Comme le vieil Héraclite, ému de l’universelle fugacité des choses, fit du Devenir l’essence génératrice du Cosmos, Laforgue, ainsi du reste que Hartmann, réalisa métaphysiquement l’Inconscient… « L’Inconscient, dit-il, n’est pas à chercher dans les perceptions infinitésimales uniquement », et, dépassant donc l’idée Leibnizienne, il déclare l’Inconscient « la force monstrueuse qui me mène, la force qui me fait me développer selon mon type, la vertu qui raccommode ma main qui s’est blessée, etc… » Ailleurs, cette philosophie est sur le point de se transformer en une religion et cette croyance à l’Inconscient, origine et raison suffisante de tout, aboutit presque à du mysticisme, « Le dernier divin, … le seul divin minutieusement présent et veillant partout, le seul infaillible, le seul vraiment et sereinement infini, le seul que l’homme n’ait pas créé à son image…26. » En réalité, par l’Inconscient Laforgue entend le principe actif du Cosmos et il pourrait, comme d’autres, l’appeler, ce principe actif, Ame du monde, Vie ou Volonté, tandis qu’il le désigne par celle de ses qualités qu’il considère comme la plus caractéristique. […] » A la Tailhède aussi, il ne dissimule pas qu’il faudra lutter contre l’adversaire qu’il dénomme « le rustre, l’immonde ignorant » ; mais ils ne transigeront pas et ils continueront, en dépit des critiques, à cultiver cet art qui est « si bien appris A couvrir de beauté la misère du monde… Ce vœu prend toute sa signification, très importante, si on le rapproche des discours que tint jadis Moréas à Huret ; parlant de Verlaine, il réprouve ce qu’il y a en celui-ci de « décadisme », et préconise « une renaissance romane qui rejette toute pessimisterie et tout vague à l’âme germanique. » Ainsi se manifeste le caractère vraiment nationaliste de la réforme que veut faire Moréas. […] Mais l’étude minutieuse des origines de notre langue, la connaissance approfondie de son vocabulaire et de sa syntaxe dans leur premier état et dans leur développement, l’ont muni d’une forme verbale vraiment classique. […] Et c’est vraiment la Flandre heureuse, la Flandre des bons pâturages et des kermesses, que peignent, d’une touche large et franche, ces poèmes excellents et tout à fait exempts de mièvrerie. […] « Les Flamandes, dit Vielé-Griffin73, correspondent, chez leur auteur, à une période de santé violente où l’instinct flamand des Jordaens et des Rubens lui apparaît plus beau que toute idée ; il ne trouvait alors, en art, de vraiment grand que ces maîtres. » Il y a, en Verhaeren, une ardeur telle que tous les sentiments s’exaltent, chez lui, jusqu’à leur maximum de puissance.
Et, cette petite âme, le romancier l’a peinte (comme l’aima le seul qui l’ait aimée vraiment) en un instant et sans presque la toucher. […] Il le faut limiter et, plus vraiment, il le faut diriger. […] La poétesse de la vie a su, par un exemple, « que vraiment l’on mourait ». […] … On utilisa Virgile encore beaucoup plus qu’Homère et on l’installa vraiment dans la série des précurseurs et des annonciateurs discrets. […] … Leur idée philosophique ou, si l’on veut, sociologique, l’idée à laquelle ils tenaient vraiment, et qu’ils ont répandue effrontément et qui a fait beaucoup de mal, la voici : c’est la substitution de la collectivité anonyme à l’individu.
Mais cet heureux travail qu’il avait fait sur la traduction d’un ouvrage, artificiel dans son origine, et, chose unique, rendu naturel par la traduction, il a voulu le tenter, de prime abord, sur le plus naturel des écrivains, sur un écrivain vraiment simple, sur Hérodote. […] Il a cependant conservé, parmi plusieurs contes mythologiques d’un intérêt médiocre, quelques historiettes d’une origine vraiment milésienne, ce qui doit paraître d’un grand prix aux curieux amateurs de l’antiquité. […] Les Amours d’Abrocome et d’Anthia, dont Huet ne parle pas, sont bien autrement respectables ; car ils ont une origine certaine et vraiment grecque. […] Fletcher, le plus poétique de tous ; Beaumont, son associé dans quelques ouvrages ; l’ingénieux et facile Massinger ; le pédantesque et pourtant inventif Ben Johnson ; Webster, peintre énergique de révoltantes horreurs ; Ford, qui a eu quelques grands traits de terreur tragique ; Chapman, le traducteur d’Homère et l’auteur énergique d’une tragédie des Guises ; Midleton, Decker, et surtout Heywood, qui, dans sa facilité vraiment espagnole, avait fait, en tout ou en partie, deux cent quarante pièces de théâtre, où se trouvent éparses quelques scènes d’un pathétique admirable ; voilà sans doute la preuve d’un singulier mouvement dramatique, excité par Shakspeare, et dont il profita. […] Cet autre a nom William Shakspeare ; et ils sont tous deux du même comté et presque de la même ville, tous deux vraiment fameux dans leur genre, bien qu’il ne soit pas séant à la gravité et à la sagesse de votre seigneurie de fréquenter les lieux où ils ont l’habitude de charmer l’oreille du public.
Vraiment on n’ose les citer, tant l’emphase en est grotesque1176. […] Ces doux instants ne durèrent pas. « Au mieux, disait-il, mon esprit a toujours un fonds mélancolique ; il ressemble à certains étangs que j’ai vus, qui sont remplis d’une eau noire et pourrie, et qui pourtant dans les jours sereins réfléchissent par leur surface les rayons du soleil1189. » Il souriait comme il pouvait, mais avec effort ; c’était le sourire d’un malade qui se sait incurable et tâche de l’oublier un instant, du moins de le faire oublier aux autres. « Vraiment, je m’étonne qu’une pensée enjouée vienne frapper à la porte de mon intelligence, encore plus qu’elle y trouve accès.
« J’appellerais volontiers ces deux sectes deux machines électriques immenses et vraiment sans modèle (tournées par la grande roue sociale), avec des batteries de qualité opposée ; celle des porte-guenilles étant la négative, et celle du dandysme étant la positive ; l’une attirant à soi et absorbant heure par heure l’électricité positive de la nation (à savoir, l’argent) ; l’autre, également occupée à s’approprier la négative (à savoir, la faim, aussi puissante que l’autre). […] Car qu’est-ce proprement que la loyauté1457 qui est le souffle vital de toute société, sinon une émanation du culte des héros, une admiration soumise pour ceux qui sont vraiment grands ?
Vraiment, grand Anatole France, le banquet de la vie ne vous aura pas été servi trop parcimonieusement ! […] Degas y fit vraiment la figure d’un grincheux de comédie et j’admirai la patience de Forain.