De même, dans toute langue, et dans notre français, à côté des mots de l’usage commun et que tout le monde comprend à peu près, il y a des mots techniques, des termes de sciences, d’arts, de métiers, qui sont comme autant de langues dans la langue, et qui font aux profanes le même effet que le latin d’Ovide à ses voisins scythes.
Vous voyez les effets de cette division.
Et les effets en sont plus funestes encore quand le peuple vaincu a longtemps représenté dans le monde la justice.
Et tandis que les mauvaises mœurs et le langage grossier constataient leur impuissance contre la société polie, celle-ci prenait sur elles un invincible ascendant ; elle le prenait sans discussion, sans dispute, uniquement par la force de son exemple, par la séduction propre à son langage spirituel, élégant et gracieux ; peut-être aussi par un effet naturel du progrès des lumières, et de l’affinage des esprits dans l’exercice continu de la conversation, dont la société de Rambouillet avait eu le mérite de fournir le premier modèle.
Il paraît que ces moyens ne firent aucun effet : le 14 une autre lettre de madame de Sévigné dit que madame de Montespan « commence à se lasser de l’exposition publique dans les grands appartements.
Ses principaux effets sont d’éclairer, de saisir, de pénétrer : les Vérités de M.
La Métaphysique & la Morale forment, à la vérité, les premiers traits du Tableau de ses passions ; mais elles n’indiquent que les causes, au lieu que l’Histoire nous en découvre les effets, & par-là les différens ressorts.
Si je règne avec quelque gloire, je lui en ai toute l’obligation. » L’opposition de caractère & de génie, entre Aristote & Platon, produisit bientôt les effets qu’on devoit en attendre.
On peut même penser que le berger visionnaire dont je viens de parler, n’auroit jamais pris ni pannetiere, ni houlette sans quelque bergere qu’il voïoit tous les jours ; il est vrai seulement que sa passion n’auroit pas produit des effets aussi bizarres, si, pour me servir de cette expression, elle n’eût été entée sur les chimeres dont la lecture de l’Astrée avoit rempli son imagination.
Je souscris volontiers au livre qui a dit : que les plus grands ennemis de la gloire des heros, étoient leurs valets de chambre : les heros gagnent toujours à n’être connus que par le recit des historiens ; la plûpart se plaisent à rapporter ces traits naïfs et ces petits faits anecdotes qui font encore admirer davantage les hommes illustres, mais ils taisent volontiers tout ce qui feroit un effet contraire.
Sans les partis vaincus, comme les a nommés la critique, avec cette sentimentalité bête qui n’a jamais manqué son effet sur le peuple français ; sans les cléricaux, qui sont le sujet de la courageuse comédie d’Émile Augier, et sans Veuillot-Déodat, le Fils de Giboyer ne serait un chef-d’œuvre qu’entre cabotins intéressés à la chose ; mais, entre gens littéraires, on n’en parlerait déjà plus !
Mais il y a, ce semble, plus de liberté et plus de mérite à rester fixe dans des mesures plus modérées, ou si c’est un simple effet du caractère, c’est un témoignage de force non moins rare et dont la proportion constante a sa beauté. […] Lorsque, apprenant la mort de son ami La Rochefoucauld, il écrivait de sa prison que le charme était détruit et que le sourire de la multitude n’avait plus pour lui de délices, il allait trop loin, il oubliait l’effet du temps qui cicatrise ; le sourire, plus tard, à ses yeux est encore revenu. […] Cette Restauration, contre les excès de laquelle on s’entendait si bien, me fait l’effet d’avoir été le plus prolongé et le plus illusoire des rideaux. […] Je ne veux pas rire : mais La Fayette, désappointé en mourant, me fait exactement l’effet de Boileau. […] Le plus grand malheur du général a été de survivre (ne fût-ce que de quelques jours) à la grande Révolution qu’il représentait depuis quarante et un ans ; en ne tombant pas précisément avec elle, il a fait à son tour l’effet de ceux qui s’obstinent à prolonger ce qui est usé et en arrière.
Si l’on veut juger d’une philosophie, il faut regarder ses effets ; ses œuvres ne sont point ses livres mais ses actes. […] L’autre, mesurant notre force et notre faiblesse, nous a détournés des routes qui nous étaient fermées, pour nous lancer dans les routes qui nous étaient ouvertes ; elle a connu les faits et leurs lois, parce qu’elle s’est résignée à ne point connaître leur essence ni leurs principes ; elle a rendu l’homme plus heureux, parce qu’elle n’a point prétendu le rendre parfait ; elle a découvert de grandes vérités et produit de grands effets, parce qu’elle a eu le courage et le bon sens d’étudier de petits objets et de se traîner longtemps sur des expériences vulgaires ; elle est devenue glorieuse et puissante, parce qu’elle a daigné se faire humble et utile. […] Nous ne pouvons en ce moment nous rappeler un seul exemple où cette règle ait été transgressée avec un heureux effet, excepté l’exemple de la Boucle de cheveux. […] Je devrais peut-être, en achevant cette analyse, indiquer quelles imperfections sont l’effet de ces grandes qualités ; comment l’aisance, la grâce, la verve aimable, la variété, la simplicité, l’enjouement, manquent à cette mâle éloquence, à cette solide raison, à cette ardente dialectique ; pourquoi l’art d’écrire et la pureté classique ne se rencontrent point toujours dans cet homme de parti, combattant de tribune ; bref, pourquoi un Anglais n’est ni un Français ni un Athénien. […] Par elles les événements épars se rassemblent en un événement unique ; elles les unissent parce qu’elles les produisent, et l’historien qui les recherche toutes ne peut manquer d’apercevoir ou de sentir l’unité qui est leur effet.
L’effet que produisit ce spectacle donné au monde par celui qui se sert de nos vices comme de nos vertus pour l’accomplissement de ses desseins, fut immense, universel. […] L’effet fut grand, et La Harpe, qui tenait en ce moment la tête de la critique, envoya sur-le-champ chercher l’auteur : « Voici de la critique, s’écriait-il, voici de la littérature. […] Enfin, tous ceux qui ont lu le Génie du christianisme et les Considérations sur la France, comprendront l’effet différent que ces deux ouvrages devaient produire. […] Il a trouvé pour le monde philosophique cette synthèse qui résume tout, la cause, le moyen, l’effet. […] Cet enseignement produisit un effet dont les contemporains ont conservé le souvenir. « On vit se réunir au pied de la chaire de M.
Malheureusement cette connaissance, trop exacte et trop technique, détruit l’effet fantastique de ses contes. […] Feuillet qu’il y a certaines preuves de passion qui ont pour effet naturel non d’augmenter, mais de refroidir l’amour. […] L’effet de cette réunion est d’une bizarrerie quelque peu artificielle, mais souvent touchante et toujours élégante et gracieuse. […] Laurens a présenté d’une manière si saisissante les effets de l’excommunication au moyen âge la refusassent à la scène du dramaturge. […] Parmi les effets multiples qu’il eut sur elle, un des plus importants fut d’abréger sa durée.
Qu’eût-ce été si le spectre s’était fait voir, dès le premier acte, comme le voulaient, pour produire plus d’effet, les compagnons de Molière ? […] — Et quant à la merveille, à la magie, à la statue, à peine si elle paraissait, deux ou trois fois, pour prononcer quelques rares et terribles paroles qui produisaient l’effet du tonnerre. — Ma foi ! […] D’où il suit qu’affaiblir les crimes et le libertinage de Don Juan, c’était détruire l’effet terrible de cette statue vivante. […] « J’ai vu plusieurs fois madame la duchesse de La Vallière, je la trouve dans de très bonnes dispositions qui auront leur effet, je l’espère. […] L’effet est grand, et par conséquent terrible ; Don Juan lui-même s’éloigne épouvanté ; mais, encore une fois, la singulière comédie de carnaval, et comme Molière aura été emporté loin de son but !
Je sais bien qu’il y a une sorte de crescendo dans les effets. […] La pièce a fait grand effet et a été beaucoup applaudie. […] Et quel effet produiraient-ils sur nous ? […] Trop visiblement, l’auteur ne s’est préoccupé que de l’« effet », et, souvent, de quel effet ! […] L’effet a été grand.
On se bouscule devant les tableaux à effet. […] Il y a bien d’autres chansons populaires qui tirent leur effet d’une phrase qui frappe l’imagination, et qui revient à chaque fin de strophe. […] Bruant ne prodigue pas ces effets grotesques. […] Et l’artiste emploie cette impétuosité qui l’anime à produire son effet. […] C’est d’un effet très heureux. » — « Je ne recherche pas péniblement ces effets », répondit le poète. « Je les trouve où j’en ai besoin et au passage des vers où ils sont nécessaires.
Despois un effet d’horreur méprisante que sa sensibilité de lettré supérieur n’arrivait pas à vaincre. […] La Nouvelle exige l’unité du coloris, peu de touches, mais qui conspirent à un effet unique. […] Ainsi l’état des effets appartenant à M. […] Il y a là un phénomène trop constant pour qu’il ne soit pas l’effet d’une cause permanente. […] Le lecteur subit les effets de ces artifices, en retirant au mot tout sens péjoratif.
Est-il possible de peindre l’effet des romans mauvais, des romans extravagants, par une circonstance plus saisissante ? […] Les traits choisis, recueillis à cet effet, s’assemblent, se composent sous sa main en un tout d’un relief extraordinaire, et alors la figure va bien au-delà de ce qu’il veut peindre. […] Mais quand l’idée de la mort s’est mise quelque part, en revanche elle n’en déloge plus ; que cette idée provienne d’un mal réel ou d’un mal imaginaire, ses effets sont absolument les mêmes sur les hommes. […] Vous pouvez dès lors comprendre toute la portée de cette scène entre Cléante et Orgon, qui, en 1664, ne fit et ne devait faire qu’un effet médiocre. […] La colère, le mépris, l’orgueil misanthropique ont chez un très grand génie d’autres effets que chez les sots ou les gens d’esprit ; ces passions produisent chez un Molière des effets puissants et redoutables ; elles l’aident, oui, elles l’aident à faire Tartuffe, Le Malade imaginaire, où il donne toute latitude à sa violence ; et c’est ainsi qu’il arrive à peindre au sombre et au tragique, lui, le grand comique !
On ne saurait rendre l’effet que produisent en français ces plaisanteries parfois plus que rabelaisiennes et si chères aux premiers disciples du grand réformateur : — Luther, O' Connell, — propos de table, propos de meeting, bouffonnerie, grossièreté, nationalité, religion, éloquence !
Ces mots qui font saillir les qualités des choses sont précieux, et les maîtres écrivains en tirent de merveilleux effets ; mais un débutant allonge son discours plutôt qu’il ne le fortifie par les épithètes, qu’il reçoit souvent vagues et banales.
Eugène Lintilhac Le Paria (1829), dont les chœurs sont fort beaux et annoncent la poésie des Poèmes antiques d’Alfred de Vigny ; Marino Faliero (30 mai 1829), dont les audaces sont antérieures à celles d’Hernani, et en sont toutes voisines, puisque le poète s’y affranchit de l’unité de lieu et admet le mélange du comique dans le dialogue… ; Louis XI, d’un effet si sûr à la scène ; les Enfants d’Édouard, si adroitement découpés dans Shakespeare… [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
Ce roman est une pastorale allégorique dans laquelle l’auteur a décrit ses propres amours dégagés de toute idée grossière, et où, « par plusieurs histoires et sous personnes de bergers et d’autres, sont déduits les divers effets de l’honnête amitié ».
Celle-ci (Mélite) a fait son effet par l’humeur enjouée de gens, d’une condition au-dessus de ceux qu’on voit dans les comédies de Plaute et de Térence. » En effet, dans cette pièce, l’auteur ne se bornait pas à produire des personnages décents, au lieu des bouffons de fantaisie : il leur donna, dit-il, un style naïf qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens .
Les pédantesques enseignements, les préjugés scholastiques, la contagion de la routine, la manie d’imitation, produisent le même effet.
Cela paraît un peu niais, s’il est évident que la secousse de 1870 a pu produire, chez d’autres hommes du même âge, l’effet précisément contraire. […] L’atmosphère est voluptueuse, la nuit claire et parfumée ; et c’est terrible, l’effet « du sentiment de la nature » sur des sensualités aiguisées par les mœurs parisiennes. […] Les meilleurs comédiens expriment beaucoup et obtiennent de grands « effets », rien que par l’accentuation légère et juste d’un mot significatif. […] La scène est « à effet. » Dans le fond, elle était facile, et l’on peut trouver que Mme Gerboy met beaucoup de bonne volonté à laisser percer son secret. […] Cette cécité a des effets charmants, — quelques-uns un peu équivoques.
Ces deux exemples montrent clairement quel effet on attribuait aux rites et aux formules de la cérémonie funèbre. […] L’effet de la confarreatio ne pouvait être détruit que par la diffarreatio. […] Le principal effet de l’émancipation était le renoncement au culte de la famille où l’on était né. […] Elle naquit dans les différentes intelligences par un effet de leur force naturelle. […] Elle est l’effet de notre puissance et elle est plus forte que nous.
« Pour l’homme organisé, pour celui qui agit, pense et s’exprime, cette vie n’a d’autre effet que de le passionner. […] Un tel acte lui faisait l’effet d’une indécence, d’une perversion comme ce vice qu’on nomme : « l’exhibitionnisme ». […] Savez-vous l’effet qu’il me fait ? […] Pour me résumer, vos enquêtes me produisent l’effet de ces femmes grosses, discutant du sexe du fœtus qu’elles ne sont pas sûres de mener à terme. […] Rosny me fait un peu l’effet de ce pasteur protestant.
Et c’est une bonne idée de prescrire qu’on fasse attention à leur qualité, qu’on n’accumule pas sans raison des rimes de même nature et qu’on varie l’effet produit. […] Tandis que le vers parnassien, isolément travaillé, vaut par lui-même et produit, à lui seul, son effet, ils se préoccupent davantage de la période poétique. […] Elle cherche dans l’allitération des consonnes de semblables effets. […] En dépit des assonances, des césures faussées et des rejets paradoxaux, l’effet qu’ils produisent encore résulte précisément de la rupture amusante, ingénieuse, de la mesure habituelle. […] Le respect des traditions artistiques ne peut avoir que ce fâcheux effet de retarder l’œuvre de la sélection naturelle, qui élimine tout le caduc et l’abolit… Il n’y a d’art que du Nouveau.
C’est là un danger qu’il était difficile d’éviter : j’espère qu’il suffit de le signaler pour en atténuer les effets. […] Effets d’imagination : le poète et l’historien. […] On pourra s’égarer à la recherche des causes dans les nuages de la métaphysique, mais on sera forcé de reconnaître le caractère précis des effets. […] Effets de ce conflit. […] Pour en obtenir les effets qu’elles permettent, il faut bien les mettre en pratique.
C’est surtout de ces effets saisissants que devait s’engouer l’école romantique ; mais la tradition des classiques français n’y avait point préparé les spectateurs lettrés de la Restauration. […] Bourget et quelques autres voudraient s’enorgueillir, mais dont la misère ne saurait être déguisée par cette formule à effet : « l’émigré intellectuel », M. […] Déjà l’annonce seule de ces conférences avait eu cet heureux effet de déterminer M. […] Une moitié de l’invention et des effets de coloris des Fêtes galantes est là. […] Plus d’un morceau reste si constamment tendu vers l’effet de simplicité, qu’il n’a plus l’air d’avoir été écrit pour être lu, mais pour être chanté.
Effet, en partie, d’imagination. […] Peut-être l’a-t-il inventée, elle son automatisme, par un effet de sa liberté créatrice : matière et automatisme sont des obstacles, mais des obstacles utiles et dont nous ne connaissons pas toute l’utilité. […] Architecture et musique sont d’ailleurs, en même temps, créées par la technique la plus rigoureuse, bien plus rigoureuse que celle des arts de la parole, de sorte que maximum de rigueur et maximum d’effet esthétique pur vont ensemble. Rien ne répond aussi parfaitement que l’architecture a la définition de l’art selon Valéry : résoudre un problème de rendement fondé seulement sur la nature des matériaux et sur un certain effet à produire, abstraction faite de ce sentiment personnel qu’y peuvent mêler dangereusement les arts de la parole. […] Un serpent l’a mordue en songe — mythe et vérité, mythe qui se vérifie par l’effet.
D’abord, il dispose ses tableaux, il en prépare les plans, puis, tout à coup, il les éclaire par une citation, avec un art semblable à celui des grands peintres qui jettent sur leur composition un rayon de lumière pour en relever les effets. […] Quant à la raison, à la vérité, à la sagesse, j’en vois bien les noms dans les écrits de Rousseau, mais j’en cherche en vain les effets. […] Ne pouvant réfuter ses principes, ils essayèrent d’en affaiblir l’effet en publiant que le clergé lui faisait une pension, voulant montrer une âme vénale où l’on voyait une âme religieuse. […] Aucun ne vous laissera dans l’âme cette harmonie paisible du beau antique que les Grecs, ou les Latins, ou les Indous appelaient la beauté suprême, parce qu’elle était à la fois vérité et volupté, et qu’elle produisait sur le lecteur un effet divin et éternel sentiment de l’âme à tout ce que l’on désire, qui la remplit sans la laisser désirer rien de plus, ivresse tranquille où les rêves mêmes sont accomplis, et où le style, où l’expression ne cherche plus rien à peindre, parce que tout est au-dessus des paroles. […] Pour cet effet, je le conduisis sur les hauteurs habitées du quartier de Williams, où il n’avait jamais été.
Un autre qui naissait quand ce siècle avait quatre ans déjà, pour rendre ce même effet indélébile, a pu dire : Nous tous, enfants émus d’un âge de merveilles, Bercés sous l’étendard aux salves des canons, Des combats d’outre-Rhin balbutiant les noms, Nous avons souvenir de plus d’une journée Où l’Empire leva sa tète couronnée ; Quelque magnificence, une armée, un convoi, Un Te Deum ardent, la naissance d’un Roi ; Et l’Empereur lui-même, au moment des campagnes, Il passait dénombrant les aigles ses compagnes ; Du geste il saluait tout un peuple au départ, Et moi qui parle ici, mon front eut son regard ! […] En même temps, le changement de régime avait pour effet de rendre sans réserve le poëte à la vie littéraire ; il n’y appartenait plus tout entier depuis quelques années. […] Quant à Talma, il était plein de grâce dans la scène du banc, et produisait un grand effet dans le quatrième acte.
Toute cette histoire suprême de Bégon, partant de son château, sur la marche de Gascogne, où lui, homme du Nord, il s’ennuie, et s’arrachant de sa belle et riante famille pour s’en aller mourir dans une forêt, près de Valenciennes, au pied d’un tremble, de la main d’un misérable archer, est d’une haute fierté et d’un effet des plus dramatiques. […] Lorsqu’aujourd’hui l’on repasse avec quelque attention sur ces anciens âges, sur cette verte époque première du XIIIe siècle, où la palme épique, si flétrie depuis et si morte, appartenait à la France, on se prend à regretter amèrement que cette sève vigoureuse ait été perdue, ait été comme non avenue, qu’elle n’ait eu en rien son effet et sa vertu de nutrition dans la végétation finale du grand arbre ! […] Macaulay, qui est fort suivi aujourd’hui : « Les meilleurs portraits, a dit ce grand peintre historique, sont peut-être ceux dans lesquels il y a un léger mélange de charge… Quelque chose est perdu pour l’exactitude, mais beaucoup est gagné pour l’effet… Les lignes moins importantes sont négligées, mais les grands traits caractéristiques s’impriment pour toujours dans l’esprit. » C’est ainsi qu’on raccommode après des siècles et qu’on refait bien des personnages.
À ce degré et en de tels sujets, il n’est plus qu’un effet de l’habitude et du parti pris, une manie de la verve, un état fixe de la machine nerveuse lancée à travers tout, sans frein et à toute vitesse […] Il est presque l’égal de La Bruyère pour la conduite des effets ménagés, pour l’artifice calculé des développements, pour la brièveté des résumés poignants, pour la raideur assommante des ripostes inattendues, pour la multitude des réussites littéraires, pour l’exécution de tous ces morceaux de bravoure, portraits, descriptions, parallèles, invectives, où, comme dans un crescendo musical, la même idée, diversifiée par une série d’expressions toujours plus vives, atteint ou dépasse dans la note finale tout ce qu’elle comporte d’énergie et d’éclat. […] Nous sommes tentés de voir en lui tantôt un sophiste qui s’ingénie, tantôt un rhéteur qui s’évertue, tantôt un prédicateur qui s’échauffe, c’est-à-dire, dans tous les cas, un acteur qui soutient une thèse, prend des attitudes et cherche des effets.
Et elles n’en feront pas, non seulement parce que nous sommes les Mithridates des affreuses drogues que nous avons avalées depuis vingt-cinq ans, mais, aussi pour une raison beaucoup plus sûre, tirée de l’accent, — de la profondeur d’accent d’un livre qui, selon nous, doit produire l’effet absolument contraire à celui que l’on affecte de redouter. […] Mais elles perdraient bien davantage au point de vue de l’effet moral que nous avons signalé au commencement de cet article. Cet effet, sur lequel il importe beaucoup de revenir, gardons-nous bien de l’énerver.
Tout aveugle et menteur qu’est cet art, Il peut frapper au but, une fois entre mille ; Ce sont des effets du hasard. […] La Fontaine insiste avec une précision laborieuse et un peu ennuyeuse sur tout le mécanisme, tel qu’il l’entendait, du remède et de ses effets. […] Pour ne pas sortir encore tout à fait du dix-septième siècle, il y a ceci à remarquer que La Fontaine, si particulier, si original, si spécial, si lui-même, si nouveau, ce La Fontaine qui s’emparait d’un genre, je vous l’ai fait remarquer, pour l’altérer, pour le déformer, pour l’agrandir admirablement, mais enfin pour l’altérer et le déformer, et qui devait ainsi produire un effet très inattendu ; ce La Fontaine a été, et c’est à l’honneur de nos ancêtres, a été unanimement admiré par le dix-septième siècle.
Mais ce que je sais, et ce qu’il est impossible de nier, c’est l’effet produit par ce livre sur l’opinion. […] Je viens de le dire, l’effet produit par le second volume des Origines de la France contemporaine, quand il parut, en 1878, fut foudroyant. […] Ce troisième volume des Origines de la France contemporaine, très digne du second, on a cru qu’on en diminuerait l’effet en n’en parlant pas, et on s’est tu.
Il eut de tout temps de ces mots et des plus heureux, comme lorsque plus tard un candidat à l’Académie lui donnant à entendre qu’il était malade, infirme, et qu’il n’occuperait le fauteuil que peu de temps, Duclos repartit : « L’Académie n’est pas faite pour donner l’extrême-onction. » Mais d’autres fois il manquait son effet et n’arrivait qu’à la crudité, lorsqu’il disait, par exemple, des drames larmoyants, alors à la mode : « Je n’aime pas ces pièces qui font tant pleurer : ça tord la peau. » On n’a ici que la rudesse de la secousse et le choc sans l’aiguillon. […] Malgré ces éloges mérités, le livre de Duclos manque d’agrément, et eut peu de succès à son heure ; l’effet général en est terne, et il y règne un air d’ennui.
Il ne porte rien de l’auteur ni de l’écrivain dans aucun de ses emplois : il ne songe à d’autre effet qu’à celui du bien. […] … Ces instances, dont on ne sut le détail qu’après lui, demeurèrent sans effet : ses supérieurs le jugeaient trop utile et trop à sa place pour s’en priver.
La science de tous côtés nous invite et nous entoure de ses spectacles ou de ses effets, qui ne peuvent plus être pour nous des mystères. — Nous savons la géographie de notre globe. […] Il serait difficile de rien extraire ici d’un travail qui s’adresse particulièrement aux gens du métier ; dont tous les articles, développés avec un soin égal, sont destinés à l’application, et où rien n’est donné à l’effet.
C’est ainsi qu’à propos de la gentillesse et des charmes de Fotis, il a placé un Éloge de la Chevelure, qui est un morceau à effet et qui pourrait se détacher. […] À peine est-elle envolée qu’il supplie Fotis de lui donner un peu de ce même onguent pour en essayer à son tour l’effet sur lui-même.
L’idée de ma personnalité se confondait dans ma tête avec celle de mon bien-être… Tout le jour, je me remplissais de mûres, de raiponces, de salsifis des prés, de pois verts, de graines de pavots, d’épis de maïs grillés, de baies de toutes sortes, prunelles, blessons, alises, merises, églantines, lambrusques, fruits sauvages ; je me gorgeais d’une masse de crudités à faire crever un petit bourgeois élevé gentiment, et qui ne produisaient d’autre effet sur mon estomac que de me donner le soir un formidable appétit. […] Jamais je n’ai vu de plus bel effet de lumière sur le papier, à travers des arbres en peinture.
Il a fait des découvertes réelles, bien qu’il les ait un peu exagérées dans le principe ; mais à lui tout est permis, et il a, par son talent d’écrivain et par ses retouches successives, des manières de compenser ou de réparer, et, une fois averti, des empressements à rentier dans le vrai, qui ne retirent rien aux effets d’un premier éclat. […] n’eut en son temps aucun effet littéraire ni autre, aucun retentissement ni aucune sorte d’influence : aujourd’hui c’est un simple témoignage de la manière dont écrivaient les grands seigneurs quand ils s’en donnaient la peine, vers 165090.
Les premiers effets de l’influence suivie que Marie-Antoinette commença à exercer en politique ne furent pas heureux. […] Et puis toutes les grandes dames de ce temps, les plus honnêtes et les plus vertueuses, avaient dans leur bibliothèque ces livres en vogue, ces romans à la mode qui nous paraissent aujourd’hui scandaleux et qui alors ne produisaient pas cet effet. » — De son côté, le bibliophile Paul Lacroix, qui a publié le catalogue des livres du Petit-Trianon, et qui a mis en tête une préface sous forme de lettre adressée à Jules Janin, ne dit pas autre chose : « Car pour être reine, on n’en est pas moins femme, et les femmes, avant la Révolution, ne lisaient guère que des romans, des poésies et des pièces de théâtre. » Si tout le monde est à peu près d’accord, on se demande pourquoi donc tout ce bruit et cette querelle.
On voulait s’assurer du Piémont et, à cet effet, le brider et le tenir entre deux places fortes, d’un côté Pignerol, et Casal à l’autre bout, dans le Montferrat ; cette dernière place appartenait au duc de Mantoue, prince dépensier, endetté, homme de plaisir, et l’on crut en avoir bon marché moyennant finance. […] Catinat dut arriver à Pignerol sous un nom supposé, y rester caché comme un prisonnier d’État et attendre l’effet des engagements contractés par Mattioli.
Figurez-vous des cordes pendues aux montagnes, ils vous font d’en bas cet effet. […] C’est inexprimable pour l’effet et l’étrange beauté du site.
L’effet de douleur que lui causa la mort de Louis XVI fut le premier coup porté à cette sensibilité profonde ; la mort de M. de Kersaint suivit de près25. […] L’effet des mêmes catastrophes sociales, qui ont leur retentissement dans les écrits de Mme de Souza et dans ceux de Mme de Duras, est curieux à constater par la différence.
La réduction de la beauté et de l’idéal littéraire à la vérité et à la nature, et du plaisir à la raison, c’est-à-dire au général, le sentiment de l’inaltérable identité de l’esprit humain correspondant à la confiance du savant en sa raison, la condition d’universalité objective et formelle imposée à la poésie, correspondant au principe de la permanence des lois de la nature, l’indépendance de la raison universelle maintenue sous l’autorité du consentement universel, la notion enfin de la vraisemblance, équivalent littéraire de l’évidence mathématique : tout cela est bien conforme à l’esprit de Descartes, et l’Art poétique fait l’effet de n’être qu’une transposition des idées cartésiennes. Il ne faut pas oublier cependant que l’Art poétique est le terme d’une évolution commencée avant Descartes, et par conséquent hors de son influence : il est l’expression complète de l’esprit classique, qui n’a point son origine et sa cause dans l’esprit cartésien ; mais l’esprit classique et l’esprit cartésien sont deux effets parallèles et deux manifestations formellement différentes d’une même cause, d’un certain esprit général qui s’est trouvé formé au commencement du xviie siècle d’une association d’éléments et par un concours d’influences dont je n’ai pas ici à tenter l’analyse.
Une Parisienne, habillée comme elles le sont à présent, y ferait l’effet d’un contresens, d’une petite tache fort jolie, mais absurde. […] Cet étalage d’érudition, cette nomenclature bruyante ne prouve pas grand’chose pour les indociles, et les dociles n’en ont que faire : c’est proprement un effet de rhétorique.
C’est un « caleçon » que l’Idéal propose à ces hercules et qu’ils ramassent en faisant des effets de muscles Claude Lantier n’est pas seulement un artiste contesté et poursuivi par la malchance : c’est un martyr. […] L’effet est ahurissant.
Les mêmes raisons ont-elles produit le moindre effet sur Picquart ? […] Pour un effet de polémique, Judet ignoblement avait insulté un mort.
Comment il s’y prit à cet effet, par quelles précautions, par quels artifices de langage et quel appareil de conduite, il faut l’entendre là-dessus lui-même. […] « Il fit faire les plans et les devis d’une mosquée assez grande pour contenir toute l’armée, le jour où elle reconnaîtrait la loi de Mahomet. » Ce n’était qu’un leurre, car « son opinion invariable, dit-il, était que tout homme doit mourir dans sa religion. » Mais de telles démonstrations étaient d’un bon effet.
Et en général, quand on revient, après quelques années d’intervalle, sur d’anciens articles de critique et de polémique, on est frappé de la disproportion qui paraît entre ces articles mêmes et l’effet qu’ils ont produit ou le souvenir qu’ils ont laissé. […] Reprenez-le aujourd’hui : les articles semblent tout petits, tout incomplets ; ils nous font l’effet d’habits devenus trop courts pour notre taille.
On désire un appui, on se laisse charmer par l’espérance de l’avoir trouvé ; c’est un songe que les circonstances dissipent et sur qui elles font l’effet du réveil. […] Je lus hier Othello, je viens de lire Henri VI ; je ne puis vous exprimer quel effet m’ont fait ces pièces, elles m’ont ressuscitée. » Elle aussi, à sa manière, elle a sa vue du fond comme Shakespeare, et sa lettre lxive est ce que j’appelle chez elle son monologue d’Hamlet.
Je me suis demandé quelquefois l’effet que produirait un livre de M. de Balzac sur un honnête esprit, nourri jusqu’alors de la bonne prose française ordinaire dans toute sa frugalité, sur un esprit comme il n’y en a plus, formé à la lecture de Nicole, de Bourdaloue, à ce style simple, sérieux et scrupuleux, qui va loin, comme disait La Bruyère : un tel esprit en aurait le vertige pendant un mois. […] Le mode de publication en feuilletons, qui obligeait, à chaque nouveau chapitre, de frapper un grand coup sur le lecteur, avait poussé les effets et les tons du roman à un diapason extrême, désespérant, et plus longtemps insoutenable.
Le roi, qui venait voir ses enfants, connut donc Mme Scarron ; mais le premier effet qu’elle produisit sur lui ne fut point favorable : « Je déplaisais fort au roi dans les commencements. […] Mme Du Deffand, qui est littérairement de la même école, a très bien rendu l’effet que font les lettres de Mme de Maintenon, et on ne saurait mieux les définir : Ses lettres sont réfléchies, dit-elle ; il y a beaucoup d’esprit, d’un style fort simple ; mais elles ne sont point animées, et il s’en faut beaucoup qu’elles soient aussi agréables que celles de Mme de Sévigné ; tout est passion, tout est en action dans celles de cette dernière : elle prend part à tout, tout l’affecte, tout l’intéresse ; Mme de Maintenon, tout au contraire, raconte les plus grands événements, où elle jouait un rôle, avec le plus parfait sang-froid ; on voit qu’elle n’aimait ni le roi, ni ses amis, ni ses parents, ni même sa place ; sans sentiment, sans imagination, elle ne se fait point d’illusions, elle connaît la valeur intrinsèque de toutes choses ; elle s’ennuie de la vie, et elle dit : « Il n’y a que la mort qui termine nettement les chagrins et les malheurs… » Il me reste de cette lecture beaucoup d’opinion de son esprit, peu d’estime de son cœur, et nul goût pour sa personne ; mais, je le dis, je persiste à ne la pas croire fausse.
Mme de Maintenon raconte à Mme des Ursins le premier effet qu’elle produit (8 mai 1707) : Vous connaissez Marly et mon logement ; le roi était seul dans ma petite chambre, et je me mettais à table dans mon cabinet par lequel on passe ; un officier des gardes cria à la porte où était le roi : « Voilà M. de Chamillart ! […] Quand le voyage de M. de Torcy en Hollande, qui a pour but la paix, manque son effet, elle s’en réjouit.