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1669. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

« Ces héros pleins de bonté et de lumière pensent toujours à leur Créateur, et sont tout éclatants de la lumière qui rejaillit de la félicité dont ils jouissent en lui. » — Et plus loin, « héros vient d’un mot grec qui signifie amour, pour marquer que, pleins d’amour pour Dieu, les héros ne cherchent qu’à nous aider à passer de cette vie terrestre à une vie divine et à devenir citoyens du ciel69. » Les Pères de l’Église appellent à leur tour les saints des héros : c’est ainsi qu’ils disent que le baptême est le sacerdoce des laïques, et qu’il fait de tous les chrétiens des rois et des prêtres de Dieu 70.

1670. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité.

1671. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Ce n’est pas sur une fille prostituée, sur un soldat aux gardes qu’on envoie chercher quatre fois par an que cette connaissance s’acquiert.

1672. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ce n’est pas avec de tels instincts qu’on atteint vite à la culture ; pour la trouver naturelle et prompte, il faut aller la chercher dans les sobres et vives populations du Midi. […] Les nobles se crurent insultés, et sur-le-champ l’abbé Dunstan s’en fut lui-même chercher le jeune homme. « Il trouva la femme adultère, dit le moine Osbern, sa mère et le roi ensemble sur le lit de débauche. […] —  Les muscles avaient été arrachés,  — les jointures des os avaient craqué. —  La victoire dans la bataille — était pour Beowulf. —  Grendel était contraint — de fuir, atteint à mort,  — dans son refuge des marais,  — de chercher sa lugubre demeure. —  Il savait bien — que la fin de sa vie — était venue,  — que le nombre de ses jours était rempli. » Car il avait laissé par terre sa main, son bras et son épaule, et dans le lac des Nicors, où il s’était renfoncé, « la vague enflée de sang bouillonnait, la source impure des vagues était bouleversée toute chaude de poison, la teinte de l’eau était souillée par la mort, des caillots de sang venaient avec les bouillons à la surface. » Restait un monstre femelle, sa mère, « qui habitait comme lui les froids courants, et la terreur des eaux », qui vint la nuit, et qui parmi les épées nues, arracha et dévora encore un homme, Œschere, le meilleur ami du roi. […] Il n’y avait pas un roi — de tous mes voisins — qui osât me rencontrer — avec des hommes de guerre,  — m’attaquer avec la peur. —  J’ai bien tenu ma terre. —  Je n’ai point cherché des embûches de traître ; — je n’ai point juré — injustement beaucoup de serments. —  À cause de tout cela, je puis,  — quoique malade de mortelles blessures,  — avoir de la joie… —  Maintenant, va tout de suite — voir le trésor — sous la pierre grise, cher Wiglaf… Ce monceau de trésors,  — je l’ai acheté,  — vieux que je suis, par ma mort. —  Il pourra servir — dans les besoins de mon peuple… —  Je me réjouis d’avoir pu,  — avant de mourir, acquérir un tel trésor — pour mon peuple… —  À présent, je n’ai plus besoin de demeurer ici plus longtemps. » C’est ici la générosité entière et véritable, non pas exagérée et factice, comme elle le sera plus tard, dans l’imagination romanesque des clercs bavards, arrangeurs d’aventures. […] — Qui jamais ouvrira — pour toi la porte,  — et te cherchera ! 

1673. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Quoiqu’on puisse considérer les Récits d’un Chasseur comme un éloquent plaidoyer en faveur de l’affranchissement des serfs, l’auteur n’a nullement cherché à donner une idée favorable du paysan russe. […] Il n’ignorait pas qu’il avait affaire à des gens entendus, et c’est pourquoi il cherchait à déployer tout son savoir-faire. […] On le traîna vers le comptoir ; il appela le paysan à la souquenille, envoya chercher l’entrepreneur par l’enfant du cabaretier, mais celui-ci ne le trouva pas. […] Je me levai ; les dernières lueurs du crépuscule s’éteignaient à l’horizon, et pourtant le feu du jour se faisait encore sentir au milieu de la fraîcheur de la nuit ; la poitrine était encore oppressée ; on cherchait à respirer un souffle de vent. […] Jamais la bécasse ne se tient dans le fourré, il faut l’aller chercher sur la lisière du bois.

1674. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

C’est donc à Versailles qu’il faut aller chercher l’image du génie et de la personne de Louis XIV. […] Avant que tes bienfaits courussent me chercher, Mon zèle impatient ne se pouvait cacher ; Je n’admirais que toi. […] Il y eut un jour où, à l’exemple de la société qui cherchait à se dégager de l’état de faction, la comédie rompit cette union forcée avec la tragédie, et Corneille essaya de la produire seule sur la scène où il avait fait jouer Polyeucte. […] Ce qui reste d’âpreté dans les mœurs civiles, et de violence dans le gouvernement, n’y nuit pas à certains égards ; elle en tire des lumières pour éclairer les passions fortes et les situations violentes, où elle va chercher ses principales beautés. […] Il n’en coûta pourtant rien à Boileau d’avoir dit, dans l’antichambre même du roi, qui faisait, disait-on, chercher partout Arnauld pour le mettre à la Bastille : « Le roi est trop heureux pour trouver M. 

1675. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

* * * — Au fond, l’infériorité de la race italienne, je l’ai cherchée longtemps et je la trouve aujourd’hui : c’est, de n’avoir pas de nerfs. […] Il nous confirme dans cette idée, déjà instinctive en nous, que le suprême Beau est la représentation de génie exacte de la Nature, que l’Idéal qu’ont cherché à introduire dans l’art, les talents inférieurs et incapables d’atteindre à cette représentation, est toujours au-dessous du vrai. […] Turgan, que nous voyons là, pour la première fois, cherche laborieusement des effets. […] On nous citait une femme gagnant une très grosse somme par jour, avec le talent qu’elle a seule d’enfiler un collier de perles : c’est-à-dire d’assembler les perles, de les faire valoir l’une par l’autre, de les harmonier, de chercher pour ainsi dire leurs accords, sur des espèces de registres de musique en ébène. L’arrangement d’un collier, qu’elle cherche souvent toute une journée, lui est payé de 60 à 80 francs.

1676. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

J’ai encore cette lettre ; je la chercherai à loisir dans l’innombrable archive d’opinions diverses que trente ans de littérature, de tribune, de politique, ont accumulée dans mes portefeuilles, et je la donnerai aux éditeurs de la correspondance de Béranger. […] « Il m’envoyait chercher à chaque instant dans ses jardins ou dans ses cours, pour avoir un conseil ou un appui dans ma personne ; il ne craignait pas de se tromper s’il se trompait avec moi : n’étais-je pas la popularité vivante ? […] Elle n’était ni tout à fait sincère, ni tout à fait complaisante ; elle n’était qu’une boutade philosophique à travers l’infini des idées, un coup de plume qui cherche aventure dans l’inconnu. Mais la société, sur qui tout repose, ne doit point chercher aventure comme l’imagination qui ne répond de rien, elle doit chercher progrès et raison. […] L’obscurité m’abrita salutairement sans que j’eusse la peine et peut-être la faiblesse de la chercher.

1677. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Ce n’est pas que nos grands quadrupèdes actuels, sauf en de rares circonstances, soient aisément détruits par les Mouches ; mais ils en sont au moins continuellement harassés, épuisés, si bien qu’ils deviennent sujets à plus de maladies ou moins capables, en cas de famine, de chercher leur nourriture ou d’échapper aux animaux de proie. […] De sorte que plusieurs d’entre les formes les moins bien adaptées pour le vol, c’est-à-dire probablement les plus anciennes, et par conséquent les plus proches de l’ordre des reptiles, cherchèrent, comme ces derniers, un refuge sur la terre et peuplèrent les déserts ou les forêts marécageuses, comme aujourd’hui l’Autruche, l’Aptéryx et plusieurs de nos palmipèdes et échassiers, marcheurs ou plongeurs. […] Ne pourrait-on chercher autre part quelque lumière ? […] Ce n’est que dans le cas où cet ennemi cherche et parvient à la chasser avant de lui avoir donné le temps de se dégager que l’aiguillon reste dans la piqûre, avec les viscères de l’insecte, dans ce cas, il est vrai, mais dans ce cas seulement, blessé à mort. […] Darwin subsiste ; car on comprend que, dans la plupart des cas, l’animal que pique une Abeille cherche à s’en défendre et à la chasser, soit avec l’un de ses membres, mobiles chez les animaux supérieurs, soit avec sa queue, comme chez les ruminants ou les pachydermes, soit en se roulant à terre ou en se frottant contre les arbres et les rochers De sorte qu’il serait avantageux à l’Abeille de pouvoir dé, gager son aiguillon plus vite, ou mieux encore d’avoir les viscères plus solidement retenus dans leur cavité, de manière à ne pas les perdre aussi aisément.

1678. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Prenons un exemple : soient A et B deux phénomènes externes : la couleur et le goût d’un fruit ; — soient a et b les sensations visuelle et gustative produites dans l’organisme par ce fruit : tant que nous n’examinons que le rapport À B, nous faisons une étude physique ; tant que nous n’examinons que le rapport a b, nous faisons une étude de physiologie, « Mais nous passons dans le domaine de la psychologie dès que nous cherchons comment il peut exister dans l’organisme un rapport entre a et b qui d’une manière ou de l’autre répond au rapport entre A et B. La psychologie s’occupe exclusivement de cette connexion entre AB et ab ; elle en cherche la valeur, l’origine, la signification137 ». Les données de la psychologie doivent être cherchées en grande partie dans l’étude de la structure et des fonctions du système nerveux. […] C’est dans le monde matériel qu’il faut chercher la raison dernière de la nature de nos pensées, de leur ordre, de leur liaison. […] « Une analyse conduite d’une manière vraiment systématique, doit commencer par les phénomènes les plus complexes de la série à analyser ; elle doit chercher à les résoudre dans les phénomènes les plus voisins sous le rapport de la complexité ; elle doit procéder de la même manière à l’égard des phénomènes moins complexes ainsi découverts ; et, par des décompositions successives, elle doit descendre pas à pas jusqu’aux phénomènes les plus simples et les plus généraux, pour atteindre finalement le plus simple et le plus général. » Nous allons défaire pièce à pièce l’édifice de l’intelligence humaine, en commençant par le faîte.

1679. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Enfin, la comédie elle-même, dont le métier est d’être gaie, mais qui ne sait plus son métier, fait des dénouements avec des coups de pistolet et incruste, dans des dialogues sans chaleur et sans verve, des mots cherchés et travaillés pendant trois mois… Aussi, lorsque l’on en est là, il faut bien convenir que c’est un événement heureux que l’arrivée d’un livre gai, d’un éclat de frais et bon rire, d’une manière frisque, pétulante et légère, qui fait l’effet d’un flacon de sels anglais au cerveau, et, dans le néant littéraire où tout tombe, nous ragaillardit et nous ravigote l’esprit et le cœur ! […] Le chevalier de Kéramour, un Breton du temps de Louis XV, ruiné de mère en fille par la plus singulière des combinaisons, s’en va chercher fortune loin de son pays, et, après des complications diverses et des péripéties de toute espèce, il finit par épouser sa petite femme d’enfance, — sa cousine Vivette, — avec laquelle il est heureux et à qui il fait deux enfants, garçon et fille : le souhait du Roi ! […] Mais, s’il y a en France, dans cette nation sociable comme une catin, quelque chose qui ressemble encore à la virginité d’esprit qu’on appelle l’originalité, c’est en province, et c’est là seul qu’il faut chercher cette escarboucle des littératures. […] … Ils chercheront peut-être encore le romanesque dans cette histoire trop sublime pour ne pas en avoir, mais ils se plaindront que le romancier qui l’exprime l’ait mêlé à trop de faste de foi : car la foi de Paul Féval va jusqu’au faste… et pour moi ce faste devient une splendeur ! […] Là, pour les esprits qui ne se soucient que du romanesque dans l’histoire, sera le roman, et le roman que justement ils n’y cherchaient pas.

1680. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Et tenez, voici précisément mon amie qui vient me chercher. […] Le lycéen répondit qu’il venait chercher un billet de bal. […] Ce soir-là, M*** renonça à l’acquisition du château et se borna à chercher une maison à la Villette, sans écurie, mais toujours avec poissons rouges. […] T’étonnerai-je beaucoup en te disant que Nadar cherche la meilleure ?  […] Mais ce fut inutilement que je cherchai la phrase dans mon dictionnaire.

1681. (1913) Poètes et critiques

Émile Boutroux au lendemain de la publication, et déjà sa prédiction s’est plus d’une fois vérifiée, « quiconque voudrait s’occuper de Pascal » ne pourrait s’abstenir d’aller chercher ici un « auxiliaire ». […] Il n’est pas éloigné de dire que Paul Bourget, en s’attardant dans les sentiers de la fantaisie et de la méditation poétiques, cherchait, sans la trouver, sa véritable vocation. […] Qu’avait cherché M.  […]  » Que cherche M. Giraud dans Bourget lui-même, et dans Faguet, et dans Vogüé, et dans Pierre Loti, et dans Brunetière, et que cherchera-t-il encore dans les cinq autres qui suivront ?

1682. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Dès ses débuts, il a cherché une discipline et une règle de vie. […] Il faut la prendre comme elle est, s’en servir telle quelle, et chercher à l’élever si on le peut. […] chercher la vérité et ne trouver que des images !  […] Murillo, comme tous les grands artistes, a cherché à réaliser son rêve. […] Moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre.

1683. (1902) Le critique mort jeune

Peut-être, étant jeune, étais-je trop porté à chercher les idées dans la littérature. […] J’ai cherché ailleurs à montrer que si Saint-Simon n’a que des parties de grand artiste, c’est qu’il sent avec trop de force pour maîtriser ses grandes qualités de peintre. […] Je cherche vainement à quoi (et dans quelle littérature) on pourrait comparer ces petits drames psychologiques. […] Le souverain bien, tout individu a le droit de le chercher ; qu’il le conquière par la révolte et par la lutte. » MM.  […] Qu’on l’autorise donc à chercher par d’autres voies la popularité.

1684. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Le discours préliminaire qu’il a mis en tête nous témoigne de sa préoccupation de chrétien, qui cherche à se démontrer qu’on a droit historiquement de tout dire sur le compte du prochain, et qui voudrait bien concilier la charité avec la médisance. […] On a fort cherché depuis quelque temps à relever des erreurs de fait dans les Mémoires de Saint-Simon, et l’on n’a pas eu de peine à en rassembler un certain nombre. […] Après chaque mécompte ou chagrin, Saint-Simon s’en allait droit à la Trappe chercher une consolation, comme on va dans une blessure au chirurgien ; mais il en revenait sans avoir modifié son fond et sans travailler à corriger son esprit. […] L’exactitude dans certains faits particuliers est moins ce qui importe et ce qu’on doit chercher qu’une vérité d’impression dans laquelle il convient de faire une large part à la sensibilité et aux affections de celui qui regarde et qui exprime.

1685. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Töpffer, nous le verrons, ne paraît pas s’être posé la difficulté ainsi, et c’est pour cela peut-être qu’il en a mieux triomphé ; il n’a pas cherché à être français ni attique, il a été de son pays avec amour, avec naïveté, un peu rustiquement, cachant son art, et il s’est trouvé avoir du sel et de la saveur pour nous. […] J’ai donc cherché le mets local analogue à l’humour que M. […] Je cherche encore. […] Ce Champin est une figure toute locale, comme qui dirait un ancien jacobin de Genève ; moyennant les lettres qu’il lui prête, l’auteur a cherché à représenter le vieil idiome populaire de la cité et de la rue dans tout son caractère, tandis que, par les lettres de Reybaz, il a voulu exprimer la langue des anciens de village, dans les cantons retirés où se conserve un français plus vieilli que celui des villes et plus coloré quelquefois. « Ce serait, dit-il de cette dernière, ma langue naturelle, si on se choisissait sa langue. » Sous cette histoire développée des deux fiancés, il y a donc une étude approfondie de style, si je l’osais dire, tout comme dans les Fiancés de Manzoni, auxquels l’auteur a dû plus d’une fois penser ; mais c’est le style genevois, tant municipal que rural, qui s’y trouve expressément reproduit dans toutes ses nuances, et cela circonscrit le succès.

1686. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Lamartine, c’est-à-dire le grand élégiaque qui a détrôné Parny, sait encore par cœur cette élégie désespérée : J’ai cherché dans l’absence un remède à mes maux ; J’ai fui les lieux charmants qu’embellit l’infidèle. […] On chercherait d’ailleurs vainement dans l’élégie de Parny quelque rapport avec ce que le genre est devenu ensuite chez Lamartine, quelques vers peut-être çà et là, des traces de loin en loin qui rappellent les mêmes sentiers où ils ont passé : Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée, Nous perdons en espoir la moitié de nos jours ! […] Ainsi, dans cette fin de discours, il se mit à faire un magnifique éloge de la piété tendre et sensible, puis, en regard, un non moins magnifique portrait de la vraie philosophie ; puis, au sortir de ce parallèle, il s’échappa dans une vigoureuse sortie contre le fanatisme qui, seul, trouble la paix si facile à établir, disait-il, entre les deux parties intéressées ; s’animant de plus en plus devant cet ennemi, pour le moment du moins, imaginaire, l’orateur compara tout d’un coup le fanatique ou l’hypocrite à l’incendiaire Catilina lorsqu’il vint pour s’asseoir dans le sénat de Rome et que tous les sénateurs, d’un mouvement de répulsion unanime, le délaissèrent sur son banc, seul, épouvanté et furieux de sa solitude… On se retournait, on regardait de toutes parts pour chercher cet incendiaire, car il était bien évident que, dans la pensée de Garat, ce n’était point M. de Parny. […] Les amis, du reste, ne cherchaient point à dissimuler les défauts de cette œuvre de circonstance, et les ennemis commençaient à dire que M. de Parny, qui avait si bien chanté les amours, avait un talent moins décidé pour chanter les guerres 189.

1687. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Regarder une figure qui charme, prendre dans sa main une poignée d’argile humide, pétrir cette argile sous ses doigts et chercher à lui donner les formes de la figure que l’on admire, quoi de plus naturel d’instinct ? […] Gaspari nous reçut comme des amis inconnus ; et, pendant qu’il envoyait son fils chercher une maison pour nous dans quelque masure encore debout d’Athènes, une de ses filles, Athénienne, belle et gracieuse image de cette beauté héréditaire de son pays, nous servait, avec empressement et modestie, du jus d’orange glacé dans des vases de terre poreuse, aux formes antiques. […] L En approchant, convaincu par la lecture de la beauté du monument, j’étais étonné de me sentir froid et stérile ; mon cœur cherchait à s’émouvoir, mes yeux cherchaient à admirer.

1688. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

 » Ferme en toi, je résisterai à mes fatales conseillères à mon scepticisme, qui me fait douter du peuple ; à mon inquiétude d’esprit, qui, quand le vrai est trouvé, me le fait chercher encore à ma fantaisie, qui, après que la raison a prononcé, m’empêche de me tenir en repos. […] On obtient tout d’elle par le sentiment de l’honneur ; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme ; l’occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre, celle du vrai gentilhomme qui ne tire de sa terre que le fruit convenu par l’usage sans chercher à l’augmenter, celle du magistrat, celle de l’homme voué au travail de la pensée. […] Pas un de ces braves gens n’a cherché, comme disaient les Normands, à gaaingner ; aussi restèrent-ils toujours pauvres. […] Je n’efface rien de ce que j’ai dit ; mais, depuis que je vois l’espèce de rage avec laquelle des écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n’a été que honte, folie, et qu’elle constitue un fait sans importance dans l’histoire du monde, je commence à croire que c’est peut-être ce que nous avons fait de mieux, puisqu’on en est si jaloux.

1689. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

L’homme, le français surtout, est atteint de deux manies bien opposées le « débinage » ou l’« aplatventrisme » (deux mots qu’on cherchera inutilement dans le dictionnaire de l’Académie) ; il les pratique également toutes deux, fût-ce à ses dépens. […] Le concert et le théâtre nous mettant en contradiction avec nous-même, l’anomalie de cette situation est telle, que, plus on cherche à s’en rendre compte, et moins on parvient à se l’expliquer. […] C’est que, si cet homme déteste tout ce qui est allemand, il vienne ici chercher de l’argent et du succès ; mais je comprends encore moins comment la direction de ces concerts a pu avoir le manque de tact de l’engager. […] Camille Saint-Saëns a été un de ceux qui ont cherché le plus vivement à faire aboutir mon projet de représentations de Lohengrin, en 1881, au théâtre des Nations, à Paris.

1690. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Tout dépend : 1° de la direction du mouvement, qui peut avoir pour but une action cérébrale, comme quand on cherche à se souvenir, à raisonner, etc., ou une action musculaire, comme quand on veut soulever un poids ; 2° de son degré d’énergie, qui peut vaincre ou ne pas vaincre la résistance opposée par les muscles et, en général par l’ensemble de mouvements contraires qui empêchent nos idées de remuer sans cesse tous nos membres comme des fils tirant une marionnette. […] Les phénomènes de l’univers parviennent à se sentir et même à se connaître dans des centres vivants, les animaux ; le psychologue cherche comment, sous quelle forme, selon quelles lois a lieu cette élévation des choses au rang d’idées dans une conscience, avec le plaisir, la peine, l’effort qui en résultent. […] C’est après coup que nous cherchons dans le trouble organique les conditions antécédentes et objectives de notre douleur ; mais penser ces conditions ou même les percevoir, soit nettement, soit confusément, comme objets, ce n’est pas souffrir. […] Elle recherche et ce que peut l’objet sur le sujet, et ce que peut le sujet sur l’objet ; sous leurs rapports de « représentation » elle cherche à découvrir leurs rapports d’action réciproque ; enfin elle montre comment la représentation même, par la volonté qui y est impliquée, peut devenir une réaction véritable, conséquemment un des facteurs de l’évolution universelle.

1691. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

VII Bientôt les premières études de langues commencées sans maître dans la maison paternelle, puis les leçons plus sérieuses et plus disciplinées des maîtres dans les écoles, m’apprirent qu’il existait un monde de paroles, de langues diverses ; les unes qu’on appelait mortes, et qu’on ressuscitait si laborieusement pour y chercher comme une moelle éternelle, dans des os desséchés par le temps ; les autres qu’on appelait vivantes, et que j’entendais vivre en effet autour de moi. […] On le feuilletait tout haut, pour y chercher le texte discuté. […] venait à arrêter un moment ma plume, l’outil assidu que j’use pour eux, ces braves amis péricliteraient avec moi ; ils seraient obligés de chercher dans mes cendres leur fortune ; ils la retrouveraient tout entière, sans doute, mais ils ne la retrouveraient que sous mes démolitions. […] ce n’est pas mon nom que je cherche à grandir, c’est le gage de ceux dont ce nom est toute la propriété et toute l’existence.

1692. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ils ont cherché quelques pailletes d’or dans ce tas d’ordures, & ce qu’ils en ont trouvé ne vaut pas la peine qu’ils se sont donnée. […] Le public étant rassasié des chefs-d’œuvre de nos grands maîtres, on a cherché à ranimer son goût par de nouveaux genres. […] Il cherche moins à peindre des ridicules, qu’à inspirer l’humanité. […] Jamais il ne chercha les fleurs dont il sema ses ouvrages ; elles se présenterent à lui, & il ne se donnoit pas même la peine de les arranger.

1693. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

La relation de Duclos est d’un genre particulier et a mérité l’estime des voyageurs : n’y cherchez pas ce qui est dans de Brosses, le sentiment des arts, la grâce et la fertilité du goût, tout ce qui est des muses ; mais sur les hommes, sur les mœurs, sur les gouvernements, Duclos a de bonnes observations et s’y montre à chaque pas sensé, modéré, éclairé. […] Il dînait tous les jours en ville, et cherchait toujours à se faire ramener.

1694. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Douées d’une sensibilité exquise et exposées à un grand nombre de souffrances, elles sont surtout intéressées à chercher un consolateur dans leur médecin. […] On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse.

1695. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Montluc, dès l’enfance, dut chercher fortune et à se frayer sa voie : « Encore que je sois gentilhomme, si suis-je néanmoins parvenu degré par degré, comme le plus pauvre soldat qui ait été de longtemps en ce royaume. » Nourri en la maison du duc Antoine de Lorraine, au sortir de page il fut pourvu d’une place d’archer dans la compagnie de ce prince sous le chevalier Bayard, qui en était le lieutenant. […] Il en tire, selon son habitude, l’occasion d’une petite moralité à l’usage des capitaines ses compagnons qui lui feront l’honneur de lire sa vie : l’important, c’est de chercher dès ses débuts à montrer ce qu’on vaut et ce qu’on peut faire ; ainsi les grands et chefs vous connaissent, les soldats vous désirent et veulent être avec vous, et par ce moyen on a toute chance d’être employé : « Car c’est le plus grand dépit qu’un homme de bon cœur puisse avoir, lorsque les autres prennent les charges d’exécuter les entreprises, et cependant il mange la poule du bonhomme auprès du feu. » M. de Lautrec, à la première occasion, donne à Montluc une compagnie ; celui-ci n’avait guère que vingt ans.

1696. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

La petite exhortation que, dans ses mémoires, Montluc adresse ensuite, selon son usage, aux gouverneurs et capitaines qui le liront, est piquante de verve et brillante de belle humeur ; il ne veut point qu’ils cherchent des prétextes autour d’eux, qu’ils se déchargent de leur reddition sur les bourgeois qui les y ont forcés, ou sur leurs soldats qui étaient à bout de combattre : Ce ne sont qu’excuses, ce ne sont qu’excuses, croyez-moi : ce qui vous force, c’est votre peu d’expérience. […] Après être allé quelques semaines voir sa maison et sa famille en Gascogne, avant la fin de l’année, Montluc retourne en Italie chercher de nouveaux hasards : dès les premiers moments, il s’y expose en soldat ; il va à cheval reconnaître une ville qu’on doit assiéger, à moins de cinquante pas et en plein jour.

1697. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

En un mot, Saint-Cyr, tel qu’il nous est montré aujourd’hui dans toutes les circonstances qui en accompagnèrent la fondation, me paraît à la fois pouvoir être un vœu, une pénitence de malade qui cherche à réparer, et être certainement un cadeau de noces de Louis XIV en l’honneur de Mme de Maintenon. […] Je cherche parmi les auteurs femmes quelque autorité et quelque exemple en ma faveur ; j’en pourrais trouver même en France, et des exemples irréprochables.

1698. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Dans une des lettres si aisées et si spirituelles du maréchal (alors colonel) de Saint-Arnaud, je lis ce passage : « Je suis parti mardi (25 novembre 1846) pour aller chercher le maréchal (Bugeaud) à l’Oued-Fodda avec un escadron… Il avait avec lui MM. de Tocqueville, de Lavergne, Béchamel et Plichon, députés, et Broët et Bussière, gens de lettres. […] Trouverai-je ce que je vais chercher ?

1699. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Le poète sent la nature, il aime à la chercher sur les sommets et s’applique à la rendre ou plutôt à l’interpréter. […] Il ne faut, en tout cas, chercher dans ce fade volume aucune trace d’enjouement ni de sel ; il n’y a pas le plus petit mot pour rire, pas le plus petit grain de Voltaire.

1700. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Veuillot a été bien souvent à la merci du sien, et ce sont précisément ces hasards, ces rencontres telles quelles, les meilleures possible, que nous cherchons en lui et chez lui. […] Mais point d’apparat, et qu’il craigne surtout de chercher l’éloquence.

1701. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Elle est femme, elle est timide, elle n’ose tout dire ni innover ; la griffe virile lui fait défaut ; elle recule, n’étant pas artiste comme son frère, devant les expressions qui ont l’air cherchées, qui sont trop fortes. […] que cette timidité de bon goût et un peu excessive chez Mlle de Guérin est bien l’opposé de la manière osée, hardie, attaquante, de Mme de Gasparin qui, elle, ne trouve rien de trop franc à son gré, qui cherche, bien loin de les fuir, les notes aiguës, vibrantes, stridentes même, si elles rendent leur effet !

1702. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Je ne cherche, en insistant, qu’à dégager le sens historique de cette individualité disparate, de cette production parasite d’un régime social évanoui. […] On avait cherché à l’entourer de tous les secours.

1703. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Chaque acte est, à peu de chose près, le même qui recommence ; un des amoureux, dès qu’il est trop en peine, fait chercher l’autre : A-t-on vu de ma part le roi de Comagène ? […] 15 janvier 1844 Pour compléter ces jugements sur Racine, on peut chercher ce que j’en ai dit plus tard dans une étude reprise à fond et développée, au tome V de Port-Royal (liv.

1704. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Les hommes d’esprit qui, dans toute autre circonstance, cherchent à se distinguer, ne se servent jamais alors, que du petit nombre d’idées qui leur sont communes avec les plus bornés d’entre ceux de la même opinion : il y a une sorte de cercle magique tracé autour du sujet de ralliement que tout le parti parcourt et que personne ne peut franchir ; soit qu’on redoute, en multipliant ses raisonnements, d’offrir un plus grand nombre de points d’attaque à ses ennemis ; soit que la passion ait également dans tous les hommes plus d’identité que d’étendue, plus de force que de variété ; placés à l’extrême d’une idée comme des soldats à leur poste, jamais vous ne pourrez les décider à venir à la découverte d’un autre point de vue de la question, et tenant à quelques principes comme à des chefs, à des opinions, comme à des serments, on dirait que vous leur proposez une trahison quand vous voulez les engager à examiner, à s’occuper d’une idée nouvelle, à combiner de nouveaux rapports. […] L’esprit de parti est la seule passion qui se fasse une vertu de la destruction de toutes les vertus, une gloire de toutes les actions qu’on chercherait à cacher, si l’intérêt personnel les faisait commettre ; et jamais l’homme n’a pu être jeté dans un état aussi redoutable, que lorsqu’un sentiment qu’il croit honnête, lui commande des crimes ; s’il est capable d’amitié, il est plus fier de la sacrifier ; s’il est sensible, il s’enorgueillit de dompter sa peine : enfin, la pitié, ce sentiment céleste, qui fait de la douleur un lien entre les hommes ; la pitié, cette vertu d’instinct, qui conserve l’espèce humaine, en préservant les individus de leurs propres fureurs, l’esprit de parti a trouvé le seul moyen de l’anéantir dans l’âme, en portant l’intérêt sur les nations entières, sur les races futures, pour le détacher des individus ; l’esprit de parti efface les traits de sympathie pour y substituer des rapports d’opinion, et présente enfin les malheurs actuels comme le moyen, comme la garantie d’un avenir immortel, d’un bonheur politique au-dessus de tous les sacrifices qu’on peut exiger pour l’obtenir.

1705. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

L’érudit cherche la vérité pour elle-même : il l’accepte et l’aime toute seule et toute nue. […] Gaston Paris, uniquement préoccupé d’être clair, n’a point, en écrivant, de marque très personnelle et ne cherche pas à en avoir, et qu’il n’arrive à la couleur, quelquefois à l’émotion, que par l’extrême précision et la sincérité de son style.

1706. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Il faut chercher ailleurs : voici deux canevas qui remontent probablement à cette époque. […] Il est bientôt remplacé par Trivelin, qui envoie chercher un rôtisseur, ordonne un repas magnifique au nom du maître de la maison, et, lorsque Pantalon arrive avec sa compagnie, il lui dit qu’Arlequin et sa femme, obligés d’aller en ville pour une affaire de la dernière conséquence, l’ont chargé de faire les honneurs pour eux.

1707. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Ce n’est pas le Dieu universel que cherchent les hommes nouveaux. […] Ils lisaient fiévreusement jusqu’à une heure fort avancée die la nuit ; mais tandis que Barrès, épuisé par cette longue suite d’incantations lyriques, et cédant au poids de la fatigue, cherchait à recréer ses forces dans le sommeil, Stanislas de Guaita, « qui avait une santé magnifique et qui en abusait, allait voir les vapeurs se lever sur les collines qui entourent Nancy, et, quand il avait réveillé la nature, il venait réveiller son compagnon en lui récitant des vers de son invention ou quelque pièce fameuse rencontrée au hasard d’une lecture ».

1708. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Je veux courir le monde, Y chercher pour mon cœur un cœur qui me réponde, Je ne veux plus devant ta beauté m’humilier. »   Vénus a bien compris : elle a baissé la tête ; Aux douleurs des adieux, pensive, elle s’apprête : Une dernière fois elle lève les yeux. […] Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître.

1709. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Faites l’incrédule, retournez-les en tous sens, mettez-y le scalpel, cherchez chicane à votre plaisir, il peut s’y rencontrer quelques taches, des tons qui crient ; mais, si vous avez le sentiment poétique vrai et si vous êtes sincère, vous reconnaîtrez que le souffle est fort et puissant ; le dieu, dites si vous voulez le démon, a passé par là. […] Bien des esprits qui n’auraient pas eu l’idée de l’aller chercher pour son talent lyrique ont appris à le goûter sous cette forme facile et légère.

1710. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Je suis étonné qu’on y ait surtout cherché des excitations au trouble et à l’intrigue séditieuse ; bien lus, ils seraient plutôt faits pour en dégoûter. […] Ce grand frondeur qui, dans sa jeunesse, avait cherché vainement à tenir la balance entre les partis, entre Monsieur, le Parlement et la Cour, et qui, à défaut de balance, avait pris l’épée, et même contre M. le Prince, en était venu dans sa vieillesse à cet arbitrage innocent.

1711. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer, on a vu le savant M. de Chézy, dans ses traductions de poèmes orientaux, chercher à reproduire je ne sais quel modèle d’élégance cérémonieuse et uniforme, plutôt que de calquer avec simplicité et énergie les originaux qu’il avait sous les yeux et qu’il admirait. […] Vous espérez triompher de ma paresse en appelant à votre secours les souvenirs de notre enfance : vous me parlez de ce jour où, tous les deux blottis derrière une charmille, je vous lisais la terrible Barbe-Bleue, quand tout à coup apparut à nos yeux avec son tablier et son bonnet blancs, et son large couteau, le grand cuisinier de votre mère, qui venait nous chercher… pour dîner. — Vous demandez si je me rappelle encore la frayeur qu’il nous causa ?

1712. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Ils cherchèrent à se venger ; l’un fit contre lui des couplets infâmes, & l’autre un sonnet où l’on disoit de Boileau : S’il n’eut mal parlé de personne, On n’eut jamais parlé de lui. […] Despréaux lui-même, quand il voulut les lire, envoya chercher de ces biscuits.

1713. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

D’où vient enfin ne cherchent-ils pas à toucher le cœur plutôt qu’à frapper l’esprit , selon la réflexion d’une princesse pieuse, qui vouloit qu’on lui fît aimer davantage la religion, & qu’on la lui prouvât moins. […] Encore une fois, le succès & le mérite des ouvrages de ce grand homme viennent de ce qu’il cherche moins à instruire qu’à toucher.

1714. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Il falloit avoir recours à un expédient triste pour le gouvernement qui ne cherchoit que les moïens d’amuser le peuple en lui fournissant du pain et en lui donnant des spectacles, mais devenu necessaire ; c’étoit celui de faire sortir de Rome tous les pantomimes. […] Les pantomimes furent encore chassez de Rome sous Neron et sous quelques autres empereurs, mais comme nous l’avons déja dit, leur exil ne duroit pas long-temps, parce que le peuple ne pouvoit plus se passer d’eux, et parce qu’il survenoit des conjonctures où le souverain, qui croïoit avoir besoin de la faveur de la multitude, cherchoit à faire des actions qui lui fussent agréables.

1715. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Je me permettrai quelquefois d’évoquer l’esprit des traditions anciennes ; mais je suis loin, en cela comme en tout le reste, d’exiger une confiance aveugle ; car je n’ai point laborieusement étudié ces traditions : elles me sont apparues bien plus que je ne les ai cherchées ; je pourrais presque dire qu’elles se sont trouvées en moi. […] Le Bédouin a fui devant nos phalanges ; les palmes de l’Idumée ont cru voir une seconde fois les soldats du Christ revendiquer des royaumes acquis au prix du sang ; les habitants de la Seine, du Rhône et de la Loire, sont allés chercher de glorieux tombeaux sur les bords du Rhin, sur les rives du Pô, parmi les campagnes du Guadalquivir.

1716. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Cette biographie, qui pouvait ne pas être du tout, — car l’histoire des hommes célèbres par leurs ouvrages n’est souvent que dans leurs ouvrages, et Voltaire même a fait une loi (fausse, il est vrai, parfois), de ne la chercher que là, — cette biographie s’est trouvée, par hasard (cette étoile de Sterne !) […] Dans un de ces moments, sans doute, un prébendaire d’York put écrire d’une blanche main fatiguée, et qui se mourait de langueur, cette file de pâles chapitres qu’on nous donne pour du Sterne, mais Yorick, lui, n’y a point touché… On l’y cherche en vain.

1717. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Il aimait en tout à étudier, à saisir les origines, les fleuves à leur source, les civilisations à leur naissance, les poésies sous leurs formes primitives, et de même en botanique, quand il herborisait, il cherchait de préférence les mousses. […] Je cherchais bien loin celui qui était alors tout près de nous, et qui semblait avoir oublié ses premiers essais de jeunesse. […] Je crois seulement qu’ils ont tort de croire que toute une langue est dans la Crusca et dans les écrivains classiques, et que, quand elle y serait, ils auraient encore tort de prétendre qu’on l’y cherchât, qu’on l’apprît, qu’on s’en servît. […] Il excelle, en général, à profiter de Grégoire de Tours, comme précédemment il avait fait de Sidoine ; il cherche à rajuster, à rétablir la vérité historique à travers les lacunes, les crédulités ou les réticences partiales de l’un, comme il la dégageait de dessous la fausse rhétorique de l’autre. […] Joignez-y, si vous voulez, Villers, Vanderbourg ; je cherche en vain d’autres noms.

1718. (1886) Le naturalisme

Qui sait, à ne pas le chercher tout exprès dans un manuel de littérature, le nom de l’auteur du Don Cirongilio de Tracia ? […] En effet, tous ceux qui voulurent chercher la beauté hors des voies de la vérité, partagent le sort de l’illustre auteur des Martyrs. […] « Il cherchait partout de quoi monter sa palette, chauffer ses tons, les enflammer, les brillanter. […] Leur succès est peut-être dû à la curiosité et au goût dépravé du public, qui préfère certains sujets, et cherche dans le roman la satisfaction de certains appétits. […] Avide de beauté, celle-ci la cherchera toujours en consultant d’un regard anxieux les points les plus éloignés de l’horizon.

1719. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

La jeunesse actuelle cherche autre chose. […] Le pape le fit chercher partout pendant deux jours ; ce fut en vain. […] Brown-Sequart cherche les moyens de vaincre la vieillesse. […] Houssaye nous avertit bien de ne pas y chercher le profil de la belle Lagide. […] Sans doute il aima, il chercha, il trouva le beau.

1720. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Était-ce tout simplement le chat familier du théâtre qui n’avait pas assez mangé de souris ce jour-là, et qui en cherchait dans la tente d’Holopherne, ou plutôt au milieu des bouches affamées des Hébreux expulsés hors de la ville ?

1721. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Mais encore une fois, ce cachet singulier à part et ce vague éclair excepté, n’allez pas au fond, ne sondez pas trop avant, n’y cherchez rien de net ni de précis ; ils ont des aspirations plutôt que des desseins ; ne leur demandez surtout aucune des grâces, aucun des hors-d’œuvre charmants de l’autre, du grand et aimable César.

1722. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Mais les événements de 1848 l’assombrirent de nouveau ; les colères le ressaisirent ; je ne cherchai plus à le rencontrer, le hasard n’y aida pas, et je ne l’ai pas revu jusqu’à sa mort.

1723. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

Il y a ici quelque chose, une fleur ; cherchez ! 

1724. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

Ses Mémoires venaient de paraître ; arrivèrent en foule à l’hôtel les félicitations empressées et curieuses ; on cherche madame de Genlis.

1725. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Portoul ; non-seulement il se raille volontiers de la direction humanitaire dans la critique ou dans l’art, mais il se passe très bien, dans l’une et dans l’autre, d’un point de vue moral et d’un but utile quelconque ; il lui suffît en toutes choses de rencontrer ou de chercher la distinction, la fantaisie, l’éclat, la rareté de forme ou de couleur.

1726. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Avant l’Homère d’André Chénier, les Martyrs de Chateaubriand, l’Orphée et l’Antigone de Ballanche, quelques pages de Quinet (Voyage en Grèce et Prométhée), on en chercherait les traces et l’on n’en trouverait qu’à peine dans notre littérature classique.

1727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Augier, Émile (1820-1889) »

Vous êtes poète, j’ai voulu surtout marquer votre place, à ce titre, dans la grande littérature, honorer en vous cette constance qui vous porte à chercher les succès difficiles, et vous inviter à marcher résolument dans ce véritable domaine de l’art, que les auteurs comme le public semblent tentés d’abandonner : non que je porte à la comédie en vers une préférence académique et que je lui croie plus de dignité qu’à la comédie en prose ; une grande comédie en prose est assurément une œuvre très littéraire, surtout si elle est l’œuvre d’un seul auteur ; mais la comédie en vers a cet avantage d’une langue particulière qui parle à la mémoire, et d’un art choisi, précis, délicat, et d’autant plus difficile que les esprits auxquels il s’adresse sont plus cultivés.

1728. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

Il semble que, quand elle revient au logis du poète, elle pose sa cruche à côté d’un broc de clairet, un peu faible, mais savoureux, sentant fort son terroir, pas traître, sans ivresse profonde, sans bouquet complexe (en tout cas, c’est du vrai vin), que le poète a été chercher dans son cellier ; et il tend tour à tour à son lecteur le gobelet de vin et le verre d’eau.

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