Les radicaux sont des rêveurs dépaysés dans les réalités ; l’impossible est leur punition : ils n’ont pas assez d’esprit pour comprendre les imperfections nécessaires des sociétés, composées d’êtres imparfaits. […] Encore une fois, voilà le divin Platon devenu utopiste en politique et voulant refaire l’œuvre de Dieu mieux que Dieu, et composant une société avec des rêves, au lieu de la composer avec les instincts de la nature ; et voilà ce que l’on fait admirer, sur parole, à des enfants pour pervertir en eux l’entendement par l’admiration pour l’absurde ! […] Il en avait l’instinct ; il en épela assez les principes pour composer plus tard le Devin du village, idylle grecque écrite et chantée par un pasteur suisse qui se souvient, en notes, du ranz des vaches de son hameau. […] ) Voilà un philosophe qui compose un système d’éducation exclusif pour l’aristocratie, cette exception du peuple, système tel qu’une nourrice de bonne maison n’oserait pas y débiter tant de chimères dans un conte de fées ; système tel qu’un Aristote, dans la cour d’Alexandre, aurait besoin pour le proposer et pour l’exécuter que chaque père et chaque enfant appartinssent à la caste des opulents dans un peuple de satrapes !
Ésope aurait dû en faire une fable.” » Cébès, un des interlocuteurs, lui demande à ce propos pourquoi, depuis qu’il est en prison, il compose des fables, des poésies, un hymne à Apollon. […] Notre âme existait en lui avant son existence terrestre, et ses instincts moraux ne sont que les réminiscences de sa préexistence, dans des conditions que nous ignorons, avant cette vie ; et si elle existait avant nos corps, elle doit aussi leur survivre, et l’impossibilité de la décomposer en parties atteste qu’elle est une, et par conséquent indissoluble et immortelle ; car la mort n’est que la dissolution des parties qui composent le corps : mais comment se décomposerait l’âme, qui n’est pas composée ? […] Elle gouverne tous les éléments dont on prétend qu’elle est composée, leur résiste pendant presque toute la vie, et les dompte de toutes les manières, réprimant les unes durement et avec douleur, comme dans la gymnastique et la médecine ; réprimant les autres plus doucement, gourmandant ceux-ci, avertissant ceux-là ; parlant au désir, à la colère, à la crainte, comme à des choses d’une nature étrangère : ce qu’Homère nous a représenté dans l’Odyssée, où Ulysse, se frappant la poitrine, gourmande ainsi son cœur : — Souffre ceci, mon cœur ; tu as souffert des choses plus dures. » On voit par cette citation, et par mille autres citations d’Homère dans la bouche de Socrate, que ce philosophe était bien éloigné de l’opinion sophistique de Platon proscrivant les poètes de la République, mais qu’au contraire Socrate regardait Homère comme le poète des sages, et comme le révélateur accompli de toute philosophie, de toute morale et de toute politique dans ses vers, miroir sans tache de l’univers physique, métaphysique et moral de son temps.
Les premiers vers qu’il composa, à l’imitation des lyriques grecs et latins, sur la solitude des forêts, sur les charmes de la nature, sur la paix religieuse du monastère de Port-Royal ; sur les hymnes traduites du Bréviaire, et enfin son ode sur le mariage du roi, intitulée la Nymphe de la Seine, sont des exercices très ordinaires d’un novice de l’art, et des imitations très pâles des odes de David ou de Pindare. […] Cette tragédie, toute composée de lambeaux mal cousus d’Eschyle, d’Euripide et de Sénèque, qui avaient traité avant Racine le même sujet, ne fut excusée qu’à cause des beaux vers et de la jeunesse du poète. […] On y renonça par respect pour leur pudeur ; mais Mme de Maintenon, qui ne renonçait pas à son plan d’amuser le roi, supplia Racine de composer exprès pour Saint-Cyr quelques-uns de ces chefs-d’œuvre irréprochables où la sévérité de son génie n’éclaterait que dans l’expression de passions pures et de sentiments pieux adaptés à l’âge, au lieu et à la sainteté de ces jeunes âmes. […] Racine venait faire à Mme de Maintenon de chaque scène à mesure qu’il les composait, j’en retenais des vers ; et comme j’en récitai un jour à M.
Mais, à coup sûr, nous ne pouvons pas ne pas lui être reconnaissants de nous avoir appris à « composer » ; et là, comme on le sait, dans cet équilibre de la composition, dans cette subordination du détail à l’idée de l’ensemble, dans cette juste proportion des parties, là sera l’un des traits éminents et caractéristiques de la littérature française. […] On ne compose plus de Fabliaux, et même les grands Mystères n’apparaissent que tout à fait à la fin de la période. […] Comment leur origine explique leur succès par leur nouveauté. — Longue influence des Romans de la Table-Ronde ; — leur diffusion à l’étranger ; — la compilation de Rusticien de Pise, 1270 ; — traductions, continuations, imitations italiennes, allemandes, néerlandaises, anglaises, espagnoles et portugaises. — Le Parsifal de Wolfram d’Eschenbach, et Tristan et Iseult de Gottfried de Strasbourg. — Pénétration réciproque du Cycle d’Arthur et du Cycle de la Croisade. — On met en prose les plus anciens Romans de la Table-Ronde ; — on en compose directement en prose, tels que Merlin, le Grand Saint Graal, etc. ; — ils deviennent sous cette nouvelle forme les sources d’inspiration des Amadis ; — et rattachent ainsi, par eux, le « roman » moderne et la littérature classique à la littérature et au roman du Moyen Âge. […] 2º Le Poète ; — et qu’en saluant en lui le seul ou le « premier » de nos « vieux romanciers » ; Boileau ne s’est pas trompé. — L’écolier parisien du xve siècle ; — ses aventures ; — et comment elles ont failli le conduire au gibet ; — il était peut-être à la veille d’être pendu quand il a composé sa Ballade des pendus et ses deux Testaments ; — quoique d’ailleurs dans la littérature de son temps le Testament soit une forme consacrée. — S’il a fait partie d’une bande de voleurs, — et qu’en tout cas il était « ès prisons » de La Charité-sur-Loire lors de l’avènement de Louis XI. — Il en sortit à cette occasion, et, de ce moment, on perd sa trace. — Mais on en sait assez pour affirmer que la grande supériorité de son œuvre tient à ce qu’il a « vécu » sa poésie.
Pourtant, plume en main (si tant est que lui-même il tînt la plume), ou en se disant qu’il allait dicter et composer, il était quelque peu gêné dans l’expression de ses pensées, et, bien qu’il en produisît le principal, il n’en donnait et n’en fixait qu’une partie : de vive voix, dans les occasions et en présence des gens, il était, on doit le croire, bien autrement large et abondant. […] Quant à Villehardouin, toujours dévoué au bien commun et à l’union de l’armée qui lui semble le premier des devoirs, il représente à merveille ce composé de bon sens, d’honneur et de piété qui consiste à remplir religieusement les engagements de tout genre, même humains, une fois contractés ; en chaque occurrence, il tâche, entre les divers partis proposés, de se tenir au meilleur ; et, s’il y eut une sorte de moralité dans l’esprit et la suite de cette croisade si étrange par ses conséquences, c’est en lui et autour de lui qu’il faut la chercher.
Pour n’en citer qu’un échantillon, voici ce qu’on lit dans un Dialogue entre Pasquin et Marforio, composé aussi bien que bon nombre de ces pamphlets d’alors, par Le Roux des Tillets, jeune médecin de la Faculté et des plus ardents, ancien ami intime de Fourcroy qu’il ne laisse pas de déchirer, et s’acharnant aussi sur Vicq d’Azyr. […] De telles paroles prononcées par lui le 27 janvier 1778, au moment où la querelle s’envenimait, était la plus délicate vengeance ; elles devaient être goûtées et applaudies d’un public composé de plus en plus de gens du monde, et qui en avait les mœurs.
Lorsque Ramond fit imprimer ces petits volumes à l’étranger, il avait déjà commencé son tour de Suisse ; mais la plupart des Élégies étaient composées bien auparavant, de 1773 à 1775, et quand il n’avait que dix-huit à vingt ans. […] Ces élégies portent quelquefois le caractère du pays où elles ont été composées.
Ce fut bien pis après sa charge et ce mariage (avec Mlle de Loewenstein) : sa fadeur naturelle, entée sur la bassesse du courtisan et crépie de l’orgueil du seigneur postiche, fit un composé que combla la grande maîtrise de l’ordre de Saint-Lazare que le roi lui donna. […] Oui, il serait à souhaiter qu’on en eût une pareille de tous les règnes, au moins de tous les grands règnes ; car ces mémoires « représentent avec la plus désirable précision, Saint-Simon le reconnaît un peu plus loin, le tableau extérieur de la Cour, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du roi, le gros de celle de tout le monde ».
Mais cette histoire, qui se composait de 140 ou 142 livres, et qui embrassait sans interruption la chaîne des temps depuis la fondation de Rome jusqu’au règne d’Auguste (ce règne y compris jusqu’en 744), a péri dans sa plus grande partie, et assurément dans la plus intéressante. […] Chacun de ses articles est composé et se tient ; il fait un ensemble.
Michelet poursuit sans relâche, à travers les récréations d’histoire naturelle qui le délassent plutôt qu’elles ne le détournent, la série des études qui ont pour objet de continuer et de compléter les premiers volumes de son Histoire de France, commencée en 1833, interrompue en 1844, et qui doivent bientôt la rejoindre à son Histoire de la Révolution, conçue et composée depuis lors dans le feu des agitations sociales et des tempêtes civiles. […] Les Fables de Fénelon, sous leur forme enfantine ; lues dans l’esprit qui les a fait composer et vues en situation, deviennent fort intéressantes.
Si l’on voulait se donner le spectacle de l’incertitude et de la fragilité du goût, même chez les plus savants hommes, et même en ces matières classiques, il suivrait de lire le jugement que porte le docte Huet de ce joli roman ; c’est dans sa Lettre à Segrais, en tête de ; il vient de parler de deux mauvais romans composés par des Grecs byzantins : « Je fais à peu près le même jugement, dit-il, des Pastorales du sophiste Longus ; car, encore que la plupart des savants des derniers siècles les aient louées pour leur élégance et leur agrément, joint à la simplicité convenable au sujet, néanmoins je n’y trouve rien de tout cela que la simplicité, qui va quelquefois jusqu’à la puérilité et à la niaiserie. […] « On ferait bien, concluait-il, de relire le livre une fois tous les ans, pour s’en renouveler l’impression dans toute sa fraîcheur. » Qu’il y ait eu un peu d’excès dans cette admiration pour une œuvre composée de tant de parties et d’éléments dès longtemps trouvés, que le puissant lecteur, tout plein d’harmonieux souvenirs, ait prêté un peu à cette production du déclin comme à un dernier né qu’on gâte et qu’on favorise, je l’accorderai aisément ; Goethe abondait dans son sens en exaltant si fort le perpétuel âge d’or de la Grèce : mais ce qui ne le trompait pas, c’était le sentiment régnant, respirant dans ce dernier ; tableau, et par lui reconnu et salué, de tout un monde idéal, serein, fortuné, à ciel fixe, à horizon bleu, — l’horizon de la mer de Sicile ou des mers de l’Archipel12.
Viollet-Le-Duc comme un adversaire et un ennemi, ont eu un art à part et, selon lui, incomparable, un talent unique, délié, fin, composé d’instinct et de réflexion, qui les a conduits dans tout ce qu’ils ont fait à choisir, à corriger, à rectifier, à épurer ; à s’approprier les emprunts mêmes, à les convertir, à les transformer ; à trouver l’expression la plus noble, la plus élégante ; à deviner, par la perfection des sens, des combinaisons de lignes que l’expérience a converties plus tard en lois de stabilité. […] Viollet-Le-Duc s’avance jusqu’à penser que l’édifice romain, en général, n’aurait guère plus de beauté, ne ferait guère plus d’effet, si on le suppose complètement restauré, et qu’il gagne plutôt peut-être à la ruine, puisque c’est par là encore que s’atteste le mieux son double caractère dominant, solidité et grandeur ; mais il maintient que ce serait le contraire pour les Grecs qui, eux, tenaient si grand compte dans tout ce qu’ils édifiaient des circonstances environnantes et des accessoires : « Le Romain est peu sensible au contour, à la forme apparente de l’œuvre d’art : ses monuments composent souvent une silhouette peu attrayante ; il faut se figurer la masse restaurée des grands monuments qui appartiennent à son génie pour reconnaître que, la dimension mise de côté, cette masse devait former des lignes, des contours qui sont bien éloignés de l’élégance grecque.
Berchoux y est remis à sa place pour ce poëme trop vanté de la Gastronomie, qui semble avoir été « composé en face d’un verre d’eau sucrée. » Il n’y a guère, en effet, que la forme de gastronomique dans ce badinage. […] L’Almanach des Gourmands, qui a succédé (1862), rapporta à son auteur un si grand nombre de cadeaux, bourriches, pâtés, etc., qu’il lui devint indispensable d’appeler autour de lui un jury dégustateur, composé d’hommes experts, « pour l’aider, disait-il, à se prononcer sur le mérite de ces envois. » Il faut voir comme il en parle.
Deux légères fautes qu’il avait commises dans les derniers temps y avaient été peu senties : l’une, c’était d’avoir composé et publié un poëme français, Hélène, qui ne donnait pas sa mesure, qui semblait pourtant la donner, et qui pouvait faire dire à ses critiques d’ici qu’il n’avait de talent qu’en patois et grâce à son patois ; l’autre faute, c’était d’avoir adressé un Poëme-Épître à M. […] Il y a eu de nos jours des recueils poétiques ainsi composés uniquement (ou presque uniquement) de sonnets ; on cite ceux de M. de Gramont, de M.
Le style de Racine convient à ravir au genre de drame qu’il exprime, et nous offre un composé parfait des mêmes qualités heureuses. […] Lope de Vega eut aussi une fille, et la plus chérie, qui se fit religieuse ; il composa sur cette prise de voile une pièce de vers fort touchante, où il décrit avec beaucoup d’exaltation les alternatives de ses émotions de père et de ses joies comme chrétien (Fauriel ; Vie de Lope de Vega).
Il composa les contes les plus indécents ; et la plupart des comédies italiennes sont infiniment plus libres qu’aucune pièce française. […] Pétrarque perdit sa mère lorsqu’elle n’avait encore que trente-huit ans ; il fit un sonnet sur sa mort, composé de trente-huit vers, pour rappeler, par l’exactitude de ce nombre, d’une manière assurément bien touchante et bien naturelle, le regret qu’il avait d’avoir perdu sa mère à cet âge.
Et puis, permis à Gœthe, un Allemand, de n’y point faire attention : mais enfin celui dont Ronsard expia les péchés, celui qui méconnut le génie de la langue, qui l’enfla d’inventions fantastiques jusqu’à « la faire crever », celui qui alla à l’encontre de tous les préceptes et de l’esprit du maître, ce fut Du Bartas ; on sait l’abus qu’il fit des composés : « guide-navire, échelle-ciel, brise-guérets, aime-lyre », et une infinité d’autres. […] On sait comment la Ménippée fut composée, après l’avortement des États de la Ligue, par quelques bourgeois, laïcs ou clercs, catholiques de naissance ou protestants convertis, braves gens, sans fanatisme et sans fanfaronnade, qui aimaient la France, le roi et leurs aises228.
Il se compose de deux parties distinctes : une préface où les idées s’exposent, et un roman qui les illustre. […] Bérenger, et on apprend aussi à composer des romans, comme des vers.
La morale ne se compose pas de principes plus ou moins bien exprimés. […] Des rabbis ayant chacun leur enseignement, Schemaïa, Abtalion, Hillel, Schammaï, Juda le Gaulonite, Gamaliel, tant d’autres dont les maximes ont composé le Talmud 267, apparaissaient de toutes parts.
Se souvenant des vœux qu’il a lus tant de fois chez les poètes latins de sa connaissance, et les combinant avec les siens, il en compose sa devise : Honnêtes gens, dit-il en s’adressant au docteur son ami, et dont vous êtes un si parfait modèle ! […] C’est une idylle rustique empruntée à la vie réelle, et peut-être imitée des Grecs, dans laquelle le poète nous représente un pauvre laboureur se levant avant l’aube et préparant avec peine, avant de se rendre à l’ouvrage, son mets frugal composé d’ail et d’autres ingrédients : c’est ce mets qui avait nom Moretum.
À une question qui lui fut faite sur un piano qui était dans la chambre et qu’on supposait pouvoir la distraire : « Non, monsieur, répondit-elle, ce piano n’est pas à moi, c’est celui de la reine ; je n’y ai pas touché, et je n’y toucherai pas. » À une autre question sur sa bibliothèque, qui se composait de l’Imitation de Jésus-Christ et de quelques livres de piété, et qui était peut-être insuffisante pour la désennuyer : « Non, monsieur, répondit-elle encore ; ces livres sont précisément les seuls qui conviennent à ma situation. » Ce moment qui s’écoula entre le 9 Thermidor et la délivrance de la princesse aux derniers jours de l’année 1795, fut celui où toute une littérature royaliste essaya d’éclore autour d’elle. […] C’est assez indiquer cette auguste physionomie que nul n’est tenté de méconnaître : solidité, bon sens, bonté, un certain fonds de gaieté, je l’ai dit, une simplicité parfaite, tels sont les traits dont se composait cette nature.
La pièce d’Abufar, la seule tout à fait originale qu’il ait composée, fut représentée en avril 1795. […] On a souvent raconté comment il échoua auprès de Ducis, qui refusa tout, le Sénat, la Légion d’honneur : Je suis, disait-il, catholique, poète, républicain et solitaire : voilà les éléments qui me composent, et qui ne peuvent s’arranger avec les hommes en société et avec les places… Il y a dans mon âme naturellement douce quelque chose d’indompté, qui brise avec fureur, et à leur seule idée, les chaînes misérables de nos institutions humaines.
Le premier, sans composer une œuvre, a maintenant publié le livre qui semble le dépositaire de son rêve philosophique : Le Bonheur. […] Or. c’est selon le vers alexandrin que se mesure l’instrumentation, — ce vers à la mathématique première et nécessaire, en tant que composé des valeurs deux et trois.
Au reste, ce n’est pas la première fois qu’on a vu un savant s’interroger avec curiosité sur les principes de la méthode, et on pourrait faire une curieuse histoire de la logique composée presque exclusivement des ouvrages des savants. […] Je ne cite d’ailleurs que les traités de méthodologie composés par les savants, car, si je voulais parler des philosophes, cette énumération serait interminable.
Peu à peu chacun se résoudra à se départir d’une portion de son intérêt, et la masse se composera. […] Un système d’êtres un peu composé ne change pas tout à la fois.
Ainsi le phénix se compose un bûcher symbolique de mille plantes odorantes, expire au milieu des flammes et des parfums, et renaît de ses poétiques cendres pour recommencer sa vie merveilleuse. […] Mais, ne craignons pas d’en faire la remarque, puisque l’occasion s’en présente, Voltaire a bien méconnu l’esprit des traditions lorsqu’il a composé sa tragédie de Mahomet.
Je ne sais de qui est cette observation sur l’énergie vitale : les éléments matériels dont se compose un être quelconque, ai-je vu quelque part, sont, tout le temps que dure la vie de cet être, en opposition avec les affinités chimiques ; et, lorsque la vie se retire, les affinités chimiques viennent se ressaisir de ces éléments pour leur imprimer de nouvelles combinaisons. […] V L’amour de la patrie se compose de l’attachement au sol et aux institutions ; au sol, parce que c’est l’homme qui le fait ce qu’il est, par le travail de ses mains ; aux institutions, parce qu’elles se sont ce qu’il faut qu’elles soient pour le protéger.
Il ne pourra s’empêcher de remarquer que le talent de composition a été inégalement réparti, non seulement entre les hommes, mais entre les nations ; que le roman d’un Français est composé autrement que celui d’un Russe, d’un Anglais, d’un Allemand. […] Il faut, chez un homme, ces dispositions que j’appellerai exclusives, pour qu’il perçoive et retienne chacun des détails dont se compose un paysage.
Même pour exprimer nos passe-temps divers Nous composons des vers. […] Faites d’un orateur un peintre : ses portraits seront sans vie ; il composera des dissertations, des démonstrations et des tirades.
Un grand inconvénient des Mémoires de Wagnière, c’est qu’ils ne forment pas un texte continu, mais sont composés de notes, commentaires, etc., ce qui en rend la lecture assez pénible.
Un jour que M. de Ségur était assis vis-à-vis d’elle dans sa voiture, elle lui témoigna le désir d’entendre quelques morceaux de poésie légère qu’il avait composés.
Berte aux grans piés est la fille chérie du roi Floire et de la reine Blanche-fleur de Hongrie ; accordée au roi Pépin en mariage, elle arrive avec sa suite composée de Margiste, espèce de gouvernante, d’Alice, fille de Margiste, et de leur cousin Tybert.
Qu’il soit donc admis que les considérations qu’on va lire, quoiqu’elles aient été composées pour la France en particulier, sont néanmoins susceptibles, sous divers rapports, d’une application plus générale.
Le comité de l’Odéon, composé de têtes si fortes, fut séduit par ce succès de société, qui était aussi un succès de réaction !
De petits Auteurs froids & composés auront beau disserter, raisonner, subtiliser, ressasser ces mots imposans de vûes justes & fines, de discernement sûr, de sentiment, de convenance, de sensibilité ; le Héros de notre Tragédie sera toujours en droit de dire, au sujet de ses sentimens & de sa Poésie : Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
. — Une gloire marchandée, versée à petits coups, convient peut-être aux écrivains à teintes grises dont vous voulez tracer un portrait composé de petites intentions rapprochées ; mais, s’il s’agit d’un poète véritable, lisez son livre et sachez vous incliner.
L’art d’écrire semble avoir suivi l’art de la peinture : la palette du poète moderne se couvre d’une variété infinie de teintes et de nuances ; le poète antique compose ses tableaux avec les trois couleurs de Polygnote.
Mais ou la raison ou l’instinct nous ont fait quitter ce goût très-propre à faire composer de mauvaises pieces par de bons auteurs, et les poëtes qui depuis quelques années ont voulu le renouveller n’y ont pas réussi.
Les personnes âgées soutiennent encore qu’une certaine cour étoit composée de femmes plus belles et d’hommes mieux faits qu’une autre cour peuplée des descendans de ceux-là.
Deux qualités positivement bonnes, supérieures et rares, et qui constituent à notre jeune poète une originalité meilleure que celle que nous lui composions plus haut avec les indigences de son génie !
Celles des Hébreux et des Chrétiens qui attribuent à la Divinité un esprit libre et infini ; celle des idolâtres qui la partagent entre plusieurs dieux composés d’un corps et d’un esprit libre ; enfin celle des Mahométans, pour lesquels Dieu est un esprit infini et libre dans un corps infini ; ce qui fait qu’ils placent les récompenses de l’autre vie dans les plaisirs des sens.
La comparaison des deux classes d’hommes qui composent ainsi la société naissante, fait naître l’idée de Vénus, déesse de la beauté civile, de la noblesse.
Elle se compose en grande partie de gens riches et distingués ou de fanatiques. […] La pensée consciente est une fonction de l’écorce cérébrale, tissu composé d’innombrables cellules nerveuses reliées les unes aux autres par les fibres nerveuses. […] Elle est dans tous les cas fausse, si le mot doit faire plus qu’évoquer dans la conscience le souvenir d’une aperception acquise par une perception propre, ou celui d’une notion composée d’aperceptions semblables. […] Semblables vers composés seulement de noms sont caractéristiques pour le mystique. […] Les mots qui composent la phrase forment une écholalie pure ; c’est un alignement de sons similaires qui s’appellent l’un l’autre comme des échos.
Y a-t-il une idée plus fantastique que celle d’une société, ayant ses lois propres, sa vie, son âme comme un corps organisé, indépendamment des membres qui la composent ? […] La foule est imbécile et paresseuse et se compose presque tout entière de moutons de Panurge. […] Et Jules Simon paraît trouver cette moyenne encore exagérée. « Il faut, remarque-t-il, trois mois au secrétaire perpétuel pour composer l’éloge du dernier mort. […] En 1670, c’est Racine qui était à la mode ; Thomas s’en aperçut à l’échec d’une Mort d’Annibal composée dans le goût de son frère. « Qu’à cela ne tienne ! […] Il s’agit ici de composer avec des cartes, j’allais dire avec des idées et des mots, une figure idéale qui ait sa logique intérieure et soit harmonieusement combinée.
Émile Faguet pour composer un livre. […] Il ne compose pas ; il juxtapose. […] * * * Aucune des qualités d’écrivain de Jules Renard ne le désignait pour composer un roman. […] L’émotion leur fait peur ; les discours sentimentaux ne composent pas l’ordinaire de leur vie. […] Il ne soupçonne pas que le bien naît de l’établissement d’un équilibre difficile, et que la raison doit composer avec les puissances diverses de l’humaine nature.
L’esprit d’Aristophane inspirait Shakespeare, inspirait Legrand, lorsqu’ils composaient leurs délicates fantaisies. […] « On a quelquefois demandé, dit Horace, si la comédie était ou n’était pas un poème, parce que respiration et la force ne s’y rencontrent, ni dans les mots, ni dans les choses, et qu’à la mesure près c’est une pure conversation toute semblable aux entretiens ordinaires… Ce n’est pas assez de composer des vers en termes élégants, mais ordinaires ; si, ces vers une fois rompus, tout père peut gronder du même ton qu’un père de comédie37. » La vérité est que toutes les œuvres de la comédie nouvelle sont poétiques et prosaïques à la fois : poétiques par la forme, prosaïques par le fond38. […] Ainsi composée, elle se divise en autant de genres différents qu’il y a d’éléments divers qui peuvent y dominer tour à tour. […] Je ne sais pas pourquoi on a laissé Diderot revendiquer pour lui le douteux honneur d’avoir inventé ce genre ; la plupart des pièces qui composent ce que la critique française appelle emphatiquement la haute comédie ne sont pas autre chose que des drames moraux, et nous leur trouverions au besoin des précédents et des modèles dans l’antiquité. […] Seulement, ils regardent ces fautes comme si légères, que, loin d’en faire à Molière l’objet d’un reproche sérieux, ils l’excusent, ils le louent presque d’avoir négligé l’intrigue au profit des caractères, à peu près comme si on approuvait un peintre de s’être affranchi, dans ses tableaux, du soin de composer et de grouper toutes les figures avec art, afin de pouvoir concentrer son étude sur la ressemblance de chacune d’elles avec son modèle.
Est-ce l’esprit, l’imagination, la critique, l’art de composer, le talent de peindre ? […] En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Le Tribunat fut composé des hommes plus jeunes qui conservaient plutôt le décorum que la passion de la liberté. […] Elle se composait, en immense majorité, de ces vieux soldats qui, sous les ordres de Pichegru, Kléber, Hoche et Moreau, avaient conquis la Hollande, les rives du Rhin, franchi plusieurs fois ce fleuve et paru même sur le Danube. […] Tous les caprices de l’opinion, excités par les mille stimulants de la presse quotidienne, et réfléchis dans un parlement où ils prennent l’autorité de la souveraineté nationale, composent cette volonté mobile, tour à tour servile ou despotique, qu’il est nécessaire de captiver pour régner soi-même sur cette foule de têtes qui prétendent régner !
Ne consiste-t-elle pas plutôt dans la conscience que prend l’animal d’une certaine attitude spéciale adoptée par son corps, attitude que ses rapports familiers avec son maître lui ont composée peu à peu, et que la seule perception du maître provoque maintenant chez lui mécaniquement ? […] Mais tandis que notre perception visuelle était celle d’un tout continu, le mouvement par lequel nous cherchons à en reconstituer l’image est composé d’une multitude de contractions et de tensions musculaires ; et la conscience que nous en avons comprend elle-même des sensations multiples, provenant du jeu varié des articulations. […] Le schème imaginatif, composé de quelques sensations musculaires naissantes, n’était qu’une esquisse. […] S’étant remis à composer, il refit à peu près les mêmes vers. […] Ils raisonnent comme si une phrase se composait de noms qui vont évoquer des images de choses.
— Absolument, en l’enveloppant d’une fable qui n’en est point une, puisque tous les faits que j’ai groupés, et dont je l’ai composée, ont été constatés. […] « Nous traversons, me dit Uranie, le système solaire de Gamma d’Andromède, dont tu ne vois encore qu’une partie, car il se compose en réalité, non de ces deux soleils, mais de trois, un bleu, un vert et un jaune-orange. […] comptez, dans cette seule petite commune, qui se compose à peu près d’un millier de personnes, restent neuf cent soixante pour lesquels cette date rappelle la ruine, l’assassinat de leurs parents et de leurs amis. […] Notre tort est donc de peu connaître la Russie que nous aimons, et pourtant, rien ne nous est plus facile aujourd’hui que de pénétrer dans les vastes contrées qui la composent, par la lecture de leur histoire. […] Comprenant l’impossibilité de diriger sur une autre candidature réactionnaire le courant de l’opinion, ce Comité, composé de royalistes bien plus que d’impérialistes, très rare, encore dans les classes élevées, soutenait résolument celle du Prince.
En cet évertuement à composer notre énergique unité réside le devoir humain, et en son plus ou moins de réalisation la seule méritoire sanction. […] à propos (le ton devenait gouailleur), vous écrivez une œuvre, une Œuvre, tout un plan, quelque chose de composé, de coordonné ! […] Sarcey le représente, comme n’ayant jamais composé qu’une seule romance. Or, Scudo en composa des masses toutes plus, insipides les unes que les autres. […] L’Imagination, exercice du Moi, ne peut établir que des concordances relatives : ce Moi qui alors, composera analogiquement un univers à l’image seulement de sa sensibilité imaginative.
., ont composé la cérémonie ; on a fait des discours en plein air par un froid très-vif.
Comment se composait-elle ?
Tissot les avait plus récemment composées, il les eût relevées, n’en doutons pas, par quelques-unes de ces idées qui sont vraiment de notre temps, et qu’il ressent lui-même avec une si honorable chaleur.
Un tel plaisir ne se peut expliquer que par un éveil de l’antique férocité animale chez « l’élite de la jeunesse française », et par ce fait qu’une réunion d’hommes est plus méchante et plus inepte que chacun des individus qui la composent (meilleure aussi en certains cas, mais c’est infiniment plus rare).
La Naissance du Poète, avec Un jour et les Vers, lui composent une œuvre enviable, car elle a été pensée dans la solitude et dans le loisir.
Interdit du théâtre, il s’était jeté dans les sciences et avait composé l’Atlantide ; pauvre, il monta dans la chaire de l’Athénée ; il dota les lettres françaises de ce Cours de littérature qui est un des plus beaux monuments que la science de l’antiquité ait élevés parmi nous.
Sans préjuger si j’y parviendrais, le désir me fait complètement défaut de composer sur Goncourt le grand article historique et critique.
Victor, qu’elle commandoit, notre Héroïne chargea, avec tant de résolution & d’intrépidité, le bataillon Franc-Prussien de Rhées, composé de 800 hommes, qu’elle le força à mettre bas les armes, & le fit prisonnier.
Ne croyez pas qu’il y ait rien d’arbitraire dans le nombre de parties dont se compose ce tout, ce mystérieux microcosme que vous appelez drame ou roman.
Elles composèrent ce gros volume qu’il publia sous le nom de Repplique.