Elle était de la société particulière de Mme de La Fayette, de M. de La Rochefoucauld, de Mme de Sévigné, de Mme de Coulanges. […] Au contraire, le voyage d’Aranjuez, dans le cas présent, n’était qu’un extra, une envie particulière du roi, embarrassante pour les ministres qui ne savaient comment y pourvoir ; « Ils parurent néanmoins en faire les préparatifs ; ils en flattèrent le roi, et tandis qu’ils l’amusaient par ces apparences, ils surent faire naître des difficultés qui rompirent insensiblement le voyage, tantôt à cause des méchants chemins, tantôt pour le mauvais air de ce lieu après les pluies qui étaient survenues.
Les Allemands, qui vont être amis particuliers de Mme de Staël, tels que Guillaume Schlegel, sont d’une autre génération déjà que Goethe et Schiller, et ceux-ci avaient une manière de penser antérieure et un peu différente. […] Or, elle l’a dit, on ne cause véritablement qu’en France et en français : « la conversation, comme talent, n’existe qu’en France. » En Angleterre on ignore cette nuance particulière et si charmante de faire sentir l’éloquence dans la conversation ; si l’on a l’instinct et si l’on se donne la peine d’être éloquent, on l’est pour les Chambres et pour la vie publique ; on passe outre au salon, on ne s’amuse pas à ce prélude devant les dames.
Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit. […] Le Journal, une fois rédigé par lui, prend un intérêt médical tout particulier.
Les érudits en ces matières l’avaient signalé depuis quelques années comme particulier et peut-être unique en son genre : il offre, en effet, le premier exemple d’un genre de drame historique national, trop peu cultivé de tout temps, quoique si indiqué, dont les rares productions se comptent, et qui n’a eu son retour tardif qu’au xviiie siècle dans le Siège de Calais de du Belloy, et dans les Templiers de Raynouard, sous le premier Empire. […] Magnin, qu’on a chanté dans un grand nombre d’églises et dans certaines processions, aux xiie et xiiie siècles, des hymnes et cantiques en langue vulgaire, à la gloire des saints du lieu, ou bien encore la veille ou le jour des grandes fêtes ; si les exemples de ces chants particuliers qui n’étaient pas en latin, et qu’on tolérait malgré les canons, sont nombreux et irrécusables, on n’a pas jusqu’ici d’exemple avéré d’un mystère tout en français représenté dans l’intérieur d’une église.
Il avait quelque appui à Versailles, aux Affaires étrangères : on l’attacha d’abord comme secrétaire particulier à l’ambassadeur de France à Vienne. […] Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant et une violence de tourbillon.
Lebrun, entre les divers poètes de notre âge ou de l’âge précédent, est particulière, et je la rappellerai en peu de mots. […] j’étais jeune, plein d’avenir, ou du moins d’espérance ; mon cœur surabondait d’une continuelle joie, …, Je ne comptais que des heures sereines. » Quant aux descriptions en vers de ces lieux et de ces temps, et du charme particulier qui s’y attache, je ne puis que les indiquer à tous ceux qu’attire la vérité de l’impression : lisez le Hêtre sur l’écorce duquel le poète a gravé un nom ; c’est une pièce qu’on dirait de la dernière manière de Fontanes ; — lisez cette autre pièce plus grave, plus méditative, l’If de Tancarville, cet if dix fois séculaire, contemporain des premiers barons normands, et devant lequel le poète en contemplation s’écrie : Oh !
Il avait imaginé une sorte de paix rongeante et envahissante qui devait exclure les risques et les inconvénients de la guerre, pour ne laisser subsister que les avantages qu’elle aurait procurés, — beaucoup de profit sans effusion de sang et sans grosse dépense. » C’est cette paix ambiguë et d’une espèce toute particulière dont l’historien nous fait suivre pas à pas la procédure et les progrès. […] Grâce à je ne sais quel arrangement particulier conclu dans l’intervalle entre la France et l’électeur de Cologne (en même temps évêque de Liège), la France garda Dinant, et, au lieu d’une place, elle en eut deux.
Sans doute, le courant de ce qu’on appelle l’opinion publique se décide par la suite et le concours de tant de causes générales et particulières, que chacune des particulières compte pour infiniment peu, — ou très-peu.
En examinant ce livre, nous sommes dans une position particulière, c’est-à-dire que nous avons lu autrefois tous les livres de M. de La Mennais et que nous nous en souvenons. […] Le talent, ce don, cet instrument un peu particulier et qui ne suit pas nécessairement la loi de la vérité intérieure, a gagné chez M. de La Mennais en souplesse, en variété, en grâce et en coloris, sans perdre en force, à mesure que sa rigueur de foi a été davantage ébranlée.
Si nous envisageons une loi particulière quelconque, nous pouvons être certains d’avance qu’elle ne peut être qu’approximative. […] Pour toutes ces raisons, aucune loi particulière ne sera jamais qu’approchée et probable.
Taine s’est efforcé, le premier — car les indications de Herder dans ce sens ne sont ni très précises ni très méthodiques — de rattacher ses études particulières à la psychologie générale, de les utiliser en vue de la recherche de ces lois encore mal connues qui gouvernent les hommes et les sociétés. […] Pour que l’étude de la littérature comparée atteigne son but, il faut donc, je crois, l’élargir de plus en plus, la compléter par l’examen attentif des relations de la littérature et de l’art avec les conditions d’existence des nations, grouper les faits particuliers qu’elle présente autour d’un certain nombre de faits de plus en plus généraux.
En laissant de côté la physique et les explications particulières, en ne s’attachant qu’à ce que j’appelle les idées, il est aisé de reconnaître dans Pline un philosophe, un esprit supérieur à la plupart des choses qu’il va enregistrer. […] Métaphoriquement, on peut dire que le soleil est « le principal régulateur, la principale divinité de la nature » ; mais, en réalité, il ne faut pas chercher à Dieu une forme particulière, encore moins croire qu’il y en a un nombre infini.
Sa vie fut pleine de singularités pour son temps ; c’est aux journaux qu’il a laissés qu’on doit d’en connaître les plus curieuses circonstances : il est à regretter que d’autres contemporains ne nous aient rien dit de plus particulier sur son compte, et n’aient pas joint leurs renseignements aux siens. […] Sans dessein bien arrêté, ils vont ainsi jusqu’à Stockholm, partout bien reçus et avec une distinction particulière.
« La morale de l’Esprit des Lois, nous dit-il, n’oblige le lecteur qu’à des vœux d’humanité, de justice, de liberté pour tous, qui l’acquittent à son insu de toute obligation particulière. […] L’abus du détail dans les descriptions, les sentiments trop particuliers et trop raffinés, les paradoxes de l’utopie, le spécial introduit dans l’histoire, enfin la disproportion de l’imagination et de la raison, c’est-à-dire la prépondérance de la forme sur le fond, et quelquefois le contraire, — tels sont les défauts qui ne permettent pas à la littérature contemporaine de se considérer comme classique.
Delolme, sur la constitution anglaise, une page où cette constitution est admirablement analysée dans un sens général, comme une théorie pure, sans aucune application particulière. […] Ne nous le dissimulons point : avec la liberté de la presse l’honneur et le repos des particuliers et des familles courront souvent le risque d’être odieusement compromis.
— « Une Assemblée nationale, disait-il, est « une assemblée laïque qui traite de choses politiques, lesquelles seules sont soumises à la loi de la majorité… Quel que soit le trouble que nos malheurs aient amené dans l’esprit français, on ne verra pas, non, on ne verra pas, quatre-vingts ans après la Révolution de 1789, une assemblée politique représentant tous les citoyens, consacrer, pour sa part, le pays à une dévotion aussi particulière et aussi a discutée. » Ce ne furent, malgré leur solidité, ni les arguments juridiques de M. […] Ici nous n’apercevons plus le pied de la montagne ; la vie particulière a disparu de nos regards ; nous ne voyons plus que l’ensemble de Paris, sa personne collective, pareille à un Océan de lumière.
Renée n’a négligé aucune des sources ni aucune des dépositions qui était à sa portée, et il en a eu quelquefois d’assez particulières (page 268) ; il en a usé avec esprit et sagesse.
Par quelles grâces particulières M.
Pourtant, c’est là que Jules Laforgue publia ses Complaintes d’un tour si particulier.
Sens particulier du mot francisé.
Les faits particuliers que quelques esprits superficiels affectent de dédaigner, sont quelquefois préférables aux faits les plus brillans de l’histoire.
Qu’il soit jeune, vigoureux, et d’une beauté rustique ; qu’il soit assis sur un bout de rocher ; que de vieux arbres qui ont pris racine sur ce rocher et qui le couronnent, entrelacent leurs branches touffues au-dessus de sa tête ; que le soleil penche vers son couchant ; que ses rayons, dorant le sommet des montagnes et la sommité des arbres viennent éclairer pour un moment encore le lieu de la scène ; que les trois déesses soient en présence de Paris ; que Venus semble de préférence arrêter ses regards ; qu’elles soient toutes les trois si belles, que je ne sache moi-même à qui accorder la pomme ; que chacune ait sa beauté particulière ; qu’elles soient toutes nues ; que Venus ait seulement son ceste, Pallas son casque ; Junon son bandeau.
Et c’est ainsi que du don qu’ont les jeunes gens de lier des amitiés particulières, il tira encore un bénéfice.
» Ils n’admettent pas que le corps social soit un composé d’organes distincts et spéciaux, tous également naturels et nécessaires, chacun d’eux adapté par sa structure particulière à un emploi défini et restreint, chacun d’eux spontanément produit, formé, entretenu, renouvelé et stimulé par l’initiative, par les affinités réciproques, par le libre jeu de ses cellules.
Les opinions particulières de cet auteur fournirent, dans la suite, un beau champ à l’éloquence du P. […] Tantôt ces corps ont eu de grands démêlés les uns avec les autres ; tantôt un particulier a combattu seul contre un corps. […] Il joignoit à l’opiniâtreté des gens de sa profession, une inflexibilité d’esprit particulière. […] Ne préférez point vos intérêts particuliers au bien commun & au salut public : cédez aux saints pères ; cédez à la vérité ». […] Cela fit très-bien pour ces hérétiques-là : ils se plaignirent, ils écrivirent toujours de ce stile qui leur est particulier.
Point de satire générale ici, ni de satire particulière non plus, qui mette en scène un « état » ou une « condition » ; point de Ganaches ni de Faux Bonshommes, point d’Effrontés ni de Vieux Garçons. […] Mais comment la vraie comédie se passerait-elle de l’être, elle qui doit exprimer, sous peine de n’être pas, ce que les ridicules ou les vices d’un peuple ont de plus particulier, de plus intime ? […] Par exemple, ne peut-on pas dire que la question d’argent est trop grave, d’une nature ou d’une espèce trop particulière, pour être traitée par la comédie ? […] C’est qu’en raison même de tout ce que nous venons de dire, les situations romanesques étant toujours très particulières, plus on en use au théâtre et plus, en conséquence, l’intérêt général y diminue. […] Quant à l’importance particulière de Rhadamiste et Zénobie dans l’histoire générale du théâtre français, j’espère que vous la voyez maintenant.
En ce sens très particulier, elle comble un vide et va du vide au plein, d’une absence à une présence, de l’irréel au réel. […] L’absurdité ne saute pas aux yeux, par ce qu’il n’existe pas d’objet particulier qu’on ne puisse supposer aboli : alors, de ce qu’il n’est pas interdit de supprimer par la pensée chaque chose tour à tour, on conclut qu’il est possible de les supposer supprimées toutes ensemble. […] Se représenter l’objet A inexistant ne peut donc consister qu’à ajouter quelque chose à l’idée de cet objet : on y ajoute, en effet, l’idée d’une exclusion de cet objet particulier par la réalité actuelle en général. […] C’est pourquoi toute loi à forme statique nous apparaît comme un acompte provisoire ou comme un point de vue particulier sur une loi dynamique qui, seule, nous donnerait la connaissance intégrale et définitive. […] On aboutit, ainsi, tantôt à un « épiphénoménisme » qui attache la conscience à certaines vibrations particulières et la met çà et là dans le monde, à l’état sporadique, tantôt à un « monisme » qui éparpille la conscience en autant de petits grains qu’il y a d’atomes.
Andrieux y déploya dans un cadre plus général les qualités précieuses de critique, de finesse délicate, de malice inoffensive et ingénieuse, qu’attestaient ses œuvres trop rares, et dont ses amis particuliers avaient joui.
Enfin on a beaucoup agité la question de savoir s’il était, ou du moins s’il se croyait véritablement académicien : car, interrogé un jour sur un fait ou sur un vote relatif à l’Académie, M. de Montesquiou avait répondu avec ce tact exquis, particulier, comme on sait, aux gens de sa qualité, et dont la tradition se perd de jour en jour, il avait répondu, dis-je : « Suis-je donc académicien ?
Mais cette école présente ceci de particulier que, si elle existe, je n’ai jamais rencontré de maîtres ou d’élèves qui aient vraiment mérité de lui appartenir !
Si l’avare, si l’égoïste sont incapables de ces retours sensibles, il est un malheur particulier à de tels caractères auquel ils ne peuvent jamais échapper ; ils craignent la mort, comme s’ils avaient su jouir de la vie : après avoir sacrifié leurs jours présents à leurs jours avenir, ils éprouvent une sorte de rage, en voyant s’approcher le terme de l’existence ; les affections du cœur augmentent le prix de la vie en diminuant l’amertume de la mort : tout ce qui est aride fait mal vivre et mal mourir : enfin, les passions personnelles sont de l’esclavage autant que celles qui mettent dans la dépendance des autres ; elles rendent également impossible l’empire sur soi-même, et c’est dans le libre et constant exercice de cette puissance qu’est le repos et ce qu’il y a de bonheur.
Et ainsi, toutes les impressions particulières que nous donnent les objets du monde physique, il les approfondit et les agrandit aussitôt par l’idée toujours présente que tout s’enchaîne et se tient dans le rêve ininterrompu de Maïa… Les frontières deviennent indistinctes entre les différentes formes de la vie — vie végétale, animale et humaine.
Tandis que la tradition burlesque régnait presque souverainement sur la scène italienne, et que les types, inventés une fois pour toutes, y reproduisaient chaque ridicule dans son expression générale, nos bouffons ne perdaient pas l’habitude de regarder autour d’eux, de peindre sur le vif un caractère particulier, de saisir l’actualité au passage, d’exercer enfin l’esprit observateur et satirique propre à la nation.
Mais comme le lendemain était le sabbat, et un sabbat d’une solennité particulière, les Juifs exprimèrent à l’autorité romaine 1194 le désir que ce saint jour ne fût pas souillé par un tel spectacle 1195.
Ces mots, et une quantité d’autres, appartiennent moins à la langue française qu’à des langues particulières qui ne se haussent que fort rarement jusqu’à la littérature, et si on ne peut traiter certaines questions sans leur secours, on peut se passer de la plupart d’entre eux dans l’art essentiel, qui est la peinture idéale de la vie.
Un écrivain qui a quelque souci de la postérité cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’individualité de son esprit.
C’est la multitude des artisans qui font profession d’un certain art, qui lui donne de l’étenduë, et qui est cause qu’il se subdivise en plusieurs arts particuliers.
Chapitre viii Catholiques, protestants, socialistes, tous en défendant la France, défendent leur foi particulière Un trait commun à ces diverses familles d’esprit durant cette guerre, c’est qu’elles sentent toutes que le meilleur, le plus haut d’elles-mêmes, leur part divine est engagée dans le drame, et périrait avec la France.
Ce sont les objets qu’il propose à notre examen, comme les plus propres à nous révéler les conditions actuelles et particulières de la vie sur ce coin de la planète. […] Le nouvel état d’âme avait créé une rhétorique particulière qui demandait à s’essayer sur des objets plus substantiels. […] Je ne m’attacherai qu’au principal, à celui qui donne à la littérature slave sa physionomie particulière et sa haute valeur morale. […] Chacune de ces fiches semblait avoir un caractère particulier, comme si elles trahissaient les caractères respectifs des moujiks. […] Ce public raisonne et se passionne d’après des lois particulières qui ne sont plus les nôtres.
Il est nécessaire d’écouter la leçon particulière de chacun de ces trois maîtres. […] On sentait confusément qu’il y avait en lui quelque chose de particulier, d’unique, qui le mettait à part et au-dessus de tous. […] Ce caractère de sécheresse et de sévérité n’est point particulier à la petite Genève de Sedan ; il est presque partout le même. […] Toutefois, si Taine était un logicien, il était un logicien d’une espèce particulière. […] L’imagination même de Taine est d’un genre particulier.
Encore faut-il qu’elle porte sur d’assez vastes ensembles pour que nous y puissions saisir les justes relations que soutiennent entre elles les œuvres particulières. […] Et comme les phrases toutes faites sont les plus faciles à faire pour l’excellente raison qu’elles sont déjà faites, on voit la tentation… Notons d’ailleurs que ce péril n’est point particulier à la critique parlée. […] Le Lycée, entretenu par des souscriptions particulières, eut un grand succès, vécut jusqu’à la Restauration, et inaugura cette tradition des cours éloquents et élégants, que nos universités et nos conférenciers de toute sorte ont prolongée jusqu’à nous. […] J’ai mes souvenirs : ils ne sauraient remplacer une nouvelle lecture, que je ne puis faire sans perdre certain courant de vie intellectuelle, courant qui peut seul alimenter mes sujets particuliers et singulièrement mon Fontenelle. […] Loin de moi l’idée de défendre à la critique de juger, c’est-à-dire d’ériger en règles générales, en lois acceptables pour tout le monde, en décisions officielles, des sentiments particuliers.
Ce sont là des éléments communs à toutes les langues ; elles s’en servent de mille façons différentes ; chacune a ses lois et ses usages particuliers, son alphabet, son vocabulaire et sa syntaxe. Personne ne parle le langage en général, car il n’y a pas de langue universelle ; on parle toujours une langue particulière, qui est d’ordinaire la langue de la nation dont on fait partie ; et l’on fait ainsi quand on parle intérieurement comme quand on parle à haute voix. […] Mais je soupçonne ici une illusion : l’attention une fois dirigée sur l’idée de l’image tactile, il est difficile que la mémoire ne complète pas l’idée générale par un exemple particulier, et cet exemple particulier est naturellement déterminé dans sa nature propre par l’image sonore actuellement présente à la conscience ; l’idée d’une image n’est autre chose qu’un groupe d’images effacées ; cette idée se précise si au groupe d’états très faibles se joint un état plus distinct du même genre, et il est à peu près impossible, en portant l’attention sur le groupe, de ne pas susciter tout spécialement à la conscience, parmi les phénomènes qui le composent, celui d’entre eux qui, à ce moment même, se trouve dans les circonstances les plus favorables à sa reproduction [ch. […] La loi dont nous indiquons ici une application particulière peut se formuler ainsi : l’attention opère sur les éléments des habitudes complexes une sélection analytique.
L’âme du poète, au moment de l’inspiration, vibre suivant un rythme particulier ; mais plus son âme est puissante, c’est-à-dire plus elle est riche d’associations d’idées, plus son rythme sera évocateur. […] * * * Il est utile cependant, avant de nous engager dans l’étude de ces questions particulières, de faire une brève remarque d’ordre générai. […] Je tiens seulement à en dégager, pour les mettre en valeur, quelques points particuliers, essentiellement caractéristiques. […] Ils ont chacun leur valeur propre ; chacun d’eux répond à une réalité particulière, et tout le tort de nos devanciers fut de s’attacher uniquement à l’un d’eux pour nier les autres, ou de mélanger naïvement et grossièrement comme certains symbolistes le firent, des principes qui étaient sans rapports entre eux. […] Des études récentes sur ce vers particulier ont précisé quelles pouvaient être ces innovations.
Car, de même qu’il y a deux langues, l’une émotionnelle, commune à l’homme et aux animaux, l’autre rationnelle, particulière à l’homme, de même il y a deux modes de connaissance, l’un intuitif, commun à l’homme et aux animaux, l’autre conceptuel et particulier à l’homme. […] Tant qu’il n’y eut dans le troupeau que des moutons et des vaches, la combinaison béé-mou-ou suffisait ; mais quand le troupeau renferma des animaux d’une autre espèce, les sons distincts qui les désignaient durent être évités avec un soin particulier, parce qu’ils auraient produit des méprises. — De même encore, il était assez facile d’imiter les cris du coucou et du coq, et les sons coucou, coq pouvaient être employés comme les signes phonétiques de ces deux oiseaux.
Ces impressions ont une influence remarquable sur nos résolutions, et nous cherchons comme instinctivement à nous mettre en rapport avec les circonstances qui, depuis longues années, ont pour nous un attrait particulier. […] Puisse le destin, que notre affection implore en tremblant pour toi, t’accorder toujours la même faveur, toutes les fois que l’autre hémisphère attirera tes pas ; puisse-t-il te ramener toujours heureusement aux rivages de ta patrie, le front ceint d’une nouvelle couronne… Pour moi, dans le sein de l’amitié, je ne demande qu’une maison tranquille, où ton nom réveille dans mon fils le désir d’atteindre ta renommée, une tombe qui me recouvre, un jour, avec ses frères… Allez maintenant, mes vers, allez dire à celui que j’aime que ces chants vont timidement à lui, des collines d’Albano ; d’autres porteront plus haut sa gloire, sur les ailes de la poésie… » Pendant qu’Alexandre de Humboldt, faisant collaborer à son œuvre tous les savants français, par un concours de travaux spéciaux dont il leur donnait les sujets, et dont il payait les frais de sa fortune, formait une œuvre sur les régions équinoxiales, dont le prix dépassait déjà 5 ou 6 mille francs l’exemplaire, monument plus digne d’une nation que d’un particulier, Guillaume, chassé de Rome par Bonaparte, rentrait attristé dans sa patrie. […] Alors, dans le silence de la nuit, le vieillard, plein d’une vigueur surprenante, reprenait cette activité toute particulière qu’il avait vouée à son grand ouvrage, et ce n’était qu’à trois heures du matin, quand, pendant l’été, la clarté du jour venait le saluer, qu’il s’accordait le sommeil de courte durée dont avait besoin ce corps tyrannisé par le travail de l’esprit.
Verlaine, qu’un poète élégiaque inégal et court, d’un charme très particulier çà et là. […] C’est que, dans le sommeil, on attachait à ces mots des significations particulières qu’on ne retrouve plus ; on les unissait par des rapports qu’on ne ressaisit pas davantage. […] Soit mais notre oreille à nous ne saurait s’accommoder si rapidement à des rythmes si particuliers et qui changent à chaque instant.
Le lendemain, la plupart retournaient à leur vomissement ; mais quelques-unes devenaient sainte Thaïs ou sainte Marie l’Égyptienne. « Les voies de Dieu sont mystérieuses… » Henri Lavedan La saveur si particulière des écrits de M. […] Chez nous, à l’heure présente, avec les impôts monstrueux que nous avons et le service obligatoire, il n’est vraiment pas assez sûr que l’État rende aux particuliers l’équivalent de ce qu’il leur prend. […] Et Sapho — avec les différences que vous sentez et qui sont toutes à l’avantage de Daudet — est simplement la Manon Lescaut de ce siècle : c’est notre version, à nous gens d’à présent, de l’éternelle aventure des captifs de la chair ; version parfaite et définitive, d’une signification si générale et d’une couleur si particulière !
J’avais, en effet, pour les sciences ecclésiastiques un goût particulier. […] III La lutte théologique prenait pour, moi un caractère particulier de précision sur le terrain des textes censés révélés. […] L’esprit particulier de l’Allemagne, à la fin du dernier siècle et dans la première moitié de celui-ci, me frappa ; je crus entrer dans un temple.
En me restreignant à l’étude de leur système musical, en laissant de côté les systèmes de la mimique, de la poésie, de la décoration, de la mise en scène, je veux à grands traits disséquer l’organe qui met en circulation la vie particulière à l’œuvre dramatique. […] Ce long travail terminé, j’ai trouvé qu’à l’exception de quatre ou cinq, épisodiques, tous ces motifs n’étaient que les aspects particuliers d’un seul motif générateur. […] (p. 54, 84, 86, 89, 138, 249, 273). — Sous une forme qui tire vers celle du 46, la signification est plus particulière : Walther dit à Kothner qu’il chantera sur un sujet sacré, l’amour.
Il faisait venir des huitres d’un certain marchand d’huitres de Marennes, et les donnait à garder dans une cave du quartier qui leur conservait une fraîcheur particulière. […] Jeudi 18 juillet En réfléchissant combien mon frère et moi, nous sommes nés différents des autres, combien notre manière de voir, de sentir, de juger était particulière, — et cela tout naturellement et sans affectation et sans pose — combien en un mot notre nous n’était pas une originalité acquise à la force du poignet, je ne puis m’empêcher de croire que l’œuvre que nous avons produit, ne soit pas un œuvre très différent de celui des autres. […] Là, viennent le Président du Tribunal, des juges, un sous-préfet dégommé, le commandant de gendarmerie, le receveur particulier, un forestier, des avoués, de petits jeunes gens, et tout le monde cancane, potine, parle de l’article du Nouvelliste de l’endroit, ridiculise le commissaire de police… Puis, le soir, dans le petit cercle, où l’on monte par une espèce d’échelle, et qui a pour garniture de cheminée de son salon, des chandeliers représentant Robert Macaire et Bertrand, en galvanoplastie, ce sont les mêmes potins et les mêmes cancans qui remplissent, dans la bouche des mêmes personnes, les heures de la soirée jusqu’à minuit.
» Dans les dernières années de sa vie enfin, étant revenu habiter à Lausanne, sa conversation habituelle était en français, et il craint que les derniers volumes de son Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, composés durant cette époque, ne s’en ressentent : « La constante habitude, dit-il, de parler une langue et d’écrire dans une autre peut bien avoir infusé quelque mélange de gallicismes dans mon style. » Si ce sont là pour lui des inconvénients et peut-être des torts aux yeux des purs Bretons, que ce soit au moins à nos yeux une raison de nous occuper de lui et de lui rendre une justice plus particulière, comme à un auteur éminent qui a été en partie des nôtres. […] Plus on l’étudie dans sa vie et dans sa nature particulière, et mieux on se rend compte de cette préférence.
À la fin du tome II, le Dauphiné est traité par l’auteur avec une complaisance particulière : Beyle n’est pas ingrat pour sa belle province ; il en rappelle toutes les gloires, surtout l’illustre Lesdiguières, le représentant et le type du caractère dauphinois, brave, fin, et « jamais dupe ». […] Beyle, qui vivait dans des salons charmants, littéraires et autres78, a donc parlé de ceux du faubourg Saint-Germain comme on parle d’un pays inconnu où l’on se figure des monstres ; les personnes particulières qu’il a eues en vue (dans le portrait de Mme de Bonnivet, par exemple) ne sont nullement ressemblantes ; et ce roman, énigmatique par le fond et sans vérité dans le détail, n’annonçait nulle invention et nul génie.
Daru succédait à Collin d’Harleville, à ce talent bienveillant et aimable qu’on citera toujours pour avoir fait L’Optimiste, Les Châteaux en Espagne et Le Vieux Célibataire ; auteur comique d’un genre tout particulier, qui avait ses comédies dans le cœur encore plus que dans la tête. […] Il désira que l’Académie française (la classe de l’Institut qui y répondait) fît un examen particulier du livre, énonçât à ce sujet une opinion motivée, et M.
René d’Argenson ; en un mot, qu’il y a lieu, en revenant à la source, de se faire une idée non pas autre, mais plus particulière, plus singulière même, et plus caractéristique, de cet homme de bien original. […] Il avait ce qu’on appelle l’esprit travailleur ; j’ai des preuves de ses travaux, des remarques sur des lectures, dissertations dans le grand et politiques, extraits historiques, études du droit public et particulier ; j’ai des volumes de pareils travaux.
Frédéric, que sa sœur n’avait pas mis dans le secret de ses motifs particuliers, et gardien non moins jaloux que son père des intérêts de la patrie prussienne, trouva à redire à ce mariage étranger, ainsi qu’à d’autres marques que la cour de Bareith semblait donner, vers ce temps, de son penchant pour l’Autriche, et il en témoigna son mécontentement à sa sœur. […] Il n’y a presque rien du roi, c’est un particulier qui cause de ce qui ferait le charme de sa vie.
S’il fait de temps en temps et par exception acte de maître, il sait pourtant trop bien au fond qu’il ne l’est plus : aussi se montre-t-il des plus sensibles à la déférence qu’on a à l’étranger pour ses désirs ; et le roi de Portugal ayant paru céder, dans une négociation de famille où il s’était montré jusqu’alors inébranlable, aux instances particulières de Charles-Quint, celui-ci en éprouva une joie telle qu’il n’en avait pas eu une semblable au temps de sa puissance pour ses succès les plus éclatants. […] « Ainsi finit, écrivait son fidèle majordome après l’avoir vu expirer, le plus grand homme qui ait été et qui sera. » En tout sa fin, on le voit, a sa marque bien à elle ; elle est toute particulière, monacale, strictement catholique, conforme par les circonstances et l’appareil au génie espagnol dans lequel, sans y appartenir de naissance, il était entré si profondément.
C’est alors qu’il fit dans son atelier, rue de la Tour-des-Dames, une exposition particulière de quarante-cinq tableaux et qu’il devint l’un des héros de la popularité. […] Thiers à propos du Salon de 1824, ne pouvait choisir une meilleure direction que celle qu’il a prise, pour le développement du talent particulier qu’il a reçu de la nature.
Mais cette bataille perdue avait cela de particulier, à la différence des précédentes, qu’on y avait combattu avec une valeur acharnée, qu’on y avait fait plus de mal encore aux ennemis qu’ils n’étaient parvenus à nous en faire, et que le moral des troupes était relevé. […] Mais il est beau que sa fortune fasse la fortune publique. » Et songeant moi-même à Villars, à Masséna, à ces grands hommes de guerre qui ont eu des vices, mais qui peuvent aussi montrer dans leur vie ces nobles pages, Rivoli, Essling et Zurich, ou bien Friedlingen, Hochstett et Denain, je dirai qu’il convient de leur appliquer les paroles de Périclès dans l’Éloge funèbre des guerriers morts pour Athènes : « A ceux qui ont de moins bonnes parties il est juste que la valeur déployée contre les ennemis de la patrie soit comptée en première ligne ; car le mal disparaît dans le bien, et ils ont été plus utiles en un seul jour par ce service public, qu’ils n’ont pu nuire dans toute leur vie parleurs inconvénients particuliers. » C’est la conclusion qui me paraît la plus digne pour ce chapitre d’histoire.
La description de Théophile Gautier, en présence des tableaux qu’il nous fait voir et qu’il nous dispense presque d’aller reconnaître, a cela de particulier qu’elle est exclusivement pittoresque et nullement littéraire, et qu’elle ne se complique pas, tant qu’elle dure, de remarques critiques et de jugements. […] Théophile Gautier s’est fait de la peinture une idée particulière qui n’est pas celle de tous, et qu’on ne saurait omettre en parlant de lui sous peine de tout confondre.
Si estimé pour sa prose, soit dans ses nouvelles, soit dans son incomparable roman, Cervantes, moins goûté du public pour ses vers, eut toujours un faible pour la poésie pure : c’est ainsi que le grand comique Molière avait, on le sait, un penchant tout particulier et assez malheureux pour le genre noble et romanesque. […] Pourquoi un livre qui n’a été écrit qu’en vue d’une nation et dans un dessein tout particulier, tout local, devient-il, presque dès sa naissance, le livre des autres nations voisines et l’enfant adoptif de tout le monde ?