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1982. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Enfin, leur ignorance même et la date de leur venue au monde (qui fait d’eux des esprits très jeunes lâchés dans une littérature très vieille ; des sortes de barbares sensuels et précieux), leur vie de noctambules, l’abus des veilles et des boissons excitantes, leur désir d’être singuliers, la mystérieuse névrose (soit qu’ils l’aient, qu’ils croient l’avoir ou qu’ils se la donnent), il me semble que tout cela suffirait presque à expliquer leur cas et qu’il n’est point nécessaire de suspecter leur bonne foi.

1983. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Jamais le Théâtre Libre n’a été plus nécessaire qu’aujourd’hui.

1984. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

La religion était reçue à cette époque comme une lettre close et cache-tée, qu’il ne fallait pas ouvrir, mais qu’on devait recevoir et transmettre, et pourtant, la vie humaine s’élargissant toujours, il était nécessaire que les besoins nouveaux forçassent tous les scrupules et que, ne pouvant se faire une place dans la religion, ils se constituassent vis-à-vis d’elle.

1985. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Wilder ne pouvait d’ailleurs présenter l’exactitude rigoureuse nécessaire à l’analyse.

1986. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Ces Maudites se sentent nécessaires, elles ont conscience du sacerdoce social qu’elles exercent.

1987. (1772) Éloge de Racine pp. -

Pour en voir tous les effets, c’est au théâtre qu’il faut se transporter ; c’est là qu’il faut voir les tendres pleurs d’Iphigénie, les larmes jalouses d’éryphile, et les combats d’Agamemnon ; c’est là qu’il faut entendre les cris si douloureux et si déchirans des entrailles maternelles de Clytemnestre ; c’est là qu’il faut contempler d’un côté le roi des rois ; de l’autre Achille, ces deux grandeurs en présence, prêtes à se heurter, le fer prêt à étinceler dans les mains du guerrier, et la majesté royale sur le front du souverain : et quand vous aurez vu la foule immobile et en silence, attentive à ce grand spectacle, suspendue à tous les ressorts que l’art fait mouvoir sur la scène ; quand vous aurez entendu de ce silence universel sortir tout à coup les sanglots de l’attendrissement, ou les cris de la terreur ; alors, si vous vous méfiez des surprises faites à vos sens et à votre ame par le prestige de l’optique théâtrale, revenez à vous-même dans la solitude du cabinet ; interrogez votre raison et votre goût, demandez-leur s’ils peuvent appeler des impressions que vous avez éprouvées, si la réflexion condamne ce qui a ému votre imagination, si retournant au même spectacle vous y porteriez des objections et des scrupules ; et vous verrez que tout ce que vous avez senti n’était pas de ces illusions passagères qu’un talent médiocre peut produire avec une situation heureuse et la pantomime des acteurs, mais un effet nécessaire et infaillible, fondé sur une étude réfléchie de la nature et du coeur humain ; effet qui doit être à jamais le même, et qui loin de s’affaiblir augmentera dans vous à mesure que vous le considérerez de plus près.

1988. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

On ne peut faire à cette poésie qu’un reproche, c’est d’avoir respiré un peu trop l’air des salons : l’air des salons est trop artificiel et trop tempéré pour donner à la poésie cette trempe énergique, nécessaire à l’imagination comme au caractère du talent.

1989. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

qu’il est malaisé de s’entendre et qu’il serait nécessaire de définir les mots !  […] Nous sommes fixés : elle n’exigera plus qu’on l’enlève ; ce ne sera plus nécessaire. […] Elles étaient au bal hier ; elles y retourneront après Pâques, ou même avant ; elles recommenceront à y montrer leurs épaules et leur gorge, sans peut-être se douter de la signification nécessaire de cette exhibition ; elles continueront à passer leurs journées dans une parfaite oisiveté et dans des frivolités ineptes et à ignorer qu’il y a sur la terre autre chose que leur « monde ». […] L’appareil d’explications qu’il réclame ne me paraît nécessaire que pour certains personnages exceptionnels et pour certaines situations hors du commun. […] Il n’était peut-être pas nécessaire de faire de Margot une ancienne « femme en carte ».

1990. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Ce maître styliste a prouvé par son exemple qu’il n’est pas nécessaire d’écrire mal pour sentir, pour voir et pour savoir. […] Les gens spirituels sont aussi nécessaires à une nation policée que les douaniers et les gendarmes. […] Le livre du duc d’Aumale sur les Institutions militaires de la France s’achève par des conseils et par des avertissements que l’on peut résumer ainsi : Toutes les fois que nous touchons aux lois qui régissent notre armée, n’apportons pas à cette œuvre, souvent nécessaire, des préoccupations autres que le souci de la sécurité publique et de la défense nationale. […] Est-il nécessaire, après cela, d’expliquer, par raisons démonstratives, la faveur avec laquelle on accueille, en ce moment, le cours de M.  […] Le sens de « l’écoulement des choses » est nécessaire au sage, s’il ne rêve rien au-delà des félicités molles du doute et des béatitudes languissantes du scepticisme.

1991. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Voici les progrès nécessaires de la dégradation : au ton de la franchise qui compromettrait, succède le ton de la finesse qui s’enveloppe, et celui-ci fait place à la flatterie qui encense, à la duplicité qui ment avec impudence, à la rusticité révoltée qui insulte sans ménagement, ou à l’obscurité circonspecte qui voile l’indignation. […] Claude est empoisonné avec des champignons par la fameuse Locuste, longtemps un des instruments nécessaires de l’État71. […] Il y a des fonctions infâmes, malheureusement nécessaires au bon ordre de la société : elles doivent entrer dans le plan de la police, mais non dans celui de la législation ; et la police bien entendue ne remplira pas les maisons et les rues de scélérats pour garantir les citoyens de quelques-uns. […] Cela ne sera point, cela ne se peut, cela n’est point, en notre pouvoir ; il faut qu’une légitime et nécessaire prépondérance devienne la première récompense de la vertu, et le premier châtiment du vice. […] Le nerf nécessaire à l’exécution est coupé, et l’on continue de souffrir et de se plaindre, si la tyrannie le permet : car elle va quelquefois jusqu’à exiger un front serein de l’esclave qui porte le désespoir au fond de son cœur.

1992. (1923) Au service de la déesse

Il nous empoche de nous étonner il nous avait avertis : et il nous montre que tout cela dépend de lois sublimes et nécessaires. […] Pour cela, peu de littérateurs nous sont nécessaires, mais beaucoup de fabricants, d’ouvriers et de commerçants habiles… Toute la prospérité et la sécurité nationales reposent sur le travail. […] Il ne peut périr qu’avec l’humanité… L’esprit de destruction est nécessaire : périsse ce qui doit périr ! […] Il y a une sorte de bien-être qui est nécessaire à la moralité comme à la santé. […] Thérive nous supplie de prendre les engagements que voici : « 1° Je m’engage à préférer dans mes écrits et à exiger des imprimeurs une orthographe francisée pour tous les mots courants ou nécessaires d’origine étrangère… » Nous écrirons un ponche, un toste et le spline : bien.

1993. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

De telles circonstances enseignent l’art d’écrire clairement et solidement, le discours méthodique et suivi, le style exact et fort, la plaisanterie et la réfutation, l’éloquence et la satire ; car ces dons sont nécessaires pour se faire écouter ou se faire croire, et l’esprit entre de force dans une voie, quand cette voie est la seule qui le conduise à son but. […] Ailleurs il déclare qu’il ne veut pas abolir dans la passion l’emploi des métaphores, parce que Longin les juge nécessaires pour l’exciter759. » Son grand discours sur l’origine et les progrès de la satire fourmille d’inutilités, de longueurs, de recherches et de comparaisons de commentateur.

1994. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Mais ce délai est nécessaire pour nous édifier sur la situation de nos sentiments réciproques. […] Aussi vous seriez bien aimable de faire des démarches nécessaires puisque je ne sais comment m’y prendre. […] Pour ne pas nous disputer de vive voix, cher directeur, je vous écris ; autrement impossible de garder le sang-froid nécessaire.

1995. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il n’y a pas d’histoire des choses contemporaines ; les mots eux-mêmes sont contradictoires ; et pour juger les hommes ou les œuvres de notre temps, nous manquons à la fois de la liberté, du recul, et des documents nécessaires. […] Les choses ne sont pour lui que ce qu’elles doivent être, et dès qu’il les a comprises, il ne les trouve pas légitimes seulement, mais « naturelles » et par conséquent nécessaires. […] Le Contrat de mariage ; La Recherche de l’absolu ; Les Paysans ; Le Cousin Pons] ; et quelquefois presque aucune place. — Comme d’ailleurs il n’est pas d’embarras d’argent qu’il n’ait lui-même connus ; — la réalité de son expérience personnelle s’est ajoutée à ce qui s’insinue d’inévitable réalisme au théâtre et dans le roman par l’intermédiaire de la question d’argent ; — et il est le romancier de la question d’argent, comme Musset est le poète de l’amour. — C’est qu’il a compris les exigences qu’imposait au roman la seule intention d’y traiter la question d’argent ; — et non seulement l’espèce d’activité, d’intelligence, d’esprit nécessaire à l’acquisition de la fortune ; — ce que Scribe, au contraire, n’a jamais compris ; — mais de plus il a vu qu’il lui fallait mettre en scène toute une sorte d’hommes oubliés jusqu’alors par les romanciers : — des banquiers et des notaires, des huissiers et des avoués, des usuriers et des prêteurs à la petite semaine ; — c’est-à-dire toute une population dont la peinture ou la représentation ne peut être que réalité ; — puisqu’elle ne vit elle-même que de la plus concrète et, dans nos civilisations modernes, de la plus universelle des réalités. — Mais, à leur tour, et à la suite des hommes d’affaires, sont entrées dans le roman toutes les « conditions » ; — l’infinie diversité des professions et des métiers ; — qu’il a fallu caractériser par les traits qui sont effectivement les leurs ; — par les déformations intellectuelles, psychologiques, ou morales qui en sont la conséquence ; — militaires et magistrats, artistes et gens de lettres, fonctionnaires et commerçants, diplomates et hommes politiques, médecins et rentiers ; — dont il a fallu connaître, décrire, expliquer les occupations ; — et, pour les décrire, user des termes qui sont ceux de leur vocabulaire ou de leur argot ; — n’y ayant pas deux mots pour désigner un « protêt » — ni de périphrase littéraire pour nommer une pâte épilatoire. — Et, après cela, quand il a eu conçu l’idée de relier tous ses romans ensemble ; — et d’en faire, non pas une succession d’épisodes continués l’un par l’autre ; — mais un tableau de la société de son temps ; — s’il avait oublié quelque trait, il a fallu qu’il s’en aperçût ; — et c’est alors que le caractère réaliste lui en est à lui-même apparu nettement ; — comme aussi ce qu’on en pourrait appeler le caractère scientifique. […] La Recherche de l’absolu ; Le Père Goriot ; Le Cousin Pons] ; — qu’il s’est même laissé plus d’une fois entraîner à pousser plus loin qu’il n’était nécessaire ; — et à traiter pour elle-même. — Sa grande ambition a été de décrire et de classer des « Espèces sociales » ; — considérées comme analogues aux « Espèces zoologiques » ; — et, comme celles-ci, pouvant se changer les unes aux autres ; — ce qui est, ainsi qu’on l’a fait justement observer [Cf. 

1996. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand on prend la vie de la sorte, un philosophe avec toutes ses idées est aussi nécessaire dans un salon qu’un lustre avec toutes ses lumières.

1997. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

“Hâtons-nous d’arriver au prochain village, où nos compatriotes doivent faire halte pour la nuit ; là je coudrai le linge pour la layette de l’enfant, et j’arrangerai avec soin tout ce qui sera nécessaire.”

1998. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Depuis huit ou neuf ans que je la connais, vivant presque toujours auprès d’elle, m’attachant à elle chaque jour davantage, je me suis fait de cette société une partie nécessaire de mon existence : l’ennui, la tristesse, le découragement m’accablent dès que je suis loin d’elle.

1999. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

De plus, l’Écosse, sans cesse menacée de domination ou d’envahissement par l’Angleterre, avait besoin de puissantes alliances étrangères, en Europe, pour l’aider à conserver son indépendance et pour lui fournir l’appui moral et l’appui matériel nécessaires pour contre-balancer l’or et les armes des Anglais.

2000. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

« Même je remarquais, touchant les expériences qu’elles sont d’autant plus nécessaires qu’on est plus avancé en connaissance ; car, pour le commencement, il vaut mieux ne se servir que de celles qui se présentent d’elles-mêmes à nos sens, et que nous ne saurions ignorer pourvu que nous y fassions tant soit peu de réflexion, que d’en chercher de plus rares et étudiées : dont la raison est que ces plus rares trompent souvent, lorsqu’on ne sait pas encore les causes les plus communes, et que les circonstances dont elles dépendent sont quasi toujours si particulières et si petites, qu’il est très malaisé de le remarquer.

2001. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Cependant je maintiens que nous avons tout le génie et toute la science nécessaires.

2002. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J'aurois peut-être dû m'épargner à moi-même la honte d'être descendu jusqu'à répondre à un tel Calomniateur ; mais j'ai jugé qu'il étoit nécessaire de détruire, dans l'esprit de ceux qui le connoissent personnellement, les préventions que la gravité de son caractere & de son âge auroit pu inspirer en faveur de son imputation ; & dès-lors, par amour pour la vérité & par respect pour les Honnêtes Gens qui la cherchent de bonne foi, je me suis abstenu de lui marquer le mépris que je lui devois.

2003. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Dans la cathédrale gothique, chaque colonne fut différente, mais toutes furent nécessaires.

2004. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Ils ne laissent pas tomber leurs effets de la lune, mais ils les amènent par les voies de la génération nécessaire.

2005. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ces étrangetés et ces abandons sont naturels, presque nécessaires ; seuls ils peignent l’état d’esprit qui les produit.

2006. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Si on l’applique à l’homme, on arrive à considérer les sentiments et les pensées comme des produits naturels et nécessaires, enchaînés entre eux comme les transformations d’un animal ou d’une plante ; ce qui conduit à concevoir les religions, les philosophies, les littératures, toutes les conceptions et toutes les émotions humaines comme les suites obligées d’un état d’esprit qui les emporte en s’en allant, qui, s’il revient, les ramène, et qui, si nous pouvons le reproduire, nous donne par contre-coup le moyen de les reproduire à volonté. […] La force qui lui était nécessaire n’était ni noble ni grande, mais petite et à quelques égards de basse espèce.

2007. (1933) De mon temps…

Ce Napoléonide, en effet, fils d’un patricien romain et d’une princesse Bonaparte, était dépourvu de toute morgue et affranchi de beaucoup de préjugés, mais sa souriante bonhomie et sa gracieuse affabilité n’en étaient pas moins sensibles à ce qui ne tenait pas compte de l’imperceptible distance qu’elles entendaient que l’on gardât vis-à-vis d’elles, et il savait fort bien, avec une finesse toute italienne et une politesse toute française, faire sentir, quand il le fallait, la dignité de sa naissance et l’illustration de ses parentés. « Gégé » redevenait le comte Primoli, juste l’instant nécessaire à remettre les choses et les gens au point. […] Ils étaient assez nombreux pour fournir les abonnés nécessaires à la publication d’une revue et c’est ce qu’avait compris M. 

2008. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

De sorte qu’il est nécessaire que l’esprit travaille toujours la même matière, opère toujours le même monde). […] Il ferait beau voir que cette liberté, qui est le centre même de l’homme, et la plus belle création de Dieu dans l’homme, et la plus irrévocable, et la plus nécessaire, puisque seule elle s’articule exactement sur la gratuité de la grâce, eût été liée pour un seul homme et que ce fût pour Jésus. […] Ainsi vous m’avez fait dire, monseigneur, et j’aurais peut-être bien dit sans vous que c’est nécessaire, des poteaux indicateurs et des bornes kilométriques, que c’est nécessaire sur une route ou plutôt dans une route, au cœur d’une route, dans l’axe d’une route. Vous m’avez fait dire que c’est nécessaire.

2009. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Mais il est nécessaire, tout de même, de remettre les choses au point. […] Des ascenseurs perfectionnés l’ont hissé jusqu’à des chambres d’hôtel où il suffit de presser un bouton pour avoir à volonté, dans les cinq minutes, un cocktail, un journal, un cab, un médecin, un pédicure, un billet de théâtre, une brosse à dents, des tickets de chemin de fer, en un mot tous les objets nécessaires à la vie. […] C’est un sophisme commun à ceux qui cherchent la popularité en faisant la cour aux instincts les plus abjects de l’homme, de prétendre que ceux qui veulent réprimer l’ivrognerie, et d’autres vices, par la législation si c’est nécessaire, s’efforcent de dérober toute joie de la vie, tandis que la misère, la tristesse et le désespoir de la vie sont liés au crime. […] Il est bon qu’une génération se soit consciemment, pieusement sacrifiée à une œuvre souterraine, obscure, mais nécessaire.

2010. (1924) Critiques et romanciers

Les puritains veilleront, qui sont « l’une des forces de l’âme nationale, une des raisons qu’a l’Angleterre d’être au monde » : les puritains, ennemis du théâtre, ennemis nécessaires, qui ne lâcheront pas le théâtre anglais. […] Il en est du roman comme des fresques : le large coup de brosse y est nécessaire, et le fignolage du miniaturiste serait ici le pire des défauts. Le style du poème en prose, tel que l’ont pratiqué un Aloysius Bertrand ou un Baudelaire, figerait le récit et détruirait radicalement la crédibilité, condition sine qua non de l’illusion nécessaire elle-même à la création du type. » On a dit que les romans de Balzac étaient mal écrits : non, ils sont « admirablement écrits, en tant que romans ». […] L’abbé Jules, vieux et qui porte encore les sacrements aux moribonds, s’est fait un évangile qui réduit « au strict nécessaire » l’indiscutable vérité : « 1o L’homme est une bête méchante et stupide ; 2o La justice est une infamie ; 3o L’amour est une cochonnerie ; 4o Dieu est une chimère… » Et il enseigne les quatre points de cet évangile à un jeune gamin, son neveu. […] La mère de ce petit garçon le lui reproche et doucement lui dit : « À force de parler de Caillou… » c’est le nom de cet enfant… « d’arranger ses mots, de raisonner dessus, de vous livrer à ce travail nécessaire mais si dangereux qui est le vôtre, et qui consiste à reconstituer la nature, à refaire un être tout entier avec les quelques fragments épars que vous en avez découverts, vous vous imaginez que c’est vous qui avez créé mon fils !

2011. (1888) Portraits de maîtres

Cette réserve est nécessaire. […] D’après ce témoignage, d’après ce que notre propre expérience du professorat nous permet de deviner derrière la lettre des seuls cours imprimés, Michelet était dépourvu de deux qualités nécessaires à l’homme qui parle en public l’ampleur et l’égalité de la diction oratoire, la pratique d’une composition savante et régulière. […] L’enseignement public, pour être complet, doit réunir ces trois conditions : d’abord la plus nécessaire, la valeur scientifique du fond et ce que nous appellerions la probité de la recherche et la conscience du détail ; ensuite le soin de la forme et l’entente de la composition ; enfin cette passion intermittente et cet enthousiasme soudain qui donnent à la parole un empire moral et une prise non plus seulement sur les intelligences, mais sur les cœurs. […] Quelles qu’aient été les préférences politiques de l’auteur, ses Poèmes Civiques dans leur seconde moitié sont, de toutes les productions suscitées par nos malheurs de 1870, les plus propres à suggérer les vertus nécessaires aux futurs citoyens d’une république.

2012. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Il réduisait les jugements à « l’addition de deux noms », les idées à des états du cerveau, les sensations à des mouvements corporels, les lois générales à de simples mots, toute substance au corps, toute science à la connaissance des corps sensibles, tout l’être humain à un corps capable de mouvement reçu ou rendu562, en sorte que l’homme, n’apercevant lui-même et la nature que par la face méprisée, et rabattu dans sa conception de lui-même et du monde, pût ployer sous le faix de l’autorité nécessaire et subir enfin le joug que sa nature rebelle refuse et doit porter. […] C’est à ce prix qu’une génération finit par former le style soutenu qui est nécessaire pour porter, publier et prouver les grandes choses. […] Il n’est bien que dans la vie sérieuse et réglée ; il y trouve le canal naturel et le débouché nécessaire de ses facultés et de ses passions.

2013. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

A mesure qu’elle montait, elle devenait belle ; et comment ne l’aurait-elle pas été, puisque la forme et les proportions en étaient commandées par des lois nécessaires et éternelles ? […] Il est nécessaire que nous le sachions pour que notre amour soit efficace, pour qu’il soit autre chose qu’une pitié inerte et une indulgence détachée… Ce qu’il faut croire, c’est apparemment ce que vous croyez. […] Il est probable que, dans quelques années, des machines silencieuses mettront entre les mains des passants toutes les choses nécessaires ou utiles à la vie, depuis une tranche de rosbif jusqu’à une paire de chaussettes, sans l’intervention d’aucun marchand, d’aucun commis, d’aucune demoiselle de comptoir.

2014. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Les chapitres sur la flânerie qui ouvrent la Bibliothèque de mon Oncle sont, comme il le dit agréablement, l’histoire fidèle des plus grands travaux de son adolescence : « Oui, la flânerie est chose nécessaire au moins une fois dans la vie, mais surtout à dix-huit ans au sortir des écoles… Aussi, un été entier passé dans cet état ne me paraît pas trop dans une éducation soignée.

2015. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Je ne crois faire, dans tout ceci, aucun puritanisme exagéré, aucune concession à des doctrines et à des croyances qu’il n’est pas nécessaire d’ailleurs de partager soi-même pour avoir l’obligation de les respecter dans la conscience de ses semblables, et surtout pour devoir ne pas les y aller blesser mortellement, lascivement et par tous les moyens empoisonnés.

2016. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

On ne saurait imaginer des clubs mieux munis du nécessaire et du superflu, des maisons si bien approvisionnées et si bien menées, l’agrément et l’abondance si savamment entendus, un service si sûr, si respectueux, si rapide.

2017. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« En maintenant l’unité de l’espèce humaine, nous rejetons, par une conséquence nécessaire, la distinction désolante de races supérieures et de races inférieures.

2018. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Par là ils sont tout conventionnels, mais par là nécessaires : sans eux, y aurait-il moyen de finir gaiement ces conflits d’égoïsme qui s’exaspèrent ?

2019. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Ainsi le rapport nécessaire est renversé chez nous entre les deux éloquences, judiciaire et politique : au lieu de celle-ci, c’est celle-là qui donne le ton428.

2020. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ni gagne-pain751, ni amusement, sa poésie fut l’épanchement nécessaire d’une âme noble, belle et, si j’ose dire, fondante.

2021. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Il avait les trois qualités nécessaires à l’historien de la féodalité la curiosité qui le fit voyager en tous lieux pour savoir, les matériaux historiques n’étant pas alors des actes écrits, mais des hommes dispersés, et des témoignages qu’il fallait aller chercher par les grands chemins ; la mémoire qui retenait tous ces témoignages ; enfin une imagination à la fois exacte et vive, qui les éclaircissait et les animait.

2022. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Vérités, ou plutôt principes de conservation devenus si nécessaires aux peuples chrétiens, qu’il leur serait aussi impossible de s’en passer que de liberté ou d’indépendance.

2023. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

« De la vie vécue, s’écrie Zola, croyez-vous cela si nécessaire…, je sais bien que c’est l’exigence du moment, et dont nous sommes un peu cause… mais les livres des autres temps s’en sont bien passé… non, non, ce n’est pas si indispensable qu’on veut bien le dire ».

2024. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Pour l’une, il conviendra accumule les détails de ton et de manières qu’elle est accoutumée à trouver dans son entourage ; pour les autres, il sera nécessaire d’exagérer certains traits d’existence luxueuse et perverse qu’ils se sont habitués, par haine de caste et par envie, à associer avec le type du noble.

2025. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

C’est là la littérature des événements, aussi réelle et aussi nécessaire à la grandeur des nations que celle de la parole.

2026. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Le héros les remercie, il flotte entre deux courants d’idée ; il sent qu’il est nécessaire à sa capitale, mais il ne peut s’arracher des lieux habités par Sacountala.

2027. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Attendez-moi ici près de la porte de la ville, et faites la plus grande attention à votre prisonnier, jusqu’à ce qu’ayant pris à la cour les informations nécessaires, je revienne vous trouver.

2028. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Les faits nécessaires en auroient été plus liés.

2029. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Alph. de Candolle, parmi des groupes de plantes terrestres qui n’ont que quelques représentants aquatiques ; car ces derniers semblent aussitôt acquérir une très grande extension comme par une conséquence nécessaire de leurs habitudes.

2030. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

De justice, d’honneur, il ne parle qu’en courant et pour la forme : « Avant tout, dit-il à son fils, ayez des manières. » Il y revient dans chaque lettre avec une insistance, une abondance, une force de preuves, qui font un contraste grotesque. « Mon cher ami, comment vont les manières, les agréments, les grâces, et tous ces petits riens si nécessaires pour rendre un homme aimable ? […] Le peuple d’Angleterre est fidèle à la maison de Hanovre, non parce qu’il préfère vainement une famille à une autre, mais parce qu’il est convaincu que l’établissement de cette famille était nécessaire au maintien de ses libertés civiles et religieuses.

2031. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Cet esprit d’imitation nous est nécessaire pour vivre sans trop d’égarement ; nous le portons dans toutes nos actions et il domine notre sens esthétique. […] Sa fonction futile et nécessaire est de paraître. […] Mais les oiseaux croient que les oiseaux sont nécessaires et ils agissent en conséquence. » Voilà le dialogue des orgues et des oiseaux tel que je l’ai entendu en passant devant une église de village, le matin de Pâques. […] Or le vers brisé devait conduire au vers à césure mobile et multiple : c’était nécessaire. […] On pense aujourd’hui que, même divisés entre des religions différentes, ils peuvent s’entendre et s’unir quand il s’agit du bien commun et que la diversité des cultes n’est pas une cause nécessaire d’affaiblissement pour le sentiment national.

2032. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

— Rien de plus heureux, on le voit, que tout ce concert extérieur qui tend à faire de Médée le personnage nécessaire.

2033. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Qui fera cette séparation du nécessaire et de l’inutile ?

2034. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

……………………………………………………… ……………………………………………………… Profitons bien du temps, ce sont là tes maximes : Cher Horace, plains-moi de les tracer en rimes ; La rime est nécessaire à nos jargons nouveaux, Enfants demi-polis des Normands et des Goths ; Elle flatte l’oreille, et souvent la césure Plaît je ne sais comment en rompant la mesure ; Des beaux vers pleins de sens le lecteur est charmé ; Corneille, Despréaux et Racine ont rimé ; Mais j’apprends qu’aujourd’hui Melpomène propose D’abaisser son cothurne et de chanter en prose ! 

2035. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Huysmans me contait, qu’un Hollandais d’une maison de commerce de Hambourg, épris de naturalisme, et combattant pour nous dans les journaux de là-bas — et notez un homme qui ne connaissait pas Robert Caze — lui avait écrit, qu’ayant appris que Robert Caze était très malade, et que sachant d’autre part, qu’il n’était pas dans une position fortunée, il le priait de s’aboucher avec quelqu’un de la famille, de lui demander quelle somme pouvait lui être nécessaire, s’engageant à envoyer aussitôt sur Paris un chèque de la somme demandée.

2036. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

« Je doute, dit-il encore dans sa préface, que beaucoup de gens aient le courage suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire… J’ai préféré mener mes prémisses à leurs conclusions… Partout où se cachait l’idée de Dieu, j’allais vers elle pour la tuer.

2037. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il n’y a point de justice à espérer d’une nation qui a été dix ans ivre de gloire, et qui vient, par un retour nécessaire des choses humaines, d’être abattue sous le poids des revers et des humiliations.

2038. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Mais pour sentir combien le tout est faible, on n’a qu’à jetter l’œil sur un Vernet, ou plutôt cela n’est pas nécessaire ; ce n’est pas une de ces productions équivoques qu’on ne puisse juger que par un modèle de comparaison.

2039. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

C’est cette maîtresse difficulté qui a réduit le cardinal de Richelieu à une duplicité d’action inévitable et nécessaire, et permis aux langages les plus opposés d’aller leur train sur ce grand homme.

2040. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au Génie pour qu’il soit vraiment le Génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et, d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poète et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment — n’est-il pas vrai ? 

2041. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

C’est avec le même mépris de toute opposition et de toutes criailleries systématiques, opposition et criailleries devenues banales et communes2, c’est avec le même esprit d’ordre, le même amour du bon sens, que nous repoussons loin de cette petite brochure toute discussion, et sur les jurys en général, et sur le jury de peinture en particulier, et sur la réforme du jury devenue, dit-on, nécessaire, et sur le mode et la fréquence des expositions, etc… D’abord il faut un jury, ceci est clair — et quant au retour annuel des expositions, que nous devons à l’esprit éclairé et libéralement paternel d’un roi à qui le public et les artistes doivent la jouissance de six musées (la galerie des Dessins, le supplément de la galerie Française, le musée Espagnol, le musée Standish, le musée de Versailles, le musée de Marine), un esprit juste verra toujours qu’un grand artiste n’y peut que gagner, vu sa fécondité naturelle, et qu’un médiocre n’y peut trouver que le châtiment mérité.

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