/ 1816
959. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Dans La Vie et la mort d’un clown, c’est vraiment Catulle Mendès qui est le Hugo, — et dans son Bug-Jargal et son Han d’Islande, c’est Victor Hugo qui est le Mendès !

960. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Mais, trop peu poète, au sens sublime du mot, il ne sentait pas la supériorité de l’inspiration chez Ronsard, et qu’il était vraiment rempli de fureur et de divinité . […] Peu vraiment Catulle en désire, Et peu se peuvent-ils bien dire, Puisque compter il les a peu. […] Son art était encore vacillant ; mais c’est vraiment son style tragique que le xviie  siècle a porté à la perfection. […] Ce Gilles Durant est vraiment plein de grâce, de finesse, de sage mélancolie. […] Ils préludèrent vraiment sur la lyre et la flûte pastorale.

961. (1891) Esquisses contemporaines

Dans Mon frère Yves, je ne sais vraiment si c’est Yves lui-même, la mer ou la Bretagne qui sont les héros du livre. […] Mais « le projet de se peindre », dont parle Pascal à propos de Montaigne, est-il vraiment si « sot » ? […] Merveilleuse égalité de tout ce qui est grand et vraiment nécessaire à la destinée humaine ! […] « Est-il vraiment trop tard ? […] Car les hommes du Réveil étaient des chrétiens authentiques, dont le cœur avait été vraiment touché par la grâce.

962. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Prévost-Paradol, dont l’une était une fille de treize ans vraiment ravissante : alors le regret de n’avoir pas d’enfant gonfla ce cœur déjà à demi glacé. […] C’est pourquoi il faut se réjouir de voir paraître une nouvelle encyclopédie, conçue dans un esprit vraiment scientifique. […] Mais il faudrait savoir si cette pierre est antique et si elle représente vraiment Euripide, et enfin si le graveur ne s’est point inspiré d’une légende. […] Il a vraiment mérité sa mort. […] Et gai, c’est vraiment la fille du roi ; Elle ne veut pas d’autre ami que moi.

963. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Phèdre est presque la seule pièce de l’antiquité, où l’amour joue un grand rôle et soit vraiment théâtral ; dans Alceste, il est plutôt un devoir qu’une passion. […] Oui vraiment ; toutes les personnes de qualité les portent de la sorte. […] On peut les conserver tout entiers, et les faire grimacer par la plus légère addition : d’où il est aisé de conclure que quiconque est vraiment né pour être poète comique, a un fonds inépuisable de ridicules à mettre sur la scène, dans tous les caractères des gens qui composent la société. […] C’est parmi nos bergers que l’amour est vraiment un enfant : simple comme la nature qui le produit, il plaît sans fard et sans déguisement, il blesse sans cruauté, il attache sans violence. […] Atys est vraiment opéra, parce que tous les incidents naissent de l’amour ; Armide de même ; Phaéton un peu moins, car l’ambition du soleil est peu agréable.

964. (1864) Le roman contemporain

M. et madame Desmousseaux de Givré, qui faisaient avec tant de grâce les honneurs de ces soirées vraiment littéraires, ne sont plus. […] Cette histoire de Tolla est vraiment touchante. […] Champfleury se détestent et se méprisent, et vraiment ils n’ont pas tort. […] Il y avait de quoi, vraiment, car Bévallan avait échoué complètement dans l’épreuve de l’eau, je veux dire qu’il avait pris un bain involontaire au-dessous de la fameuse cascade en allant chercher en bateau le mouchoir de la belle Marguerite que Mervyn, dégoûté de ses prouesses et de ses vaillantises par sa déconvenue récente, avait refusé d’aller quérir. […] Sauter du haut d’un donjon pour éviter de compromettre une femme qui vous a traité si durement, on ne saurait être vraiment plus chevalier que cela !

965. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Mallarmé montait les premiers degrés de la gloire, ses mardis soirs étaient suivis avec tant de recueillement qu’on eût dit vraiment, dans le bon sens du mot, une chapelle à son quatrième de la rue de Rome. […] Henri de Régnier, qui le sait d’ailleurs, que si je suis resté à peu près le seul symboliste, c’est que j’étais un des rares qui l’étaient vraiment de fond, parce que le symbolisme était l’expression de leur tempérament propre et de leur opinion critique. […] Ghil, ses aspects de pythonisse, ses théories peu littéraires et pas du tout scientifiques, est vraiment simple ; taxer les gens de talent de ce groupe (si l’on veut absolument que ce soit un groupe) d’être des élèves de Baudelaire est encore bien abréviatif ; il y a des élèves de Baudelaire, tels même qui encaquent des variations dans le moule exactement conservé des sonnets du maître, mais ce ne sont guère des novateurs, si ce sont des symbolistes ; et vraiment si M.  […] Cette science purement d’érudition, accessible aux riches seulement, cette science qui étouffe les voix de la conscience, est-ce vraiment la science ? […] D’abord, fugitive, indiquée par un petit poème intitulé Roman, assez mauvais, et par Soleil et Chair, où déjà se trouvent de belles strophes chantantes et de vraiment beaux vers, l’influence de Musset.

966. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il avait un très réel talent de logicien et, quoique partant de principes absurdes, quoique enlisé, comme ses adversaires, dans les plus tristes marécages de la théologie, jamais il ne dit vraiment de bêtises. […] Il accule ses contradicteurs à ce dilemme : ou bien je suis vraiment une nouvelle incarnation de Jésus, ou bien la prendre était absurde et fausse. […] S’il en était ainsi vraiment, on ne saurait guère concevoir plus profond désaccord. […] C’est un type vraiment détestable. […] Allons plus loin et osons affirmer ce paradoxe scientifique, que l’on n’a vraiment mangé que si l’on éprouve le plaisir d’avoir mangé.

967. (1927) Des romantiques à nous

On m’a jeté à la tête comme romantiques des œuvres, des créations dont je suis le premier à reconnaître la grandeur, mais qui diffèrent vraiment en essence de celles que j’ai appelées romantiques. […] Il se délecte de cette réunion, vraiment sans exemple, dans l’auteur des Origines du Christianisme, d’un poète et d’un érudit Mais il ne veut pas entendre parler d’impressionnabilité, de « flottement », ni de rien de tel. […] Mais il la présente sous des formes vraiment trop épaisses, quand, par exemple, interprétant les pensées de Jeanne, qui vient de recevoir la communion et de déjeuner avec appétit, il lui fait associer dans une même énumération ces trois sources de santé : « Bien communier, bien manger et bien boire. » Fi ! […] Richard Wagner, magnifique musicien, foncièrement nourri et pétri de toutes les richesses, de toutes les beautés et de toutes les habiletés de la musique européenne, depuis Bach jusqu’à Meyerbeer, depuis Beethoven jusqu’à Berlioz et Liszt, Wagner, créateur d’un art poétiquement luxueux, qui ruisselle de splendeur et d’opulence, s’est délecté à mettre en musique une grossière épopée morale, aussi puérile qu’ambitieuse dans l’invention, aussi brutale par les tendances réelles que mystique et métaphysique par les prétentions, où il n’a réussi à insuffler à aucun de ses personnages, de ceux-là mêmes qu’il veut faire grands, une âme vraiment noble, un sentiment vraiment pur ; œuvre d’une fausse inspiration humanitaire, à vrai dire antipathique et injurieuse à l’humanité. […] Il attestait de toute sa personnalité que, si un art relativement petit d’expression, et qui peut d’ailleurs se montrer dans cette petitesse relative, bien précieux et exquis encore, s’accommode aisément, chez l’artiste, d’une nature trouble et douteuse, une moralité profonde de l’âme est à la base de tout art vraiment élevé.

968. (1925) Portraits et souvenirs

Hugo connaissait vraiment tous les mots de la langue française. […] Le désintérêt où il nous tenait était si franc, si naturel, si naïf que l’on ne pouvait vraiment pas lui en vouloir. […] En est-il un plus plausible, par exemple, que de considérer Venise, tour à tour et selon l’occurrence, comme le lieu le plus vraiment propice au repos ou le plus véritablement favorable au travail ? […] Ils sont vraiment : les Jardins de l’Intelligence. […] Je n’aimais vraiment jouer aux boules qu’avec celui-ci et faire des trous dans la terre qu’avec celui-là.

969. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Vraiment ceci est à remarquer. […] S’il en était ainsi ce serait vraiment une grande folie et un grand meurtre. […] Est-ce que vraiment tu es venu là pour écouter Racine ou Corneille, avec ce recueillement intime que le chef-d’œuvre fait éprouver aux âmes bien nées ? […] On voyait cependant, qu’elle était plus difficilement Elmire que Célimène, et vraiment, en dépit de sa coquetterie et de sa grâce, il y avait encore chez la femme de M.  […] C’est là qu’elle est à l’aise, c’est là vraiment qu’elle vit et qu’elle règne.

970. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le keepsake lui étant tombé sous les yeux, Lamartine, en effet, prit ces vers pour lui, et, à l’instant, il s’échappa de son sein une nuée de strophes ailées, un admirable chant et vraiment sublime, à la louange de son humble sœur en poésie.

971. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Souvent des revers et toujours du malheur au dedans de soi ; mais l’esprit vraiment remarquable, mais une intelligence éclairée, c’est l’homme qui choisit le bien et sait le faire, pour qui la vérité est une puissance de gouvernement, et la générosité un moyen de force.

972. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Il se pose nettement en continuateur de Malherbe, lorsqu’il se propose de perfectionner la langue française, « de la rendre vraiment maîtresse chez elle, et de la nettoyer des ordures qu’elle avait contractées ».

973. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Il faut être très ignorant de soi pour être vraiment fort, et il faut aussi savoir s’arrêter dans la connaissance ou, du moins, dans l’étude des autres.

974. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Cela me désoriente et me scandalise que le poète des Blasphèmes ait eu le front de nous montrer de si braves gens, des âmes si vraiment religieuses et si entièrement soumises à la loi du devoir.

975. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Le temps de la monarchie de juillet fut vraiment un temps de liberté ; mais la direction officielle des choses de l’esprit fut souvent superficielle, à peine supérieure aux jugements d’une mesquine bourgeoisie.

976. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Je crois que toute image poétique, pour être vraiment belle, doit renfermer une pensée ; et sur ce pied-là je préfère les vers d’image, dignes de ce nom, aux vers qui ne renfermeraient qu’une pensée sans image, quoique ces derniers puissent avoir aussi beaucoup de mérite.

977. (1757) Réflexions sur le goût

C’est sans doute sur les ouvrages qui ont réussi en chaque genre, que les règles doivent être faites ; mais ce n’est point d’après le résultat général du plaisir que ces ouvrages nous ont donné : c’est d’après une discussion réfléchie, qui nous fasse discerner les endroits dont nous avons été vraiment affectés, d’avec ceux qui n’étaient destinés qu’à servir d’ombre ou de repos, d’avec ceux même où l’auteur s’est négligé sans le vouloir.

978. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Il faut la foi, ici comme pour les miracles ; mais pour ceux-là qui ont la foi, c’est vraiment une œuvre d’émotion et d’édification incomparable.

979. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Cette page, qu’il vaudrait mieux oublier que reproduire, sinon pour Emmet, qui mourut bravement, au moins pour l’Irlande qui le laissa tuer, une femme (car c’est une femme que l’auteur de Robert Emmet) a eu la fantaisie de l’écrire ; et vraiment on se demande pourquoi, à moins que ce ne soit parce qu’il y a une autre femme dans cette histoire.

980. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

La première de ces deux trompettes, qui est vraiment un instrument de publicité formidable, auquel les échos semblent faire la cour, tant ils sont empressés de répéter tout ce qu’il sonne, c’est M. 

981. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Ce jugement, qui honore singulièrement son auteur, tient à une compréhension politique vraiment profonde.

982. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

X C’est criminel, en effet, gratuitement criminel, car il est toujours aisé de se tenir tranquille et de se taire, — de laisser passer, sans y répondre, une thèse vraie dans sa ferme généralité ; il est toujours aisé de vivre dans un sort honnête et obscur, ou même éclatant, si on a vraiment du mérite et si on est taillé pour la gloire, sans que l’impudence d’une révélation sinistre vienne tout à coup répandre une vile lumière autour de soi.

983. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Les autres, on les subit tout en se gardant d’elles, mais celle-ci ne peut vraiment se supporter.

984. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Il semblait donc vraiment que le xviiie  siècle, en nous jetant dans le monde, nous eût imprimé sur la tête — tant il nous avait inclinés vers lui — ce terrible coup de pouce du chirurgien qui gauchit le cerveau de l’enfant et décide de sa triste destinée !

985. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Il nous eût tout expliqué dans cette chronique obscure encore en tant d’endroits, et, au lieu d’un réquisitoire qui semble impartial, parce qu’il a le ton doux, contre quelques anarchiques féodaux au xie  siècle, nous aurions eu l’histoire de la Paix de Dieu comme elle s’est vraiment faite, de compte à demi, par l’Église et par la Féodalité.

986. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

qu’il n’y en ait pas mis une autre… Henri IV a donc commis là bien évidemment une des plus grandes fautes que souverain pût commettre, même la question religieuse écartée, que l’Histoire cependant n’écartera pas, car, je le dis, en regardant bien en face les révolutions futures, ou du moins le chemin par lequel elles peuvent venir, les gouvernements doivent toujours venir à bout, quand ils le voudront, eux qui sont la force organisée, de la force qui ne l’est pas… Segretain a par des exemples nombreux et frappants fait toucher du doigt dans son histoire la bévue des gouvernements du xvie  siècle qui précédèrent celui de Henri IV, lequel paracheva et fixa les conséquences de cette énorme faute, en la commettant à son tour ; et on se demande vraiment pourquoi, en lisant Segretain, qui nous met en lumière une chose qu’avant lui on n’avait pas assez vue, ce qui prouve son extrême bonne foi et son désir de justice : c’est qu’à toutes les époques de sa vie Henri IV, quelles qu’aient été ses apostasies, avait toujours été au fond de sa pensée plus catholique que protestant !

987. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il y a du talent dans ce livre passionné, entêté, ulcéré, aveugle de parti pris et gardé… Mais le fond de cela n’est vraiment pas digne de la forme.

988. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Ainsi, avec deux livres, avec ce mince bagage de deux livres, dans un temps où l’abondance de la production intellectuelle semble avoir passé dans les mœurs littéraires, Tocqueville était presque arrivé à la hauteur de considération qu’on ne doit vraiment qu’au génie et à une tranquillité de possession dans l’influence que le génie n’a pas toujours.

989. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

S’il n’est pas poète, comme Lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.

990. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

De poésie vraiment protestante, où cela s’est-il vu ?

991. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Ils ont bien d’autres affaires vraiment que de s’occuper des pauvres curés qui, de vertus humbles en vertus humbles, deviennent des saints ; et c’est pour cela que l’abbé Monnin a dédié spécialement à ceux-là, qui ne connaissaient pas le curé d’Ars, l’histoire qui le leur apprendra.

992. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Les histoires d’Abelly et de Collet étaient matières de clerc à clerc plus qu’œuvres vraiment historiques et littéraires.

993. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Il a régné vraiment sur les esprits.

994. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Je l’ai dit déjà : excepté l’idée du quadrille historique, qui est une idée de maître à danser, il n’y a rien dans le livre de Guizot qui soit vraiment de Guizot, qui ait coûté une noble peine, un vigoureux effort à Guizot !

995. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

En effet, et que ceci soit mon dernier mot, ce jeune garçon a vraiment âme de poète.

996. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

ils sont maintenant vraiment dignes d’être ministres, les éditeurs !

997. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

S’ils sont vraiment grands, ils sont solitaires et ne relèvent que d’eux… Malheureusement, Heredia relevait un peu trop, comme tous les Parnassiens, du reste, de ce lapidaire d’Emaux et Camées qui, pour nous avoir jeté, si l’on veut, des diamants à la tête, ne nous en pas moins lapidés !

998. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

On peut vraiment presque tout citer des pièces intitulées : Il m’aimait, L’Une ou l’autre, le Rêve d’une jeune fille, Le Départ, le Découragement, le Désenchantement, L’Orage, le Conseil aux jeunes filles et La Nuit, la pièce la plus inspirée, où la femme malheureuse arrache son masque pour ne pas étouffer, sûre de n’être pas vue, et, quand vient l’aurore, le rejette sur sa figure avec une fougue si pathétique de main !

999. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Plus poète, plus vraiment poète quand il est involontairement le catholique du passé que quand il est l’athée de l’heure présente ; plus poète quand il remonte par la pensée dans ce monde qui a dormi (dit-il) que quand il est dans ce monde qui s’éveille, Laurent Pichat, au lieu d’appeler son livre : Les Réveils, aurait mieux fait de l’appeler : Les Regrets ; car ce qui vibre le plus dans ce livre et ce qui y prend irrésistiblement le cœur, c’est la vie vécue, c’est la puissance des souvenirs et leur mélancolie amère.

1000. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Certes, quel que soit le succès du nouveau roman de l’auteur de Mariana et de Mademoiselle de la Seiglière, on ne trouve vraiment dans son œuvre, quand on l’examine sans parti pris, rien qui lui mérite plus d’estime qu’on n’en a jamais eu pour lui.

1001. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Pour toucher à ce genre de littérature, il faudra vraiment du génie.

1002. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

S’il n’est pas poëte, comme lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.

1003. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

C’est le sublime de l’ennuyeuse platitude et dans des proportions tellement énormes et tellement continues, qu’on ne sait vraiment plus, au bout de quelque temps de lecture, lequel est le plus insupportable de la Russie ainsi peinte, ou du genre de talent de celui qui l’a peinte ainsi.

1004. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

… Que cette littérature de feuilleton fût restée modestement au bas de ces journaux que le vent de chaque jour emporte vers ces cabinets où s’en allait le Sonnet d’Oronte, la Critique n’aurait point à en parler… Mais, après le succès fait par les portières de loge ou de salon, que l’auteur nous donne comme des œuvres cette littérature de feuilleton, aussi éphémère que les articles de mode de madame de Renneville, la Critique a vraiment le droit de s’instruire en faux contre tant d’aplomb, et de dire à ces trois volumes : « Vous ne passerez pas ! 

1005. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.

1006. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Il y a là une marche parallélique, une symétrie rectiligne vraiment étonnante. […] vraiment l’instant est bien choisi, mes petites odalisques ! […] je vous le dirais volontiers ; mais vraiment je ne sais pas, et M.  […] C’est là le lien, la parenté ; c’est ainsi que vraiment elles sont sœurs. […] Ce sérieux est vraiment exagéré.

1007. (1914) Une année de critique

Vraiment, oui, c’est le courage de Monsieur Bois que j’admire plus encore que son génie. […] Elle devenait vraiment la réalité du rôle qu’elle se donnait, comme si ce rôle se vengeait d’elle. […] Il lui reste d’autres mérites ; son ironie a une saveur vraiment inédite. […] Le grand voyageur se prend à murmurer : alors, vraiment, ce n’était que ça, le monde ? […] La fin, la naissance de Diane la petite-fille, est vraiment trop prévue.

1008. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

et cela existe-t-il vraiment ? […] Je ne savais plus vraiment si je respirais de la musique, ou si j’entendais des parfums, ou si je dormais dans les étoiles. […] Il y a vraiment des jours où j’ai l’âme d’une excellente mère de famille, sans enfants, et d’autres où j’ai presque celle d’une cocotte… sans amants. […] Après un silence il reprit encore : — De cette façon, je ne serai jamais vraiment pincé par elles. […] On trouvera dans le volume une quinzaine de récits inédits et vraiment conformes à ce programme.

1009. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

L’Angoisse ici symbolisée était vraiment un bronze lampadophore. […] Et si l’on croit que je méconnais là, vraiment, le génie de Mallarmé en demandant à un « prétexte à rêveries » des motifs d’intelligence, je demeurerai bien tranquille dans le bénéfice évident de mon dogmatisme. […] Lisons la Déclaration Foraine qui forme vraiment à la Prose pour des Esseintes un pendant. […] Et vraiment, plus qu’aucun, Mallarmé vécut, comme son Faune, dans la poursuite de cette nudité lointaine que, par l’éclair de quelques vers, comme de rapides échappées d’éther, il nous fit entrevoir. […] La parole fut vraiment le soleil de son monde intelligible, sauf qu’il préféra encore à sa clarté directe sa lumière réfléchie, son clair de lune, qui est certain silence.

1010. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

D’abord sa faculté de souffrir s’était vraiment un peu émoussée, à force d’âge, surtout depuis ce dernier hiver. […] C’est le livre russe le plus important et le plus vraiment intéressant qui ait paru depuis longtemps. […] … Bien caché dans mon bois, immobile, le fusil prêt, je l’examinais… Il était beau, vraiment ; la vie coulait à plein dans ce corps robuste. […] Mais vous ne mangez vraiment rien ; vous n’avez pas faim ? […] La grande affaire était vraiment de savoir de quelle façon il se tuerait.

1011. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

1° Nous trouverons qu’il a pris conscience de l’un avec Lesage et Marivaux, dans les premières années du xviiie  siècle, et qu’il n’a vraiment touché l’autre que de notre temps, avec George Sand et Balzac. […] Voilà bientôt, en effet, trois cents ans — ou même un peu plus — que la critique est vraiment l’âme de la littérature française. […] Car c’est surtout par là qu’il pèche ; et l’on pourrait presque dire de lui que ses plus beaux vers sont beaux comme de la belle prose, n’était une certaine ampleur de mouvement, et comme une certaine ardeur d’inspiration intérieure, qui sont bien, elles, des qualités poétiques, et même vraiment lyriques. […] Mais l’Amérique n’est pas de la littérature ; et quand elle en serait, je trouverais encore que l’Angleterre tient vraiment trop de place dans le livre de Villemain. […] Renan, c’est l’auteur des travaux que je vous rappelais à l’instant même qui a fait passer dans l’usage commun de la critique générale, si je puis ainsi dire, les-acquisitions réalisées par un Eugène Burnouf, l’un encore de ses maîtres, et l’un des vraiment grands esprits de ce siècle.

1012. (1888) Études sur le XIXe siècle

Le pauvre homme en souffrait dans sa conscience et dans son cœur : « Les temps vraiment mauvais, écrivait-il à son fils, mais surtout votre mère qui, comme vous le savez, me tient non seulement à la diète, mais complètement à jeun, m’ont imposé une conduite que réprouvent d’abord mon cœur, ensuite l’équité et presque les convenances… » Et il lui envoyait quelques écus en cachette. […] Et qu’on ne leur reproche pas leur éloquence parfois un peu déclamatoire : elle est propre à la langue et au génie italiens, on la retrouve dans tous les livres vraiment italiens, depuis les Scènes de la vie militaire, de M.  […] De temps en temps, une bataille vient verser un peu de rouge sur tout ce bleu ; mais les combattants s’entretuent avec tant de douceur, de bonne grâce et d’aménité, ils meurent si gentiment dans les bras les uns des autres, ils se réconcilient d’une façon si touchante sous l’invitation pressante des boulets, que la guerre finit vraiment par paraître une bonne chose, — comme le reste. […] Vous remarquez que le mot blanc revient sans cesse dans ces descriptions ; et vraiment cette couleur qui, à proprement parler, n’en est pas une, qui n’est que la résultante du mélange de toutes les autres, et qui est particulièrement chère à M. de Amicis, peut encore servir à caractériser sa nature mobile, dont les oscillations ne sont cependant jamais assez violentes pour ne pas aboutir à une tranquille quiétude. […] Qui parmi eux s’est rendu vraiment utile à ses semblables ?

1013. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Je ne sais… Vraiment, cela dépend de mon père. […] « Tu es vraiment tout à fait bien ? […]Vraiment ! […] — Mais vraiment, reprit la baruinia, c’est une charmante bête… Dites qu’on me l’apporte. […] Il faut l’avouer, sa main est une main vraiment bénie. » À ces mots, les domestiques se mirent à rire, puis se séparèrent pour aller se coucher.

1014. (1923) Paul Valéry

D’abord une idée vraiment religieuse et presque mystique de la poésie. […] Nous portons en nous des formes de la sensibilité qui ne peuvent pas réussir, mais qui peuvent naître. » La musique est-ce vraiment ce qui ne peut réussir, ce qui ne peut construire ? […] Il est symbolisé par cette vivante et musicale larme que Valéry a vraiment « faite » en la substance diaphane et adamantine d’une vingtaine de vers inexprimablement beaux. […] Vers d’une lenteur, d’une gravité, d’un poids qui mettent vraiment la goutte d’eau vivante en mouvement. […] Mais non… Une chute, une descente dans une existence vraiment autre.

1015. (1813) Réflexions sur le suicide

Poursuivez, Monseigneur, la carrière dans laquelle un si bel avenir Vous est offert, et Vous montrerez au monde ce qu’il avait désappris, c’est que les véritables lumières enseignent la morale, et que les héros vraiment magnanimes, loin de mépriser l’espèce humaine, ne se croient supérieurs aux autres hommes, que par les sacrifices mêmes qu’ils leur font. […] Celui qui est vraiment atteint par le remords s’écriera comme l’enfant prodigue : — Je sais ce que je ferai, je retournerai vers mon père, je me prosternerai devant lui et je lui dirai : mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous, je ne mérite plus d’être appelé votre fils. […] Il n’y a rien de vraiment grand sans le mélange d’une vertu quelconque.

1016. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Horace seul s’est montré vraiment poète dans quelques-unes de ses satires, où il a eu le bon goût de peindre sans colère, sans amertume, la société dissolue de son temps, se perdant elle-même par l’excès de sa folie211. […] Le bel idéal, vraiment ! […] Ce n’est pas sur ce qu’il y a de vraiment moral dans la vie du peuple athénien, sur là traie philosophie, la vraie foi aux Dieux, l’art solide, qu’Aristophane se montre comique, mais sur les excès de la démocratie, qui ont fait disparaître l’ancienne croyance et les anciennes mœurs, sur la sophistique, le genre larmoyant et les lamentations de lu tragédie, sur le verbiage léger, l’amour de la dispute, etc., cette réalité en contraster avec ce que devraient être l’État, la religion et l’art .

1017. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« Ça faisait vraiment de bons petits enfants. […] Ils étaient vraiment gentils, et la connaissance se fit comme ça. […] C’est que c’était vraiment plaisant de les voir s’aimer comme ça !

1018. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

L’âge mûr est le creuset de tes mérites, et le monde, étonné de tes cheveux blancs, va savoir enfin ce que tu vaux par toi-même, ou si vraiment tu étais assez bien doué pour atteindre à la palme ardue et difficile ! […] Alors vraiment arriva la fin du monde, et nul depuis ce temps, n’a osé reprendre cette facile, et dangereuse conversation du siècle révolté de Voltaire et de Diderot. […] Elle était habile et droite ; elle jugeait bien de toutes choses, grâce à ce sang-froid qui ne l’a pas quittée ; elle était une vraiment grande artiste et une femme comme il faut, sans exagération, sans excès ; prudente, au contraire, et réservée avec un petit fonds d’orgueil, soit dans les petites, soit dans les grandes aventures de sa vie ; attentive, et ne négligeant aucun détail, elle protégeait et défendait sa gloire avec le même zèle que sa fortune.

/ 1816