Déjà la forme négative du principe de Clausius empêche que ce principe n’engendre une détermination complète. […] Le premier de ces deux principes est confirmé par l’expérience immédiate ; car, dans une transformation chimique, on observe un changement complet de propriétés qualitatives. […] L’évolutionnisme, au contraire, se présente comme un système complet, à la fois scientifique et philosophique, où la finalité doit être, d’un bout à l’autre, remplacée par le mécanisme. […] Par la dépendance du moral à l’égard du physique, on entend au fond la réduction aussi complète que possible du moral au physique. […] C’est l’achèvement de la troisième conception : la société considérée comme œuvre naturelle, à l’exclusion complète de l’art.
Les plus beaux drames de Shakespeare, ses dénouements les plus tragiques, ne seraient pas complets sans une enquête. […] Pour des Français, cela ralentirait le dénouement ; pour des Anglais, cela complète la vérité et satisfait la conscience publique. […] Bien au contraire, il la complète. […] L’état de santé complète est plus rare qu’on ne croit. […] La voix de ténor, qui est la plus étendue et la plus complète, exige une constitution robuste, une large poitrine bombée.
Il faut pour s’attaquer à un principe si fortement enraciné une théorie complète de l’art tel qu’il doit être — théorie qui n’a point encore pris une consistance suffisante, qu’on n’a peut-être pas tout à fait aperçue — mais qui sera comprise. […] Des infortunes, nul n’en ignore et on nous dispensera d’en faire le tableau, lequel risquerait fort, d’ailleurs, de n’atteindre pas à la vérité, à l’expression complète. […] On la veut complète et partout. […] La science, jusqu’à présent, n’a guère produit dans l’ordre des faits humains que des matériaux en nombre considérable, soit, et le grand architecte n’est pas encore venu qui en fera s’élever dans les esprits le monument complet, représentatif de l’univers sous toutes ses formes et sous l’interprétation que nous en devons naturellement avoir. […] À ces différentes parties que nous venons de distinguer dans l’opération complète d’instaurer la vérité sur les ruines de la réalité, s’en joint une autre non moins importante, quoique d’un ordre différent.
« Voilà une application complète de la méthode de concordance : elle établit une liaison invariable entre l’apparition de la rosée sur une surface et la froideur de cette surface comparée à l’air extérieur. […] Il complète sa construction mentale et sa figure sensible, en conduisant, par le sommet du triangle et parallèlement à la base, d’une part une ligne idéale, d’autre part un tracé physique entre lesquels il y ait aussi une correspondance grossière. […] Il nous a suffi partout d’examiner avec attention notre construction mentale, pour y démêler des conditions sous-entendues, l’identité latente d’une donnée et d’une autre, l’indifférence latente d’un caractère qui semblait séparer les deux données, identités et indifférences non aperçues par nous, parce que notre supposition ne les avait pas expressément énoncées, mais qui n’en étaient pas moins incluses tacitement dans notre hypothèse et qui, avant d’être mises à nu, révélaient leur présence secrète par l’inclination invincible qu’elles imprimaient à notre croyance et par l’évidence complète dont elles illuminaient notre jugement. […] Nous sommes donc tenus de les employer avec précaution quand nous les appliquons à la nature, et, pour les appliquer avec profit, nous devons toujours nous reporter à leur origine. — Par exemple, pour construire l’espace, nous avons d’abord supposé un point qui se meut vers un seul et unique autre point, et nous avons ainsi fabriqué la ligne droite ; nous avons ensuite supposé que cette droite se mouvait en traçant par tous ses points des droites égales entre elles, et nous avons ainsi fabriqué la surface plane ; nous avons enfin supposé que cette surface se mouvait en traçant par tous ses points des droites égales entre elles, et nous avons ainsi fabriqué le solide géométrique ou l’espace complet. […] Nous n’en savons rien ; nous ne pouvons rien préjuger ; là-dessus, toute assertion ou négation serait gratuite ; le champ est libre pour les hypothèses, et il appartient à l’hypothèse qui s’accordera le mieux avec les faits observables. — En somme, entre le réceptacle préconçu et le réceptacle observé, la coïncidence est grande ; il y a même des chances pour qu’elle soit complète : car, si nous avons créé le fantôme interne, nous l’avons créé avec des éléments empruntés à la réalité externe, avec les éléments les plus simples et combinés de la façon la plus simple.
Vos organes, imprégnés de nous, devenus plus subtils, ont tous concouru à former cette âme qui fait de vous des hommes plus complets parce que souffrant davantage, parce que pensant davantage. […] L’artiste complet se doit de produire beaucoup : c’est par la fécondité que se marque sa puissance. […] Léon Dierx : Poésies complètes, 2e volume (chez Lemerre). — M. […] Il faut dire cependant que, dans ce deuxième volume de ses œuvres complètes, les Paroles d’un vaincu ne retiennent plus guère. […] N’importe qui, doué de quelques idées générales, peut les démolir en six lignes ; toute école qui en tenterait la rénovation échouerait : pour preuve l’échec complet de l’école romane.
30 Surnoms blessants, familiarités ironiques, insultes ouvertes, le roi trouve d’abord une provision complète de paroles amères ; habitué à mépriser, il est habile à offenser, et fait aussi naturellement l’un que l’autre. […] 46 Son coeur d’épouse se complaît aux regrets du roi, et cet honneur qu’elle a de toucher une âme invincible ajoute à sa félicité céleste, qui sera complète le jour où son glorieux époux viendra la rejoindre pour s’asseoir auprès d’elle sur un trône plus pur. […] Tel est le portrait complet du courtisan. […] Un grand gouvernement systématique et complet qui vit de ses sujets et fait vivre ses fonctionnaires, forme le réservoir où affluent toutes les bonnes choses ; et c’est là que les habiles vont puiser, quel que soit le régime.
Le présent de l’ambassadeur des Lesqui consistait en cinq beaux jeunes garçons, vêtus de brocart, en une chemise de maille et en une armure de cavalier complète. […] La calate de l’ambassadeur de Moscovie consistait en un beau cheval, avec le harnais d’argent doré, la selle et la housse en broderie ; en trois habits complets de brocart, l’un à fond d’or, l’autre à fond d’argent, l’autre à fond de soie ; et en neuf cents pistoles, moitié comptant, moitié en étoffes. Celle de l’envoyé de la Compagnie des Indes orientales de France consistait en un cheval nu, sans harnais, en quatre habits de brocart, deux complets à fond d’or et à fond d’argent, deux à fond de soie non complets, et en cinq cents pistoles, moitié comptant, moitié en étoffes.
D’abord la déclaration du publiciste à la mère, qu’il ne peut faire le bonheur complet de sa fille. […] Enfin le retour en France et la vie commune, où au bout de quelque temps il dit tout à coup à sa femme : « Mais ne trouvez-vous pas qu’un intérieur où il n’y a pas d’enfant, ce n’est pas complet ? […] Rien de l’épanouissement complet d’une franche félicité. […] Ma cousine a une fille, une Parisienne très élégante, et qui a la réputation d’être une des femmes de la capitale qui se mettent le mieux, puis, un garçonnet que j’aime de tout mon cœur, mais un type complet de ce temps, un garçon qui blague tout, avec des facéties du Palais-Royal… Ah !
Mais ici la rapidité n’est plus la même : c’est le complet auquel aspire l’historien dorénavant formé par la connaissance des affaires, et devenu à son tour homme d’État.
L’ouvrage est de beaucoup le plus ample, le plus complet en ce genre qui ait été conçu et exécuté jusqu’ici chez nous.
Je ne vous promets pas de trouver la solution ; mon but seulement est de faire des essais sur cette recherche. » Nous avons retranché de ce résumé rapide, mais complet, les développements brillants donnés par le professeur.
Dans l’absence totale de parti pris, dans l’état de dissémination et de dispersion complète où en est cette littérature, la moindre attraction venue du centre la ferait rentrer et se mouvoir dans l’orbite des choses régulières, du moins quant à son ensemble.
Aristote est dans l’ignorance la plus complète sur toutes les questions générales que l’histoire de son temps n’a point éclaircies ; il ne suppose pas l’existence du droit naturel pour les esclaves.
Ce qu’il s’agit de savoir, c’est si les Philosophies de l’Art, les Traités complets d’Esthétique, les livres qui s’intitulent Science du Beau, justifient leur titre.
La moindre impression personnelle, qui nous fait sentir l’Âme d’un homme du passé comme nous sentons celle d’un vivant de notre connaissance, fût-ce de la même imparfaite et faible façon, vaut mieux que la servile répétition des plus complets jugements qu’on a portés sur lui.
Henri de Régnier a collaboré à presque toutes les « petites revues » tant françaises que belges, que suscita le mouvement dit « symboliste », et l’on trouvera en fin de ces lignes l’état à peu près complet de cette collaboration.
J’entends bien que chaque Poète ne crée pas à nouveau l’univers, mais il le crée en partie pour ceux qui savent le lire et le compléter ; il le créerait totalement si son œuvre était l’Œuvre définitive à laquelle toute l’humanité travaille, et il peut même en donner une image complète dans le domaine restreint qu’il s’est choisi, si, en ces justes limites, son œuvre est parfaite.
Mais la grande innovation qu’il faut remarquer et qui nous oblige de fixer à cette date le point de départ d’une nouvelle période dans l’histoire de la comédie italienne à Paris, c’est que ces acteurs commencent alors à insérer dans leurs pièces des scènes en français, des chansons en français, ce qui amène peu à peu une transformation complète dans leur répertoire.
La Plume s’annexe au grand complet la rédaction d’Art et critique qui cesse de paraître et, sortie de l’inévitable chaos primitif, organise une série de rubriques dont elle énumère avec satisfaction les titulaires, savoir : Critique littéraire. — Anatole France, Maurice Barrès, Charles Morice, Georges Lecomte, Camille Mauclair.
En chimie, on soumet un corps à chacun de nos sens pour en déterminer les caractères distinctifs : il y a lieu de soumettre un style à une enquête semblable et plus complète encore, parce que nous avons affaire ici à quelque chose de vivant.
Celui d’Horace n’est ni un Poëme, ni un Traité complet des regles de la Poésie ; ce n’est qu’un Recueil de réflexions, une Epître sans plan, sans méthode, sans liaison.
Odes et Ballades, in Œuvres complètes de Victor Hugo.
» Ce passage est très curieux, en ce qu’il renferme une exposition claire, précise et complète du problème, non pas de la formation des langues, mais de leur existence.
De cinq volumes, réduits aujourd’hui en un seul, ils allécheront encore, tels qu’ils sont, les connaisseurs qui goûtent l’esprit qu’on a sur une cuillerée, mais ils ne donnent plus l’idée complète, l’idée exacte de ce que fut le comte de Vaublanc.
… Ce qu’il y a de personnel et d’intime dans cette Correspondance donnera-t-il une idée complète d’un esprit qui était surtout une personne ?
Elle est générale, en effet, le but de l’auteur étant plutôt d’indiquer des principes et une tendance que d’édifier une systématisation complète : « Que tous les chefs d’industrie ou d’ateliers, que tous les ouvriers de chaque profession — dit-il — se réunissent et rédigent ce qu’on appelait autrefois des cahiers, où ils inscriront librement, également et fraternellement, en réunions particulières, les besoins généraux de leur industrie… Ces cahiers des ouvriers, ainsi que ceux des fabricants, devront servir de base à l’organisation du travail que l’Assemblée nationale va être appelée à édifier sur les ruines du monopole et de l’individualisme.
Œuvres complètes (Constitutionnel, 20 août 1868).
Henri Murger Œuvres complètes.
Consolation qui n’est jamais complète, et c’est son charme, — un homme consolé est presque aussi plat qu’un homme heureux, — résignation plutôt, chose que je ne vanterai jamais assez, tant elle est rare, et dont le poète est doué en M. de Châtillon, comme s’il avait été élevé auprès du rouet de quelque bienfaisante Fée pauvre !
Et c’est enfin, pour trancher vivement sur tout cela, sur tous ces prismes qui composent son prisme, un Rivarol de métaphysique pittoresque, mais bien plus complet et bien plus étonnant que Rivarol.
Et ce serait l’acheminement fatal vers une refonte complète de nos conceptions coutumières et néfastes de peuples et de patries.
IX Comment ce phénomène si unique de l’identification complète de la raison publique et du gouvernement, de la pensée privée et de l’action sociale s’est-il opéré entre le Thibet et la grande Tartarie, aux antipodes de notre monde occidental ? […] Il feuillette jour et nuit les Kings, ces livres historiques et sacrés dont les textes mutilés ou à demi effacés avaient disparu à moitié de la mémoire des peuples, il les recouvre, il les restitue, il les commente, il les complète et il dit à ses contemporains corrompus : « Lisez et admirez, voilà l’âme, les lois, les mœurs de vos ancêtres, conformez votre âme, vos lois, vos mœurs nouvelles à leur exemple et à leurs préceptes. » Voilà toute la révélation de Confucius ; c’était celle qui convenait par excellence à une race humaine aussi exclusivement raisonneuse et aussi dépourvue de vaine imagination que le peuple chinois. […] Ces entretiens entre le roi et son ministre sont un code complet de politique appliquée.
Les uns ont été plus poètes, les autres aussi éloquents, quelques-uns aussi politiques, ceux-ci aussi philosophes, ceux-là aussi écrivains ; mais nul, sans en excepter Voltaire, n’a été, dans tous les exercices de la pensée, de la parole ou de la plume, aussi vaste, aussi divers, aussi élevé, aussi universel, aussi complet que Cicéron. […] IV Aucune forme de gouvernement, autant que la république romaine, ne fut propre à former ces hommes complets, tels que nous venons de les définir dans le plus grand orateur de Rome. […] L’abstention complète eût été plus digne, l’exil même eût été plus stoïque : c’est sur cette époque de sa vie que les admirateurs de Cicéron auraient eu besoin de jeter un voile d’indulgence.
J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art se découvraient à moi chaque jour de plus en plus. […] Il ne créait plus, — je n’appelle pas création cette seconde et éternelle partie de Faust, — mais il revenait sur lui-même, il revoyait ses écrits, préparait ses Œuvres complètes, et, dans son retour réfléchi sur son passé qui ne l’empêchait pas d’être attentif à tout ce qui se faisait de remarquable autour de lui et dans les contrées voisines, il épanchait en confidences journalières les trésors de son expérience et de sa sagesse. […] Je devais attendre de la fortune le retour des heures où le passé revivait et se représentait devant moi, où je jouissais d’une énergie intellectuelle assez grande, d’un bien-être physique assez complet pour élever mon âme à cette hauteur à laquelle il faut que je parvienne pour être digne de voir de nouveau reparaître en moi les idées et les sentiments de Goethe. — Car j’avais affaire à un héros que je ne devais pas abaisser.
Si la société est mauvaise en son principe, et si tout son progrès a été de devenir plus mauvaise, il suit de là que le signe de l’état social le plus avancé est un indice de corruption plus complète. […] L’Emile, avec toutes les corrections de détail qu’il nécessite, est le plus beau, le plus complet, le plus suggestif traité d’éducation qu’on ait écrit. […] Mais, de plus en plus, pour notre âme nourrie de science, et à qui la science aura dit loyalement ses limites, il n’y aura pas de culture complète, si une fois au moins en la vie n’a été posé et résolu le problème religieux : et ce sera en effet l’acte final de l’éducation.
Si puissant et si complet fut ce siècle prétendu stupide qu’il laisse au nôtre la tâche singulièrement difficile. […] Il est si puissant, si complet (É. […] Il est l’héritier le plus complet de sa passion et de son vocabulaire, de sa substance et de son esprit.
Ces objections sont d’autant plus sérieuses que je reconnais tout le premier que la science, pour arriver à ce degré où elle offre à l’âme un aliment religieux et moral, doit s’élever au-dessus du niveau vulgaire, que l’éducation scientifique ordinaire est ici complètement insuffisante, qu’il faut, pour réaliser cet idéal, une vie entière consacrée à l’étude, un ascétisme scientifique de tous les instants et le plus complet renoncement aux plaisirs, aux affaires et aux intérêts de ce monde, que non seulement l’homme ignorant est radicalement incapable de comprendre le premier mot de ce système de vie, mais que même l’immense majorité de ceux qu’on regarde comme instruits et cultivés est dans l’incapacité absolue d’y atteindre. […] Or tous seraient comme nous, si tous avaient notre culture, si tous possédaient comme nous l’idée complète de l’humanité. […] Jouffroy a dit cela d’une façon merveilleuse dans cet admirable discours sur le scepticisme actuel, que je devrais transcrire ici tout entier, si je voulais exprimer sur ce sujet ma pensée complète : « Chacune de nos libertés nous a paru tour à tour le bien après lequel nous soupirions, et son absence la cause de tous nos maux.
Je regrette de ne pouvoir indiquer à mes lecteurs une biographie dans laquelle ils trouveraient le récit et l’image complète de cette vie du maître à Zurich, de 1850 à 1859 ; je n’en connais point. […] J’admettrais tout d’abord volontiers qu’une certaine souplesse dans la langue, une complète absence de tout effort visible, est peut-être due à une plus parfaite maîtrise chez l’auteur ; cela n’aurait rien que de naturel. […] La gamme est encore plus complète, naturellement, chez Tristan et chez Isolde.
L’étude de chaque cas est donc ainsi complète et l’on peut en tirer des enseignements qui réagiront à leur tour sur le progrès de la science de l’esprit. […] Il n’en est pas moins vrai que l’observation artistique ne saurait se passer de cet élément et se distingue, précisément parce qu’elle est accompagnée d’émotions, de sympathies et d’antipathies dictées par le tempérament, de l’observation scientifique qui est purement perceptive et intellectuelle, partant plus complète et meilleure, mais sans contenu émotionnel, c’est-à-dire sans caractère artistique. […] L’observateur, le spéculatif, le sentimental se heurtaient et le blessaient ; il fut ainsi de tous côtés à la fois, un exemple complet du pessimisme littéraire.
À l’absence complète de toute autre sensibilité que la sensibilité des sens et des instincts, correspond en lui la foi complète et avouée dans l’éternité du sommeil de la mort. […] IV Les Marrons du feu sont une débauche complète de poésie et de licence qui dépasse en talent et en scandale d’images Don Paez.
Mais cette apparence de destruction complète ou de résurrection capricieuse tient simplement à ce que la conscience actuelle accepte à chaque instant l’utile et rejette momentanément le superflu. […] Mais chacune de ces coupes est plus ou moins ample, selon qu’elle se rapproche davantage de la base ou du sommet ; et, de plus, chacune de ces représentations complètes de notre passé n’amène à la lumière de la conscience que ce qui peut s’encadrer dans l’état sensori-moteur, ce qui, par conséquent, ressemble à la perception présente au point de vue de l’action à accomplir. […] L’idée que le corps conserve des souvenirs sous forme de dispositifs cérébraux, que les pertes et les diminutions de la mémoire consistent dans la destruction plus ou moins complète de ces mécanismes, l’exaltation de la mémoire et l’hallucination au contraire dans une exagération de leur activité, n’est donc confirmée ni par le raisonnement ni par les faits.
Le libertin reste sociable, poli et prévenant ; sa gaieté n’est complète que par la gaieté des autres543 ; il s’occupe d’eux aussi naturellement que de lui-même, et, par surcroît, il reste alerte et dispos d’intelligence ; les saillies, les traits brillants, les mots heureux petillent sur ses lèvres : il pense à table et en compagnie, quelquefois mieux que seul ou à jeun. […] Denham, puis Roscommon, dans un poëme complet, enseignent l’art de bien traduire les vers. […] La seconde continue la première, la troisième achève la seconde, la quatrième complète le tout ; un courant s’est formé qui nous porte, nous emporte et ne nous lâche plus. […] Une fois que l’arbre est planté, il subsiste, maigrement sans doute, avec de longs intervalles de sécheresse presque complète et d’avortements presque constants, destiné pourtant à des renouvellements imparfaits, à des demi-floraisons passagères, parfois à des productions inférieures qui bourgeonnent dans ses plus bas rameaux. […] Il y a toujours chez lui une comédie complète amalgamée grossièrement avec une tragédie complète.
Et, pour sortir du domaine métaphorique, — quelle plus parfaite bêtise régna jamais que de nos jours ; quelle plus complète, pondérée, logique et triomphante bêtise régna jamais que dans cette fin d’un siècle qui promettait mieux, en vérité ! […] Le recueil complet des poésies d’Arthur Rimbaud, qui vient de paraître ces jours-ci, est « enrichi » d’une préface de votre serviteur, en place de l’odieux factum imprimé il y a quelques années chez l’éditeur Genonceaux, en tête d’un volume bâti de bric et de broc, à coup de fausses citations et de fautes typographiques et intitulé, sans souci qu’il existât de par le monde un poète de quelque renom, s’appelant François Coppée, le Reliquaire. […] Les Poésies complètes débutent par une pièce tout à fait jeune, presque jeune fille les Étrennes des Orphelins. […] Je suis l’ami absolu, sinon le complet partisan des poètes de la « brigade » dite École Romane. […] Cela va jusqu’à l’abandon le plus complet de soi et fait parler un peu les délicatesses des hommes de M.
C’est une réhabilitation complète, mais une réhabilitation discrète, mesurée, conduite avec autant de goût que d’érudition ; et par-dessus tout une réhabilitation nécessaire. […] Et l’exposition, suivie et complète, atteint une netteté, une ampleur, une force même que ses pièces éparses ne sauront conserver. […] Cette liste est longue, et elle est loin d’être complète. […] La Bruyère, plus vaste et plus complet, avait des qualités mieux appropriées encore au goût du public. […] La comédie du xviiie siècle nous fournira-t-elle moins une peinture vive, expressive, complète de la réalité extérieure ?
Mais le christianisme s’accommode très bien du scepticisme comme d’un découragement, qu’il prépare, et du pessimisme comme d’une vue générale des choses, qu’il complète. […] » — Je ne dis cela que pour être complet et consciencieux, et je relis le premier livre des Martyrs. […] Au point de vue philosophique, elle ne lui permet pas d’avoir une vue complète, large par conséquent et puis santé, des choses. […] Le poète complet doit sortir constamment de lui-même, à la condition d’y savoir rentrer quand il veut. […] Mais il faudrait pour être complet, s’il était possible de l’être avec un tel homme, parler de Victor Hugo cessant d’être lui, assez sûr de ses ressources d’écrivain pour s’essayer et se jouer à d’autres styles que le sien, et y réussissant à merveille.
L’enfance paraît claire, limpide, spontanée, elle se livre, elle a sa vie et sa logique à elle, qui sont harmonieuses et complètes. […] La semaine parisienne n’eût pas été une table complète sans cette salière, sel de cuisine d’un côté, sel fin de l’autre. […] D’ailleurs le roman seul entre dans la vie intérieure avec tout le recul, l’indépendance et les moyens d’animation nécessaires pour la disposer sur le plan complet et vivant d’une œuvre d’art. […] Les quatre héros de L’École des indifférents et de Simon le Pathétique forment un tout complet qui, d’être unique, demeurera plus exquis. […] On souhaiterait par exemple une bibliographie analytique et complète des romans sur l’armée, ou sur l’Université, ou sur les bureaux.
M. de Loménie les analyse et en publie deux au complet à la fin de son livre. […] Couat, était avant tout pour lui de la littérature » ; et ce qui le prouve, c’est sa réconciliation subite et complète avec le vainqueur de Pompée et de la république : César n’eut qu’à l’inviter à dîner. […] Guizot fût complète pour décerner à son auteur un prix de vingt mille francs. […] C’est dans Raphaël une page bien touchante, qui complète utilement la correspondance en expliquant le cynisme de quelques exclamations un peu cavalières : « Je me f… de la gloire… De tous les néants, c’est le plus néant… J’en voudrais, si je vivais, pour me faire de l’argent ! […] Un jour, Mérimée rencontra un homme en qui l’absence complète de bêtise lui causa un véritable ravissement.
Le génie dans la vie, entendez licence complète. […] Cet essai est l’un des exposés les plus complets de la vision marxiste du monde et de la politique. […] Citation extraite de Lautréamont, Poésies II, in Œuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2009. […] Paul Eluard, Poèmes pour la paix in Œuvres complètes, op. cit. […] Paul Eluard, Nécessités de la vie et conséquences des rêves, in Œuvres complètes, op. cit.
On ne voit pas que, si l’affirmation est un acte complet de l’esprit, qui peut aboutir à constituer une idée, la négation n’est jamais que la moitié d’un acte intellectuel dont on sous-entend ou plutôt dont on remet à un avenir indéterminé l’autre moitié. […] Il en faudrait faire abstraction complète, pour dissiper d’un seul coup les absurdités théoriques que la question du mouvement soulève. […] Ainsi s’obtient la Science, laquelle nous apparaît, complète et toute faite, dès que nous remettons notre intelligence à sa vraie place, corrigeant l’écart qui la séparait de l’intelligible. […] Il y a entre ces deux sciences le même rapport qu’entre la notation des phases d’un mouvement par l’œil et l’enregistrement beaucoup plus complet de ces phases par la photographie instantanée. […] Sans doute, cette réalisation n’est jamais complète : c’est ce que la philosophie antique exprime en disant que nous ne percevons pas de forme sans matière.
On a entendu la plainte profonde du talent ; et lorsque ce talent réussit à se faire jour et à trouver des sujets tout préparés qui se détachent au milieu de ces exubérantes images, l’ivresse est complète, et il semble qu’il ne manque rien à la jouissance du promeneur. […] Émile Montégut, pourqu’on arrivât en France à une interprétation si intime, si complète dans le meilleur sens, et à la fois si exempte de danger.
Il nous apprend, par exemple, à quel point les Martyrs de Chateaubriand, que nous savions bien n’avoir pas réussi au gré de l’auteur et de ses amis, ont été et ont paru une chute, une vraie chute, « la plus brillante dont on eût été témoin », mais une chute complète et avouée des amis eux-mêmes. […] Il est à regretter que cet entretien dont on n’a cité que des fragments, mais dont Sismondi avait envoyé un récit complet à sa mère, et qui s’ajouterait si bien à ceux que Benjamin Constant nous a transmis dans ses Lettres sur les Cent-Jours, n’ait pas été donné en entier.
Mais comme ce mérite d’être irréprochable tient surtout en ce cas-là à un moindre déploiement poétique, je persiste à le préférer dans sa complète et, si l’on veut, inégale manière. […] Cette alternative de doute et de foi a fait longtemps de ma vie un mélange de désespoir et d’ineffables délices. » Voilà en ces deux mots l’histoire religieuse d’une âme qui est le type complet de beaucoup d’âmes venues depuis.
Nous sommes de son avis en cela, et il nous semble qu’en ce qui touche les portions toutes romanesques de la vie des grands hommes, s’il y a peu à faire pour les rendre plus complètes et harmonieuses, il est permis de l’oser ; mais un goût parfait, une discrétion extrême, devraient présider à ces légères et chastes atteintes. […] Il s’est laissé fléchir en effet : j’ai pu, bien des années après, grâce à son obligeance, écrire pièces en main de complets articles sur ce sujet : Mirabeau et Sophie.
Jusqu’à la fin du règne, la désaffection va croissant. « En 1744, dit le libraire Hardy, pendant la maladie du roi à Metz, des particuliers font dire et payent à la sacristie de Notre-Dame six mille messes pour sa guérison ; en 1757, après l’attentat de Damiens, le nombre des messes demandées n’est plus que de six cents ; en 1774, pendant la maladie dont il meurt, ce nombre tombe à trois. » — Discrédit complet du gouvernement, succès immense de Rousseau, de ces deux événements simultanés on peut dater la conversion du Tiers à la philosophie579 Au commencement du règne de Louis XVI, un voyageur qui rentrait après quelques années d’absence, et à qui l’on demandait quel changement il remarquait dans la nation, répondit : « Rien autre chose, sinon que ce qui se disait dans les salons se répète dans les rues 580 » Et ce qu’on répète dans les rues, c’est la doctrine de Rousseau, le Discours sur l’inégalité, le Contrat social amplifié, vulgarisé et répété par les disciples sur tous les tons et sous toutes les formes. […] Le Tiers, à lui seul et par lui-même, est « une nation complète », à qui ne manque aucun organe, qui n’a besoin d’aucune aide pour subsister ou se conduire, et qui recouvrera la santé lorsqu’il aura secoué les parasites incrustés dans sa peau.
Cette chose, qui n’est nullement la liberté, mais qui est dignité morale dans le jeu du commandement et de l’obéissance dont se compose tout gouvernement, c’est la participation plus ou moins grande que chaque individu, esclave, sujet ou citoyen, apporte à la formation du gouvernement et des lois ; c’est le concours plus ou moins complet, plus ou moins direct de beaucoup ou de toutes les volontés individuelles dans la volonté générale, à laquelle on donne le droit du commandement et le devoir d’obéissance. […] La démocratie complète dans les mandarins de tout ordre choisis dans toutes les classes par l’élection dans les examens publics, ce qui veut dire égalité de tous, mais à condition de capacité constatée par tous, et de vertu reconnue par tous.
C’est le cours le plus complet et le plus vivant de l’archipel grec et ionien qu’un disciple d’Homère ait fait faire à la génération présente. […] M. de Marcellus a versé une complète lumière sur cette question.
Paul Verlaine J’ai reçu avant-hier les trois volumes de vos poésies complètes et je sors de les relire. […] Rarement l’école française nous a donné un exemple plus complet de ce que peut l’inspiration unie à la science.
L’art complet doit aller au grand public. […] Faisons plus ; osons proclamer la liberté complète et dire qu’en ces questions complexes l’oreille décide seule.
Le christianisme a fait pour l’esprit français ces trois choses il en a fortifié la tendance pratique ; il en a étendu les objets d’étude en rendant en quelque sorte la vie plus vaste ; enfin, il en a fait une image plus complète et plus pure de l’esprit humain. […] L’esprit humain est partout ; il est dans les grandes littératures du Midi et du Nord ; il est jusque dans ces patois qui n’ont pu devenir des langues littéraires ; mais il y est moins complet, il y paraît sous des formes plus ou moins défectueuses.
En avance sur tous ses partenaires, il se meut dans cette musique, dans ce drame, avec une souveraine aisance, une entière liberté, un sens admirable de l’action scénique, une complète entente de la pensée wagnérienne. […] Nous ne voulons ici que rappeler quelques-uns des procédés au moyen desquels le public, qui est presque tout dans notre théâtre, se trouve réduit, à Bayreuth, à un ensemble de quelques facultés désindividualisées15 et orientées vers la plus complète perception.