Mais une société dont il ne faut pas séparer l’homme, comme l’ont fait les théories les plus fausses du xviiie siècle, et qui sont restées le plus populaires en raison même de leur fausseté, est autre chose qu’un animal qui ne relève que du microscope et du scalpel et qu’on étudie du dehors, pour en expliquer le dedans. […] … Ces lettrés, ces phraseurs, ces beaux-fils de l’Histoire politique qui s’imaginent que tout est dans la politique, se soucient peu de la nature humaine que leurs théories méconnaissent. […] Autre part, il écrit cet axiome : « Toute Constitution est illégitime qui dissout l’État, et légitime quand elle le maintient. » C’est la théorie de de Maistre.
Il établit bien d’abord qu’il n’aspire point à améliorer la condition de l’homme ou la morale de la vie ; il estime que chacun a en soi, c’est-à-dire dans son tempérament, les principes du bien et du mal qu’il fait, et que les conseils de la philosophie servent de peu : « Celui-là seul est capable d’en profiter, dit-il, dont les dispositions se trouvent heureusement conformes à ces préceptes ; et l’homme qui a des dispositions contraires agit contre la raison avec plus de plaisir que l’autre n’en a de lui obéir. » Ce qu’il veut faire, c’est donc de présenter un tableau de la vie telle qu’elle est, telle qu’il l’a vue et observée : « Tous les livres ne sont que trop pleins d’idées ; il est question de présenter des objets réels, où chacun puisse se reconnaître et reconnaître les autres. » Les premiers chapitres des Mémoires de La Fare, et qui semblent ne s’y rattacher qu’à peine, tant il prend les choses de loin et dans leurs principes, sont toute sa philosophie et sa théorie physique et morale. […] Et c’est ici qu’on a droit de s’élever contre cette philosophie et cette théorie que La Fare avait voulu ériger d’après lui-même, et qu’on peut lui dire : Divin ou humain, il me faut un ressort dans la vie, sans quoi tout se relâche !
Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin.
Il y a telle lettre où il commence par dire qu’il n’a rien à dire, et, sous prétexte de cela, il se met à trouver de très jolies choses et très sensées ; il y donne toute la théorie de la correspondance familière entre amis : écrire toujours, un mot chassant l’autre, et laisser courir la plume sans y tant songer, comme va la langue quand on cause, comme va le pas quand on chemine. […] Littérairement, son goût était sain et sûr : Elle est si bon critique, non par théorie, mais par nature, disait Cowper, et elle a un sentiment si net de ce qui est bon ou mauvais dans une composition, que lorsque dans le doute je lui soumets (ce qu’en pareil cas je ne manque jamais de faire) deux sortes d’expression qui semblent avoir également droit à ma préférence, elle se décide, sans que je l’aie jamais vue se tromper, pour la plus droite et la meilleure.
Un des amis de ce dernier et qui paraît avoir été un homme des plus distingués, bien qu’il n’ait guère laissé de souvenir, le marquis de Saint-Georges, un sage, un homme de goût, un philosophe pratique comme il y en avait alors à Paris, comme il y en a peut-être encore, qui lisait ces lettres de Vauvenargues et les prisait infiniment, y trouvait, disait-il, de l’esprit partout, mais des endroits faux, trop de métaphysique, et ajoutait : « Il parle par théorie, on le voit. » C’est possible ; mais les lettres sont vraies pour nous en ce qu’elles nous peignent celui même qui les écrit, et c’est ce caractère surtout qui nous est intéressant aujourd’hui à connaître. […] Tancé par Mirabeau, condamné avec éloges par M. de Saint-Georges, Vauvenargues s’exécute d’assez bonne grâce : « Il (M. de Saint-Georges) dit que je parle par théorie, d’autres appelleraient cela rêver creux, et ce l’est peut-être en effet.
d’idées et de phrases convenues : « Je regarde Dussault, disait-il, comme le Fiévée du classicisme, le meilleur avocat d’une vieille platitude. » Il appelait de tous ses vœux un digne adversaire et un vrai contradicteur : « Prions Dieu que quelque homme de talent prenne ici la défense du classicisme, et force ainsi les romantiques à faire usage de tout leur esprit, et à ne laisser aucune erreur dans leur théorie. » Il écrivait cela de Milan en 1819, et en vue du romantisme italien de Manzoni. […] Ses théories, telles que je viens de les recomposer ; forment évidemment un tissu de vérités, de taquineries et d’impertinences.
« On peut donner une façon matérielle de reconnaître les tableaux des Le Nain, à l’entassement de chaudrons, écuelles, légumes, qui se trouvent souvent sur le premier plan… « Ce sont des peintres de pauvres gens. » Théorie vraie, mais un peu absolue toutefois ; car, sans compter les tableaux de sainteté qui, par leur nature, sortent du programme, il faut toujours faire exception pour celui des trois frères qu’on appelait le chevalier Le Nain, le gros monsieur et le grand seigneur de la famille, celui qui peignait Cinq-Mars et Anne d’Autriche. […] L’auteur a moins de théorie et moins de connaissances comparées que plusieurs des savants qui ont traité de ce genre si réhabilité aujourd’hui ; mais il est praticien autant qu’aucun, et il a le sens de cette sorte d’investigation et de cueillette en pays de France.
Toute la question, la question principale du moins, que soulèvent plusieurs des dernières productions de MM. de Goncourt, pourrait se résumer en ce point délicat ; leur théorie elle-même est en cause. […] Qu’on veuille regarder la date où j’écrivais cela dans le Constitutionnel, et l’on verra que sur cette question, tant agitée, de la statue de Voltaire, j’avais pris les devants, du moins en théorie 116.
Je me rappelle avoir entendu, il y a bien des années, Alexis de Saint-Priest, un jour que Montalembert développait dans un salon, de cet air d’enfant de chœur qu’il garda longtemps et de sa voix la plus coulante, une de ses théories inflexibles et absolues, lui dire avec gaieté : « Montalembert, vous me rappelez la jeunesse de Torquemada. » Passe pour la jeunesse ! […] Je ne vois pas ce que les théories de Barbès ont à faire là de dans : on était plus près alors du Falloux que du Barbès.
… Il n’est pas difficile, en glanant chez Théophile, de trouver ainsi quelque citation qui promette, et d’où l’on puisse avec de la bonne volonté déduire de spécieux rapprochements ou même d’ambitieuses conséquences ; mais, si l’on recourt au volume, tout cela diminue ou s’évanouit, et la théorie du critique ne se vérifie pas. […] Il flotte de Malherbe à Ronsard, il les associe, les confond l’un et l’autre dans ses hommages, tout en s’en éloignant ; il s’essaye en divers sens au gré de son humeur, de son inconstance ; sa théorie, si l’on peut employer un tel mot avec lui, est toute personnelle, tout individuelle : La règle me déplaît, j’écris confusément ; Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément… J’approuve qu’un chacun suive en tout la nature ; Son empire est plaisant et sa loi n’est pas dure… Il développe encore cette idée avec une singulière vivacité dans l’épître à M.
Aux exemples de Sénèque s’est jointe la théorie d’Aristote, incomprise dans ses plus hautes et abstraites parties, et d’autant plus servilement adoptée dans ses plus matériels et sensibles détails. […] En 1631, il formula la théorie classique des unités dans la Préface de Silvanire.
Mais le xixe siècle devait renchérir, et la théorie de la femme de trente ans, avec tous ses avantages, ses supériorités et ses perfections définitives, ne date que d’aujourd’hui. […] Pour exposer sa vraie théorie littéraire, il ne faudrait d’ailleurs qu’emprunter ses paroles : si je prends, par exemple, Les Parents pauvres, son dernier roman et l’un des plus vigoureux, publié dans ce journal même33, j’y trouve, à propos de l’artiste polonais Wenceslas Steinbock, les idées favorites de l’auteur et tous ses secrets, s’il eut jamais des secrets.
Parmi les personnes qui ont le plus feuilleté Vauvenargues et qui aiment à citer de lui des Pensées, il en est peu, on ose l’affirmer, qui aient étudié exactement cette première partie de ses écrits, et qui aient bien cherché à se rendre compte de sa théorie véritable. […] » Il a résumé toute sa théorie à cet égard dans ce mot si souvent cité, et qui, déjà dit par d’autres13, restera attaché à son nom, comme au nom de celui qui était le plus digne de le trouver et de le dire : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Comme critique littéraire, et dans les jugements qu’il porte au début sur les écrivains qui ont été le sujet favori de ses lectures, Vauvenargues n’est pas sans inexpérience : sur Corneille, dont l’emphase lui répugne jusqu’à lui masquer même les hautes beautés, sur Molière dont il ne sent pas la puissance comique, Voltaire le redresse avec raison, avec une adresse de conseil délicate et encore flatteuse : Vauvenargues reprend ses avantages quand il parle de La Fontaine, de Pascal ou de Fénelon.
Voir dans cette rédaction de La Revue américaine une preuve de ses opinions républicaines préexistantes, c’est lui prêter une théorie rétroactive. […] Combien de théories ne viennent ainsi qu’en sous-œuvre et après coup, et comme en aide à nos actes passés, à nos faiblesses secrètes !
II Ce bref résumé de l’histoire de la versification française permettra plus facilement de discuter la théorie du vers libre, de juger si la réforme que l’on propose, et qui a déjà été tentée par deux ou trois poètes contemporains, est dirigée dans le sens traditionnel de la langue et de la poésie de France. […] Ces vers si simples n’ont l’air d’exiger aucun |commentaire et ne semblent nés d’aucune théorie ; cependant ils diffèrent de ceux que l’on fait apprendre par cœur aux petits enfants.
Il y a près de trente années, quelques récits de voyageurs et bientôt quelques traductions nous firent connaître plusieurs productions du romantisme allemand, qui n’avait pas encore été rédigé en théorie, et à qui même, je crois, il n’avait pas encore été imposé de nom. […] Ce ne peut pas être une question de théorie et de raisonnement ; c’en est une seulement de pratique et de fait.
Édelestand du Méril, pour des raisons tirées de la nature de son livre, a rencontré nécessairement sur son chemin les inévitables théories de deux hommes, de talent sans doute, mais dont l’un est gâté par l’opinion comme un vieillard, et l’autre comme un enfant, quoiqu’il ne le soit plus que dans les puériles débilités de sa théorie : Sainte-Beuve et Taine.
Il y a très peu de choses, en effet, qui n’y soient nouvelles, excepté pourtant cette théorie de l’influence des climats sur le tempérament des peuples et du talent, que je n’y voudrais pas ou que j’y voudrais moins ; car, lorsqu’on est un penseur hardi qui ne craint même pas de mettre un peu son chapeau sur l’oreille, comme Xavier Aubryet, on doit se débarbouiller entièrement du xviiie siècle et se décrasser de Montesquieu. […] Mais voici quelque chose d’inexprimablement bizarre, voici une de ces incroyables et fréquentes anomalies qui prouvera une fois de plus cette chose déjà tant prouvée, c’est-à-dire à quel point l’action et l’expérimentation diffèrent de la théorie.
Je sais bien qu’il a une théorie toute prête à m’opposer (c’est son éventail, à cette femme !), et que cette théorie défend à la Critique honnête de pénétrer jusqu’à la pensée d’un auteur, de lui entrer dans la conscience.
Cette conclusion semble contredire brutalement une théorie sociologique fort connue, suivant laquelle l’évolution des sociétés les ferait passer du « type militaire » au « type industriel » et, du même coup, du despotisme à la démocratie. […] Est-il possible de concilier ces deux théories ?
On a commencé, avec Duns Scot, par métamorphoser les rapports en substances, et l’on finit, comme les mystiques, par fabriquer des théories de la grâce et de l’illumination23. […] J’ai promis de vous écouter sur M. de Biran, non sur voire théorie métaphysique.
Daignez considérer sans prévention une de vos théories ordinaires, celle de M. […] Théorie de M.
Il avait, comme publiciste, des lumières, des doctrines ou des théories libérales et généreuses, des accès et comme des poussées d’enthousiasme : tout cela ne tenait pas dans le particulier ; esprit aiguisé, blasé, singulièrement flétri de bonne heure par je ne sais quel souffle aride, il se raillait lui-même, il se persiflait, lui et les autres, par une sorte d’ironie fine, continuelle, insaisissable, qui allait à dessécher les sentiments et les affections en lui et autour de lui.
En revenant au discours du Forez, on retrouve là dans la piquante théorie de la noblesse qui, à la bien entendre, n’est plus un privilège et doit se répartir à divers degrés entre tous les individus d’un même pays, une variante ingénieuse pour exprimer ce sentiment patriotique d’union.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Mais il faudrait la connaître, cette langue permanente et nationale, pour s’en servir, et ce n’est que par ignorance, non par théorie, qu’on préfère souvent l’argot des salons, des boulevards et des journaux, à la langue de La Bruyère et de Mme de Sévigné.
Tout critique est, plus ou moins, sa propre dupe, la dupe de ses théories et de ses idées générales, qui faussent à son insu ses jugements particuliers.
Il ne faut donc pas croire que les théories démodées ont été stériles et vaines.
Par principe, elle ignorera ces théories auxquelles elle ne saurait reconnaître de valeur scientifique, puisqu’elles tendent directement, non à exprimer les faits, mais à les réformer.
Boileau est un exemple à l’appui de la théorie, Racine contre.
Il ne fallait pas l’adorer et l’épouser dans sa pensée ; car bien évidemment le comte Zélislas est une espèce de sarbacane à travers laquelle l’auteur souffle au public ses propres idées, ses théories, ses espérances, ses désespoirs, et la condamnation (éloquente, croit-il, comme une victime !)
— de ce patois qui fut la première langue de sa jeunesse ; car nous autres, gens de province, la première langue que nous ayons entendue a été un patois… Dans ces Récits de la Luçotte, nous n’avons affaire qu’à la première fileuse venue de la Bretagne, rhapsodisant, en tournant son rouet, ses vieilles histoires, et c’est pour cela que, brusquement et de plain-pied, elle est entrée dans ses Récits, sans explication, sans théorie et sans préface, et comme si toute la terre devait aimer le piché qu’elle nous verse et qui va nous griser, pour sûr !
Bien plutôt une réalité choisie. » — On trouverait une théorie à peu près complète de l’art classique, et particulièrement de l’art classique français, éparse dans les œuvres de Nietzsche. […] Car cette théorie peut conduire à Dieu, à un Dieu, à quelque chose de théologique ; elle contient du divin. […] Il apprendra, il raisonnera, il saura, il fera des théories. […] Ma théorie est essentiellement et radicalement aristocratique. […] La théorie de Nietzsche le conduisait à l’aristocratisme en l’y acculant ; et Nietzsche, aristocrate de nature et de tempérament, avait pris sa théorie dans ses tendances aristocratiques ; et Nietzsche était aristocrate parce qu’il était immoraliste, et il était immoraliste parce qu’il était aristocrate.
La théorie de Montesquieu, si contestée et si commentée, est une série de vérités de sens commun, et un groupe de lieux communs. […] » Les corps intermédiaires privilégiés enseignent au citoyen la théorie des droits de l’homme. […] Les Jacobins ont appliqué à la lettre la théorie de Jean-Jacques Rousseau. […] Il faut signaler seulement deux passages où il esquisse la théorie de l’Etat omni-possesseur et où il indique le système du partage égal ou à peu près égal. […] Ce qu’il y a de curieux, c’est que Frédéric II lui-même ne donne point dans cette théorie de l’utilité des grandes fortunes et du grand luxe.
On n’a point essayé de classer les chapitres en vertu de quelque théorie. […] Voilà le principe créateur de toute la théorie ; et la théorie n’est que l’ornement. […] Voilà, pour Gilbert Augustin-Thierry, la théorie d’un genre où il a très joliment excellé. […] Notons aussi que les théories ont leur avantage et leur conséquence. […] Les théories sociales le tentaient et, en quelque façon, n’a-t-il pas été socialiste ?
Ferdinand Brunetière se propose d’appliquer à la critique littéraire les théories de l’évolution. […] En théorie pure, on peut concevoir une critique qui, procédant de la science, participe de sa certitude. […] C’est l’Anatomie de la volonté, la Théorie des passions et la Psychologie de Dieu. […] « C’est la morale, dit-il, qui juge la métaphysique. » Et remarquez qu’en décidant ainsi il ne soumet pas la métaphysique, c’est-à-dire les diverses théories des idées, à une théorie particulière du devoir, à une morale abstraite. […] Barthélémy pâle, les cheveux en coup de vent, avait sans doute exposé avec une ardeur candide sa théorie de l’inspiration.
Il n’a apporté aucune vue d’ensemble nouvelle ; il n’a organisé autour de son auteur nulle de ces théories éloquentes que savait charpenter Brunetière ; il a exprimé dans la lumière et la limpidité la vérité traditionnelle. […] Qu’est-ce qu’une théorie scientifique vraie ? […] Il me semble que leur influence devrait se conjuguer à peu près avec celle de la philosophie ou simplement de la psychologie bergsonienne : les théories de Freud s’éclairent singulièrement à la lumière de Matière et Mémoire. […] Kohler a bien raison de remarquer que voilà un cas où les théories de la psychanalyse sur le complexe paternel apportent à la critique une précieuse lumière. […] Au dix-septième chapitre de la première partie, que j’ai appelé la Recherche de l’Absolu, est esquissée une théorie de la poésie pure, avec l’exemple de Mallarmé pour point d’appui.
L’auteur du Roman de la momie soutenait les deux théories, celle de l’inspiration et celle du labeur13. […] Tout peut se soutenir ; on peut tout justifier, la théorie des milieux, l’évolution des genres, les dragonnades, le despotisme, l’inquisition. […] Taine eut des théories ; Villemain faisait de l’histoire. […] Théorie de l’art pour l’art, par A. […] Cassagne, la Théorie de l’art pour l’art, p. 132.
Je voudrais prendre texte de l’occasion que me donne le tricentenaire de Molière pour montrer combien cette théorie se trouve vérifiée à son sujet. […] Cet excellent observateur n’avait guère de théories générales. […] Peu d’entre nous soupçonnaient que la théorie de la guerre féroce, issue de leur enseignement et professée par certains professeurs de là-bas, n’était pas un simple paradoxe d’université. […] Des théories y ont-elles été professées que les faits ont dû remettre au point ? […] Le succès du système de Karl Marx est dû à sa théorie que l’évolution de la valeur domine toute l’évolution des mœurs.
. — Théorie de Herschell et de Stuart Mill. — Exemple de ces diverses méthodes dans la recherche de l’antécédent de la rosée. […] « C’est à cette méthode, dit Mill, que l’esprit humain doit ses plus grands triomphes ; nous lui devons toutes les théories qui ont réuni des phénomènes vastes et compliqués sous quelques lois simples. » Elle n’est qu’une dérivation des précédentes, car elle part d’une propriété de l’antécédent obtenu par les précédentes. […] Ce sont là des formules ; un exemple sera plus clair ; en voici un où l’on va voir toutes les méthodes en exercice ; il s’agit de la théorie de la rosée du docteur Well. […] « La seconde confirmation de la théorie se tire de l’expérience directe pratiquée selon la méthode de différence. […] À présent, la seconde proposition de la théorie ordinaire, je veux dire le postulat d’Euclide, ne présente plus de difficulté.
Les rimes viennent selon l’idée, et leurs sonorités apparentées de près ou de loin, doivent apporter modifications à l’idée générale, la compléter, ou l’atténuer : c’est la rime logique… Il entre en ma théorie sociologique, que l’Art soit décentralisé — comme économiquement la France reprenne en un avenir scientifiquement social, sa décentralisation par provinces. […] Mais le poète scientifique et sociologique dont le but est la capture d’une noble chimère joint aimablement à sa lettre un fragment inédit du Volume II du Livre V de Œuvre ; lisons et nous verrons l’étrange réalisation des bizarres théories de M. […] — Mais sa théorie de la banalité de l’image amenée par la rime ? […] — Mistral incline à accepter ces théories. […] 3º. « Ma théorie sur le vers ?
Une théorie, en soi, peut être très belle comme fantaisie, mais d’ordinaire elle n’a rien de commun avec les faits dont elle veut donner l’interprétation. […] — « Je suis très reconnaissant aux gens de chercher une théorie philosophique sous l’histoire de Poil-de-Carotte. […] Trouverait-on une seule trace de ces théories nouvelles dans l’œuvre du maître ? […] » se demanda Marcel Schwob, qui évidemment voulait récompenser l’intérêt que je portais à l’explication de ses théories par une dissertation finale. […] Ils se tiennent modestement en dehors de la lutte des partis et des théories générales sur l’art.
Si leur lucidité psychologique n’était pas égarée par les préjugés de leurs théories, ils reconnaîtraient qu’ils poursuivent ainsi le frisson sacré du mystère, éliminé par ces théories. […] La page succède à la page, toute chargée d’impressions, d’observations, de théories. […] Vous y trouverez, à côté d’une théorie sur la musique, une théorie sur les objets d’art, à côté d’une physiologie de la table et de la cuisine à rendre jaloux Brillat-Savarin, des notes sur l’Allemagne et les Allemands qui condensent des volumes entiers en quelques lignes, comme celle-ci : « La naïveté de beaucoup d’Allemands n’est pas continue. […] Ainsi de Descartes, génie si original, et comme ses théories s’harmonisent avec l’activité littéraire, artistique et sociale du dix-septième siècle ! […] Que les impressions reçues alors aient exalté en vous le besoin d’arracher l’âme de la France à des théories de pessimisme que vous jugiez incompatibles avec son relèvement, la chose est certaine.
Krantz appelle la Théorie de la perfection unique . La théorie tient d’assez près à la Théorie de la beauté par l’universel. […] Examinons donc cette théorie à son tour et ne craignons pas d’y appuyer. […] Gory en est aussi, quand il en revient encore à la fameuse théorie du « doute méthodique ». […] Renouvier, dans son deuxième Essai de critique générale, a données sous ce titre : Pascal et la Théorie du vertige moral.
Singulière théorie ! […] Je confesse que cette théorie ne me convainc pas pleinement. […] Il y a un fond de bon sens dans ces théories. […] En somme, cette théorie est fort platonicienne et par conséquent assez claire. […] Les consolantes théories d’autrefois sont abjurées !
Les théories de Sainte-Beuve ont pu, sur le tard, démentir cette conception première ; elles ne l’ont pas abolie. […] Il allait à sa méthode, à ses découvertes, à ses théories. […] Je m’étonne de n’avoir pas vu citer plus souvent, quand on a discuté chez nous les théories de M. […] Exclusivement, si l’on allait au fond de leurs théories, la biologie. […] Le lecteur excusera la reprise si fréquente dans ce volume de cette théorie.
Depuis que les Partageux, qui se retrouvent au fond de toutes les révolutions comme les rats au fond de toutes les ruines, ont reparu, flanqués de théorie, dans ces derniers temps, on a essayé de faire de Babeuf, lâche et faussaire, un grand génie et presque un grand homme, comme si l’insecte qui perce la planche d’un vaisseau était plus qu’un ver ! […] Ce livre serait, en effet, bien capable de renverser, à lui seul, la vieille théorie fainéante qui règne en matière de linguistique parmi les savants de ce temps. […] Il l’a été, enfin, contre la théorie superficielle et impertinente du xvie siècle, qui enleva à la langue française son originalité et sa nationalité du même coup. C’est Scaliger, je crois, qui fut l’inventeur de cette fausse et basse théorie, mais c’est l’esprit de la Renaissance, cette affolée d’antiquité, qui la lui avait inspirée.
On sait que les théories mécaniques, et surtout cinétiques, tendent à expliquer les propriétés apparentes et sensibles des corps par des mouvements bien définis de leurs parties élémentaires, et que certains prévoient le moment où les différences intensives des qualités, c’est-à-dire de nos sensations, se réduiront à des différences extensives entre les changements qui s’exécutent derrière elles. N’est-il pas permis de soutenir que, sans connaître ces théories, nous en avons un vague pressentiment, que sous le son plus intense nous devinons une vibration plus ample se propageant au sein du milieu ébranlé, et que nous faisons allusion à ce rapport mathématique très précis, quoique confusément aperçu, quand nous affirmons d’un son qu’il présente une intensité supérieure ? […] Nous avons été habitués par notre expérience passée, et aussi par les théories physiques, à considérer le noir comme une absence ou tout au moins comme un minimum de sensation lumineuse, et les nuances successives du gris comme des intensités décroissantes de la lumière blanche. […] ROOD, Théorie scientifique des couleurs, pp. 154-159.
Cela dit, il faut, pour être juste, reconnaître que le théâtre moderne, pris dans son ensemble, n’a pas été sans mérite et sans valeur littéraire ; les théories ont failli ; un génie dramatique seul, qui eût bien usé de toutes ses forces, aurait pu leur donner raison, tout en s’en passant. […] Il n’explique pas ce démenti que donne l’auteur des Femmes savantes et du Misanthrope à cette théorie d’une mort partielle chez tous les classiques.
Heureusement pour M. de Pontmartin, sa pratique vaut souvent mieux que sa théorie, et la préface n’est pas ce qu’il y a de meilleur dans ses volumes. […] Elles sont immédiates, sans rapport nécessaire avec ses grandes théories, et tiennent à la personne même de l’écrivain : il est ce qu’on appelle un homme d’esprit.
Fromentin, agréable et attachant à lire d’un bout à l’autre, mérite qu’on le reprenne avec réflexion : il nous offre, dans la suite des peintures variées qui s’y succèdent, une belle image du talent et aussi une application de la théorie de l’auteur ; il nous livre le résultat excellent de sa manière, en même temps qu’il nous dévoile sa pensée particulière sur l’art. […] » Voilà la théorie qui se dessine bien nettement.
Voulez-vous une preuve de cette distinction puisée dans le fait et non dans la théorie ? […] II Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale, domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose.
La théorie des deux morales, c’est-à-dire, pour parler net, le privilège accordé aux souverains et aux hommes d’État de manquer à la morale dans un intérêt public ou qu’ils estiment tel, peut être également l’erreur volontaire et calculée d’un prince selon Machiavel — ou l’illusion d’un mystique, comme paraît avoir été ce mélancolique empereur au souvenir de qui trop de douleur s’attache pour que nous puissions, nous, le juger en toute liberté d’esprit, mais qui, au surplus, se trouverait sans doute suffisamment jugé, si l’on regarde sa fin, par le mot de Jocaste à Œdipe : « Malheureux ! […] Duruy, l’empereur Napoléon III ait soutenu contre lui la théorie des « hommes providentiels », exposée dans la préface de la Vie de César.
* * * On pourrait déduire cette théorie que je ne prétends pas inventer de toutes pièces3 : L’allégorie, comme le symbole, exprime l’abstrait par le concret. […] Stéphane-Mallarmé, — qui la récuserait peut-être, — la paternité de certaines réflexions contenues dans ce chapitre, je sais au moins tout ce que doivent à sa conversation les hôtes de ses mardis. — Les articles de plusieurs poètes d’à présent, et même les miens, ont énoncé déjà en grande partie, morceau par morceau, la théorie ci-après.
Et nous pouvons sacrifier la théorie sans diminuer celui de qui l’on en a soutiré la malencontreuse expression. […] De ces théories absolues et contradictoires, le tiers système que je vais esquisser n’est pas une conciliation (à quoi bon ?)
Et nous pouvons sacrifier la théorie sans diminuer celui de qui l’on en a soutiré la malencontreuse expression. […] De ces théories absolues et contradictoires, le tiers système que je vais esquisser n’est pas une conciliation (à quoi bon ?)
S’il avait eu à s’expliquer sur la méthode historique qui y avait présidé, il aurait élevé quelques objections : Je n’aime pas, dit-il à propos de je ne sais quel livre de considérations politiques, je n’aime pas trop ces ébauches de théories politiques a priori, quoique l’autorité du président de Montesquieu, qui les affectionnait particulièrement, soit en leur faveur. […] Il en est une surtout qui rentre dans l’ordre moral et littéraire : « M. de Buffon m’a toujours étonné, dit Grimm, par l’intime conviction qu’il paraît avoir de la certitude de sa théorie de la terre.
Son illustre fille, Mme de Staël, s’est chargée depuis d’imprimer aux pensées politiques de son père un cachet de précision et d’à-propos, et de leur prêter une expression d’éclat, en composant ses Considérations sur la Révolution française, qui eurent un si grand succès dans la haute société en 1818, et qui présentèrent une théorie spécieuse à la politique de la Restauration. […] Il continuait à y rendre au Premier consul de publics hommages ; s’appuyant de ces hommages mêmes, considérant le Premier consul comme une éclatante exception, et la Constitution de l’an VIII comme transitoire, il cherchait à trouver par la théorie les bases d’un établissement plus durable.
La science présuppose donc l’idée d’une vérité absolue. » A cette théorie nous répondrons d’abord que, si la science se place en dehors de toute perception actuelle, elle ne se place pas en dehors de toute perception possible. […] Mais, quelque étrange et mal élucidée que soit la théorie de Spencer, ce qui est important à noter, c’est qu’il y a, selon lui, quelque chose de donné dans notre constitution mentale.
Mais l’existence de variations individuelles et de quelques variétés bien tranchées, bien que le fondement nécessaire de notre théorie, ne nous est cependant que de peu de secours pour expliquer comment les espèces arrivent à se former naturellement. […] Rien n’est plus aisé que d’admettre en théorie la vérité de la concurrence vitale universelle ; mais rien n’est plus difficile, du moins l’ai-je ainsi trouvé à l’expérience, que de garder constamment cette loi présente à l’esprit.