premières œuvres, payé sa dette à la patrie allemande en vrai fils du Nord, il était allé « s’asseoir au banquet des Grecs », et il ne s’en était plus guère écarté.

1520. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

. — Et quant au vieux Mystère, qui n’est guère qu’une chronique, il est bien prolixe ; mais il a du naturel, et, en plus d’un endroit, il a sa couleur vraie et qu’on sent voisine du temps.

1521. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Les mœurs réglées, en elles-mêmes, sourient peu et n’amusent guère ; les mœurs bourgeoises notamment sont anti-romanesques, anti-dramatiques et anti-poétiques, et depuis longtemps tout ce qui avait talent et puissance avait cherché l’émotion et l’intérêt dans l’irrégularité des situations et dans les orages du cœur : — Mérimée, George Sand, Balzac, Dumas, Musset.

1522. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Lorsque, il y a cent ans environ, tout le public lettré, à l’annonce de la traduction des Géorgiques par l’abbé Delille, se prononçait si vivement en faveur des traductions en vers des poètes anciens, qui eut dit qu’à un siècle de là le point de vue serait retourné et renversé, que l’on nierait l’avantage qu’il peut y avoir à posséder chez soi les tableaux anciens dans des copies harmonieuses, élégantes, suffisamment ressemblantes et fidèles, et qu’on ne priserait plus guère, en fait de traductions, qu’un calqué rude, sec, inélégant, heurté ?

1523. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Qu’ils crient ou ne crient pas, il n’importe guère, mais il m’importe que vous soyez persuadé de mon attachement.

1524. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Si jadis j’avais pu croire ne faire guère que ce que j’ai fait (comme cela devient à craindre), je n’aurais jamais écrit.

1525. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il y a eu de cette agréable surprise pour plus d’un spectateur d’aujourd’hui ; à la lecture, on n’y voit guère qu’une ravissante élégie ; à la représentation, quelques-unes des qualités dramatiques se retrouvent, et l’intérêt, sans aller jamais au comble, ne languit pas.

1526. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Au reste, la pure spéculation philosophique n’occupe guère ici que cinq ou six pages ; elle est une contemplation de voyageur, que l’on s’accorde pour quelques minutes lorsqu’on atteint un lieu élevé.

1527. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Psychologie et science, art de penser et art de raisonner, méthode exacte et logique serrée, c’est ce dont il ne s’inquiète guère, et c’était précisément tout ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviiie siècle, la meilleure moitié de ce qui faisait l’intérêt, la valeur, l’originalité du xviie  siècle.

1528. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Il n’a guère connu la beauté plastique.

1529. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

L’organisation de la presse ne permettant même plus à leurs jugements d’avoir une influence sur la vente des livres, on s’accoutume à les négliger ; on ne tient plus guère qu’à l’opinion et au compte rendu d’une dizaine de personnes dans les grandes revues et les grands quotidiens, et l’amitié, les relations personnelles sont des éléments précieux pour les obtenir dans la cohue.

1530. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

À partir de ce moment, l’habit d’Arlequin ne varia plus guère ; on y ajouta seulement les paillettes qui en font comme un reptile ruisselant d’écailles et qui ajoutent à cet aspect scintillant, sémillant, à ce je ne sais quoi de mobile et de fugace, qu’on a de plus en plus accusé en lui.

1531. (1890) L’avenir de la science « XII »

Il n’y a là rien à apprendre en fait de vues et d’idées philosophiques et je ne conçois guère, je l’avoue, que le résultat d’une éducation complète soit de savoir par cœur La Bruyère, Massillon, Jean-Baptiste Rousseau, Boileau, qui n’ont plus grand-chose à faire avec nous, et qu’un jeune homme puisse avoir terminé ses classes sans connaître Villemain, Guizot, Thiers, Cousin, Quinet, Michelet, Lamartine, Sainte-Beuve.

1532. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses.

1533. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Et puisqu’on a tant fait que de lui changer son nom, j’avouerai que je n’aime guère ce nom de Julie.

1534. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Un moraliste amer, La Rochefoucauld, l’a dit : « On n’aurait guère de plaisir si on ne se flattait jamais. » J’ai entendu des gens demander si Mme Récamier avait de l’esprit.

1535. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

La jeunesse, qui en telle matière ne se trompe guère, l’a senti tout d’abord.

1536. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il en conclut que le ministère était encore moins à son goût qu’à sa portée : « Je ne sais si je fais mon apologie en vous parlant ainsi, écrivait-il en s’adressant à Mme de Caumartin ; je ne crois pas au moins vous faire mon éloge. » Cette gloire, ce point d’honneur dont Retz nous parle toujours, et qu’il ressentait à sa manière, c’était une certaine réputation populaire, la faveur et l’amour du public, c’était d’être fidèle aux engagements envers ses amis, de ne point paraître céder à un intérêt purement direct ; vers la fin, toute sa doctrine de résistance semble n’avoir plus guère été qu’une gageure d’honneur contre le Mazarin.

1537. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

La réflexion claire et distincte ne porte guère que sur un seul point à la fois, puis sur un second, puis sur un troisième, etc. ; d’où la forme sérielle que prend la conscience réfléchie.

1538. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Le numéro était une fois par semaine rempli tout entier d’une fantaisie de Banville, et pour montrer à quel point on laissait ce poète hausser le ton coutumier de journaux, nous citerons de lui cette magnifique phrase, dont le pendant ne se trouvera guère dans nos quotidiens : « Ainsi dans le calme silence des nuits, aux heures où le bruit que fait en oscillant le balancier de la pendule, est mille fois plus redoutable que le tonnerre, aux heures où les rayons célestes touchent et caressent à nu l’âme toute vive, où la conscience a une voix, où le poète entend distinctement la danse des rhythmes dégagés de leur ridicule enveloppe de mots, à ces heures de recueillement douloureuses et douces, souvent, oh !

1539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Des personnes, qui n’avoient guère lu Cicéron ni Démosthène, qui connoissoient à peine de nom ces génies puissans & créateurs, joignirent leur voix à la sienne, pour empêcher tout jeune prédicateur de se remplir de leurs plus beaux traits, & de s’embraser de leur feu.

1540. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Ici il n’est plus guère possible de peser directement des cerveaux, car on n’a pas facilement à sa disposition un cerveau de Chinois, de Nègre ou de Hottentot ; mais à défaut de cerveaux on a des crânes, et au lieu de peser les uns, ou prend la mesure des autres21.

1541. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Le moindre poète ayant su et pratiqué son art est populaire chez les peuples voisins : et chez nous pendant longtemps on n’a guère retenu du passé que les œuvres étudiées au collège, inscrites sur le programme du baccalauréat.

1542. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

On a souvent remarqué que l’Italie n’a guère connu la féodalité, ou du moins ne l’a pas vécue aussi complètement que d’autres pays ; les villes (communi) y échappent, et ce sont ces villes qui commandent à l’évolution générale ; de là une persistance de l’idée romaine qui explique à son tour que la Renaissance se prépare en Italie, et non ailleurs, dès le xive  siècle.

1543. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il n’a guère étudié que la philosophie pratique, qui est la morale.

1544. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Une société sans le mariage bourgeois ne se conçoit guère que sur le papier, dans une salente arbitraire (j’en atteste le rêve même de M. 

1545. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

On n’en trouve guère avant la mort de Mazarin : jusqu’à ce moment le roi n’exista point.

1546. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

« Bientôt elle cherche de jeunes adultères à la table même de son mari ; et elle ne choisit guère à qui a elle accordera quelque furtive faveur, quand on emporte les flambeaux.

1547. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Mais, tout de même, on peut assurer que ce sentiment délicieux, un peu languissant et endormi auparavant, ou qui ne s’était guère exprimé que sous des formes indirectes et imitées des anciens, s’est décidément réveillé et développé chez nous vers le dernier tiers du dix-huitième siècle, et qu’alors seulement nous avons appris à bien voir l’univers physique et à connaître entièrement combien la terre est belle, douce, mystérieuse et divine. […] Même dans les Odes je trouve, outre cette fluidité de diction qui est propre à Lamartine, une largeur de mouvement et comme une ampleur de geste qui ne se rencontraient guère dans J. […] Entre ces deux conceptions métaphysiques pourtant si différentes, il n’y aura plus guère que l’épaisseur d’une métaphore. […] — et qu’enfin l’histoire ne valait plus guère la peine d’être contée, ou plutôt qu’il ne reste rien, rien du tout, de ce qui devait être le poème du sacrifice idéal. […] (Il serait facile de noter, en passant, plus d’une ressemblance entre la civilisation de Balbeck et celle de Carthage.) — Mais le fait est que, je ne sais comment, l’aventure horrifique d’Isnel et d’Ichmé ne nous émeut guère ; pas plus que ne nous émeuvent les autres atrocités qui s’étalent dans la dernière partie de la Chute d’un ange, et pas plus que ne parviennent à nous intéresser  je veux dire à nous paraître vivants  Nemphed, Arasfiel, Sérandyb, ces monstres de méchanceté que le poète innocent peine tant à nous décrire  Et j’avoue sans doute que la petite pièce jouée devant les tyrans-dieux par des tragédiens sans le savoir n’est point un proverbe de paravent, et que ce mélodrame sommaire, corsé d’une boucherie de cirque, est même un spécimen assez plausible de ce que deviendrait le théâtre dans une société en proie, si je puis dire, à l’extrême civilisation industrielle et matérialiste.

1548. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Locke, presque aussi pauvre843, tâtonne, hésite, n’a guère que des conjectures, des doutes, des commencements d’opinion que tour à tour il avance et retire, sans en voir les suites lointaines, et surtout sans rien pousser à bout. […] Il a fait son livre pour savoir « quels objets sont à notre portée ou au-dessus de notre compréhension. » Ce sont nos limites qu’il cherche ; il les rencontre vite et ne s’en afflige guère. […] V À regarder de loin la constitution anglaise, on ne se douterait guère de cette inclination publique ; à regarder de près la constitution, on l’aperçoit d’abord. […] Les lois n’y étant pas faites pour un particulier plutôt que pour un autre, chacun se regarde comme monarque, et les hommes dans cette nation sont plutôt des confédérés que des concitoyens. » Cela va si loin, « qu’il n’y a guère de jour où quelqu’un ne perde le respect au roi d’Angleterre… Dernièrement milady Bell Molineux, maîtresse fille, envoya arracher les arbres d’une petite pièce de terre que la reine avait achetée pour Kensington, et lui fit procès sans avoir jamais voulu, sous quelque prétexte, s’accommoder avec elle, et fit attendre le secrétaire de la reine trois heures… » Quand ils viennent en France, ils sont tout étonnés de voir le régime du bon plaisir, la Bastille, les lettres de cachet, un gentilhomme qui n’ose résider sur sa terre, à la campagne, par crainte de l’intendant ; un écuyer de la maison du roi qui, pour une coupure de rasoir, tue impunément un pauvre barbier851.

1549. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

De société proprement dite, il n’en est plus guère aujourd’hui. […] Ce public neuf se recrute en partie parmi les gens qui n’allaient plus guère au théâtre, des lettrés, des artistes, des hommes de goût. […] Mais si tous nos rêves ne sont pas encore passés dans la réalité, leur réalisation ne tardera plus guère. […] Paris les ignora ; on n’y parla plus guère de Copeau.

1550. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le public ne connaît guère les dessous compliqués et les origines lointaines de ce merveilleux esprit. […] Le fondateur de l’hégémonie de Juda n’est guère qu’un aventurier hardi. […] Le piétisme hypocrite des pharisiens ne valait guère mieux que la frivolité mondaine des sadducéens. […] Seulement ses théories semblaient antérieures à ses recherches, et celles-ci n’avaient guère pour mission que de vérifier celles-là. […] On ne fait guère plus de cas de ses semblables que des gouttes d’eau qui glissent en perles sur la feuille du lotus.

1551. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Les classes ne durent guère plus d’une heure. […] Vous ne vous doutiez guère (n’est-ce pas ?) […] Il n’est guère de Parisien un peu spirituel qui ne se soit égayé à débiter de galantes bêtises, par fil électrique, aux demoiselles du téléphone. […] Mais cette fièvre cérébrale n’est guère qu’une maladie de salon ou de cénacle. […] On ne sait plus guère le grec (disent les statistiques universitaires), mais il est permis à tout le monde (sauf aux professeurs) de baragouiner cet idiome sans être accusé de pédantisme.

1552. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Il faut, en effet, distinguer ces œuvres de celles qui sont purement scientifiques : l’expérience n’est guère faisable que sur les premières, elle ne l’est presque pas sur les secondes. […] ce n’est guère. […] ma surdité m’apparaissait constamment comme un spectre, et je fuyais les hommes ; j’ai dû passer pour misanthrope, et je ne le suis guère pourtant ! […] On aimerait en lui des marques de génie, mais d’un génie qui ne peut guère nous toucher. […] Raphël, qui ne nous est guère connu que comme peintre, était pour le moins aussi admiré de ses contemporains comme architecte.

1553. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Le document privé ne figure guère dans ses essais, mais ce penchant à la généralisation le pousse plus avant dans la voie ouverte par Sainte-Beuve. […] La confusion ne s’y met guère. […] Nous remontrons là une instinctive application de la maxime de Buffon que Pasteur aimait à citer, et qui, par malheur, n’est guère pratiquée en sociologie : « Rassemblons des faits pour avoir des idées !  […] Ses Poèmes dorés furent son « chef-d’œuvre » toujours dans le sens professionnel, et composés d’après une technique déjà réfléchie qui, d’ailleurs, n’a guère varié. […] Il suppose des âmes violentes, et ces âmes ne se rencontrent guère dans le petit monde bourgeois.

1554. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

J’imagine que vous ne l’aimez guère. […] Mais votre pièce nous a saisis, bouleversés, enthousiasmés, et des jeunes gens qui, comme moi, ne vous connaissaient guère, trois heures avant, et qui n’avaient pour votre art qu’une estime profonde, sont sortis pleins d’une admiration affectueuse pour vous. […] Puis il m’entretient de son mode de travail, se plaignant de dormir très mal, et par conséquent se levant tard, et mangeant, aussitôt levé, une côtelette, et d’abord virant dans la chambre, et ne travaillant guère, que dans le temps s’écoulant entre onze heures et une heure, puis après cela se promenant, lisant, ratiocinant.

1555. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Platon ne s’élève guère au-dessus du sens commun, quand, dans le Sophiste et le Théétète, il appelle la pensée « un dialogue extérieur et silencieux de l’âme avec elle-même4 » ; il n’a pas dégagé, observé et décrit la parole intérieure ; il a eu seulement, une intuition synthétique des différentes sortes de rapports qui unissent la parole et la pensée, rapports dont la parole intérieure constitue elle-même un des principaux, tandis que les autres servent à expliquer et l’invention de la parole et le développement si remarquable de la parole intérieure dans la vie psychique [ch. […] II. § 6. ] tandis que tout l’effort mental se porte sur le son, qui est le but du mouvement et l’élément essentiel de la parole ; sur ce point particulier, comme dans toute la doctrine de Maine de Biran, le rôle de la volonté mentale est méconnu : l’âme n’est guère que le moteur des muscles : Maine de Biran a préparé ainsi les voies à la doctrine contemporaine qui fait de l’âme, non plus l’associée dirigeante, mais l’esclave et l’écho passif de l’activité musculaire ; — enfin la véritable parole intérieure, succession d’images, et d’images purement ou principalement sonores, semble être absolument inconnue à Maine de Biran64. […] Sur ce point, qu’il n’a guère étudié, la pensée de Bonald est très confuse : voir Législ. prim.

1556. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Figure compromettante bientôt, toujours redoutable, parce que maniant des mots explosifs de sagesse, des formules panclastiquen d’amour et cette chose horrible que les humains n’aiment guère qu’aux heures où elle fait draperie : la Simplicité. […] Je ne connais guère d’œuvres contemporaines où il soit aussi étendu et se module avec autant d’élasticité, alliant la minutie à la fougue. […] Mais ils ne parviennent guère, je trouve, à enfermer l’œuvre de Max Jacob qu’aucune définition n’est capable de capter.

1557. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

La critique n’a guère été conçue jusqu’ici que comme une épreuve dissolvante, une analyse détruisant la vie ; d’un point de vue plus avancé on comprendra que la haute critique n’est possible qu’à la condition du jeu complet de la nature humaine et que, réciproquement, le haut amour et la grande admiration ne sont possibles qu’à la condition de la critique. […] La science n’étant guère apparue jusqu’ici que sous la forme critique, on ne conçoit pas qu’elle puisse devenir un mobile puissant d’action.

1558. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

II On ne retrouve guère le sentiment et l’émotion de Sully-Prudhomme chez Leconte de Lisle. […] … J’avais bien remarqué que son humble regard Tremblait d’être heurté par un regard qui brille, Qu’elle n’allait jamais près d’une jeune fille, Et ne levait les yeux que devant un vieillard242… Seulement Coppée a trop souvent pensé que, pour trouver le vrai, — à notre époque on le cherche beaucoup, — il suffisait de découvrir et de reproduire le fond effacé et journalier de la vie, en un mot sa banalité ; c’est un peu comme un musicien qui ne donnerait guère d’un air que l’accompagnement, ou un peintre qui s’appliquerait à n’éclairer son tableau que d’une lumière partout unie.

1559. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

À l’égard des animaux, cette sorte de sélection est aussi pratiquée ; car il n’existe guère de gens si peu soigneux que de laisser se reproduire les plus défectueux sujets de leurs troupeaux. […] En fait, une race, comme le dialecte d’une langue, ne peut guère avoir une origine bien définie.

1560. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Au premier abord, le Roman de Renart ne semble guère autre chose qu’une fable de La Fontaine en plusieurs volumes ; mais il y a plus et mieux, il y a pis.

1561. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

C’est là qu’en accostant, dit-il, le paysan qui descend la chaussée, ou en s’asseyant le soir au foyer des chaumières, on a le charme encore d’entendre le français de souche, le français vieilli, mais nerveux, souple, libre et parlé avec une antique et franche netteté par des hommes aussi simples de mœurs que sains de cœur et sensés d’esprit ; … — en telle sorte que la parole n’est plus guère que du sens, mais franc, natif, et comme transparent d’ingénuité.

1562. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

On parle du livre que celui-ci vient de faire paraître ; il en demande son avis à l’officier, qui lui répond d’abord : « Je ne suis guère en état d’en juger ; ce n’est pas un livre fait pour moi, je suis trop vieux », donnant à entendre qu’en vieillissant, le goût, comme le palais, devient plus difficile.

1563. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Mme de Grammont était allée à des eaux avec le comte de Grammont qui s’y trouvait bien et qui, dit-on, y rajeunissait : Versailles, écrit à ce propos Fénelon, ne rajeunit pas de même ; il y faut un visage riant, mais le cœur ne rit guère.

1564. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président, en effet, n’avait qu’un fils, le baron de Montjeu, qui, selon les uns, était un des cavaliers les plus braves et les plus accomplis de la Cour, mais qui n’était guère digne de son père, selon les autres.

1565. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

[NdA] Ils ne le disent, au reste, que d’après le Mercure de janvier 1688, lequel lui-même disait : « En France, on ne voit que des loups pour tous animaux féroces : il n’y en a plus guère présentement aux environs de Paris ; Monseigneur le Dauphin les en a purgés. » a.

1566. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Mais Bonstetten à la fois sérieux et mobile, qui, en matière de politique, avait plus que des goûts et n’avait pas tout à fait des doctrines, ne rencontra guère d’occasions où il pût souffrir de ce désaccord : son dernier établissement dans une république polie, à l’abri des contradictions et loin des mécomptes, laissait le champ libre à ses seuls instincts, à ses bienveillantes et incorrigibles espérances.

1567. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Quand on ne l’a connu que vieux, on ne se figure guère M. 

1568. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

On ne pouvait lui demander comme à un Quatremère de Quincy de marquer plus expressément les degrés de mérite de chaque artiste dans son ordre ; il était lui-même trop artiste et trop intéressé dans un art voisin, trop collatéral en quelque sorte pour cela ; il ne pouvait guère juger ses pareils et ses confrères que de côté et comme de profil : il était en train de le faire avec bien de l’esprit et de la grâce.

1569. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Se méfier toujours et de tous : « Aie un témoin, même quand tu ris avec ton frère. » Si Hésiode a mal pensé et parlé des rois, il n’épargne guère les femmes.

1570. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Royer-Collard répliqua : « N’ayez pas peur, vous vous défendez contre tout le monde. » Le mot est charmant, et, de plus, il est juste et a tout son poids dans la bouche d’un homme qui ne faisait guère de compliments.

1571. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Sa taille est grande et bien formée, son air est doux et vénérable, ses cheveux sont d’une couleur qu’on ne saurait guère comparer : ils tombent par boucles jusqu’au-dessous des oreilles, d’où ils se répandent sur ses épaules avec beaucoup de grâce, et sont partagés sur le sommet de la tête à la manière des Nazaréens.

1572. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Leonora, belle, éblouissante, avide de sensations, ardente dans ses fantaisies, froide de cœur, n’a pas de peine à enlever le jeune et fragile artiste : ce n’est rien de lui avoir jeté son bouquet sur la scène, et son mouchoir par mé-garde avec le bouquet, comme dans un vrai délire d’enthousiasme, il faut voir comme ensuite, dans la visite qu’il lui fait, elle le pique au jeu, lui bat froid, le mortifie, lui tient la dragée haute, le tourne et le retourne à plaisir, comme elle fait tout, en un mot, pour le chauffer, l’enflammer ; elle lui met au cœur un de ces amours furieux, dévorants, à la Musset, qui vous tuent sur place, ou qui vous laissent, pour le restant de vos jours, n’en valant guère mieux.

1573. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Cruel enfant, en effet (il n’avait guère que vingt ans alors !)

1574. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Alfieri, il est vrai, son grand ami, qui régna vingt-cinq ans sur son cœur, ne nous est guère sympathique ; il ne nous aime pas, Français ; que dis-je ?

1575. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

La biographie n’a guère rien à y apprendre de particulier.

1576. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve, dès le premier jour, de défendre sur ce terrain comme il l’entendait une mesure d’un ministre de l’Empereur en toute liberté et vivacité, ce qui ne lui aurait guère été possible ailleurs dans les mêmes termes.

1577. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

A Naples révoltée, à Parthénope, il n’a su guère parler que du laurier de Virgile.

1578. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Un travail sans relâche, une prière continuelle, point d’ambition que pour les emplois les plus vils et les plus humiliants, aucune impatience dans les sœurs, nulle bizarrerie dans les mères, l’obéissance toujours prompte et le commandement toujours raisonnable. » Et vers le même temps il écrivait à son fils : « M. de Rost m’a appris que la Champmeslé étoit à l’extrémité, de quoi il me paroît très-affligé ; mais ce qui est le plus affligeant, c’est de quoi il ne se soucie guère apparemment, je veux dire l’obstination avec laquelle cette pauvre malheureuse refuse de renoncer à la comédie, ayant déclaré, à ce qu’on m’a dit, qu’elle trouvoit très-glorieux pour elle de mourir comédienne.

1579. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Cette affirmation ne me touche guère parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé qu’aucun de ceux qui diront cela n’ont jamais aimé aucune créature humaine ; … mais, renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature… »16 Et, cette justification achevée, suit une des plus poignantes et douloureuses observations cliniques qui aient jamais été recueillies par un cerveau dressé à l’analyse et tout proche de l’être souffrant : Observation α.

1580. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Aussi l’exaltation qui commence ne sera guère qu’une ébullition de la cervelle, et l’idylle presque entière se jouera dans les salons  Voici donc la littérature, le théâtre, la peinture et tous les arts qui entrent dans la voie sentimentale pour fournir à l’imagination échauffée une pâture factice303.

1581. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Jamais Ronsard ne fut mieux inspiré, plus simplement grand, éloquent, passionné, tour à tour superbement lyrique ou âprement satirique que dans ses Discours : jamais sa langue n’a été plus solidement et nettement française, son alexandrin plus ample et mieux sonnant ; jamais il n’a donné de meilleure expression de ses théories poétiques, auxquelles il ne songeait plus guère alors.

1582. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss : … Il est des choses sacrées sur lesquelles il faut être délicat à outrance ; la société du XVIIe siècle ne l’était guère, et Molière pas du tout.

1583. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

— Je n’en sais pas beaucoup davantage je n’ai guère là-dessus que des rêves… ».

1584. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le Talmud, résumé de ce vaste mouvement d’écoles, ne commença guère à être écrit qu’au deuxième siècle de notre ère.

1585. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

J’allais oublier le seigneur nominal du lieu, le marquis Du Châtelet, qui, lorsqu’il est là, a le plus souvent la goutte et ne gêne guère, si ce n’est qu’il est passablement ennuyeux.

1586. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Je résumerai cette éducation en un seul mot : le jeune Gargantua se conduit déjà comme le plus cancre et le plus glouton des moines de ce temps-là, commençant sa journée tard, dormant la grasse matinée, débutant par un déjeuner copieux, entendant nombre de messes qui ne le fatiguent guère, et en tout adonné au ventre, au sommeil et à la paresse.

1587. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

et déjà blanchie avant l’âge ; quand on l’entend, dans la plus longue et la plus remarquable de ses lettres à Élisabeth (8 novembre 1582), lui redire pour la vingtième fois : « Votre prison, sans aucun droit et juste fondement, a jà détruit mon corps, duquel vous aurez bientôt la fin s’il y continue guère davantage, et n’auront mes ennemis beaucoup de temps pour assouvir leur cruauté sur moi : il ne me reste que l’âme, laquelle il n’est en votre puissance de captiver » ; quand on a entendu ce mélange de fierté et de plainte, la pitié pour elle l’emporte, le cœur a parlé ; ce doux charme dont elle était douée, et qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, reprend le dessus et opère sur nous à distance.

1588. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Janin maintient ce droit, et je le maintiens avec lui, bien que j’aie de moins bonnes raisons pour cela, et que depuis longtemps je ne hante plus guère, même de loin, printemps ni jeunesse ; mais je tiens à ce que le promeneur et le rêveur ait toujours droit de lire le vieux livre, fût-ce le livre le plus indifférent à nos querelles du jour, et de s’y absorber un moment.

1589. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Mon tempérament y résista, je n’en fus pas même malade ; mais ma vie devint si chagrine et si languissante, qu’elle ne valait guère mieux que la mort.

1590. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Il y a des années que je ne suis guère accoutumé à le flatter ; pourtant, depuis qu’il a perdu le pouvoir sans en avoir fait l’usage qu’il pouvait, et bien qu’il en gémisse tout bas peut-être, il n’en laisse rien percer dans ses écrits ; il produit avec l’abondance qu’on sait, mais sans amertume, sans y mêler de ressentiment personnel, et sans s’écrier à toute heure que les temps sont changés, que le monde va de mal en pis.

1591. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Les images qu’il affecte, emphatiques et vagues, ne sortent guère des tonnerres, des volcans, et de cet arsenal commun qui n’est bon que dans les dictionnaires de poésie.

1592. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

On a dit, dans la première partie de cette étude, l’importance considérable de la notionpar où les bénéfices que réalise l’effort individuel et qui ne profitent guère chez les autres animaux qu’à l’individu, sont transmis par l’homme à ses descendants, que ce legs dispense de recommencer le labeur des ancêtres.

1593. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Cette grande idée, l’idée de la civilisation par la science, ne date guère que du xvie  siècle ; elle a eu pour principal organe l’illustre Bacon, dont elle est la gloire.

1594. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je ne connais guère de lois sur la manière de draper les figures.

1595. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Mais quand les temps actuels ne sont plus guères explicables qu’à la pathologie, le mot insultant et superficiel a pris la profondeur d’une vérité.

1596. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

C’est le Marivaux du chiffon et du sentiment au xixe  siècle, de ce sentiment qui, lui-même, le plus souvent n’est guères qu’un chiffon.

1597. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Réaliste au moment où il pose le réel, il devient idéaliste dès qu’il en affirme quelque chose, la notation réaliste ne pouvant plus guère consister, dans les explications de détail, qu’à inscrire sous chaque terme de la notation idéaliste un indice qui en marque le caractère provisoire.

1598. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Mais, si quelque étincelle du feu divin de l’âme était là, cette poésie de la geôle cependant ne faisait guère penser à l’art sublime de la Grèce ; elle ne renouait pas, non plus, la tradition brisée et bien fabuleuse pour nous de ces bardes héroïques aperçus dans les nuages par le génie de Gray, rêvant aux pieds des montagnes d’Écosse.

1599. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

En tout pays les arts du dessin, à leur début, n’ont guère été qu’un jeu d’imagination. L’enfant, le primitif, ne songent guère à copier les objets qu’ils ont sous les yeux. […] Il s’aperçoit que sa copie ne ressemble guère à l’original. […] Mais on peut dire que l’une ne va guère sans l’autre. […] Il n’y a guère d’exemples d’invention remarquable faite par un homme qui n’ait jamais eu d’autre idée que celle-là.

1600. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il était professeur de latin et de dessin au collège de Boulogne-sur-Mer, et il ne rêvait guère d’autre emploi de sa vie que le soin d’apprendre aux écoliers boulonnais la syntaxe de Lhomond et l’art de « passer au crayon » des nez et des yeux préalablement esquissés au fusain. […] qu’il n’est guère possible d’habiter davantage un monde où « chaque mot que nous disons, chaque acte que nous accomplissons est un mensonge à l’égard de ce que, dans le fond de notre cœur, nous reconnaissons comme la vérité ». […] Les villes de l’antiquité, bien différentes des cités américaines qui commencent par un hôtel éclairé à la lumière électrique et par l’installation du téléphone, n’étaient guère, à leur naissance, qu’un asile pour les fugitifs, les chercheurs d’aventure, les nomades las d’errer. […] Nous n’avons plus guère le goût de la controverse religieuse. […] Noël n’est plus guère, pour beaucoup de gens vertueux, qu’une occasion de mettre un sabot dans une cheminée ou de planter un arbre dans une chambre ; pour les autres, c’est un prétexte à souper dehors et un bon motif de s’accorder (passez-moi l’expression) une noce de plus.

1601. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Le vieux diplomate rancuneux a mis dans ses fameux Mémoires tant de fiel et de calomnies, que la vente de ces gros volumes est interdite en France et qu’on ne peut guère utiliser les curieux renseignements qu’ils contiennent. […] Il ne sait absolument rien et n’a guère lu que les poètes du XVIe siècle. » Cette phrase, Heredia l’a dite et répétée à qui voulait l’entendre. […] Il ne sait absolument rien et n’a guère lu que les poètes du xvie  siècle », ce qui ne l’empêchait pas de louer les vers de Moréas et de les citer souvent.‌ […] Il travaillait passionnément et ne quittait guère sa chambre que pour venir causer une heure ou deux avec nous. […] Faguet n’a jamais pris part aux disputes Modernistes, et la religion ne paraît guère lui avoir inspiré qu’un sentiment très libéral de sympathie et de respect.

1602. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Les modérés eux-mêmes ne l’aiment, guère, parce qu’il n’a pas de colère et encore moins de haine contre les excessifs. […] Daudet le dit longuement, pendant tout un volume où il n’y a guère que cela, sous toutes les formes et tous les assaisonnements. […] les beaux hommes et comme on n’en voit guère comme cela sur le boulevard des Italiens ! […] Le décadent n’y tient guère. […] Être Parisien et prêcher, cela ne se voit guère.

1603. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Or, on ne peut rien lire de plus malveillant, mais d’ailleurs de plus plat que les Nouvelles ecclésiastiques, — c’est le journal janséniste, — qui ne savait guère que traiter de « sottises » ou « d’inepties » toutes les productions de l’école encyclopédique. […] Il ne se pouvait guère d’idée plus contraire à l’humanisme, puisqu’elle en est la contradiction même, ni qui portât en conséquence une plus grave, une dernière et mortelle atteinte à l’idéal classique. […] Sensuel et voluptueux comme Ronsard, sa mélancolie, comme celle de Ronsard, n’a guère été que celle des grands épicuriens. […] — Ce que Sainte-Beuve a voulu dire, en disant « que les ouvrages de Montesquieu n’étaient guère qu’une reprise idéale de ses lectures » ; — et que cela équivaut à dire qu’ils manquent d’ordre et de logique. — Du mot de Mme du Deffand sur l’Esprit des lois ; — et qu’il caractérise bien les défauts de la manière de Montesquieu. — Mais, que toutes ces observations n’empêchent pas Montesquieu d’avoir fait entrer dans le domaine de la littérature tout un ordre d’idées qui n’en faisait point partie ; — d’avoir esquissé le premier une philosophie de l’histoire purement laïque ; — d’avoir entrevu les analogies de l’histoire avec l’histoire naturelle ; — et, à un point de vue plus général, d’avoir éloquemment exprimé, — sur la liberté, — sur la tolérance, — et sur l’humanité, — des idées qui ne sont point, même de nos jours, aussi banales et aussi répandues qu’on le dit. — Succès de l’Esprit des lois, tant à l’étranger qu’en France ; — et si les défauts du livre n’y ont pas contribué autant que ses qualités ? […] Il convient d’ajouter une volumineuse Correspondance, dont les cinq ou six volumes de la plupart des éditions ne contiennent guère que la moitié ; — le volume d’Œuvres inédites publié par M. 

1604. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

N’a-t-il pas écrit dans un docte traité d’Esthétique que le comique est ce qui fait rire, et que Molière n’est point comique, parce qu’il ne fait guère rire ? […] Mais il n’a pas montré son esprit, en concluant de là que Molière n’est guère comique.

1605. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

La santé de madame de Chateaubriand n’est pas bonne ; la mienne n’est guère meilleure. […] « Avant l’heure de M. de Chateaubriand, madame Récamier faisait une promenade en voiture, quelques courses de charité, ou l’une de ces rares visites qui ne la conduisaient plus guère, dans les dernières années, que chez sa nièce.

1606. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

D’un autre côté, un cardinal ne pouvait guère se montrer dans un pays où depuis tant d’années on n’avait pas vu même les insignes d’un simple homme d’Église. […] Jamais il ne s’avouait vaincu, et il mit fin à l’entretien en affirmant que si nous ne voulions pas assister au mariage civil, on n’y ferait guère attention, quoique cela déplût beaucoup, mais qu’il fallait absolument nous rendre au mariage ecclésiastique, si nous ne cherchions pas à pousser les choses à la dernière ruine ; puis il me supplia d’en aviser mes collègues.

1607. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Il arrive au camp un allié qui n’était guère attendu : c’est Genius, le chapelain de dame Nature. […] Ce cœur que Charles d’Orléans garde dans le coffre de Souvenance, sous la clef de Bonne-Volonté, n’est guère qu’un esprit agréable occupé de galanterie.

1608. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Il n’a guère montré son originalité, vrai siècle de commerce et d’industrie, que dans des ponts, des gares, des viaducs, des palais d’Exposition, constructions souvent énormes où le fer et le verre remplacent en partie les antiques matériaux et inaugurent peut-être un art nouveau, capable d’une hardiesse et d’une puissance plus grandes. […] Ils étaient condamnés à représenter les pourpres du soir, les nuances délicates du matin, la verdure naissante des bois, la moire changeante des lacs avec une palette sur laquelle il n’y avait guère que du gris.

1609. (1909) De la poésie scientifique

Quant aux quelques livres de critique émanés de poètes du « Symbolisme » recueils sans liens de composition d’Articles parus à divers moments, ils n’ont vraiment une plus grande valeur, et l’étude sérieuse, l’impartialité et la vérité historique ne sont guère leur caractéristique. […] Les Ecoles Symbolistes allaient lutter entre elles, non pour des idées, car ce ne sont guère que subtilités du Verbe voilant du concept assez simpliste, mais sur des apports prosodiques et rythmiques  tandis que la « Poésie scientifique » s’opposait à toutes, qui si sa doctrine avons-nous vu, les pénètre et les impressionne souvent, devait les traverser sans contact pour elle-même.

1610. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Je ne vois guère plus de travailleurs dans cette manière que Flaubert et nous, et, notre trio mort, je ne vois pas qui nous succédera. […] L’aventure est si bizarre qu’elle nous semble extravagante, et nous ne croyons guère à la réussite de la chose.

1611. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Ils n’appartiennent guère qu’au sacerdoce et très peu aux lettres profanes. […] Non ; le monde en a tant vu, et il connaît tellement les misérables ressorts par lesquels la fortune élève ou abaisse les conquérants d’ici-bas, qu’il ne s’étonne guère plus des vicissitudes des empires que de l’amoncellement et de l’écroulement d’une vague en écume sur le lit de l’Océan.

1612. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Relégué par l’indifférence sur ces hautes matières dans les grandes études théologiques de son état, le prêtre ne peut guère en sortir. […] Le visage humain ne nous paraît guère valoir la peine que personne tremble devant lui, et surtout un chrétien qui sait bien que tout ce limon s’en va retourner en poussière.

1613. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je n’aborderai guère Mézeray que par les côtés qui sont sensibles à tous dès qu’on le considère.

1614. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il y fit cette harangue célèbre si adroite, si brusque, si militaire, et qui réussit tant auprès de ceux qui l’entendirent, sans avoir d’ailleurs d’autre effet : Je ne vous ai point appelés comme faisaient mes prédécesseurs, pour vous faire approuver mes volontés : je vous ai fait assembler pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre ; bref, pour me mettre en tutelle entre vos mains : envie qui ne prend guère aux rois, aux barbes grises et aux victorieux.

1615. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Cela ne l’oblige guère, et il ne cesse de vaquer, par monts et par vaux, à l’accroissement et à l’engrossement de son trésor.

1616. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

J’en voudrais donner aujourd’hui un exemple en m’occupant d’un personnage qui a été médiocrement remarqué jusqu’ici44, qui n’a été qu’un homme de société et très secondairement en scène, qu’on a rencontré un peu partout, nommé çà et là dans les mémoires du temps, et dont la figure assez effacée n’a guère laissé de souvenir qu’à ceux qui l’ont connu de plus près.

1617. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Si ces mêmes choses avaient été dites pour la première fois par quelqu’un en français, on ne les remarquerait guère ; Goethe parle de Buffon en termes élevés, mais vagues, et en passant : ce passage, il est vrai, se lie à une défense de la doctrine de M. 

1618. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il comprend la dignité du genre qu’il traite ; il est des particularités honteuses ou incertaines que l’histoire doit laisser dans les satires, pamphlets et pasquins, où les curieux les vont chercher : d’Aubigné, qui aime trop ces sortes de pasquins ou de satires, et qui ne s’en est jamais privé ailleurs, les exclut de son Histoire universelle, et, s’il y en introduit quelque portion indispensable, il s’en excuse aussitôt : ainsi en 1580, à propos des intrigues de la cour du roi de Navarre en Gascogne, quand la reine Marguerite en était : J’eusse bien voulu, dit-il, cacher l’ordure de la maison ; mais, ayant prêté serment à la vérité, je ne puis épargner les choses qui instruisent, principalement sur un point qui, depuis Philippe de Commynes, n’a été guère bien connu par ceux qui ont écrit, pour n’avoir pas fait leur chevet au pied des rois… Quand il s’étend longuement sur certaines particularités purement anecdotiques, il s’en excuse encore ; il tient à ne pas trop excéder les bordures de son tableau ; il voudrait rester dans les proportions de l’histoire : mais il lui est difficile de ne pas dire ce qu’il sait de neuf et d’original ; et d’ailleurs, s’il s’agit de Henri IV, n’est-il pas dans le plein de son sujet, et n’est-il pas en droit de dire comme il le fait : « C’est le cœur de mon Histoire ? 

1619. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Satisfait d’avoir fait preuve de savoir et d’esprit dans ce tournoi tout littéraire, et d’avoir obtenu un grand succès auprès des mondains, Bailly paraît avoir tenu médiocrement, dans la suite, à son opinion scientifique ; et lorsqu’il publia en 1787 le Traité de l’astronomie indienne et orientale, comme supplément à sa précédente Histoire, il se trouva que son peuple primitif y figurait très peu, et qu’il ne se distinguait plus guère des Indiens, des ancêtres et auteurs de ceux d’aujourd’hui.

1620. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Aux questions que lui adressait son correspondant sur l’objet commun de leurs études, sur ses chères Pyrénées, il répond modestement et avec bonhomie (octobre 1823) : « Pardonnez, de grâce, à la paresse d’un homme qui se repose de plus d’un demi-siècle de fatigue, lit encore, mais n’écrit guère, rêve souvent et ne pense plus. » Il revient plus d’une fois sur la perte cruelle de ses manuscrits et sur le regret de n’avoir pu compléter tous ses tableaux.

1621. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Ceux qui ne se soucient guère que les choses aillent mal ou bien, ceux-là peuvent être sans colère. » Il fut donc décidé que Montluc s’en irait lieutenant du roi à Sienne ; le courrier qui lui portait sa nomination le trouva à Agen, où il était pour lors bien malade.

1622. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Le Moyen Âge en masse était réputé purement barbare, et il n’est guère douteux que s’il eût fallu choisir, on n’eût donné sans regret la Sainte-Chapelle pour la colonnade du Louvre.

1623. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

On se donne souvent bien de la peine pour réveiller des choses passées, pour ressusciter d’anciens auteurs, des ouvrages que personne ne lit plus guère et auxquels on rend un éclair d’intérêt et un semblant de vie : mais quand des œuvres vraies et vives passent devant nous, à notre portée, à pleines voiles et pavillon flottant, d’un air de dire : Qu’en dites-vous ?

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il serait facile de trouver des exemples assez nombreux pour justifier mon dire, qui n’est guère que celui d’Horace, un peu amendé et particularisé (« Aetas parentum pejor avis… »).

1625. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Je ne vois guère que deux points où son bon sens si ferme se trouve en défaut : la révocation de l’Édit de Nantes, qu’il a louée comme l’a fait presque tout son siècle (mais peut-être, de sa part, était-ce une pure concession politique), et le détrônement de Jacques II ; en ce dernier cas il a certainement obéi à une indignation généreuse et à un sentiment de pitié.

1626. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Je sais qu’il ne pouvait guère en être autrement dans la circonstance et du moment que tout se faisait sous les auspices et de concert avec la famille ; et cet accord ici était de stricte convenance, sinon de nécessité.

1627. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Je lis dans les Mémoires du duc de Rovigo, lequel ne s’attendait guère à la discussion soulevée aujourd’hui et qui vient y apporter son contingent, — je lis : « Les publicistes en étaient satisfaits (de l’Acte additionnel) ; Mme de Staël elle-même applaudissait aux garanties qu’il renfermait.

1628. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

M. l’abbé de La Roque, qui est plus en fonds et mieux muni sur Racine fils que sur Racine père, n’a guère fourni de nouveau sur le premier que quelques lettres adressées par lui à sa sœur restée à La Ferté-Milon, Marie Racine, qui devint ensuite Mme Rivière.

1629. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

I Je n’aime guère la polémique en littérature, et je ne crois pas qu’elle serve à grand-chose.

1630. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Là surtout de nombreux et excellents travaux critiques, d’abondantes publications qui datent de quelques années seulement, ont fort éclairci la question et ne laissent guère aux critiques amateurs et divulgateurs, comme nous, que le soin de les bien reproduire et de les résumer, sauf à y mêler chemin faisant un jugement et une réflexion.

1631. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Le mystère est précédé d’un sermon, adressé par l’auteur au public, une sorte de prône qui roule tout entier sur quatre mots de l’Évangile : « Verbum caro factum est, le Verbe s’est fait chair », et qui n’a guère moins de 1,000 vers.

1632. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Le plus grand obstacle qui s’y trouva fut M. de La Valade, lieutenant du roi de Navarrenx, qui, étant d’une prodigieuse grosseur et hors d’état de se donner de lui-même et sans aide aucun mouvement, avait cru de son honneur d’être du voyage, quoi que M. le maréchal et tous ses amis eussent pu lui dire ; il s’était fait porter, par des Suisses de la garnison de Navarrenx qui se relayaient, et, comme ils allaient très-doucement et faisaient de temps en temps des pauses, cela retarda notre marche, et on le fit partir au retour deux heures avant le jour pour,éviter un pareil inconvénient. » Il est grotesque, ce M. de La Valade qui se fait porter à l’algarade à bras d’hommes ; il parodie d’avance le mot de Bossuet, et veut montrer, lui aussi, « qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime. » Foucault lui-même, qui ne rit guère, sent le comique de l’expédition ; et cela ne cesse pas pendant tout le temps.

1633. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Quant au Symbole de Nicée, au sacrifice de la messe et au grand événement qu’il rappelle, vous n’y songez guère plus qu’après une représentation de Guillaume Tell ou un concert de Paganini.

1634. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir.

1635. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Ce changement ne lui profita guère, car il ne fit que passer d’une Cour dans une autre, dans celle de Parme où Condillac se l’adjoignit comme un de ses auxiliaires et collaborateurs pour l’éducation du prince qui lui était confié.

1636. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ce n’est pas sans bien des précautions qu’il risque sa remontrance : « Quoiqu’il n’y ait que bien peu de temps que nous nous connaissions, depuis que vous avez acheté ce champ proche du mien, et qu’il n’y ait guère rien eu jamais de plus entre nous, cependant, soit votre mérite, soit le voisinage, que je fais bien entrer pour quelque chose dans l’amitié, m’oblige à vous dire tout hardiment et en ami que vous me paraissez faire au-delà de votre âge et plus que votre état de fortune ne l’exige… » Et en effet, ce Ménédème à qui il s’adresse paraît avoir soixante ans et plus ; il a un fonds de terre excellent, des esclaves en nombre, et il fait la besogne d’eux tous comme s’il était seul.

1637. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Renan, il faut bien le reconnaître, ne plaît guère plus, par ce livre extraordinaire, aux sceptiques et incrédules qu’aux croyants.

1638. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Il faut parler, il faut juger, même quand les choses n’en valent guère la peine ; il faut s’étendre et motiver, et savoir intéresser encore, tout en louant et en blâmant.

1639. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ce système, qui ne comporterait guère une application partielle et qui demanderait à être expérimenté tout d’un coup et d’ensemble, n’est pas le système parlementaire ou libéral au sens ordinaire : M. de Girardin va beaucoup plus loin et plus à fond.

1640. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Taine et aussi ce que je désire de lui en plus et ce que je lui demande de nous accorder, j’aurai abrégé le jugement à tirer, qui ne serait guère partout que le même, à varier plus ou moins selon les exemples.

1641. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Le Plav. l’antagonisme social n’est point un fait nouveau, spécial à notre temps : les discordes civiles avaient même autrefois un caractère de violence qu’elles n’offrent guère aujourd’hui.

1642. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Il est cruel dans une affaire aussi importante d’avoir affaire à des gens qui ne sont pas vrais. (19 avril 1778.) » Marie-Antoinette ne peut guère se faire d’illusion sur l’efficacité de ses remontrances ; les ministres ne lui disent pas tout, et ils font bien.

1643. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme.

1644. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

le gros sens populaire ; la tendance qui aboutit au nom ne correspond guère qu’à ce caractère-là. — Mais voici qu’un naturaliste m’ouvre un chat et me fait voir cette poche qu’on appelle l’estomac, ces petits tubes infiniment ramifiés qu’on nomme les veines et les artères, ce paquet de tuyaux lisses qui sont les intestins, ces bâtons, ces cages, ces cerceaux, ces boîtes ou demi-boîtes solides qui s’emmanchent les unes dans les autres et qui sont les os. — Je resterais là pendant six mois que je verrais toujours des choses nouvelles ; si je prends un microscope, ma vie n’y suffira pas ; et, à parler exactement, aucune vie ni série de vies ne peut y suffire ; par-delà les propriétés observées, il en restera toujours d’autres, matière illimitée de la science illimitée.

1645. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

L’ironie de Commynes se joue dans ce premier récit ; c’est cette ironie que nous cherchons, et non l’affaire en elle-même, qui ne nous importe guère.

1646. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Les expressions qui ont quelque nouveauté et quelque fraîcheur sont très rares chez Mme de Genlis, et on ne les rencontrerait guère que dans quelques-uns de ses portraits de société, où elle est soutenue par la présence et la fidélité de ses souvenirs.

1647. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Je les parcourrai rapidement, moins en juge qu’en lecteur empressé, à la fois séduit et résistant, et qui, pour contrôler ces pages faciles, n’a guère eu recours qu’à ses propres souvenirs.

1648. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Dans sa lecture rapide de l’Émile, il ne s’est guère attaché qu’à ce qui choque la religion, et il s’en est fortement ému, lui, « qui n’est ni théologien, dit-il, ni dévot ».

1649. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Montlosier, esprit abrupt et un peu rustique, raboteux pour ainsi dire, n’avait guère souci de la liaison dans les idées ; à la fois arriéré, puis tout d’un coup en avant, il avait des accès de libéralisme et des reprises de féodalité.

1650. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Je vous surprends par mon langage austère ; Vous voulez rire, et je vous ai prêché : Au jeu mondain un sermon ne va guère, Mais on le passe au jeu de l’Évêché.

1651. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Lui, il n’était guère connu des gens du voisinage que par les récits de son valet de chambre, et comme un grand voyageur qui avait eu bien des aventures.

1652. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

On se promène dans un jardin où il n’y a guère que l’ombre d’une table de pierre, et l’on dîne dans une salle à manger, où l’on vous passe beaucoup de bouteilles de toutes sortes de vins, en face de douze Césars peints sur les murs par un vitrier.

1653. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ma revue : la Vogue, avait soixante-quatre fidèles ; — à leur début les jeunes revues n’en ont habituellement guère plus, et l’on pourrait connaître personnellement tous ses lecteurs.

1654. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

De plus, s’il se met à étudier les formes alliées apportées de contrées actuellement discontinues, en quel cas il ne peut guère s’attendre à trouver les liens intermédiaires entre les formes douteuses, il devra s’en rapporter entièrement à l’analogie, et la difficulté croît alors à l’infini.

1655. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Bachaumont, dont il a pris le nom, n’était guères qu’un anecdotier.

1656. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

de difficulté scientifique, — n’ont guères demandé, pour le rendre si fringant, que quelques lectures rapides et faciles à travers des livres plus ou moins gros.

1657. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Quant au livre en lui-même, c’est le premier effort dont nous parlions plus haut, et il n’a guères que le mérite d’un premier effort.

1658. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Cette distinction ne peut guère se faire qu’à distance.

1659. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Il veut démontrer, et il démontre avec une suite, une énergie, une vigueur d’expression que l’on ne rencontre guère ailleurs.

1660. (1888) Portraits de maîtres

Le Christianisme avait à coup sûr droit de cité dans la poésie française, mais jusqu’à Chateaubriand l’on ne s’en apercevait guère. […] Le Chant du Sacre nous représente une de ces productions de circonstance qui ne survivent guère à leur prétexte. […] Les Recueillements, qui font suite aux Harmonies dans l’édition de Furne et qui parurent en 1837, ne sont guère qu’un bouquet mal rattaché de fleurs cueillies aux détours de la route dans une vie entraînée par la politique. […] Et ce sont des œuvres de premier ordre en un genre où la muse française n’avait qu’imparfaitement réussi ; car parmi tant de poèmes insipides on ne pouvait guère détacher que les récits encore inégaux de Baïf et le Moïse sauvé de Saint-Amant où tant de défauts obscurcissent des qualités éclatantes. […] Et maintenant Sainte-Beuve n’est guère estimé comme poète que des seuls lettrés de profession.

1661. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Nous aimons l’art, et vous n’en avez guère ; nous souhaitons qu’on nous plaise, et vous n’y songez pas. […] Je ne savais guère la minette1078 qu’il avait en vue ; mais ce sera le plus mauvais gibier qu’il ait levé de sa vie. […] Non, « aucun honnête homme ne peut être déiste, car aucun homme ne peut l’être après avoir examiné loyalement les preuves du christianisme. » — Voilà un chrétien péremptoire ; nous n’en avons guère en France d’aussi décidés.

1662. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Notre fondateur d’empires arriva dans cette ville, avec un écu dans sa poche: il est vrai qu’uniquement touché de sa grandeur future, il ne songeait guère à sa misère présente. […] Vous y voyez quelques lisières de prairies, et un terrain assez uni, mais qui n’est guère meilleur que l’autre ; car, dans la saison des pluies il est marécageux, et dans les sécheresses il est dur comme du plomb ; quand on y veut alors ouvrir une tranchée, on est obligé de le couper avec des haches. […] Il était fort attaché à Marguerite ; et il ne l’était guère moins à madame de la Tour, dont il avait épousé la négresse, à la naissance de Virginie.

1663. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Tous les articles du Code Civil de Napoléon, en effet, qui concernent la propriété, ne s’occupent guère d’autre chose que de la propriété rurale, du champ des paysans, des murs mitoyens, de tel petit chemin de traverse qui peut relier le terrain de celui-ci à celui-là, de tel enfoncement ou renfoncement, d’une construction ou d’un fossé ; il réserve une section spéciale aux égouts des toits, aux accessions d’alluvions, etc… Pas un chapitre sur la propriété littéraire ou artistique, reléguée (je le dirai plus loin) dans un appendice du Code du Commerce. […] Aussi je ne comprends guère la préférence que les juristes accordent soudain, à propos des lettres privées, à la coutume verbale sur un texte précis de loi. […] A vrai dire, ces procédés mécaniques et rapides ne semblent guère convenir à l’élaboration d’une œuvre sérieuse : il y faut du recueillement, une sage lenteur, et aussi de la solitude, qui exclut aussi la dictée, bien qu’un Sainte-Beuve ait dû s’y résoudre, ayant la crampe des écrivains.

1664. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Dans les discussions politiques, il n’y a guère avec nous que le silence de Gautier, indifférent à ces choses, ainsi qu’à des choses inférieures, et se refusant absolument à se rappeler que Sainte-Beuve le rencontra, après 1830, à une procession commémorative pour les quatre sergents de la Rochelle. […] Soulié. — On ne s’entend guère. […] Chez les camarades de notre temps, de notre âge, sauf chez Saint-Victor, nous n’avons guère rencontré que le silence ou l’injure.

1665. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Ceux-là mêmes qui combattent le symbolisme sont tellement imbus, à leur insu, de son esthétique générale qu’on ne voit guère en quoi ils s’en distinguent2. […] Doués d’âme et de sentiments, nous ne pouvons guère parler d’objets, de choses, d’images, sans doter ces images, ces choses, ces objets d’une âme et de sentiments identiques, bref sans créer le monde extérieur sur notre propre modèle et à notre ressemblance. […] « Jusqu’à ces dernières années, écrit-il dans Où nous en sommes, la poésie en France n’avait jamais été complètement elle-même ; elle ne se séparait guère de l’éloquence, de la philosophie, ou de l’histoire anecdotique. […] Avec Mockel ils ont dit : « L’âme est en devenir vers elle-même… nous ne sommes pas les mêmes, au plus profond de nous, dans l’adolescence et dans la vieillesse ; ce n’est pas la conscience qui s’obscurcit ou s’éclaire, c’est notre âme qui s’est renouvelée83. » Avec Bergson ils ont pensé qu’en réalité « il n’y a ni sensations identiques ni goûts multiples ; car sensations et goûts m’apparaissent comme des choses dès que je les isole et que je les nomme, et il n’y a guère dans l’âme humaine que des progrès 84.

1666. (1903) Le problème de l’avenir latin

Aussi les choses, pour eux, n’ont-elles guère de valeur propre. […] A cet égard le Français, l’Italien ou l’Espagnol contemporain, pense comme l’homme antique et l’homme de la Renaissance : sa conception n’a guère progressé. […] Et il apparaît bien aux regards conscients que l’inauguration d’un régime nouveau, qui a subsisté jusqu’à nos jours moins par volonté que par lassitude, et qui ne constitue encore qu’un essai — car il n’est nullement prouvé que les sociétés latines soient capables de s’adapter définitivement et réellement à un régime démocratique moderne — ainsi que l’acquisition d’avantages récents, n’ont guère amélioré au fond la situation française. […] Paris, Vienne, Rome ne sont-ils pas déjà, en une certaine mesure, des centres d’attraction où l’on ne se rend guère que pour s’y amuser, des endroits de luxe et de curiosité ? […] S’il semble parfois les accueillir, ce n’est guère que par dilettantisme, y répugnant au fond.

1667. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Ceux qui s’effraient au seul mot de religion, ne connaissent guère l’esprit humain ; ils voient toujours cette religion telle quelle était dans les âges de fanatisme et de barbarie, sans songer qu’elle prend, comme toute autre institution, le caractère des siècles où elle passe. […] Supposez-les de douze lieues, vous n’aurez guère plus de soixante-douze lieues à découvrir entre les deux points indiqués. […] Après avoir montré que les anciens n’ont presque pas connu la poésie descriptive dans le sens que nous attachons à ce mot ; après avoir fait voir que ni leurs poètes, ni leurs philosophes, ni leurs naturalistes, ni leurs historiens n’ont fait de descriptions de la nature, nous ajoutons :   On ne peut guère soupçonner que des hommes aussi sensibles que l’étaient les anciens, aient manqué d’yeux pour voir la nature, et de talent pour la peindre. […] Les anciens disaient de certains prêtres des dieux : « Beaucoup portent le thyrse, et peu sont inspirés. » Il en est ainsi de la passion qui subjuguait Louis XIV : beaucoup l’affectent et peu la ressentent ; mais aussi, quand elle est réelle, on ne peut guère se méprendre à l’inspiration de son langage.

1668. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il n’admet guère qu’une manière d’aimer et de servir l’État et son maître, qui est la sienne.

1669. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

La conduite de Fabrice, sa fuite extravagante, et les conséquences que l’auteur en a tirées, seraient inexplicables si l’on cherchait, je le répète, la vraisemblance et la suite dans ce roman, qui n’est guère d’un bout à l’autre (j’en excepte le commencement) qu’une spirituelle mascarade italienne.

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Par malheur le cheval ne songeait guère à s’arrêter déjà, et la raison, c’est que son maître, à dix bons milles de là, avait une maison.

1671. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si inventeur que soit un esprit, il n’invente guère ; ses idées sont celles de son temps, et ce que son génie original y change ou ajoute est peu de chose.

1672. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

— Toutes ces questions, sur lesquelles on n’avait, avant ces dernières années, que des réponses incomplètes, insuffisantes, et dont la légende même avait essayé de s’emparer pour y broder, sont aujourd’hui résolues, et l’on ne connaît guère mieux ce que faisait, disait et pensait chaque jour Napoléon à Sainte-Hélène que ce que faisait et pensait Charles-Quint à Saint-Just.

1673. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Il avait une de ces mémoires heureuses comme nous en connaissons ; ce qu’il avait su une fois, il ne l’oubliait jamais, et, âgé de plus de soixante ans, il citait, à l’occasion, des passages de Cicéron, de Virgile ou d’Horace qu’il n’avait guère relus depuis sa jeunesse.

1674. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Il porte des lunettes, mais elles sont relevées sur son front et ne lui servent guère : d’ailleurs il est borgne.

1675. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

C’est dans l’une de ces campagnes de Flandre où le pain manquait et où le prêt ne venait guère, où l’argent, cette étoile de gaîté, ne brillait que par son absence, que, pour dissiper une mutinerie commencée, il eut l’idée de faire battre la générale.

1676. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Tous ses magasins et tous ses trésors sont dans les œuvres de ce grand homme ; et encore aujourd’hui nous n’avons guère de façons de parler nobles et magnifiques qu’il ne nous ait laissées ; et bien que nous ayons retranché la moitié de ses phrases et de ses mots, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade. »    .

1677. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

 » Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent.

1678. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Après avoir été l’un des beaux du Directoire, il est encore un type d’élégance et de distinction ; exclusif dans les relations du monde, il ne fréquente guère cependant que les femmes de théâtre : aussi dans les salons a-t-il une réputation de cynisme, et les vérités hardies qu’il lance parfois dans la conversation sont traitées de paradoxes.

1679. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

On prit cette envie de sa part pour un caprice bizarre, car sa santé dès lors ne lui permettait guère de se déplacer.

1680. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mme Roland n’était guère femme à aimer par les yeux et à se laisser prendre à la beauté physique.

1681. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle avait l’esprit juste, elle comprenait ; mais la suite et l’ensemble n’étaient guère son fait.

1682. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Rien de plus humiliant pour l’esprit, et j’avoue que lorsqu’on se voit d’une telle infériorité (fût-on Voltaire ou Gœthe, car il n’y a guère ici de degrés), devant les maîtres de l’analyse, on est tenté de désirer que cette langue des nombres soit une de celles dont l’enseignement devienne obligatoire de bonne heure à toute intelligence digne et capable d’y atteindre.

1683. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Celui-ci n’a guère vu que ses défauts, ses vices, sa jactance, ses gasconnades, son intrépidité de bonne opinion, ses pilleries à l’armée, ses mœurs de soudard jusque dans l’extrême vieillesse.

1684. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Le moment est difficile sans doute ; mais depuis que je suis parti, je n’ai guère eu jusqu’à cette heure que des avantages.

1685. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Au tome V de l’édition in-8° des Critiques et Portraits (1839) on trouverait quelques pages que nous ne reproduirons pas ici, non pas que nous ayons beaucoup à y rétracter ; nous n’y corrigerions guère qu’une honteuse inadvertance qui nous a fait placer (page 535) l’exil d’Andromaque en Thrace au lieu de l’Épire ; mais, si l’ensemble de notre jugement reste le même, il y aurait à ajouter que, dans son recueil de Poésies complètes (1815), M.

1686. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

L’éloignement n’avait fait qu’exalter sa tendresse ; elle n’avait guère autre chose à quoi penser ; les questions, les compliments de tous ceux qu’elle voyait la ramenaient là-dessus ; cette chère et presque unique affection de son cœur avait fini par être à la longue pour elle une contenance, dont elle avait besoin comme d’un éventail.

1687. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

La mère malade, et à jamais brisée au dedans, ne bougeait guère du fauteuil placé près de la fenêtre du fond.

1688. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Il semble donc qu’elles échappent à la science ; et, en effet, quand on lit les livres qui traitent d’elles, on n’apprend guère que ce que l’on savait déjà ; la lecture faite, on les trouve bien rangées dans son esprit ; voilà tout.

1689. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Ils sont tous représentés par des œuvres ; il convient seulement de remarquer qu’ils correspondent à des états d’esprit très divers, qui ne peuvent guère se rencontrer dans une seule race ou un seul siècle.

1690. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Le Christ de Saint-Georges de Bouhélier ne ressemble guère, en effet, à Jésus de Nazareth.

1691. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Quand un ouvrage est fait, il n’y revient guère ; il ne le reprend pas pour le revoir à loisir, pour le retoucher et le caresser, pour y réparer les parties inexactes ou faibles, les imperfections d’une rédaction première ; il passe à un autre.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Mme de Sévigné, dans son parc, ne voyait guère que les grandes allées, et ne les voyait encore qu’à travers la mythologie et les devises.

1693. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

C’est ainsi qu’il vieillissait dans sa retraite de Passy, solitaire, au milieu de ses livres, ne causant guère avec les vivants que plume en main, critique intègre, instruit, digne d’estime, même quand il s’est trompé.

1694. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Si M. de Chateaubriand ne traite pas mieux ses parents poétiques, Jean-Jacques et Bernardin de Saint-Pierre, il n’a guère plus d’indulgence pour sa propre postérité, pour ses propres enfants en littérature.

1695. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Ce monde, qu’il avait à demi observé, à demi créé en tous sens ; ces personnages de toute classe et de toute qualité qu’il avait doués de vie, se confondaient pour lui avec le monde et les personnages de la réalité, lesquels n’étaient plus guère qu’une copie affaiblie des siens.

1696. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

La pure forme du xviie  siècle, telle que nous aimons à la rappeler, n’a plus guère été qu’une antiquité gracieuse et qu’un regret pour les gens de goût.

1697. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Et il les a d’autant mieux, notez-le bien, qu’il n’avait guère lu les anciens, ni grecs ni latins, et qu’il ne savait pas leur langue.

1698. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Nous ne craindrons pas de venir parler, après tant d’autres, d’un écrivain aimable, populaire, cher à l’adolescence et à l’enfance, et dont le nom ne s’offre plus guère ensuite à nous que pour faire sourire d’un sourire de demi-dédain notre maturité.

1699. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Un jour, Louis XI, qui n’aimait guère la contradiction, envoya à son Parlement certaine ordonnance à enregistrer, laquelle, n’étant point juste, y rencontra plusieurs refus.

1700. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Dans des cadres si restreints et si commandés, il n’y avait guère d’espace pour déployer d’autres mérites que ceux de la concision et de l’exactitude.

1701. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Au milieu du bruit qu’occasionnaient tous ces déplacements multipliés, on n’entendait guère que le mot philosophie, sortant à chaque instant de la bouche de l’orateur.

1702. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Molière, avec son génie, rime à bride abattue ; La Fontaine, avec son nonchaloir, laisse souvent flotter les rênes, surtout dans sa première manière ; le grand Corneille emporte son vers comme il peut, et ne retouche guère.

1703. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Les voyant arriver à Angers, Richelieu s’efface devant eux et ne prend guère part à leurs délibérations ; entre deux écrits dressés au nom de la reine, l’un plus modéré, plus prudent, et qui ne va pas à la guerre civile, et l’autre plus aigre, plus violent, et qui est un manifeste d’hostilité, il est d’avis qu’on se borne au premier, d’autant plus qu’on n’est pas de force à soutenir le second.

1704. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Montaigne relève ce propos et se demande à quoi pouvait servir, en un tel moment, cette idée de protection et de faveur divine : « Ce n’est pas par cette preuve seulement, ajoute-t-il, qu’on pourrait vérifier que les femmes ne sont guère propres à traiter les matières de la théologie. » Aussi n’était-ce pas une théologienne que Marguerite : c’était une personne de piété réelle et de cœur, de science et d’humanité, et qui mêlait à une vie grave un heureux enjouement d’humeur, faisant de tout cela un ensemble très sincère et qui nous étonne un peu aujourd’hui.

1705. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Et vraiment je ne connais guère, en ce temps-ci, qu’un homme, qui ait véritablement aimé le peuple gratis : c’est Barbès.

1706. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

En fait, il n’y a plus guère en français qu’une seule catégorie de rimes, les féminines, replet, plaie ; régale, régal ; seuil, feuille, etc. ; les seules rimes masculines sont désormais celles que donnent les mots terminés par une voyelle nasalisée : ent, in, on, ant, oin, etc.

1707. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune.

1708. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

— Comme guinné du feu, je ne vois guère à citer que les taloguina.

1709. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Il n’y a guère que Verlaine qui ne l’abandonne pas.

1710. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

II La critique, en effet, malgré les éloges que lui donne dans son volume l’auteur des Jugements nouveaux, le quel s’en est constitué l’historien et même le champion, la critique littéraire, qui n’est ni la grammaire ni la rhétorique, et qui n’est que d’hier dans le monde, robuste enfant, — terrible parfois, mais enfant encore, — n’a guères brillé jusqu’ici, comme tout ce qui commence, que par ses côtés inférieurs.

1711. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Je ne sache guères en toutes ses œuvres qu’une page de colère enflammée, et c’est le célèbre portrait de Voltaire, écrit avec la griffe d’un tigre trempée dans du vitriol ; seulement, remarquez que, dans ce portrait, de Maistre ne parle pas en son nom personnel, mais au nom et par la bouche des personnages du dialogue de ses Soirées de Saint-Pétersbourg.

1712. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais s’ils l’avaient exprimée, cette poésie de la Pauvreté, ce n’avait guères été qu’en passant, par traits détachés, par éclairs, en quelques groupes ou en quelques têtes flambant de génie, dans un coin de livre ou de tableau… Qui les avait vues, ces têtes, les avait contemplées ; qui les avait contemplées ne pouvait plus les oublier.

1713. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Tocqueville reconnaît, à l’encontre de Spencer, que la démocratie ne va guère sans la centralisation ; mais il rappelle aussi que la liberté peut perdre, à cette centralisation, tout ce que l’égalité peut gagner. — Par là se trouverait levée toute contradiction entre notre thèse et celle de Spencer : il peut être vrai à la fois que les sociétés unifiées, comme il le prétend, oppriment les individus, et, comme nous le prétendons, les égalisent, — puisqu’il est vrai peut-être qu’elles les oppriment pour les égaliser.

1714. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

mais nous devons avouer que même ici peut se trouver le bonheur, et que celui qui est le maître bienfaisant nous a donné sa paix sur la terre, et son espérance pour le ciel. » Le pieux ministre, qui, même dans les effusions de sa tendresse domestique, avait toujours la sévère douceur de la pensée chrétienne, ne la perdait guère, on peut le croire, dans ses travaux et ses études.

1715. (1908) Après le naturalisme

Il n’est guère qu’un pavillon de circonstance couvrant une marchandise qu’on ne veut pas avouer. […] L’artiste ne sut guère rester un indépendant et on en compte peu qui ne se laissèrent pas prendre aux tentations de la soi-disant élite de la société. […] La science, jusqu’à présent, n’a guère produit dans l’ordre des faits humains que des matériaux en nombre considérable, soit, et le grand architecte n’est pas encore venu qui en fera s’élever dans les esprits le monument complet, représentatif de l’univers sous toutes ses formes et sous l’interprétation que nous en devons naturellement avoir.

1716. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Combien les âmes sont séparées les unes des autres, la plupart des hommes ne s’en cloutent guère ; mais, vous et moi, nous le savons. […] L’éducation, dans ce qu’elle a de durable et de tout à fait invincible, ne se compose guère que d’influences de ce genre. […] Cependant il n’y a pas eu de littérature plus riche, plus variée, plus amusante que la sienne, et il n’y a guère eu d’esprit mieux doué pour la littérature que l’esprit espagnol. […] Il n’y aura guère d’autres différences entre une scène et une autre que les divers paysages au milieu desquels elles se passent et le genre particulier d’étrivières que reçoit don Quichotte ; mais ces différences seront-elles suffisantes pour introduire la variété dans un sujet qui la repousse formellement ? […] Il n’y en a guère eu de plus riante et de plus gaie.

1717. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Dans nos cohues bourgeoises, à travers notre démocratie commerçante, fabricante, prétendue libre, mais serve de tous les intérêts, exempte de grands vices, mais affligée d’un tas de petites vertus, émancipée par des révolutions épiques, mais domestiquée par des tyrannies burlesques, le poète de la Bonne Chanson a passé, montrant ses plaies, confessant ses fautes, exempt d’ironie, disant tout haut ses rêves, traînant la jambe, ne se reposant guère qu’en des lieux publics. […] Tandis que ces opérations de courtage occupent, amusent ou dévalisent les badauds, trois ou quatre écrivains (guère plus) persistent courageusement, malgré les cohues et les foires où s’étalent, chaque année, des kilomètres de toile barbouillée et des quintaux de marbre déshonorés, à défendre contre le furieux assaut des fabricants et des imbéciles la Vérité ou la Beauté. […] Je ne vois guère, parmi les jeunes écrivains, que M.  […] — C’est ce qu’on ne pense guère à l’étranger et j’avoue ne pas être d’un autre sentiment. — Reste donc à démontrer que les mœurs françaises ne sont pas aussi dépravées qu’on se le figure. […] Pendant plusieurs années, enfermé dans des bibliothèques, dans des ateliers de recherche et des laboratoires d’érudition, il ne se préoccupa guère du « gros public ».

1718. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Pour ma part, quand je réfléchis aux raisons qui me font préférer Balzac à tous les autres romanciers, il me semble en apercevoir avec netteté trois au moins qui ne me paraissent guère contestables. […] C’est un très petit vice en effet et pour lequel le moraliste de trouve guère de sévérité, que celui d’aimer à trop bien dîner. […] À côté d’un roman comme le Cousin Pons, je ne vois guère à mettre qu’un drame comme le Roi Lear, et si l’on me demandait lequel je préfère, j’avoue sincèrement que je ne pourrais pas répondre. […] Pareillement, la forte critique n’existait guère avant Sainte-Beuve, et depuis la mort de Renan et de Taine, ses représentants les plus distingués demeurent bien isolés, travaillant chacun à part et sans avoir réussi à créer autour d’eux un large mouvement. […] Je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue.

1719. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

D’ailleurs la règle est que, lorsqu’ils se retirent, le roi leur fait une pension de 20 000 livres et donne 200 000 francs de dot à leur fille  Ce n’est pas trop pour leur train. « Ils sont obligés de tenir un si grand état de maison, qu’ils ne peuvent guère s’enrichir dans leur place ; ils ont tous table ouverte à Paris au moins trois fois par semaine, et à Versailles, à Fontainebleau, table ouverte tous les jours205. » M. de Lamoignon étant nommé chancelier avec 100 000 livres d’appointements, on juge tout de suite qu’il se ruinera206 ; « car il a pris tous les officiers de cuisine de M. d’Aguesseau, dont la table seule allait à 80 000 livres. […] On ne trouve guère en France de squires Western et de barons de Thundertentrunck ; une dame d’Alsace, qui voit à Francfort les hobereaux grotesques de la Westphalie, est frappée du contraste219.

1720. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

On n’est guère capable d’en former, à moins d’avoir comme Shakspeare l’imagination d’un voyant. La personne humaine est si complexe que le logicien qui aperçoit successivement ses diverses parties ne peut guère les parcourir toutes, ni surtout les rassembler en un éclair, pour produire la réponse ou l’action dramatique dans laquelle elles se concentrent et qui doit les manifester.

1721. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Dans bien des sourires de sceptique ironie, plus d’un de nous a pu démêler un peu de pitié pour ces vains jongleurs de mots, les poètes, qui ne concourent guère, croit-on ! […] On ne s’asseoit plus guère qu’en wagon, aujourd’hui.

1722. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il est amusant de les voir tous confesser lamentablement qu’ils m’ont maltraité. » Swift ne songeait guère à s’associer à la défaite d’un parti qu’il avait inutilement servi dans sa puissance, La défection fut éclatante. […] Le monde et la vie humaine peuvent être envisagés de deux façons bien différentes, et il n’est guère d’homme qui ne les ait considérés tour à tour sous deux aspects.

1723. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Mais s’il est certain que de la simple action réflexe par laquelle l’enfant tette, jusqu’aux raisonnements compliqués de l’homme adulte, le progrès se fait chaque jour par degré infinitésimal ; il est certain aussi qu’entre les actes automatiques des êtres les plus bas et les plus hautes actions conscientes de la race humaine, on peut disposer toute une série d’actions manifestées par les diverses tribus du règne animal, de telle façon qu’il soit impossible de dire à un certain moment de la série : Ici commence l’intelligence. » Si du savant qui poursuit ses recherches avec la pleine conscience des procédés de raisonnement et d’induction qu’il emploie, nous descendons à l’homme d’une éducation ordinaire, qui raisonne bien et d’une manière intelligente, mais sans savoir comment ; si de là nous descendons au villageois, dont les plus hautes généralisations ne dépassent guère les faits locaux ; si de là nous tombons aux races humaines inférieures qu’on ne peut considérer comme pensantes, dont les conceptions numériques dépassent à peine celles du chien ; si nous mettons à côté les plus élevés des primates, dont les actions sont tout aussi raisonnables que celles d’un petit écolier ; si de là nous arrivons aux animaux domestiques ; puis des quadrupèdes les plus sagaces à ceux qui le sont de moins en moins, c’est-à-dire qui ne peuvent plus modifier leurs actions selon les circonstances et sont guidés par un immuable instinct ; puis si nous remarquons que l’instinct, qui consistait d’abord en une combinaison compliquée de mouvements produits par une combinaison compliquée de stimulus, prend des formes inférieures dans lesquelles stimulus et mouvements deviennent de moins en moins complexes ; si de là nous en venons à l’action réflexe et « si des animaux chez qui cette action implique l’irritation d’un nerf et la contraction d’un muscle, nous descendons encore plus bas chez les animaux dépourvus de système nerveux et musculaire, et que nous découvrions qu’ici c’est le même tissu qui manifeste l’irritabilité et la contractilité, lequel tissu remplit aussi les fonctions d’assimilation, sécrétion, respiration et reproduction ; et si, finalement, nous remarquons que chacune des phases de l’intelligence, énumérées ici, se fond dans les voisines par des modifications trop nombreuses pour être distinguées spécifiquement, et trop imperceptibles pour être décrites, nous aurons en une certaine mesure montré la réalité de ce fait : qu’on ne peut effectuer de séparation précise entre les phénomènes de l’intelligence et ceux de la vie en général. » L’autre base de la doctrine, c’est la corrélation nécessaire de l’être et de son milieu, que l’auteur exprime en disant que la vie est une correspondance, « un ajustement continu des rapports internes aux rapports externes. » L’être vivant quel qu’il soit, arbre, infusoire ou homme, ne peut subsister s’il n’y a harmonie entre son organisme et son milieu ; et si à la vie physique s’ajoute la vie psychique, l’ajustement deviendra plus complexe. […] L’auteur consacre à l’Instinct un chapitre long et intéressant, mais qui n’est guère susceptible d’analyse. 4e partie, ch. 

1724. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Ne nous laissons pas ici duper par l’imagination, qui ne considère guère que des images toutes faites et principalement visuelles ; ne nous laissons même pas duper par la pure intelligence, qui ne s’applique bien qu’à des idées de contour défini, exprimées par des mots définis et immuables. […] Ce degré n’existe guère véritablement que chez l’homme, et encore chez le savant.

1725. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

La réponse de l’orthodoxie méprisée ne se fit guère attendre. […] La révocation de l’Édit de Nantes a été pour la France un fléau pire que la peste, car la peste ne choisit guère et la persécution choisit les meilleurs pour les frapper.

1726. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Puis, dans cette vie errante et agitée, elle n’était guère possible. […] Je regrette que nous n’ayons guère de poésies romanes faites en Syrie, au milieu de la croisade. […] Tout cela suppose un grand loisir dans une nation ; ces jeux d’esprit ne trouveraient guère place chez un peuple agité par de graves intérêts. […] Quand un enfant avait le bonheur de naître fils de gentilhomme, et que cet enfant était vif, allègre, on le tirait à sept ans des mains des femmes ; il n’avait guère autre chose à faire que de courir et de s’exercer au saut et à la lutte. […] Cependant, ce n’est guère qu’à l’époque de saint Louis que les monuments de l’esprit français deviennent autre chose que de vieilles médailles, sans intérêt pour le goût.

1727. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Bel esprit né pour l’Académie, et l’un des premiers sur la liste lors de la fondation, il ne put guère jouir des avantages que procurait cette naissante et déjà illustre compagnie.

1728. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Dans ces premières guerres toutes d’escarmouches et de coups de main, on voit le roi de Navarre guerroyant sans grandes vues encore, jouant à chaque instant le tout pour le tout devant la moindre bicoque de Poitou ou de Gascogne ; ce ne fut guère qu’à dater de la bataille de Coutras (1587) qu’il étendit ses visées et ses plans, et déploya des desseins de capitaine.

1729. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le comte Roederer, dont le nom auprès des générations nouvelles ne réveillait guère que l’idée d’un personnage politique mêlé aux grands événements de la Révolution et du Consulat, s’est révélé tout d’un coup comme un écrivain très littéraire par son Mémoire sur la société polie et sur l’hôtel Rambouillet, imprimé en 1835.

1730. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Saint Louis, près de partir pour la dernière croisade où il mourut, était déjà d’une grande faiblesse et d’une extrême débilité de sa personne, et comme épuisé de vieillesse, quoiqu’il n’eût guère que cinquante-cinq ans.

1731. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Comme critique, il n’a pas fait de livre proprement dit ; tous ses écrits en ce genre ne sont guère qu’un seul et même ouvrage qu’on peut lire presque indifféremment à n’importe quel chapitre, et où il disperse tout ce qui lui vient d’idées neuves et d’aperçus.

1732. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Lorsqu’à cette époque d’union, de confraternité sincère, dans ces intervalles de Marengo et du camp de Boulogne, Andrieux qui savait bien le latin, Picard qui ne le savait guère, mais qui aimait à en placer quelques mots96, Campenon, Roger, Alexandre Duval, tous ces académiciens présents ou futurs se réunissaient avec Daru le dimanche à déjeuner, lorsqu’on récitait quelque ode d’Horace, redevenue comme d’à-propos et de circonstance, l’ode Ad sodales ou quelque autre (le sentiment de tous s’y joignant), il ne manquait rien, presque rien, à la traduction de Daru pour faire passer l’esprit de l’original dans tous les cœurs.

1733. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il l’avait prouvé en se faisant calviniste à un moment et en s’engageant on ne sait trop pourquoi dans un parti qui véritablement n’était guère le sien, et qui permettait peu de liberté à un commentateur d’Aristophane, de Sapho ou d’Anacréon.

1734. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

L’abbé Bossuet, que l’ambition dissipe et qui n’est guère pressé de publier, ne s’avance pas jusque-là avec Le Dieu, et la famille se borne à le combler de soins, d’attentions, à le recevoir, à le défrayer pendant les voyages qu’il fait à Paris, au moins une ou deux fois l’an.

1735. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il s’est attaché quelque part à réfuter une définition que Cabanis a donnée du bonheur : « Le bonheur, dit Cabanis, consiste dans le libre exercice des facultés, dans le sentiment de la force et de l’aisance avec lesquelles on les met en action. » — « À cette condition, répond Maine de Biran, il n’est guère d’homme moins heureux que moi.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

On ne se figure guère le vif et cassant Mirabeau encadré dans ce coin voluptueux de Versailles, si près du boudoir et de l’alcôve royale.

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

[NdA] Frédéric lui-même rappelait Voltaire à l’ordre sur ce point, dans une lettre du 19 avril 1753, écrite dans le temps que s’imprimait cette réfutation où Voltaire, tout en se vengeant, n’était pas fâché de se donner comme le vengeur des rois : « Je n’ai point fait alliance avec vous pour que vous me défendiez, et je ne me soucie guère de ce que La Beaumelle s’est avisé de dire de moi ou de mon pays.

1738. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Je ne crois pas qu’elle ait visé à l’effet ; et c’est heureux, sa beauté et sa célébrité étant sur leur déclin : les débris nefont guère de sensation dans un pays de ruines.

1739. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Tout cela est dit en termes d’une fausse élégance, avec des tons demi-poétiques, des inversions d’adjectifs, « les délétères parfums, les monotones draperies… » Il ne lui reste plus, les autres mis ainsi de côté, qu’à inaugurer sa propre critique, à lui, la seule salutaire et la seule féconde, la seule propre à réconcilier l’art avec la religion, le monde et les honnêtes gens : « Telles sont, dit-il, après avoir posé quelques points, les questions que je veux effleurer ici, comme on plante un jalon à l’entrée d’une route. » Effleurer une question, de même qu’on plante un jalon, c’est drôle ; il n’y a guère de rapport naturel entre effleurer et planter ; qui fait l’un ne fait pas l’autre, et fait même le contraire de l’autre.

1740. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Le monde ne comprend guère autrement ces sortes de liaisons.

1741. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Ceux même qui ne connaissent ces choses d’Église que par le Lutrin, savent que la Discorde régnait en ce temps-là et se faisait gloire de diviser Cordeliers, Carmes, Célestins, Augustins : M. de Harlay rétablit la discipline et la paix dans ces camps séditieux ou dissolus n’était guère de communauté de l’un et de l’autre sexe, ou de corporation ecclésiastique, Doctrinaires, Prémontrés, Carmes, Moines de Cîteaux, Moines de Cluny, Jacobins, etc., dont il ne parvînt à remettre la règle en vigueur, à résoudre ou à assoupir les différends.

1742. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle a de beaux yeux et de belles dents, mais je pense qu’elle ne peut guère avoir eu jamais plus de beauté qu’il ne lui en reste, excepté la jeunesse. — Elle est polie et facile de manières, mais Allemande et ordinaire.

1743. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

On ne se figure guère le grand Corneille faisant son miel comme l’abeille : M. 

1744. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Beaucoup, dans cet état, tiennent des discours séditieux qui les consolent de leurs malheurs et de leurs misères. » Bientôt réduits en effet et diminués de plus de moitié par le mal et la contagion, les débris des Vaudois, ne montant guère en tout qu’à 3,500 âmes, purent émigrer et partir par bandes, du gré du duc de Savoie, et se diriger vers des pays hospitaliers ; ils allèrent à Genève, dans les Gantons protestants, en Wurtemberg et jusque dans le Brandebourg.

1745. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Ajoutons que si, au point de vue militaire et immédiat, la victoire de La Marsaille ne parut guère rien changer à l’état général des affaires, l’effet moral fut produit.

1746. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Necker, un ministériel de cette nuance ; il n’allait guère au-delà en politique.

1747. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Quand on parle de la sagacité infaillible de M. de Talleyrand, on oublie trop ce discours ; mais en fait de prophéties, on ne se souvient guère que de celles qui réussissent.

1748. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

M. de Sénancour n’écrivait, guère encore à cette époque ; il se plaisait plutôt à peindre le paysage dans le sens littéral du mot : en arrivant à un instrument plus général d’expression, il a négligé ce premier talent.

1749. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Il a dit ces choses à ma duègne, car, comme il n’était guère que deux heures de l’après-midi, je n’étais pas levée.

1750. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

De nos jours, les trois quarts des gens ne croient à rien après la tombe, et ne se doutent pas qu’ils sont athées pour cela ; ils font de la prose sans le savoir, en parfaite indifférence, et on ne le remarque guère.

1751. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Mais Bertrand, à ce métier du rêve, n’avait guère appris à se trouver capable d’un assujettissement régulier.

1752. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Je suis si convaincu de cette vérité sociale, que je ne passe guère dans les rues sans baisser la tête.

1753. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

On trouverait aujourd’hui une bonne demi-douzaine de romanciers, jeunes ou mûrs, les uns éminents, les autres au moins distingués, qui n’écrivent guère que sur la campagne et sur ses habitants.

1754. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Elle ne reporte guère chez lui à la chose présente, car elle n’arrête que rarement à un détail particulier et son apparition est trop rapide et trop intermittente pour faire retomber l’illusion évoquée ; mais, s’alliant avec le rythme personnel et la couleur d’esprit de ce poète, elle donne souvent à la strophe une puissance dont l’énergie inattendue ne permet point de sentir qu’elle rompt la trame de l’harmonie : elle est la sœur et la fille de cette morale de l’action qu’elle accompagne.

1755. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Quels que puissent être les féconds résultats de cette vertu d’âne et de cette maladie de débauché, je ne vois guère l’une ni l’autre chez Corneille, chez Rembrandt, chez Hugo, qui travaillaient vite et vivaient vieux… Mais allons-nous discuter sérieusement les aphorismes prétentieux de trop matériels ironistes ?

1756. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Quels que puissent être les féconds résultats de cette vertu d’âne et de cette maladie de débauché, je ne vois guère l’une ni l’autre chez Corneille, chez Rembrandt, chez Hugo, qui travaillaient vite et vivaient vieux… Mais allons-nous discuter sérieusement les aphorismes prétentieux de trop matériels ironistes ?

1757. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Or le monde d’une femme de clerc de notaire est trop étroit pour les crinolines à trente-six volants ; les salons où elle pourrait faire sa roue ne sont guère de ceux qu’elle peut fréquenter.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Il n’en parle guère que pour y joindre quelques aveux qui sont faits pour toucher.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

L’instinct de son sexe, c’est-à-dire son bon sens, lui dit bien tout bas par instants qu’elle a peu à attendre de lui, qu’elle peut à peine en tirer quelque réponse, qu’il n’est guère séant après tout à une femme de se jeter ainsi à la tête d’un homme bourru (fût-il grand écrivain), qui ne se soucie nullement d’elle et qui la rebute.

1760. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle s’éprit d’elle à l’instant, ou mieux, elles s’éprirent l’une de l’autre, et on le conçoit ; si on ne regarde qu’au mérite des esprits, il n’arrive guère souvent que le hasard en mette aux prises de plus distingués.

1761. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle avait fait graver sur ses jetons cette maxime : « L’économie est la source de l’indépendance et de la liberté. » Et cette autre : « Il ne faut pas laisser croître l’herbe sur le chemin de l’amitié. » Son esprit était de ces esprits fins dont Pascal a parlé, qui sont accoutumés à juger au premier abord et tout d’une vue, et qui ne reviennent guère à ce qu’ils ont une fois manqué.

1762. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat, une Jeanne d’Arc exposée avec plus de tenue et de simplicité, et sur laquelle la critique pourtant sache garder assez de prise pour n’y guère rien laisser qui ne soit de nature à satisfaire les esprits à la fois généreux et judicieux.

1763. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Ainsi donc, sans prétendre garantir l’opinion de Saint-Simon sur tel ou tel personnage, et en en tenant grand compte seulement en raison de l’instinct sagace et presque animal auquel il obéissait et qui ne le trompait guère, on ne peut dire qu’en masse il ait calomnié son siècle et l’humanité ; ou, si cela est, il ne l’a calomniée que comme Alceste, et avec ce degré d’humeur qui est le stimulant des âmes fortes et la sève colorante du talent.

1764. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il convient que son héros n’a guère aimé qu’une seule fois avec une sorte de tendresse : c’est dans l’affection qu’il eut pour son ami et camarade d’enfance, M. 

1765. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Il est vrai qu’un poème comme Jocelyn, exécuté et traité avec le soin que Jasmin apporte aux siens, coûterait huit ou dix années de la vie, et l’on n’aurait guère le temps de faire à travers cela une dizaine de volumes sur les Girondins ou les Jacobins, et une révolution de février, la chose et le livre à la fois, et toute cette série d’improvisations que nous savons et que nous oublions, ou que nous voudrions oublier.

1766. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Il ne fait guère d’exception favorable parmi eux que pour les Spartiates et les Macédoniens, peuples plus forts et plus durs : mais les Athéniens, il les rudoie, il les ignore, il les supprimerait s’il le pouvait.

1767. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

., dont on l’a taxé, et que Méziriac disait avoir remarquées jusqu’en « plus de deux mille passages » ; et cependant son mérite d’écrivain n’en est nullement atteint ; car ce mérite est d’un tout autre ordre, et il n’en est pas moins vrai, comme l’a dit Vaugelas, que personne n’a mieux su que lui le génie et le caractère de notre langue, n’a usé de mots et de phrases si naturellement françaises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces : Tous les magasins et tous les trésors du vrai langage français, continue Vaugelas avec son enthousiasme du bien parler et du bien dire, sont dans les ouvrages de ce grand homme, et encore aujourd’hui nous n’avons guère de façons de parler nobles et magnifiques qu’il ne nous ait laissées ; et, bien que nous ayons retranché la moitié de ses phrases et de ses mots, nous ne laissons pas de trouver dans l’autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade.

1768. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Quand il composera des ouvrages en prose, tels que son Histoire du droit municipal en France (1829), il ne fera guère autre chose que de mettre en ordre et de classer chronologiquement les notes recueillies dans ses recherches, que de vider ses sacs et de ranger ses matériaux par chapitres avec aussi peu de lien que possible.

1769. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Ce qui peut faire augurer que Retz, en effet, n’était guère propre à devenir autre chose que ce qu’il a été, c’est l’enthousiasme avec lequel il se laisse emporter, dès les premiers jours des troubles, à son rôle de meneur populaire.

1770. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

« J’ai souvent remarqué avec étonnement, dit encore Mme de Motteville, que dans ses jeux et dans ses divertissements ce prince ne riait guère. » On a une lettre par laquelle il demande au duc de Parme (5 juillet 1661) de lui faire venir un Arlequin pour sa troupe italienne : il le demande dans les termes du plus grand sérieux, et sans le moindre petit mot de gaieté.

1771. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Cette conviction partagée par les autres, et exprimée par un sentiment d’admiration et de reconnaissance, cause une félicité dont celui qui ne l’a pas éprouvée ne peut guère avoir l’idée.

1772. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Il le sentait bien au reste ; dans son Pamphlet des pamphlets il a fait sa théorie tout à sa portée et à son usage ; mesurant la carrière à son haleine, il a posé en principe qu’il fallait faire court pour faire bien : La moindre lettre de Pascal, dit-il, était plus malaisée à faire que toute l’Encyclopédie… Il n’y a point de bonne pensée qu’on ne puisse expliquer en une feuille, et développer assez ; qui s’étend davantage, souvent ne s’entend guère, ou manque de loisir, comme dit l’autre, pour méditer et faire court.

1773. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Le peu de notes qu’on a publiées de lui, et où il fait son portrait, ont donné à sa physionomie une vie et un naturel qui est mieux que de la majesté : « Plutarque me charme toujours, disait-il ; il y a des circonstances attachées aux personnes qui font grand plaisir. » Né le 18 janvier ‌1689, au château de La Brède, près de Bordeaux, il sortait d’une famille de robe et d’épée, de bonne noblesse de Guyenne : « Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, disait-il, n’ayant guère que deux cent cinquante ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis attaché. » Son père, qui avait servi, après s’être retiré de bonne heure, soigna fort son éducation ; le jeune Montesquieu fut destiné à la magistrature.

1774. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il avait dès l’enfance un goût passionné pour la lecture ; la bibliothèque de son père, on peut le croire, n’était guère riche ni bien fournie ; elle consistait surtout en livres de polémique religieuse.

1775. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

retournez toutes ces propositions si vous voulez lui plaire : ne vous occupez guère de lui, mais ayez l’air de vous en occuper beaucoup ; parlez de lui sans cesse aux autres, même en sa présence, et ne soyez point la dupe de l’humeur qu’il vous en marquera. » Il ajoutait avec raison et ne cessait de redire que, déjà atteint de manie secrète, cette solitude absolue de l’Ermitage achèverait d’échauffer son cerveau et d’égarer son idée : et vers la fin de ce séjour, au moment où les soupçons et les extravagances de Rousseau commençaient à éclater : « Je ne saurais trop le dire, ma tendre amie, écrivait Grimm, le moindre de tous les maux eût été de le laisser partir pour sa patrie il y a deux ans, au lieu de le séquestrer à l’Ermitage.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

On ne retrouve guère des gens qui ont tant d’esprit joint avec tant de candeur et de sentiment.

1777. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

., ont en commun le caractère essentiel d’être des moyens d’expressions peu représentatifs, et contenant un minimum d’images expresses : évidemment, ces moyens, à part le fait même qu’étant esquissés, on peut les compléter selon sa fantaisie, et qu’ils ne risquent guère ainsi de heurter le goût de personne, provoquent dans l’esprit ou dans les sens chargés d’en extraire une image définie, un effort, une excitation, un plaisir de divination et de composition, un ébranlement diffus qui est déjà un commencement d’émotion d’autant plus esthétique qu’elle est absolument dénuée de tout coefficient de peine ou de plaisir. « Comme il faut plus d’énergie, dit Dumont (Théorie scientifique de la sensibilité) pour retrouver un objet sous un signe indirect que sous un signe direct, on fournit à l’entendement occasion d’employer plus de force disponible et par conséquent d’éprouver plus de plaisir. » Le profit que l’on a à employer ce moyen d’expression qui est le propre de la poésie, est malheureusement combattu par la fatigue qu’il cause et les images peu définies, c’est-à-dire peu associables, que l’on en extrait.

1778. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Voilà un Olympe guère ressemblant.

1779. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

A ce point de vue, qui n’est guère celui de la critique classique d’autrefois, les grands écrivains de la France perdent en quelque sorte leur individualité ; ils ne sont que les moments différents de l’évolution de l’idée : ils en expriment les diverses étapes.

1780. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

1 Voici un assez joli volume, intitulé, un peu… cauteleusement : Œuvres de Rivarol, quoiqu’il n’en soit guère qu’une faible partie.

1781. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Deux négations valent une affirmation en grammaire, mais, métaphysiquement parlant, une affirmation et une négation combinées ne peuvent guère donner pour résultat que du scepticisme, et effectivement, sous les girandoles allumées de la brillante imagination de Heine et sous les sensations très vives qu’il exprime, on n’a conscience que d’un scepticisme de poète qui s’agite dans l’image et ne creuse pas jusqu’à l’idée.

1782. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Combien plus bizarre encore, si l’on remarque qu’elles ne persistent guère que chez les poètes et chez M. 

1783. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Comme il parle de tout ce qu’il sait, et qu’il n’a point nommé Pindare, Eschyle ni Sophocle, je croirais que, peu versé dans leur langue, de la poésie grecque il ne connaissait guère qu’Homère, le poëte souverain.

1784. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

La sympathie pour tout le monde, inventée par Voltaire, la sympathie pour les pauvres, inventée par Rousseau, n’y paraissent guère. […] Les soldats n’étant guère persuadés, Cyrus promit à chacun d’eux trois demi-dariques par mois au lieu d’un darique, et ils se remirent en marche. […] Lorsqu’il apprend que d’Antin veut être pair, « à cette prostitution de la dignité », les bras lui tombent ; il s’écrie amèrement que « ce triomphe ne coûtera guère sur des victimes comme lui ». […] Voilà pourquoi ce portrait de l’abbé Dubois est un chef-d’œuvre : « C’était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d’esprit, qui était en plein ce qu’un mauvais français appelle un sacre, mais qui ne se peut guère exprimer autrement. […] En rassemblant toutes les littératures, vous ne trouveriez guère que trois ou quatre imaginations aussi compréhensives et aussi nettes que celle-là.

1785. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

On n’a guère ajouté au fonds ancien que l’adultère. […] Mais dans le drame, où les actions les plus folles de Goriot nous sont présentées toutes nues, on ne voit plus guère que ce qu’il y a de proprement morbide dans son affaire, et nous en ressentons plus d’étonnement que de pitié. […] la Vertu ne l’est guère plus brillamment. […] Ailleurs, — là où les propos des personnages suffisent à nous apprendre ce que nous voulons savoir d’eux, — l’œuvre est vraiment belle, et nous pouvons jouir alors d’une vérité de transcription qui n’a guère été dépassée. — Et, au surplus, il vaut encore mieux, pour le progrès de l’art, tenter, à ses risques et périls, de se passer des conventions nécessaires que de se soumettre bassement et du premier coup à toutes les conventions, même superflues. […] Fériaud, qui est le moins jaloux des hommes, moitié parce qu’il n’aime guère sa sa femme, moitié parce que c’est un garçon très sûr de lui, a laissé son vieux camarade venir quotidiennement dans la maison.

1786. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

À propos de ce patriotisme, disons, en manière de parenthèse, que l’orgueil national anglais n’est guère moins insupportable pour un esprit bien fait que la vanité nationale des Français. […] Il n’y a guère de personnage de cette époque qui n’ait été don Quichotte au moins deux ou trois fois dans sa vie. […] Le ministre gallois d’ailleurs ne sait guère du monde que ce qu’il en a pu voir dans sa paroisse. […] Ce n’est guère qu’à partir de la publication de Tristram Shandy qu’il se mêla beaucoup aux hommes et aux choses, et cette publication, qui date de 1760, fut suivie d’assez près par la mort de l’auteur, arrivée en 1768. […] Sterne se trouvait tout naturellement désigné pour l’Église ; sa pauvreté ne lui laissait guère le choix d’une autre carrière, et c’était en outre dans l’Église qu’il avait ses appuis les plus solides.

1787. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

La destinée de ce libertin blasé ne nous touche guère. […] Et pourtant Jacquemont ne sait guère flatter leurs habitudes : à table, tandis que les Anglais s’abstiennent religieusement de tout mélange d’eau avec les vins les plus recherchés d’Espagne et de Portugal, lui ne boit que de l’eau sucrée ; les Anglais font trois repas par jour, lui déjeune avec du thé et dîne avec du riz. […] « À Cachemyr, dit Jacquemont, il n’y a guère plus de chance de souper pour celui qui laboure, file ou rame tout le jour, que pour celui qui, en désespoir de cause, dort tout le jour à l’ombre d’un platane. » Au Cachemyr comme en Italie, c’est donc la même cause qui condamne les peuples à dormir et les rois à veiller.

1788. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Une entreprise comme celle de Fichte, quoique plus philosophique que celle de Spencer, en ce qu’elle respecte davantage l’ordre véritable des choses, ne nous conduit guère plus loin qu’elle. […] On conçoit (quoiqu’on n’arrive guère à l’imaginer) que de l’énergie puisse être mise en réserve et ensuite dépensée sur des lignes variables courant à travers une matière non encore solidifiée. […] Entre cette vitalité, vague et floue, et la vitalité définie que nous connaissons, il n’y aurait guère plus de différence qu’il n’y en a, dans notre vie psychologique, entre l’état de rêve et l’état de veille.

1789. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos, qui ne le cite guère que pour le critiquer, aurait dû dire : « Je l’abrège, je le tronque, je le copie à chaque page, et, si je vous intéresse en y mêlant çà et là quelques traits de moi, honneur avant tout à lui ! 

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Cette hostilité à l’Église établie et déjà persécutée, cet orgueilleux sentiment rival qu’on ne s’attendrait guère à trouver chez un homme de paix et d’humilité, se désarmera un peu vers la fin de sa carrière.

1791. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

[NdA] En matière de propriété, Saint-Martin avait une doctrine très large et qui ne diffère guère de celles que nous avons vu professer de nos jours par quelques-unes des écoles socialistes les plus avancées : Quoique ma fortune souffre beaucoup de la Révolution, disait-il, je n’en persiste pas moins dans mon opinion sur les propriétés ; j’y peux comprendre particulièrement les rentes.

1792. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il s’en console pour lui-même, en se disant comme Valincourt après un incendie : « Je n’aurais guère profité de mes livres, si je n’avais appris d’eux à m’en passer. » Il ne la regrette que pour son jeune ami à qui il la destinait, et il lui donne en même temps les raisons pour lesquelles cette perte doit lui être moins sensible dans les circonstances : « Le cours des idées, dit-il, augmente ou diminue le prix des choses et dirige vers d’autres objets l’intérêt et la curiosité.

1793. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dans sa lettre au ministre, il énumère ses raisons : il rappelle qu’il n’est guère propre à servir sous un autre et sous un prince.

1794. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Dans cette même Dissertation, l’abbé de Pons soulevait vers la fin une autre matière à procès : il plaidait pour la prose contre les vers, il niait les vers et leur charme : « Les vers ne plaisent point par eux-mêmes ; il nous a fallu un long commerce avec eux pour n’être guère choqués de leur démarche affectée, de leur air contraint. » Il n’y voyait donc que de la singularité et de la gêne imposées par une convention arbitraire, et nuisibles à l’excellence de la diction, à son naturel, à sa vérité.

1795. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Quant aux particularités de son naturel, il l’a extrêmement vif et si actif, que, à quoi qu’il s’adonne, il s’y met tout entier, ne faisant jamais guère qu’une seule chose à la fois.

1796. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

» Masséna s’approcha aussi et fit cette harangue d’un autre ton : « Camarades, vous avez devant vous 4000 jeunes gens appartenant aux plus riches familles de Vienne ; ils sont venus en poste jusqu’à Bassano : je vous les recommande. » — « Cette harangue, parfaitement comprise, ajoute Pelleport, nous fit rire. » Dans tout ceci, il n’est guère question d’avancement pour Pelleport, toujours brave, toujours sous-lieutenant, et jamais pressé.

1797. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Au sortir des Tuileries, prenant un jour M. de La Fayette à la cantonade, il lui disait : « On ne peut guère, auprès du pouvoir, répondre de soi-même.

1798. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

On n’a guère à s’inquiéter de savoir comment on se tiendra au niveau et au courant : pour peu que vous soyez en vue, tout vous arrive, vous envahit, force la consigne, entre par la porte, par la fenêtre.

1799. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Le moment politique était des plus critiques à cette heure ; on était la veille de l’avènement du parti déjà tout-puissant, et la philosophie ainsi que l’université n’avaient guère faveur, comme on sait, auprès des royalistes : une pareille conduite connue et dénoncée compromettait l’Université au plus haut degré.

1800. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

On a besoin pour les admirer, dit-il, de songer aux difficultés qu’ont coûtées à construire ces énormes monuments et aux quarante siècles dont l’éloquence de Bonaparte les a couronnés ; mais « il y a derrière eux ce grand coquin de désert qui est autrement imposant. » Il ne se pique pas, depuis douze jours qu’il est arrivé, d’avoir une idée faite sur le pays ; son premier coup d’œil pourtant ne le trompe guère, et ce Méhémet-Ali tant vanté ne lui paraît que ce qu’il était en effet, un administrateur-exacteur mieux entendu, un pressureur de peuple plus habile : « Les gens qui en attendent des progrès comme civilisation se trompent lourdement.

1801. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Variez ainsi le chiffre, selon les noms, depuis un jusqu’à cinq ; demandez même au vieux siècle de vous donner les trois ou quatre dernières années de grâce auxquelles il ne tient guère, et vous aurez, en sept ou huit ans, toute la couvée réunie, tout le groupe27.

1802. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

La première, en date, la romane, qui n’employait guère que le plein-cintre, se rattache plus sensiblement aux traditions romaines, bien que ce rapport de ressemblance soit plus superficiel que réel et que de nouveaux principes, introduits déjà, la dirigent.

1803. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Bref, il convient de lire tout ce vivant et fin portrait, à côté duquel celui que j’ai tracé ne peut plus guère paraître qu’un ensemble de pièces à l’appui.

1804. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il n’avait guère que vingt-cinq ou vingt-six ans et paraissait aussi jeune que ses élèves.

1805. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant.

1806. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

J’ai pris un grand plaisir à l’entendre lire, il y a quelques mois, dans un temps où je n’étais guère capable d’une application continue ; cette notice m’a touché à la fois par la singularité de la destinée individuelle qu’elle retrace, et par les réflexions morales et humaines qu’elle suggère : je me suis promis d’en faire part à mes lecteurs, à mon premier loisir, et de les associer, s’il se peut, aux sentiments que j’avais éprouvés moi-même au récit de cette simple et véridique histoire.

1807. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Depuis longtemps déjà il n’était guère qu’un prête-nom, et d’autres que lui parlaient par sa bouche.

1808. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

On aura remarqué ce titre d’adjudant-commandant, qui n’est guère usité et qui ne se donnait pas en effet dans le langage courant.

1809. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

On le sait maintenant, grâce aux travaux qui se poursuivent avec ardeur et qui ne remontent guère au-delà de ces trente dernières années : dans le haut moyen âge, époque complète, époque franche, qui, sortie d’un long état de travail et de transformation sociale, avait rempli toutes ses conditions et s’était suffi à elle-même, la langue, la littérature française qui était née dans l’intervalle, qui était sortie de l’enfance, qui était arrivée à la jeunesse (de même que l’architecture, que la théologie, que la science en général et que les arts divers), avait eu son cours de progrès et de croissance, une sorte de premier accomplissement ; elle avait eu sa floraison, son développement, sa maturité relative : poétiquement, une belle et grande végétation s’était produite sur une très-vaste étendue, à savoir l’épopée historique, héroïque.

1810. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il n’eut rien de Werther, il ne connut guère Byron de bonne heure, et même il en savait peu de chose au delà du renom fantastique qui circulait, quand il lui adressa sa magnifique remontrance.

1811. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

» Arthur, qui n’est pas un ouvrage composé, ni qui sente le talent de profession, Arthur, qui n’est guère peut-être qu’une suite de débris, de soupirs, de souvenirs et d’espérances, mais où le souffle est le même d’un bout à l’autre, et où l’esprit, vrai parfum, unit tout, sera, nous le croyons, une lecture propice et saine, et reposante, à bien des âmes fatiguées, à bien des palais échauffés, un correctif, au moins d’un moment, à tant de talents plus brillants que sincères, à tant d’enthousiasmes dont la flamme est moins au cœur qu’au front ; Arthur, si l’amitié et trop de conformité intime ne nous abusent, Arthur vivra et conservera le nom de son auteur, qui n’a plus à se repentir littérairement de ses écarts, de sa venue hâtive, de ses plaisirs distrayants et de ses faiblesses paresseuses, puisque, de tant d’imperfections éparses, il lui a été donné un jour (ô nature douée avec grâce !)

1812. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

L’imagination n’était guère encore en éveil que chez les talents d’élite.

1813. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe n’avait guère de passion politique, et son couplet libéral très-léger, ses guerriers et ses lauriers, n’étaient çà et là que l’indispensable pour panacher ses pièces.

1814. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il y a plus : on peut, en thèse générale, soupçonner qu’il ne se trouvera plus guère, dans les chemins battus par l’école moderne, de fruits immédiats à cueillir, et que, si l’on a encore à courir quelque temps ainsi, ce n’est qu’en sortant de ce qui fait déjà ornière que l’imprévu recommencera.

1815. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Et comme quelques-uns se récriaient sur ce lustre tracé au compas, M. de Malezieu, l’oracle, et qui avait connu La Bruyère, cita de lui ce mot : « En amour, il n’y a guère d’autre raison de ne s’aimer plus que de s’être trop aimés. » M. de Murçay et Mme de Pontivy se regardèrent et rougirent ; ils se taisaient dans une même pensée plus sérieuse que tous ces discours.

1816. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Il croit à une transfiguration et à une régénération complète, là où je ne vois guère qu’une métamorphose.

1817. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

M. de Chateaubriand s’imagina qu’il était généreux à lui de venir au secours de Fontanes, lequel n’avait guère besoin d’aide, et aurait eu besoin plutôt de modérateur : dans une Lettre écrite à son ami, mais destinée au public, et qui fut en effet imprimée dans le Mercure, il prit à partie la doctrine de la perfectibilité en se déclarant hautement l’adversaire de la philosophie.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Marot n’a guère parlé de la nature, sauf quelques jolies réminiscences de sa rustique enfance, de son Querey natal.

1819. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

C’est un bourgeois de Paris, de vieille bourgeoisie parisienne, né et élevé entre la Sainte-Chapelle et le Palais, mort au Cloitre-Notre-Dame, et qui dans ses soixante-dix ans de vie n’a guère quitté Paris que pour Auteuil ; quelques séjours à Bâville, chez Lamoignon, ou à Hautisle, chez Dongois, deux voyages à la suite du roi, une saison à Bourbon, épuisent la liste des déplacements de ce Parisien renforcé.

1820. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

L’habitude de la méditation et du repliement sur soi ne développe guère le don d’inventer des histoires, des combinaisons extraordinaires d’événements.

1821. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Ces portraits si achevés, nous en traçons tous les jours des ébauches, dans ces conversations où nous ne ménageons guère que nous-mêmes et ceux qui nous écoutent.

1822. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Car le paradoxe n’est guère qu’apparent, attendu que le philosophe eût été de second ordre, parce que manquant d’envolée et à cause surtout de la grande sensibilité de l’homme.

1823. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

La vieille littérature hébraïque n’offre guère d’autre catégorie d’hommes que le bon et le méchant ; et, dans la littérature indienne, c’est à peine si cette catégorie existe.

1824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre.

1825. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Cet aigle ne se trompait guère : si l’on classait les phases de l’esprit humain comme les périodes géologiques de la terre, c’est dans l’âge de pierre qu’il faudrait ranger le génie d’Eschyle.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

En abordant toutefois ce genre d’esquisse, j’ai voulu commencer par un sujet tout à fait sûr, et me prendre à quelqu’un qui ne laissât guère lieu à une diversité de jugements.

1827. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il était lors deux heures après minuit, et le bon Louis XVI, sans douté dans les bras du sommeil, ne s’attendait guère à cette proclamation, à recevoir, à son lever, une médaille, et qu’on lui ferait chanter, avec toute la Cour, un fâcheux Te Deum pour tout le bien qu’il venait d’opérer.

1828. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle n’a guère jamais été ici qu’en passant et en se jouant, comme dans un tournoi.

1829. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Le difficile était de le lui faire comprendre, car le respect dans lequel se retranchait Lauzun n’y laissait guère d’accès.

1830. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

On remarquait enfin dans toute sa toilette une exagération des modes du jour qui ne s’accordait guère avec le bon goût des gens de cour.

1831. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Elle l’assurait du suffrage de ses amis, qui étaient fort nombreux dans cette compagnie : « On a même essayé de tourner en ridicule, dit-il, ce qui est une chose très réelle : c’est que l’on n’était guère reçu à l’Académie que l’on ne fût présenté chez elle et par elle.

1832. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Aussi brusquement laissé qu’il avait été pris, il nous fait ensuite assister à ses peines, à sa désolation et à sa consolation, qui ne tarda guère ; elle lui vint de la part de la célèbre actrice Mlle Clairon, qui était de son âge et qui sentit au théâtre ses succès.

1833. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

» Il assigna aux 10 000 hommes du maréchal des mouvements et des positions, et, sur la remarque que lui fit Marmont que, loin de disposer de 10 000 hommes qu’il n’avait plus depuis longtemps, il n’en avait guère alors que la moitié, l’Empereur (soit calcul, soit oubli) continua de raisonner dans la supposition des 10 000.

1834. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Il demande de la patience et du temps pour ceux qui gouvernent : Un ministère, quel qu’il soit, ne peut guère être aujourd’hui (6 septembre 1830) que l’inactif spectateur de cette sorte de refonte de l’esprit public.

1835. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

De même, sur le goût, il n’a guère à produire que des généralités incontestables : pourtant il y mêle des pensées des anciens, et c’est ici que le mérite et l’utilité se font sentir.

1836. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mme de Sévigné, qui, en revenant de Provence de chez Mme de Grignan, visitait Cosnac dans son évêché de Valence où il était avant de devenir archevêque d’Aix, écrivait à sa fille, le 6 octobre 1673 : « M. de Valence (Cosnac) m’a envoyé son carrosse avec Montreuil et Le Clair, pour me laisser plus de liberté : j’ai été droit chez le prélat ; il a bien de l’esprit ; nous avons causé une heure ; ses malheurs et votre mérite ont fait les deux principaux points de la conversation. » Ses malheurs ; — en effet, Cosnac, qui n’avait guère que quarante-trois ans à l’époque où Mme de Sévigné en parlait de la sorte, et qui était évêque depuis l’âge de vingt-quatre ans, avait eu jusque-là une vie très active, très intrigante (comme il le dit lui-même, en ne prenant pas le mot en mauvaise part), et très bigarrée.

1837. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Et c’est toujours en homme lésé et dupé, en homme généreux et désintéressé, ne visant qu’au bien d’autrui et ne marchandant pas d’ailleurs son plaisir, que Voltaire fait des siennes dans cette terre de Tourney, et qu’il se passe tous ses dégâts et toutes ses lésines : Je mets mon plaisir à rendre fertile un pays qui ne l’était guère, et je croirai, en mourant, n’avoir point de reproches à me faire de l’emploi de ma fortune… Je continue très certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres… J’ai tout lieu de me flatter que vous ne me troublerez pas dans les services que je vous rends, à vous et votre famille.

1838. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

— B…, toujours traité en enfant gâté, dont la volonté et les caprices sont des ordres, ne quittait guère le foyer paternel, où il prenait des habitudes d’oisiveté et de paresse. — N’ayant eu pour le soutenir ni l’affection, ni les conseils de sa mère ; mal surveillé, mal dirigé par un père trop faible qui, toujours en admiration devant son fils, lui passait tous ses caprices, excusait toutes ses fantaisies, à dix-huit ans B… était sceptique et frondeur, ne croyant ni à Dieu ni à diable. — Il était homme à ne reculer devant rien, à n’être arrêté par aucun scrupule. — Aveuglé par son amour paternel, C… ne suivit pas les progrès incessants du mal, cette gangrène morale qui s’empare du cerveau d’abord pour descendre ensuite au cœur. — Il faut que jeunesse se passe. » Voilà le genre.

1839. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

. — La théorie du style n’a guère été faite jusqu’ici qu’à un point de vue purement littéraire, ou, chez Spencer, au point de vue un peu trop mécanique de la « moindre dépense de force et d’attention ».

1840. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ».

1841. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Combattre un calcul ou une expérience par un nom, par un texte, par une autorité, n’est plus dans nos mœurs, et l’on ne serait guère accueilli à l’Académie des sciences en invoquant l’autorité d’Aristote ou de saint Thomas contre une démonstration de Laplace ou d’Ampère ; mais il n’en a pas toujours été ainsi.

1842. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Or, on conviendra aisément que, si les actions de l’âme sont gouvernées par les mêmes lois que la chute des pierres, on ne voit guère par où elles mériteraient d’être appelées libres.

1843. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Quelques-unes de leurs peintures que l’on voit encore sur les murailles de leurs temples, ne s’élèvent guère, pour la composition, au-delà du faire des Chinois.

1844. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

On ne trompe guère impunément ni les hommes ni les enfants ; et peut-être vaudrait-il mieux exagérer à ceux-ci la difficulté de leur tâche que la leur dérober.

1845. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Un catéchisme d’autant plus utile aux peuples qu’on n’avoit guères que ce moyen de tenir présentes à leurs esprits et à leurs yeux, et de graver dans leur mémoire, les actions des dieux, la théologie du tems.

1846. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

La preuve, c’est que me trouvant dernièrement à Bagnères-de-Luchon, j’ai eu beau éplucher les listes périodiques de voyageurs, je n’ai guère pu constater la présence que de quinze ou seize Parisiens, en comptant les Parisiennes.

1847. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ce n’est guère un récit que je tente, c’est plutôt une confession votive que j’exhale, un regret que j’exprime à l’illustre disparu, ou, suivant la parole charmante de la Duchesse de Clermont-Tonnerre, à propos de Remy de Gourmont, un « tardif envoi de pleurs »c que je lui fais.

1848. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Quoique le génie de lord Byron ne passionne plus l’Angleterre actuelle — l’Angleterre de Tennyson et de Carlyle — et que la gloire du pèlerin de Child-Harold ne soit plus guère, dans son pays, que le marbre officiel et guindé de beaucoup de gloires enterrées à Westminster, cette académie de tombeaux, on s’était cependant ému en Angleterre du livre de M. 

1849. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ils n’ont guère varié que sur la date et l’apparition de ces principes dans l’histoire du monde.

1850. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Sainte-Beuve a-t-il perdu ce don d’originalité inestimable qu’il avait à vingt ans, c’est-à-dire, à l’âge où l’on n’a guères, même avec du talent et de l’avenir, que la folie de l’imitation, quand on n’en a pas la niaiserie ?

1851. (1925) Comment on devient écrivain

Nos meilleurs écrivains aujourd’hui ne s’expriment guère autrement. […] Évitez avant tout ce genre d’esprit facile, qui fait dire à un jeune auteur, à propos de son chien et à la manière de Sterne : « Je résolus de lui faire observer que la vie qu’il menait autour de nous ne convenait guère à un chien de bonne maison. […] Il ne s’agit pas ici d’intérêts littéraires, mais d’intérêts sociaux, d’intérêts mondains, car un livre peut très bien réussir sans la critique et même contre elle, et la critique ne contribue guère à la formation des réputations. […] Le songe de la princesse palatine eût embarrassé, sans doute, un autre orateur ; et il faut avouer que l’histoire d’un poussin enlevé par un chien sous les ailes de sa mère n’était pas aisée à ennoblir dans une oraison funèbre, où la narration d’un pareil songe ne semblait guère pouvoir être admise. […] On cite le mot de Boileau : « Aimez qu’on vous conseille et non pas qu’on vous loue », mais on ne le met guère en pratique.

1852. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Lui même, il fallait bien l’avouer, malgré ses facultés d’organisateur, ne s’entendait guère à conduire une maison, tandis qu’il était homme à mener la province d’Alger tout entière. […] PREMIER VALET Le seau ne pesait guère tantôt. […] Je ne te demande guère : une minute, un baiser ! […] Depuis neuf ans, il était à Madrid, sous le prétexte d’étudier la médecine, et, s’il ne fréquentait guère la Faculté, il n’y avait petit ou grand journaliste qu’il ne tutoyât. […] La conversation n’était guère plus active avec Mme de Valenzuela et sa fille.

1853. (1902) La poésie nouvelle

Ils sont extrêmement différents entre eux : Gustave Kahn et Verhaeren, Vielé-Griffin et Francis Jammes, Moréas et Henri de Régnier ne se ressemblent guère. […] Il n’y a guère de mysticisme chez eux : la vague religiosité lyrique que l’on trouve chez les Hugo, les Musset et les Lamartine a disparu ; le nirvâna de Leconte de Lisle est la négation du merveilleux bien plus encore qu’il n’est du bouddhisme, et le Zénith de Sully-Prudhomme, par exemple, est strictement conforme aux idées d’Auguste Comte.‌ […] La préoccupation de l’Inconnaissable ne se trahit guère chez lui ; son intention n’a pas été d’orner de mythes ingénieux les obscures régions du mystère, ni de substituer de hardies intuitions aux données de la pensée discursive. […] Il est rare qu’il l’allonge extrêmement et, en général, il ne l’étend guère au-delà des limites anciennes de l’alexandrin, « question d’oreille et de goût », dit-il, n’éprouvant pas le besoin d’amplifier à l’excès les éléments de la période poétique106.‌

1854. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Cela ne ressemble guère à celle de la Harpe. […] — J’y venais prendre, lui dis-je, quelques commentateurs d’Aristote pour les lire pendant que j’en ai le loisir, ce que vous savez qui ne nous arrive guère ni à l’un ni à l’autre. — Que j’aurais bien mieux aimé, dit-il, que votre goût eût incliné pour les stoïciens !

1855. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

La vérité cornélienne n’a guère qu’une expression, une forme, un style : c’est le sublime. […] Aussi disait-il, pour marquer le dernier degré d’avancement de ses pièces : « Je n’ai plus que les vers à faire. » Mot profond, qu’on n’attendait guère du poète qui passe pour avoir donné le plus de soin aux vers.

1856. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Au fond j’ai beaucoup lu, avant d’être homme de lettres, et très peu, depuis que je le suis, ne lisant guère que les livres documentaires, qui peuvent me servir pour mes travaux, et je me demande, si mon originalité ne vient pas un peu de cela, qui ne me fait pas du tout un réminiscent. — Je suis bien plus un méditant qu’un liseur. […] Je n’ai guère rencontré de bien, dans les deux volumes, que cette phrase : « l’arrêté, le tendu de la peau, qu’a seulement une vierge ».

1857. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Nul homme n’étant l’expression intégrale d’un siècle — et c’est tant mieux, en somme, pour l’humanité tout entière, qui n’a toujours que trop pâti des héros et des dieux — je ne vois guère qui je pourrais appeler exclusivement mon poète en ce temps saturé de journalisme. […] Mais notre enquête étant à peu près limitée en fait à la période romantique, je ne vois guère le moyen de faire un choix de sympathie parmi des gens qui ne m’émeuvent pas.

1858. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

C’était son intérêt, car son adoption partielle du néo-platonisme aristotélicien lui permettait de rallier à lui la pensée philosophique, et ses emprunts aux anciennes religions devaient aider une religion nouvelle, de direction opposée, n’ayant guère de commun avec celles d’autrefois que le nom, à devenir populaire. […] Par là, le Dieu d’Aristote n’a rien de commun avec ceux qu’adoraient les Grecs ; il ne ressemble guère davantage au Dieu de la Bible, de l’Évangile.

1859. (1842) Discours sur l’esprit positif

Si donc le privilège de la cohérence logique a désormais irrévocablement passé à l’esprit positif, ce qui ne peut guère être sérieusement contesté, il faut dès lors reconnaître aussi en lui l’unique principe effectif de cette grande communion intellectuelle qui devient la base nécessaire de toute véritable association humaine, quand elle est convenablement liée aux deux autres conditions fondamentales, une suffisante conformité de sentiments, et une certaine convergence d’intérêts. […] D’après leur nature absolue, et par suite essentiellement immobile, la métaphysique et la théologie ne sauraient comporter, guère plus l’une que l’autre, un véritable progrès, c’est-à-dire une progression continue vers un but déterminé. […] À la majeure partie de ceux qui, la reçoivent, elle n’inspire guère désormais qu’un dégoût presque insurmontable de tout travail intellectuel pour le cours entier de leur carrière : mais ses dangers deviennent beaucoup plus graves chez ceux qui s’y sont plus spécialement livrés.

1860. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Laplace la formulait déjà avec la plus grande précision : « Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’Analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux 18. » Et Du Bois-Reymond : « On peut imaginer la connaissance de la nature arrivée à un point où le processus universel du monde serait représenté par une formule mathématique unique, par un seul immense système d’équations différentielles simultanées, d’où se tireraient, pour chaque moment, la position, la direction et la vitesse de chaque atome du monde 19. » Huxley, de son côté, a exprimé, sous une forme plus concrète, la même idée : « Si la proposition fondamentale de l’évolution est vraie, a savoir que le monde entier, animé et inanimé, est le résultat de l’interaction mutuelle, selon des lois définies, des forces possédées par les molécules dont la nébulosité primitive de l’univers était composée, alors il n’est pas moins certain que le monde actuel reposait potentiellement dans la vapeur cosmique, et qu’une intelligence suffisante aurait pu, connaissant les propriétés des molécules de cette vapeur, prédire par exemple l’état de la faune de la Grande-Bretagne en 1868, avec autant de certitude que lorsqu’on dit ce qui arrivera à la vapeur de la respiration pendant une froide journée d’hiver. » Dans une pareille doctrine, on parle encore du temps, on prononce le mot, mais on ne pense guère à la chose. […] On sent bien aussi que, même si l’on s’en tient au monde organisé, il n’est guère plus facile de prouver que tout y soit harmonie. […] A vrai dire, quand on élimine tous les cas douteux, tous les faits susceptibles de plusieurs interprétations, il ne reste guère, comme exemples absolument incontestables de particularités acquises et transmises, que les fameuses expériences de Brown-Séquard, répétées et confirmées d’ailleurs par divers physiologistes 40.

1861. (1923) Paul Valéry

D’autre part, si un artiste s’intéresse à la destinée, parmi les hommes, de son œuvre, il ne s’intéresse guère à cette œuvre une fois produite. […] Il ne s’inquiète pas des difficultés que peut rencontrer le lecteur, à l’existence duquel il ne croit guère. […] Le poète, l’artiste, n’ont guère à débattre ce qu’ont fait leurs prédécesseurs, mais à y regarder immédiatement eux-mêmes.

1862. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Dimanche 28 août Dans le bois de Boulogne, là, où on n’avait guère vu que de la soie ou du drap riche, entre le vert des arbres, j’aperçois un grand morceau de blouse bleue : le dos d’un berger, près d’une petite colonne de fumée blanchâtre, et tout autour de lui des moutons broutant, à défaut d’herbe, le feuillage de fascines oubliées. […] En effet, la terrible canonnade de ce matin, ce n’est guère, comme elle le disait, que le bruit de tapis qu’on secoue. […] Tout son héroïsme aura consisté à manger du beurre fort dans ses haricots, et du rosbif de cheval au lieu de bœuf, et cela sans trop s’en apercevoir : le Parisien n’ayant guère le discernement de ce qu’il mange. […] Il décrit les lunettes de cette époque, rapprochant la planète de l’œil, à une distance guère plus grande que la distance de quatre-vingt-dix lieues, « en sorte, dit-il, que s’il y avait eu un monument, — et il cite toujours, quand il parle d’un monument, Notre-Dame de Paris — on aurait dû l’apercevoir comme un point.

1863. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

*** Montaigne pensait que là où Ronsard excellait, il n’était guère éloigné de la perfection antique. […] qui ne me fus guère Ny mère nourrice, ny mère, Me traînant ailleurs le destin… Belleau suivit René de Lorraine, duc d’Elbeuf, dans son expédition de Naples, et il le suivit non seulement comme savant, mais aussi comme guerrier. […] Guillaume Colletet n’aimait guère le talent de Jodelle, et il le mettait même au-dessous de Baïf et de Ponthus de Thyart. […] Son pinceau maigre, quoique étincelant, joue d’ordinaire sur un fond abstrait ; il ne prend guère de splendeur large que lorsque le poète songe à Buffon et retrace d’après lui la nature. […] Ils soutenaient qu’il était allé de chute en chute, et que l’art moderne ne lui réussissait guère plus que la routine.

1864. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La Bataille littéraire moderne ne commençant guère qu’à l’avènement des maîtres du Naturalisme, nous avons fixé à ce moment le point de départ de la reproduction de ces articles dont le succès a consacré la valeur. […] Zola ; il est tel sillon fraîchement remué qu’il vous décrira en poète grand comme Millet ; mais quand par malheur pour l’espèce humaine elle tombe sous sa main, il l’abaisse, l’avilit tant et si bien que le dégoût vous prend des agissements qu’il lui prête et que vous ne vous intéressez plus guère dans ses romans qu’à la partie nature morte de l’œuvre. […] Ce n’est là qu’un prélude, et, il faut bien le dire, les opinions politiques de Michel ne sont guère plus solides que ses affections. […] On avait ouï dire que c’était un conteur charmant, qu’il avait eu — comme acteur — une certaine vogue, qu’il était le créateur de Joseph Prudhomme, de Jean Iroux (et non pas Hiroux, comme on l’a tant de fois écrit), et d’autres types à jamais célèbres, mais on ne s’était guère, donné la peine de lire ses livres, et ses types, même les plus fameux, on ne les connaissait que sommairement.

1865. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le vicaire même du Roi universel la déconseille à nos Français, et les princes, s’abandonnant à l’esprit d’ignorance et de plaisir, en conservent une notion guère moins pure que celle des sujets. […] Ceux-là n’étaient cependant guère sages, car ils clouaient les crânes des voyageurs au tronc des arbres et s’imaginaient que les harpes suspendues aux branches des sycomores étaient touchées la nuit par les Esprits. […] Il ne sait pas grand’chose là-dessus ; il ne connaît guère que le bruit public. […] La médiocrité qui est l’incontestable partage de la moyenne des hommes n’est pas rigoureusement exigée lorsqu’on se mêle d’écrire ; et si l’on n’a point par devers soi quelque faculté ou quelque travail de plus, ce n’est guère la peine de livrer à J’impression exactement ce que chacun peut avoir dit dans les mêmes termes ou le matin ou la veille. […] Quand il quitte le bon, d’ordinaire, il rencontre le meilleur, et il est certain qu’il ne change guère de matière, que le lecteur ne gagne en ce changement… Ceci est encore de l’antithèse-type, sans mot d’auteur.

1866. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il savait ces choses, et il s’en inquiétait afin d’y répondre, et de ne pas négliger, au besoin, de se poser en victime ; mais, pourvu qu’il eût le roi pour lui, il ne s’en affligeait guère et ne s’en décourageait pas.

1867. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Royer-Collard fatigué et sentant sa robuste constitution fléchir se décide enfin à quitter la scène publique ; il renonce à faire partie de la Chambre et à continuer de siéger au sein de ces débats journaliers auxquels il n’assistait plus guère depuis longtemps que par son dédain et son silence.

1868. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Le poète supprime les superfluités : il ne fait pas dire à Turnus ce que Turnus ne peut savoir et ce qu’il n’aurait guère le temps de rappeler au fort de la mêlée.

1869. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle avait rencontré, en effet, sur sa triste route bien des amis qui n’avaient été ni insensibles ni inactifs ; mais elle-même avec sa pudeur délicate ne se prêtait guère aux bienfaits ; elle n’allait volontiers au-devant des services que quand c’étaient des services à rendre, non à recevoir.

1870. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Mais lorsque, deux ans après, parut le tome second de l’Indifférence, et que l’auteur développa sa théorie de la certitude, puis les applications successives de cette théorie au paganisme, au mosaïsme et à l’Église, l’attention publique, détournée ailleurs, ne revint aucunement ; sur ce terrain il n’y eut plus guère que le clergé, les théologiens gallicans et les personnes faites aux controverses philosophiques, qui le suivirent.

1871. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Dans le corps humain, on le sait trop, une humeur âcre, qui est restée longtemps vague et générale, menaçant et affectant toute l’organisation, ne se guérit guère qu’en se jetant et se fixant en définitive sur un point déterminé.

1872. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Au reste, il n’est guère à craindre qu’un tel genre, excellent dans l’application présente, devienne bien contagieux.

1873. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Il n’en fut guère soulagé, et quoiqu’il ne mangeât rien à souper, et qu’il se couchât de fort bonne heure, il fut plus tourmenté pendant la nuit des douleurs qu’il avait ressenties pendant le jour, et auxquelles se joignirent des maux de reins.

1874. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Un poète du dix-huitième siècle n’a guère à sa disposition que le tiers environ du dictionnaire, et la langue poétique à la fin sera si restreinte que, lorsqu’un homme aura quelque chose à dire, il ne pourra plus le dire en vers.

1875. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Car le pacte social ne tolère pas une religion intolérante ; une secte est l’ennemi public quand elle damne les autres sectes ; « quiconque ose dire hors de l’Église point de salut doit être chassé de l’État »  Si enfin je suis libre-penseur, positiviste ou sceptique, ma situation n’est guère meilleure. « Il y a une religion civile », un catéchisme, « une profession de foi dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas précisément comme dogmes de religion, mais comme sentiments de sociabilité, sans lesquels il est impossible d’être bon citoyen ou sujet fidèle ».

1876. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Mais elles n’étaient plus continues et ne se produisaient guère que le matin, aussitôt après le lever.

1877. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Je ne saurais guère rien dire qui ne me paraisse faux un moment après.

1878. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Chose inouïe pour toutes ces âmes qui n’avaient pas cessé d’être chrétiennes, mais qui ne n’étaient plus guère que par les sens et l’habitude, de connaître enfin, par l’intelligence et le raisonnement, la grandeur de leur croyance, et de retrouver leurs titres d’enfants de Dieu !

1879. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

On ne peut guère toucher au libre arbitre sans voir se poser l’objection de la responsabilité morale, qui sans lui ne peut subsister, dit-on.

1880. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

La Ciguë Au point de vue de l’art pur, de la correction ornée de la forme, l’auteur n’a guère surpassé La Ciguë.

1881. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Ce fils ne semble guère plus compter dons sa vie de luxe qu’un marmouset de vieux saxe sur son étagère. — « Drôle de maison !

1882. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

M. de Malesherbes, dans une remarquable lettre, répondit au ministre qu’il n’y avait guère, au fond, à compter sur la censure ; que des gens d’esprit, dans un ouvrage de longue haleine, viendraient toujours à bout de l’éluder ; qu’il ne savait qu’un seul moyen sûr de remédier aux abus, c’était de rendre les auteurs responsables personnellement de leurs fautes : Si ce moyen est le plus sûr, continuait M. de Malesherbes en s’adressant à l’abbé de Bernis, vous me demanderez pourquoi je n’ai pas employé jusqu’à présent ?

1883. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

« Il prétend verser de l’huile sur nos plaies, remarquait-on, mais c’est de l’huile bouillante. » Pythagore disait qu’on ne doit jamais attiser le feu avec l’épée : Chateaubriand, grâce à sa nature de talent et à sa plume flamboyante, n’a guère jamais fait autre chose.

1884. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Pourtant, quand on suit Sophie dans ses lettres manuscrites, on croit apercevoir qu’elle n’était guère au moral que ce que Mirabeau l’avait faite ; il l’avait élevée, il l’avait exaltée : lui s’éloignant, elle baisse, elle se rapetisse, elle tombe dans les misères et les mesquineries de ses alentours.

1885. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Puis, tout à côté, parlant des journalistes du temps, il fait presque un éloge de Marat, dans lequel il ne voit guère qu’un Scythe ou un paysan du Danube dans la grande Babylone, et dont il dit pour toute critique : « il eut une âme pleine de sens, mais trop inquièt. ».

1886. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

A un degré un peu au-dessus, ce que La Fontaine nous recommande, c’est la résignation, la résignation aux choses telles qu’elles sont, en supposant toujours qu’elles ne peuvent guère être autrement.

1887. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Pour le moment, j’attends dans une jolie petite ville de Bourgogne l’ordre de partir faire bravement mon devoir de Français et de bon citoyen, ordre qui ne tardera guère… Si je n’en reviens pas, conservez le souvenir de votre instituteur qui vous a bien aimés et qui vous embrasse tous en vous invitant à crier ; « Vivent les Républiques et les Peuples libres ! 

1888. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

De l’empereur Napoléon j’aurais bien envie de dire que je n’ai point retrouvé en lui cette beauté épique et destinale dont le dotent généralement ses contemporains et ses historiens ; qu’il m’est pénible de ne pas voir conserver le caractère extérieur et légendaire des grands hommes, et que le peuple, d’accord avec moi en ceci, ne conçoit guère son héros de prédilection que dans les costumes officiels des cérémonies ou sous cette historique capote gris de fer, qui, n’en déplaise aux amateurs forcenés du style, ne déparerait nullement une apothéose moderne.

1889. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Ils ne sont pas des artistes complets, cela n’est pas douteux ; ils ne comptent guère plus dans la littérature que les ménétriers ne font figure dans la musique.

1890. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Cette analyse, qui n’a guère été tentée jusqu’à présent, nous révèle un fait dont pourrait d’ailleurs tirer parti la théorie de la Relativité.

1891. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Toutefois, si la chose n’est pas impossible, vous m’avouerez qu’elle n’est guère probable.

1892. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Les cercles sociaux ne sauraient guère se multiplier à l’infini en se diversifiant sans arriver à se couper.

1893. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

» Ce qui pour lui cependant résolvait le problème, c’était un autre principe de philosophie, l’idée présente d’une Loi souveraine, d’un destin moral, pour ainsi dire, au lieu de cette fatalité aveugle qu’on reproche à l’antiquité, et dont elle ne peut guère se justifier que par exception.

1894. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Le vers ïambique s’y trouve rarement, et n’appartient guère qu’au langage simple du gardien qui veille sur les signaux de la tour, et au langage froid et bref des deux époux ennemis qui s’observent.

1895. (1864) Le roman contemporain

Elle commence ses confessions, qu’elle ne finit guère, ce dont je lui sais gré, par les confessions de sa famille, qu’il n’était ni de son devoir ni de son droit de faire. […] Quand on a lu ses dix volumes, il n’est guère possible de ne pas se ranger à l’avis d’un critique distingué, M.  […] Il n’y a guère que les Américains qu’il peigne en beau, sous les traits de John Harris dans le Roi des montagnes. […] Sainte-Beuve, son enthousiasme pour Fanny ne m’étonne guère. […] Dès le début, le roman sort de la mesure de la vérité et il n’y rentre guère.

1896. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Génie en disponibilité, sa capacité de beaux vers restait sans emploi faute de sujet, et de fait, à partir du moment où Mallarmé arriva à sa pleine lucidité poétique, il n’écrivit guère que des sonnets de circonstance, imposés par quelque événement extérieur. […] Peut-être a-t-il fourni à Villiers qu’il n’y a guère plus de cinq ou six hommes par siècle capables de lire n’importe quoi, serait-ce des étiquettes de pots à moutarde. […] Mais les invités ne sont jamais venus, et quelque cher sourire, seul, a pu en donner parfois l’illusion : éventails de Mademoiselle Mallarmé, lits mystérieux, vases de cristal vides, Mallarmé n’a guère, dans ces sonnets, voulu qu’animer, en se jouant précieusement, le mobilier de la Chambre Bleue. […] La Prose pour des Esseintes n’a guère de lendemain. […] On ne le voit guère dans ses tout premiers poèmes.

1897. (1881) Le roman expérimental

Renan a trouvé le moyen d’écrire de jolies phrases sur des recherches qui ne prêtaient guère au style lyrique. […] Stendhal est un naturaliste, comme Balzac, et certes sa sécheresse de touche ne ressemble guère à la largeur parfois épique de Balzac ; mais tous les deux procèdent par l’analyse et par l’expérience. […] Il s’est parfois essayé à lutter de clinquant lyrique, par exempte quand il écrivit La Femme de trente ans et Le Lis dans la vallée ; mais cela ne lui réussissait guère, ce prodigieux écrivain n’a jamais été plus grand prosateur que lorsqu’il a gardé son style abondant et fort. […] Elle ne retient guère, d’ailleurs, que les livres devenus classiques, j’entends ceux qu’on nous impose dans notre jeune âge, lorsque notre intelligence ne peut encore se défendre. […] Maintenant, il est certain que nous ne nous tenons guère à cette rigueur scientifique.

1898. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Son ouvrage plut beaucoup, et n’instruisit guères ; tâchons de plaire autant, et d’enseigner mieux. […] S’ils sont vertueux, le temps n’effacera guère de leur cœur l’image des affronts que l’ambition a fait essuyer à toutes les patries, au nom d’une gloire trompeuse si fatale à la nôtre ! […] Boileau pouvait se dire comme Voltaire, en traitant dans une épître le passage du Rhin, ni notre siècle, ni un événement si récent, ni un ouvrage si court, ne permettent guères ces peintures  ; il s’est bien gardé d’argumenter ainsi contre l’intérêt de sa muse, et son fragment épique est marqué d’un sceau d’immortalité. […] Homère, Virgile, le Tasse, et Milton, n’ont guères obéi à d’autres leçons qu’à celles de leur génie. […] J’ai dit expressément : La Harpe plut beaucoup et n’instruisit guère ; tâchons de plaire autant, et d’enseigner mieux.

1899. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Cela ne ressemble guère à M.  […] Parce que je ne veux plus être poète ; vous le voyez, j’ai déchiré tout. — Ce que je serai ne vaudra guère mieux, mais nous verrons.

1900. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il croyait en Dieu au temps où l’on n’y croyait guère. […] Mais je n’ai guère trouvé que l’innocence attentive à ma voix.

1901. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

L’antithèse et l’ellipse donnent à l’expression de sa pensée une profondeur concise qui trouble les intelligences peu averties ; il ne leur manque guère, pour être équitables, que de bien connaître le génie de la langue qu’elles entendent parler. […] En lui, le romancier, le moraliste et l’écrivain dramatique n’ont guère été que les échos affaiblis du poète, plus rapprochés de la foule, très remarquables sans doute, mais que je n’ai point à examiner.

1902. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Je ne me rappelais guère comment j’étais là. […] Réflexions après un dîner, où nous avons bu chacun une bouteille de Saint-Julien, un excès qui ne nous est plus guère permis par notre santé.

1903. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Avant-propos Lorsqu’au mois de janvier 1894 j’ai publié l’article que je réimprime aujourd’hui, j’espérais bien qu’on le lirait, mais — la modestie m’oblige de le dire — je ne m’attendais guère qu’il dût provoquer tant de bruit. […] C’est ce que Renan, dans sa jeunesse, — quand il n’était encore l’auteur que de ses Études d’Histoire religieuse et même de sa Vie de Jésus, — ne laissait pas échapper une occasion de dire ; et Voltaire en ce temps-là ne lui était guère moins odieux que Béranger lui-même, avec son Dieu des bonnes gens !

1904. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Un seul homme ne peut guère rendre l’ensemble de la société ; quelque géant que soit Balzac, il faudrait une puissance encore supérieure à la sienne. […] Il n’a guère que ce côté-là de franchement gai et il le prend pour son côté terrible. […] Mais les gens universels ne veulent point d’enseigne et ne mettent guère de différence entre le métier de poète et de brodeur. » Je trouve que tous les écrivains et littérateurs surtout les jeunes, devraient imprimer ces phrases sur de petits écriteaux qu’ils suspendraient tout autour de leur chambre à la place des fleurets, des mauvais plâtres et des mauvaises lithographies. […] C’en est une des applications importantes et intelligentes ; mais comme on n’accorde guère d’attention aux idées qu’en raison de l’espace qu’elles occupent sur le papier, on penserait que c’est là sa principale préoccupation.

1905. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il paraît qu’il braconnait volontiers selon la coutume du temps, « étant fort adonné, dit le curé Davies177, à toutes sortes de malicieux larcins à l’endroit des daims et des lapins, particulièrement au détriment de sir Thomas Lucy, qui le fit souvent fouetter et quelquefois emprisonner, et à la fin l’obligea de vider le pays… Ce dont Shakspeare se vengea grandement, car il fit de lui son juge imbécile. » Ajoutez encore que vers cette époque le père de Shakspeare était en prison, fort mal dans ses affaires, que lui-même avait eu trois enfants coup sur coup ; il fallait vivre et il ne pouvait guère vivre dans sa bourgade. […] N’en crois pas un295. » Quand il a tué Polonius par mégarde, il ne s’en repent guère ; c’est un fou de moins. […] D’action il n’y en a point ; d’intérêt, il n’y en a guère ; de vraisemblance, il y en a moins encore.

1906. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Si j’ai désiré quelque chose vivement (ce qui ne m’arrive plus guère), c’est qu’il lance ce nouvel acte dans le public qui l’idolâtre, comme un tison infernal, tout fumant et tout brûlant, et qu’il ne laisse dans l’esprit des spectateurs, à la fin de la pièce, que la coupe, l’urne, le spectre, Shakespeare, le Dante et Talma.

1907. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Le vocabulaire de M. de Chateaubriand, dans ces Mémoires, comprend toute la langue française imaginable, et ne la dépasse guère que parfois en quelque demi-douzaine de petits mots que je voudrais retrancher.

1908. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Mais, quand on écrit un livre et qu’on vit de sa plume, on n’a guère qu’une ressource pour en tirer un juste tribut : c’est de le faire passer auparavant et de l’essayer dans quelque journal, dans quelque recueil périodique.

1909. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Ce commentaire est bien supérieur au texte ; toutes les anecdotes y sont rectifiées, toutes les injures palliées, tous les excès de bile adoucis, tous les venins de style réparés, déplorés, excusés, de façon qu’il ne reste guère que de belles choses à admirer et un grand homme à comprendre.

1910. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le marin qui nous raconte les dangers qu’il a courus dans sa navigation a plutôt en vue de nous faire admirer ses talents et sa prudence, que les faveurs dont il est redevable à sa bonne fortune ; et souvent, il lui arrive d’exagérer ses périls pour augmenter notre admiration : de même les médecins ne manquent guère à présenter la situation de leur malade comme beaucoup plus alarmante qu’elle ne l’est en effet, afin que, s’il vient à mourir, ce malheur soit plutôt attribué à la force de la maladie qu’à leur défaut d’habileté ; et que s’il en réchappe, le mérite de la cure paraisse encore plus grand.

1911. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

La vieille politesse, en effet, n’est plus guère propre qu’à faire des dupes.

1912. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Jusqu’à Lessing, l’histoire de la littérature allemande n’a guère à recenser que des œuvres qui sont la mise en application de doctrines, Lessing est lui-même le plus frappant exemple de ce souci continuel de la théorie qui semble hanter les poètes de sa race.

1913. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Il n’importe guère, en somme !

1914. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Il avait et semble encore avoir — Dieu en dédain, et il ne semble guère qu’il le prie1 » Virgile, poète pieux entre tous, ne peut que réprouver l’impie Capanée, et Dante accepte sa réprobation.

1915. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Voici l’histoire : le jeune employé était peu exact à son bureau ; il n’arrivait guère qu’à deux heures pour repartir à quatre.

1916. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

On ne pouvait guère prévoir le futur Chamfort dans ce début innocent.

1917. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Sieyès ne croyait guère plus à l’histoire qu’à la théologie ou à la mythologie : Il me semble, disait-il nettement, que juger de ce qui se passe par ce qui s’est passé, c’est juger du connu par l’inconnu.

1918. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

L’action réflexe, à son tour, décrit un arc de cercle plus ou moins étendu : une petite impression, comme un léger coup sur la tête, provoque une petite réaction, qui ne dépasse guère le cerveau ; une autre plus forte va jusqu’aux membres ; un coup violent met tout le corps en mouvement dans l’espace, etc.

1919. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Il avance un pied nu sous une botte qui n’avait guère que le dessus, et saisissant la pièce d’or avec l’orteil, il reste jusqu’au matin, sans le ramasser, de peur d’être soupçonné.

1920. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Cette affirmation ne me touche guère, parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé, qu’aucun de ceux qui diront cela, n’ont jamais aimé une créature humaine.

1921. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Nous n’envisageons guère en France la superstition que de son côté ridicule.

1922. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

On ne peut donc guère les séparer radicalement quand on les définit.

1923. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Le goût de la solitude chez cet homme qui plaisait tant dans le monde et qui se plaisait tant dans le monde, le goût de la solitude a été continuel, et il a été chez lui — il ne faut guère se servir du mot profond quand on parle de La Fontaine — mais il a été presque profond chez lui ; il a été, en tout cas, très pénétrant.

1924. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

dit le loup ; pour moi, je n’en vois guère.

1925. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Les principes, la conscience, les questions morales qui dorment sous le sol de l’histoire, et qui en sont le feu central et la vie, tous ces profonds problèmes, qui forment le sens même de la Destinée humaine, ne lui importent guère.

1926. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

On n’en a guères écrit.

1927. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Il n’a ni la morgue ni le charlatanisme retentissant de beaucoup d’autres, toujours sur la brèche de la publicité, faisant incessamment sonner à la Renommée les deux trompettes que lui donnait Voltaire, et ne méritant guères que celle qui sonnait par en bas… Octave Feuillet vit en province une partie de l’année, loin des commérages, des coteries, des affectations et des engouements de Paris, s’assainissant par cette vie de province, la seule chance de salut qui reste au talent, menacé de prostitution parisienne, et qui ne veut pas s’effacer au frottement de tous ces esprits qui s’effacent en effaçant les autres, comme une monnaie encrassée par le pouce de toutes les mains.

1928. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Alors, que des savants qui philosophent aujourd’hui sur la relation du psychique au physique se rallient à l’hypothèse du parallélisme, cela se comprend : les métaphysiciens ne leur ont guère fourni autre chose.

1929. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Les combinaisons d’imitations multiples qui se coupent en un même point, c’est-à-dire se rencontrent dans une même personne, n’ont guère de chances de se répéter.

1930. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

« Eppur si muove… » Le rythme que je constate, par la littérature, dans la marche de l’humanité, s’interprétera peut-être d’une façon différente de la mienne : cette différence n’importe guère pour le moment.

1931. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Quoique plus à plaindre, il n’en est guère plus malheureux : car ce malheur de l’état d’ignorance, quelque réel qu’il soit, n’est ni apprécié ni senti que par ceux qui s’élèvent au-dessus. […] Nous ne pouvons guères juger de la Tragédie Latine, que sur les pièces qui nous restent sous le nom de Séneque, bien inférieures en tout aux Tragédies Grecques.

1932. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Alors je me trouve dans la journée si fatigué, si las, que je suis obligé de me coucher, ne dormant guère plus le jour que la nuit, mais trouvant un repos dans l’horizontalité. […] » Rosny disait aujourd’hui, au Grenier, que d’après un travail assez sérieux, l’assassinat en moyenne ne rapportait guère que quinze francs, et que les scélérats anglais qui sont des gens pratiques, avaient absolument abandonné l’assassinat, pour le vol.

1933. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Mais aujourd’hui nul ne s’avise plus guère de traiter l’action des vagues côtières comme une cause insuffisante pour rendre compte de l’excavation de vallées profondes ou de la formation de longues murailles de rochers à pic. […] Parmi ces derniers, les membres de la famille des Requins n’ont probablement aucune tendance à supplanter l’Amphioxus ; et la concurrence vitale ne doit guère exister pour ce dernier que contre des invertébrés.

1934. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Avant Élisabeth, les maisons des gentilshommes de campagne n’étaient guère que des chaumières couvertes de paille, recrépies de la plus grossière glaise, et éclairées seulement par des treillages. « Au contraire, dit Harrison (1580), celles qu’on a bâties récemment le sont ordinairement de briques, de pierres dures ou de toutes deux, les chambres larges et belles, et les bâtiments de l’office plus éloignés des chambres. » Pour les anciennes maisons de bois, on les recouvrait du plâtre le plus fin, lequel, « outre la délectable blancheur de la matière elle-même, est étendu en couches si unies et si douces, que rien, à mon avis, ne saurait être fait avec plus de délicatesse248 ». […] Le désenchantement, la rêverie morne ou amère, la connaissance innée de la vanité des choses humaines ne manquent guère dans ce pays et dans cette race ; ces hommes ont de la peine à porter la vie et savent parler de la mort. […] Il n’y a guère d’esprit qui ose tout d’abord être tout à fait lui-même ; quand paraît un art nouveau, le premier artiste écoute non son cœur, mais ses maîtres, et se demande à chaque pas s’il pose bien le pied sur le sol solide et s’il ne bronche point. […] Un pareil moment ne dure guère, et la séve poétique s’use par la floraison poétique, en sorte que l’épanouissement conduit au déclin.

1935. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Je n’emprunterai guère qu’à la Correspondance de M. 

1936. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Villemain, critique et professeur, pût se procurer à tout instant, de quoi qu’il s’agît, le secours de maintes comparaisons, de maints rapports piquants ou lumineux : sa célérité volait d’un camp à l’autre ; il s’y repliait sans peine au besoin, et, pour dire un mot qui n’est guère de sa langue choisie, il s’y ravitaillait toujours.

1937. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Je n’ai guère retrouvé que dans les îles de l’Archipel grec ou sous les tentes des Arabes de Syrie des réminiscences de cette jeune bergère de nos montagnes.

1938. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Je voulais faire un code en action de la république future, si, comme je n’en doutais déjà plus guère, une république, au moins temporaire, devait recevoir prochainement de la nation et de la société françaises le mandat de la nécessité, le devoir de sauver la patrie après l’écroulement de sa monarchie d’expédient sur la tête de ses auteurs ; que la prochaine république fût au moins girondine au lieu d’être jacobine.

1939. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Mais on ne le rencontre guère à la cour que fréquentait le Théophraste français ; on y est occupé d’intérêts plus terrestres et plus personnels.

1940. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Je suis triste et n’ai guère envie d’écrire. » Le 2 juillet.

1941. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Le chagrin qu’il nourrissait et les larmes qu’il ne cessait pas de répandre en pensant à sa pauvre belle femme morte, finirent par lui rétrécir le cœur et par le rendre aveugle, comme le voilà ; il ne pouvait presque plus travailler aux zampognes ; d’ailleurs on n’en commandait guère depuis que les Français dominaient à Rome et à Lucques ; les pifferari, joueurs de musette, ne sortaient plus des Abruzzes, et les Madones, aux coins des rues, n’entendaient plus de sérénades ni de litanies la nuit, aux pieds de leurs niches abandonnées.

1942. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il ne quittait guère sa femme qu’il paraissait aimer tendrement ; il habitait à une certaine distance, sur le penchant des montagnes de Vévey, un chalet au-dessus du lac Léman.

1943. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Il est vrai que Goethe a prolongé si tard sa vie, que nous le prenons volontiers pour un écrivain de notre génération ; on ne songe guère qu’il avait quarante ans à l’époque de l’Assemblée Constituante, et que son œuvre capitale était achevée dès lors depuis longtemps.

1944. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Aussitôt qu’un geste de sa main avait réclamé le silence, le silence se faisait comme par enchantement, non ce silence de théâtre, entremêlé de chuchotements et de ces mille petits bruits qui se perdent dans l’étendue d’une salle de spectacle, mais ce silence qu’on ne trouve guère que parmi les figures de cire de Curtius.

1945. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Ce bourru prétentieux n’avait rien d’élégant ni de vraiment fin, je ne sais guère que l’Angola du chevalier de la Morlière qui ait pu l’inspirer, et encore La Morlière écrivait-il d’une façon claire et a-t-il l’air simple auprès de ce maniéré.

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