« J’y représentais la neutralité, dit-elle ; on but à la santé d’Homère, et tout se passa bien. » Après la mort de Mme Dacier, Lamotte la chanta dans une nouvelle ode où les bons sentiments tiennent lieu des bons vers. […] Destinée unique, vie qui recommence après un demi-siècle, et pour un demi-siècle encore ; je ne m’étonne pas que, de tant de conditions heureuses, il soit sorti un livre à beaucoup d’égards parfait, par la convenance de l’entreprise au but et de l’œuvre à l’ouvrier.
On envisage ensuite le but de la comédie, qui est de représenter les ridicules des hommes. […] Son but est d’exciter les passions, & de jetter l’ame dans un état violent, & les comédiens sont flétris.
— Il est certain, d’une part, que la stérilité des croisements entre espèces diverses varie considérablement en degré et disparaît insensiblement ; d’autre part, que la fécondité des espèces pures est très aisément affectée par diverses circonstances ; de sorte que rien n’est plus difficile que de déterminer pour un but pratique où finit la fécondité parfaite et où commence la stérilité. […] Mais il n’est aucune raison de penser que les croisements entre espèces aient été spécialement frappés d’un degré de stérilité, variable pour chacune d’entre elles, dans le seul but d’empêcher leur mélange et leur confusion dans la nature ; pas plus qu’on ne peut supposer que certains arbres ont été spécialement doués d’une incapacité, également variable en degré et sous d’autres rapports encore fort analogues, d’être greffés l’un sur l’autre, afin d’empêcher qu’ils ne s’entre-croisent et ne se greffent naturellement les uns sur les autres dans nos forêts.
Et lorsque, enfin, d’incident en incident, on croit toucher au but, le chapeau tant désiré se trouve être celui-là même qui a été mangé. […] Introduire dans les événements un certain ordre mathématique en leur conservant néanmoins l’aspect de la vraisemblance, c’est-à-dire de la vie, voilà toujours ici le but.
Il ne serait pas plus difficile de faire voir comment l’économie politique, si cette lumière lui manque, perd de vue l’homme et sa haute destinée, c’est-à-dire le but final où tend tout ce mouvement de la production et la distribution de la richesse. […] Ce but est excellent, et l’on ne saurait trop applaudir aux essais tentés pour y atteindre.
Mais l’art d’un négociateur est de ne pas rompre, même quand il échoue dans son but principal : il dissimule son échec et fait retraite en bon ordre.
Après tous les témoignages rassemblés par Le Dieu, il n’y a plus moyen d’en douter, le caractère ordinaire des discours de Bossuet, tels qu’il les faisait avec une grande abondance de cœur et une appropriation vive de chaque parole à son auditoire, c’était d’être touchants, d’ouvrir les cœurs de tous comme il y ouvrait le sien, de faire couler les larmes, de persuader enfin, grand but de l’orateur. « Comment faites-vous donc, monseigneur, pour vous rendre si touchant ?
Lisant sans autre but que de s’instruire et de se charmer, de revenir à la source de la juste éloquence et des pensées salutaires, il n’a guère pris la plume en littérature que pour exprimer ce sentiment vif, l’amour et le goût des bonnes et vieilles œuvres.
Scherer, de dire tout ce qu’il y a d’agitation dans notre cœur lorsque nous commençons à reconnaître que notre Église et notre système n’ont pas le monopole du bien et du vrai, lorsque nous rencontrons des hommes également éminents et sincères qui professent les opinions les plus opposées…, lorsque nous découvrons qu’il n’y a point d’erreur qui n’ait un mélange de vérité, point de vérité qui ne soit partielle, étroite, incomplète, entachée d’erreur, lorsque ainsi le relatif nous apparaît comme la forme de l’absolu sur la terre, l’absolu comme un but éternellement poursuivi mais éternellement inaccessible, et la vérité comme un miroir brisé en mille fragments qui tous réfléchissent le ciel et dont aucun ne le réfléchit tout entier.
A part le besoin des recherches dans un but utile, il ne faut lire ici-bas que les chefs-d’œuvre des grands noms ; nous n’avons pas de temps pour le reste.
La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s’émousse, s’attiédit, se désabuse ; elle en vient parfois à se concentrer en des buts fort restreints ; le talent s’affermit, s’assouplit, se généralise.
Si son but, à elle, peut sembler plus modeste, son procédé n’en doit être que plus varié, plus étendu, plus proportionné, nous le croyons, à ce que réclament les nécessités d’alentour.
D’autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il avait formé une société vivante ; guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d’un but et d’une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l’obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l’Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l’Église. — Sur ces deux premières fondations, il continue à bâtir, et, à partir de l’invasion, pendant plus de cinq cents ans, il sauve ce qu’on peut encore sauver de la culture humaine.
Vous nierez que la sympathie, l’admiration dont on ne peut se défendre pour Alceste aillent contre le but de l’auteur, et vous reconnaîtrez au contraire que c’est un des plus merveilleux effets du génie de Molière, d’avoir su unir dans un même caractère la sympathie et le ridicule, comme il a su associer dans don Juan la souveraine grâce et l’odieux.
L’erreur de la Pléiade Son but, c’est par les rythmes, par le choix et l’ordre des mots, de créer une forme belle. « Tu te dois travailler, dit-il, d’être copieux en vocables, et tirer les plus nobles et signifiants pour servir de nerfs et de force à tes carmes, qui reluiront d’autant plus que les mots seront significatifs, propres et choisis. » Voilà qui est excellent.
Mais l’histoire n’est pas, pour Sainte-Beuve, le terme ou le but de la critique : il a la prétention d’être un philosophe, un savant ; il cherche des lois générales.
. — Mais, au surplus, l’avancement moral de la femme et de l’homme étant à la fois le but de la vie et l’œuvre de l’amour, il est clair que la meilleure condition de cet avancement, et la plus souhaitable, c’est d’être l’œuvre d’un seul amour et qui dure autant que la vie même. — Bien différent de nos plus récents moralistes, Michelet n’a pas l’ombre de complaisance pour le libertinage, ni pour l’adultère, ni pour cette espèce « de divorce dans le mariage qui est, dit-il, l’état d’aujourd’hui (1858). » Les mauvaises mœurs ne lui inspirent aucune curiosité spéculative.
Ne devez-vous donc arriver au but que couvert de lauriers arrachés avec fureur des mains de vos concurrens, & déja flétris par la honte ainsi que par les reproches des Spectateurs ?
En tout cas, si Henri avait compté sur eux pour assouplir l’humeur peu traitable de ses sujets, il manqua totalement son but.
Plus d’une fois l’individu qui ne cherche dans ses attaques contre la société qu’une satisfaction de ses désirs antisociaux se persuade à lui-même qu’il obéit à une préoccupation de justice sociale, qu’il poursuit un idéal de sociabilité supérieure, et par contre, tel autre qui prétend ou qui croit même poursuivre un but social, un idéal politique et moral supérieur, ne recherche au fond qu’une occasion de renverser ce qui existe et jouit surtout du plaisir de la destruction.
Si Adolphe cédait naïvement au besoin d’aimer, il ne marquerait pas si haut le but de ses espérances ; il choisirait près de lui un cœur du même âge que le sien, un cœur épargné des passions, où son image pût se réfléchir à toute heure sans avoir à craindre une image rivale ; il comprendrait de lui-même, il devinerait cette vérité douloureuse, et qui n’est jamais impunément méconnue, c’est que l’avenir ne suffit pas à l’amour, et que le cœur le plus indulgent ne peut se défendre d’une jalousie acharnée contre le passé ; il ne s’exposerait pas à essuyer sur les lèvres de sa maîtresse les baisers d’une autre bouche ; il tremblerait de lire dans ses yeux une pensée qui retournerait en arrière et qui s’adresserait à un absent.
» Par une illusion commune à tous les grands réformateurs, Jésus se figurait le but beaucoup plus proche qu’il n’était ; il ne tenait pas compte de la lenteur des mouvements de l’humanité ; il s’imaginait réaliser en un jour ce qui, dix-huit cents ans plus tard, ne devait pas encore être achevé.
Il aimait les honneurs ; car les honneurs servaient à son but et établissaient son titre de fils de David.
La volonté, au contraire, connaît le but et les moyens ; elle ne se dépense pas au hasard.
En le prenant, il la mordit cruellement ; et il but le sang mêlé au lait qui en jaillissait. — Ainsi le songe fait d’Oreste un monstre, et il ne recule pas devant cette image ; tout au contraire, il accepte l’effrayant augure.
Mais partout ailleurs où il ne sera point question de ce monstrueux mélange, quel inconvénient y a-t-il qu’un poëte, qui cherche à nous instruire ou à plaire, emploie quelquefois, pour parvenir à son but, & la fable & ces fictions ingénieuses, qui, par la vie qu’elles donnent à tout, font plus d’effet souvent que la réalité même ?
L’auteur est un Négociant, qui, n’ayant voyagé que pour acquérir toutes les connoissances qu’on peut se procurer par cette voie sur le commerce, rapporte presque tout à ce but.
Il est vrai que dans ce triste et effrayant tableau, où l’on tracerait avec les couleurs de l’éloquence les malheurs essuyés par les gens de lettres, il faudrait bien se garder, pour ne pas manquer son but, d’y opposer les marques d’honneur, de considération et d’estime que les talents ont reçus tant de fois.
Mais, mon parti pris, je vais droit au but.
Son caractère ardent est souvent inégal ; souvent il voit le but, l’atteint et le passe ; enfin, il eut dans ses idées plus d’impétuosité que de règle, et, dans plusieurs de ses sentiments, plus de grandeur que de sagesse.
C’était le but de ma course ; c’était là que m’emporteraient les intelligents coursiers attelés à mon char.
le but est atteint et l’œuvre est achevée. […] Si non, les auteurs sont en faute, et les voilà prêts, je n’en doute pas, à s’accuser de la meilleure grâce ; mais si oui, que demandez-vous davantage ; et le but n’est-il pas atteint ? […] Si vous n’avez pas attrapé le but et que l’œuvre soit manquée, les plus savantes théories du monde n’y feront rien. […] Le but ? Il y a le but !
Ni les volontés humaines, ni les forces naturelles n’ont été organisées, sagement, de façon à marcher droit vers un but utile ; et le désordre, la sauvagerie, la stérilité primitives subsistent dans la société comme sur le sol. […] Nous n’allons pas si loin, mais nous approchons du but. […] Voilà le but d’une entreprise que le Journal des Débats annonçait il y a quelques jours : la fondation d’une École libre des sciences politiques. […] Un pareil cours aura égard à ses auditeurs ; il a pour but, non de former des officiers, mais de fournir à des citoyens les moyens d’avoir une opinion dans les questions militaires. […] Mais, s’ils ont approché du but, ils ne l’ont pas touché.
En effet, le plus fréquemment il ne procédait point sans un but déterminé, et maint feuilleton qui paraissait au public une production absolument distincte, était la suite d’autres feuilletons publiés à des époques différentes. […] Ne trouvant pas qu’il savait assez l’anglais, Jules Vabre, sans se laisser effrayer par des perspectives de famine et de misère, quitta Paris pour Londres n’ayant d’autre but que de se perfectionner dans la langue de son auteur, afin qu’aucune finesse du texte ne lui échappât. […] Être enfermé entre quatre murs, un pupitre devant les yeux, éteignait l’inspiration, et la pensée ; il appartenait à la littérature ambulante comme Jean-Jacques Rousseau et Restif de la Bretonne, et ne perdait pas son temps dans ses courses, qui toutes avaient un but d’obligeance ou de bonne camaraderie. […] C’était le but que se proposèrent MM. […] Toutes les natures étaient lancées à fond de train, et l’on se souciait peu de mourir, pourvu qu’on atteignît le but.
Voilà pour le but. Mais où le but, où la forme, où le fond diffèrent, peut-on dire qu’il y ait continuité des traditions ? […] Derôme en conclut que Pascal, dans sa vie mondaine, avait dû proposer ce but à son ambition. […] Quand on part du même point et que l’on passe par les mêmes chemins, est-il donc surprenant que l’on arrive tous les deux au même but ? […] Tout est louable qui tend à ce but, rien n’est dangereux que ce qui en détourne.
En d’autres temps le sens de la vie fut connu ; alors les hommes n’ignoraient rien d’essentiel, puisqu’ils savaient le but de leur voyage et en quelle dernière auberge se trouvait le lit du repos. […] Maeterlinck vient à une heure où nous avons le plus besoin d’être surélevés et fortifiés, à une heure où il n’est pas indifférent qu’on nous dise que le but suprême de la vie c’est « de tenir ouvertes les grandes routes qui mènent de ce qu’on voit à ce qu’on ne voit pas ». […] Jules Laforgue Il y a dans les Fleurs de bonne Volonté une petite complainte, comme d’autres, appelée Dimanches : Le ciel pleut sans but, sans que rien l’émeuve. […] Moréas campera sous le vieux chêne Hugo et, s’il persévère, nous le verrons atteindre le but de son voyage, qui est, sans doute, de se rejoindre lui-même.
Le gouvernement de l’imagination Hier soir, après vous avoir envoyé les dernières pages de ma lettre, où j’avais écrit, mais non sans une certaine timidité : Comme l’imagination a créé le monde, elle le gouverne, je feuilletais la Face Nocturne de la Nature et je tombai sur ces lignes, que je cite uniquement parce qu’elles sont la paraphrase justificative de la ligne qui m’inquiétait : « By imagination, I do not simply mean to convey the common notion implied by that much abused word, which is only fancy, but the constructive imagination, which is a much higher function, and which, in as much as man is made in the likeness of God, hears a distant relation to that sublime power by which the Creator projects, creates, and upholds his universe. […] Ici l’érudition a pour but de déguiser l’absence d’imagination. […] Mais si l’on veut songer combien de perfections il faut réunir pour obtenir cet austère enchantement, on ne s’étonnera pas de la fatigue et du découragement qui s’emparent souvent de notre esprit en parcourant les galeries des sculptures modernes, où le but divin est presque toujours méconnu, et le joli, le minutieux, complaisamment substitués au grand. […] Quand le but naturel d’un art est méconnu, il est naturel d’appeler à son secours tous les moyens étrangers à cet art.
Ainsi pour l’évolution de la vie et pour les circonstances qu’elle traverse, avec cette différence toute. fois que l’évolution ne dessine pas une route unique, qu’elle s’engage dans des directions sans pourtant viser des buts, et qu’enfin elle reste inventive jusque dans ses adaptations. […] Dans les actions que nous accomplissons, et qui sont des mouvements systématisés, c’est sur le but nu la signification du mouvement, sur son dessin d’ensemble, en un mot sur le plan d’exécution immobile que nous fixons notre esprit. […] L’intelligence, à l’état naturel, vise un but pratiquement utile. […] Quand on voit, dans un corps vivant, des milliers de cellules travailler ensemble à un but commun, se partager la tâche, vivre chacune pour soi en même temps que pour les autres, se conserver, se nourrir, se reproduire, répondre aux menaces de danger par des réactions défensives appropriées, comment ne pas penser à autant d’instincts ?
Et ils cherchent autour d’eux le véhicule qui doit les conduire au but désiré : le mariage riche, l’héritière. […] Veux-tu loucher le but, regarder l’invisible, L’innommé, l’idéal, le réel, l’inouï ? […] Et il a atteint son but. […] Deux buts peuvent être assignés à l’humanité. […] Il s’agit de concilier ces deux buts extrêmes.
Est-il seulement vrai que « sur le but, sur la nature, sur le principe même de la poésie », Malherbe et l’école de Ronsard « soient en complet désaccord », ainsi que le dit M. […] Dans la mesure donc ou la Pléiade avait relevé la poésie française de son antique vulgarité, si c’est aussi vers les hauteurs que Malherbe a tendu de tout son effort — ad augusta per angusta , c’est le cas de le dire, — sa poétique n’a pas différé de celle de l’école de Ronsard ; et il a conçu autrement la beauté, mais, comme Ronsard, c’est bien la réalisation de la beauté qu’il a donnée pour but à la poésie. […] Seulement, et par malheur pour eux, tout autour d’eux, vers 1550, si l’on tendait à quelque but, c’était par la limitation de l’individualisme, à organiser la vie sociale. […] Est-il nécessaire de faire observer maintenant qu’en effet, de quelque côté que l’on tourne les yeux, c’est au même but, prosateurs ou poètes, que nous voyons alors tendre tous les écrivains ? […] Comme aux hommes du xvie siècle — et, si je l’ose insinuer, comme à quelques-uns aussi du nôtre, — il semble à Bayle que l’érudition, pour avoir en soi ses joies, y ait aussi son objet, son but, et sa fin.
Cette action, si sombre qu’elle soit, devient forcément secondaire dans un livre qui contient à la fois l’histoire de la Rome de l’antiquité, de celle des Papes, de celle d’aujourd’hui ; elle n’a pour but que de rendre plus légère une lecture qui semble destinée plus aux hommes qui s’occupent de politique et de questions sociales, qu’aux femmes qui cherchent l’intérêt d’une intrigue à péripéties. […] » Toute république est un état d’anarchie, et c’est dès lors la plus criminelle des fautes, c’est ébranler à jamais l’idée d’autorité, d’ordre, de religion même, que de reconnaître la légitimité d’une république, dans l’unique but de caresser le rêve d’une conciliation impossible… Aussi voyez ce qu’il a fait du pouvoir temporel. […] » Je ne crois pas qu’on puisse mieux indiquer, sous une forme fantaisiste, le but moral visé par M. […] Malgré la pitié qu’inspire une vie de luttes aussi incessantes qu’inutiles, un peu d’impatience vous prend en songeant que tant d’efforts pour briser les fers de la tyrannie avaient pour but de détrôner Louis-Philippe dont le sceptre fut un innocent parapluie ? […] Le Triomphe de la mort Dans ces études dont le but est de signaler aux lecteurs les œuvres de valeur françaises ou étrangères et non d’enregistrer les querelles littéraires, je ne discuterai pas sur l’accusation de plagiat portée contre M.
L’animal bourgeois par excellence est la fourmi : sèche, discrète, prudente, active, ménagère, qui se remue, trotte, range, amasse et cherche encore sans autre but qu’amasser, sans autre plaisir qu’agir ; d’un esprit net, ferme et pratique, qui raisonne avec autant de précision qu’il calcule, railleur comme un homme d’affaires, incisif comme un avocat. […] 99 Le médecin va au même but que le juge, mais par d’autres voies. […] Il n’arrange pas de touchantes et jolies pastorales à la façon de George Sand ; il n’a point pour but de réhabiliter les paysans, de faire sentir la poésie de la vie rustique.
C’était un homme de leur race ; il ne faut pas lui demander un but ; son but, c’était son nom. […] Justesse d’idée, finesse de tact, sûreté de jugement, élévation de point de vue, largesse d’horizon, dignité de but, moralité de moyen, sang-froid dans le trouble, amour du peuple, dédain de la popularité, horreur de l’anarchie, haine des démagogues, pitié des utopistes, constance et modération dans le caractère, tout se réunissait en lui pour rendre cet homme rare digne et capable du rôle de conseiller confidentiel de la liberté.
nous acheminons-nous vers quelque but assuré ? […] Résolument, il a lancé la barque de saint Pierre sur la mer orageuse du siècle, et ni l’impétuosité des vents, ni le tumulte des flots, ni la clameur même des passagers effrayés de sa tranquille audace ne l’ont un seul jour détourné de son but. […] Si le positivisme contemporain est tombé dans l’excès contraire, et s’il a prétendu, lui, traiter la morale comme il faisait la physiologie, il ne s’est pas moins écarté du vrai but.
Aussi est-ce une bonhomie presque niaise, de la part de nos critiques et du public, de prêter à messieurs les auteurs des convictions, des doctrines, lorsque leur seul but, leur seul désir est de gagner le plus d’argent possible. […] Le véritable but des lettres est de faire monter le niveau de la conscience. […] L’idéal, comme un phare resplendissant, apparaît sur l’océan des âges et marque le but de l’évolution humaine.
Ont-ils atteint leur but ? […] Plus de ces photographies si dispendieuses (le plus souvent imparfaites) et qui manquent leur but, c’est-à-dire qui n’excitent point la sympathie des électeurs, soit par l’agrément des traits du visage des candidats, soit par l’air de majesté de l’ensemble ! […] Au surplus nous pensions déjà, — et nous le pensons encore, — que la misère, au commencement, est chose salubre ; quiconque hésiterait à la subir pour atteindre un but glorieux n’est pas digne de poursuivre ce but. […] Un peu fantasques, rue de Douai, chez moi, — il arriva quelquefois que l’on but du Champagne, au lieu de boire du thé ! […] Le vrai est le but de ce siècle, et sera le prix de ses efforts.
On confond presque toujours deux critiques que l’on devrait distinguer : étant sœurs, elles ont des traits communs, un certain air de famille ; mais elles n’en diffèrent pas moins par le but qu’elles poursuivent et par les procédés qu’elles emploient. […] Il ne sait pas ou ne veut pas savoir que le but avoué des promoteurs de la démocratie est, non pas de niveler les intelligences, mais de mettre les moyens de s’instruire et de s’affiner à la portée de toutes celles qui en sont capables. […] Si mon but était de combattre M. […] Il rappelle aux amateurs d’infiniment petits que, la synthèse étant le but, l’analyse n’est qu’un moyen. […] Faire tenir un homme ou une époque dans une formule a été le but toujours poursuivi et souvent atteint par le robuste penseur.
Clerfeyt : « Je pense, étant donné les circonstances présentes et l’actuelle situation des esprits, qu’une intelligence où filtrent des rayons d’idéal doit tendre son activité vers ce but : être utile. » M. […] Agir sur son temps, vivre par son époque et pour son époque, tel est le but. » Voilà de beaux sentiments exprimés avec noblesse. […] Dans quel but nous entre-égorgerions-nous pour assurer la prépondérance sur le marché des valeurs françaises ou des produits allemands, puisque nous savons que dans tous les cas, chez le vainqueur comme chez le vaincu, le sort du grand nombre, — dont nous faisons et dont nous voulons faire partie, — ne sera amélioré en rien ? […] Supposons que le rêve de Nietzsche se réalise, que les plus intelligents, les plus volontaires d’entre les hommes se donnent pour but la création de quelques types où s’absorberaient toutes les énergies de l’espèce au détriment absolu du grand nombre. […] L’antagonisme des intérêts est si grand, le penchant à opprimer est encore tellement développé chez la plupart des hommes que celui-là passe volontiers pour naïf qui se permet de désirer leur union fraternelle. — Or, tout au plus, existe-t-il des syndicats d’appétits, des associations temporaires de Malins qui, quoique se détestant les uns les autres, se coalisent momentanément dans un but de rapine.
* * * Dans l’exposé des faits qui lui ont suggéré la première idée de sa théorie et qui sont, comme on sait, l’ensemble des manifestations de l’hystérie, Freud insiste avec une force particulière sur la complète ignorance où se trouvaient ses patients des causes et des fins des actes qu’ils accomplissaient : Pendant qu’elle exécutait l’action obsessionnelle, écrit-il, le « sens » en était inconnu à la malade aussi bien en ce qui concerne l’origine de l’action que son but. […] Et est-ce qu’elle n’existe pas, pourtant, d’une façon, si j’ose dire, infiniment précise, à ce même moment, cette passion, puisque le plus petit accident qui survient pour en encombrer la carrière, ou rendre son but plus lointain, peut provoquer instantanément un bouleversement complet de tout notre être, qui se traduira jusque dans notre attitude physique et influera jusque sur la circulation de notre sang ? […] Je reprends donc : Freud, par une longue analyse, fortement appuyée de remarques expérimentales, qui remplit toute la petite brochure intitulée : Trois dissertations sur la théorie sexuelle, établit que l’instinct sexuel n’a d’emblée ni l’objet ni le but que nous lui connaissons. […] Il me semble impossible, après Freud, qu’il puisse se passer d’imaginer pareillement à l’avance, même s’il ne doit pas en dire un mot au cours de son récit, (son récit peut même avoir pour but seulement de la suggérer) la situation sexuelle de chacun et sa relation — vous comprenez que je prends le mot dans son sens le plus général — au point de vue sexuel avec les autres. […] Un peu plus loin il parle du secret de la vérité et de la beauté à demi pressenties, à demi-incompréhensibles dont la connaissance était le but vague, mais permanent de ma pensée 13.
Ainsi se forme en lui le modèle idéal qui, obscur ou distinct, achevé ou ébauché, va dorénavant flotter devant ses yeux, rallier toutes ses aspirations, tous ses efforts et toutes ses forces, et l’employer à un seul effet pendant des siècles, jusqu’à ce qu’enfin renouvelé par l’impuissance ou la réussite, il conçoive un nouveau but, et reprenne un nouvel élan. […] Tout son être est tendu vers un seul but ; il faut qu’il fasse effort incessamment, le même effort, un effort profitable ; il est devenu machine.
L’ode est en trois bonds, comme celle de Pindare, son émule ; mais dans chacun de ces trois bonds, en apparence désordonnés, il avance vers son but : émouvoir, attendrir, effrayer sur la vie de Virgile exposé à ces périls des mers. […] Nous sommes tous chassés vers le même but par la mort ; plus tôt ou plus tard, notre sort est agité dans la même urne ; il en sortira, ce jour qui nous condamne à entrer tous dans la barque de notre éternel exil !
Il explique avec une sagacité véritablement divine la pensée ou la passion des personnages, rois, consuls, magistrats ou peuple, qui amenèrent, dans tel ou tel but, telles ou telles vicissitudes dans les destinées du peuple romain ; il montre comment de l’événement accompli devait nécessairement découler tel autre événement par la seule fatalité des grands esprits, la fatalité des conséquences ; il refait l’histoire romaine tout entière avec une lucidité rétrospective qui éclaire mille fois mieux les faits que l’historien romain lui-même. […] N’oublions pas cependant que, dans ce temps barbare encore du moyen âge italien, la politique n’était pas une moralité de but et une légitimité des moyens ; la politique n’était qu’une science, et Machiavel voulait surtout se montrer capable : ce n’est que plus tard que la politique, sous la plume de Fénelon, devint une vertu ; sous Bossuet même elle n’était qu’une sainte violence.
Il existe un ensemble de croyances et d’opinions toutes faites sur la vie collective, qui varie nécessairement avec les temps et les lieux, mais dont le but est toujours le même et qu’il est convenu de professer ou de paraître accepter. […] En tant que tel, il ne relève que de lui, sa fonction est de vivre de son mieux, et le « devoir » de ses idées, de ses désirs, de tous les éléments psychiques et organiques qui le forment est de concourir à ce but.
S’il est un résultat acquis par l’immense développement historique de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe, c’est qu’il y a une vie de l’humanité, comme il y a une vie de l’individu ; que l’histoire n’est pas une vaine série de faits isolés, mais une tendance spontanée vers un but idéal ; que le parfait est le centre de gravitation de l’humanité comme de tout ce qui vit 92. […] Nous autres nous pensons que le but de la nature est l’homme éclairé, qu’il soit français, anglais, allemand.
Le but, pour le poète-musicien, n’est pas la poésie et n’est pas la musique. Le seul but c’est le drame lui-même, c’est à dire l’action, la passion, la vie.
II — Novembre-décembre Le 4 novembre, le Journal des débats, le premier, publia la note suivante : Il paraît qu’il vient de se fonder un comité dont le but est de protester publiquement contre la représentation du Lohengrin à Paris lors des représentations de cette œuvre à l’Opéra-Comique ; ledit comité aurait, dit-on, recueilli actuellement près ce 10 000 francs pour soutenir cette lutte anti-artistique. […] Notre tâche est autre, autre notre but.
Tout dépend : 1° de la direction du mouvement, qui peut avoir pour but une action cérébrale, comme quand on cherche à se souvenir, à raisonner, etc., ou une action musculaire, comme quand on veut soulever un poids ; 2° de son degré d’énergie, qui peut vaincre ou ne pas vaincre la résistance opposée par les muscles et, en général par l’ensemble de mouvements contraires qui empêchent nos idées de remuer sans cesse tous nos membres comme des fils tirant une marionnette. […] Il ne porte pas en lui-même un but qui se maintienne identique et suscite de nouveaux moyens quand les anciens manquent.
Quant au geste d’élever et d’étendre les mains en se renversant en arrière, Darwin en cherche l’explication dans son « principe d’antithèse » selon lequel une passion provoque, par contraste, les mouvements opposés à ceux de la passion contraire ; mais il nous semble que l’explication la plus simple est d’admettre que ce geste a pour but de se mettre en garde contre l’objet étonnant comme contre l’objet effrayant. […] Nos organes sensibles sont pourvus de muscles qui ont le double but de les disposer à mieux recevoir les excitations favorables et d’écarter les agents nuisibles.
Notre but n’a jamais été de concilier la liberté et le déterminisme précisément dans ce qu’ils ont de contradictoire, par je ne sais quel prestige de dialectique hégélienne. […] On a contesté que la liberté pût être un but.
Dans cet instant, mon petit faon favori était auprès de nous : « Bois le premier », lui dis-tu avec douceur, en lui tendant la coupe végétale ; mais le timide animal, peu habitué à ta vue, n’osa pas s’incliner pour boire, tandis qu’il but sans défiance quand je pris la coupe de ta main, et que je la lui tendis dans la mienne. […] VI La vertu, et non la passion, est le but moral des drames poétiques de l’Inde ; leur poésie, plus philosophique que la nôtre, tend à calmer l’âme du spectateur, et non à la troubler.