Cela est riche et cela est pauvre. […] * * * — Ici, il y a un propriétaire qui dit à son fils : « Tu es riche, parle fort !
La Parque à filets d’or n’ourdira point ma vie ; Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ? […] Mais on ne prête qu’aux riches, et il est bien certain que cela indique qu’il y avait, sur le caractère de La Fontaine, une légende faite depuis son temps et qui avait évidemment un très grand fonds.
Je m’étonne d’avoir à prononcer de telles paroles sur une œuvre qui contient parfois de si riches intuitions, comme en témoignent des phrases semblables à celle-ci : « La nature est entrée dans nos œuvres d’un élan si impétueux, qu’elle les a emplies, noyant parfois l’humanité, submergeant et emportant les personnages, au milieu d’une débâcle de roches et de grands arbres17 ». […] Après lui, la « Terre » et la « Joie de vivre » restent encore à décrire, car nous mettons désormais sous ces mots une plus riche compréhension.
Ce n’était pas la peine de forger un mot nouveau dans une langue déjà trop riche de mots pour redire ce que tout le monde entendait fort bien. […] Depuis sa femme est morte, et il s’est retiré, riche de 300,000 francs, aux environs de Paris.
Jamais il ne fut préparé à l’étude plus vaste enceinte et plus riche mobilier que le Muséum et la Bibliothèque d’Alexandrie : et, à cet effort si constant, à cette protection si empressée, on ne peut pas dire même que le génie ait fait entièrement défaut. […] Maint cavalier, maint homme de pied, couverts de leurs boucliers, frémissent serrés « sous l’airain éclatant de richesse ; tant, chaque jour, il arrive de trésors dans sa riche demeure !
Philippe II, en effet, impitoyable pour les débris de mahométisme épars encore dans ses États, hésitait à lutter contre la puissance des Turcs et surtout à défendre contre eux Venise, dont il enviait le riche commerce. […] Malherbe attestait au plus haut degré ce qu’on a remarqué de la langue française : « qu’elle est riche en beaux mots, mais qu’elle veut être extrêmement travaillée ».
Sans projets, sans envie, Ne cherchons désormais que l’oubli de la vie : Que chaque objet qui passe, ou noble ou gracieux, Nous attire, et sur lui laissons aller nos yeux ; Vivons hors de nous-même ; il est dans la nature, Dans tout ce qui se meut, et respire, et murmure, Dans les riches trésors de la création, Il est des baumes sûrs à toute affliction : C’est de s’abandonner à ces beautés naives, D’en observer les lois douces, inoffensives, L’arbre qui pousse et meurt où nos mains l’ont planté, Et l’oiseau qu’on écoute après qu’il a chanté.
De toutes ses vicissitudes, de tous ses travaux, de tous ses essais, de toutes ses erreurs même, il était résulté à la longue, chez cette nature la mieux douée, un fonds unique, riche, fin, mobile, propre aux plus délicates fleurs, aux fruits les plus savoureux.
Le riche Voltaire se plaît à clouer nos regards sur la vue des malheurs inévitables de la pauvre nature humaine.
… Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.
. — Les Vrais Riches (1898)
Je sais que les sauvages relèvent à de certains indices les traces des animaux qu’ils poursuivent à la chasse, voici une notion : mais si quelque explorateur cite devant moi quelque fait de ce genre, l’image notion qu’il me transmettra avec les mots du récit sera bien loin d’éveiller dans mon intelligence une image réelle aussi précise et aussi riche que celle qui naîtrait dans l’intelligence d’un sauvage.
Plus que personne, Lavallée était en position de nous donner sur Saint-Cyr un livre intéressant et riche de détails.
Supposez-le riche et lancé dans le monde d’alors, il n’y aurait point englouti un puissant esprit qu’il n’avait pas, mais il y eût abaissé son âme.
II Et ce serait une intéressante page de biographie à écrire et qui éclairerait la Critique… M. l’abbé Gorini, au doux nom italien, est un prêtre de Bourg qui a passé la plus longue partie de sa jeunesse et de sa vie dans un des plus tristes pays et une des plus pauvres paroisses du département de l’Ain, si pour les prêtres qui vivent, les yeux en haut et la pensée sur l’invisible, il y avait, comme pour nous, des pays tristes et de pauvres paroisses, et si même la plus pauvre de toutes n’était pas la plus riche pour eux !
Supposez-le riche et lancé dans le monde d’alors, il n’y aurait point englouti un puissant esprit qu’il n’avait pas, mais il y eût abaissé son âme.
Si l’on nous demandait les noms de quelques-uns de ces grands hommes, nous répondrions avec saint Jean Chrysostôme parlant de ceux qui l’ont précédé, que c’est un Évode, la bonne odeur de l’Église, disciple et imitateur des Apôtres ; que c’est un saint Ignace, qui porte Dieu lui-même dans sa personne ; un saint Denis l’Aréopagite, qui poussait son essor jusque dans le ciel ; un saint Hippolyte-le-Grand, si plein de douceur et de bienveillance ; un saint Basile-le-Grand, presque égal aux apôtres ; un saint Athanase, si riche de vertus ; un saint Grégoire-le-Thaumaturge, soldat invincible de Jésus-Christ ; un autre du même nom et du même génie, un saint Éphrem, dont le cœur semblait être le temple particulier de l’Esprit-Saint !
Ce saint missionnaire catholique, qui n’est jamais qu’un missionnaire, et qui ne peut pas être autre chose, a bien plus pensé, en écrivant les Mémoires historiques sur l’Australie, à l’édification de nos âmes, qu’à nous donner un livre dans le sens livresque du mot, et cependant ce livre, et un excellent livre, riche d’observations de toute espèce et de notions neuves, s’est fait sous cette plume qui n’y pensait pas !
Figurez-vous cette langue, plus plastique encore que poétique, maniée et taillée comme le bronze et la pierre, et où la phrase a des enroulements et des cannelures ; figurez-vous quelque chose du gothique fleuri ou de l’architecture moresque appliqué à cette simple construction qui a un sujet, un régime et un verbe ; puis, dans ces enroulements et ces cannelures d’une phrase qui prend les formes les plus variées comme les prendrait un cristal, supposez tous les piments, tous les alcools, tous les poisons, minéraux, végétaux, animaux ; et ceux-là les plus riches et les plus abondants, si on pouvait les voir, qui se tirent du cœur de l’homme, et vous avez la poésie de M.
L’ambition, en effet, cette passion essentiellement virile, a une plus riche encadrure dans un prêtre que dans tout autre homme.
Et si ce n’était pas une vraie femme de chambre (comme je le voudrais) qui eût écrit ces Mémoires, timbrés de sa qualité, de son impayable qualité, et qui, pour cela, semblaient nous promettre des révélations auxquelles le génie lui-même ne pourrait pas se substituer, je me disais que c’était au moins un esprit hardi, pénétrant, riche en expériences de tout genre, amères ou bouffonnes, consommé dans l’observation de la vie, cette étude qui nous mange le cœur, pour vouloir jouer ce difficile rôle de femme de chambre qui veut tout dire dans un livre, que ce livre soit, d’ailleurs, d’un moraliste de fonction, ou d’un romancier !
Pour voir maintenant s’il travailla pour l’État ou pour lui-même, il suffit de remarquer qu’il était roi sous le nom de ministre ; que, secrétaire d’état en 1624, et chef de tous les conseils en 1639, il se fit donner pour le siège de La Rochelle les patentes de général ; que, dans la guerre d’Italie, il était généralissime, et faisait marcher deux maréchaux de France sous ses ordres ; qu’il était amiral, sous le titre de surintendant-général de la navigation et du commerce ; qu’il avait pris pour lui le gouvernement de Bretagne et tous les plus riches bénéfices du royaume ; que, tandis qu’il faisait abattre dans les provinces toutes les petites forteresses des petits seigneurs, et qu’il ôtait aux calvinistes leurs places de sûreté, il s’assurait pour lui de ces mêmes places ; qu’il possédait Saumur, Angers, Honfleur, le Havre, Oléron et l’île de Rhé, usurpant pour lui tout ce qu’il était aux autres ; qu’il disposait en maître de toutes les finances de l’État ; qu’il avait toujours en réserve chez lui trois millions de notre monnaie actuelle ; qu’il avait des gardes comme son maître, et que son faste effaçait le faste du trône.
D’autres poëtes, nommés par Aristote, nous disent assez quelle riche moisson le théâtre dut offrir longtemps encore à l’imagination lyrique.
Parfois, en écrivant ces pages, j’ai senti, comme les chiffres en des intervalles musicaux, vivre ces dates de 1821, de 1848, de 1851, de 1885, qui sonnent dans l’oreille du critique avec les mêmes résonances riches et inexprimables que 1811, 1870, 1893 et 1911 dans celle du vigneron. […] Brunetière se moque de la banalité de vers comme ceux-ci : Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. […] La vraie Madeleine était une créole brune, langoureuse et capricieuse : le sang exotique propre à séduire un compatriote de Loti, cette beauté des îles qui, de Nantes à Bayonne, sur la côte ouverte vers les riches Antilles d’autrefois, a laissé tant de souvenirs et allumé tant de passions. […] Mais il nous suffit qu’il s’agisse de femmes « fortes et volontaires », de qui le cœur est sans doute riche de despotisme brûlant, et qui, ayant repéré en Amiel un faible à dominer, ont marqué, par l’effet d’un sûr instinct, sur sa nature fuyante la place par où tenter la prise la plus solide. […] Il a porté dans des profondeurs d’analyse intérieure et de philosophie romantique, fournies par son éducation germanique, un style français clair, solide, alerte, efficace, riche de couleur et d’images.
Depuis, il a vécu sans remords, de plus en plus riche et de plus en plus considéré. […] Charrier, c’est tout simplement un Vernouillet plus vieux, plus riche, plus calme et moins intelligent. […] » Mais Marthe est jolie et riche et elle a dix-huit ans. […] Je ne puis vivre avec toi, tu n’es pas assez riche (encore une fois, je suis une fille). […] Il est riche ; il a chez lui des tableaux, des bronzes, des étoffes d’Orient, et son portrait partout.
Il a renoncé volontairement aux riches plaines, aux vallons fleuris qui s’ouvraient devant lui, pour cultiver d’une main plus active le champ modeste qu’il avait choisi. […] Les natures vraiment riches, vraiment fécondes, ne peuvent se dérober à l’amour. […] Pour ma part, je ne connais pas de préface plus imprudente, c’est-à-dire plus riche en promesses. […] Jamais l’imagination la plus riche, l’esprit le plus exercé n’ont réussi à composer un tel tableau. […] Il suit le riche dans ses projets, dans ses souvenirs, il épelle, syllabe à syllabe, toutes les tristes pensées qui se succèdent dans l’âme dépravée par la satiété.
Le peuple peut y entrer comme les riches ; il y a des places de six pence, de deux pence, même d’un penny ; mais on n’en a que pour son argent ; s’il pleut, et il pleut souvent à Londres, les gens du parterre, bouchers, merciers, boulangers, matelots, apprentis, recevront debout la pluie ruisselante. […] Pour eux, ils gesticulent, ils jurent en italien, en français, en anglais2 ; ils plaisantent tout haut avec des mots recherchés, composites, colorés ; bref, ils ont les manières énergiques, originales et gaies des artistes, la même verve, le même sans-gêne, et, pour achever la ressemblance, la même envie de se singulariser, les mêmes besoins d’imagination, les mêmes inventions saugrenues et pittoresques, la barbe taillée en éventail, en pointe, en bêche, en T, les habits voyants et riches, empruntés aux cinq ou six nations voisines, brodés, dorés, bariolés, incessamment exagérés et remplacés par d’autres ; il y a un carnaval dans leur tête comme sur leur dos. […] Il y en a pour l’imagination, dans ces palais nouveaux, arrangés à l’italienne ; dans ces tapisseries nuancées, apportées de Flandre ; dans ces riches costumes, brodés d’or, qui, incessamment changés, rassemblent les fantaisies et les magnificences de toute l’Europe. […] Les jeunes gens riches, au sortir d’Oxford, vont chasser l’ours au Canada, l’éléphant au cap de Bonne-Espérance, vivent sous la tente, boxent, sautent les haies à cheval, manœuvrent leurs clippers sur les côtes périlleuses, jouissent de la solitude et du danger. […] Tels sont Nash, Decker et Greene ; Nash, satirique fantaisiste, qui « abusa de son talent, et conspira en prodigue contre les bonnes heures33 » ; Decker, qui passa trois ans dans la prison du Banc du Roi ; Greene surtout, charmant esprit, riche, gracieux, qui se perdit à plaisir, confessant ses vices34 publiquement, avec des larmes, et un instant après s’y replongeant.
Ce chant, chargé de parfums, riche de couleurs, nous l’avons entendu monter au ciel de la poésie, y déployer les ailes de son inspiration et y épandre ses sonorités. […] Poète subtil, riche de ressources verbales et d’artifices de rhétorique, prosateur brillant et maniéré, lettré ingénieusement érudit, il tenait tête avec une hostilité astucieuse et dissimulée aux tentatives de la génération nouvelle, envers laquelle cependant il usait de ménagements, lui faisant certaines avances qu’on pouvait prendre pour des acquiescements partiels, mais qui étaient plutôt de la politique confraternelle et de la stratégie littéraire. […] Elle était riche d’aperçus ingénieux, d’anecdotes curieuses, de précieux souvenirs et c’était avec un vif plaisir que nous l’entendions parler de Hugo et de Baudelaire qu’il avait connus, de Wagner qu’il avait approché et dont il avait été l’hôte à Lucerne, mais malgré cet attrait je cessai bientôt de fréquenter le petit hôtel des environs de l’avenue du Bois de Boulogne. […] Frédéric Masson Il y avait en Frédéric Masson du grand bourgeois et du grognard… Solidement établi dans la vie, riche, pourvu de relations étendues, il avait pu se livrer librement à son goût pour l’histoire. […] Nous le retrouverons dans ses Villages illusoires comme dans ses Campagnes hallucinées et ses Villes tentaculaires, dans ses Visages de la vie, dans sa Multiple splendeur, toujours plus abondant, riche jusqu’à l’excès, vibrant jusqu’à l’outrance, se modérant parfois jusqu’à la douceur, parfois s’exaltant jusqu’à la frénésie.
Cela avait nécessité quelques déboursés, et, dame, Maginard n’est pas riche encore. […] Tel est, dépouillé de ses épisodes essentiels, de ses détails charmants ou douloureux, de sa riche parure d’art, ce très curieux livre. […] J’en ai connu de ces messieurs-là… et des commerçants d’Elbeuf, riches à milliards et qui épataient le monde… et des magistrats de Paris, et d’autres… Non, ce n’était plus M. […] S’il est vieux ou jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. […] Mais il a l’impardonnable tort de n’être pas riche, et la littérature, si douce à M.
Il faut des instruments divers pour chacune de ces opérations ; l’art est une chirurgie dont la trousse est riche et une pharmacopée aux fioles de toutes formes et de toutes odeurs. […] Mais que d’autres nuances et que le sourire aussi est riche en paroles ! […] En tout cas, ils ne parleraient qu’une langue rudimentaire, c’est-à-dire trop riche, variable et entièrement inconnue, car il n’y a pas plus de racines innées que d’idées innées. […] avez-vous volé un pauvre ou un riche, un artisan ou un avare ? […] Les riches s’ingéniaient à acheter leur grâce par des excès de bassesses.
Lesquels représentent le plus riche, le plus solide échantillon de l’espèce humaine ? […] Il est bien court, trop court, cet essai de M. le professeur Faure, mais qu’il est riche d’évocations ! […] Ces ouvriers et leurs employeurs exercent sur cet homme riche une créance sans le recouvrement de laquelle ils ne vivraient pas. […] Ces collaborateurs du luxe et du bien-être de l’homme riche sont des énergies en voie de conquête. […] Personne n’est riche pour soi tout seul.
— Première justice à l’égard des riches. — Seconde justice à l’égard des pauvres […] Tous les nobles et les riches et les chefs des soldats le suivaient, et ils s’inclinaient chaque fois que le prêtre s’arrêtait pour bénir les croyants. Tout à coup, une bombe éclata qui tua au hasard, parmi le peuple et parmi les riches. […] Sauf pour vous, ainsi que pour Jacques et Protée qui sont prévenus, je suis un vieillard maniaque, immensément riche et désireux de faire valoir ses capitaux. […] … Son règne durera dans les siècles des siècles ; les riches la multiplieront à l’infini ; les pauvres se dessécheront à la convoiter sans espoir… Et — c’est ce qu’il faut, c’est ce qu’il faut.
Mercredi 2 mars Causerie sur un bal original, qui a eu lieu hier chez Mme Lemaire : un bal, où s’est faite l’inauguration de costumes en papier, costumes plus riches, plus brillants, plus claquants que les costumes de soie et de satin, et qui me rappelaient le costume en papier, que s’était peint, je ne sais quel peintre flamand du xve siècle, et qui éclipsa tous les brocards de la fête. […] Maintenant l’impression là-dedans, c’est un sentiment d’abomination pour ce bourgeois de Louis-Philippe, qui, avec son Musée, ses peintures au rabais, a tué la belle antiquaillerie de cette demeure de la monarchie française, aux xviie et xviiie siècles, et n’a pas craint de faire la nuit avec un grand vilain tableau moderne, fermant la fenêtre de la salle de bain de Mme Adélaïde, qui est peut-être le plus riche spécimen de la décoration intérieure, au xviiie siècle. […] Il parle d’un petit paquet de ces impressions, qu’il a vendu 30 000 francs à la femme d’un des plus riches Yankee, et qui a dans son petit salon, en face du plus beau Gainsborough qui existe, une image d’Outamaro. […] Enfin Méténier et Alexis sont arrivés, et nous voici prenant un verre de madère, chez Riche.
Les œuvres inédites de Victor Hugo contiennent des pages dignes de Montesquieu sur les effets sociaux du luxe et sur le peuple : « Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations ; cependant il y a des heures où il ne faut pas que le peuple le voie… Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d’enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire ; il se dit qu’il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout cela n’est pas à lui, il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie. […] Quand la foule regarde les riches avec ces yeux-là, ce ne sont pas des pensées qu’il y a dans tous les cerveaux, ce sont des événements. » Victor Hugo, ici, a le courage de regarder le péril en face : « Les riches, écrit-il, sont en question dans ce siècle comme les nobles au siècle dernier. » Et il a aussi le courage de montrer la vanité des revendications dont il parle : ce n’est pas la pauvreté, c’est « l’envie » qui les dicte, et c’est à la richesse que la pauvreté s’en prend, sans se douter que, la richesse supprimée, « il n’y a plus rien pour personne214. » En 1830, il avait eu une idée fort juste sur la nécessité d’instruire le peuple avant de lui donner le droit de suffrage. « Les droits politiques doivent, évidemment aussi, sommeiller dans l’individu, jusqu’à ce que l’individu sache clairement ce que c’est que des droits politiques, ce que cela signifie, et ce que l’on en fait. […] Très facilement pénétrable, peu profond, peu compliqué, obscur seulement (et rarement) par la forme, ses beaux lieux communs, ses dissertations morales, ses larges et riches descriptions, ses narrations éclatantes complaisamment étalées, seront bien compris et goûtés des jeunes esprits. » (Faguet, Etudes littéraires : V.
Ces projets riches d’imposture ? […] Riche et fêté au premier acte, volontairement ruiné au troisième, il voit se détourner de lui ce monde qui lui prodiguait ses empressements et ses sourires. […] Il lui refuse sa fille et la donne à un riche agent de change dont le père a fait trois faillites. […] Ponsard, propose à Georges riche un poste d’ambassadeur, et à Georges pauvre une place d’expéditionnaire, est évidemment un fantaisiste, et devrait, par conséquent, être fort suspect au chef de l’école du bon sens. […] Il était presque riche, quoique poëte ; sans un ennemi, quoique rempli de talent.
On a le talent, l’exécution, une riche palette aux couleurs incomparables, un orchestre aux cent bouches sonores ; mais, au lieu de soumettre tous ces moyens et, si j’ose dire, tout ce merveilleux attirail à une pensée, à un sentiment sacré, harmonieux, et qui tienne l’archet d’or, on détrône l’esprit souverain, et c’est l’attirail qui mène.
Ce vainqueur rabaisse ce qui est bas, rapetisse ce qui est petit, terrasse ce qui est déjà à terre, et croit, par cette généreuse exécution, se rehausser lui-même ainsi que tous les riches en esprit.
On est scrupuleux pour n’employer que des rimes riches, & on ne l’est ni sur le fond des pensées & des sentimens, ni sur la clarté des termes, ni sur les tours naturels, ni sur la noblesse des expressions.
Faut-il s’étonner, c’est le sens de ses paroles, que notre musique ne fasse point les effets que celle des anciens sçavoit faire, puisque les chants les plus variez et l’harmonie la plus riche ne sont que des fadaises sonores et des niaiseries harmonieuses, quand le musicien ne sçait pas faire un usage sensé de ces chants et de cette harmonie, pour bien exprimer son sujet, et quand il ne sçait pas animer encore sa composition par un rithme convenable à ce sujet, de maniere que cette composition exprime quelque chose, et qu’elle l’exprime bien.
La séparation des vérités et des sophismes se fera bientôt d’elle-même, et nous en serons ou plus riches, ou du moins plus éclairés.
Comme toutes les très riches natures, développées à outrance par nos infernales civilisations, lesquelles nous donnent des ambitions encore plus nombreuses que nos puissances, Mme Émile de Girardin fut, intellectuellement, un être multiple.
Dans cette société de dandys qui ont six pieds de haut et qu’il nous peint, Georges Lawrence nuance la force ; mais une seule fois, exceptionnellement, il a opposé à toutes les riches nuances de la force, à toutes ces exaspérations ou extinctions de l’écarlate sur de l’écarlate, une faiblesse et le contraste d’une pâleur, et c’est quand il a fait raconter toute cette vie de Guy Livingstone à un pauvre camarade de collège, chétif et souffrant, qui la regarde et l’admire du fond de la sienne et de sa faiblesse.
Fils d’évêque, riche de son patrimoine, élevé à l’ordre équestre, assesseur au Collège des mines, comblé par le roi et les princes de Suède, il passait sa vie à écrire ses livres dans sa belle maison de Stockholm et à voyager incessamment dans les deux pays qu’il préférait, l’Angleterre et la Hollande, et, à y préparer de magnifiques éditions de ses ouvrages, colossaux de nombre et de poids.
Georges Lawrence nuance la force, mais une seule fois, exceptionnellement, il a opposé à toutes les riches nuances de la force, à toutes ces exaspérations ou extinctions de l’écarlate sur de l’écarlate, une faiblesse et le contraste d’une pâleur, et c’est quand il a fait raconter toute cette vie de Guy Livingstone à un pauvre camarade de collège, chétif et souffrant, qui la regarde et l’admire du fond de la sienne et de sa faiblesse.
Dans un roman qui devrait être, comme tout roman, une profonde ou riche étude du cœur humain, il nous a donné beaucoup de cabotinisme, suffisamment de Bade, beaucoup de Pologne, un peu de Californie, et, pour terminer la chose, une brûlure de danseuse en plein théâtre.
Leur caractère et leur marche sont trop opposés : l’une est scrupuleuse et lente ; l’autre, hardi et rapide : l’une pèse sur les détails, l’autre saisit les résultats ; l’une amasse des faits, l’autre combine des idées : l’une, enfin, se défie de la pensée et craint l’imagination ; l’autre a le besoin de créer, et n’est riche que de ce qu’il invente.
Il n’y a aucun de ses discours qui n’ait de riches détails.
1º D’abord le public des non-honnêtes gens, la rue et les nouveaux riches, soit, dans l’un et dans l’autre cas, un public peuple. […] Ce que fait Raynouard pour la philologie, Fauriel, un des esprits les plus érudits, les plus cultivés, les plus riches de son temps, le fait plus aventureusement pour l’histoire et la poésie dans son Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains, et son Histoire de la poésie provençale. […] C’est injuste, volontiers absurde, riche d’ignorance, mais quel élan, quel esprit, quels mots à l’emporte-pièce, qui vont chercher l’humain, le ridicule, sous le convenu et l’hagiographie ! […] Évidemment moins neuves que les premières, elles sont plus riches. […] Le demi-siècle qui s’est écoulé depuis sa mort a été aussi riche que le temps de sa vie en débats passionnés sur sa personne, sa place et sa gloire.
Parini, en décrivant la vie des riches Milanais, a tracé le tableau satirique de son temps. […] Pauline Deschapelles est fille d’un riche marchand de Lyon. […] Riche ou pauvre, dans un palais ou dans une chaumière, elle ne cessera jamais de le chérir. […] Or aucun de ces lambeaux si riches, si éclatants, ne se prête aux conditions de la peinture. […] Guizot d’avoir fait dans cette riche galerie un triage intelligent et sévère.
Ce qu’il veut avant tout, ce qu’il cherche avec une persévérance infatigable, c’est une riche moisson de strophes sonores et dorées. […] Nommé gouverneur des Pays-Bas, don Juan comprime la révolte et assure à son frère la paisible possession d’une de ses plus riches provinces. […] savez-vous beaucoup de romans aussi riches en émotions ? […] Le récit le plus riche, le plus complet, le plus animé, participe volontiers de l’indolence et de l’énergie. […] Les plus riches et les plus coquettes images lui donnent moins de plaisir qu’une exclamation énergique, qui glace le sang et fait dresser les cheveux.
En ce temps-là, un magnifique écrivain, dont les poésies et les contes, merveilles de style imagé, démontrent péremptoirement que la langue française est la plus riche de toutes les langues, postulait pour l’Académie. […] Mais Viète était riche, et la plupart des poètes sont pauvres. […] ils ne prématureraient point leurs idées, ils ne les produiraient en public qu’arrivées à leur plein développement, vêtues d’un style à la trame serrée, au dessin riche et sobre, que les plus difficiles auraient plaisir à regarder ! […] Les gens de lettres pauvres se lamentent de n’avoir pas assez de loisir ; — l’homme de lettres riche pourrait se plaindre d’en avoir trop. […] Il est riche, l’infortuné !
Les portraits vivants, les riches descriptions, les harangues nobles et variées, sont les moyens et les ornements de l’histoire et de la poésie épique. […] Les exemples qu’il choisit éclaircissent parfaitement ses définitions, et partout il se montre riche d’un savoir puisé dans la langue attique et dans la bonne latinité. […] Ainsi l’on préfère souvent une riche prodigalité à l’économie d’un plan mesuré, précis, où n’apparaît que ce qu’il doit offrir. […] Le gracieux, le ravissant opéra d’Armide est un riche exemple de l’espèce magique. […] « Des juges attentifs la surprise naissante, « D’acte en acte toujours croissante, « Admirait de ce beau travail « Le grand ordre si simple, et le riche détail.
Et comme notre littérature apparut bientôt plus riche d’idées et de sentiments que les littératures païennes ! […] La mère de Marianne la livrera à Harpagon parce qu’il est riche. […] Quinze ans après, devenu riche, il l’a reprise et amenée à Paris, sans lui dire qu’il est son père. […] Les soirs de première, elles ne s’empêtreront pas dans des robes trop neuves et trop riches, fruit de leur déshonneur. […] L’articulation est nette ; la voix est un peu grave et d’un riche métal.
Mais donner vaut mieux que posséder, et qu’est l’homme le plus riche lorsqu’il vit dans la solitude d’un désert ? […] Je la trouve, au contraire, d’année en année plus riche, plus désirable et plus mystérieuse, depuis le jour où m’est venue la grande libératrice, à savoir cette pensée que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance et non un devoir, non une fatalité, ni une duperie. […] Je la trouve, au contraire, d’année en année, plus riche, plus désirable et plus mystérieuse, depuis le jour où m’est venue la grande libératrice, à savoir cette pensée que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance, et non un devoir, non une fatalité, non une duperie. […] Plus elle progresse avec audace et énergie, plus elle devient riche en mécomptes, en difformités… On ne supprime pas la caducité par les institutions, ni le vice non plus. » Il faut remarquer ceci encore, c’est qu’on commet toujours une erreur sur la dégénérescence, une double erreur. […] que nos lords sont riches !
Il avait trouvé un thème à longues et riches rêveries. […] Gustave Geffroy, bien faite et avec beaucoup de soin, riche de renseignements bibliographiques et de remarques précieuses, aurait dû servir de modèle aux deux autres, qui sont bâclées. […] Quelle que fût sa largeur d’idées en matière d’art, il avouait que certaines, riches en détails physiologiques, n’eussent pu figurer que dans ces recueils secrets qu’on se passe sous le manteau ». […] un peu comme les parvenus de la foi ou les nouveaux riches de la croyance. […] La terrible phrase est riche de mots et d’idées, ou de faits qui sont devenus des idées.
« Un homme pauvre et faible de corps, mais d’âme généreuse et haute, ne se dit ni ne se croit riche et robuste et ne fait pas, parmi les gens, ridicule parade d’opulence et de vigueur ; mais il laisse voir sans honte sa pauvreté et sa faiblesse, il les reconnaît ouvertement et il estime son état pour ce qu’il vaut. […] Cette recherche devient d’ailleurs le jour en jour plus difficile, à mesure qu’augmente la valeur marchande des peintures préraphaélites, et que les collections se dispersent, comme se dispersa, par exemple, il y a une année environ, la riche galerie de M. […] Mais sa conversation spirituelle dans le meilleur sens du mot, riche en aperçus ingénieux et profonds, d’une suprême élégance et d’une politesse raffinée, lui gagnait en un instant toutes les sympathies. […] Du peintre, si par ce mot on entend l’artiste qu’intéressent avant tout les choses sensibles à la vue, il n’a guère que le goût des belles couleurs et des riches accessoires. […] Et le jeune ’Ntoni, qui a écouté à l’auberge les conversations d’aventuriers de passage, qui est las de peiner sans trêve pour se retrouver toujours au même point, qui veut être riche et faire le bonheur de sa famille, quitte Trezza pour aller chercher fortune à travers le monde.
Il expliquait le mot εὐχαριστεῖν en chaire avec tous les agréments d’un dictionnaire, commentant, traduisant, divisant et subdivisant comme le plus hérissé des scoliastes829, ne se souciant pas plus du public que de lui-même, si bien qu’une fois ayant parlé trois heures et demie devant le lord-maire, il répondit à ceux qui lui demandaient s’il n’était pas fatigué : « Oui, en effet, je commençais à être las d’être debout si longtemps. » Mais le cœur et l’esprit étaient si pleins et si riches que ses défauts se tournaient en puissance. […] On n’a jamais vu en Angleterre une plus copieuse et une plus véhémente analyse, une si pénétrante et si infatigable décomposition d’une idée en toutes ses parties, une logique plus puissante, qui enserre plus rigoureusement dans un réseau unique tous les fils d’un même sujet : Quoiqu’il ne puisse arriver à Dieu ni bien ni avantage qui augmente sa félicité naturelle et inaltérable, ni mal ou dommage qui la diminue (car il ne peut être réellement plus ou moins riche, ou glorieux, ou heureux qu’il ne l’est, et nos désirs ou nos craintes, nos plaisirs ou nos peines, nos projets ou nos efforts n’y peuvent rien et n’y contribuent en rien), cependant il a déclaré qu’il y a certains objets et intérêts que par pure bonté et condescendance il affectionne et poursuit comme les siens propres, et comme si effectivement il recevait un avantage de leur bon succès ou souffrait un tort de leur mauvaise issue ; qu’il désire sérieusement certaines choses et s’en réjouit grandement, qu’il désapprouve certaines autres choses et en est grièvement offensé, par exemple qu’il porte une affection paternelle à ses créatures et souhaite sérieusement leur bien-être, et se plaît à les voir jouir des biens qu’il leur a préparés ; que pareillement il est fâché du contraire, qu’il a pitié de leur misère, qu’il s’en afflige, que par conséquent il est très-satisfait lorsque la piété, la paix, l’ordre, la justice, qui sont les principaux moyens de notre bien-être, sont florissants ; qu’il est fâché lorsque l’impiété, l’injustice, la dissension, le désordre, qui sont pour nous des sources certaines de malheur, règnent et dominent ; qu’il est content lorsque nous lui rendons l’obéissance, l’honneur et le respect qui lui sont dus ; qu’il est hautement offensé lorsque notre conduite à son égard est injurieuse et irrévérencieuse par les péchés que nous commettons et par la violation que nous faisons de ses plus justes et plus saints commandements, de sorte que nous ne manquons point de matière suffisante pour témoigner à la fois par nos sentiments et nos actions notre bon vouloir envers lui, et nous nous trouvons capables non-seulement de lui souhaiter du bien, mais encore en quelque façon de lui en faire en concourant avec lui à l’accomplissement des choses qu’il approuve et dont il se réjouit831. […] « Nous pouvons observer, dit-il, que c’est ordinairement dans le milieu des cités, aux endroits les mieux garantis, les plus beaux et les plus marquants, qu’on choisit une place pour les statues et les monuments dédiés à la mémoire des hommes de bien qui ont noblement mérité de leur patrie ; pareillement nous devrions dans le cœur et le centre de notre âme, dans le meilleur et le plus riche de ses logis, dans les endroits les plus exposés à la vue ordinaire et les mieux défendus contre les invasions des pensées mondaines, élever des effigies vivantes et des commémorations durables de la bonté de Dieu832. » Il y a ici comme une effusion de gratitude, et sur la fin du discours, quand on le croit épuisé, l’épanchement devient plus abondant par l’énumération des biens infinis, où nous nageons comme les poissons dans la mer, sans les apercevoir, parce que nous en sommes entourés et inondés. […] Il y a un homme, Charles Fox, qui s’est trouvé heureux dès le berceau, qui a tout appris sans études, que son père a élevé dans la prodigalité et l’insouciance, que, dès vingt et un ans, la voix publique a désigné comme le prince de l’éloquence et le chef d’un grand parti, libéral, humain, sociable, fidèle aux généreuses espérances, à qui ses ennemis eux-mêmes pardonnaient ses fautes, que ses amis adoraient, que le travail n’avait point lassé, que les rivalités n’avaient point aigri, que le pouvoir n’avait point gâté, amateur de la conversation, des lettres, du plaisir, et qui a laissé l’empreinte de son riche génie dans l’abondance persuasive, dans le beau naturel, dans la clarté et la facilité continue de ses discours. […] Johnson peut dire avec vérité « qu’aucune nation dans le monde ne cultive mieux son sol et son esprit. » Il n’y en a pas de si riche, de si libre, de si bien nourrie, où les efforts publics et privés soient dirigés avec tant d’assiduité, d’énergie et d’habileté vers l’amélioration de la chose privée et publique.
Le riche Volpone vit à l’antique. […] De plus, il est riche, il est oncle, il maltraite son neveu, sir Dauphine, homme d’esprit, qui a besoin d’argent. […] Les rangées de masques défilent, entrelaçant leurs groupes ; « les uns, vêtus d’orangé fauve et d’argent, les autres de vert de mer et d’argent, les justaucorps blancs brodés d’or, tous les habits et les joyaux si extraordinairement riches, que le trône semble une mine de lumière. » Voilà les opéras qu’il compose chaque année, presque jusqu’au bout de sa vie, véritables fêtes des yeux, pareilles aux processions du Titien.
Il marque tout dans le vol du faisan, le frou-frou de son essor, « ses teintes lustrées, changeantes, — sa crête de pourpre, ses yeux cerclés d’écarlate, — le vert si vif que déploie son plumage luisant, — ses ailes peintes, sa poitrine où l’or flamboie1121. » Il a la plus riche provision de mots brillants pour peindre les sylphes qui voltigent autour de son héroïne, « lumineux escadrons dont les chuchotements aériens semblent le bruissement des zéphyrs, — et qui, ouvrant au soleil leurs ailes d’insectes, — voguent sur la brise ou s’enfoncent dans des nuages d’or ; — formes transparentes dont la finesse échappe à la vue des mortels, — corps fluides à demi dissous dans la lumière, — vêtements éthérés qui flottent abandonnés au vent, — légers tissus, voiles étincelants, formés des fils de la rosée, — trempés dans les plus riches teintes du ciel, — où la lumière se joue en nuances qui se mêlent, — où chaque rayon jette des couleurs passagères, — couleurs nouvelles qui changent à chaque mouvement de leurs ailes1122. » Sans doute ce ne sont point là les sylphes de Shakspeare ; mais à côté d’une rose naturelle et vivante, on peut encore voir avec plaisir une fleur en diamants, comme il en sort des mains d’un joaillier, chef-d’œuvre d’art et de patience, dont les facettes font chatoyer la lumière et jettent une pluie d’étincelles sur le feuillage de filigrane qui les soutient. […] D’ailleurs, sous la rhétorique et la facture uniforme des vers, on sent de la chaleur et de la passion, on aperçoit de riches peintures, une sorte de magnificence et l’épanchement d’une imagination trop pleine.
Le cardinal voulait que je ne me séparasse point de lui, à cause des dangers que je pouvais courir ; mais je le suppliai de me laisser aller par Florence, où je voulais embrasser ma sœur, qui avait tant souffert de mes malheurs, et deux cousines, religieuses à Viterbe, où elles gouvernaient un riche monastère, et qui avaient tant fait de prières et récité d’oraisons pour obtenir la grâce de Dieu en ma faveur. » Une tragique aventure l’attendait à Sienne. […] « Ce M. de Villeroy était un homme de beaucoup d’esprit, fort riche, admirable en toutes choses, mais mon secret ennemi. […] Benvenuto lui survécut peu ; il mourut lui-même, riche et honoré, le 1er février 1570, et ses obsèques furent dignes de Florence et de lui.