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870. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

L’Église a plus d’une fois déploré, dénoncé les conseils d’indépendance et de révolte qui s’échappaient d’un Lucrèce ou d’un Lucien. […] Un seul grand écrivain du xviiie  siècle échappera à cette ignorance, et cela seul suffirait à colorer son talent d’une teinte particulière. […] Les langues étrangères, à leur tour, n’échapperont point à l’examen de l’historien.

871. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Passez d’une couleur à l’autre, des sensations se succèdent entre lesquelles, sur certains points, les transitions échappent. […] Les sciences de la nature transcrivent tous les phénomènes en termes de mouvement ; mais les mouvements eux-mêmes ne sont encore qu’une langue dérivée, une algèbre propre à exprimer des rapports : le fond même de la vie, l’original de l’existence échappe à toutes ces translations mécaniques et ne se saisit qu’en termes de l’ordre mental. […] — Mais, demanderons-nous, si la stimulation qui précède la stimulation actuelle est inconsciente, comment puis-je saisir la différence, alors qu’un des termes m’échappe ?

872. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Il laisse échapper, que depuis quelque temps, il éprouve de telles souffrances, que maintenant, quand il va à un enterrement, il envie presque l’insensibilité de celui qu’on met en terre. […] Il est vrai qu’à sa suite, Spuller se met à m’en parler… aimablement, mais comme d’un livre, dont l’auteur lui échappe, lui est fermé, lui est peu intelligible. […] — Cette bronchite, reprenait-il, non… c’est la fatigue de toute ma vie… c’est ma jeunesse passée dans la campagne à peindre sans manger… ce sont les demi-journées passées en Angleterre à peindre dans le brouillard… c’est, c’est… » Quelques minutes avant de partir, affaissé à côté de moi, il laisse échapper à voix basse : « Voyez-vous, quand on est une fois détraqué, comme je le suis, on ne se remet pas. » Je m’en vais navré, emportant de mon pauvre ami, l’impression d’un être frappé à mort.

873. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Pas une, pas une seule n’a échappé jusqu’ici à cette vicissitude organique de l’humanité. […] L’accent était profond comme l’infini, les mots transparents comme l’éther limpide, les images parlantes et répercussives de l’objet comme le miroir des mers et des cieux, le sentiment jaillissant comme un flot de l’éternité, émanation de chaleur et de lumière qui s’échappe du soleil sans jamais tarir son foyer, une illumination de l’infini par les girandoles des astres sur l’autel de Dieu. […] Il est le dedans et le dehors, le mobile et l’immobile de la nature ; par l’imperceptibilité de ses parties dans ce que nous appelons l’infiniment petit, il échappe à la vue ; il est loin, et cependant il est présent ; il est indivisible, et cependant il est divisé en toutes choses ; il est ce qui détruit et ce qui produit ; il est la lumière, mais il n’est pas les ténèbres » (nette protestation contre le panthéisme dont ces doctrines sont accusées) » ; il est la sagesse, l’objet et la fin de toute sagesse !

874. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Le cygne choisi et poursuivi par Damayanti, tantôt feint de se laisser prendre, tantôt échappe aux mains qui effleurent déjà ses ailes frissonnantes, tantôt ralentit et tantôt précipite ses pieds sur l’herbe, jusqu’à ce qu’il ait entraîné, par un espoir toujours renaissant et toujours déçu, Damayanti dans la profondeur d’un bois solitaire. […] À ce tableau, digne du pinceau de Michel-Ange, succède un autre tableau que l’on dirait échappé, comme la création d’Ève, à la muse inspirée de Milton chantant les beautés primitives du paradis terrestre. […] À leur aspect, le cœur de Nala se brise et s’ouvre ; il jette le cri du père et laisse échapper à demi le cri de l’amant.

875. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Ce qui échappait à l’Église tombait sous le glaive du roi, et ce qui s’insurgeait dans son cœur contre le roi tombait sous l’excommunication de l’Église. […] Lorsque le roi arrivait chez Mme de Montespan, ils lui lisaient quelque chose de son histoire ; ensuite le jeu commençait, et lorsqu’il échappait à Mme de Montespan, pendant le jeu, des paroles un peu aigres, ils remarquèrent, quoique fort peu clairvoyants, que le roi, sans lui répondre, regardait en souriant Mme de Maintenon, qui était assise vis-à-vis de lui sur un tabouret, et qui, enfin, disparut tout à coup de ces assemblées. […] Mon père lui fit signe de se taire, et lui dit en particulier : “Je ne puis donc paraître avec vous à la cour, si vous êtes toujours si imprudent. — J’en suis honteux, lui répondit Boileau ; mais quel est l’homme à qui il n’échappe une sottise ?

876. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Évidemment c’est une thèse à outrance soutenue par un esprit éperdu qui, sous les effroyables coups d’une logique bousculante, ne sait ni se retourner ni s’échapper et va jusqu’au bout — oui, jusqu’à l’abattoir de toute raison et de toute fière indépendance ! […] Et qu’on ne dise pas que nous tirons des déductions par trop dures de tel passage échappé à la plume titubante de M.  […] Est-ce que jamais plus insolente négation de la vérité avait échappé à un homme qui se dit historien encore ?

877. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

D’un autre côté, dans les Contes tirés de ces faits magnétiques dont l’époque actuelle est comme ivre, le panthéisme joue un rôle nouveau et offre des aspects qui avaient échappé à l’Allemagne, mais c’est toujours le panthéisme, la vieille monstruosité éventrée et connue jusque dans le fond des entrailles. […] Il échappa à la phtisie, mais il ne devait pas échapper à la faim héréditaire qui l’attendait.

878. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Les livres qui s’échappèrent de sa plume en ces années : L’Homme du Midi et l’homme du Nord (1824) ; La Scandinavie et les Alpes (1826), faciles, agréables et décousus, ne le représentent que très imparfaitement. […] — Vous avez ici une grande réputation d’esprit, et je vous en défends ; car on sous-entend souvent par le mot esprit des choses recherchées, faites à volonté et avec soin, tandis que l’esprit est ce qui échappe ; c’est le gaz de l’âme qui part inaperçu, le contraire de ce qu’on fait et fabrique.

879. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ici, il faut en convenir, il nous échappe complètement dans le détail, tout autant que si nous avions à apprécier un géomètre et un analyste d’un ordre élevé. […] Jamais il ne traite une question ; on ne pouvait le tenir sur une discussion proprement dite ; il s’échappait, comme on dit, par la tangente.

880. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Il ne marchande pas ce qu’il veut dire… Le public lui doit beaucoup d’avoir pris soin de ces Mémoires… Notre langue n’a plus cette naïveté et cette simplicité nécessaires pour un tel Journal, et nous n’avons point de Henri IV, à qui il échappe à tous moments des mots vifs et plaisants que l’on puisse recueillir. » Marais a exprimé en maint endroit son regret de la vieille langue et des libertés qu’elle autorisait. […] Mathieu Marais, dans les jugements qu’il porte de lui-même ou qu’il répète sur les ouvrages de la jeunesse de Voltaire, nous représente très bien la moyenne de l’opinion d’alors sur ce brillant et téméraire esprit, dont le souverain bon sens échappait et se dérobait trop souvent à travers de bruyants écarts de conduite.

881. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

C’est pour cela que j’ai toujours considéré la métaphysique et toutes les sciences purement théoriques, qui ne servent de rien dans la réalité de la vie, comme un tourment volontaire que l’homme consentait à s’infliger… » Ainsi il n’a point échappé à la crise inévitable des nobles esprits, an doute ; mais il s’en est tiré en l’éludant, en composant : il a mis quelques vérités à part, il ne dit pas lesquelles, mais on les devine aisément (Dieu, spiritualité, immortalité de l’âme, une portion de christianisme…). […] — Le mot qui était, échappé un jour à M. 

882. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Wagner, en donnant la quatrième édition du Virgile consacré, et en paraissant demander grâce pour s’être permis d’y indiquer quelques corrections et d’y ajouter partout où il avait pu des perfectionnements, terminait sa préface par cette sorte d’adjuration aux mânes vénérables : « Mais toi, Âme pieuse et ingénue de Heyne, si ta pensée s’abaisse encore sur ces choses, pardonne, je t’en supplie, s’il m’est échappé, chemin faisant, quelques mots non assez respectueux à ton égard ; pardonne, si ma médiocrité a avancé quelque chose qui ne soit pas assez digne d’un si grand nom et d’une si grande renommée dont tu as acquis la plus grande part par ton zèle à éclairer ces mêmes poèmes. […] En se cherchant dans la mêlée, les deux héros immolent à l’aveugle tout ce qui se présente devant eux : des guerriers qui avaient jusque-là échappé y trouvent le terme de leur destin.

883. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Toute cette conduite est d’une nuance qu’on ne saurait moralement assez apprécier ; ce qui est certain, c’est que des hommes comme Saint-Évremond et Bernier ne sont pas seulement des esprits libres : c’étaient des âmes libres et qui échappaient à Louis XIV. […] Gidel, a su échapper à cet inconvénient, et il nous a rendu un Saint-Évremond assez vrai dans sa diversité et son étendue.

884. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ainsi à l’âge de douze ans, ayant été atteint d’un coup de tonnerre, au seuil même de la maison, comme on l’avait couché sur un lit sans mouvement et sans apparence de vie, mais non sans connaissance, il endura longtemps les doléances et les soins éperdus des assistants, ne pouvant prendre la parole pour les rassurer ; mais le premier mot qui lui échappa fut à sa tante : « Eh bien ! […] Il vit de plus que pour être entendu du peuple, auquel de toute nécessité beaucoup de détails échappent, il fallait un cadre vivant, une image à la pensée dominante, un petit drame en un mot : de là tant de vives conceptions si artistement réalisées, de compositions exquises, non moins parlantes que les jolies fables de La Fontaine ; tant de tableaux si fins de nuances, et si compris de tous par leur ensemble.

885. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Quant à ce qui touche le genre d’émotions auquel dut échapper difficilement une âme si ardente, et ceux qui la connaissent peuvent ajouter si tendre, je dirai seulement que, sous le voile épais de pudeur et de silence qui recouvre aux yeux même de ses plus proches ces années ensevelies, on entreverrait de loin, en le voulant bien, de grandes douleurs, comme quelque chose d’unique et de profond, puis un malheur décisif, qui du même coup brisa cette âme et la rejeta dans la vive pratique chrétienne d’où elle n’est plus sortie. […] Si quelques enchaînements du livre m’ont ainsi échappé, j’y ai gagné d’emporter avec moi le plus vif de l’homme.

886. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Nisard, à laquelle n’échappent guère ceux qui ont fait quelque temps le premier Paris 161 dans les Débats. […] Un poëte de Lausanne, énumérant nos auteurs, s’est échappé à dire dans une Épître familière : Monsieur Saint-Marc au style dégagé, Monsieur Nisard au style rengorgé.

887. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Tout s’est révolté et a forcé les gardes ; quantité se sont échappés et vont inonder Paris. […] Chaque année, quelques pièces blanches allaient rejoindre son petit tas d’écus enterré au coin le plus secret de sa cave ; certainement, le paysan de Rousseau, qui cachait son vin et son pain dans un silo, avait une cachette plus mystérieuse encore ; un peu d’argent dans un bas de laine ou dans un pot échappe mieux que le reste à l’inquisition des commis.

888. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Les romans bretons sont la rentrée en scène et comme la revanche de la race celtique : c’est, au moins en apparence, la prise de possession de l’Occident romanisé, germanisé, christianisé, féodal, par l’imagination des Celtes de Bretagne, qui avaient pu échapper, sinon tout à fait à la domination, du moins à la civilisation romaine. […] Cette triste mélopée ne sort-elle pas d’un vaste atelier de quelque industrieuse cité, plutôt que de la région mystérieuse « d’où nul n’échappe » ?

889. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Partout s’échappe sa franche et personnelle sensibilité, atténuant les saillies de haut style par le laisser-aller du langage domestique et quotidien, relevant la négligence du parler populaire par la chaude sincérité de l’accent, d’une façon tout originale et inimitable. […] Servons bien notre patrie : si elle doit périr, que Montaigne échappe, s’il peut, à la ruine publique.

890. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Et à cause de cela beaucoup de choses, sans échapper à son intelligence, restent en dehors de ses sympathies, quelque effort qu’il fasse d’ailleurs pour les aimer. […] Sarcey échappe presque à toute critique, c’est dans les fragments qu’il a écrits çà et là de l’histoire du théâtre.

891. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

De là des outrances et des naïvetés : continuellement il nous avertit que ce que nous voyons ou entendons est terrible, et, comme il le croit, il nous le fait croire. « Tout à coup il eut un soubresaut, et de sa bouche s’échappèrent ces paroles épouvantables. » Ou bien : « On ne saurait croire l’expression de force, de fermeté, que la figurine de ce vieillard de soixante-quinze ans, molle, souriante auparavant, venait de prendre tout à coup. » Et voyez quelle conviction dans cette réflexion candide : « En vérité, l’homme est-il ainsi fait que la passion le puisse ravaler à ce point ? […] Et voici, tout à côté, d’exquises figures ; Méniquette et Marie Galtier, d’une pureté de fleurs, pareilles à des bergères de vitraux, à des petites saintes de Puvis de Chavannes, et le neveu de l’abbé Célestin, échappé à travers la grande nature maternelle comme un petit faune en soutanelle rouge, petit faune innocent qui a des pudeurs de petit clerc ou de jeune fille… Le Chevrier et Barnabé ne sont pas de moindres chefs-d’œuvre que Lucifer ou Mon oncle Célestin.

892. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Gérardy, Delchevalerie et Edmond Rassenfosse, y échappèrent complètement. — Je le dis sans regret : un seul exemplaire de des Esseintes nous suffit et il vaut mieux qu’il demeure isolé, plus prestigieux par son exception. […] Griffin a donné à beaucoup de ses strophes l’équilibre et la mesure. — S’il était en mon pouvoir, je me garderais de les pousser l’un vers l’autre ; en se rapprochant, peut-être ne diraient-ils plus ce qu’ils doivent dire, car le talent et le génie se combattent implacablement : il faut une virile puissance pour accorder leurs voix en un seul hymne et souvent, à vouloir dominer l’un de ces deux ennemis qui lui échappait encore, le poète a perdu celui qu’il avait déjà maîtrisé.

893. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Quant à Calvin, il s’échappa de Paris sous l’habit d’un vigneron, et se réfugia auprès de la reine de Navarre. […] Ceux qui s’échappaient jusqu’à des propos de mort contre Calvin, étaient livrés au bourreau.

894. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Quand on voit d’Alembert, dans l’enthousiasme du commencement, déclarer que si les anciens avaient exécuté une Encyclopédie, et que le manuscrit en eût échappé seul aux flammes qui consumèrent la bibliothèque d’Alexandrie, il nous eût consolés de la perte des autres, cet excès de confiance ne choque point ; mais on est fort loin de le partager. […] C’est le style brillant, — si différent du style spécieux, — qui échappe par éclairs à un esprit capable de pensées solides.

895. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il lui échappe de dire : « Elle était charmante, mais je n’étais pas d’humeur à y éprouver du plaisir », et il conclut : « Tout cela est trop compliqué. […] Il échappera au suicide de Nerval, à la folie de Baudelaire, aux nuits de fièvre d’Albert Samain, aux apparitions sinistres d’une Salomé féroce venue du fond des temps pour « réclamer l’agneau blanc de son cœur et l’égorger ».

896. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Elle est faible contre la tyrannie de l’amour ; elle cède à l’emportement des sens ; mais elle se reproche sa faute en s’y laissant aller ; elle est malgré elle la proie de Vénus ; et plus tard, honteuse, désespérée, elle se réfugie dans la mort pour échapper au sentiment amer des maux qu’elle a causés, au regret tardif des crimes inutiles qu’elle a commis. […] Quand d’Holbach et ses amis, au siècle dernier, devenant des fanatiques à rebours, voulurent imposer autour d’eux une sorte d’athéisme obligatoire, Duclos, le philosophe, qui n’était guère chrétien, s’écriait avec humeur : « Ils en diront tant, qu’ils me feront aller à la messe. » On raconte qu’un avare, voyant l’Harpagon de Molière souffler une chandelle inutile, laissa échapper ce cri de joie : « Voilà une leçon dont je profiterai. » Leçon d’avarice tirée d’une pièce contre l’avarice !

897. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Les vieillards écoutent ces accusations étouffées, ils entendent crier le sang répandu ; une parole terrible leur échappe : — « Je pressens un grand malheur embusqué dans l’ombre ; les Dieux ont l’œil sur ceux qui ont fait périr beaucoup d’hommes. » — Le Chœur est pourtant un sujet fidèle, il aime son roi et il le vénère ; mais une justice supérieure parle plus haut en lui que son affection. […] Un mot lui échappe pourtant qui trahit le meurtre ; le fer impatient perce sa guirlande : — « Pour le reste, ma vigilance ne sera point en défaut, et j’accomplirai ce que veut la destinée, avec l’aide des dieux. » La réponse d’Agamemnon est brève et défiante : — « Fille de Léda, tu as parlé dans la mesure de mon absence, longuement ; mais les vraies louanges ce sont celles dont les étrangers nous honorent. » — L’homme de l’Iliade est choqué de ces flatteries orientales, il veut être salué, non pas adoré.

898. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Le mot célèbre finirait peut-être par s’échapper de ses lèvres : — « Vous m’en direz tant !  […] Une brutalité qui lui échappe tombe sur son enfant : c’est la délivrance, c’est la goutte qui fait déborder ce cœur oppressé.

899. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Les détails en échappent, et ce qu’ont raconté les libelles ne saurait être article d’histoire. […] Rapprochez de ces paroles prophétiques celles qui échappaient à Louis XV lui-même au sujet des résistances du Parlement : « Les choses, comme elles sont, dureront autant que moi. » C’était là son bout du monde.

900. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il était né doux… Ici nous l’arrêtons, et nous disons avec tous ceux qui l’ont connu : il était né mordant, médisant à l’excès, et ne pouvant retenir le sel qui s’échappait de ses lèvres et qu’il prenait soin le plus souvent de fixer dans ses écrits. […] Une heure après on vient réveiller le maréchal, en lui amenant un page qui s’est échappé du camp des ennemis, et sur le rapport duquel il se confirme dans l’idée de livrer bataille le lendemain : Et après, dit Bussy, il se recoucha pour se reposer seulement ; car j’ai trop bonne opinion de lui pour croire qu’ayant une bataille à donner six heures après, où sa vie était la moindre chose dont il s’agît, il pût dormir aussi tranquillement que si le lendemain il n’eût eu rien à faire.

901. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Le sentiment qui le jette hors de lui et le porte en avant, est surtout moral : c’est la haine de l’homme intelligent contre les brouillons, de l’homme d’esprit contre la sottise, de l’homme de cœur contre les lâches manœuvres et les infamies ; c’est le dédain d’un stoïcien passionné et méprisant contre la tourbe de ceux qui suivent le torrent populaire et qui flagornent aujourd’hui la multitude comme ils auraient hier adulé les rois ; c’est l’expression irrésistible d’une noble satire qui lui échappe, qui se profère avec indignation et bonheur, qui se satisfait quand même, dût-elle ne produire d’autre effet en s’exhalant que de soulager une bile généreuse. […] ici le sens échappe.

902. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Barère, un faux frère, qui a échappé au supplice et qui s’est vengé par des révélations, nous a montré Saint-Just au naturel dans l’intimité des séances du Comité de salut public. […] Ces organisations, composées d’éléments douteux et sombres, échapperaient du moins à cette première fièvre violente de fanatisme, qui les altère à jamais et les dénature.

903. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

De ces états profonds de la nature humaine, l’un des plus importants est cette croyance, à laquelle quelques hommes exceptionnels échappent seuls — encore n’est-ce qu’en théorie — cette croyance sur laquelle toute notre civilisation d’occident semble fondée : l’homme se croit libre. […] Mais c’est là, semble-t-il, le dernier effort d’une élite, après qu’elle s’est soustraite au besoin, pour échapper à l’ennui.

904. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

qui voudra le faire taire doit lui remplir la bouche 7 » ; lorsque Richelieu, ennemi des grands, mais né parmi eux, écrivait de son côté : « Si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir… il faut les comparer aux mulets, qui, étant accoutumés à la charge, se gâtent par un long repos plus que par le travail », lorsque ces écrivains laissaient échapper ces outrageantes paroles, ne trahissaient-ils pas par là les sentiments secrets de leur caste ? […] Je crois volontiers que l’égalité, dans les premiers moments de la jouissance, et lorsque la grandeur de la lutte a cessé, tend à répandre un certain esprit de médiocrité parmi les hommes ; mais je ne désespère pas qu’avec le temps, et si elles échappent à l’anarchie et au despotisme, les sociétés démocratiques ne finissent par découvrir pour l’individu un nouveau genre de grandeur, égale ou supérieure même à celle de l’aristocratie.

905. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Elle savait qu’il y avait un dessous dans le langage du monde qui lui échappait, et elle l’a dit avec son accent dans ses lettres ; mais, en la voyant, quel observateur l’aurait deviné ? […] Cependant, un jour, il lui échappa de me dire : Vous ne m’aurez pas longtemps avec vous ! 

906. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Pour échapper à l’horreur de ces apostasies philosophiques, je me suis orgueilleusement résigné à la modestie : je me suis contenté de sentir ; je suis revenu chercher un asile dans l’impeccable naïveté. […] Tant il est vrai qu’il y a dans les productions multiples de l’art quelque chose de toujours nouveau qui échapper éternellement à la règle et aux analyses de l’école !

907. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Croyez bien, en outre, que si les gens du peuple perdent quelques-unes des finesses d’esprit ou de style que les lettrés goûteront, ils ne les perdront pas toutes ; qu’il y aura des qualités maîtresses, les qualités d’âme et de cœur qui ne leur échapperont pas. […] Ils composaient une succession de petites futaies, chacune d’une centaine d’arbres, enveloppées d’un talus très bas, que bordait tantôt un chemin, tantôt un courant d’eau vive échappé d’une des fontaines innombrables qui réjouissent les patios de marbre des palais damasquins.

908. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Mais de pareils relevés, même étendus, laisseraient encore échapper la majeure partie des groupes dont nous sommes les points d’intersection. […] La province dont je suis, le « monde » où je vis, le public du journal que je lis, sont des groupements dont la mainmise sur ma conduite, mes goûts, mes idées est manifeste, mais ils ne sont pas officiellement constitués, ils n’ont pas demandé d’autorisation pour vivre, la statistique les laisserait échapper.

909. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Gardons-nous cependant de conclure que son génie nous échappe, et que Bossuet lui-même, en la célébrant, ait admiré des contresens. […] Ce que l’on a nommé l’inspiration, c’est ce moment où l’âme, ravie au-dessus d’elle-même, épuise le dernier degré de douleur, de joie, d’amour, qu’il lui soit possible d’atteindre sans briser sa faible enveloppe et s’échapper d’ici-bas.

910. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Mais, cette année, le sort désigna Rewbell comme membre sortant, et Sieyes lui succéda, Sieyes, dédaigneusement jaloux de toute Constitution qu’il n’avait pas faite, et à qui il était échappé un jour de dire, en manière d’éloge, que dans celle de l’an III il y avait de l’instinct.

911. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Le bon sens, non moins que le génie, quand il s’applique à quelque grand résultat philosophique ou politique, est sujet à cet excès : Jefferson n’y a pas échappé, à sa manière.

912. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Un certain article intitulé la Vie de Molière pourrait être un des petits papiers délicieux échappés à un bon quart d’heure de Diderot.

913. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

que l’école dogmatique sent lui échapper.

914. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Ses Mémoires fourmillent d’inexactitudes, d’erreurs, de mensonges même, de ces mensonges passionnés qui échappent aux honnêtes gens de petit esprit ; ils ne doivent être consultés qu’avec bien des précautions comme document historique.

915. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Sans doute les règles de cette discipline leur échappaient, mais le spectacle harmonieux de la nuit étoilée suffisait pour leur donner l’impression de la régularité, et c’était déjà beaucoup.

916. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Ces vers si dépourvus de tout artifice, si humbles qu’ils échappent parfois à l’admiration, coulent de source.

917. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

On remarquait comme précieux dans un autre ouvrage : que Daphné avait toute son âme dans ses jeux ; Dans un autre : qu’un malheureux avait le front chargé d’un sombre nuage ; Dans un autre : qu’un grand homme voit les troubles des petites âmes du haut de sa vertu… qu’il échappe un sourire de son sérieux… que la frayeur court dans une assemblée.

918. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

« L’ancienne nous échappe tous les jours ; &, comme il ne faut point se presser de la rejetter, on ne doit pas non plus faire de grands efforts pour la retenir. » Le changement dans toute matière a des attraits : de même qu’on a changé en grande partie l’orthographe, on a aussi essayé de substituer aux notes ordinaires de la musique d’autres signes ; inventions dont les auteurs n’ont pas été bien reçus du public, & qui les en ont même fait mépriser dès qu’elles ont paru.

919. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

Les modernes croïant que carmen eut toujours la signification abusive qu’il a dans les vers de Juvenal qui viennent d’être rapportez, et où il veut dire simplement des vers, la signification propre de ce mot leur a échappé, et faute d’en avoir eu l’intelligence, ils n’ont pas connu que les anciens avoient une déclamation composée, et qui s’écrivoit en notes sans être pour cela un chant musical.

920. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Ils existent ; il y en a même plus qu’on ne croit ; c’est une disposition d’esprit ; c’est l’attrait du mystère ; c’est la curiosité du caché, c’est l’attraction de l’abîme, c’est un vertige doux ; c’est le prestige exercé sur nous par ce qui nous dépasse, échappe à nos prises, nous défie.

921. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Mais si l’homme peut secouer enfin le joug de la fatalité, il n’échappera point cependant au malheur ; car le malheur est une chose trop morale et trop utile pour qu’il nous soit ôté.

922. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

On se contenta de l’envoyer au fort de Sainte-Marguerite, d’où il s’échappa, succès de plus, pour courir l’Europe et ajouter, il faut bien le dire, au train bruyant de sa renommée, la dignité de dangers réels et fréquents.

923. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Ernest Charrière l’injure de penser qu’il n’a compris que le mot à mot de l’auteur russe qu’il vient de traduire et que le sens et le caractère de l’ouvrage d’Yvan Tourgueneff lui ont complètement échappé.

924. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

cette déplorable conception poétique faite pour figer tout talent vivant, mobile et chaud, et le tuer par le froid qui tue des armées, cette déplorable conception, à laquelle avait échappé par miracle le talent de M. 

925. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.

926. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

L’Empereur était à la porte, les lances baissées, les épées nues, tout prêt à user de la victoire ; cependant malgré sa colère, il laissa échapper tous les habitants qu’il allait passer au fil de l’épée.

927. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Rien n’échappe au compte rendu. […] Il cherchait, sombre travailleur, un filon fugitif qui lui échappa trop longtemps. […] Sully-Prudhomme : un vase de cristal bien taillé et transparent où baigne une fleur et d’où l’eau s’échappe comme une larme. […] Louis Ratisbonne y a pourtant échappé. […] La farce leur échappe, et la comédie par suite.

928. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Sa conclusion est que l’Art échappe à toute définition absolue, que l’idée de Beauté est essentiellement variable, qu’en somme, l’esthétique ne peut prétendre à être une science. […] Le point de comparaison entre le Monde et la Musique échappe à toute détermination ; la relation où l’une est vis-à-vis de l’autre, en tant que reproduction ou imitation, est cachée dans les profondeurs de la Nature. […] J’avoue que le sens de cette apparence d’idée m’échappe. […] Nos langues, en Europe, ne se sont formées qu’à la suite d’une longue série d’évolutions et d’épurations ; elles ne se sont fixées qu’assez tard, et aujourd’hui encore elles subissent des modifications et des transformations dont l’arrêt échappe à toute prévision. […] Par suite de circonstances analogues, les tsiganes hongrois ont échappé au nivellement qui rend à peine sensibles les nuances par lesquelles, par exemple, la musique italienne se distingue de la française et celle-ci de la musique allemande et scandinave.

929. (1888) Portraits de maîtres

Ajoutons que par la date de sa naissance il put échapper au spectacle immédiat de la Révolution. […] Partout du reste à cette date, on cessa d’écouter les autres poètes pour entendre cette lyre lamartinienne, dont les cordes étaient faites avec les fibres du cœur humain et d’où s’échappaient les paroles ailées. […] Personne n’y échappait dans les lettres et surtout dans l’Université, depuis M.  […] Le poète des Alpes et des forêts n’avait laissé échapper de ses doigts aucune des cordes de la lyre. […] Marnix de Sainte-Aldegonde, histoire de la République des Provinces unies, apprenait aux républicains trop facilement abusés le secret d’échapper aux pièges de leurs ennemis.

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