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2130. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

IX J’avoue qu’en commençant à étudier cette savante apocalypse, je m’attendais à autre chose.

2131. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Cette singulière peinture d’une volonté impuissante pour des raisons métaphysiques n’eut aucun succès en 1804 : le roman de Senancour dut attendre 1830 pour être en vogue, je ne dis pas pour être compris, car les romantiques y virent surtout l’inertie désespérée qu’ils sentaient en eux, sans regarder aux doctrines et au tempérament qui faisaient Obermann tout à fait distinct de René ou de Lélia.

2132. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Attachés à la terre par leur corps robuste plein de désirs grossiers, ils n’en sont pas moins obsédés par la pensée de l’invisible, par le désir de la cité d’en haut ; ils ne la conçoivent pas d’ailleurs d’une façon beaucoup plus raffinée que leurs aïeux ne faisaient le paradis d’Odin  Les Indous, émus par la souffrance universelle, pratiquaient une charité purement terrestre, épanchaient sur leurs frères une immense pitié ; on ne peut dire qu’ils aient sacrifié cette vie à une vie future, puisque ce qu’ils attendaient de la mort ou de l’extase, c’était l’anéantissement de la personnalité.

2133. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

On s’attendrait à trouver, parmi tant d’idées heureuses, quelques principes de goût sur la manière dont l’imitation pouvait enrichir, et, selon l’expression de Du Bellay, amplifier notre langue.

2134. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ritt et Gailhard sont résolus à repousser toutes nouveautés dangereuses : ils ont donné Tabarin, une pantomime agréable, accompagnée, je crois, de chants et de musique ; ils nous ont rendu Faust, avec une foule de chanteurs et d’airs renouvelés ; enfin ils nous promettent Rigoletto, pour attendre un grand opéra de Clapisson.

2135. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Certainement la langue et la poésie allemandes lui doivent beaucoup ; par lui nous avons compris qu’au point de vue de la parole seulement, la lyrique allemande ne peut dériver d’une origine artistique et populaire en même temps, et surtout que la poésie allemande ne doit pas attendre son salut de l’acclimatation de formes étrangères.

2136. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Lamoureux nous avait donnée à Paris, a été aussi parfaite qu’on pouvait s’y attendre.

2137. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Nous n’attendons pas que deux scrofuleux engendrent un enfant sain, que des parents irascibles produisent un caractère doux, que deux idiots donnent naissance à un homme de génie.

2138. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Mais non pour attendre d’eux le conseil de salut : je crois bien que les indications arriveraient multiples et contradictoires.

2139. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

» Mais les faits, puisqu’on les invoque, ont leur logique à eux, qui ne s’accorde pas toujours avec la nôtre, ni avec celle des traités de Logique, et, en fait, on sait déjà que les conclusions finales du positivisme ne sont pas celles qu’on se fût attendu qui sortiraient de ses principes.

2140. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Les hommes n’ont pas attendu l’avènement de la science sociale pour se faire des idées sur le droit, la morale, la famille, l’État, la société même ; car ils ne pouvaient s’en passer pour vivre.

2141. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Donc, aucun terme d’art, mais la silhouette est très heureuse et très représentative, et elle donne une vision très nette de ce roi entouré de tous les objets qui lui étaient habituels, et puis avec son air matois jusque sur le tombeau, cet air qui était le fond même du caractère de Louis XI… D’un livre de cette sorte, ce que l’on attend c’est d’abord du pittoresque, ce sont des rapports exacts et intelligents sur les œuvres d’art que l’on voit et c’est ensuite quelques relations sur les hommes et le caractère des hommes que l’on a rencontrés.

2142. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Bergers, attendez-nous !

2143. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il ne l’a pas voulu, et il le paiera de la gloire qui l’attendait et qu’il aurait touchée.

2144. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’inévitable intervention de l’armée, qu’elle vînt de Bernadotte, de Moreau ou de Bonaparte, n’était préparée et attendue que comme une intervention républicaine. […] Il faudra pour retrouver cette familiarité avec la ligne serpentine de la pensée et avec son clair-obscur attendre Mallarmé et Valéry. […] Mais la renaissance chrétienne en réaction contre la philosophie ne l’avait pas attendu. […] Ce sont des discours religieux, et précisément les discours religieux qu’on attendait, ceux d’un Génie du christianisme dans la langue des beaux vers. […] Les gamins, pour le voir, l’attendaient à la porte des coulisses… On disait : Notre Delmar.

2145. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

On admettait que la quantité de sucre qui existait dans un animal devait varier en raison même de la nature de son alimentation ; que l’on devait en trouver chez les herbivores, qui prennent en abondance des matières féculentes aisément transformables en sucre, mais qu’on ne pouvait pas s’attendre à en rencontrer chez les carnassiers, nourris seulement de substances azotées ou graisseuses, qui ne peuvent pas, dans l’intestin, se transformer en sucre par les procédés digestifs connus. […] Il faut en outre faire l’opération assez vite, et s’arrêter aussitôt que la décoloration complète du réactif est obtenue, sans attendre davantage. […] Si l’on attendait plus tard, l’excès de sucre se serait répandu dans tout le sang, et alors on en trouverait dans la veine porte ; ce sucre ne viendrait pas des intestins, mais bien des artères mésentériques. […] Mais, Messieurs, dans ces expériences sur l’alimentation féculente ou sucrée, nous devions naturellement nous attendre à trouver une plus grande proportion du sucre dans le foie ; au lieu de cela, nous avons trouvé qu’il n’y en a pas une plus grande quantité après l’ingestion de ces substances dans l’intestin. […] On devait s’attendre, en conséquence, à voir le sang de la veine porte, que nous avons déjà trouvé plus riche en sérum, contenir plus d’eau que celui des veines hépatiques, et moins de matières solides.

2146. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

La tombe attend ; elle est avide ! […] Pour Eugène, c’était d’ailleurs tout vu : une étude d’avoué l’attendait à La Rochelle, celle même qui avait appartenu à son grand-père. […] c’est redevenir virtuel. » Mais, pour redevenir virtuel, il n’a pu attendre de mourir. […] « Je suis doux envers la destruction, dit Amiel, mais j’ai la mort dans l’âme, parce que je sens cette vie manquée et que je n’attends pas de revanche. » Être doux envers la destruction, peut-on appeler manquée une vie qui porte ce fruit ?

2147. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Pour rencontrer un accueil plus sûr, il lui faudrait attendre la montée de la marée humaine, comme le pêcheur qui aborde au rivage attend, assis sur l’avant de sa barque, la vague qui doit le porter jusque sur le sable, se laisse soulever par elle et d’un bond saute gaiement à terre ; mais le génie est toujours pressé : en plein océan, il crie : « Terre !  […] En l’entendant, l’oreille éprouvera la satisfaction qu’elle éprouve en présence de toute musique : après chaque accord, elle attendra le suivant, sans crainte de surprise, sans que les vibrations harmonieuses qui s’éteignent en elle soient contrariées par celles qui renaissent à l’instant. […] Quand nous prononçons deux voyelles consécutives très distinctement et en les accentuant toutes deux, le courant d’air expirateur doit s’arrêter après la première pour attendre que la bouche soit prête à l’émission de la seconde : de là un temps de silence qui suspend la parole et toute sensation acoustique57. […] Fiers rimant avec entiers, mer avec aimer ou écumer, sourcils avec attendent-ils, Christ avec écrit, luth avec salut, etc.

2148. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Et enfin et surtout, — je ne parle qu’au point de vue de la littérature, — si l’on aspirait au naturel, et qu’on y tendît sans y pouvoir atteindre ; si l’on s’était trompé jusqu’alors sur les moyens d’y toucher ; les Provinciales étaient ensemble le signal et le modèle attendus. […] Diderot, Apologie pour l’abbé de Prades], le cartésianisme était là, qui n’attendait que le moment d’entrer dans la place, un cartésianisme dégénéré, si l’on veut, de la vraie pensée de Descartes, mais un cartésianisme logique, logiquement déduit des principes du philosophe ; et c’est ici le temps de montrer sa véritable influence. […] On n’en attend plus l’auteur à débrouiller une intrigue, ou à prouver une « thèse », mais à bien attraper ses modèles ; ce qui le conduit lui-même à faire de l’actualité la maîtresse du choix de ses sujets, comme de la manière dont il les traite. […] II ; et Mézières, Prédécesseurs et contemporains de Shakespeare.] — Quelques caractères de la maladie : — ne rien nommer par son nom, mais procéder toujours par périphrase, allusion, ou sous-entendu ; — exagérer plaisamment les petites choses, et abaisser les grandes au ton de la conversation ; — jouer sur les mots, faire des pointes, des concetti, des agudezas, Ne dis plus qu’il est amarante Dis plutôt qu’il est de ma rente ; tirer des comparaisons d’où l’on ne les attendait point ; — pousser à bout ses métaphores [Cf.  […] — et Fénelon lui-même encore plus heureusement d’avoir attendu jusque-là, — depuis deux ans que traînait l’affaire du quiétisme, — pour entrer en lutte avec Bossuet ?

2149. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

« 14 juillet 1829. » La lettre suivante a plus d’importance, puisqu’elle roule tout entière sur cette méthode même de critique que j’essayais alors pour la première fois avec quelque étendue dans mes articles de la Revue de Paris : De Vigny qui en parlait de la sorte au début, et avec une complaisance infiniment trop marquée pour être mise sur le compte de la simple politesse, était certes bien loin d’estimer cette façon d’analyse fausse et mauvaise en soi, et, peu s’en faut, impie dans son application aux poëtes : il a attendu pour cela qu’elle le prît lui-même au vif pour sujet et qu’elle n’entrât pas absolument dans le joint de son amour-propre : « 29 décembre 1829.

2150. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

La jeune fille se dit qu’elle montrera les lettres à son père dès qu’il arrivera, et on l’attend de jour en jour.

2151. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Une nouvelle impulsion se faisait attendre, lorsque Malherbe parut.

2152. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

XCVIII Saint François, content de leur fidélité à accomplir leur vœu, les avait fait accueillir comme si on les attendait, elle comme sœur converse, lui comme frère servant, à la porte des Carmélites de Lorette et des Camaldules de Lucques.

2153. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

On ne saurait prouver qu’il soit arrivé un miracle dans le passé, et nous attendrons sans doute longtemps avant qu’il s’en produise un dans les conditions correctes qui seules donneraient à un esprit juste la certitude de ne pas être trompé.

2154. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Attend, atten.

2155. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Alors même qu’on s’expliquerait comment nous sommes parvenus à les imaginer, à en faire comme le plan par avance de manière à nous représenter les services que nous en pouvions attendre — et le problème est déjà difficile — les vœux dont elles pouvaient être ainsi l’objet n’avaient pas la vertu de les tirer du néant.

2156. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

C’est avec le noir animal de sa Bovary que Flaubert a fait ses femelles de L’Éducation sentimentale, et c’est ce connu, c’est ce manque de nouveauté, dans les personnages comme dans la manière, c’est cette répétition affaiblie, comme toute répétition, des mêmes formes et du même fond d’idées, — si idées il y a, — qui sera l’empêchement dirimant du grand succès annoncé, mais qui ne viendra pas, et qui déjà, comme vous voyez, se fait attendre !

2157. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Les hommes s’engagent dans des rapports de bienfaisance, lorsqu’ils espèrent retenir une partie du bienfait, ou en tirer une grande utilité ; tel est le genre de bienfait que l’on doit attendre dans la vie sociale.

2158. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

; — il lut Fontenelle, qu’il admire trop à mon avis et comme un homme dont les jeux d’esprit et les paradoxes sont devenus des vérités ; il lut Stendhal, comme on peut s’y attendre ; et, en tant qu’il n’a pas voulu aller plus loin chez nous que le dix-huitième siècle, il devait lire Stendhal qui en est ; et il juge que Stendhal « est peut-être de tous les Français de ce siècle celui qui a possédé les yeux et les oreilles les plus riches de pensées ». […] Maintenant l’humanité a le droit d’attendre ; elle n’a plus besoin de se précipiter et d’accepter des idées mal examinées, comme il lui fallait faire autrefois. […] Moi, je le remis sur pied et j’attendis auprès de lui que la parole lui revînt. […] L’estime de ceux qui confèrent l’estime, la joie de ceux à qui nous voulons du bien ou de ceux que nous vénérons, dans certains cas la gloire et une immortalité relative de la personne, c’est là le prix qu’on peut attendre pour cet abandon de la personnalité : sans parler ici de résultats et de récompenses moindres, bien que ce soit justement à cause de ceux-ci que la plupart des hommes ont juré fidélité aux lois de cette république et en général à la science, et qu’ils continuent toujours à y demeurer attachés. […] Ceux qui ne feront que très strictement leur devoir, ne devront pas s’attendre à ce que l’on ferme les yeux sur leurs faiblesses.

2159. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il ne faudrait peut-être pas beaucoup attendre pour que nous pussions dire à nos vainqueurs comme les morts d’Isaïe : Et tu vulneratus es sicut et nos, nostri similis effectus es !  […] La France en tout cas est plus sûre d’avoir sa revanche, si elle la doit à ses défauts, que si elle est réduite à l’attendre de qualités qu’elle n’a jamais eues.

2160. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

À côté de ces deux aquarelles, puissamment gouachées, une aquarelle de la plus grande limpidité, et du lavage le plus transparent, où une vieille portière dit à une autre : Ce qu’y a de monde à Paris qui n’attendent pas que les arrondissements soient prêts, pour filer dans le 13e. — Ça fait frémir ! […] le matin du déjeuner, elle arrivait, l’album dans les bras, et me le mettait dans les mains, avec cette phrase : « Décidément, je me porte trop bien, je vous ferais trop attendre ! 

2161. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

On peut d’ailleurs expliquer l’illusion du sens commun : le souvenir immédiat, comme le souvenir après intervalle, est en raison directe de l’état dont il y a souvenir [§ 10] ; si donc les concomitants faibles précèdent le signe, ils font peu d’impression ; quand le signe arrive à son tour et complète le groupe, alors seulement l’esprit se trouve en présence d’un état bien distinct qui le satisfait et l’intéresse ; le groupe n’est pas vraiment remarqué avant que le signe l’ait rejoint et ait paru en prendre le commandement ; et, dès lors, la moindre réflexion sur l’ensemble, l’analyse la plus fugitive, donneront au signe le premier rang, parce qu’il est l’élément le plus fort et le plus distinct ; il sera noté le premier, le sens ensuite, l’esprit, dans toutes ses opérations, allant naturellement du clair à l’obscur, du plus facile au plus difficile, et l’instant durant lequel l’idée attendait son expression n’ayant laissé qu’une faible trace dans la mémoire. […] N’exagérons rien : l’effacement des images-idées n’est favorable à la pensée que dans la mesure où il est indispensable à sa généralisation ; si les images parasites introduites par la métaphore ont été totalement anéanties, si les caractères individuels ont été affaiblis au profit des caractères généraux, et si, parmi les caractères généraux, ceux qui se trouvaient primitivement plus vifs que les autres ont été destitués d’un privilège immérité [§ 3 et A], l’idée générale, purifiée par ces trois effets de l’habitude négative, et parvenue à un état, malheureusement trop instable, de perfection absolue, n’a plus rien à attendre de l’habitude ; tout au contraire, il faut désormais qu’à chaque remémoration l’attention s’arrête un instant sur elle et la ravive ; sinon, elle s’affaiblit encore, et, lorsqu’elle a atteint un certain degré de faiblesse, elle ne saurait plus être ravivée par la réflexion ; alors, étant à la fois très homogène et très effacée, elle résiste à l’analyse, à la définition ; on s’entend encore soi-même, mais on ne saurait plus s’expliquer et traduire sa pensée dans un nouveau langage ; en même temps, les éléments caractéristiques de l’idée n’étant plus distincts, ses rapports logiques avec les idées voisines ne peuvent plus être nettement aperçus ; une idée trop effacée peut faire encore bonne figure dans un lieu commun ou dans une période oratoire ; elle ne saurait entrer sans inconvénient dans un jugement original ou dans un raisonnement quelque peu subtil et serré.

2162. (1886) Le naturalisme

Les spectateurs attendaient une circonlocution, une périphrase alambiquée quelconque, quelque blanc tissu ou autre chose qui n’offensât point leurs oreilles de gens de goût. […] Il semble que l’imagination romanesque attendait pour se manifester librement la venue du christianisme. […] Selgas fait au lecteur bien des surprises agréables, quand il ne s’y attend pas.

2163. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

. — Indifférence relative au milieu de laquelle ils paraissent ; — et raisons naturelles de cette indifférence ; — s’ils ne contiennent en effet presque rien qui ne fût plus qu’« amorcé » dans les sept premiers volumes ; — et si, tout l’effet qu’on pouvait attendre de l’œuvre, ces sept premiers volumes l’avaient déjà réalisé. […] Il n’a d’ailleurs pas vu qu’il n’y a pas de « religion naturelle » ; — pas plus qu’il n’y a pas de « nécessité libre » ou de « hasard constant » ; — l’association même de ces idées étant contradictoire dans les termes ; — toutes les vérités qu’enseigne la religion naturelle lui venant d’une autre source qu’elle-même ; — et n’étant qu’une « laïcisation » des enseignements de quelque religion « révélée ». — Il n’a pas vu davantage que, — si la raison peut atteindre quelques-unes des vérités constitutives de la religion, — ce n’en sont point les plus hautes ; — ni surtout les plus efficaces ; — et que la croyance en un « Dieu rémunérateur et vengeur » ne pouvant être un principe ni surtout un mobile d’action, mais uniquement un motif de ne pas faire, — ne saurait suffire à fonder la morale ; — laquelle devient donc ainsi purement sociale ; — et conséquemment relative, diverse et changeante. — Qu’au surplus, dans sa polémique injurieuse et grossière contre le christianisme, — il a manqué non seulement de justice, mais de loyauté ; — en méconnaissant la supériorité du christianisme sur le mahométisme, par exemple, ou sur le paganisme ; — si, du point de vue purement historique ou humain, le christianisme a renouvelé la face du monde, — et si d’autre part l’intolérance et le « fanatisme » ne l’ont point attendu pour se déchaîner parmi les hommes. — Il ne semble pas en effet qu’une ardeur de prosélytisme ait précipité les Perses contre les Grecs ; — ni que les partisans de Marius ou de Sylla se soient entrégorgés pour une question de dogme. — Et ce qu’enfin il a vu moins clairement encore que tout le reste, — c’est que, dans cette société même, la raison toute seule n’a jamais rien fondé de vraiment durable ; — si même on ne peut dire qu’elle tend plutôt à l’anarchie qu’à l’union. — C’est ce qu’avaient fortement établi les Bossuet et les Pascal ; — que pour ce motif Voltaire a tant combattus, sans les avoir toujours compris. — Incomparable pour saisir avec rapidité les aspects superficiels et la ressemblance extérieure des grandes choses, — Voltaire n’a jamais eu la force de méditation ; — il ne s’est jamais donné les loisirs studieux qu’il faut pour les approfondir ; — et c’est ce que de bons juges veulent dire, — quand ils lui refusent le titre de philosophe ou de penseur, — et qu’ils appellent son œuvre « un chaos d’idées claires » [E.  […] Montégut, Souvenirs de Bourgogne], — sa froideur en présence de quelques-unes des grandes scènes qu’il a décrites ou imaginées ; — et on pourrait être tenté de dire que ces critiques se compensent ou s’annulent. — Mais il est plus vrai de dire qu’elles se concilient ; — et que le style de Buffon, parce qu’il est naturellement ample, — et qu’il s’égale sans effort aux plus grands sujets, semble être un peu au-dessous de ce que nous en attendions dans ces sujets ; — ce qui est une raison pour que dans les moindres, — et notamment dans les descriptions, — nous le trouvions trop majestueux ; — et supérieur en quelque sorte à la dignité de son objet. — Il s’anime d’ailleurs quand il le faut ; — et, pour ne rien dire de ses qualités de nombre, d’exactitude et de couleur, — il a plus d’une fois atteint jusqu’au lyrisme [Cf. l’Histoire naturelle de l’homme] ; —  et plus d’une fois au ton de l’épopée [Cf. les Époques de la nature].

2164. (1896) Études et portraits littéraires

Lisez dans Propos d’exil la fin de ce vieux dont on voudrait expurger les souvenirs, mais qui est si touchant, seul dans sa maisonnette, à mi-hauteur de la falaise, où il attend la mort, en face de la mort. […] Déjà quelques-unes de ses « petites amies » dorment au cimetière des jouets brisés, où, sans doute, une seconde mort les attend. […] Un jour, je ne sais de quel monde fangeux était venue la critique ; il témoigna qu’il s’y attendait : « Quand on jette des pierres dans une mare aux grenouilles, on sait à quoi l’on s’expose. » Enfin il fait le signe de la croix, il commence. […] le pont du Rhin n’avait cessé d’être indivis entre nos voisins et nous, nous ririons de l’effet moral qu’il attendait (en 1869) d’un concert donné sur ses arches par « mille exécutants français et allemands ».

2165. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Il n’a pas vu que la perfectibilité, pour l’auteur de La Littérature, c’est la « perfectibilité morale », dont elle attend tout, — et rien ou presque rien des progrès de la science ou de la philosophie. […] Nous attendons de lui qu’il nous apprenne, littéralement, à voir. […] Elles sont l’œuvre d’Auguste Comte, — dont on ne s’attend pas que nous résumions ici le Cours de philosophie positive (1831-1842), — mais dont il faut bien savoir que le grand effort a été dirigé contre la prétention de l’éclectisme à faire du Moi le juge de l’erreur ou de la vérité contenue dans les systèmes. […] Unité de l’œuvre de Flaubert ; — et que, quoi que l’on dise de Madame Bovary ou de L’Éducation sentimentale ; — l’application s’en fait d’elle-même à Salammbô et à la Tentation de saint Antoine. — Le sujet seul diffère ; — mais les procédés sont demeurés les mêmes ; — et la conception d’art identique. — Le premier point est de s’abstraire de la réalité que l’on représente ; — et de n’en retenir, pour le peindre, que ce qui donnera la même impression, — à tous ceux qui l’étudieront d’assez près [Cf. à ce sujet la discussion de Sainte-Beuve avec Flaubert sur Salammbô]. — Mais, en second lieu, la représentation devra être typique, — et non anecdotique ; — ce qui est encore le contraire du romantisme ; — attendu que, si le romantisme a vu dans le caractère, ce qu’on pourrait appeler « l’accidentel » ou l’« unique » [Cf. 

2166. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

» On va chez la fiancée qui est prête, et de là à la municipalité où l’on attend ; mais l’officier municipal ne vient pas ; sa femme est accouchée de la veille, il faut bien qu’il ait son décadi pour s’amuser avec ses amis et fêter la naissance de son enfant. « Ce sera pour demain, » se dit chacun, et l’on s’en revient un peu désappointé ; le rival, qui est de la noce en qualité de cousin de Charlotte, sourit ; l’optimiste Pierre répond à son maître, tout irrité, par son mot d’habitude : « Qui sait ? 

2167. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Il n’a pas méprisé pour cela la raison, il l’a réduite à son domaine, et il a évalué ce domaine : mais il a tout attendu de l’intuition ; il en a tout reçu, avec cette certitude qui seule pouvait donner la paix à une intelligence impatiente, insatiable comme la sienne, et incapable de s’arrêter dans une demi-science douteuse et relative.

2168. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Toi qui sors en régnant de l’arène insultante Où nous autres, tes fils, entrons en combattant, Donne-nous, pour braver le sort qui nous attend, La bénédiction douce et réconfortante De tes mains où fleurit la palme qui nous tente !

2169. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

De toutes les qualités, celle qu’on attend le moins d’un jeune homme, la finesse, il l’eut tout d’abord, et il la garda jusqu’à la fin.

2170. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Assurez-la bien de mon sincère attachement ; je la prie instamment de me donner de ses nouvelles et des vôtres, ce que j’attends avec bien de l’impatience.

2171. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le contre-coup littéraire de ces préoccupations agronomiques ne se fait pas attendre.

2172. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La pensée scientifique est mûre pour faire éclore une poésie spéciale, l’instrument est admirablement préparé ; le public attend, quand viendra le poète ?

2173. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Des ailes voletantes attendent aux anses silentes de bonace.

2174. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Ainsi qu’il fallait s’y attendre, et comme on a pu voir par ce qui précède, le comique de mots suit de près le comique de situation et vient se perdre, avec ce dernier genre de comique lui-même, dans le comique de caractère.

2175. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Enfin, le sentiment déborde avec trop d’abondance dans leur âme pour attendre une expression moins spontanée, moins prompte, moins immédiate que la parole. […] Il n’est pas besoin, pour sortir de l’époque transitoire où nous nous trouvons, d’une révélation nouvelle, comme l’attendait M. de Maistre. […] En vain le poète l’attend avec amour et la demande avec larmes ; elle n’apparaîtra qu’à son jour, à son heure ; peut-être la flamme divine est-elle pour toujours évanouie ! […] Est-ce à dire que le poète, impuissant à provoquer, à fixer l’inspiration, doive l’attendre passivement ? […] Cette grande histoire de la parole attend un rare génie.

2176. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Mme de Gesvres arrive, belle, charmante et de bonne grâce ; Mme d’Arpajon était au-dessus de moi ; je pense que la duchesse (de Gesvres) s’attendait que je lui dusse offrir ma place ; ma foi ! […] Le caractère donc, comme le tempérament, se montre partout dans les écrits, même où on l’attendrait le moins. […] Bontemps, fort attaché à mon père, accourut me le dire à la tribune, où j’attendais ; puis, vint M. de Beauvilliers lui-même, qui me dit de me trouver à trois heures dans la galerie, où il me ferait appeler et entrer par les cabinets, à l’issue du dîner du roi… » Eh bien ! […] Elle donna ses quinze sous en monnaie de cuivre : on voyait qu’elle les avait économisés un à un, péniblement, sur son chétif salaire de chaque jour, et amassés pour son dimanche, récréation unique de la semaine, fête longuement attendue !

2177. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Qu’on me donne à lire une ode, je m’attends à quelque chant sublime ou gracieux ; si l’inhabileté du poète me jette dans quelque récit, ou me détourne vers des idées satiriques, il mécontente ma disposition lyrique, sans contenter la disposition que je prête soit à l’épopée, soit à la satire. […] Il ne les empêche pas du moins de naître, et il nous apprend à les attendre avec patience en lisant leurs devanciers.

2178. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

S’ils osaient encore davantage, et si leur exemple était suivi, nous verrions peut-être enfin les études changer de face parmi nous : mais c’est un avantage qu’il ne faut attendre que du temps, si même le temps est capable de nous le procurer. […] Le style naturel, dit Pascal, nous enchante avec raison ; car on s’attendait à trouver un auteur, et on trouve un homme.

2179. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Et ici, dans ce cas particulier des Saint-Simon, comme nous avons affaire de plus et très essentiellement à un peintre, il faut aussi bien comprendre (et c’est sur quoi j’ai dû insister en commençant) quel est le genre de vérité qu’on est en droit surtout de lui demander et d’attendre de lui, sa nature et son tempérament d’observateur et d’écrivain étant connus.

2180. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

« Durant ces vingt années d’usage régulier, ce bâton ne s’est pas raccourci de trois lignes : preuve de la finesse de sa substance, gage de la longue vie qui l’attend.

2181. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Sa théorie du pouvoir royal est ce que l’on peut attendre d’un prêtre gallican, de famille parlementaire : les rois sont absolus, mais ils doivent respecter les lois, les droits des divers corps de la nation.

2182. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Le peuple n’avait pas attendu ce moment pour adopter le chansonnier : au fond, le peuple est très bourgeois.

2183. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Encore y a-t-il plusieurs de ces fenêtres où l’homme que nous attendions ne passe point.

2184. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

On ne s’attend guère à rencontrer, à cette date, un sentiment si vrai et si profond, exprimé avec la grâce du style de Montaigne.

2185. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ce que Pascal imagine pour rendre sa matière agréable, pour être enjoué en restant sérieux, savant sans fatiguer de sa science ; ce qu’il déploie d’invention pour faire sortir la vérité d’où on l’attend le moins, et pour en rendre l’effet plus sûr, rappelle toutes les grâces des Dialogues de Platon, auxquels on a judicieusement comparé les Provinciales.

2186. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il tirait du temps même une autorité de plus pour ses remarques ; car, pour peu qu’il attendît, il pouvait discerner l’usage passager de l’usage définitif, et il n’enregistrait qu’avec plus de confiance des mots qui avaient pu résister à la double épreuve de l’usage et du temps.

2187. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il le « doit », cela veut dire que c’est cela qu’il fera s’il est un bon élément, que c’est cela qui est nécessaire à la vie régulière de l’ensemble, et qu’attendent de lui, s’ils peuvent bien raisonner, ses collaborateurs, le « nous » auquel son « moi » se rattache.

2188. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Isolde a le besoin de Tristan, toujours, l’attend, imprudemment l’attire.

2189. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Voilà en deux mots ce qui se trouve dans des milliers de livres, mémoires, observations ou expériences ; une masse immense de faits qui attend encore son Keppler ou son Newton.

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