« Quand on écrit sur les maîtres de Ninive, ou sur les Pharaons d’Égypte, on peut n’avoir qu’un intérêt historique ; mais le christianisme est une puissance tellement vivante et la question de ses origines implique de si fortes conséquences pour le présent le plus immédiat, qu’il faudrait plaindre l’imbécillité des critiques qui ne porteraient à ces questions qu’un intérêt purement historique. » Ces paroles sont de J. […] Et autour de nous, dans notre monde moderne, est-ce que, pour être beaucoup plus préoccupés que nous ne le sommes en France des questions religieuses, la Russie, l’Angleterre, les États-Unis d’Amérique s’en portent plus mal ? […] Quel jugement Bossuet portait-il sur les dragonnades, sur la Saint-Barthélemy, sur l’Inquisition, et quels jugements portons-nous aujourd’hui ? […] Mais nos protestants ne sont jamais contents, comme si le nom même qu’ils portent leur imposait une obligation de « protester » toujours ; et, quoique leur pouvoir soit assurément très supérieur en France à ce qu’est le pouvoir des catholiques, par exemple, en Allemagne ou en Angleterre ; dès que l’on parle d’eux librement, il semble qu’on les blesse toujours. […] On répond à cela qu’il ne saurait y avoir de « gouvernement » en matière de conscience, mais c’est une question ; et, pour en montrer l’importance en deux mots, si ma conscience m’interdisait de porter les armes ou de payer l’impôt, je voudrais savoir quel est aujourd’hui « le gouvernement » qui respecterait mon scrupule.
J’aurais porté de la terrasse à vos oreilles les cris des femmes éplorées, vous auriez vu sur l’esplanade du château des mains levées vers le ciel, mais il n’y aurait pas eu un mot de vrai. […] Je l’attendais, et nous voilà partis avec les deux petits compagnons de nos pèlerinages, et précédés de deux valets qui se relayaient à porter un large panier. […] Les premiers des sauvages qui virent à la proue d’un vaisseau une image peinte la prirent pour un être réel et vivant ; et ils y portèrent leurs mains. […] Encore oubliais-je de dire que sur les degrés de l’esplanade il y a des commerçants, des marins occupés à rouler, à porter, agissans, de repos ; et, tout à fait sur la gauche et les derniers degrés, des pêcheurs à leurs filets. […] Ce sont ces idées accessoires nécessairement liées à la nuit et aux ténèbres qui empêchent de porter la terreur dans le cœur d’une jeune fille qui s’achemine vers le bosquet obscur où elle est attendue ; son cœur palpite, elle s’arrête, la frayeur se joint au trouble de sa passion, elle succombe, ses genoux se dérobent sous elle ; elle est trop heureuse de rencontrer les bras de son amant, pour la recevoir et la soutenir, et ses premiers mots sont : est-ce vous ?
Si, dans certains cas, l’image sonore est accompagnée d’une image tactile discernable à l’observation psychologique, ce sont là des cas exceptionnels qui confirment par opposition la règle générale ; j’accorde volontiers qu’il y a de tels cas : ainsi l’image tactile accompagne visiblement l’image sonore quand nous y tenons ; elle l’accompagne, même contre notre désir, si nous portons notre attention sur son idée ; ces deux circonstances, notons-le, ne peuvent se rencontrer que chez un psychologue ; — l’image tactile reparaît encore quand notre parole intérieure s’anime et se rapproche de la parole extérieure [ch. […] Elle consiste dans un jugement, jugement constant, perpétuel, incessamment porté par l’esprit, par lequel, niant de nous-mêmes une partie de nos états de conscience, les rejetant hors de nous, nous les refusant, nous les déniant, les aliénant en quelque sorte, nous traçons une ligne de démarcation dans la totalité des phénomènes présents à notre conscience. […] Si la théorie que nous venons d’esquisser est exacte, elle ne peut être que confirmée par l’examen des erreurs qui consistent à confondre le nostrum et l’alienum, soit en portant le jugement de perception externe mal à propos, soit en l’omettant quand il y aurait lieu de le porter. […] Mais, pour faire cette comparaison et porter cette condamnation, comme pour l’emploi des autres procédés de rectification, il faut un moment de travail intellectuel et de réflexion ; il faut que l’esprit retrouve sa science et l’applique. […] La reconnaissance, en effet, est un jugement, et un jugement analogue à la perception externe ; c’est un jugement tout spontané, qui ne nous prend aucun temps et ne nous demande aucun effort pour être porté, et que la parole intérieure, d’ordinaire, néglige d’exprimer.
Pour ce qui est de Maupassant, on a dit qu’il portait ses contes naturellement, comme les pommiers de sa Normandie portent leurs pommes. […] Il le porta avec dignité. […] Ils portent à merveille le costume. […] Il n’ignore pas où portent les doutes et les recherches de ses contemporains. […] Mais les diverses critiques qui ont été faites ne me semblent pas porter au fond.
La Sorbonne ne lui pardonna jamais cette boutade, ou une autre, et une fois le premier grief de calvinisme porté, elle faisait souche, et fut périodiquement renouvelée et rajeunie. […] Ils peuvent être un peu suspects, parce qu’il s’agissait alors pour Marot de se laver des accusations portées contre lui pour obtenir son retour en grâce. […] Il est ainsi le premier qui, rarement, je le sais, mais non sans succès, à la rencontre, rend le vers français capable de porter l’idée philosophique. […] Si nous entrons dans le détail, les choses fortuites ce sont les choses ou nous portent le plus vivement nos passions. […] Il les tient pour choses réelles, et il ne portera jamais jusqu’à elles ni l’analyse dissolvante de Montaigne, ni son qu’importe à lui.
Thiers : il est à la veille de publier son Histoire du Consulat et de l’Empire, et nous ne lui avons pas encore payé l’examen qui lui est dû comme à l’historien le plus populaire de la Révolution, au publiciste le plus habile et le plus considérable qu’ait porté la presse libérale des quinze ans. […] Depuis quand a-t-on vu qu’un char, aveuglément lancé, portât-il une nation, ne pouvait verser à un tournant ? […] Il est impossible de porter plus de clarté dans les détails d’une opération financière que ne l’a fait M. […] On le poussait dès lors à passer outre et à raconter sans désemparer le Consulat et l’Empire ; mais c’était prématuré, et le train de ses idées le portait ailleurs. […] Thiers répondait fort agréablement le 14 février ; il repoussait toujours cette idée d’une révolution à la façon de 89 : « Un autre motif nous portait à repousser l’idée d’une pareille répétition : c’est la gravité de l’événement.
En tout sujet il portait cette soif de science, et ce don de maîtriser sa science. […] Joignez-y encore sa noblesse morale, son âpreté, sa puissante colère grondante, exaspérée et acharnée contre les vices, sa volonté roidie par l’orgueil et la conscience, « sa main armée et résolue à dépouiller, à mettre nues, comme au jour de leur naissance, les folies débraillées de son siècle, à imprimer sur leurs flancs éhontés les sillons de son fouet d’acier122 » ; par-dessus tout le dédain des basses complaisances, le mépris affiché « pour les esprits éreintés qui trottent d’un pied écloppé aux gages du vulgaire », l’enthousiasme, l’amour profond « de la Muse bienheureuse, âme de la science et reine des âmes, qui, portée sur les ailes de son immortelle pensée, repousse la terre d’un pied dédaigneux, et va heurter la porte du ciel123. » Voilà les forces qu’il a portées dans le drame et dans la comédie ; elles étaient assez grandes pour lui faire une grande place et une place à part. […] Les conviés entre-choquent des verres ; ils crient, ils portent des santés ; ils ont avec eux un tambour et des trompettes qui font un vacarme d’enfer. […] Elles défilent gravement devant les spectateurs, en habits splendides, et les nobles vers qu’échangent la déesse et ses compagnes, élèvent l’esprit jusqu’aux hautes régions de morale sereine, où le poëte le veut porter. « La chasseresse, la déesse pudique et belle a déposé son arc de perles et son brillant carquois de cristal ; assise sur son trône d’argent, elle préside à la fête168 », et contemple avec une majesté tranquille les danses qui s’enroulent et se développent devant ses pieds. […] Aussi bien l’élite du royaume est là, sur la scène ; ce ne sont pas des baladins qui se démènent avec des habits empruntés, mal portés, qu’ils doivent encore à leur tailleur ; ce sont les dames de la cour, les grands seigneurs, la reine, dans tout l’éclat de leur rang et de leur fierté, avec de vrais diamants, empressés d’étaler leur luxe, en sorte que toute la splendeur de la vie nationale est concentrée dans l’opéra qu’ils se donnent, comme des joyaux dans un écrin.
À bout de faux pas, d’expériences avortées, il a fallu revenir à ces routes qu’on trouvait si monotones et si plates ; il a fallu se soumettre à ce joug qui semblait si lourd et si gênant, parce qu’on ne savait pas le porter ; et les règles sont sorties plus claires et plus fermes de ces conflits où on les avait tant maltraitées et tant obscurcies. […] Il suffit de quelques morceaux du genre de ceux que je viens de discuter, pour affirmer sans la moindre hésitation qu’ils appartiennent bien réellement à celui dont ils portent le nom. […] Les erreurs de ces hautes intelligences diffèrent au moins par la forme de celles du vulgaire, quoiqu’elles portent les mêmes conséquences, avouées ou incertaines. […] Mais les ouvrages de Démocrite, dont le génie a tant de rapport avec celui d’Aristote, ne sont point parvenus jusqu’à nous ; et les rares fragments qui nous en restent ne permettent pas d’en porter un jugement bien précis. […] Quant à la forme du dialogue adoptée par Platon, c’est une exception absolument inimitable, d’abord par la perfection où Platon a su le porter, et ensuite par l’insuffisance même du procédé.
» et ces paroles sont portées par une mélodie qui, sereine et douce, monte et plane sur quelques mesures, durant lesquelles l’angélique présence semble être divulguée à nos yeux. […] Wolfram resté seul après qu’elle s’est retirée, s’adresse à l’étoile du soir qui monte à l’horizon, et la charge de porter une mystérieuse consolation à celle qui ne voulait point être consolée. […] Elles se sont encore limitées : des groupes furent formés, séparés, abstraits : la perception fréquente d’objets rouges a porté l’âme à imaginer un nouvel objet, dont le rouge était la qualité dominante. […] Les Grecs, après les clameurs et les peines des initiales batailles, avaient formé une race de raisonneurs, épris des notions claires et des enchaînements harmonieux, ils n’avaient point des sensations vives et n’étaient guère portés à l’émotion : nulle fougue passionnée ne secoue l’ordonnance tranquille de leurs discours, non plus que la froide sérénité de leurs faces. […] Sans cesse les sensations survenantes nous portent à des notions plus subtiles : l’artiste, recréant cette vie, devra désigner ces notions nouvelles par des termes nouveaux.
C’est surtout dans les gens de lettres, c’est même uniquement parmi eux que ces hommes se rencontrent : c’est aux personnes seules de l’art qu’il est réservé d’apprécier les vraies beautés d’un ouvrage, et le degré de difficulté vaincue ; s’il appartient aux grands d’en porter un jugement sain, ce n’est qu’autant qu’ils seront eux-mêmes gens de lettres dans toute la rigueur Rarement un simple amateur raisonnera de l’art avec autant de lumières, je ne dis pas qu’un artiste habile, mais qu’un artiste médiocre. […] Mais les philosophes, ou plutôt ceux qui portent ce nom, trop semblables aux souverains, ne peuvent dissimuler la moindre insulte ; et le désir d’en tirer vengeance leur est souvent beaucoup plus nuisible que l’insulte même. […] On en jugerait néanmoins tout autrement, à voir les ressorts qu’ils font jouer pour obtenir des suffrages plus éclatants qu’éclairés, et la haine envenimée qu’ils se portent, qu’ils n’ont pas même la prudence de tenir secrète ; ces hommes si faibles se font pourtant appeler philosophes, comme si la philosophie, avant de régler à sa manière et bien ou mal le système du monde, ne devait pas commencer par nous-mêmes, et nous apprendre à mettre le prix à chaque chose. […] Il faut avouer que la nation Française a bien de la peine à secouer le joug de la barbarie qu’elle a porté si longtemps. […] Que le favori d’Auguste serait surpris de voir son nom si souvent profané, et le ton rampant que les gens de lettres prennent avec ceux qui le portent ?
Il n’y avait pas que la jeunesse qui dût porter à la tête du fils de Victor Hugo… cette jeunesse qui se surfait toujours, et qui nous fait croire, comme disait Chateaubriand dans René, « qu’à chaque respiration de nos poitrines, nous sommes de forcé à créer un monde » ! […] François Hugo a la fantaisie d’appeler cette langue la langue révolutionnaire, mais les révolutions qui nous ramènent au passé, sachant où elles vont, ne doivent pas porter le même nom que celles-là qui nous poussent vers l’avenir avec des mains d’aveugles. […] Vous l’avez vu, Carlyle a supprimé les facultés et la morale humaines au profit d’un grand homme qu’il a trop adoré ; car on n’adore bien le génie qu’en le comprenant, et c’est le seul amour, l’amour du génie, qui ne doive pas porter de bandeau. […] Voilà du moins ce que François Hugo a bien vu… Le sentiment de la famille, qu’il a, lui aussi, jusqu’au courage et quelquefois littérairement jusqu’au défaut, de cette fois, lui a porté bonheur. […] C’est là, en effet, que vous trouverez ce personnage charmant du Fou du roi dont la folie est une sagesse, et cet admirable rôle du possédé que joue Edgar pour se déguiser, cet insensé de Pauvre Tom, dont l’effet fut si grand que la première édition du drame de Shakespeare portait ce titre : Vie historique du Roi Lear et de ses filles, avec la vie infortunée d’Edgar, fils du comte de Glocester, et sa sombre humeur assumée de Tom de Bedlam (1608).
Après la Révocation, ce mortel coup de hache porté à l’arbre de leur liberté, malgré la défense, ils suivirent en foule vers l’exil, leurs chefs spirituels bannis. […] Tantôt ils confiaient leur sort à quelque frêle barque qui, par une nuit d’orage, lorsque la surveillance des sentinelles postées sur les côtes, pouvait être plus facilement trompée, les portait en Angleterre. […] IV Une tâche importante nous reste, celle de relater un dernier fait, le plus frappant peut-être, celui qui nous permettra de porter un jugement d’ensemble sur le rôle social de Bossuet. […] Ceci : que les nations, dont la vie religieuse dépend de Rome, portent en elles un germe de mort. […] Massillon dira plus tard dans l’oraison funèbre de Louis XIV, et en parlant de ce roi : « Jusqu’où ne porta-t-il pas son zèle pour l’Église, cette vertu des souverains qui n’ont reçu le glaive et la puissance que pour être les appuis des aRoyutels et les défenseurs de sa doctrine. » (NdA) 77.
Tous les traits de satire avaient porté, tellement que le cardinal crut devoir réprimander l’auteur du scandale. […] Les poètes ses amis portèrent son corps sur leurs épaules jusqu’à l’église des Vieux-Augustins où il fut enterré près du Chœur. […] Son art était encore vacillant ; mais c’est vraiment son style tragique que le xviie siècle a porté à la perfection. […] Dans les Tragiques, d’Aubigné couvre Henri III d’opprobre, à cause d’un habillement bizarre que ce prince aimait à porter. […] L’ouvrage fut publié en 1673 ; il était dédié au cardinal de Bouillon, celui qui avait porté le nom d’abbé duc d’Albret.
Je me souviens que Rodolpho était là, parce que ce fut lui qui me porta, pour rentrer. […] Elle portait toujours, à cette intention, un panier, une pelle et un petit balai. […] Cette religieuse était jeune, comme une novice, bien qu’elle portât le voile noir. […] Moins timide maintenant, elle le portait avec plus de grâce, mais c’était en novembre, et elle grelottait un peu. […] Il amenait avec lui un grand jeune homme, blond, qui portait encore l’uniforme de collégien, et qu’il nous présenta comme notre frère.
Toutes ces œuvres si diverses par la conception, par la fantaisie, par le cadre, portent la trace brûlante d’un esprit jeune. […] Cette veine d’innocence et de poésie renouvelées devait porter bonheur à Mme Sand. […] C’est qu’aussi André n’a porté dans la passion que les agitations et les terreurs de la faiblesse. […] Jamais on n’a porté une candeur plus éloquente dans le paradoxe, ni une loyauté plus enthousiaste dans l’erreur. […] S’ils se portent vers les profondeurs sans limites du ciel, on nous y fait supposer des peuples d’âmes inconnues, animant de leurs joies ou de leurs souffrances la bleue immensité.
On dit qu’ils le portent à l’excès, cela pourroit bien être : car il y a sans doute des actions qui ne seroient pas bonnes à mettre sous les yeux, soit par la difficulté de l’exécution pour les rendre vrayes, soit par l’horreur des objets représentés. […] Je suppose d’abord qu’il n’y ait qu’un simple travestissement, et que l’auteur n’ait prétendu y mêler aucun trait de critique ; je dis qu’alors même, plus ce badinage sera heureux, plus il portera de coup à la tragedie. […] Nous portons au théatre une raison et un coeur. […] Il faudra désormais, pour la perdre, se résoudre à toutes les extrémités où peut se porter un amant au désespoir. […] On fait vanité de porter l’epique dans la tragédie : en croyant la parer, on la déguise.
Alfred Capus portait ses fruits, nous reviendrions peut-être à cette vieille formule du journalisme. […] Il ne portait ni les draperies antiques, ni le chapeau de l’astrologue, ni même la robe d’un lettré chinois. […] Je l’ai porté, durant tout un voyage, comme un remords. […] Va le porter ailleurs. […] Cette méthode, ce lucide regard intellectuel porté sur toutes choses, c’est la méthode classique.
Mignon, il faut le connaître, savoir ce dont il est capable, à quelles défaillances il est exposé, vers quel choix, souvent funeste, il est naturellement porté. […] Elles nous prouvent trop que nous n’avons plus les puissances d’enthousiasme de notre jeunesse, en même temps qu’elles portent atteinte à des souvenirs où nous ne pourrons plus nous attarder aussi complaisamment. […] C’était, je crois, méconnaître la qualité de l’intérêt qu’un romancier soucieux, comme disait Stendhal, « d’y voir clair dans ce qui est », porte et doit porter à la science la plus constamment préoccupée de la réalité vivante. […] Ernest Dupré était, lui aussi, imprégné de cette conception, peut-être à son insu également, car ses préférences ne le portaient pas plus que Taine vers notre dix-septième siècle. […] Nous verrons ensuite les germes de mort qu’elle portait en elle.
Bernardin y eût sans doute bâti de préférence la cabane de Virginie, si un heureux hasard l’avait tout d’abord porté en ce beau lieu, et l’île de France n’aurait pas tant à vanter ses Pamplemousses. […] Venu à Paris, à Versailles, il y rejoignit son compatriote et camarade Bertin, qui sortait également des études ; ils se lièrent étroitement, et dans ces années 1770-1773 on les trouve tous deux membres de cette joyeuse et poétique confrérie qui s’intitulait l’Ordre de la Caserne ou de Feuillancour : « Représentez-vous, madame, écrivait Bertin dans son Voyage de Bourgogne, une douzaine de jeunes militaires dont le plus âgé ne compte pas encore cinq lustres ; transplantés la plupart d’un autre hémisphère, unis entre eux par la plus tendre amitié, passionnés pour tous les arts et pour tous les talents, faisant de la musique, griffonnant quelquefois des vers ; paresseux, délicats et voluptueux par excellence : passant l’hiver à Paris et la belle saison dans leur délicieuse vallée de Feuillancour 166 ; l’un et l’autre asile est nommé par eux la Caserne… » Et Parny, au moment où il venait de se séparer de cette chère coterie, écrivait à son frère, durant les ennuis de la traversée : « … Mon cœur m’avertit que le bonheur n’est pas dans la solitude, et l’Espérance vint me dire à l’oreille : Tu les reverras, ces épicuriens aimables, qui portent en écharpe le ruban gris de lin et la grappe de raisin couronnée de myrte ; tu la reverras cette maison, non pas de plaisance, mais de plaisir, où l’œil des profanes ne pénètre jamais… » C’est ainsi, je le soupçonne, si l’on pouvait y pénétrer, que commencent bien des jeunesses, même de celles qui doivent se couronner plus tard de la plus respectable maturité ; mais toutes ne s’organisent point aussi directement, pour ainsi dire, que celle de Parny pour l’épicuréisme et le plaisir. […] Plus porté aux sentiments qu’aux idées, la jeunesse lui sied bien et devrait lui durer toujours : le créole est comme naturellement épicurien. […] Plusieurs de ses poésies portent témoignage de sa liaison étroite avec les Macdonald, les Masséna ; c’est vers ce temps aussi qu’il dut beaucoup à Français (de Nantes).
A Rome de même, — il est presque oiseux de le dire, — il existait tout un peuple divers, des antagonismes profonds de clan, de famille, de partis, d’individus, qui font que l’on peut concevoir du « Romain » les idées les plus diverses, selon qu’on songe à tel ou tel parmi ceux qui portaient ce nom, à Appius ou à Gracehus, à Scipion ou à Caton, à Sylla ou Marius, à César ou à Cicéron. […] A mesure que l’individu fera partie d’un ensemble social plus divers et plus étendu, doué d’une organisation meilleure et qui exigera pour subsister moins de sacrifices moraux de la part de ses citoyens15, ceux-ci pourront plus facilement conserver leurs facultés propres, sans qu’elles aient besoin d’être portées à une extrême intensité pour résister à une extrême pression. […] Henri Heine, Musset, sont la lecture des jeunes gens et leurs œuvres portent, en effet, certains même des signes physiologiques de la jeunesse ; Horace est sénile et ne plaît qu’aux vieillards. […] Pour un aperçu du jugement porté sur son œuvre par ses contemporains, on peut se reporter notamment à Ferdinand Brunetière (« Octave Feuillet », Revue des Deux Mondes, février 1891), comme à Jules Lemaître (« Octave Feuillet », Les Contemporains, 3e série, 1887).
L’ Histoire de notre Poésie est intéressante, mais elle nous manque encore, quoique nous ayions plusieurs ouvrages qui en portent le titre. […] Viennent ensuite des Génies qui portent des médaillons représentant divers Poëtes & Musiciens. […] La gaieté de son caractère le porta à un genre singulier, dont il fut le créateur. […] Nous n’avons point de Poëte plus Poëte que Rousseau ; c’est-à-dire, qui ait porté à un si haut degré le talent de réunir dans une versification harmonieuse & pittoresque les charmes de la Musique & de la Peinture.
Comme, du point de vue pratique, c’est un accessoire, nous sommes portés à l’envisager, du point de vue théorique, comme un accident. […] A priori, nous nous disons qu’elle ne peut porter que sur la qualité du contenu de l’image, ou sur sa quantité, ou sur les deux à la fois. […] Si l’on ne le dit pas, c’est sans doute que l’expression paraîtrait contradictoire, qu’on ne conçoit pas le souvenir autrement que comme une répétition du passé, qu’on n’admet pas qu’une représentation puisse porter la marque du passé indépendamment de ce qu’elle représente, enfin qu’on est théoricien sans le savoir et qu’on tient tout souvenir pour postérieur à la perception qu’il reproduit. […] Mais il faut remarquer aussi que les personnes sujettes à la fausse reconnaissance sont fréquemment portées à trouver étrange un mot familier.
Je n’entrerai pas ici dans la discussion du genre de torts intimes que Mme d’Épinay a reprochés à Duclos, et qui sont trop voisins de l’alcôve : en réduisant ces torts à ce qui en rejaillit sur le caractère général de l’homme, il paraît certain que Duclos dans son habitude journalière, sorti de chez lui dès le matin et passant sa vie dans le monde, aimait à s’installer chez les gens, et qu’une fois implanté dans une maison, il y prenait racine, y dominait bientôt, s’y comportait comme chez lui, donnant du coude à qui le gênait, et y portait enfin, avec les saillies et les éclats de son esprit, tous les inconvénients de son impétuosité et de son humeur. […] Je lui dis qu’il n’avait été frappé que de l’horreur des supplices sans porter sa vue, en rétrogradant, sur l’énormité de certains crimes qu’on ne peut punir que de mort, et quelquefois d’une mort terrible, suivant les cas.
Maxime du Camp, oubliant la chronologie, dit ensuite : « À l’époque où ces hommes sont venus, la France, épuisée, vaincue, conquise, hélas portait des vêtements de deuil et pleurait en silence ; les meilleurs de ses enfants étaient morts, la mère sanglotait comme la Niobé antique ; une grande désolation était répandue sur elle. […] Je suis d’accord avec lui sur un point essentiel, c’est que l’artiste doit être de son temps, doit porter dans son œuvre le cachet de son temps : à ce prix est la vie durable, comme le succès.
Dussieux et Eudore Soulié ont eu l’idée de mettre au jour ces Mémoires du duc de Luynes, dont ils connaissaient l’existence, et ils ont été secondés dans leur désir par l’obligeance du duc actuel, qui a donné le dernier lustre à cette curiosité héréditaire dans sa famille par son amour éclairé des arts, par ses collections célèbres, et par le goût aussi bien que par la munificence qu’il y a portés. […] La mort subite de Mme de Vintimille à Versailles, à la suite de sa première couche, vient tout confondre et porter un coup bien rude au cœur de Mme de Mailly comme à sa fortune ; et quand une autre sœur (car on ne sort point d’abord de cette famille de Nesle) se présente pour disputer l’héritage de Mme de Vintimille, cette fois c’est une rivale qui s’annonce, une ambitieuse véritable, non plus une femme à rien partager : Mme de La Tournelle, la future duchesse de Châteauroux, veut et impose des conditions éclatantes, qui vont mettre fin au règne traînant de son aînée.
Veuillot, un homme d’esprit, fin observateur des choses humaines, et qui a porté sur le caractère français des jugements aussi piquants que sincères. […] De l’humaine misère J’ai porté le fardeau tous les jours…..
Là, pour lui, était le terme de sa glorieuse carrière ; se sentant épuisé de forces, en proie depuis le combat de Monteilla à une fièvre dévorante, il revint sur ses pas, porté en litière par ses soldats, fiers de leur fardeau, mais furieux d’être arrêtés dans leur victoire. […] Ses frères d’armes portèrent son corps à Mont-Louis, où il fut enterré « dans une tombe pareille à celle du pauvre », mais au pied de l’arbre de la liberté. — Ses restes furent ensuite transférés à côté de ceux de Dugommier, dans le cimetière de Perpignan où ils reposent.
Ainsi en pensaient les Daru, les Raynouard, les Laplace eux-mêmes, et le traducteur harmonieux de Lucrèce, notre cher confrère M. de Pongerville, le représentant le plus accrédité du genre sur la fin de la Restauration, était appuyé et porté par eux d’an vœu unanime à l’Institut. […] Et ce n’est qu’ainsi qu’on peut bien goûter les poètes anciens ; il ne suffit pas de les comprendre, de les lire purement et simplement comme on consulterait un texte, et de passer outre ; il faut avoir vécu avec eux d’un commerce aisé, continuel et de tous les instants : Nocturna versale manu… Or les traductions en vers qui, pour les ignorants et les non doctes, étaient une dispense de remonter au-delà, devenaient un prétexte, au contraire, et une occasion perpétuelle pour les gens instruits, un peu paresseux (comme il s’en rencontre), de revenir à la source, et d’y revenir tout portés sur un bateau.
Il est vrai que, chez les Romains, ce mouvement n’était pas aussi expansif que chez les Grecs ; le monde ancien, au temps de Trajan, d’Adrien, même d’Auguste, était plus porté à se contenir, à se défendre qu’à s’étendre et à se propager. […] Il faut y porter, comme à un théâtre, quelques illusions avec un vif instinct de sympathie morale.
Mais rien n’émeut davantage que ce mélange de douleurs et de méditations, d’observations et de délire, qui représente l’homme malheureux se contemplant par la pensée, et succombant à la douleur, dirigeant son imagination sur lui-même, assez fort pour se regarder souffrir, et néanmoins incapable de porter à son âme aucun secours. […] Mais quelle serait l’utilité des lumières pour le bonheur des nations, si ces lumières ne portaient avec elles que la destruction, si elles ne développaient jamais aucun principe de vie, et ne donnaient point à l’âme de nouveaux sentiments, de nouvelles vertus à l’appui d’antiques devoirs ?
Les affections qui mêlent ensemble l’orgueil et la tendresse, sont les plus cruelles de toutes ; ce que vous éprouvez de sensible, affaiblit le ressort que vous trouveriez dans l’orgueil, et l’amertume qu’il inspire empoisonne la douceur que portent avec elles les peines du cœur, alors même qu’elles tuent. […] Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.
Tout homme extrême dans son parti n’est jamais propre à gouverner, les affaires de ce parti, lorsqu’il cesse d’être en guerre ; et la haine que les opposants portaient à la cause, prend la forme du mépris pour ses plus criminels défenseurs. […] Je le répète, en examinant tous les effets du fanatisme, on acquiert la démonstration, que c’est le seul sentiment qui puisse réunir ensemble des actions coupables et une âme honnête ; de ce contraste doit naître le plus effroyable supplice dont l’imagination puisse se faire l’idée : les malheurs qui sont causés par le caractère, ont leur remède en lui-même ; il y a, jusques dans l’homme profondément criminel, une sorte d’accord qui seul peut faire qu’il existe, et reste lui-même ; les sentiments qui l’ont conduit au crime lui en dérobent l’horreur ; il supporte le mépris par le même mouvement qui l’a porté à le mériter.
Ce fablier n’a pas porté ses fables comme un prunier porte des prunes : ç’a été du moins un fablier bien tardif. […] On s’est demandé souvent par quel effort de génie il avait su porter si haut un genre si mince : c’est tout simplement qu’il l’a ajuste à sa taille.
Est-il plus intéressant de savoir que Vultéius était, vers l’an 125, maire d’un village d’Italie, ou que Mme de Sainte-Veloutine portait l’autre jour un corsage vert à brindilles de jais ? […] Pour comprendre et pour aimer certains sentiments, il faut du moins en porter les germes en soi, il faut être capable de les ressusciter, fût-ce par jeu, de les éprouver, fût-ce un moment et en sachant bien que c’est une comédie intérieure qu’on se donne et dont on reste détaché.
Ce nom, inventé sans doute pour la scène française, ne resta pas au théâtre, et le souvenir s’en effaça en même temps que disparut l’acteur qui l’avait porté. […] Fiurelli, dont le talent consistait principalement dans les jeux d’une physionomie très expressive, ne portait point de masque : il se blanchissait le visage et se noircissait les sourcils et les moustaches.
« Il est très vrai », écrit-elle, le 6 février, à madame de Coulanges, « que le roi m’a nommée madame de Maintenon et que j’ai eu l’imbécillité d’en rougir, et tout aussi vrai que jamais de plus grandes complaisances pour lui que de porter le nom d’une terre qu’il m’a donnée. » Ce nom échappé au roi comme un mot dès longtemps usité, cette rougeur de celle qui le reçoit pour la première fois, cette expression d’étonnement et de reconnaissance, qu’aucun autre bienfait antérieur ne paraît avoir excité dans madame de Maintenon, montrent qu’elle sentit à l’instant tout ce que renfermait de bon pour elle cette substitution d’un nom nouveau à celui qu’elle portait.
Mais, dans ces compositions de suprême et un peu froide beauté, le poète n’a pas la passion en lui ; il attend le mouvement du dehors, il reçoit successivement ses impressions de la nature ; il se contente d’y porter une disposition grave, noble, sensible, mais calme, comme un miroir légèrement ému. […] Ce que les imitateurs prennent toujours, la forme, la superficie, le ton leste, le geste cavalier, les défauts fringants, toutes choses qui, au moins chez lui, sont portées avec une certaine grâce et désinvolture, et qu’eux ils se sont mis à copier religieusement.
Ses découvertes dès l’enfance sont célèbres ; partout où il portait son regard, il cherchait et il trouvait quelque chose de nouveau ; il lui était plus facile de trouver pour son compte que d’étudier d’après les autres. […] Chrétien sincère et passionné, il conçut une apologie, une défense de la religion par une méthode et par des raisons que nul n’avait encore trouvées, et qui devait porter la défaite au cœur même de l’incrédule.
Personne aujourd’hui n’oseroit porter son nom. […] Dans le jugement que les journalistes portèrent des ouvrages de la vieillesse de Despréaux, ils avoient sans doute raison.
C’est le genre d’éloquence qu’on a porté le plus à sa perfection. […] Leur éloquence même, bien loin d’être simple, uniforme, a toujours porté l’empreinte de la différence de leur caractère personnel, de celle des mœurs générales & de l’esprit dominant de leur siècle.
Telle science obtient tout à coup la faveur publique : on s’en occupe avec enthousiasme et ferveur, le public s’y met de moitié avec les savants, et sa sympathie est une sorte de collaboration ; mais bientôt il se refroidit et il se lasse : de nouveaux objets l’attirent, de nouveaux talents sollicitent son attention, et il va porter ailleurs le bruyant tribut de son admiration superficielle. […] Cousin a fait pour l’histoire de la philosophie, disons que depuis trente ans, à l’Académie des sciences morales, il suscite les recherches de la science et les fait porter successivement sur tous les points encore inexplorés par les concours d’où sont sortis tant d’ouvrages éminents.
Prêt à porter le bonnet verd. […] Il me semble que les six vers suivans ne disent pas grand chose : Junon et le maître des dieux, qui seraient fiers de porter les messages de la déesse Iris ; cela n’ajoute pas beaucoup à l’idée qu’on avait de madame de la Sablière.
Dans les œuvres de nos illustres pères le Vrai, c’est-à-dire la poursuite de la tolérance, la réclamation de toute l’égalité possible, l’ambition de la paix et de la fraternité, se personnifia avec une telle force, un tel éclat, que de tous les côtés de l’Europe les regards se portèrent encore non plus sur Versailles mais sur Paris. […] C’est que notre littérature du dix-neuvième siècle a sur ses aînées cet incontestable avantage d’être plus accessible à tous et plus aimante pour tous, d’exprimer des sentiments plus fraternels et des idées plus généreuses, de se révéler plus philanthropique et, quoi qu’on dise, plus chrétienne, de porter sur elle-même le double signe des temps nouveaux, l’amour et la justice !
Alfred Hédouin, était de Sterne et portait, pour preuve, la marque de l’ongle du Maître, — de cette pure opale qu’il avait pour ongle, — et qu’il a mise sur trois chefs-d’œuvre, comme un inimitable cachet. […] Cet homme, digne de porter le nom d’une femme, tant il en avait la tendresse (il s’appelait Lawrence, et, nous l’avons dit plus haut, il croyait que le nom influait sur la destinée), avait dans ses facultés ce que les Saints ont dans leurs vertus.
Quand ils s’adressent à l’humanité et qu’ils chantent un thème universel, comme Leopardi, ou quand ils se confinent dans la satire, comme Giusti, ou même dans le dialecte d’une province, comme Porta, Belli et Brofferio, c’est toujours l’Italie nouvelle qui palpite en eux ; et ce cri de douleur et d’espérance retentira longtemps encore, avec Rossetti, Mameli, Poerio, Mercantini, Zanella, jusqu’au jour où le roi Victor-Emmanuel y répondra. […] Tous les hommes passent, qu’ils portent la tiare ou la couronne ; l’idée est éternelle, dans un enfantement toujours renouvelé de plus grande liberté.
Ils portent des tuniques de flamme qui se collent à leurs membres et semblent les faire souffrir cruellement. […] Notre sang éclaboussait les briques des murs, nos pieds sans ongles ne pouvaient plus nous porter. […] Monsieur, je suis touché de l’intérêt que vous semblez me porter. […] Des arbres de rubis, de topaze et d’améthyste portent, en guise de fruits, des escarboucles qui fulgurent. […] Vous vous portez très bien, cher Ami.
Il est bien entendu que je ne porterai pas de jugements, que je ne décernerai pas de prix, que je ne dresserai pas de palmarès. […] Ils ne pourraient vivre sans se sentir entourés et portés par un large public ; et ils se garderaient bien de lui adresser les paroles méprisantes de Shelley ; bien plutôt essayent-ils de le retenir après l’avoir conquis. […] L’histoire littéraire est pleine de jugements sévères portés sur des poèmes qui nous paraissent admirables, mais qui durent, jadis, payer chèrement le prix de leur nouveauté. […] L’un est chargé du cothurne superbe qu’il est tout fier de porter ; l’autre essaye en riant le brodequin ; l’un, d’un souffle hardi, fait résonner la trompette éclatante, tandis que l’autre fait soupirer tendrement la flûte pastorale. […] Voir aussi le jugement porté sur l’opposition de la poésie anglaise et de la poésie française, dans la préface écrite par G.
Séparé du public depuis huit années, j’ai perdu l’habitude de porter la parole devant de pareilles assemblées. […] Le connaît-on quand on ignore les conséquences, inconnues à l’auteur lui-même, qu’il portait dans son sein ? […] Les témoignages portent jusque-là : portent-ils au-delà ? […] Voilà pourquoi on peut porter sur l’Orient deux jugements contraires. […] Il fallait bien que le berceau du monde fût ferme et fixe, pour pouvoir porter tous les développements de la civilisation humaine.
Quand de jeunes esprits partaient de cette impulsion première, donnée par M. de Fontanes, pour se porter bien au-delà, M.
Le public est, avant tout, bienveillant, avide et porté à tout ce qui l’intéressera ; il vient de le prouver.
— La prétention affichée et proclamée par la Presse de devenir le premier journal politique et littéraire est un coup direct porté aux Débats, et un coup dont ce dernier journal aura quelque peine à se relever, s’il ne change d’allure.
Il y a là deux contre-sens qu’il importe de relever ; le jugement qu’on portera du livre en deviendra plus sérieux et plus sévère.
Cet abus est porté au comble dans Rousseau même ; tout le génie qui l’y couvre ne le déguise pas, et le fait au plus pardonner.
Ce que l’histoire consacre, ce qu’elle imprime dans ses livres, professe dans les chaires, et invoque à tous moments dans les discussions de l’une et l’autre Chambre ; ce que les journaux répètent et portent à la fois sur tous les points du pays, cela même deviendrait-il dangereux au théâtre, sous un point de vue tout impartial, et à travers le prisme purificateur de l’art ?
C’était une cavale indomptable et rebelle, Sans frein d’acier ni rênes d’or ; Une jument sauvage à la croupe rustique, Fumante encor du sang des rois ; Mais fière, et d’un pied fort heurtant le sol antique, Libre pour la première fois ; Jamais aucune main n’avait passé sur elle Pour la flétrir et l’outrager ; Jamais ses larges flancs n’avaient porté la selle Et le harnais de l’étranger ; Tout son poil était vierge ; et, belle vagabonde, L’œil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde Du bruit de son hennissement.
Chapelle est admis parmi eux comme homme d’esprit, comme bon convive, pour ajouter à leur attrait mutuel la joie et la gaîté qu’il portait partout avec lui.
Les Esprits les plus portés à l’indulgence ne sauroient lui pardonner les sarcasmes qu’il s’est permis contre les premiers dépositaires de l’autorité.
Ce flux du mouvement vient-il à s’arrêter, voici l’univers phénoménal figé dans l’espace : ainsi de quelque fleuve immense dont la surface se serait glacée et qui serait devenu soudain impuissant à faire mouvoir les bateaux lourds de denrées et les barques chargées de messages que ses eaux agiles portaient vers les contrées les plus distantes.
Raffaëlli à Jersey ; l’entretien vint à porter sur les articles que l’on a pu lire dans la Vie Moderne ; ils se résumaient en somme en une prédilection marquée pour les peintres émotifs, si l’on peut dire ainsi, les peintres donnant une émotion de couleur, et pour leur représentant, M.
Or, l’esprit des siècles héroïques se forme du mélange d’un état civil encore grossier, et d’un état religieux porté à son plus haut point d’influence.