Le bassin du Rhône, par exemple, se découpe à première vue en trois parties qui ont chacune leur caractère particulier : la première, depuis le glacier d’où il sort torrent aux ondes grises et limoneuses jusqu’au point où il entre dans le lac Léman ; la seconde, depuis l’endroit où il y pénètre jusqu’à celui où il disparaît sous terre, étranglé dans une fente de rochers ; la dernière, depuis le moment où il revoit le soleil et peut porter de grands bateaux jusqu’à celui où il se mêle aux flots bleus de la Méditerranée.
L’Histoire de Louis XI est-elle destinée à un meilleur sort ?
On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.
Tandis que ce penseur s’est appliqué à rechercher les causes formatrices des grands hommes dans l’hérédité, l’influence de la race, du milieu, de l’habitat, nous laissons comme insoluble actuellement ce problème d’origine et c’est de l’ascendant des conducteurs spirituels de peuples que nous nous préoccupons, de la carrière de leurs idées et de leurs paroles, du fait et du sort de leur prestige.
Ils ne semblent pas être sortis de la même main.
Dix-neuf étaient sortis des mêmes entrailles ; différentes captives m’avaient donné les autres ; la plupart ont fléchi sous le cruel Mars.
Les siècles, évoqués par ces sons religieux, font sortir leurs antiques voix du sein des pierres, et soupirent dans la vaste basilique : le sanctuaire mugit comme l’antre de l’ancienne Sibylle ; et, tandis que l’airain se balance avec fracas sur votre tête, les souterrains voûtés de la mort se taisent profondément sous vos pieds.
Gœthe lui-même eût mieux fait de ne pas sortir du monde moderne.
Ces erreurs devaient fatalement sortir à notre époque du sentiment encore trop irréfléchi de l’unité de tous les arts dans la notion d’art en général. […] Le rédempteur promis à l’homme à l’instant même de sa chute doit sortir de la femme, c’est-à-dire de la faculté volitive de l’homme. […] Il n’est pas besoin, pour sortir de l’époque transitoire où nous nous trouvons, d’une révélation nouvelle, comme l’attendait M. de Maistre. […] Rien ne jaillit, rien n’est exprimé ; la pensée n’a pu sortir du germe qui l’enveloppe. […] Tout le reste sort des classes patriciennes.
Le mot, presque involontairement, revient sous sa plume à chaque page ; et, en effet, c’est qu’il sort pour ainsi dire de la situation. […] « Les vers le dévorent, une de ses ailes se casse, l’étoupe lui sort du ventre », mais il n’en demeure pas moins la dernière affection de Félicité. […] Rappelez-vous ce que pensait, et ce qu’a dit Voltaire de ces Mémoires de d’Artagnan, par exemple, d’où nous avons vu sortir en notre temps les Trois Mousquetaires. […] De toutes les indications jetées dans la première partie sortent successivement des conséquences, des conséquences naturelles, et des conséquences fatales. […] » Et encore : « Ce fut l’occasion d’une cérémonie où l’eau et le savon jouèrent le principal rôle, et de laquelle la petite fille sortit avec une nouvelle beauté.
Si la confusion est plus grande que jamais, les efforts qu’on fait pour en sortir prouvent qu’à l’heure présente le naturalisme est vivant, encore qu’il n’ait pas de nom bien défini. […] Les coroplastes de Tanagra n’en sortaient guère. […] Mais tous les artistes et les hommes de lettres dépendent un peu de son sort au xviiie siècle. […] Le réalisme qui sort du lieu et du temps présents en a plus besoin encore que l’autre qui s’y confine. […] En conséquence, on a tenté de nous intéresser, non sans quelque succès, au sort des gens du peuple, soit dans les villes, soit dans les campagnes.
Le besoin de sortir de la foule obscure et anonyme peut s’exaspérer jusqu’à une telle frénésie qu’il devient indifférent d’être aimé ou haï, adoré ou maudit par elle, pourvu qu’on s’en distingue. […] Tel conquérant aussi grand qu’eux, faute d’un grand poète ou d’un grand historien, n’est jamais sorti du crépuscule ou de la nuit complète. […] Voilà pourquoi il est extrêmement hasardeux pour un auteur, bien que cela ait pu quelquefois réussir, d’attendre d’être sorti du monde des vivants pour entrer dans l’immortalité. […] L’idée singulièrement originale de ce livre fameux, c’est que le véritable grand homme est toujours grand, dans quelque situation que le sort l’ait placé. […] Ce qui s’est fait ainsi ne me sort plus facilement de la mémoire, et c’est peut-être le don le plus précieux que Notre-Seigneur m’ait fait.
Et puis enfin, voici Œdipe qui sort du coin sombre du palais où il était confiné. […] Mourrai-je tant de fois sans sortir de la vie ? […] En le faisant j’estime que je sors absolument de la question. Mais pourquoi n’en pas sortir ? […] On ne voulait pas sortir du théâtre ; on voulait faire recommencer la pièce.
Par les chaudes soirées, elle sort et s’assied au pas de sa porte, afin de respirer l’air nocturne. […] Le sort ne le voulut pas. […] « Trop de bandits sinistres sont sortis — avoue M. […] Il sortira peut-être de l’épreuve renouvelé, vivifié, magnifique. […] On dirait alors que, d’un brouillard, sort et s’élance une clarté.
Une seconde cause toute physique, et dont nous ne trahirons pas le secret, précipita l’innocence d’Amaury hors des voies saintes où elle avait timidement cheminé jusque-là ; et toutefois, avant d’en sortir pour jamais, Amaury, un instant épris d’une jeune fille, s’arrête pour l’aimer. […] Je sais bien que c’est là le sort des littératures qui ont fait leur temps et qui meurent d’impuissance entre un madrigal et une scolie ; que c’est par ces signes affligeants que se manifestent les époques de décadence ; mais ne nous dit-on pas tous les jours que nous sommes une époque de création ? […] « Toute leur glace, dit un ingénieux biographe, vient se fondre à son ardente sensibilité. » On l’héberge, on le voiture ; il a maison de ville et maison de plaisance, tout un musée pour lui seul ; il entre, il sort à tout propos. […] Jacquemont, tombé dans ce guêpier, vit bien qu’il n’y avait qu’un moyen d’en sortir, et qu’il fallait lutter non de force, mais d’impertinence avec cette canaille. […] Si vous donnez la main droite, vous aurez le sort de Valentine, ou vous fuirez au bout du monde, par-delà l’équateur, comme Indiana.
Si la fortune politique de Bonaparte ne s’était pas fait jour, s’il avait couru une carrière d’homme de lettres, il est invraisemblable que de cette carrière ait pu sortir une œuvre littéraire égale à celle que nous a valu sa fortune césarienne. […] Des Martyrs cependant, quand ils ont subi une opération de nettoyage, sortent avec leurs coloris frais, d’admirables morceaux. […] Chateaubriand l’a apporté avec lui, et sa phrase : « La vie me fut infligée » sort bien de ses profondeurs. […] Elle est, comme la presse, un produit de la Charte de 1814, ainsi que la caricature sortira de la Charte de 1830. […] Le sort de ce poème a été singulier.
Que des hommes de la Montagne, les héros plus ou moins sanglants de cette formidable époque, soient demeurés fixes jusqu’au bout dans leur conviction et soient morts la plupart immuables, on le conçoit : la foudre, on peut le dire sans métaphore, les avait frappés : une sorte de coup fatal les avait saisis et comme immobilisés dans l’attitude héroïque ou sauvage qu’avait prise leur âme en cette crise extrême ; ils n’en pouvaient sortir sans que leur caractère moral à l’instant tombât en ruine et en poussière. […] Mais La Fayette (et voilà ce qui importe), en allant au-delà, n’était plus le même ; il sortait de l’esprit de sa ligne, de sa fidélité à ses serments, de sa religion publique ; il tombait dans la classe des hommes à 18 brumaire. […] en philosophie Locke en est, Descartes lui-même n’en sort pas : j’y mets André Chénier en poésie. […] Mais ce qu’on écrit, ce qu’on dit de plus judicieux, de plus fin, dans les intervalles de l’action, ne prouve pas toujours ; on ne saurait conclure de toutes les qualités de l’écrivain historien, de l’homme sorti de la scène et qui la juge, à celles de ce même homme en action et en scène. […] La conclusion, nullement politique, et toute morale, que j’en veux tirer, c’est que la réalisation d’un ordre rêvé est toujours inférieure à l’idéal, même le plus modéré, qu’on s’en faisait ; que les imperfections et les insuffisances, non-seulement des hommes, mais des principes, se font sentir et sortent de toutes parts le jour où le monde est à eux, et que nulle fin humaine, en aboutissant, ne répondra à la promesse des précurseurs.
On peut sortir en toute saison, vivre dehors sans trop pâtir ; les impressions extrêmes ne viennent point émousser les sens ou concentrer la sensibilité ; l’homme n’est point alourdi ni exalté ; pour sentir, il n’a pas besoin de violentes secousses et il n’est pas propre aux grandes émotions. […] Ils les façonnent pourtant et les différences des peuples européens, tous sortis d’une même souche, le prouvent assez. […] Sans doute le sujet sachant et pensant sera toujours limité ; mais le savoir et le pouvoir sont illimités, et par contre-coup la nature pensante elle-même pourra être fort agrandie, sans sortir du cercle connu de la biologie. […] De même que l’humanité est sortie de l’animalité, ainsi la divinité sortirait de l’humanité. […] Le meurtre inutile d’une mouche est un acte blâmable ; celui qui est sacrifié aux fins idéales n’a pas droit de se plaindre, et son sort, au regard de l’infini (τῷ θεῷ), est digne d’envie.
Alors que le génie devrait donner le droit de disposer plus librement de soi, c’est justement le sort contraire qu’il subit. […] Bien plus : autour de lui, on était ébloui par l’importante de cette espèce de « gros lot » que le sort lui attribuait et personne ne désapprouva sa conduite. […] Quand il vivait, la société voyait en lui un être exceptionnel, un peu monstrueux et elle l’abandonnait aux vicissitudes du sort. […] La guerre mondiale, par exemple, apparaîtrait sous une lumière différente si demain les papiers intimes, écrits et abandonnés à leur mort par les acteurs du grand drame, sortaient des archives de famille où ils sont enfouis. […] Je regrette de ne pas pouvoir résumer ici — car je sortirais par trop de mon sujet — les arguments de M.
Sortir du réel, c’est en même temps sortir du vrai. […] Quand les conventions en sont tombées là, de leur excès même sort le remède. […] C’est une crise de réalisme, crise salutaire dont l’art sort rajeuni, retrempé aux sources fraîches de la nature. […] Ces connaissances, refondues et organisées en images concrètes, lui permettent d’inventer librement sans sortir de la vérité. […] Il est sorti de lui-même.
Et les moins travaillés des injures du sort Peuvent-ils pas justement dire Qu’un homme dans la tombe est un navire au port ? […] Tout frémissant encore d’une horreur sacrée des bourreaux du Christ, comme s’il sortait d’assister au drame du Calvaire, il n’y a rien là de personnel que l’accent, que l’éclat de la parole, que l’allure du discours. […] L’esprit du xviiie siècle n’est pas sorti naturellement de celui du xviie siècle, comme l’effet sort de la cause, ou la conséquence du principe, comme le chêne sort du gland, ou l’oiseau de son œuf ; il y a fallu l’interposition ou l’intervention d’autre chose ; et je veux bien que la rupture entre eux n’ait pas été complète — puisque aussi bien, ni dans l’histoire ni dans la nature, on n’en connaît de telles, — mais ce que l’on ne saurait nier, c’est qu’il y ait eu déviation, inversion, renversement du pour au contre, et que, plus que personne, Bayle y ait contribué. […] Jugez après cela si l’on peut bien raisonner, quand on conclut que puisqu’une chose sort du fond de la nature, qu’elle est un instinct de la nature, elle est véritable ? […] Il s’agissait de savoir si, pour penser un peu librement, il faudrait sortir de l’Église, ou, pour y rester, s’il faudrait accepter d’elle une direction qui s’emparerait même des choses indifférentes.
Il dégage le drame qui peut sortir du conflit des intérêts qui se heurtent dans ce monde spécial. […] Marivaux disait qu’il avait passé sa vie à faire sortir l’amour de toutes les niches où il se cache. […] Elle le força à sortir d’un genre d’où il avait tiré tout ce qu’il en pouvait attendre et où il se serait immanquablement affadi. […] Ses héros sortent d’une petite boutique provinciale pour marcher à la conquête de Paris. […] Il en sort de tous les coins de faubourgs, il en descend de toutes les hauteurs : Batignolles, Montmartre, Montparnasse, monts Aventins de la bohème.
Antigone, vaincue du sort, n’adresse que des supplications aux Athéniens qui l’accueillent. […] Notez ce sentiment : Gœtz de Berlichingen en sortira. […] Werther sortit de cette disposition générale des esprits, et ne la fit point naître. […] Il faut que je m’en remette au sort et à la grâce de Dieu. » Par malheur, Dieu dans sa bouche n’était qu’un mot, et un mot ne rassure pas. […] On dirait à le voir si enthousiaste, et cependant si calme, qu’il est sorti d’hier des forêts de la Germanie primitive et qu’il campe à Vienne ou à Berlin comme sous la tente des patriarches.
Ponsard a su agrandir son cadre sans le briser et sans en sortir.
Il n’est pas un seul instant sorti de son sujet, et a su marquer au passage son opinion tout en satisfaisant aux conditions académiques et en parant aux dangers de son vis-à-vis.— On peut dire que si sa louange a été extérieure, sa critique a été intestine.
Non, à coup sûr ; mais il n’a pas entièrement raison toutefois ; il l’a vue de trop loin, de même que ceux qui y vivent et meurent sans en sortir la voient de trop près.
Je sors de chez elle amoureux fou.
Paul Déroulède battait soudain entre mes mains et dans ma voix avec le rythme tout populaire de ses vers : Il fait nuit ; la diane a sonné, tout s’éveille ; Les hommes sont sortis des lentes qu’on abat ; La soupe est sur le feu, le vin dans la bouteille, Et, chantant et riant à la flamme vermeille, Ces diables de Français commencent leur sabbat.
Évidemment, Le Monde où l’on s’ennuie ne semble pas, au premier abord, sortir de la même plume que ce recueil intitulé : Amours et haines, et pourtant, en y regardant bien, on trouvera des tournures d’esprit, une façon de voir, piquante même dans le lyrisme, qui démontrent bien que l’auteur dramatique et le poète ne font qu’un.
Pottecher consiste à prendre une idée générale et à la symboliser, ainsi que son contraire, dans des personnages qui naturellement se choquent et de la conduite desquels on peut voir sortir les conséquences bonnes ou mauvaises des idées représentées.
Ces Articles prouvent combien cet Ecrivain est capable de joindre le mérite de penser avec justesse, à celui de s’exprimer avec grace, quand il ne cherche pas à sortir de lui-même, & à appliquer ses talens à des sujets qui leur sont étrangers.
Son regard semble farouche ; L'écume sort de sa bouche ; Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement.
Il attaqua vivement l’auteur, Italien de naissance, un de ces sçavans, il est vrai, sans esprit & sans goût, mais considérés à cause de leur application & de leurs recherches, qui ne sortent des bornes de la modération, que lorsqu’on ne garde aucun ménagement pour eux.
Mais abandonnons ce pauvre Mr Halle à son sort et passons à un homme qui en vaut bien un autre.
On serait bien embarrassé de choisir entre sa Marchande à la toilette, sa Bouquetière, sa Femme qui sort du bain, la Prêtresse qui brûle de l’encens sur un trépied, la Femme qui arrose ses fleurs, la Proserpine qui en orne le buste de sa mère et l’Offrande au temple de Venus.
L’abbé Noirot8 Voici le livre d’un homme obscur encore, mais qui sortira — nous en sommes certains — de cette obscurité trop modeste.
Nous les montrerons, malgré la variété infinie de leurs mœurs, tourner sans en sortir jamais dans ce cercle des trois âges, divin, héroïque et humain.
L’amour entre dans son cœur avec l’air chaud et suave ; la campagne se transfigure, les oiseaux parlent, et il les entend : Là je m’assis parmi les belles fleurs, Et je vis les oiseaux sortir en sautillant des berceaux Où toute la nuit ils s’étaient reposés. […] Ou bien donnez-nous de votre jambon, si vous en avez, une pièce de votre couverture, bonne dame, notre chère sœur (tenez, j’écris ici votre nom), du lard, du bœuf, ou tout ce que vous trouverez. » Il promet de prier pour tous ceux qu’il inscrit et qui lui donnent ; à peine sorti, il efface les noms. […] Lève ta queue, Satan, dit l’ange, afin que le moine voie où est le nid des moines. — Et sur une largeur de plus d’un arpent on vit sortir, comme des abeilles de leur ruche, plus de vingt mille moines ; ils s’éparpillèrent à travers l’enfer et revinrent aussi vite qu’ils purent se glisser jusqu’au dernier dans l’endroit d’où ils étaient sortis. […] Chaucer commence à sortir du moyen âge, mais il y est encore. […] — Que les attributs déterminent les personnes, et non pas la substance, c’est-à-dire la nature. — Comment les propriétés peuvent être dans la nature de Dieu et ne pas la déterminer. — Si les esprits créés sont locaux et circumscriptibles. — Si Dieu peut savoir plus de choses qu’il n’en sait. » Voilà les idées qu’ils remuent ; quelle vérité en peut sortir ?
En même temps que l’Aphrodite Anadyomène du Corrège sort pour la seconde fois de la mer, le sentiment de la dignité humaine, véritable base de la morale antique, entre en lutte contre le principe hiératique et féodal. […] Je suis entré, par l’hommage rendu au génie de Victor Hugo, dans le monde des vrais poètes, et je n’en sortirai plus. […] De ce sanctuaire sont sortis, avec une discrétion un peu hautaine à laquelle j’applaudis, ces poèmes d’une beauté pâle et pure, toujours élevés, graves et polis comme l’homme lui-même, et qui ne se sont empreints d’une amertume et d’un trouble contenus que dans les Destinées. […] Il en sort des malédictions et des plaintes, des chants extatiques, des blasphèmes, des cris d’angoisse et de douleur. […] Cette langue si neuve, si riche et si précise, ces figures, ces péripéties dramatiques, ces noms ne sortiront plus de notre mémoire ; la vision du Poète est devenu la nôtre.
Mais ils n’ont oublié qu’un point : c’est de nous dire pourquoi, si le christianisme était déjà tout entier dans l’hellénisme, il n’en est pas sorti. […] Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine ! […] » Ce fromage blanc ne m’est jamais sorti de la mémoire. […] L’histoire du siècle présent prouve également à quel point le sort de tous a été amélioré par les idées nouvelles… Telles sont les conséquences de la méthode scientifique. […] L’horreur en augmentait tous les jours par les nouvelles qu’on recevait des provinces. » Et un peu plus loin, à l’endroit de la mort de Charles IX : « La manière dont il mourut fut étrange : il eut des convulsions qui causaient de l’horreur, et les pores s’étant ouverts par des mouvements si violents le sang lui sortait de toutes parts.
Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] Cela l’obligea de me laisser jusqu’à l’âge de vingt-deux ans au collège, et lorsque j’en fus sorti, je connus par expérience qu’excepté le latin que j’étois bien aise de savoir, tout ce qu’on m’avoit appris m’étoit non-seulement inutile, mais encore nuisible, à cause que je m’étois accoutumé à parler dans les disputes sans entendre ni ce qu’on me disoit, ni ce que je répondois, comme c’est l’ordinaire. […] Madame aussi, qui plaisoit partout, étoit de bonne compagnie à la table, et nous y fûmes plus d’une heure sans qu’elle fît le moindre semblant d’en vouloir sortir. […] Les écrits sortis de sa plume dans ses dernières années sont insipides ; il baisse à vue d’œil, il se rouille ; il parle de la Cour en bel-esprit redevenu provincial ; il a des ressouvenirs d’épicurien qu’il amalgame comme il peut avec des visées platoniques, et, dans son type d’honnête homme qui est sa marotte éternelle, après avoir épuisé la liste des anciens philosophes, il va jusqu’à essayer en quelques endroits d’y rattacher… qui ? […] Voir la lettre 11e, où il se montre comme assiégé par les créanciers, qui l’empêchaient, de sortir de chez lui et de faire des visites ; la lettre 37e, sur le triste état de ses affaires ; la lettre 8e, sur une dette de jeu.
Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Et voyez en un instant les habitudes de la prostituée derrière les mœurs de l’empoisonneuse ; Séjan sort, et sur-le-champ, en vraie courtisane, elle s’est tournée vers son médecin, lui disant : « Quel teint ai-je aujourd’hui ? […] Aussitôt deux délateurs qu’il a cachés derrière la porte se jettent sur Sabinus en criant : « Trahison contre César », et le traînent, la face voilée, au tribunal d’où il sortira pour être jeté aux Gémonies. — Un peu plus loin le sénat s’assemble. […] Volpone sort déguisé, s’attache tour à tour à chacun d’eux, et achève de leur briser le cœur. […] Ils le tirent au sort ; l’un des perdants, pour se venger, annonce d’avance au public tous les événements de la pièce.
Il ne faisait pas partie d’un ordre rigoureusement cloîtré. « C’est une chose louable pour un religieux, dit-il, de sortir rarement. » Donc il pouvait sortir. « N’ayez de familiarité avec aucune femme, mais recommandez à Dieu, en général, toutes les femmes de vertu. » Donc il connaissait des femmes. […] Mais le moment est peut-être venu de le « sortir » de nouveau. […] Le Chat-Noir Cet ingénieux animal n’est pas mort ; mais on peut dire, sans l’offenser, qu’il est sorti de sa « période héroïque ». […] Le veuvage, la médiocrité de situation qui a suivi, les ont fait sortir, malgré elles, de ce charitable effacement.
Une humeur très pure compose le cristal limpide : l’iris et le diamant sortent d’une humeur plus brune. […] Pourrais-je en sortir plus mal équipé que je n’y suis entré ? […] Pendant les troubles qui suivirent la mort du Roi, l’Académie fut dissoute, et l’Institution sur beau vélin eut un sort bizarre. […] Leur sort fut bizarre et risible, car ils ne manquaient pas de mérite. […] Trahi par le sort infidèle, Comme un lion pressé de nombreux léopards.
La haine n’est point entrée dans mon cœur, mais le mépris n’en peut sortir. […] Dans ses idées, le cercle est fermé et il ne peut plus sortir de l’esprit humain qu’un arrière-faix immonde et des déjections. […] Quelle espèce d’intérêt littéraire ou philosophique peut-il sortir des anecdotes de M. […] On voulait voir les fronts sublimes. « C’est Coquelin, c’est Delaunay, voilà Samary, Cadet va sortir, ô ma mère, restons encore ! […] On en voit sortir des tombeaux mal gardés où ils trompaient leur famine en rongeant les os des morts.
David, et il faut que j’aille tirer ma place au sort. » Il n’eut pas plutôt achevé ces paroles, qu’il ouvrit la porte et descendit le petit escalier de bois qu’Étienne venait de monter. […] Comme David se disposait à sortir, il s’approcha d’Étienne, jeta les yeux sur ce qu’il dessinait et lui donna des encouragements avec bienveillance. […] Je crois avoir terminé la figure de mon Tatius… » À ces derniers mots, la physionomie de tous les élèves s’épanouit, comme si le personnage dont on venait de parler fût sorti de dessous terre. […] Voilà le sort de toutes les traductions lorsqu’on tâte de l’original. […] Offrons à vos yeux un tableau plus digne de vous-mêmes ; présentons l’homme à son auteur tel qu’il sortit de ses mains divines, et mettons au grand jour les avantages du gouvernement républicain.
Celle-là, c’est surtout la région des grands fleuves parallèles sortis de la Forêt Hercynienne et descendant vers le nord. […] La Belgique est là pour faire ce mélange, d’où il sortira, grâce à elle, quelque chose de plus que les deux éléments initiaux. […] Un flot de sang sortit par la bouche. […] Les sous sortent facilement des poches. […] Elle ne sort pas, à un moment donné, d’un abîme inexorable, inaccessible et insondable.
De même dans cette autre qui est encore de Cicéron, miseret me infelicis familiae ; suppléez sors, & vous aurez cette phrase complete, sors infelicis familiae miseret me. […] je suis sorti. que je sois sorti. être sorti. sois sorti.
Et en effet, il seroit impossible, que toute bienséance observée, il ne sortît de ces discussions éxactes, une lumiere qui éclaireroit enfin le public. […] Qu’il s’abandonne à l’emportement et à l’intempérance de son imagination sans aucun discernement, et qu’il sort presque toûjours de son sujet, par la multiplicité et l’attirail de ses épisodes. […] Ils ont fait un assemblage fatiguant de choses rares, dont peut-être aucune ne sort absolument de la vrai-semblance, mais qui toutes ensemble paroissent absurdes à force de singularité. […] Il a fait à peu près comme un paysan, qui doüé naturellement de l’organe le plus poëtique, ne seroit jamais sorti de son village. […] L’unité consiste à ne choisir que des circonstances qui concourent au même effet, à ne pas sortir un seul moment du genre de l’image, à n’y rien mêler que de gracieux, de grand ou de terrible, selon que le fonds le demande.
Et d’où sortait donc ce mousquetaire de dix-neuf ans, si résolu dès le premier jour à transmettre les choses de son temps dans toutes leurs complications et leurs circonstances ? […] Il sent la plaie et la faiblesse morale de la France au sortir des mains de Louis XIV ; tout a été abaissé, nivelé, réduit à l’état d’individu, il n’y a que le roi de grand. […] Ils sortirent des mains de sa famille pour devenir des espèces de prisonniers d’État ; on craignait les divulgations indiscrètes. […] J’ai comparé ailleurs cette pétulance et cette précipitation des choses sous sa plume « à une source abondante qui veut sortir par un goulot trop étroit et qui s’y étrangle ».
Venu à Paris, à Versailles, il y rejoignit son compatriote et camarade Bertin, qui sortait également des études ; ils se lièrent étroitement, et dans ces années 1770-1773 on les trouve tous deux membres de cette joyeuse et poétique confrérie qui s’intitulait l’Ordre de la Caserne ou de Feuillancour : « Représentez-vous, madame, écrivait Bertin dans son Voyage de Bourgogne, une douzaine de jeunes militaires dont le plus âgé ne compte pas encore cinq lustres ; transplantés la plupart d’un autre hémisphère, unis entre eux par la plus tendre amitié, passionnés pour tous les arts et pour tous les talents, faisant de la musique, griffonnant quelquefois des vers ; paresseux, délicats et voluptueux par excellence : passant l’hiver à Paris et la belle saison dans leur délicieuse vallée de Feuillancour 166 ; l’un et l’autre asile est nommé par eux la Caserne… » Et Parny, au moment où il venait de se séparer de cette chère coterie, écrivait à son frère, durant les ennuis de la traversée : « … Mon cœur m’avertit que le bonheur n’est pas dans la solitude, et l’Espérance vint me dire à l’oreille : Tu les reverras, ces épicuriens aimables, qui portent en écharpe le ruban gris de lin et la grappe de raisin couronnée de myrte ; tu la reverras cette maison, non pas de plaisance, mais de plaisir, où l’œil des profanes ne pénètre jamais… » C’est ainsi, je le soupçonne, si l’on pouvait y pénétrer, que commencent bien des jeunesses, même de celles qui doivent se couronner plus tard de la plus respectable maturité ; mais toutes ne s’organisent point aussi directement, pour ainsi dire, que celle de Parny pour l’épicuréisme et le plaisir. […] Cette enfant, dont la naissance a été entourée de mystère et dont le sort a pu rester ignoré de Parny, fut enlevée à sa mère par les intéressés, et secrètement confiée aux soins d’une dame Germaine, mulâtresse, et mère elle-même de plusieurs enfants. […] J’ai quelquefois pensé que, si le Directoire avait pu se prolonger un peu honnêtement, il serait sorti de là une littérature plus originale, plus neuve que la plupart des soi-disant classiques du moment n’étaient à même de le soupçonner. […] J’ai hâte de sortir de cette triste période et de cette critique ingrate pour retrouver le Parny que nous avons droit d’aimer.
Ils sont sortis de là tout préparés à sentir et à rendre le pittoresque propre à notre époque. […] Leur caractère étant donné, ce qui en sort n’en paraît pas sortir nécessairement Mais quelques-uns sont des malades et, en signalant ce qu’ils ont d’inexpliqué, c’est peut-être leur maladie même que nous leur reprochons. […] Plusieurs de leurs tableaux sont d’une tristesse qui prend aux nerfs, qui fait mal, et d’autant plus qu’elle sort des choses et non plus, comme dans l’ancien roman dit idéaliste, d’une situation morale, généralement d’une lutte intérieure entre des sentiments contraires, exposée sous forme d’effusion solitaire ou de dialogues.
Il ne sortait de cette confraternité que des éloges, donnés peut-être de bonne foi, mais très certainement à titre de réciprocité, à des poésies médiocres. […] L’Académie française rendait le plus beau témoignage du caractère pratique de notre littérature par le spectacle d’esprits très divers, presque tous gâtés par les louanges, subordonnant leur tour d’esprit particulier à l’esprit de la compagnie, et, du sacrifice des vanités individuelles à une raison commune, faisant sortir des actes pleins de sagesse et d’équité. […] Vaugelas s’était qualifié de « témoin de la censure générale » ; il ne sortit pas un moment de l’impartialité du témoignage. […] Des innombrables écrits qui sortirent de sa plume dans l’espace de soixante ans, aucun n’est demeuré.
Il importe peu à notre objet actuel de pousser plus loin cette délicate analyse, d’essayer de reconstruire en quelque sorte, d’une part, les Logia originaux de Matthieu ; de l’autre, le récit primitif tel qu’il sortit de la plume de Marc. […] Mais qu’en somme cet évangile soit sorti, vers la fin du premier siècle, de la grande école d’Asie-Mineure, qui se rattachait à Jean, qu’il nous représente une version de la vie du maître, digne d’être prise en haute considération et souvent d’être préférée, c’est ce qui est démontré, et par des témoignages extérieurs et par l’examen du document lui-même, d’une façon qui ne laisse rien à désirer. […] Irénée est formel ; or, Irénée sortait de l’école de Jean, et, entre lui et l’apôtre, il n’y avait que Polycarpe. […] Chaque trait qui sort des règles de la narration classique doit avertir de prendre garde ; car le fait qu’il s’agit de raconter a été vivant, naturel, harmonieux.
On aurait beau combiner de mille manières des atomes psychiques, on n’en ferait pas sortir un plaisir ou une douleur, une pensée, une volition. […] On désigne aussi des antécédents de ce phénomène plus ou moins éloignés ; bref on sort de la question, qui est : « Qu’est-ce qu’un son, comme son ? […] Si le psychologue recherche les lois des phénomènes, ce sont surtout leurs lois de génération ou de genèse interne, qui font sortir un état de conscience d’un autre état de conscience par un processus dont les divers termes s’impliquent et s’expliquent mutuellement. […] Dans le chronomètre, tous les mouvements se déroulent et s’expliquent d’une manière adéquate, sans aucune considération de l’heure, tant du moins qu’on ne sort pas du chronomètre pour remonter à l’horloger.
Mais, si le Pigeon biset lui-même était détruit, et nous avons toutes raisons de croire qu’à l’état de nature toute souche mère est généralement exterminée et supplantée par ses descendants modifiés, il serait alors absolument incroyable qu’un Pigeon-Paon, identique aux nôtres, pût sortir d’aucune autre espèce sauvage, ou même des autres races de Pigeons domestiques suffisamment fixées pour se reproduire purement, car le nouveau Pigeon-Paon qu’on parviendrait peut-être à obtenir hériterait bien certainement de ses nouveaux progéniteurs quelques légères différences caractéristiques. […] Il suit de là que les descendants modifiés et perfectionnés d’une espèce doivent presque toujours causer l’extinction de leur souche mère ; et, si un grand nombre de formes nouvelles sortent successivement d’une espèce quelconque, les formes les plus proche-alliées de cette espèce, c’est-à-dire les autres espèces du même genre, seront les plus exposées à être exterminées. […] Celles-ci doivent avoir encore plus de moyens que les souches dont elles sortent, de l’emporter dans la grande bataille de la vie et de pouvoir se conserver et se perpétuer. […] Cependant je m’attends à ce qu’elle se confirme de plus en plus chaque jour, du moins en ce qui concerne les groupes subordonnés, qui sont sortis les uns des autres par une suite de ramifications successives depuis des temps comparativement récents.
Nous avons cette impression au sortir d’un beau drame. […] Rien de vivant ne sortirait de là. […] Peu importe que vous ayez lu tout à l’heure, avant de sortir, des contes de fées avec des histoires de géants aux interminables bras. […] Voyez maintenant si certaines comédies de Molière ne donneraient pas la même sensation : par exemple Monsieur de Pourceaugnac, qui commence presque raisonnablement et se continue par des excentricités de toute sorte, par exemple encore le Bourgeois gentilhomme, où les personnages, à mesure qu’on avance, ont l’air de se laisser entraîner dans un tourbillon de folie. « Si l’on en peut voir un plus fou, je l’irai dire à Rome » : ce mot, qui nous avertit que la pièce est terminée, nous fait sortir du rêve de plus en plus extravagant où nous nous enfoncions avec M.
Si l’on voulait, à toute force, tirer une leçon du livre, rien ne serait plus aisé : les moralistes chrétiens ont parlé souvent en termes généraux, mais avec une grande vérité, des misères de la passion et de l’enfer des jalousies ; on en a ici un exemple à nu, on a un damné qui sort de son gouffre et de son cercle dantesque pour nous faire sa confession atroce et d’une énergie truculente. […] Sa tristesse et sa distraction se dissipèrent : elle ne résista plus au charme secret que répandait dans son âme la vue du bonheur que je lui devais ; et quand nous sortîmes de table, nos cœurs étaient d’intelligence comme si nous n’avions jamais été séparés.
Dans les dernières combinaisons stratégiques imaginées jusqu’à la fin de la lutte par Napoléon et qui consistent à enfermer plus ou moins les coalisés, à opérer sur leurs flancs et sur leurs communications, à les étreindre dans un cercle fatal d’où ils ne sortiront pas, il y a toujours une supposition et un sous-entendu qui frappe même les profanes comme nous et les ignorants dans l’art de la guerre : c’est que Paris, pendant ce temps, tiendra ferme, c’est que le point d’appui de tout l’effort, la clef de voûte ne cédera pas. […] Et s’il est arrivé que, lui sorti de la scène politique, la France n’ait point dépéri ; que cet être collectif, cet être idéal et redoutable qu’on appelait la coalition, et qui est demeuré pendant tant d’années un grand spectre dans l’imagination des gouvernants, ait été conjuré enfin par un enchanteur habile et puissant ; que la France soit redevenue elle-même tout entière sur les champs de bataille anciens et nouveaux et dans les conseils de l’Europe ; si, à cette heure même où nous écrivons, une province, une de ses pertes, est recouvrée par elle et lui est acquise, moins à titre d’accroissement que de compensation bien due, et aussi comme un gage manifeste de sa pleine et haute liberté d’action, on est sûr qu’en cela du moins le cœur de l’historien du Consulat et de l’Empire se réjouit ; que si une tristesse passe sur son front, c’est celle d’une noble envie et de n’avoir pu, à son heure, contribuer pour sa part à quelque résultat de cet ordre, selon son vœu de tous les temps ; mais la joie généreuse du citoyen et du bon Français l’emporte.
Je croyais qu’on était sorti depuis longtemps de cette lutte, de ce dualisme stérile, et que les modernes éclairés, depuis Galilée, Bacon et Descartes, n’hésitaient plus. […] Il y est même fait des allusions contre l’École normale et ce qui en sort, mais assez gauches et assez obscures ; il est juste que M. de Laprade, quand il essaye de manier l’ironie, n’y réussisse pas.