Il s’exalte à l’aspect des trésors qu’il fait rouler et étinceler sous ses yeux. « Porte-les, perds-les, il me reste une boucle d’oreille capable de les racheter, et d’acheter tout cet État. » Une perle qui vaut un patrimoine privé N’est rien.
Cuchullin donne le festin solennel ; viens partager sa fête. » « Swaran, d’une voix lugubre comme le murmure du Cromla avant la tempête, répondit : « Quand toutes les jeunes filles, odieuse Inisfail, étendraient vers moi leurs bras de neige, offriraient à ma vue leurs seins palpitants et rouleraient avec douceur des yeux pleins d’amour, immobile comme les montagnes de Loclin, Swaran restera dans ce lieu jusqu’à ce que l’aurore, se levant sur mes États, couronnée de jeunes rayons, vienne m’éclairer pour donner la mort à Cuchullin.
Et si quelque bizarre cohorte de mascarade, se nommant, sur des papiers, État ou Empire, le contraint à vêtir un costume bariolé, à tuer, ensuite, des hommes inconnus, ses pairs, il refusera cette fatigue incomprise ; il ira, gaiement, en des maisons, où, toujours, lui seront donnés l’aliment et l’asile, regrettant à peine, dans ces prisons, non les champs et les hommes, mais les anciens besoins de ces choses, qu’il aura perdus.
— où tous les jours seront des jeudis : dans la semaine où les âmes différentes, seules capables de créer un tel art et de le recevoir, où elles seront excitées à raffinement ininterrompu, joyeux, de leur différence ; dans la semaine, — la délicieuse semaine bien aimée — où l’État fera aux artistes un petit public très subtil ; dans la semaine où le littérateur pourra donner son œuvre à quelques âmes spécialement préparées pour la recréer ; dans la semaine — demain, demain matin !
Nous ne pensons pas non plus que la conquête universelle, que la civilisation subordonnée à l’armée, qu’une volonté sans réplique à ses décrets, qu’un concordat rétablissant légalement un sacerdoce d’État sur les consciences, que la résurrection des noblesses, des baronnies du moyen âge, des majorats, des substitutions, des principautés, des féodalités recrépies de gloire, nous ne pensons pas que tant d’autres institutions du premier empire fussent des articles du programme philosophique et républicain de Béranger et de ses amis politiques de 1814.
Il y a un Quatrième État qui saura écouter et comprendre.
Jupiter lui-même était Fulgur, Feretrius, Stator, Victor, Optimus maximus ; et c’étaient des divinités jusqu’à un certain point indépendantes ; elles jalonnaient la route entre le Jupiter qui envoie la pluie ou le beau temps et celui qui protège l’État dans la paix comme dans la guerre. […] Van Gennep insiste dans son intéressant ouvrage sur L’État actuel du problème totémique (Paris, 1920) — a très bien pu se greffer sur la représentation que nous indiquons.
Si l’on conçoit la suite des sciences qui, prenant la matière organique à ses débuts, dans les cornues des chimistes ou l’abîme des mers, en conduisent l’étude à travers la série ascendante des plantes et des animaux jusqu’à l’homme, la décrivent et l’analysent dans son corps, ses os, ses muscles, ses humeurs, le dissèquent dans ses nerfs et son esprit ; si, abandonnant ici l’homme individu, on passe à la série des sciences qui étudient l’être social, de l’ethnographie à l’histoire, on verra que ces deux ordres de connaissances, les plus importantes, sans aucun doute et celles auxquelles s’attache l’intérêt le plus prochain, se terminent en un point où ils se joignent : dans la notion de l’individu social, dans la connaissance intégrale, biologique, psychologique de l’individu digne de marquer dans la société, constituant lui-même par ses adhérents et ses similaires, un groupe noble, propageant dans son ensemble particulier ou dans l’ensemble total, ces grandes séries d’admirations, d’entreprises, d’institutions communes, qui forment les États et agrègent l’humanité. » Et plus loin : « Dans l’ethnopsychologie des littérateurs, dans la physiologie biographique des héros, ces hommes sont mis debout, analysés et révélés par le dedans, décrits et montrés par le dehors, reproduits à la tête du mouvement social dont ils sont les chefs, érigés, avant leurs exemplaires, un et plusieurs, individus et foule, en des tableaux qui, basés sur une analyse scientifique nécessitant le recours à tout l’édifice des sciences vitales, et sur une synthèse qui suppose l’aide de toute la méthode historique et littéraire moderne, peuvent passer pour la condensation la plus haute de notions anthropologiques que l’on puisse accomplir aujourd’hui. » Voilà ce qu’Émile Hennequin eût fait pour notre temps. […] Et combien de fois j’ai vu nos meilleurs hommes d’État s’inspirer de ses opinions. […] À mes interrogations formelles et précises, aucune n’exprima un avis favorable ou défavorable sur cette passionnante question d’État, que toutes envisageaient comme une affaire d’ordre privé, de convenance personnelle et dont on n’avait pas le droit de se mêler.
Ici, je risque une idée qui sera peut-être appréciée : pourquoi, en cas d’insolvabilité ou d’indigence du bigame, ne serait-ce pas l’État qui fût tenu de venir au secours des victimes ? […] L’Etat, est-ce que cela ne devrait pas être une vaste assurance mutuelle ? Il est admis que l’Etat cherche à compenser les dommages causés par une catastrophe publique.
Préface Ce troisième volume des Études d’Alexandre Vinet sur la littérature française au xixe siècle diffère plus du volume similaire de l’édition de 1848 que les deux premiers ne diffèrent des leurs. Nous y avons fait place à quelques articles que les premiers éditeurs avaient cru devoir négliger. Des articles sur Sainte-Beuve les éditeurs de 1848 n’avaient recueilli que les études sur les Pensées d’Août et sur Port-Royal. Des deux études sur Volupté ils avaient attribué l’une aux Mélanges 1 et laissé dormir l’autre dans le Semeur. Nous nous sommes fraternellement partagé, M.
Mais le poète n’y croit, j’en ai peur, que par un coup d’État de sa volonté sur sa tristesse intime et incurable ; et voici ses vers les plus encourageants, qui ne le sont guère. […] Il ne la trouve ni « entre espèces » ni « dans l’espèce », ni « entre États » ni « dans l’État » (tout n’est au fond que lutte pour la vie et sélection naturelle, transformations de l’égoïsme, instincts revêtus de beaux noms, déguisements spécieux de la force). […] Ajoutez qu’on n’aime pas non plus un pays de trente-cinq millions d’hommes de la même manière qu’un État de dix mille citoyens.
(Et, en fait, si la réputation de Weiss n’a pas été égale à son talent, ou si même on peut dire que, tout compte fait, il n’a pas rempli tout son mérite, c’est, on l’a remarqué bien des fois, qu’il n’a pas su ou n’a pas voulu gouverner cette multiplicité de dons, les ramasser dans une occupation dominante, et qu’il a laissé insouciamment sa fertile nature se répandre dans les sens les plus divers. ) Il y a, dans ce critique, un administrateur, un historien, un portraitiste, un moraliste, un homme d’Etat. […] Ceux qui l’ont bien connu disent que les deux grandes joies de sa vie furent d’être conseiller d’Etat et directeur des affaires étrangères. […] Il découvre bientôt qu’en acceptant ce prétendu, qui n’est qu’un sot, la pauvre petite princesse se sacrifie à la raison d’Etat. […] Le roi Cosmos révoque son ministre des finances parce que ses comptes ne sont jamais justes, ce fonctionnaire ayant la manie de remettre de l’argent dans les coffres de l’Etat.
Englobé dans l’arrêt commun qui frappa ses complices, il fut jeté à la citadelle, condamné à mort, gracié sur l’échafaud, conduit en Sibérie, il y purgea quatre ans de fer dans la « section réservée », celle des criminels d’État. […] L’idée de cette nouvelle est des plus simples ; il s’agit d’un médecin qui reçoit une sorte de confession d’un pauvre diable, d’un galérien qui va mourir ; il veut laisser à sa fille un peu d’argent et l’un de ces objets que les forçats vendent aux visiteurs de leurs tristes demeures : Le docteur, silencieux, regardait Nicolas Blitz : — Vous n’ignorez pas, dit-il enfin, qu’il m’est défendu de prendre votre argent ; la loi veut que l’État hérite de vous.
— où l’État fera aux artistes un petit public très subtil ; dans la semaine où le littérateur pourra donner son œuvre à quelques âmes spécialement préparées pour la recréer ; dans la semaine — demain, demain matin ! […] Renan, en donnant aux poètes le rang suprême dans l’État. […] Enfin dans le Prêtre de Némi nous sont montrées les vaines formes politiques actuelles, si étrangères à toute science : la démocratie servile, l’aristocratie vaniteuse, le socialisme, qui appuie une conception juste de l’État souverain sur le monstrueux contresens de l’égalité dans les besoins et les droits. […] « La place que lui réservait le destin, dit-il, était la première à la tête de son pays, parce qu’elle était la première à la tête des travailleurs résolus de classe moyenne, derniers détenteurs des vertus morales délaissées par une noblesse dissolue… L’œuvre de cet homme, né bourgeois, est essentiellement bourgeoise ; grâce à lui la classe moyenne a pris pied dans les affaires de l’État. » Le caractère de Napoléon ?
Je regrette seulement que Bombance dise au roi : Si le trop de santé vous cause des dédains, Souffrez dans vos États deux ou trois médecins : Ils vous la détruiront, je me le persuadée112.
Le poëte subsiste sous le puritain, sous le commerçant, sous l’homme d’État.
À lui voir conduire ses affaires, expliquer les lois sur l’exportation, sur l’importation des grains, étudier leur esprit, saisir leurs défauts, un homme l’eût jugé capable d’être ministre d’État.
… » — Est-ce ma faute si le prêtre marié me fait sourire, du moins hors des cités antiques où il n’était qu’un fonctionnaire de l’État et n’avait point charge des âmes ?
C’est être un grand homme d’État que de perdre une grande monarchie.
. — J’affirme que si Mac-Mahon se retirait, il y aurait dans les vingt-quatre heures un coup d’État, et une proclamation du prince Impérial.
L’État, lui-même, est bien obligé de diviser ses lignes en lignes de Normandie, de Bretagne et du Sud-Ouest.
C’est ainsi que tous les grands Etats se fondent sur une bataille298. » Seulement, nos contemporains ont encore trop l’habitude d’écrire la prose des romantiques, qui était souvent de la poésie disloquée, aux membres épars, ou de la musique irrégulière299.
Pierre JANET, État mental des hystériques, Paris, 1894, II, p. 263 et suiv. — Cf., du même auteur, L’automatisme psychologique, Paris, 1889.
. — Pantoufles commémoratives pour le Chef de l’État… Maintenant, voici une barrique tricolore que blasonne une tête de juif sur champ d’écus. […] C’est en vain qu’on les stimule ; ils n’ont plus qu’un objectif : végéter sur leur propre substance ou quémander les grâces du Dieu qu’ils se sont créé : l’État.
— Parce que je suis chargé de mille liens — et partagé entre trente-six États. — C’est pour cela que je pleure, — que je pleure si fort. […] C’était le royaume constitutionnel de Sardaigne, ferme espoir ; les États disparates qui, l’un après l’autre, s’agrégeaient à lui ; et l’unité italienne.
Tu comprends qu’on ne peut pas rester tranquille, quand cet homme sérieux, cet homme d’État s’interrompt au milieu d’une explication des causes intimes de la guerre, vous dit comme une chose toute naturelle que… Voilà les Ganz. […] Et l’attitude du prince pendant la nuit du coup d’État et sa politique est-elle assez en opposition avec celle de son cousin !
Peut-être projette-t-il un peu sur toute sa génération (qui allait fournir après tout les bourgeois pratiques du second Empire) la figure de son monde intérieur quand il écrit, l’année du coup d’État : « Nous étions, il y a quelques années, en province, un groupe de jeunes drôles qui vivions dans un étrange monde, je vous assure ; nous tournions entre la folie et le suicide ; il y en a qui se sont tués, d’autres qui sont morts dans leur lit, un qui s’est étranglé avec sa cravate, plusieurs qui se sont fait crever de débauche pour chasser l’ennui… Si jamais je sais écrire, je pourrai faire un livre sur cette jeunesse inconnue qui poussait à l’ombre dans la retraite comme des champignons gonflés d’ennui9. » Ce livre, pourtant, ne sera pas tout à fait cela quand il écrira la seconde Éducation. […] L’amour tient dans leur vie une place infiniment moindre que dans celle des romantiques, dont chacun apparaît avec l’orgueil et l’éclat d’une belle ou tragique liaison, le Lamartine du Lac, le Hugo de Guernesey (qui la légitime aux yeux de sa famille avec la même puissance, la même santé imperturbable dont Louis XIV impose les siennes à la reine, à la cour, à l’État), le Musset de Venise, le Vigny de la Colère de Samson, le Sainte-Beuve du Livre d’amour. […] Je me promets des bosses au retour49. » État de grâce, en gros, pas très différent de celui des mystiques. […] Nous connaissons assez d’histoire contemporaine pour savoir que, si la clef des destinées d’Emma était celle-là même du capharnaüm, la clef des destinées d’Yonville et de l’État se trouve chez Homais. […] Son fanatisme d’ordre et de commandement le fait passer, tout naturellement, de la révolution à une place d’agent de police au service du coup d’État.
L’émeute est terminée, il s’agit de fonder un État solide. […] Des subventions Lors de la discussion du budget, tout le monde a été frappé des sommes que l’État donne à la musique, sommes énormes relativement aux sommes modestes qu’il accorde à la littérature. […] c’était bien simple ; si l’on voulait une renaissance, il s’agissait simplement d’ouvrir un nouveau théâtre qui jouerait, aux frais de l’État, toutes les œuvres dramatiques de débutants, dans lesquelles on trouverait des promesses plus ou moins nettes de talent. […] L’État donnerait des millions qu’il ne mettrait pas debout ce cadavre. […] Quant aux forts, ils ne relèvent que d’eux-mêmes ; ils apportent un appui à l’État et ils n’attendent rien de lui.
Le premier parti, plus hasardeux, suspect aux yeux des pharisiens, et qui exige une sorte de coup d’Etat du cœur sur la morale formaliste, n’implique de douleur que pour Edouard lui-même (et un peu pour Eliane, qui d’ailleurs est jeune et pourra se consoler). […] Nous l’aimons encore quand, dans un entretien exquis avec Hefferdingh, elle découvre que ce jeune pasteur n’est point un homme banal, et qu’il ne s’est point marié, se souvenant d’elle, et qu’il est héroïque, lui, en se soumettant à des règles qu’il a reçues et non inventées… Nous aimons le mépris terrible dont elle flagelle son séducteur retrouvé, l’onctueux et circonspect Keller, devenu conseiller d’État et personnage considérable… Et nous aimons enfin sa méritoire docilité aux exhortations du pasteur Hefferdingh, quand elle consent tristement à épouser ce Keller, — et plus encore, son indignation quand ce tartufe exige qu’elle tienne cachée l’existence de leur enfant… Qu’est-ce à dire ? […] Tout ce que peut se permettre un enfant de Dieu, c’est le “trois pour cent” sur l’État, parce que, ici, la légitimité du gain sans travail lui est affirmée et garantie par le consentement public de la communauté tout entière. […] Ou plutôt, dès qu’il a résolu ce doute par un coup d’État du cœur sur le jugement incertain, le reste lui est léger, car mourir n’est rien pour lui.
On peut concevoir enfin que des papiers d’État, jusqu’alors mystérieusement enfermés sous une triple serrure, dans l’archive des chancelleries, nous apprennent les raisons positives d’une résolution de Frédéric le Grand ou d’une décision de Marie-Thérèse : mais on ne peut pas concevoir qu’un sophisme inédit de Jean-Jacques ou de Diderot réussisse à prévaloir contre ce que contiennent de gravé pour l’éternité le Contrat social ou le Supplément au voyage de Bougainville. […] Sainte-Beuve, qui ne croyait pas à grand’chose, croyait cependant à la critique officielle, à la littérature d’État, il croyait à Mécène, il croyait à Auguste. […] Buffon « manquait d’idées », puisqu’il n’en avait point sur les fondements de l’État, et sur l’organisation de la société future. […] Puisque d’ailleurs l’amant de Ninette ou d’Elvire osait se plaindre d’elles, elles aussi, les femmes, n’avaient-elles pas à dire les trahisons des hommes Et du moment qu’un pair de France, du moment qu’un député, du moment que les ministres eux-mêmes et les conseillers d’État avaient célébré publiquement leurs amours, pourquoi pas moi, pourquoi pas vous, pourquoi pas tout Français, majeur comme nous, et capable d’aligner deux rimes ?
Ils ne sont plus rien dans l’État. […] S’il ridiculise les malades imaginaires, c’est que le demi-malade qui « s’écoute » est une perte pour la société et se retranche d’elle comme membre actif ; s’il attaque les exploiteurs de religion, c’est que l’influence des exploiteurs de religion sur les poltrons qui ont peur de l’enfer peut devenir une tyrannie sociale et qu’il ne faut point de ces tyrannies de congrégations dans un état monarchique ; s’il attaque les médecins, c’est, tout de même, que l’influence des médecins sur les poltrons qui ont peur de la mort peut devenir une tyrannie sociale très analogue à celle des ecclésiastiques — et je fais toujours remarquer qu’il y a beaucoup d’analogie entre Orgon et Argan — et qu’il ne faut pas de ces tyrannies de corporation dans un bon état monarchique ; s’il est impitoyable pour un paysan qui a épousé une demoiselle, c’est qu’il ne faut pas sortir de sa classe ; s’il l’est pour un bourgeois qui fait le gentilhomme, c’est pour la même raison et pour celle-ci, plus générale, que ce genre d’ambition détraque un brave homme et lui fait faire toutes sortes de sottises, alors qu’il pourrait être utile en restant à son rang dans l’armée sociale ; s’il flagelle l’avare, c’est que l’avarice est un moyen de se soustraire aux charges que l’État s’ingénie à faire peser sur vous et un moyen de se dérober à l’effort général de la communauté ; s’il n’aime que modérément le misanthrope, c’est qu’Alceste est, comme Rousseau l’a très bien compris, un isolé, un individualiste, un sécessionniste, un homme d’opposition, d’opposition à la société mondaine, oui ; mais même d’opposition à la Cour (« laissons mon mérite, de grâce ») et qui refusera certainement une pension du roi si elle lui est offerte ; s’il abhorre « le grand seigneur méchant homme », c’est avant tout parce qu’il est méchant et qu’il n’y a rien de plus antisocial que la méchanceté ; c’est ensuite parce que le grand seigneur méchant homme est libidineux et que lâchasse au plaisir, per fas et nefas, est un terrible dissolvant de la société ; c’est enfin parce que le grand seigneur méchant homme fait détester au peuple et à la bourgeoisie le régime où les grands seigneurs ont encore une place considérable ; et même encore, s’il raille si fort chez les bons bourgeois la terreur maladive d’être trompés par leurs femmes, c’est qu’il n’y aurait plus de société possible avec cette peur poussée jusqu’à la manie, jusqu’à la phobie ; et la fameuse tirade de Chrysalde dans l’École des femmes, le célèbre éloge de l’état de cocu, n’est assurément (j’en parle plus loin) qu’une énorme bouffonnerie, une gaieté à la Rabelais ; mais elle contient fort bien cette vérité que s’il est grotesque de « tirer vanité de ces sortes d’affaires » et honteux de « les souhaiter pour de certaines causes » il est tout à fait contraire à l’ordre d’une société occidentale d’en avoir la terreur jusqu’à « emprisonner les femmes ». — « Sommes-nous des Turcs ? […] Comme la littérature est pour lui le centre de tout, il s’indigne qu’elle ne soit pas le centre de tout pour tout le monde, et il est très loin de l’opinion de Malherbe qui disait que le poète a juste, dans l’État, l’importance du joueur de quilles.
Il disait : « Songez-y bien, Sire, lorsque l’on veut empêcher les horreurs d’une révolution, il faut la vouloir et la faire soi-même. » Il ajoutait : « Les rois de France ont toujours péri ou se sont conservés par la partie forte de leur temps… Il fallait que Sa Majesté renonçât à l’appui de l’Eglise et de la Noblesse pour régner désormais par la partie forte, je veux dire par les maximes populaires. » C’est donc dans l’alliance du principe monarchique et du Tiers Etat, en un mot dans la royauté constitutionnelle, que Rivarol voyait la seule chance de salut pour l’ancien régime ; — de salut, non, mais de transformation. Devançant sur ce point presque tous les esprits de son temps, il considère l’Etat comme un organisme. […] Rentré de la cour et le fiel crevé, il couvrait de sa large écriture les énormes feuilles de papier de ses Mémoires, pour devenir, de par la magie de sa propre prose et pendant ces heures de travail, l’homme d’Etat qu’il ne pouvait être qu’alors… Il jugeait ministres et ambassadeurs. […] Il comptera ensuite les types moyens, et parmi eux il distinguera les hommes d’affaires, un Carnot, un Prieur (de la Côte-d’Or) ; les hommes d’Etat, un Billaud-Varennes, un Couthon, un Saint-Just.
Ces hommes d’État ont donc bien tort de se poser en conservateursvis-à-vis de nous. […] Dès l’instant qu’il n’existe pas d’idéalisme d’État, de même qu’il y a dans quelques contrées des religions d’État, nous retombons forcément sous le bénéfice du principe américain, de la spontanéité et de la liberté personnelle.
Ce roman, qui a pour titre : Yéhon Tamano Otiho, L’Épi de perles tombé à terre , est l’histoire de Tokou-jumarou, le jeune prince de Nitta, un moment dépossédé de ses États. […] Ce dignitaire est un Chinois qui, sous la dynastie des Ming, à la suite d’une conspiration avortée, s’est sauvé au Japon, laissant en Chine, avec un enfant, la femme qui pleure, puis est devenu, grâce à sa science de lettré, un homme d’État au Japon, a épousé la Japonaise souriante, dont il a eu un fils, s’est laissé envoyer comme ambassadeur en Chine où, dans les recherches de sa première femme et de son fils, il a été reconnu comme l’ancien conspirateur, et exécuté. […] Tchôriô, conseiller d’État, rencontrant sur un pont Kosékikô, vieillard mystérieux qui lui remet un rouleau avec l’étude duquel il met en état le prince, son maître, de renverser l’Empereur qui a fait la grande muraille de la Chine.
Or, s’ils remplissent ce devoir, c’est à la condition de se résigner à une perte de gain possible, sacrifice qui trouve sa compensation dans les subventions de l’État. Un directeur privilégié et garanti par l’État contre des pertes trop sensibles a pour devoir de ne pas sacrifier l’art à un désir de gain immodéré. […] Pour conclure, je dirai que c’est cette sensation du beau qui est la raison des représentations classiques, et la justification des subventions que l’État accorde à l’Odéon et à la Comédie-Française.
On lui répond que c’est la tête d’un criminel d’Etat, qui a pillé la ville en 1616. […] Qu’un homme d’État fasse douze pirouettes en douze heures ! […] Comment une secte entreprenante qui veut devenir parti dans l’État et qui le proclame chaque jour assez haut, ne serait-elle point un appât jeté aux ambitieux désœuvrés ?
L’époque du second Empire a, fort à propos, fourni au romancier un cadre naturel, logique et approprié ; et c’est dans l’intervalle qui s’écoule entre le coup d’État et Sedan que nous assistons à cette odyssée moderne d’une famille démocratique, qui croît, se multiplie, se développe au milieu des rouages complexes et tumultueux de la société contemporaine.
Je ne puis résister au désir de donner un morceau de ce discours : ……………………………………………………………………………………………… « Le temps est passé des théories de commande, des esthétiques obligatoires et des littératures d’État.
L’État présent de la Littérature.
Il oublie qu’en temps de coups d’État et de guerres civiles, on fusille et on massacre partout.
« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut : « Les sciences et les arts étant les ornements les plus considérables des États, nous n’avons point eu de plus agréable divertissement depuis que nous avons donné la paix à nos peuples, que de les faire revivre en appelant près de nous tous ceux qui se sont acquis la réputation d’y exceller, non seulement dans l’étendue de notre royaume, mais aussi dans les pays étrangers ; et, pour les obliger davantage de s’y perfectionner, nous les avons honorés des marques de notre estime et de notre bienveillance. » Maintenant, lisez le privilège de l’Opéra, donné en 1831 à M.
Guillaume avait son costume blanc de la procession, le col empesé gondolant aux angles, la large ceinture et le chapeau ciré des matelots de l’État. […] — bon employé vociférateur par devoir, et dont je n’attends, loin d’accaparer une ivresse à tous départie par les libéralités conjointes de la Nature et de l’État, rien qu’un silence prolongé, le temps de m’isoler de la délégation urbaine vers l’Extatique torpeur de ces feuillages là-bas trop immobilisés pour qu’une crise ne les éparpille bientôt dans l’air ; voici, sans attenter à ton intégrité, tiens, une monnaie.
La princesse Elsbeth, fille d’un roi de Bavière, d’une Bavière située dans le pays du bleu, a consenti par raison d’État à épouser le prince de Mantoue, et elle pleure quand on ne la voit pas, parce que son fiancé est un imbécile qu’il lui est impossible d’aimer. […] Au mépris de la raison d’État et de l’étiquette, son jeune cœur est gonflé de germes d’amour prêts à éclore, qu’il faut tuer en devenant la femme d’un homme « horrible et idiot ».
Le caractère, à nos yeux, le plus apparent de l’époque dans la science et dans l’État, dans la littérature et dans les mœurs, c’est le machinisme envahissant, détruisant partout la liberté. […] La souveraineté accordée aujourd’hui partout aux éléments inférieurs de l’intelligence et de l’État, la prépondérance de l’outil sur la pensée, de l’ouvrier sur le maître, de l’organe sur l’esprit, implique sans doute une plus grande perfection dans ces rouages qui semblent porter en eux-mêmes la force motrice et nous cachent son véritable principe. […] Et ne croyons pas que l’ironie soit un indice d’indépendance véritable dans les esprits, ou même de liberté dans l’État ; c’est là une erreur assez commune, et pareille à celle qui fait considérer le respect, l’admiration, la vénération religieuse comme l’apanage des âmes faibles.
Tout le monde le lisait, depuis l’homme d’État jusqu’au commis-voyageur et au collégien, depuis la grande dame jusqu’à la grisette. […] Je suis arrivé hier dans la matinée sur le Sphinx, bateau à vapeur de l’État qui remorquait l’obélisque de Luxor.
Que me font à moi, paisible sujet d’un État monarchique du xviiie siècle, les révolutions d’Athènes et de Rome ? […] Car à qui de nous est-il indifférent de savoir jusqu’où s’étendent les devoirs du patriotisme, et si l’État peut exiger de nous quelque chose de plus, un autre et plus grand sacrifice, que celui de notre fortune et de notre vie ?
Étant en Languedoc à tenir les États, il manda son ancien condisciple, qui vint de Pézénas et de Narbonne à Béziers ou à Montpellier5, près du prince.
Parmi ces mécanismes reliés entre eux, les uns sont subordonnés aux autres ; leur ensemble n’est pas une république d’égaux, mais une hiérarchie de fonctionnaires, et le système des centres nerveux dans la moelle et dans l’encéphale ressemble au système des pouvoirs administratifs dans un État. — Dans chaque département, pour toute affaire locale, le préfet reçoit les informations et donne les ordres : parfois, après avoir reçu l’information, il donne l’ordre aussitôt et de lui-même ; d’autres fois, il en réfère au ministre et attend pour agir la décision de son supérieur.
On n’avait fait à Bernardin de Saint-Pierre qu’un reproche envieux et injuste : on l’accusait, lui, homme sans fortune, d’avoir sollicité avec trop d’anxiété des libraires, de l’Académie, du gouvernement, des ministres, les modestes tributs que l’État accordait à son génie indigène ; mais on oublia qu’il n’avait aucun patrimoine que ce génie, qu’il avait à nourrir un enfant et une jeune épouse, qu’il sentait derrière lui, à peu de distance, la mort, épiant sa fin prochaine, les menacer d’un abandon éternel.
Jeudi 29 novembre Aujourd’hui, à la mairie des Batignolles, dans un conseil de famille, convoqué par Mme de Nittis, je suis près de Claretie, qui veut bien me dire que je devrais faire une pièce tirée de Chérie, que c’est tout à fait un tableau du monde, et comme je lui répondais que je ne voyais pas de pièce dans le roman, et que j’ajoutais, que j’avais été au moment de lui présenter La Patrie en danger, il me faisait cette objection : « Il y a, voyez-vous, dans votre pièce, l’acte de Verdun… c’est grave pour un théâtre de l’État… au Théâtre-Libre, c’est autre chose, et ça se comprend très bien, qu’Antoine vous joue. » Aurait-il, quand je l’ai fait tâter par Febvre, pris conseil du ministère, d’après le ton qu’il a mis à ses paroles ?
L’immortalité des morts oubliés, oubliés par leurs proches, par l’Etat et par la terre même !
En ce qui concerne Victor Hugo, remarquons que son apothéose, commencée avec le coup d’État du 2 Décembre et la publication des Châtiments, n’atteignit une complète splendeur qu’après son retour de l’exil, au moment même où ses forces déclinaient et où il se proclamait l’apologiste d’invraisemblables utopies sociales. […] Il est exagéré de soutenir que les questions de formes et de couleurs soient les seules dont on trouve la trace dans ses écrits ; il est exact d’affirmer cependant que toutes les autres leur sont subordonnées, et ne font que se déduire logiquement d’un principe esthétique antérieur et supérieur : celles qui, de près ou de loin, par aucun lien ne se rattachent à ce principe, on ne saurait dire qu’il les ignore ; assurément, il les néglige. — La perfectibilité des civilisations lui apparaît comme une énorme plaisanterie68, les changements politiques, chutes de ministères, révolutions, coups d’État lui procurent quelque étonnement par l’émotion qu’ils causent aux foules ; les avantages de la charte constitutionnelle ou du code civil le font sourire ; il n’a pas le moindre souci ni de l’industrie ni du commerce ; il voit dans les chemins de fer « des rainures où l’on fait galoper des marmites69 ». […] Ils ont vu, dès 1860, les approches de ce socialisme d’État qui semble aujourd’hui sourdre de toutes parts en Europe, et qui nous prépare peut-être pour l’avenir « une tyrannie bien autre que celle d’un Louis XIV209 ».
Quelle admirable idée a eue l’État de me loger ici dans l’Institut de France, à l’endroit le plus beau et le plus animé de Paris… ! […] C’était la substance dont allait s’alimenter le mouvement contre l’autorité de l’Église et de l’État qui commence à se manifester au début du xvie siècle. […] « Jusqu’au milieu du xve siècle, l’État avait eu à lutter contre ses ennemis au dehors, les Anglais et les grands vassaux de la couronne ; puis vient l’instant où la monarchie acquiert sa suprématie incontestée et où les petites dynasties vont disparaître.
Il a prédit, non grâce à d’obscurs ambages sybillins, mais en termes formels, l’ouverture de l’isthme de Suez, l’immense développement des voies ferrées, les difficultés actuelles entre l’Etat et les grandes Compagnies, l’unité de l’Allemagne, le siège de Paris, la guerre civile qui s’ensuivit, que sais-je ? […] Il a eu des intuitions dont la clairvoyance déconcertait les hommes d’Etat. […] Quelqu’un affirmait qu’il y avait toujours eu en Autriche des femmes d’Etat. « En France, dit Mariéton, il y a seulement des tas de femmes. ».
. — Non, car Mill conclut aussi fortement à l’indépendance de l’individu que Rousseau au despotisme de l’État. — Soit, mais il n’y a pas là de quoi faire un philosophe.
Car le salaire des femmes… Voilà une chose à laquelle jamais les gens, comme Thiers, ne penseront… Il faut renouveler l’État par là… Ce sont des questions… Veyne. — C’est-à-dire que s’il y avait une Convention… Saint-Victor. — Non, il n’y a pas moyen de vivre pour une femme.
. — Non, car Mill conclut aussi fortement à l’indépendance de l’individu que Rousseau au despotisme de l’État. — Soit, mais il n’y a pas là de quoi faire un philosophe.
La liberté qui fut si féconde dans les temps anciens, sous le ciel de Rome et d’Athènes, ne serait-elle plus qu’une Muse ingrate ou une mauvaise conseillère, et le poète des temps modernes, qui ne doit à l’État que son nom quand il vient au monde et quand il en sort, maître qu’il est de son corps et de sa pensée, serait-il plus mal servi par la liberté que par l’imitation et la dépendance ? […] Jules Janin avait, lui, le plus rare de tous les dons, celui d’un style qui lui appartient, style vif, pétulant, limpide, plein de couleurs naturelles, pénétré de jour et de lumière ; il avait de l’esprit de bon aloi, un sentiment fin et gai du ridicule, un rire facile et long comme celui d’un enfant, un instinct d’observateur peu profond, je le crois, et sans conscience de lui-même, mais auquel le hasard donnait quelquefois une singulière justesse ; il avait une verve joviale ; il avait l’immense, l’inappréciable mérite de faire admirablement justice des sottes réputations, des poètes sans poésie et des prosateurs sans prose, de tout écrivain enrichi à mal écrire ; mérite pour lequel j’aurais voté qu’on le nourrit au Prytanée, aux frais de l’État, quoiqu’il eut ce mérite sans savoir comment, et, je parie, sans avoir lu une page des auteurs qu’il a tués.
Renan à ses livres, est hostile aux hommes supérieurs ; il ne lui pardonne pas d’avoir refusé sa confiance à un homme si savant en beaux mots ; il ne semble pas se douter que l’art de conduire un État puisse exiger d’autres qualités que celles qui sont nécessaires pour composer un ouvrage en style exquis. […] Aussi ceux qu’il regarde comme des hommes d’État supérieurs sont-ils les plus insolents ou les plus adroits dompteurs de ce monstre à mille têtes qui s’appelle la foule.
Dorénavant, les élèves des lycées, des collèges, des écoles de l’État, pourront, sans que cela leur nuise, faire certaines fautes d’orthographe. […] Mais il ne faudrait pas que le pouvoir de l’État intervînt et se mît à enseigner, non plus-la vraie langue française, mais un jargon simplifié, arrangé à l’usage du peuple.