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1724. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Ce que le poète exilé à Rome désire, c’est de rentrer, pour vieillir parmi les siens, dans la demeure héréditaire, en repos, « plein d’usage et raison ». […] Boulevard Saint-Germain, peu de personnes étaient admises à lui prendre un peu de ce temps dont il faisait, à cinquante ans, un aussi fervent usage qu’aux jours de sa jeunesse studieuse. […] A leur avis, les deux panneaux étaient à l’origine les deux parties d’un diptyque à Raphaël, — selon un usage dont on connaît des exemples, — à l’occasion de la confirmation du jeune Scipion Thomaso Borghèse, né en 1493, il fut confirmé, ainsi qu’il était alors de règle, quand il eut sept ou huit ans, c’est-à-dire en 1501, date des deux petits panneaux.

1725. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Leur journal ne leur donne donc point la sagesse, dont ils se passent d’ailleurs fort bien, et qui n’est pas d’un si grand usage dans la vie. […] Nous savons tous que, s’il n’y a pas de Code littéraire, il s’est formé au moins une jurisprudence littéraire, que certains jugements sur les œuvres du passé ont force d’usage, qu’il se produit dans l’humanité une sorte de jugement des morts qui donne ou qui refuse la gloire, et que, par exemple, la comparaison entre Milton qui n’a pas en France deux cents lecteurs et un roman à tirage qui en a deux cent mille ferait, aux yeux mêmes des lecteurs de ce roman, selon l’expression de Villiers de l’Isle-Adam, l’effet d’une comparaison entre un sceptre et une paire de pantoufles. […] On sait aussi à quel point cette théorie est aujourd’hui hors d’usage, et que personne ne se risquerait à l’employer.

1726. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

quand on a vu des mœurs si diverses, des usages si disparates, de si étranges contradictions et dans les idées et dans les coutumes, on devient plus tolérant. […] J’ai vu des gens très inquiets après avoir lu Raspail, se mettant en quête d’insecticides foudroyants pour l’usage interne et criant, non pas : Mon royaume pour un cheval ! […] N’ayez pas peur : nous n’en ferons pas un mauvais usage, ni même aucun usage.

1727. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Ainsi, ce vieux calendrier est une sorte de bréviaire, à l’usage des patriotes dont la dévotion passionnée ne consent pas aux humiliations de la défaite et cherche, dans les spectacles d’hier, un motif suffisant pour espérer toujours6. […] Hulin recueillit les voix, en commençant par le plus jeune en grade, le président, selon l’usage, émettant son opinion le dernier. […] Le « général en second de l’armée de l’intérieur », soutenant son sabre de la main gauche, afin de ne point faire trop de bruit, passa dans une antichambre dont l’ameublement bizarre l’aurait surpris s’il avait eu quelque usage de ce « grand monde » où il croyait entrer. […] Il ne le baise pas (ce n’est pas l’usage), il le serre sur lui et le respire.

1728. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Faut-il s’applaudir que les arrangements sociaux, les usages et les préjugés fassent autour de lui si bonne garde ? […] Valabrègue découvrait dans l’usage de la bicyclette un argument en faveur de l’Église. […] Ce n’est ici, sous les noms de délicatesse et d’élégance, d’usage du monde ou de vertu, que gêne et contrainte. […] L’esprit passe pour être la qualité de ceux qui n’en ont pas d’autres, bonne tout au plus pour l’usage des chroniqueurs et des vaudevillistes.

1729. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Cette influence domestique qui s’exerçait sur lui sans relâche, et qui parfois rabaissait son brillant talent à un usage presque mercenaire, ôtait quelque dignité à sa vieillesse.

1730. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Hallucinations de la vue après l’usage prolongé du microscope. — Restauration partielle de la sensation antagoniste. — Exemples pathologiques. — En ce cas, l’hallucination est détruite. — Histoire de Nicolaï. — Méthode générale pour détruire l’hallucination. — Cas où la sensation provoque l’illusion proprement dite. — Récit du Dr Lazarus. — En ce cas, on supprime la sensation provocatrice.

1731. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

L’ignorance de la populace transtévérine de Rome pourrait seule l’expliquer ; mais en s’élevant contre le séjour des papes à Avignon et en retenant à l’usage de Rome les impôts que Rome envoyait précédemment au pape absent, il se créait une popularité ambiguë contre laquelle ni le peuple ni le pape n’osaient protester trop haut.

1732. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

L’abrutissante division du travail, qui mécanise l’homme pour enrichir la société et qui fait de l’ouvrier humain une machine à un seul usage, n’était pas encore inventée : l’artisan, le pasteur et le laboureur étaient confondus dans un même homme.

1733. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

C’est bien joli, dit-elle ; c’est dommage qu’on ne puisse pas en faire un usage sérieux.

1734. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Mais la poésie méditative, la poésie épique, la poésie lyrique, la théologie mystique ont un instrument mieux façonné à leurs usages dans l’allemand.

1735. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

« Au reste, quoique je connaisse les formes et que je sois très résolu à m’y soumettre, quoique j’aie la plus grande idée des ministres français et que la confiance qu’ils ont méritée les recommande suffisamment à celle de tout le monde, néanmoins je dois répéter ici à M. le général Savary ce que j’ai eu l’honneur de lui dire de vive voix : c’est que mon ambition principale, en me rendant à Paris, serait, après avoir rempli toutes les formes d’usage, d’avoir l’honneur d’entretenir en particulier Sa Majesté l’Empereur des Français.

1736. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Les Génois en occupaient les ports fortifiés ; les Vénitiens leur disputaient la clef de cette mer dans un quartier de Constantinople fortifié à leur usage ; ces deux flottes italiennes rivales se livrèrent une bataille navale indécise et meurtrière, sous les yeux des Grecs spectateurs, dans le canal du Bosphore.

1737. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Après une courte prière qu’il fit entre deux prélats, dont l’un, si j’ai bonne mémoire, était cardinal, le roi se dirigea vers la chapelle et rencontra sur son passage, entre deux portes, le prévôt des marchands, premier officier de la municipalité de Paris, qui lui balbutia le petit compliment d’usage pour le premier de l’an.

1738. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Chaque jour, ou plutôt chaque nuit, c’étaient des arrestations arbitraires, selon l’usage de ce gouvernement qui n’en était pas un.

1739. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

C’était une gaieté triste au fond, un désespoir de verve qui lui donnait la conscience de son prodigieux talent, mais le repentir de l’usage qu’il en faisait.

1740. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il ne rejetait point les pensées communes, dit le Père Bretonneau70 ; mais les pensées communes accablent les langues de termes dépréciés et effacés par l’usage.

1741. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

La faute des dieux, c’est de lui avoir dérobé l’anneau pour en faire un si piteux usage, et d’avoir enterré la liberté, l’âme ces Nifibelungs, sous le ventre de l’oisif dragon. » Lorsqu’un homme se. sera trouvé pour reconquérir cet anneau, et pour briser l’esclavage des Nibelungs en redonnant l’anneau aux Filles du Rhin (ce que les Dieux eux-mêmes ne peuvent faire à cause de leur contrat avec les Géants), tout sera pour le mieux, et les Dieux, les Nains (ou Nibelungs) et les Géants pourront vivre heureux à tout jamais.

1742. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Comme je reprochais à Rosny l’alchimie de ses ciels, lui disant que l’effet produit par un ciel sur un humain, est une impression vague, diffuse, poétiquement immatérielle, si l’on peut dire, et ne pouvant être traduite qu’avec des vocables, sans détermination, bien arrêtée, bien précise, et qu’avec ses qualifications rigoureuses, ses mots techniques, ses épithètes minéralogiques, il solidifiait, matérialisait ses ciels, les dépoétisait de leur poésie éthérée… Rosny m’a répondu, avec l’assurance vaticinatrice d’un prophète, que dans cinquante ans, il n’y aurait plus d’humanités latines, et que toute l’éducation serait scientifique, et que la langue descriptive qu’il employait, serait la langue en usage.

1743. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Un bon buveur, c’est l’usage Boit à l’objet qui lui plaît !

1744. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est là que le génie français règne par le goût, qu’il maintient sa royauté par l’esprit, cette monnaie du génie à l’usage d’un plus grand nombre d’intelligences que le génie lui-même.

1745. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Mais quel usage du talent que ce poème !

1746. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Pendant », dit-il, « que je glissais dans un enfoncement du sol » (allusion sans doute à ses adversités), « s’offrit à mes yeux Celui qui par un long silence paraissait avoir perdu l’usage de la parole. » Cela désigne Virgile, par allusion à la longue ignorance de ces siècles qui avaient oublié la langue latine.

1747. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Toute cette littérature païenne et mythologique n’avait aucun charme pour lui ; ce livre était son bréviaire, son psautier, ou l’Imitation de Jésus-Christ, ou quelque livre latin de dévotion à l’usage de son ordre et recommandé par ses supérieurs.

1748. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Contre ce pié d’estal, appuyez mon épouse ; qu’elle verse des larmes de joye ; qu’un de ses bras posé sur l’épaule de son enfant, elle lui montre de l’autre notre bienfaitrice commune ; que cependant la tête et la poitrine nues, comme c’est mon usage, l’on me voye portant mes mains vers une vieille lire suspendue à la muraille.

1749. (1932) Le clavecin de Diderot

Il est d’usage de s’attendrir à la pensée des larmes qui se cachent derrière le rire. […] Denis Diderot, Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, LGF, 1999. [1re édition : 1749] (NdE) aq.

1750. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Mais elle trouve plus facile de pasticher son mari, romancier inepte qui essaye de faire du Cladel, ramasseur de bouts d’anecdotes, plat conférencier qui trouve du génie à la moindre amazone et enseigne aux dames du monde à faire des bonnets de coton avec leurs bas hors d’usage, — jadis le plus parfait imbécile du monde politique, aujourd’hui le plus parfait imbécile du journalisme. […] Car il ne sait pas, lui, je suppose, que nous sommes là deux mille voyeurs à guetter ses cornes qui poussent et à désirer, comme à une course de taureaux, qu’il en fasse quelque usage meurtrier. […] Elle délaie en roman le sujet d’une ode ou d’une « méditation », et elle n’hésite devant aucun procédé pour grossir le petit livre : quand elle ne trouve pas d’autre moyen de répéter les lieux-communs pessimistes, elle fait lire l’Ecclésiaste à son héroïne et copie pour notre usage quinze versets aggravés de commentaires rabâcheurs

1751. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Un grand lit y était monté ; mais elle n’était pas autrement meublée et servait à toutes sortes d’usages : cabinet de toilette, garde-robes, réserve des confitures, grenier des provisions ; je l’appelais : la chambre aux légumes. […] Un soir d’été, il faisait encore grand jour, nous étions dans le jardin, loin des personnes graves, restées à table, mes compagnons découvrirent, sous la porte cochère, une voiturette, destinée à je ne sais quel usage, et ils s’en emparèrent. […] Confinant à la chapelle, il semblait avoir formé, jadis, une église plus vaste, dans laquelle on avait disposé des compartiments, pour différents usages.

1752. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Persuader à des Français, non seulement qu’ils peuvent se pénétrer de latinité, ce qui est bien, qu’ils peuvent imiter l’antiquité, ce qui est excellent, qu’ils peuvent rivaliser avec l’antiquité, ce qui est mieux encore ; mais qu’ils peuvent devenir des Latins et des Grecs ; créer à l’usage des poètes et des hommes de lettres en général une sorte d’atavisme artificiel ; vouloir que, non comme langue, je le reconnais, mais comme sentiments, comme idées, comme goûts, comme formés et cadres de composition, et enfin comme style, des Français soient des Latins et des Grecs ; c’est cette tentative qu’a faite Ronsard, c’est ce dessein qu’il a formé, c’est ce but qu’il a poursuivi, et c’est cette gageure qu’il a établie comme sa règle. […] Livres envoyés par le libraire de Monseigneur à M. l’abbé Bournisien pour Mme Bovary : « Il y avait le Pensez-y bien ; l’Homme du monde aux pieds de Marie, par M. de ***, décoré de plusieurs ordres ; Des erreurs de Voltaire, à l’usage des jeunes gens. » — Le texte de la Revue portait : « Il y avait le Pensez-y bien ; l’Introduction à la vie dévote ; l’Homme du monde… » — Flaubert aura fait cette réflexion que l’Introduction à la vie dévote est un peu de François de Sales, est un livre exquis de pensée et de forme et ne doit pas être confondu parmi les fadaises ecclésiastiques du libraire de Monseigneur. […] Page 329 : « Une ardeur infernale s’échappait de ses prunelles enflammées… » — Le texte de la Revue portait : « s’irradiait », mot ridicule très en usage vers 1860. […] Ces personnages qui ont le culte de la vie n’en ont que peu l’usage.

1753. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Le héros a remis des meubles de toutes sortes dans son salon qui a, à la fois, un caractère de fumoir, de boudoir et d’oratoire : — Mon intention a été de réagir, dans cet intérieur, contre la monotonie si fatigante des sièges, contre l’usage de ne trouver partout de n’offrir jamais que de quoi s’asseoir. […] Mais, du moins, le curieux ou la curieuse qui aurait la fantaisie de vouloir rêver à quoi les ibis immobiles songent si longuement sur une seule patte, découvrirait, ici, jusqu’à l’appui bien rembourré et prédestiné à lui permettre de garder indéfiniment sa jambe repliée sous soi… Ce n’est là qu’une boutade, mais j’ai tenu à donner dans ces courts extraits, pris aux deux pôles du livre, une idée de la logique et de la fantaisie dont l’ensemble produit un charme nouveau ; l’auteur rompt ainsi la monotonie que prendrait forcément la conversation de deux êtres jeunes et beaux qui, se conformant à l’usage adopté par trop de romanciers du jour, perdraient sottement leur temps à la sèche analyse de leurs sentiments. […] Bientôt la voilà housard, se peignant au cirage des moustaches selon l’usage de Bercheny ; la vie du régiment commence, les duels et le reste ; quelques mois, et notre héros est en Italie, avec Championnet. […] J’ai dit dans un précédent article où je constatais, avec regret, le mauvais usage, selon moi, que M. 

1754. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Les romances sont des élégies écrites par des gens qui ne sentent rien à l’usage de ceux qui feignent de sentir. […] L’idée générale de Plein ciel, un peu banale, et à l’usage des classes moyennes, comme toujours, mais très acceptable, et pouvant fournir un beau thème, est Vidée du progrès humain (symbolisée dans l’invention des ballons dirigeables).

1755. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Vous reconnaissez là une espèce de déisme et d’optimisme, comme il y en avait beaucoup alors, empruntés, comme ceux de Rousseau, à la théodicée de Leibnitz, mais tempérés, effacés et arrangés à l’usage des honnêtes gens.

1756. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

écrit à son tour le père à sa femme le 29 décembre 1770 ; la première représentation de l’Opéra a eu lieu le 26 avec un plein et universel succès, et avec des circonstances qui ne se sont jamais présentées à Milan, à savoir que, contre tous les usages de la première sera, un air de la prima donna a été répété, tandis que d’habitude, à la première représentation, on n’appelle jamais fuora ; et, en second lieu, que presque tous les airs, sauf quelques airs delle vecchine parti , ont été couverts d’extraordinaires applaudissements, suivis des cris : Evviva il maestro !

1757. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

C’est l’usage en Italie de faire des sonnets pour tous les événements et les choses extraordinaires.

1758. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Son esprit resta actif, même après qu’il eût perdu l’usage de la parole ; suivant une de ses habitudes, quand un sujet le préoccupait fortement, il traça avec l’index des signes dans l’air ; peu à peu il traça ces signes moins haut, et enfin, sa main, tombant sur la couverture étendue sur ses genoux, y traça des mots inconnus.

1759. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il fallait insérer dans le récit épique Rome entière, l’histoire de Rome depuis les origines jusqu’à la bataille d’Actium, la légende des vieilles races qui avaient peuplé d’abord le sol italien, une sorte de livre d’or de la noblesse, qui se disait sortie des compagnons d’Énée ; toute la religion romaine, les dieux indigènes, les dieux helléniques latinisés, les vieilles divinités locales, les mœurs et usages publics et privés du peuple romain, etc… Virgile y a réussi.

1760. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

C’est toutefois un usage immémorial, celui de distinguer, dans les époques de l’art, ce qu’on nomme les grands siècles et les siècles de décadence.

1761. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

L’intempérante exaltation de Jacques, ses longues prières, sa brutalité, sa recherche affectée de la persécution, l’abus qu’il fait du testament de son père, sans cesse appliqué aux plus vils usages et employé comme une panacée universelle, enfin son alliance désespérée avec Pierre contre Martin, donnent au type des Dissidents une vie et une réalité admirables.

1762. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Les signes de l’art plastique avaient été les sensations visuelles de certaines lignes ou couleurs : la Littérature, art des notions, eut pour signes les mots, sensations d’abord auditives, devenues ensuite visuelles, à leur tour, sous l’usage de l’écriture.

1763. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Elle refait un autre monde dans la pensée et, par là, nous permet d’abord de comprendre, puis de modifier à notre usage les forces du monde réel.

1764. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

La critique historique, vraie, arrive avec le temps ; elle souffle sur toutes ces vérités de convention, inventées par les factions régnantes à leur usage, et elle plaint le grand poète qui leur a prêté un jour son génie.

1765. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Selon son usage, que nous n’avons pas pu lui faire perdre, François-Victor Hugo étiquette ces trois pièces du nom générique : les amis, comme s’il n’y avait pas des amis aussi dans Roméo et Juliette, comme s’il n’y avait pas des amis partout dans les pièces de Shakespeare !

1766. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Il n’a point certainement la céleste bonhomie de Walter Scott, qui était un grand bonhomme épique, non dans Ivanhoé, comme on l’a cru quand on ne connaissait pas le Moyen Âge et où il ne nous a donné qu’un templier de keepsake à l’usage des bégueules anglaises, mais en Écosse, et en Écosse la plus Écosse, — celle de 1745.

1767. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Dans l’usage mathématique qu’on en fait, il est indiscernable d’un système absolument immobile.

1768. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

On répondra qu’il y a des machines agricoles, et que l’usage en est maintenant fort répandu.

1769. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Dans l’usage d’une telle vie il s’énerva, s’exaspéra et, au bout de ses cent ans, fut pris d’une crise de vanité et de férocité : il déifia sa Raison que l’Évangile avait bafouée et fit la Terreur. […] Il est certain encore qu’il n’a jamais autant de charmes pour nous que lorsque nous le lisons attentivement dans une langue que nous n’entendons qu’à demi… Il va, dans la langue française, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire… C’est l’équivoque, l’incertitude, c’est-à-dire la souplesse des mots qui est un de leurs grands avantages et qui permet d’en faire un usage exact… Etc. » Il a comme nul en son temps le sens du vers moderne : « Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » — Il ne larmoie ni ne ricane.

1770. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

De ces novateurs auxquels il empruntait pour lutter contre eux, de leurs propres idées  qu’il arrangeait à son usage, il est vrai. […] Et d’ailleurs, racontons-le, assez perplexe par la suite et ne sachant trop comment se reconnaître parmi les Ecoles en lutte, il avait eu cette idée, m’apprit-il lui-même : tous ses édités et les autres, les constituer en son esprit en partis poétiques sous les dénominations en usage au Parlement ! […] René Ghil poursuivait sans labeur, quelques-unes de ses idées faisaient fortune, et d’aucuns, plus adroits, les transmuaient et déformaient à l’usage de la Bourgeoisie Française » (« Mercure de France », mars 1907) Mais n’anticipons pas, et tenons-nous à l’époque où, les divers éléments se groupant et allant à des résistances d’Ecoles, va commencer le duel multiple  alors que contre elle les unira toutes en sorte d’union dès lors « sacrée » qui n’exclut pas la vieille réaction, la « Poésie scientifique ». […] Une Etude de mes théories et de mon œuvre alors en partie parue avait été présentée au préalable à la Censure, selon l’usage, par son auteur, Mme Zabel Essaïan.

1771. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Il y avait, dans ses efforts, de l’inquiétude et du disparate, mais il était déjà plein de talent, encore qu’il n’en fît pas toujours le meilleur usage et qu’il ne contrôlât pas assez l’intérêt de son effort ; il était mage et reporter de tempérament, historien en plus, fantaisiste follement et ces quatre courants d’idées n’étaient point sans falotes synthèses. […] Le Glossaire de Plowert, petit dictionnaire à l’usage des gens du monde, moins curieux à certains égards, le fut beaucoup plus à d’autres. […] Tandis que Mahaud continue sa magie supérieure, sa suivante et préparatrice, la vieille Torinelle, pratique pour elle et les gens du bourg une plus grossière et physique sorcellerie ; à la comtesse déchue de son rêve de haute magie et qui regrette, elle offre l’usage de l’homme inférieur et simplement fort ; puis, de factices désirs troublent Mahaud : elle a dans son en tour immédiat un coquet et féminin personnage, elle le prend, mais ne trouve dans cette union sans contraste aucun plaisir ; et, furieuse de cette faiblesse qui ressemble à du mépris, elle envoûte le pauvre sire. […] Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel… le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc : Oui, je viens dans son temple… et dont l’autre : adorer l’Éternel… serait également blanc si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique. […] Si l’on pousse plus loin l’investigation on découvre que les vers sont ainsi scandés : 3 3 3 3 Oui je viens | dans son temple | adorer | l’éternel 2 4 2 4 Je viens | selon l’usage | antique | et solennel soit un premier vers composé de quatre éléments de trois pieds, ou ternaires ; et un second vers scandé : 2, 4, 2, 4 — Il est évident que tout grand poète ayant perçu d’une façon plus  ou moins théorique les conditions élémentaires du vers, Racine a, empiriquement ou instinctivement, appliqué les règles fondamentales et nécessaires de la poésie, et que c’est selon notre théorie que ses vers doivent se scander.

1772. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

La distinction est donc nette entre l’essentiel et l’accidentel : il y a d’un côté ce qui est simplement usage, de l’autre ce qui est obligation légale et même morale. […] Ici tout ce qui est usuel est nécessairement obligatoire, puisque la solidarité sociale, n’étant pas condensée dans des lois, l’étant encore moins dans des principes, se diffuse sur la commune acceptation des usages.

1773. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

De son histoire et de son histoire naturelle, car il fut un historien et un naturaliste, il serait impossible de tirer une seule loi, un seul précepte ou même un seul conseil de morale, si ce n’est, peut-être, que c’est une belle vie que celle qui se passe « a lire de belles choses, et à en écrire d’agréables », credo qui n’est peut-être pas pour être d’usage à une très grande partie de l’humanité. […] — Et vous étudiez Stendhal comme théoricien littéraire sans dire un mot de la théorie des milieux, de cette vue de génie qui a simplement renouvelé la critique tout entière, disons mieux, qui l’a créée, puisqu’elle en a fait une science… — Non, je ne parlerai pas de la théorie des milieux, je ne citerai pas cette ligne : « Mon but est d’exposer avec clarté comment chaque civilisation produit ses poètes » ; ni celle-ci, d’ailleurs bizarre ; car je ne vois pas les énormes différences qu’il y a entre le climat de Londres et celui de Paris, ni entre le système politique de Louis XIV et celui d’Elisabeth : « Le climat tempéré et la monarchie font naître des admirateurs pour Racine ; l’orageuse liberté et les climats extrêmes produisent des enthousiastes de Shakespeare » ; et je ne chercherai pas à réduire en système les considérations incohérentes de l’Introduction à l’histoire de la peinture en Italie, d’où l’on peut conclure tour à tour, de dix en dix lignes, que le despotisme est éminemment favorable et absolument mortel aux beaux-arts ; je laisserai de côté ces vues profondes ; parce que Stendhal n’en a rien tiré, parce qu’une théorie n’a de valeur et ne devient titre de gloire que quand on s’en sert pour expliquer un certain nombre de faits, et pour grouper et pour soutenir et pour éclairer un certain nombre de vérités particulières ; parce que, quand un auteur n’a pas fait sienne une théorie par cet usage, ne la pas vérifiée par ces applications et ne l’a pas confirmée par cette suite, on peut toujours dire à coup sûr qu’à cet état rudimentaire elle était déjà dans un de ses prédécesseurs, et que tant s’en faut qu’elle fasse honneur, qu’au contraire en avoir eu l’idée et n’en avoir tiré rien est presque une preuve que tout en la découvrant on ne l’a pour ainsi dire pas comprise. — C’est bien, je crois, le cas de Stendhal. […] Je n’aurai de repos, je ne retrouverai l’usage de mon esprit et de mes facultés que sur les bords du Doubs. […] On ne saisit pas sa personnalité en elle-même, ou il y a à cela quelque difficulté ; cela demande une certaine puissance d’abstraction ; on la saisit dans son extension, dans ce qui, en l’accroissant, l’encadre et la rend palpable ; c’est autour de soi qu’on se saisit, en disant comme la Galathée de la légende : « Ceci est encore moi. » C’est si vrai que la propriété immobilière n’est plus vraiment la propriété ; ce n’est plus qu’une supériorité sur le voisin moins pourvu : « Si l’inégalité est un des attributs de la propriété, elle n’est pas toute la propriété ; car ce qui rend la propriété chose « délectable », comme disait je ne sais plus quel philosophe, c’est la faculté de disposer à volonté, non pas seulement de la valeur de son bien, mais de sa nature spécifique, de l’exploiter selon son plaisir, de s’y fortifier et de s’y clore, d’en faire tel usage que l’intérêt, la passion et le caprice même suggèrent. […] Une curiosité intellectuelle infatigable ; un scepticisme essentiel qui n’excluait ni la curiosité, ni l’ardeur, ni même la sympathie, qui n’excluait que l’enthousiasme et le souci de conclure ; un goût du vrai qui n’était qu’une forme de la curiosité, mais poussé aussi loin peut-être que possible ; ces facultés ou dispositions d’esprit, excellentes, tout compte fait pour la critique, gâtées jusqu’à un certain point par des faiblesses morales qui n’ont pas été sans influence sur la santé de son esprit, tel fut en ses traits généraux, le grand critique du xixe  siècle. — Voyons quel usage, malgré ses lacunes, il a fait de ses dons.

1774. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Il n’y avait point, sur son art, d’opinion courante, de jugement tout fait, de guide-âne, à l’usage des inspecteurs des Beaux-Arts, les grands critiques l’ignorant aussi complètement que possible. […] Il est d’usage aujourd’hui, lorsqu’arrive un événement quelconque, d’aller recueillir, à domicile, l’opinion des gens que cela ne regarde pas et qui n’ont point d’opinion. […] Maurice Maeterlinck n’emploie aucun des moyens en usage dans le théâtre.

1775. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Bref la nature a voulu que cela leur parût une bien plus grosse affaire qu’aux hommes, et, d’autre part, la société avait intérêt à ce qu’il en fût ainsi et à régler là-dessus ses usages et ses jugements. […] La première est celle des gens du monde, de ceux qui guettent chez l’auteur d’Une visite de noces tous les manquements aux habitudes des salons, qui remarquent avec suffisance depuis trente ans que ses personnages s’appellent quelquefois par leur titre et que cela est contraire à l’usage du monde, et qui triomphent là-dessus, et qui se croient très malins. […] Elle ne consiste pas seulement à transformer en queues-rouges les magnifiques héros de la plus antique épopée et de la plus vénérable qui soit, ni à prêter à des gens d’il y a trois mille ans les usages, la langue et même l’argot d’aujourd’hui. […] Je me sentais tout rajeuni… jusqu’au moment où, selon l’usage, on nous a laissés seuls ! 

1776. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Tout à fait désaccoutumé de la liberté, il en fit un usage immodéré et souvent coupable. […] Mais on y retrouvait encore la raideur de l’alexandrin classique, les inversions consacrées par l’usage, et ces termes banals de la vieille tragédie, dont la nouvelle avait tant de peine à se dépouiller.

1777. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il existe une littérature à l’usage des touristes et des gens du monde. […] L’excès autobiographique et l’intempérance d’observation ont si profondément usé nos facultés morales, que l’invention s’est tarie, chacun s’est copié, il n’y a plus qu’un fonds commun d’idées et de forme à l’usage des névroses de l’imprimerie. […] Son exotisme n’a rien non plus de convenu ni d’étiqueté ; ce n’est pas une curiosité des mœurs, des usages, de l’organisation ou des idées d’un pays. […] D’autres sont restés dans le domaine de la littérature libertine ; et d’autres, à force de rechercher l’idéal, ont fait de la métaphysique raffinée à l’usage d’une chapelle de croyants.

1778. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Voulant peindre les périls auxquels sont exposées les jeunes paysannes dans les grandes villes, l’auteur dira : « Elle ignorait que l’oiseau qui se laisse apprivoiser ne retrouve pas toujours l’usage de ses ailes pour s’enfuir au moment d’un danger. » Et plus loin : « Cette fille ingrate pour laquelle elle avait tout fait… était le serpent de la fable quelle avait réchauffé dans son sein »… Ou encore : « Soyons indulgents pour celles qui sont tombées, n’ayant pas vu l’abîme sous les touffes de fleurs. » Mais l’ensemble est raisonnable et quelconque. […] Tous ceux qui ont franchi, à vingt ans passés, le seuil d’un salon, qui n’ont pas sucé avec le lait l’usage du monde, se reconnaîtront dans cette page

1779. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il y était appelé et désiré ; il était nommé, il allait l’être (juin 1753) ; on l’avait même dispensé cette fois des visites d’usage, lorsque les dévots agirent en Cour et qu’il y eut défense de passer outre.

1780. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Quand cet article fut lu, avant l’impression, devant le Bureau du Journal des Savants, comme c’est l’usage, ce rapprochement de Gandar à Sarcey étonna un peu.

1781. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Avec quelle attention voulait-il qu’on l’écoutât, quand il dogmatisait de l’usage et de la vertu des particules ! 

1782. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Les gens âgés venaient en litière, les chemins ne comportant pas l’usage de la voiture.

1783. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Elle plonge au fond de l’abîme, comme le plomb suspendu à la corne d’un bœuf sauvage s’enfonce sous les vagues et porte l’appât meurtrier aux poissons dévorants. » Cette étrange et pittoresque comparaison révèle des procédés de pêche en usage aux bords de l’Ionie et inconnus aujourd’hui.

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