je crains fort, pour mon compte, que les amis de Guérin, qui avaient pris pour lui faire trompette un hautbois tortueux aussi peu sûr de ses sons, ne se repentent maintenant d’un choix déterminé par le nom seul de l’instrumentiste ; mais ce que je sais de science certaine, c’est que Guérin n’avait nul besoin que l’auteur des Consolations, qui n’est nullement celui des affirmations et des certitudes, affirmât, sous réserve de s’abuser, un genre de génie que Guérin était bien de force à affirmer tout seul, et que l’auteur des Portraits contemporains ajoutât au mou de ses affirmations le mou de sa manière, en donnant, pour éclairer son œuvre, ce médaillon, vaporeux et gris, d’une biographie, qui, cependant, n’est pas sans charme (le charme du sujet), mais dans lequel je ne trouve que le profil fuyant et énervé de cette individualité poétique, — plus poétique que son talent même ! […] Et, en effet, il ne prend pas même sur lui la responsabilité de cette parole superficielle, mais il l’approuve, et c’est une manière passive d’être capable de la trouver. […] Enfin, l’un est le fini le plus parfait, et l’autre l’infini (qui ne peut pas l’être sans perdre à l’instant même son grand caractère d’infini), seulement semblables en ceci, s’il faut à toute force leur trouver une ressemblance, c’est qu’ils sont, chacun à sa manière, de délicieux poètes tous les deux !
Tout ce qui est chétiveté d’amour-propre, banalité de pose, convention bête de vanités qui s’entendent comme larrons en foire, grosse manière de se faire valoir, était dédaigné par cet homme d’une distinction suprême et calme, à qui les tambourinades des gloires contemporaines avaient fait aimer le silence ; qui a vécu comme il a pensé, et qui n’avait pas deux manières d’être, comme tant de poètes, grands dans leurs vers, petits dans leur vie ! […] Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !
Sandeau est dans un ton et l’autre moitié dans le ton contraire, non pas parce que le conteur cache un projet déterminé dans l’emploi de cette double manière, mais parce qu’il ne gouverne pas sa pensée. […] Toute l’originalité humaine n’est peut-être qu’une manière supérieure de nous répéter les uns les autres. […] Sandeau niaise en peignant un niais qu’il insulte par la manière dont il le présente, et sans intention de l’insulter.
Ses Victimes d’amour, — titre tragique et presque grandiose dans sa simplicité, — ne sont-elles que les mêmes victimes que nous avons vues tant de fois égorgées, de la même manière et avec le même couteau, ou, sacrificateur inspiré, M. […] Malot), femme à sa manière et de l’espèce la plus méprisable, retourne à sa vile coquine de maîtresse, n’avons-nous pas vu, — et bien ailleurs encore, l’esclavage insensé d’un cœur lâche, empoisonné pour jamais par cette première passion que notre vie a bue, comme une éponge, et dont on peut dire avec la chanson grecque : « J’ai craché sur la terre, et elle est tout empoisonnée ? […] … Le chevalier de Tréfléan, le curé Hercoët, le médecin matérialiste Michon, la mère de Maurice, la mère, cette sublime ordinaire, à laquelle j’ose demander, au nom de l’art, quelque chose de plus que la même manière de toujours se dévouer et de toujours mourir en pardonnant, ne les avons-nous pas tous rencontrés et coudoyés, non pas seulement dans la vie, mais aussi dans la littérature, et sur un pavé de littérature plus haut que celui sur lequel M.
Après la représentation exacte de ce qui est, il y a encore la manière de peindre, qui fait l’artiste, et qui n’est déjà plus la même, par exemple, dans Ernest Feydeau l’auteur de Fanny, et Ernest Feydeau l’auteur de M. de Saint-Bertrand, le roman-feuilleton ! C’est, en effet, cette exactitude, pour laquelle on oublie trop la manière dépeindre, que je trouve, dans les nouveaux romans de Feydeau, mise à la place de la peinture. En ses premiers livres, où la description abondait, où il y avait bien des surcharges de détail, bien des puérilités de pointillé, il se préoccupait infiniment d’un certain genre de pittoresque, plus ou moins heureux, qui était sa manière à lui ; mais, à présent, il ne s’en préoccupe plus au même degré ; il se contente de l’exactitude.
Ils n’ont point encore de littérature formée : mais quand leurs magistrats sont appelés à s’adresser, de quelque manière, à l’opinion publique, ils possèdent éminemment le don de remuer toutes les affections de l’âme, par l’expression des vérités simples et des sentiments purs ; et c’est déjà connaître les plus utiles secrets du style. […] Cette révolution peut, à la longue, éclairer une plus grande masse d’hommes ; mais, pendant plusieurs années, la vulgarité du langage, des manières, des opinions, doit faire rétrograder, à beaucoup d’égards, le goût et la raison.
Plus de sobriété à l’égard d’un ton de galanterie qui déplaît par une répétition trop fréquente, plus d’attention à éviter les pointes & les antitheses, moins de hardiesse dans certaines idées, auroient procuré à sa maniere de penser & d’écrire une approbation plus générale. […] Au reste, il est essentiel d'avertir que les Philosophes se sont empressés assez légérement de réclamer Saint-Evremont comme un Membre de leur Secte, & qu'ils se sont servis de son nom pour publier, soixante ans après sa mort, un Libelle infame contre le Christianisme, intitulé Analyse de la Religion ; Libelle aussi atroce, que peu conforme à sa maniere d'écrire.
Les physiologistes modernes ont montré que l’embryon humain, à travers les formes passagères de son développement, reproduit d’une manière provisoire et fugitive plusieurs formes arrêtées et permanentes dans les espèces inférieures : il traverse à la hâte, en quelque sorte, la nature animale, il la résume en une esquisse rapide, avant d’être homme. Quelque chose d’analogue se produit dans la genèse des idées : nous commençons par penser à la manière des animaux, avant de penser à la manière humaine ; nous réalisons, pour les dépasser, les diverses phases de leur évolution intellectuelle.
Au lieu de cette manière brillante et laborieuse, Homère vous présente deux époux qui se retrouvent après vingt ans d’absence, et qui, sans jeter de grands cris, ont l’air de s’être à peine quittés de la veille. […] Les Latins, placés entre la Grèce et nous, tiennent à la fois des deux manières : à la Grèce, par la simplicité des fonds, à nous, par l’art des détails.
Personne n’a su marquer les temps et les lieux d’une manière plus touchante que le poète de Mantoue. […] Mais Virgile fait soudain un retour à sa manière. — Vulnera… circum plurima muros accepit patrios.
L’écorce terrestre est un vaste musée dont les collections ont été rassemblées d’une manière intermittente et à des intervalles de temps immensément éloignés les uns des autres. […] Comme ces espèces sont déjà bien définies, de quelque manière qu’elles le soient devenues, et qu’elles ne se fondent pas les unes dans les autres par des dégradations insensibles, l’extension d’une espèce quelconque, dépendant toujours de l’extension de toutes les autres, doit tendre aussi à être parfaitement définie et limitée. […] Mais l’on aurait pu choisir d’autres exemples : si l’on avait demandé comment un quadrupède insectivore peut avoir été métamorphosé en une Chauve-Souris, capable de vol, la question eût été plus difficile à résoudre, et je n’aurais pu y répondre pour le moment d’une manière satisfaisante. […] De cette manière l’absence actuelle de variétés intermédiaires se trouve encore plus complétement justifiée ; mais il faut supposer en ce cas de plus grandes et plus nombreuses lacunes dans la série de nos documents zoologiques. […] Elles peuvent se résoudre à peu près de la même manière qu’à l’égard des organes électriques.
L’erreur littéraire paraît à ces pieux maîtres la plus dangereuse des erreurs, et c’est justement pour cela qu’ils excellent dans la vraie manière d’écrire. […] De la même manière que M. Cauchy fut à la fois un mathématicien de premier ordre et un fidèle des plus dociles ; de la même manière que l’Académie des sciences possède encore aujourd’hui dans son sein un grand nombre de croyants. […] C’est par les sciences historiques qu’on peut établir (et, selon moi, d’une manière péremptoire) que ce fait n’a pas été surnaturel et que, même, il n’y a jamais eu de fait surnaturel. […] Là sont exposées avec honnêteté les objections contre la proposition qu’il s’agit d’établir ; ces objections sont ensuite résolues, souvent d’une manière qui laisse toute leur force aux idées hétérodoxes qu’on prétend réduire à néant.
Je les remercie ensuite de l’estime qu’ils témoignent pour mes sentimens & pour la maniere dont je les ai exprimés. […] Telle est, Monsieur, la maniere dont je me serois exprimé, si j'avois eu sur le personnel de M. […] Il me seroit sans doute facile de confondre le Libelliste d'une maniere plus péremptoire, & beaucoup plus humiliante pour ses Complices ; mais je crois devoir épargner au Public des détails scandaleux qui tourneroient au désavantage de la Religion, dont la sainteté est néanmoins indépendante de la conduite de ses Ministres. […] B** Médecin* renommé par son profond savoir & ses grandes lumieres ; je suis vraiment enchanté de voir un Anglois rendre justice à M. de Voltaire d'une maniere si honorable pour notre Nation ; mais, Monsieur, en s'adressant à l'Anglois même, permettez-moi de vous dire que M. de Voltaire n'est pas si inexact, ni si frivole que vous le croyez, dans la partie Historique. […] J’avouerai cependant que j’étois loin de prévoir la maniere basse & ridicule dont ils m’ont marqué leur ressentiment.
., ont été croisées de mille manières, et cependant plusieurs de ces hybrides produisent régulièrement des graines. […] On est étonné de voir de combien de manières différentes et curieuses cette loi de gradation peut se prouver ; mais je ne puis donner ici qu’une sèche et rapide esquisse des faits. […] Nous voyons donc que, lorsque des êtres organisés sont placés sous des conditions de vie nouvelles et contre nature, ou lorsque des hybrides sont produits par le croisement aussi contre nature de deux espèces distinctes, le système reproducteur des uns et des autres, indépendamment de l’état général de leur santé, est frappé de stérilité d’une manière parfaitement semblable. […] L’homme nourrit ses diverses variétés avec les mêmes aliments ; il les traite toutes de la même manière, et ne vise point à changer en rien leurs habitudes générales. […] Il faut en conclure que le système reproducteur d’une seule de ces variétés avait été exceptionnellement modifié de quelque manière ou en quelque degré.
que ces deux jeunes hommes comme il faut, de bonne race, de manières charmantes, préoccupés, à ce qu’il semblait, uniquement d’art, dévorés par cette préoccupation ardente, fussent les ennemis du catholicisme de leurs pères, et les ennemis à la dernière façon du xixe siècle, à la dernière mode que le xixe siècle a inventée ; car nous avons une manière, nous avons une mode d’être les ennemis du catholicisme, que les hommes du xviiie siècle, que le bouillonnant et fougueux Diderot, par exemple, que même le diabolique Voltaire, ne connaissaient pas ! […] Edmond de Goncourt, à propos de son Histoire remaniée de Madame de Châteauroux, des heureuses modifications introduites dans son esprit et dans son œuvre, et du jugement, si difficilement impartial pour un écrivain, qu’il avait stoïquement porté sur son talent et sur sa manière. […] Pourquoi un grand clown — car, à sa manière, un clown qui est un artiste peut très bien être grand, — ne serait-il pas quelque chose comme un Rivarol ou un Hogarth en action ? […] Il y a les détails du métier cherchés, appris, notés, sous la dictée des clowns ou des acrobates avec qui on s’est mis en rapport en vue d’un livre à faire et de son exhibition immédiate ; manière facile d’acquérir une érudition qui reste indigérée, et plus superficielle encore que facile de pénétrer des mœurs qu’il s’agirait de bien comprendre pour les exprimer. […] Victor Franconi, Léon Sari, les frères Hanlon Lee ; car, à sa manière de faire, on devine sa méthode, qui est, du reste, la méthode de tous les réalistes actuels.
Il y a de la finesse dans la manière dont Oronte amène son sonnet, et dans la franchise mêlée d’embarras de la critique d’Alceste. […] Il n’y a point d’art dans la manière dont le vol de la cassette est amené. […] Ce sont surtout ses fourbes, pourvu qu’ils ne soient pas des monstres de bassesse et d’hypocrisie comme Tartuffe, pourvu qu’ils se contentent de chercher leur propre avantage, sans nuire autrement à leur prochain que d’une manière vénielle. […] Textuel. — Nous n’avons voulu supprimer aucune des petites chicanes que Schlegel fait à L’Avare, parce qu’elles caractérisent parfaitement sa manière. […] Dans la manière dont Schlegel traite le théâtre français, je trouve la recette pour former un pitoyable critique, dénué de toute faculté pour apprécier ce qui est excellent. » (Entretiens de Goethe et d’Eckermann.)
Je suis, de plus, chargé de te dire que, si tu balances à le faire périr, ou si tu le laisses vivre, de quelque manière que ce soit, tu dois t’attendre toi-même à la mort la plus affreuse. […] J’ai su, de cette manière, qu’il était le fils de Mandane, fille d’Astyage, et de Cambyse, fils de Cyrus, et qu’Astyage avait ordonné qu’on le fît périr. […] De cette manière, tu ne risques pas ta vie en désobéissant à tes maîtres et nous n’aurons pas à nous reprocher une mauvaise action. […] Dès qu’il parut, Astyage lui adressa cette question : « Harpagus, de quelle manière avez-vous fait périr l’enfant qui vous a été livré par mon ordre ? […] Dès qu’il se fut fait connaître, ses parents le reçurent avec des caresses d’autant plus vives, qu’ils le croyaient mort au moment de sa naissance, et lui demandèrent avec empressement de quelle manière il avait échappé.
Mais ce sentiment, un en lui-même, ne se manifeste-t-il que d’une seule manière, et ne s’applique-t-il qu’à un seul genre de beauté ? […] La nature l’exprime à sa manière, le génie humain l’exprime à la sienne. […] Il a consacré son talent à la France, il y a vécu, il y est mort, et, ce qui est décisif, sa manière est toute française. […] Les artistes de cette grande époque participent de son caractère général, et la représentent à leur manière. […] Il y a mille manières d’être heureux.
Ils avaient leur manière à eux de se représenter les Espagnols, les Turcs, les Barbares, les Grecs et les Romains. […] L’autre manière d’écrire est plus difficile, et il est rare que nous songions à la pratiquer. […] L’autre manière est plus restreinte en apparence et prête moins au développement. […] Chez presque tous, les deux manières se rencontrent. […] Jusqu’à présent il ne lui semble pas que l’alliance se soit faite de cette manière.
Pour ceux qui ne veulent que constater les faits, il existe une manière de révélation et une manière de grâce. […] — C’est-à-dire faire du despotisme de deux manières. […] Waldeck-Rousseau protesta contre la manière de sa créature, M. […] Successivement le Sénat et la Chambre adoptèrent la « manière forte » de M. […] Un peuple à qui l’on n’enseigne qu’une manière de voir finit bientôt par n’avoir aucune manière de voir.
Mais elle l’a été sur tout le XIXe siècle d’une manière éclatante, et c’est comme à la lumière de leurs écrits qu’on a interprété de différentes façons la Révolution française et qu’on a décidé, en différents sens, de la manière dont on devait la continuer. […] C’est une manière de patriotisme aristocratique. […] Il est patriote républicain, et Montesquieu nous a prouvé que c’est la plus haute manière d’être patriote et la seule manière d’être républicain. […] Le « lit de justice » est une manière de petit coup d’Etat. […] Eux aussi étaient des rebelles et des manières de républicains qu’une monarchie ne pouvait souffrir.
La manière dont il s’expliqua dans ses derniers momens, est remarquable. […] L’idée de se voir au milieu d’eux, le frappa d’une manière singulière. […] Il fallut se rendre à l’évidence : mais on le persécuta d’une autre manière. […] La manière dont il en parle ne peut être plus juste ni plus impartiale. […] Clément VII voulut l’honorer d’une maniere particulière : il appella le Tasse à Rome.
C’est là du bon style ; mais il est fâcheux encore que toutes les saines pensées et les maximes justes de la pièce se trouvent rejetées dans la bouche de ce triste Féline, et qu’elles s’y trouvent (notez-le), non pas comme des ressorts de son rôle, mais à titre même de choses justes ; il devient ainsi par moments une manière d’Ariste véritable ; c’est Tartufe et Cléante mis en un, s’il est permis d’amener ici ces grands noms […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !
Les causes de la grandeur & de l’abaissement des Romains se trouvent dans leur Histoire ; mais il n’y avoit qu’un homme de génie consommé dans la politique & la connoissance de l’esprit humain, qui pût les y découvrir, les lier ensemble, en former un tissu historique, qui prouve, d’une maniere lumineuse, ce qu’on s’est proposé de montrer. […] S’exprimer ainsi, n’est-ce pas rétracter d’une maniere authentique ce qu’on a pu avancer de téméraire, de peu exact, & de trop licencieux ?
Elle était sombre comme la nuit, hagarde comme dix furies ; sa main brandissait un dard affreux, et sur cette partie qui semblait sa tête, elle portait l’apparence d’une couronne. » Jamais fantôme n’a été représenté d’une manière plus vague et plus terrible. L’origine de la Mort, racontée par le Péché, la manière dont les échos de l’enfer répètent le nom redoutable lorsqu’il est prononcé pour la première fois, tout cela est une sorte de noir sublime, inconnu de l’antiquité85.
« En effet, quelle apparence que le bon Dieu n’ait fait la religion que pour les esprits pointus, et qu’il n’y ait pas quelque manière facile de connaître ce qui est faux ? […] Il suffit qu’elles vivent avec honneur un certain laps d’années, et qu’elles procurent durant ce temps à un certain nombre de générations repos et bonheur, de la manière dont celles-ci l’entendent. […] Pure sensiblerie, selon de Maistre, et, pour parler à sa manière, franche simplicité, si ce n’est duplicité. […] La manière si habituelle en ce monde de prendre les choses par la queue est l’opposé de la sienne, qui allait d’abord au chef, à la racine. […] Ce monde n’est qu’une représentation ; partout on met les apparences à la place des motifs, de manière que nous ne connaissons les causes de rien.
La comédie est un symbole moins clair, moins magnifique, de la Vérité morale, que la tragédie ; mais, puisqu’elle est un art et un art important, je puis affirmer a priori qu’elle la représente à sa manière, que certainement elle ne la contredit pas, et que si des poètes comiques l’ont contredite, ce sont de mauvais comiques et de mauvais poètes. […] N’avoir aucune manière est la seule grande manière219. […] La Justice n’était pas une chose abstraite, réglée d’une manière immuable et fixe par des articles de codes : assise sous le ciel bleu, à l’ombre des chênes, et tenant un sceptre à la main, elle écoutait les plaintes, pacifiait les différends, ou bien, changeant son sceptre en épée, elle se chargeait elle-même du redressement des torts et de l’exécution de la vengeance. […] En effet, dans un État qui mérite ce nom, tout est sous l’empire des lois et des coutumes, tes droits par lesquels la liberté est fixée et régularisée d’une manière générale et abstraite sont indépendants de la volonté individuelle, et du hasard des circonstances particulières. […] Cette imperturbable assurance dans la vérité de ses opinions est encore relevée d’une manière tout à fait heureuse par les plus beaux traits de caractère.
Il y avait plusieurs manières de la reproduire, cette époque, quoi qu’il n’y en eût qu’une seule de la juger. […] Les contrastes de ses manières d’agir avec l’opinion contemporaine révèlent la profondeur de sa pensée. […] Les historiens ne sont pas des peintres à, la manière des poètes. […] Jeune, très jeune, et précisément parce qu’il sentait intérieurement sa force, et que jeune on en abuse toujours (c’est une manière de se la prouver), il débuta dans les lettres par des paradoxes retentissants et demeurés fameux. […] Il avait, d’origine et de culture tout à la fois, la gravité, l’étoffe, l’impeccable correction, les larges manières de dire, le port de la phrase de ceux qui écrivent des livres sévèrement et laborieusement pensés.
Les articles faits et de la manière la plus agréable pour M. […] Magnin prenait occasion de tracer tout un tableau magistral et d’exposer une histoire abrégée de l’art (architecture et sculpture) pendant plusieurs siècles ; il en déroulait les transformations graduelles et en décrivait les manières successives avec une science, un goût, une précision qui supposaient vraiment une longue pratique : c’était à faire illusion. […] Ce n’est que sur les matières de théâtre qu’il commence à devenir tout à fait lui et un maître à sa manière. […] Ces articles très-développés, de la seconde manière de M. […] Son nom, quand je le prononçais par manière d’essai à l’oreille de quelques-uns de nos confrères, rencontrait peu d’objections, mais ne trouvait pas d’écho.
Rien qu’à la largeur de la coupe on peut prendre idée de la manière du maître : « Allons, ô mon hôte, bois ! […] On ne saurait mieux marquer que par de tels traits la différence qui nous sépare de nos pères ; ceux-ci et Désaugiers le dernier, dans leur manière d’entendre le vin, c’est-à-dire de le boire et de le chanter, tenaient un peu plus directement, on en conviendra, des façons du bon Homère et de celles du bon Rabelais. […] Désaugiers, en ce genre, a la veine plus grasse qu’aucun de ses devanciers et de ses contemporains ; mais on ose mieux louer en lui les vifs et légers accès de son humeur jaillissante, au nombre desquels je rappellerai encore la Manière de vivre cent ans (1810). […] Il y avait jusque dans sa manière de serrer la main quelque chose de mœlleux et de naturellement caressant qui exprimait l’affection. […] Il est tombé aux mains des élégiaques, mais non pas tout à fait des profanes, et nous avons fait de notre mieux pour l’honorer à notre manière, pour arroser de lait et de miel, et même d’un peu de vin, son tombeau.
Nous jouissons à Rome de tous les droits de cité, et quand ma mère a appris de quelle manière si chrétienne le Pape et Votre Éminence se vengeaient de la prison de Fontainebleau et de l’exil de Reims, elle n’a pu que vous bénir au nom de son grand et malheureux mort, en versant de douces larmes pour la première fois depuis les désastres de 1814. […] Je joins à ce très modeste envoi, qui n’aura peut-être de prix à vos yeux que l’intention, la manière de les soigner telle que nos horticulteurs l’ont formulée. […] « Au nom de la très sainte Trinité, ce 1er jour du mois d’août de l’année 1822 ; « Moi, Hercule Consalvi, cardinal de la sainte Église romaine, diacre de Sainte-Marie ad Martyres, après avoir fait mon testament plus d’une fois, à diverses époques de ma vie, tant pour désigner mon héritier, qu’afin de pourvoir aux besoins de mes serviteurs et légataires, ainsi qu’à plusieurs affaires d’importance, considérant que, vu la mort de mon bien-aimé frère André et celle d’autres personnes qui m’étaient chères, vu encore le changement des circonstances, mes dispositions précédentes ne peuvent plus subsister dans la manière et la forme qu’elles ont, je me suis décidé à les révoquer, à les annuler et à faire un nouveau testament avec les changements opportuns. […] « Ayant dans mon testament, écrit tout entier et de ma propre main et daté de ce même jour, nommé et institué mon héritier fiduciaire Mgr Alexandre Buttaoni, promoteur de la foi, avec charge de remettre en temps et lieu l’héritage à mon héritier propriétaire, je déclare par ce feuillet, qui fait partie de mon testament, ne rien posséder qui, en vigueur du motu proprio du 6 juillet de l’année 1816, ne soit parfaitement libre de toute charge et de tout fidéicommis ; et je nomme, institue, déclare mon héritier universel de tous et chacun de mes biens, crédits, droits, la Sacrée Congrégation de la Propagande de la foi, à laquelle néanmoins j’interdis formellement et de la manière la plus expresse, la détraction de la quatrième Falcidia, de quelque manière et à quelque titre que ce soit. « J’entends, je veux, je déclare que, tant que vivra un seul de mes serviteurs gratifiés par mon testament, ou de ceux qui ont reçu un legs annuel à vie, la Sacrée Congrégation ci-dessus nommée ne puisse jouir (excepté de ce qui sera indiqué plus bas) de mon héritage, ni en prendre en aucune manière l’administration, voulant que cette administration soit laissée entière et libre aux mains de mon héritier fiduciaire, Mgr Alexandre Buttaoni (ainsi qu’aux mains de celui ou de ceux qui lui succéderont dans son administration).
Le plus grand chagrin de ma vie a été, en entrant dans cette nouvelle voie, de contrister ces maîtres vénérés ; mais j’ai la certitude absolue que j’avais raison, et que la peine qu’ils éprouvèrent fut la conséquence de ce qu’il y avait de respectablement borné dans leur manière d’envisager l’univers. […] Elle ne nous faisait pas précisément peur ; elle passait pour folle ; or les fous n’étaient pas alors traités de la manière cruelle que les habitudes administratives ont depuis inventée. […] Il faisait l’éducation du jeune neveu ; pour la fille, il avait ces manières réservées qu’ont nos ecclésiastiques bretons avec les « personnes du sexe », comme ils disent. […] Cet invincible attachement à un vœu, qui est à sa manière un hommage à leur puissance, les enhardit, les attire, les flatte. […] La nostalgie n’est que l’apparence ; la vérité est que l’amour chez eux s’associe d’une manière indissoluble au village, au clocher, à l’Angélus du soir, au paysage favori.
Il est probable, cependant, puisqu’ils sont des mouvements de l’organisme, qu’ils sont représentés d’une manière quelconque dans la cœnesthésie ; mais cette représentation n’y est pas distincte : c’est seulement la résultante des mouvements organiques qui s’exprime dans la conscience, non les mouvements composants. […] La décision, troisième et dernier moment de l’acte volontaire, est un jugement accompagné d’émotion et d’appétition qui acquiert assez d’intensité et de durée pour occuper la conscience d’une manière presque exclusive, conséquemment pour entraîner à sa suite les mouvements corrélatifs. […] Le point important est de savoir de quelle manière le jugement détermine ainsi le désir et, par le désir, faction. […] La série de jugements appelée délibération est un processus où tous ces facteurs interviennent constamment ; c’est la volonté en devenir, mais se développant toujours d’une manière déterminée. […] On a dit avec raison que la vie psychique est caractérisée par la continuité de ses états successifs, qui ne sont point extérieurs l’un à l’autre de la même manière que les parties séparées de l’espace ; mais ce qui résulte de cette continuité, c’est précisément le déterminisme.
Les figures que tout le monde connaît, ces grands hommes qui ont l’honneur d’être la propriété du genre humain et qui ne sont pas seulement de la poudre de sépulcre à laquelle on ordonne de se lever, nous font trembler sur la loyauté historique de l’auteur, par la manière dont ils sont jugés. […] Ferrari n’a modifié ni sa manière de regarder les choses, ni sa manière de les voir, ni sa manière de les exprimer. […] Au lieu de vivre par l’intérêt des faits, cette histoire périt sous eux, tant ces faits sont petits, nombreux, répétés, ennuyeusement atroces, car la perversité n’a pas beaucoup de manières de procéder et le tour de ses misérables inventions est bientôt accompli. […] Ferrari n’est pas seulement un historien réussi… quelquefois, ou un philosophe échoué presque toujours : c’est aussi un poète à sa manière, ou du moins une tête d’une organisation poétique.
I Il y a différentes manières d’étudier l’homme. […] Elle serait en mesure de définir d’une manière sûre et précise les caractères de la race ; elle ne suffirait point à donner, dans toute sa généralité et toute sa profondeur, la formule psychologique de l’espèce. […] C’est qu’en effet, avec cette manière d’étudier l’homme, il ne s’agit plus de rechercher des causes, mais simplement de constater des rapports et de déterminer des lois. […] N’oublions pas qu’il y a plusieurs manières d’étudier l’homme, et que chacune de ces méthodes est bonne, à condition de ne point poursuivre des problèmes qui ne sont pas de sa compétence. […] Il retrouve enfin cet a priori de la connaissance humaine que Leibniz avait si bien vu, que Kant a si savamment décrit, qui, réduit à sa juste mesure, témoigne encore d’une manière si éclatante de la richesse naturelle de l’esprit humain.
Aujourd’hui, une preuve positive et des plus curieuses de la manière dont les amis du grand écrivain le jugeaient in petto, nous est produite dans une lettre confidentielle de M. […] Il la compose, ou, pour mieux dire, il la laisse s’arranger d’une tout autre manière. […] J’avais d’abord regardé les rigueurs de Mme de V… (Vintimille) comme de forme, comme une manière de passeport et un droit de péage dont elle avait cru de sa prudence de prémunir sa lettre, pour lui ouvrir tous les passades ; mais la vôtre est survenue et m’embarrasse beaucoup.
Il choisit pour cela une manière d’hymne et de poésie, comme étant la plus harmonieuse et la plus consolante ; il écrivit dans une prose rhythmique, dans des versets semblables à ceux de la Bible, et sous des formes tantôt directes et tantôt de paraboles, les inspirations de sa prophétie. […] Je l’en admire et l’en révère ; mais il y a manière pourtant d’être chrétien, en l’étant un peu différemment et en gardant dans sa veine un reste du sang des Machabées. […] À la rigueur, et à ne s’en tenir qu’au détail de l’expression et à l’ensemble du vocabulaire employé, quelqu’un de Port-Royal aurait pu écrire en cette manière et peindre avec ces images.
Nous avons entendu prononcer le mot de nouvelle manière ; mais, selon nous, dans les Feuilles d’Automne, c’est le fond qui est nouveau chez le poëte plutôt que la manière. Celle-ci nous offre le développement prévu et l’application au monde moral de cette magnifique langue de poésie, qui, à partir de la première manière, quelquefois roide et abstraite, des Odes politiques, a été se nourrissant, se colorant sans cesse, et se teignant par degrés à travers les Ballades jusqu’à l’éclat éblouissant des Orientales.
» De telles manières de louer son auteur sont faites pour impatienter, convenons-en ; quoi ! […] Il y aurait eu peut-être une manière plus simple de penser sur les choses de naissance, c’eût été de n’en être pas fier du tout. […] Après de premières études, qu’il doit presque tout entières à lui-même, Victorin Fabre nous est présenté, vers la fin de 1799 (il avait quatorze ou quinze ans), comme un esprit dont le coup d’œil politique était dès lors aussi juste qu’étendu : « La manière dont s’était opérée la révolution du 18 brumaire, et surtout quelques dispositions captieuses placées dans la Constitution de l’an viii comme pierres d’attente, avaient excité son mécontentement, éveillé ses soupçons. » Voilà un Solon bien précoce qui nous arrive ; en conséquence de ses prévisions, Victorin Fabre, qui avait un moment songé, nous dit-on, à prendre la carrière des armes, s’en détourne et ne songe plus qu’aux lettres et à la philosophie ; nous concevons cette préférence ; qu’on nous permette seulement de croire, sans faire injure à tout ce puritanisme, que cela ne l’eût aucunement compromis de se trouver à Marengo.
Il est fort facile et fort vrai de dire que La Fontaine se pénétra du style de Marot, de Rabelais, et le reproduisit avec originalité ; mais de Marot et de Rabelais à La Fontaine il n’y a pas moins de cent ans d’intervalle ; et, quelque vive sympathie de talent et de goût qu’on suppose entre eux et lui, une si parfaite et si naturelle analogie de manière, à cette longue distance, a besoin d’explication, bien loin d’en pouvoir servir. […] A propos d’un passage du poëme, il remarque que M. de La Fontaine aurait pu en tirer parti pour une fable, et sa manière de dire fait entendre assez clairement que M. de La Fontaine ne le connaissait pas. […] Qu’il nous suffise d’avoir rappelé que, durant les vingt ans écoulés depuis l’aventure de l’ode jusqu’à la publication de Joconde (1662), il ne cessa de cultiver son art ; qu’il composa, dans le genre et sur le ton à la mode, un grand nombre de vers dont très-peu nous sont restés, et que s’il y porta depuis 1664, c’est-à-dire depuis les débuts de Boileau et de Racine, plus de goût, de correction, de maturité, et parut adopter comme une seconde manière, il garda toujours assez de la première pour qu’on reconnût en lui le commensal du vieux Colletet, le disciple de Voiture, et l’ami de Saint-Évremond.
La nouvelle dont il s’agit débute d’une manière très-originale. […] Il jeta un regard sur les siens leva une de ses mains au ciel, et dit à haute voix : « — Fasse Dieu que tous les hérétiques qui sont ici rassemblés n’entendent pas, les infidèles, de quelle manière est torturé un chrétien ! […] Le vieux Tarass se croit un bon chrétien à sa manière ; il est fidèle à la religion grecque orthodoxe dont il considère les Polonais catholiques comme des apostats.
L’invention des faits surnaturels a son terme ; ce sont des combinaisons très bornées, et peu susceptibles de cette progression qui appartient à toutes les vérités morales, de quelque genre qu’elles soient : lorsque les poètes s’attachent à revêtir des couleurs de l’imagination les pensées philosophiques et les sentiments passionnés, ils entrent en quelque manière dans cette route où les hommes éclairés avancent sans cesse, à moins que la force ignorante et tyrannique ne leur enlève toute liberté. […] La langue anglaise, quoiqu’elle ne soit pas aussi harmonieuse à l’oreille que les langues du Midi, a, par l’énergie de sa prononciation, de très grands avantages pour la poésie : tous les mots fortement accentués ont de l’effet sur l’âme, parce qu’ils semblent partir d’une impression vive ; la langue française exclut en poésie une foule de termes simples, qu’on doit trouver nobles en anglais par la manière dont ils sont articulés. […] Les sujets ne sont pas les mêmes ; mais la manière de les traiter, mais le caractère général de cette sorte d’invention appartiennent exclusivement aux écrivains anglais.
Jésus désirait qu’à son exemple les messagers de la bonne nouvelle rendissent leur prédication aimable par des manières bienveillantes et polies. […] Jésus accueillait leurs emportements avec sa fine ironie, et les arrêtait par ce mot : « Je ne suis pas venu perdre les âmes, mais les sauver. » Il cherchait de toute manière à établir en principe que ses apôtres c’était lui-même 833. […] À table, montrant l’aliment, il disait : « Me voici » ; tenant le pain : « Ceci est mon corps » ; tenant le vin : « Ceci est mon sang » ; toutes manières de parler qui étaient l’équivalent de : « Je suis votre nourriture. » Ce rite mystérieux obtint du vivant de Jésus une grande importance.
Fontanes de même, à sa manière : il vengeait avec passion Les Martyrs, si attaqués à leur naissance, et donnait le signal de les admirer. […] J’aurai tout à l’heure quelques mots à dire de son style, de ce style orné, élégant, ingénieux et pur, qui, à la fois, tient de la tradition et participe de quelque nouveauté ; mais j’ai auparavant à caractériser, par opposition, la manière de M. […] En quoi les deux manières se rapprochent-elles et diffèrent-elles ?
— Elle peut sentir à sa manière. […] — De trois manières. […] Si la suggestion est possible, c’est que l’idée suggérée, dont la conscience est distincte, appartenait à un tout donné d’une manière indistincte ; quand cette idée surgit du sein de la masse, le reste demeure non pas « au-dessous du seuil de la conscience », comme on le répète sans cesse, mais fondu dans l’état général de la conscience, dans l’énergie psychique totale de l’organisme.
La manière dont il s’énonce est remarquable : Itaque per hanc epistolam hoc ago ut ostendam tibi non minorem esse dubitandi causam in scriptis mathematicorum, quàm in scriptis physicorum, ethicorum 151, etc. « Je te ferai voir dans ce traité qu’il n’y a pas moins de sujets de doute en mathématiques qu’en physique, en morale, etc. » Bacon s’est exprimé d’une manière encore plus forte contre les sciences, même en paraissant en prendre la défense. […] Nous ne citerons pas Rousseau, dont l’autorité pourrait être suspecte ici ; mais Descartes, par exemple, s’est exprimé d’une manière bien étrange sur la science qui a fait une partie de sa gloire.
À gauche du grand-prêtre et sur le devant du tableau, il a placé deux lévites vêtus de blanc, tout à fait dans la manière de Le Sueur. […] L’expression, la draperie, le caractère de tête et toute la manière de celle-là est du Poussin ; celle-ci est aussi fort belle. […] Son tableau est petit ; mais la manière en est grande.
Section 2, de la musique rithmique Nous avons déja dit que la musique rithmique donnoit des regles pour assujetir à une mesure certaine tous les mouvemens du corps et de la voix, de maniere qu’on pût en battre les temps. […] On sera bien plus curieux d’apprendre une autre chose, je veux dire la maniere dont la musique metrique marquoit les temps dans toute sorte de mouvemens du corps. […] Si les passages des auteurs anciens que nous rapporterons ci-dessous, prouvent que l’acteur qui recitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, s’accordoient très-bien, et qu’ils tomboient en cadence avec une grande justesse, ils n’expliquent point la maniere dont ils s’y prenoient pour suivre exactement l’un et l’autre une mesure commune.
Églé et l’Amoureux de quinze ans sont deux tableaux d’un dessin pur et gracieux ; et cependant, lorsque l’auteur se livre à des compositions dramatiques, on voit que c’est encore la muse de la chanson qui l’inspire ; elle veut essayer un ton plus grave, des manières plus imposantes, mais elle se trahit à la naïveté de son langage, à la délicatesse de ses formes, et l’œil le moins clairvoyant reconnaît Érato sous le masque de Thalie. […] La manie de l’analyse succède à l’esprit d’observation ; le précieux, au naturel ; la manière, à la grâce. […] Mais quel contraste entre les nouveaux principes qu’on professe, et la manière dont on les annonce !
Elle n’a pas certainement la finesse, le profil caméen, la sveltesse de cou, l’élancement de tige de Pauline Borghèse ; mais il n’y a pas qu’une seule manière d’être femme, et Mme de Staël, même physiquement, l’était autant que femme puisse l’être… Quant à l’âme, cette vieille civilisée de la fin du xviiie siècle était aussi primitivement femme qu’Ève elle-même ! […] Seulement, comme elle est très supérieure, à sa manière, elle fait aisément illusion sur ce qu’elle n’a pas, avec ce qu’elle a. […] un style plein de couleur et de mélodie, et le mot, plus rare que le style, qui le diamante et le couronne, le mot qu’elle recherche et qu’elle aime, la parure de sa phrase de femme, aux mêmes contours qu’elle, mais qui n’a ni les attaches, ni les articulations, ni les manières de marcher, animalement puissantes, de la phrase des hommes de génie.
Quoique le volume ne soit que la première partie d’un ouvrage qui doit en avoir deux, quoique nous ne soyons pas encore entrés dans la Révolution française, le livre de Tocqueville se distingue par l’ancienne manière de l’auteur : le manque de netteté, de profondeur et de conséquence. […] C’était une idée assez simple pour que la manière dont elle serait développée fît toute sa valeur, car on sait bien — et les esprits les plus vulgaires autant que les esprits les plus élevés — que les révolutions, comme les bâtardises, ont des parentés naturelles, et qu’elles ne viennent pas sans un germe dans le régime qu’elles détruisent plus tard. […] Son livre est un kaléidoscope qui se retourne de deux manières et qui donne toujours les deux mêmes combinaisons.
prononçant, chacune à sa manière, l’une avec des lèvres d’airain comme ses trompettes, l’autre avec des lèvres harmonieuses comme les flûtes de ses artistes, ce mot de liberté qui donne le délire à l’esprit humain, elles devaient toutes deux, la Grèce et Rome, en leur qualité seule de Républiques, agir puissamment sur les esprits, lassés de féodalité, de monarchie, de gouvernement, et dressés à la révolte par une philosophie ignorante de l’Histoire. […] Les indiquer, ne sera-ce donc pas continuer, à notre manière, la forte éducation historique que Champagny nous a donnée sur le monde romain ? […] Hommes de manières différentes, l’un animé, passionné, familier, pathétique ; l’autre grave et calme : tous deux savants, et n’ayant qu’un but : — éclairer !
Seulement, ce phénomène, incessamment reproduit et que toutes les histoires nous renvoient de la même manière, sans y rien changer, n’est ni aragonais, ni basque, ni catalan : il est européen. […] Les considérations supérieures que la modestie de l’auteur ou sa fausse manière de concevoir l’histoire semble avoir redoutées, nous en avons signalé l’absence, mais non l’impuissance, à coup sûr. […] Bolbonne, Orthez, Lescaladieu, asile des comtes de Foix, de Béarn et du Bigorre, ont été tour à tour également délaissés, et les derniers représentants de ces dynasties, passagèrement réfugiés à Lescar, iront bientôt, avec Henri IV, confondre aussi leurs cendres dans la royale sépulture des rois de France… » Telle est la manière large, simple et magnifiquement triste de Cénac-Moncaut, quand il se fie à lui-même et que, s’arrêtant dans sa course de Basque (pardon du mot !)
Ce Blaze est blasé… C’est un grand dégoûté de l’Histoire, qui la sait comme les grands dégoûtés de la vie savent la vie, — et qui cherche à se ragoûter d’elle en l’interprétant à sa manière… « Je crois à l’Histoire, mais je n’y étais pas », a dit un autre dandy avec une profondeur légère, et voilà le scepticisme qui a engendré la théorie de Blaze de Bury, lequel ne l’a inventée que parce qu’il « n’était pas » à l’histoire. […] Pour lui, on ne pénètre l’Histoire que par « le sentiment », et comme il va s’agir de l’Antiquité dans son livre, il pose au préalable qu’il est impossible d’interpréter le monde antique autrement que par l’impression personnelle, et il ajoute même, avec la crânerie d’une idée générale qui est le chapeau sur l’oreille de ce fantaisiste : « Écrire l’histoire, c’est donner notre manière de voir sur l’histoire. » Je ne sais pas si, de principe, de Bury est cartésien, mais jamais le moi de Descartes n’a été mieux appliqué à quelque chose qu’il ne l’est, sous sa plume, à l’Histoire. […] Quand l’écrivain serait lourd, gauche, maladroit, sans style et sans manière ; quand il serait bête comme Dangeau, par exemple, ni sa lourdeur, ni sa gaucherie, ni sa maladresse, ni même sa bêtise n’invalideraient l’autorité du renseignement qu’il apporte, si ce renseignement résiste à l’examen et aux expériences de la Critique.
L’auteur de La Renaissance n’était pas dans les mêmes conditions de talent que Stendhal, et je vais dire tout à l’heure en quoi il en différait, mais il était peut-être dans des conditions d’existence et de manière de sentir assez analogues. […] C’est déjà beau et difficile que cette manière d’écrire l’Histoire, et l’homme qui réussit à l’écrire est aussi grand qu’elle. […] L’auteur a résolu à sa manière ce qui est encore une question historique à cette heure, et il l’a résolue sans avoir l’air d’y toucher.
Il a été philosophique, et dans sa manière philosophique d’envisager l’Histoire, il s’est souvenu de l’optimisme de Leibnitz, que l’éclectique Cousin en belle humeur trouvait une si belle chose ! […] Le fragment historique qui sert de préface au livre de M. de Meaux montre que l’Église, représentée par ses ennemis comme le plus incompatible et le plus impitoyable des Pouvoirs, fut, au contraire, magnifique de bonté jusque dans sa manière de punir. […] Mais, aux yeux de M. de Meaux, qui a une manière à lui de regarder les choses catholiques, c’est peut-être une preuve de la profondeur du catholicisme de Henri IV, qu’il l’ait promulgué ?
— et qui n’est même, d’aucune manière, du mouton français ! […] Jeu de cartes battu toujours de la même manière, à l’aide d’un ou de deux procédés connus et à l’usage de toute main, ces trois actes, qui s’appellent La Fille du millionnaire, ne renferment pas une situation neuve ou un mot piquant que l’on puisse retenir ou citer. […] Adam, qui représente la sagesse, la vérité et l’opinion de Μ. de Girardin tout le long de la pièce, « ne sont pas faits comme les autres hommes (textuel) ; ils sont les centaures de ce temps-ci : ils ont une tête de savant sur un corps de soldat », ce qui est la manière progressive d’être centaure au xixe siècle.
Le style d’un homme, lorsque cet homme n’est pas assez fort pour le faire avec sa seule manière de sentir, a ses origines. Pascal, par exemple, c’est Montaigne, plus la manière de sentir de Pascal, et cette manière, c’était l’épouvante, l’effarement, le cabrement devant l’abîme.
Un esprit aussi viril que celui de l’abbé Christophe devait moins se préoccuper d’une question toujours petite, comme l’amour-propre qui la pose et qui la discute… Je lui aurais voulu plus de largeur et plus de hauteur dans sa manière de sentir. […] Misérable siècle, où l’esprit de contention et d’anarchie était partout, et où les Grecs chicaneurs vinrent donner comme une leçon, dont ils ne profitèrent pas, à ces autres chicaneurs du concile de Bâle, grecs aussi à leur manière contre la Papauté. […] Dans sa manière de raconter il n’a pas assez de flamme, comme, quand il juge, il ne va pas assez à fond.
I Je les ai mis ensemble, et pour cause… Voici la cause : Quoique deux esprits très différents par la manière d’écrire, Albéric Second et Xavier Aubryet se ressemblent par le milieu dans lequel ils vivent et font vivre leurs inventions. […] C’est un esprit acéré de toutes les manières, qui porte à la tête comme le syringa, et aux yeux comme des paillettes d’acier ou les facettes du diamant. […] L’histoire d’Albéric Second est si bien racontée, il la fait glisser sur des événements si ingénieusement inventés, et la capitonne de tant de naturel et de rondeur dans la manière dont il la conte, qu’on finit par comprendre que la comtesse Alice ait pu aimer le fou — en cravate rouge et en chemise bleue — qu’elle a traité comme un mendiant.