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964. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Le matin au premier caquet des canards, qui est un signe de satisfaction, tous continuent en chœur. […] Seulement, ici, le sarcasme se continue et les sarcasmes se répètent. […] Tous romantiques, c’est le mot qui vient assez naturellement et presque d’une façon continue en les lisant. […] Elle continuera très bien son chemin. […] Mais les sangsues de la maison… Ça continue.

965. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il a dû jouer souvent ce rôle et il continuera à le jouer. […] Il est prêtre : peut-il continuer d’exercer ses fonctions sacerdotales ? […] Donc continuons. […] Quelquefois elle continue. […] La cristallisation continue.

966. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Elle éleva des constructions fort belles, et pendant quarante ans encore (jusqu’en 1588), elle continua à donner des représentations. […] Et somme, il continua à faire toutes actions d’homme de bon jugement, et peu à peu cette cogitation mélancolique lui passa. […] que son asthme l’empêcha de continuer. […] En 1669, il continua le cours de ses études dramatiques par la tragédie de Britannicus. […] Raisin fut applaudi, la comédie continua ; elle fut acclamée et elle est restée longtemps au théâtre.

967. (1908) Après le naturalisme

Et la série continue. […] Il porte un centre de lois sur lesquelles il agit selon elles-mêmes — ou bien se laisse emporter non par elles mais par les énergies brutales qui continuent de l’attaquer dans son milieu. […] La même loi continuera de plier les écrivains à sa discipline. […] Les mêmes questions primordiales continuent à se poser devant lui dont l’impatience croît, d’en connaître les réponses. […] C’est la Révolution des forces qui continue et qui l’emporte encore sur celle des esprits, telle que l’avaient résolument entreprise les Encyclopédistes.

968. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Je crois que l’on continuera longtemps encore à faire le tour de la Grèce, sans trop savoir au juste ce qu’elle a été. […] Les journaux avaient beau le plaisanter, l’Alexandre Dumas de la Critique n’en continuait pas moins à expédier ses « papiers » aux quatre coins de la France. […] Pendant ce temps le bon Mariéton continuait à dormir du sommeil du juste, genre de sommeil incomparablement plus imjposant après un bon déjeuner. […] On s’expliquait, et les deux amis continuaient leur étude dans le silence nocturne. […] La question des écrivains populaires et du roman-feuilleton continua à me préoccuper pendant quelque temps.

969. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Colombine épousera donc Arlequin, et Pierrot continuera d’attendre la lune, ce qui est à la fois le plus noble et le plus sûr bonheur. […] De plus, Scarron recevait et continua de recevoir, après son mariage, une société fort joyeuse. […] Dumas durant les « quelques minutes » dont il nous parle dans ses Notes, qu’il a continué à ne plus voir qu’elle. […] Max continue à taquiner Marthe, assez méchamment, pour rien, pour le plaisir de voir ses mines éplorées ou furieuses. […] • La petite Janik, qui aimait son fiancé sans l’avoir vu, continue à l’aimer lorsqu’elle croit l’avoir retrouvé.

970. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Comme les socialistes allemands continuent d’aimer l’empereur, les insurgés de la littérature allemande continuent de subir le charme de la tradition. […] Les grands gestes qu’il continue de faire étonnent. […] Cette série de délibérations et de départs pour la bataille, de dissertations sur tel ou tel moment de l’histoire de France, et de discours patriotiques, pourrait continuer indéfiniment. […] Mais il y a autre chose : il y a ce qu’on ne nous a pas dit ; et c’est ce qu’on ne nous a pas dit et que l’on continuera à nous taire qui fera le dénouement. […] Ainsi, la paternité offensée de Chambray continue d’agir en lui, à son insu, et déjà avec un plein désintéressement.

971. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Ni la critique ni l’histoire n’achèveront jamais leur œuvre, si nous affectons ainsi de nous ignorer les uns les autres, et, au lieu de continuer ceux qui nous ont précédés — en les contredisant au besoin, — si nous ne nous soucions que de les recommencer. […] Anatole France ; et lorsque je m’engage à vous entretenir de Shakspeare ou de Dante, par exemple, vous entendez avec moi, continuait-il, que ce sont mes petites histoires que je vais vous conter. […] Elle est là ; ils ont en pleurant reconnu l’air natal ; ils ont hâte de le respirer, hâte surtout d’apprendre à cette foule de souffrants, — eux qui reviennent du pays d’où personne jamais n’est revenu, — que la vie se continue, qu’elle se purifie, et qu’elle s’achève ailleurs. […] Et il suit enfin que l’art, en général, peut corriger, rectifier, modifier, continuer, prolonger même ce qu’il imite. […] Je ne puis croire qu’ils nous aient rendu là de si mauvais services ; et qui continuerait leur tâche parmi nous, je n’estimerais pas qu’il y perdît son temps.

972. (1925) Portraits et souvenirs

Elle devait continuer les aventures de Mme de Merteuil et de Cécile de Volanges. […] C’est le bruit le plus vrai que Laclos ait laissé dans la mémoire des hommes, et l’avenir continuera toujours d’entendre le froissement d’acier que font, aux dernières pages des Liaisons, les épées, liées elles aussi, en leur rencontre mortelle, du Chevalier Danceny et du Vicomte de Valmont. […] Certes la jeunesse romancière d’à présent continue sans doute à admirer l’œuvre si volontaire, si originale et si personnelle des deux illustres frères, mais elle ne s’en inspire guère. […] Il y avait été préparé par une forte éducation, qu’il n’avait cessé de continuer par d’abondantes lectures. […] Barrès ne s’est pas interrompu brusquement ; il s’est continué en s’utilisant tout entier.

973. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

La symphonie de Tout continue…. […] Cependant mon jeune homme continuait à geindre. […] Attentif et dévoué, il continue à me guider sur la route qui mène vers Isis. […] J’entends. — Continuez, je vous prie. […] Taisez-vous, laissez-moi continuer.

974. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Si haut qu’il soit monté il ne croit jamais avoir touché la cime suprême, il continue de gravir le sol qui se dérobe ; il ne redoute ni la sueur qui ruisselle sur ses tempes, ni la lumière pourprée qui éblouit sa prunelle ; il continue sa route aventureuse et obstinée, il arrive enfin ; mais à quelles conditions ? […] C’est avec regret que nous avons vu Volnys continuer dans le rôle de Clitandre, la brusquerie que nous lui avions reprochée dans le rôle d’Alceste. […] Madame Volnys, qui débutait dans le rôle de dona Florinde, a continué sur la scène de la rue Richelieu les habitudes du boulevard Bonne-Nouvelle. […] Dumas, Hugo et de Vigny continueront à se développer isolément : aucun des trois ne voudra s’effacer ou s’absorber dans l’un des deux autres. […] Hugo doit briser violemment ses habitudes s’il veut continuer d’écrire pour le théâtre.

975. (1911) Nos directions

Comment les novateurs n’accepteraient-ils pas de continuer si belle et si large tradition ? […] Or, en dépit des protestations de maints critiques, la gloire du tragique continue à participer de la gloire de Port-Royal. […] Ou devons-nous nous réjouir que la main puissante d’Hugo réduise un poète de plus en vasselage, ne lui communiquant de sa force que de quoi continuer, à l’occasion, le monologue picaresque de Don César de Bazan ? […] On constate fréquemment dans la forme moderne que la cadence d’une strophe ou paragraphe poétique est due à la présence répétée dans chaque vers d’un corps numérique fixe, que l’on peut appeler constante rythmique et qui bat la mesure dans la mélodie continue. […] 3° Si oui, cette littérature est-elle continuée ou, du moins, susceptible d’être continuée ? 

976. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Frénuse écrivit de nouveau : tous deux continuèrent assez longtemps leurs hostilités respectives. […] Il continua sa route de Rome. […] « Je voulois, continue-t-il, vous punir, mais je me sens désarmé. […] Continuez à jouir de toutes les graces que vous a accordées le saint siège. […] Mais, enfin, continua-t-il, êtes-vous véritablement moines, réguliers ou séculiers.

977. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

« Il faut avoir l’esprit européen », écrivait Mme de Staël ; et autour d’elle, à Coppet, toute une école s’était formée, dont les travaux, après avoir peut-être inspiré les siens, les complètent maintenant, les continuent, et les prolongent. […] ii, 1817], Et, en se détachant lui-même du christianisme, il n’avait pas abjuré la doctrine du « renoncement à soi-même » ; mais avec plus d’ardeur que jamais il continuait son grand combat contre l’individualisme. […] C’est pourquoi, si Dumas fils, en qui revit et se continue quelque chose de son romantique de père, a une opinion sur Suzanne d’Ange [Cf.  […] Il a continué dans les derniers volumes de son Histoire de France, à ne retenir et à ne traduire dans sa prose que le frisson lyrique, si l’on peut ainsi dire, dont les faits l’avaient remué. […] Il découvre « la science » ; — l’histoire naturelle et la physiologie tout particulièrement ; — et, comme il continue d’ailleurs d’être foncièrement romantique, — il en devient le poète [Cf. 

978. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Ce fruit du génie longtemps élaboré de génération en génération ne mûrit et ne tombe qu’à la dernière ; après ce phénomène l’arbre devient stérile et le progrès humain dans la famille s’arrête ; car, s’il continuait indéfiniment, comme le prétendent certains philosophes, la famille ne produirait plus un homme, mais un Dieu. […] J’espère qu’on continuera à dire les autres messes à Lorette tant que nous serons absents, comme je vous l’avais recommandé. […] Il a continué à ronfler, quoique j’aie été obligé de temps à autre de le soulever, de le remettre sur sa chaise, et finalement de le traîner toujours dormant sur son lit. […] Si Wolfgang continue à grandir comme il fait, il vous reviendra passablement grand. » L’enfant prend la plume.

979. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Le cardinal Bembo les reçut à Padoue, lui fit faire son portrait, et lui donna trois chevaux turcs pour continuer son voyage. […] Le Pape, inflexible, continue à le retenir prisonnier. […] Je répondis à ces paroles obligeantes que je n’avais jamais demandé, pour prix de mes peines, que les bonnes grâces de Son Excellence ; qu’elle me les avait promises, qu’il n’était pas nécessaire qu’elle s’interposât pour m’obtenir une récompense que je ne demandais pas, puisque je me contentais de la moindre, si le duc me continuait ses bontés. […] Le duc rejeta bien loin cette requête, et continua ses commandes et ses bienfaits dans certaines limites, et Benvenuto devint, après Michel-Ange, le plus grand sculpteur d’Italie.

980. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Or voici ce que Farcy venait d’écrire à Sainte-Beuve, quelques semaines auparavant, sur les Consolations : « Dans le premier ouvrage (dans Joseph Delorme), c’était une âme flétrie par des études trop positives et par les habitudes des sens qui emportent un jeune homme timide, pauvre, et en même temps délicat et instruit ; car ces hommes ne pouvant se plaire à une liaison continuée où on ne leur rapporte en échange qu’un esprit vulgaire et une âme façonnée à l’image de cet esprit, ennuyés et ennuyeux auprès de telles femmes, et d’ailleurs ne pouvant plaire plus haut ni par leur audace ni par des talents encore cachés, cherchent le plaisir d’une heure qui amène le dégoût de soi-même. […] Mais comme au lac profond et sur son limon noir Le ciel se réfléchit, vaste et charmant à voir, Et, déroulant d’en haut la splendeur de ses voiles, Pour décorer l’abîme y sème les étoiles, Tel dans ce fond obscur de notre humble destin Se révèle l’espoir de l’éternel matin ; Et quand sous l’œil de Dieu l’on s’est mis de bonne heure, Quand on s’est fait une âme où la vertu demeure ; Quand, morts entre nos bras, les parents révérés Tout bas nous ont bénis avec des mots sacrés ; Quand nos enfants, nourris d’une douceur austère, Continueront le bien après nous sur la terre ; Quand un chaste devoir a réglé tous nos pas, Alors on peut encore être heureux ici-bas ; Aux instants de tristesse on peut, d’un œil plus ferme, Envisager la vie et ses biens et leur terme, Et ce grave penser, qui ramène au Seigneur, Soutient l’âme et console au milieu du bonheur. […] Continuez à écrire, nous ne cesserons pas de vous lire ! […] Auguste ne lui en voulut pas, et continua de souper familièrement avec lui et avec Mécène.”

981. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Il se réservait quelques heures du milieu du jour pour continuer religieusement sa traduction d’Aristote, commencée en 1832. […] Il continua, pendant la guerre d’Alexandre en Syrie, en Égypte et en Perse, à recevoir de lui des lettres et à lui répondre. […] — Ne savez-vous pas, continua-t-il en s’adressant à lui-même, ne savez-vous pas que Jupiter a auprès de lui, sur son trône, d’un côté la justice et de l’autre côté Thémis ? […] ou bien encore les uns et les autres ne continueront-ils à t’honorer que suivant leur usage, et comme il convient à des hommes, tandis que les barbares le feront à leur manière, etc. ? 

982. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Il continua, au témoignage de La Fontaine, « d’aimer extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages », et c’est lui qui retient ses amis pour assister aux féeries du soleil couchant. […] On est tenté de continuer : « Corneille écrit avec une plume d’aigle, Racine avec une plume de tourterelle (vous savez que la tourterelle est violente), Chateaubriand avec une plume de paon, Joubert lui-même avec une plume d’ange. » En politique, il est pour le régime où il entre le plus d’artifice. […] De là sa compétence et son acuité dans la description d’un monde dont la grande occupation est l’amour et en qui l’excitation artificielle et continue des sens aboutit volontiers aux énigmatiques névroses. […] Ces veuves « continuent le commerce du défunt », selon l’épitaphe connue.

983. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Ce mouvement n’a besoin que d’être continué sans être infirmé pour devenir une généralisation complète, c’est-à-dire une complète union des représentations d’épingle et de piqûre indépendamment des temps et des lieux. […] Les hommes, toutes choses égales d’ailleurs, continueront de mourir : Ce système logique est analogue au système mécanique suivant qui se réalise dans le cerveau : Premier terme : Forces se dirigeant en un sens ; Deuxième terme : Absence de forces capables de détourner vers un autre sens ; Troisième terme : Mouvement du cerveau continué dans de même sens. […] La liberté et le déterminisme, p. 147 : « L’élan par lequel je tends à persévérer dans une direction quelconque, à maintenir et à continuer mon action, diffère-t-il de ce qu’on appelle l’affirmation ?

984. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Tout ce qu’on peut supposer, c’est qu’un Pigeon quelconque, ayant montré des dispositions naturelles à prendre cette étrange habitude, et ayant légué la même tendance à sa race, la sélection longtemps continuée à travers les générations successives des sujets chez lesquels cette tendance prit de plus en plus de force, a pu rendre peu à peu les Pigeons culbutants tels que nous les voyons aujourd’hui. […] Ce procédé peut s’être continué jusqu’à ce qu’il se soit produit entre les femelles fécondes et les ouvrières stériles de la même espèce la prodigieuse différence que nous observons aujourd’hui chez beaucoup d’espèces sociales. […] Par la sélection longtemps continuée des parents féconds qui produisirent le plus de neutres ainsi avantageusement modifiés, tous les neutres arrivèrent par degrés à présenter le nouveau caractère acquis. […] En somme, et lors même que ce ne serait pas en vertu d’une déduction rigoureusement logique, il me paraîtrait encore plus satisfaisant pour l’esprit de considérer des instincts, tels que celui du jeune Coucou, qui repousse-hors du nid ses jeunes frères d’adoption, celui des Fourmis esclavagistes, ou celui des larves de l’Ichneumon qui se nourrissent dans le corps de la Chenille, non pas comme le résultat d’autant d’actes créateurs spéciaux, mais comme de petites conséquences contingentes d’une seule loi générale ayant pour but le progrès de tous les êtres organisés, c’est-à-dire leur multiplication, leur transformation, et enfin la condamnation des plus faibles à une mort certaine, mais généralement prompte, et la sélection continuelle des plus forts pour une vie longue et heureuse, continuée par une postérité nombreuse et florissante.

985. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Dans son Histoire du Directoire, l’ardent iconoclaste des idoles révolutionnaires continue son superbe dégât. […] Or, cette preuve, fulgurante dans les Causes de la Révolution française, dans son Histoire du Directoire, et qui continuera de briller dans cette Histoire de la Convention qu’il prépare, n’est pas une preuve individuelle qui s’applique à tel ou tel homme. […] L’historien de la Chute de Louis-Philippe, la Révolution de 1848 et le rétablissement de l’Empire, continue cette exécution qu’il avait commencée dans son livre des Causes de la Révolution française. […] Il avait toujours été ce qu’on appelle « une plume de guerre », et une plume qui valait épée et qui se continuait très bien en épée quand il le fallait.

986. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Cet élan se continue ainsi par l’intermédiaire de certains hommes, dont chacun se trouve constituer une espèce composée d’un seul individu. […] Ou plutôt, il n’est que le mot par lequel nous désignons l’effet supposé ultime de cette action, sentie comme continue, le terme hypothétique du mouvement qui déjà nous soulève. […] L’outil de l’ouvrier continue son bras ; l’outillage de l’humanité est donc un prolongement de son corps. […] A elle de voir d’abord si elle veut continuer à vivre.

987. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Le cardinal de Fleury, ami de sa famille, le fit venir, et lui déclara que, s’il continuait de la sorte, il n’avait rien à attendre tant que lui, cardinal de Fleury, vivrait. […] Quant à la physionomie même de Bernis et à son mouvement d’esprit dans ce torrent, nous pouvons en avoir quelque idée par les lettres et billets qu’il continue d’adresser à Duverney.

988. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

   Il faut quitter le séjour des mortels ; Il faut quitter Philis, Amarante et Sylvie, À qui ta folle amour élève des autels… Il continue ainsi l’énumération de tout ce qu’il faut quitter ; on reconnaît le linquenda tellus d’Horace. Toute l’ode de Maynard se continue et se soutient dans cet ordre d’idées : c’est le lieu commun éternel sur le néant de toute chose, sur la nécessité de mourir, quoi qu’on fasse.

989. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle continua de lire la Bible en allemand. […] Si je n’avais eu la fièvre et de grandes vapeurs, madame, du triste emploi que j’ai eu avant-hier d’ouvrir les cassettes de Monsieur, toutes parfumées des plus violentes senteurs, vous auriez eu plus tôt de mes nouvelles, mais je ne puis me tenir de vous marquer à quel point je suis touchée des grâces que le roi a faites hier à mon fils, et de la manière qu’il en use pour lui et pour moi : comme ce sont des suites de vos bons conseils, madame, trouvez bon que je vous en marque ma sensibilité, et que je vous assure que je vous tiendrai très inviolablement l’amitié que je vous ai promise ; et je vous prie de me continuer vos conseils et avis, et de ne jamais douter de ma reconnaissance qui ne peut finir qu’avec ma vie.

990. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Adieu, mon cher ami, continuez de vous faire homme, et aimez-moi comme je vous aime. […] La Harpe continue son cours de littérature ; Roederer et Garat n’ont encore rien dit, mais ils ouvriront bientôt leurs cours.

991. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il continuait de vivre ainsi de cette vie sans règle et sans excès apparent, lettré amateur, agréable à sa société, badin, d’une espièglerie spirituelle et vive, semblant avoir pris pour devise ce mot d’un poète : « Dilecto volo lascivire sodali », et, pour tout dire, le plus aimable des compagnons, lorsque arriva le grand événement qui l’arracha à la société, le plongea en d’inexprimables angoisses et l’amena graduellement, et par des épreuves douloureuses, à un état de rajeunissement et de maturité d’où sortirent des productions de génie. […] La maladie de Cowper continuait encore sous une forme religieuse, et il ressentait souvent des terreurs que ses amis faisaient tout pour combattre et pour guérir, mais que pourtant leur doctrine rigide sur la prédestination et sur la grâce n’était que trop propre à fomenter : « Il se présente à moi toujours formidable, disait-il de Dieu, excepté quand je le vois désarmé de son aiguillon pour l’avoir plongé comme en un fourreau dans le corps de Jésus-Christ. » Ces terribles images du Jugement et de la réprobation, même au moment où il croyait en avoir triomphé, le poursuivaient donc et dominaient encore sa pensée.

992. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Tout ceci n’est qu’une invention du fabricateur pour se donner prétexte de mettre sa marquise de Créqui en relation avec quantité de personnages du xviie  siècle qui continuaient de vivre au commencement du xixe . […] Celle-ci (1783), j’ai été plus courageuse, parce qu’il ma pris un besoin d’être entendue que je n’éprouve pas souvent ; je sens que je l’ai été, et je m’en trouve si bien, que je continuerai jusqu’à votre retour.

993. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il lui semble que le stoïcisme tout pur, quand on ne le tempère point par de l’épicuréisme, est une substance trop forte qui agit comme un poison ; et il continue en ces termes : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage. […] De même qu’on dit un Varillas, pour exprimer d’un mot l’historien décrié à qui l’on ne peut se fier, de même on continuera plus que jamais de dire un La Beaumelle pour exprimer l’éditeur infidèle par excellence.

994. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Elle dure deux ans ; mais elle peut être continuée par seconde élection : ce qui advient très rarement. […] Le baron de Vaillac, après sa soumission forcée et au lieu d’être allé rendre compte au roi de sa conduite, comme il s’y était engagé, continuait ses menées aux alentours de Bordeaux : « Le voisinage de M. de Vaillac, écrivait Montaigne, nous remplit d’alarmes, et n’est jour qu’on ne m’en donne cinquante bien pressantes.

995. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Le devoir fait, la tâche remplie, l’enfant continuait de vaquer à ses rêves ; il est évident, à lire ces pages de description détaillée et comme attendrie, que l’enfance de Dominique n’est pas une fiction de l’auteur, et qu’il y a là-dessous une réalité vive et sensible, prise sur le fait et étudiée d’après nature ; on y sent l’observation de quelqu’un qui a vécu au sein de la campagne, qui a vu passer bien des fois et repasser sur sa tête le tour des saisons, qui en sait les harmonies et les moindres mystères : « Chaque saison nous ramenait ses hôtes, et chacun d’eux choisissait aussitôt ses logements, les oiseaux de printemps dans les arbres à fleurs, ceux d’automne un peu plus haut, ceux d’hiver dans les broussailles, les buissons persistants et les lauriers. […] Continuons avec lui d’assister en idée à ce frais retour, à ce portrait parlant où tout respire le mouvement naïf et la grâce virginale : « Cette soirée-là fut pleine d’effusion.

996. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il fut, pendant des années, commis à gros appointements chez M. de Meulan, receveur général de la généralité de Paris, et il continua de demeurer à l’hôtel de Meulan, jusqu’à l’époque de son mariage (1757). […] Il a écrit dans son Journal, à la date de janvier 1772 : « J’ai soixante-trois ans presque accomplis ; jusqu’ici je me porte assez bien, je ne désire point ma fin ; mais si des douleurs aiguës, continues et irrémédiables, s’emparaient de votre serviteur, la mort la plus prompte lui serait la plus agréable ; voilà mes sentiments… » Ce qu’il disait là assez lestement et par manière de souhait, il put bien y aider en effet douze ans plus tard dans son excès d’ennui et de tristesse.

997. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

On la voit qui continue d’obéir à son bon naturel. […] Je lui baise les mains avec respect, en la priant de me continuer ses bontés. » On ne saurait avoir meilleur cœur ni meilleur naturel.

998. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Son procédé, tout en combattant le prince qu’il avait eu pour élève dans la première expédition vaudoise, était de continuer à s’en faire estimer et de ne rien porter à l’extrémité, d’épargner les moyens violents, même quand ils lut étaient commandés ; il ne s’agissait pas d’envenimer la lutte : le plus souvent on ne cessait de négocier sous main, d’échanger des pourparlers, tout en se combattant. […] Je souhaite que vous continuiez comme vous avez commencé, et de trouver les occasions de vous marquer les sentiments que j’ai pour vous. » La joie fut grande à Paris parmi les nombreux amis que s’était faits le mérite modeste de Catinat.

999. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Nous ne finirions jamais si la vigueur de l’esprit et du corps était égale dans tous les âges : joignez à cela que j’ai une infirmité qui ne laisse pas de me rendre dures et pénibles les grandes fatigues à cheval. » Il continua donc de servir, en évitant tout air de plainte. […] Il continuait d’ailleurs de conférer et de s’entendre en tout avec les généraux et vivait sur le meilleur pied avec eux.

1000. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

. — « Il faut chercher un médecin », reprit-il, et il continua ses patenôtres. » Et, se rabattant sur Benjamin Constant, il continuait lui-même sur le ton de médisance : « Constant est tellement usé, il a tellement besoin que quelqu’un l’anime et le travaille, que je lui disais que vieux et ne pouvant plus quitter le coin de son feu, il donnerait de la tête contre le marbre de la cheminée pour se secouer.

1001. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Pendant que les hommes en possession de la vogue et de la faveur publique continuaient plus ou moins heureusement d’en user ou d’en abuser, que trop souvent ils traînaient sans relâche, sans discrétion, qu’ils appesantissaient leur genre, ou qu’ils le bouleversaient brusquement un beau matin plutôt que de le renouveler, quelles œuvres vraiment nouvelles, quelles apparitions inattendues sont venues varier et rafraîchir le tableau ? […] Sans donc la faire pire qu’elle n’est, continuons de presser la situation, d’en rechercher les causes, d’en noter du moins à vue de pays quelques circonstances.

1002. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

En sortant de philosophie, il fut mis au droit ; son père mort, il continua de demeurer chez son frère Jérôme qui avait hérité de la charge de greffier, se fit recevoir avocat, et bientôt, las de la chicane, il s’essaya à la théologie sans plus de goût ni de succès. […] Pendant le temps de sa renommée croissante, Boileau avait continué de loger chez son frère le greffier Jérôme.

1003. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

La pluie continuait de battre contre les vitres ; les chiens de garde pleuraient piteusement dans la basse-cour. […] Bref on attendit, et le manuscrit payé, modiquement payé, mais enfin ayant trouvé maître, continuait, comme ci-devant, de dormir dans le tiroir.

1004. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Avec toute la différence de son humeur, il continue Calvin : il fait de la théologie une matière de littérature, parce que, renonçant à la scolastique, il parle à tout cœur chrétien, à tout esprit raisonnable ; il ne faut qu’être homme, et chercher la règle de la vie, pour le comprendre et le goûter. […] C’est un Beauceron en qui continue de vivre le vieil esprit bourgeois, celui de Villon et de Jean de Meung.

1005. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Il apporte, d’ailleurs, dans ses notations successives d’objets particuliers, une merveilleuse netteté, et qui n’est pas un petit mérite, même en littérature  Et il va sans dire que j’exagère ici mon impression ; mais je continuerai à l’exagérer pour être clair. […] Bientôt l’élève s’ennuie, recommence sa vie folle ; d’Artannes continue de veiller sur elle : elle l’envoie promener… jusqu’au jour où ils reconnaissent qu’ils s’aiment d’amour.

1006. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Qu’il continue de nous charmer, de nous toucher et de nous faire réfléchir ; qu’il continue d’être élégant, grave et languissant, de nous dessiner d’exquises figures de femmes (comme Thérèse de Sauves, Hélène Chazel et les deux Marie-Alice, ou comme Hubert Liauran, cette douce petite fille) et d’étudier les drames de la conscience dans l’amour.

1007. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Vielé-Griffin serait fréquemment tenté par ce défaut, s’il n’y échappait en exprimant alors sa pensée en paroles immédiates, sans le secours d’une Image continue. […] D’ailleurs, si cette méthode de poésie peut créer des monstres et si, à mon avis, elle reste inférieure au symbole, elle a au moins sur l’expression directe un avantage certain : comme le symbole elle suppose toujours l’image et suscite souvent comme lui une plastique continue ; en sorte que l’œuvre, imparfaite en tant que poème, peut être parfaite selon l’art au sens restreint de ce mot.

1008. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Si la Bibliothèque nationale continue à s’enrichir de toutes les productions nouvelles, dans cent ans elle sera absolument impraticable, et sa richesse même l’annulera 120. Il y a donc là une progression qui ne peut continuer indéfiniment sans amener une révolution dans la science.

1009. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Mais sa haute vie l’a mis en rapport avec l’esprit éternel qui agit et se continue à travers les siècles ; il est immortel. […] Quoi qu’il en soit de ce va-et-vient qui demeure trop individuel pour fournir une base d’appréciation, deux faits prépondérants continuent à exercer leur action sociale.

1010. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

On allume une chandelle, c’est là un fait simple ; mais il en résulte une production de lumière, une production de chaleur, une colonne ascendante de gaz chauds, des courants établis dans l’air environnant, une formation continue d’acide carbonique, d’eau, etc. […] 2° L’organisme social ne forme pas une masse continue, comme le fait le corps vivant.

1011. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais, dès cette première lettre, il prend ses précautions et se peint déjà avec ses variations bizarres : « J’espère, madame, malgré le début de votre lettre, que vous n’êtes point auteur, que vous n’eûtes jamais intention de l’être, et que ce n’est point un combat d’esprit auquel vous me provoquez, genre d’escrime pour lequel j’ai autant d’aversion que d’incapacité. » Il entre alors très au sérieux dans ce jeu prolongé des Claire, des Julie et des Saint-Preux ; il ne fait pas semblant, comme ce serait de bon goût à un écrivain bien appris, de traiter légèrement les personnages de son invention ; il continue de leur porter respect, et d’en parler dans le tête-à-tête comme s’ils étaient de vrais modèles : À l’éditeur d’une Julie, vous en annoncez une autre, une réellement existante, dont vous êtes la Claire. […] Il a le premier conféré à notre langue une force continue, une fermeté de ton, une solidité de trame, qu’elle n’avait point auparavant, et c’est là peut-être sa plus sûre gloire.

1012. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Semblable à une eau qui se perd dans le sable si elle n’est arrêtée par une digue, l’homme n’est fort qu’autant qu’il est retenu. » Se croyant déjà revenu à Lycurgue ou à Moïse, il proposait sérieusement à l’administration de faire faire des éditions châtiées et exemplaires des auteurs célèbres : on extrairait de chaque auteur ce qui est grave, sérieux, élevé, noblement touchant, et on supprimerait le reste : « Tout ce qui serait de l’écrivain social serait conservé, tout ce qui serait de l’homme serait supprimé ; et si je ne pouvais faire le triage, dit-il, je n’hésiterais pas à tout sacrifier. » Telle est la pensée que M. de Bonald énonçait en 1796, qu’il continuera d’énoncer et d’exprimer pendant toute la Restauration, et qu’il voudra réaliser tant bien que mal en 1827, comme président du dernier Comité de censure : peut-on s’étonner de la suite d’après le début ? […] [NdA] Sans bruit et sans effort, cela vous plaît à dire : quand on remonte dans l’histoire, on ne trouve que bruit et qu’effort à chaque siècle, cependant il n’en est pas moins vrai qu’il y avait dans l’ancienne société, au milieu de tous ses dérangements, un ou deux grands ressorts qui continuaient d’aller ou qui reprenaient vite le dessus, et qui se sont brisés depuis.

1013. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions. […] Il ne prit pas garde que ce repos des premières années de la régence n’était pas la santé véritable ; au lieu de ménager les moyens et d’aviser au lendemain par des remèdes, il continua dans les errements qui aggravaient le désordre et la souffrance à l’intérieur : « Le mal s’aigrit, dit Retz ; la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie.

1014. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Sans trop serrer de près les questions qui se rattachaient aux deux époques critiques de la vie du maréchal, j’avais entendu causer quelques-uns de ses amis, et j’avais été frappé du degré de chaleur et d’affection que tous mettaient à le défendre et à continuer de l’aimer. […] — Ces paroles, continue Marmont avec une émotion bien explicable, prononcées par Napoléon et adressées à moi le 11 octobre 1813, ne portaient-elles pas l’empreinte d’un caractère tout à fait extraordinaire ?

1015. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Au milieu des hardiesses et des irrévérences des Lettres persanes, un esprit de prudence se laisse entrevoir par la plume d’Usbek ; en agitant si bien les questions et en les perçant quelquefois à jour, Usbek (et c’est une contradiction peut-être à laquelle n’a pas échappé Montesquieu) veut continuer de rester fidèle aux lois de son pays, de sa religion : « Il est vrai, dit-il, que, par une bizarrerie qui vient plutôt de la nature que de l’esprit des hommes, il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois : mais le cas est rare ; et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante. » Rica lui-même, l’homme badin et léger, remarquant que dans les tribunaux de justice, pour rendre la sentence, on prend les voix à la majeure (à la majorité), ajoute par manière d’épigramme : « Mais on dit qu’on a reconnu par expérience qu’il vaudrait mieux les recueillir à la mineure : et cela est assez naturel, car il y a très peu d’esprits justes, et tout le monde convient qu’il y en a une infinité de faux. » C’est assez pour montrer que cet esprit qui a dicté les Lettres persanes ne poussera jamais les choses à l’extrémité du côté des réformes et des révolutions populaires. Après avoir touché les questions qui sont proprement de la philosophie de l’histoire, après s’être étonné que les Français aient abandonné des lois anciennes faites par les premiers rois dans les assemblées de la nation, et être ainsi arrivé presque au seuil du grand ouvrage que sans doute il entrevoyait déjà dans l’avenir, Montesquieu continue de s’égayer sur maint sujet, et, quand il en a assez, il coupe court.

1016. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Voltaire continua de triompher en apparence, et de jeter au moins du trouble dans l’esprit des lecteurs les moins ordinaires. […] Les grands seigneurs dans les provinces continuent leurs intrigues et leurs prises d’armes ; l’un d’eux, le duc de Bouillon, a la hardiesse d’écrire au roi pour élever des plaintes : le roi fait une réponse où, pour la première fois, se marque le doigt, la griffe de lion de Richelieu.

1017. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Diderot continue d’être en France le côté allemand de Grimm. […] Il réussit beaucoup auprès de Mme d’Épinay, qui était alors dans un de ces intervalles où le cœur souffre, et où, en se déclarant à lui-même qu’il veut continuer de souffrir, il cherche vaguement à se rouvrir à une espérance.

1018. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Au début de ses feuilles de correspondance, il continue d’être dans les mêmes sentiments ; son ton et son intention ne sont rien moins que frivoles ; il ne voit, dans le secret qu’on lui promet, qu’une raison de plus d’exercer une franchise sans bornes : L’amour de la vérité, dit-il, exige cette justice sévère comme un devoir indispensable, et nos amis même n’auront pas à s’en plaindre, parce que la critique qui n’a pour objet que la justice et la vérité, et qui n’est point animée par le désir funeste de trouver mauvais ce qui est bon, peut bien être erronée et sujette à se rétracter quelquefois, mais ne peut jamais offenser personne. […] Prenant les discours généraux que Buffon a mis en tête de quelques volumes de son Histoire naturelle, il les apprécie littérairement comme ferait un homme né sous l’étoile française de Malherbe, de Pascal et de Despréaux : « On est justement étonné, dit-il, de lire des discours de cent pages, écrits, depuis la première jusqu’à la dernière, toujours avec la même noblesse, avec le même feu, ornés du coloris le plus brillant et le plus vrai. » Ce n’était certes plus un étranger celui qui appréciait à ce point la convenance et la beauté continue du style.

1019. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Les lettres que Frédéric lui écrit durant ces trois ans sont d’un grand intérêt, en ce que l’on continue d’y saisir les progrès et la marche de son esprit. […] Elle mérite de nous arrêter encore ; je n’ai fait que l’effleurer cette fois ; je continuerai à la faire connaître par extraits et à y dégager les belles parties, celles surtout qui sont propres à caractériser en lui l’ami sincère.

1020. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

En 1594, pendant que, se regardant de travers et prêts à en venir aux mains, le roi d’Espagne, la reine d’Angleterre et même le roi de France disaient tous les trois : Ma bonne ville de Paris, il continua et compléta Henri VI. […] La moquerie commença en France et l’oubli continua en Angleterre.

1021. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Dans toutes les sciences en général, le progrès a lieu d’une manière continue et en quelque sorte insensible, par additions ou réformes successives. […] On essaye de remplir l’abîme par la création continuée, les causes occasionnelles, la promotion physique ; on invente les émanations alexandrines, le process hégélien, etc.

1022. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Lasserre, qui, sous sa garantie personnelle, suffisante et obligatoire, nous présente Ernest Hello comme le plus grand génie qui ait existé depuis les Prophètes de Dieu et de la Bible, qu’il a la bonté de continuer… Mon Dieu, oui ! […] Il repart : « Il y a en Hello — continue-t-il — des hauteurs que je ne puis mesurer et des abîmes sur le bord desquels le vertige me saisit.

1023. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Je continue à croire que la principale vertu est l’effort de la raison pour voir les choses à leur place dans l’ensemble, pour les « remettre au point » en toute vérité et simplicité, et à mon détriment s’il le faut, quelque douloureux que ce soit, mais je ne crois pas que le monde soit pénétré de raison. […] Roger Cahen continue, renouvelle, élargit une conception de l’existence que nous avons tellement aimée, il y a un quart de siècle.

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