/ 3617
668. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il ne pouvait guère en être autrement, et cela est vrai, en général, de ces grandes figures, quelles qu’elles soient, devenues la matière et l’objet de la légende : on peut dire d’elles, avec certitude qu’il n’y a jamais de si grande fumée sans feu. Mais le vrai Cid ne ressemble presque en rien à celui de la légende, et cela est un second point, presque aussi constant que le premier en ce qui concerne ces personnages légendaires : c’est là un désaccord assez dépitant et désagréable, mais par où il faut en passer, quoi qu’il en coûte. Le vrai Cid, mort en 1099, guerrier renommé du xie  siècle, avait en lui toutes les rudesses et les grossièretés de cet âge ; il en avait aussi la moralité, ce qui est peu dire. […] Le vrai Cid n’y regardait pas de si près. […] J’ai omis plus d’un détail odieux de la vie du Cid, détails que l’on doit surtout, il est vrai, aux historiens arabes, mais que la chronique espagnole a enregistrés.

669. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Mon Dictionnaire me paraît, à son égard, un vrai voyage de caravane où l’on fait vingt ou trente lieues sans trouver un arbre fruitier ou une fontaine ; mais moins j’avais espéré l’avantage que vous m’annoncez, plus j’y ai été sensible. » II. […] Juste Olivier, et nous nous sommes donné le plaisir de dire pendant deux ou trois ans des choses justes et vraies sur le courant des productions et des faits littéraires. […] C’est bien là qu’on voit qu’en dépit de tous les raisonnements sur la propriété littéraire, les vrais et légitimes héritiers d’un grand homme sont ceux qui le comprennent le mieux et qui l’aiment. […] On ne tire de lui rien de précis ; il ajourne, il est malade, il ne sait quand il travaillera ; « enfin, c’est un sot homme. » On voit par les lettres de Marais et du président Bouhier en quelle médiocre estime le tenaient ces vrais savants : lui, il n’était qu’un courtier de savants. […] — Dans la seconde édition qui aura quatre volumes, j’ai été plus explicite encore sur cette femme, etc. » Ce qui reste vrai, c’est que, dans la première édition, la part faite à Gabrielle par le sévère historien laissait sans doute à désirer ; si cette femme paraît, elle paraît bien peu.

670. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

» La Mennais, il est vrai, paraît se prononcer dès lors ouvertement pour la liberté de la presse, et il raille d’une manière fort piquante les projets élaborés par l’abbé de Montesquiou. […] Je ne peux pas en désavouer le fond, parce qu’il ne me paraît que trop vrai, et que l’on ne peut guère s’abuser sur ce qu’on sent ; mais j’aurais dû m’efforcer de mettre plus de mesure dans l’expression. […] Il engendrait le désespoir et l’inquiétude ; son impatience lui faisait une vraie fièvre continue. […]  » Voilà le vrai, et Franklin n’aurait pas mieux dit121. […] De vraies quintes.

671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Wann-Chlore, il est vrai, se distingue des précédents ouvrages par un ton plus soutenu et des mœurs plus relevées, pour ne pas dire moins basses ; mais qu’est-ce encore ? Le Dernier des Chouans offre seul pour la première fois du pittoresque, de l’entente dramatique, des caractères vrais, un dialogue heureux ; par malheur, l’imitation de Walter Scott et de Cooper est évidente. […] Il est vrai que M. de Balzac ne procède pas à coup sûr, et que dans ses productions nombreuses, dont quelques-unes nous semblent presque admirables, touchantes du moins et délicieuses, ou piquantes et d’un fin comique d’observation, il y a un pêle-mêle effrayant. […] Le dernier roman de M. de Balzac nous a fourni l’occasion de lire une brochure dont le sujet est le même, mais qui contient une histoire vraie et bien récente. […] Il est vrai que le cheval arabe n’arrive jamais ; gare le dénoûment !

672. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Tant il est vrai que cette réfutation ou cette protestation de ma part était nécessaire. […] « Je n’ai donc point cherché à désigner deux amis chargés de régler cette affaire avec messieurs vos témoins : si honorables que soient quatre personnes choisies à cette fin et dans ces conditions, je ne sens pas là de vrais arbitres. […] On aura à opter entre le byzantinisme et le vrai progrès. — Vous direz cela, cher monsieur, à votre ami, bien mieux que je ne saurais le dire. […]  » (Suétone, Vesp., IX.) — « Il ne faut point dire de parole mal sonnante à un sénateur ; mais s’il en dit une lui-même, il est permis de lui bien répliquer. » Or, c’était à l’occasion du démêlé d’un chevalier avec un sénateur que Vespasien rendait cet arrêt : à plus forte raison est-ce vrai de sénateur à sénateur. […] C’est à ce titre que nous la recueillons ici, pour la première fois, à sa vraie place et à sa vraie date, sans attendre la publication de la Correspondance.

673. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ces bonnes gens, vrais enfants, qui ne savaient rien et ne pensaient guère, n’aimaient rien tant que de se faire conter des histoires. […] On estimait seulement les chansons de geste plus vraies : mais on accueillait tout ce qui amusait : en sorte que, du xiie  siècle au xive , une intense fabrication jeta dans la circulation une masse énorme de récits de toute nature et de toute provenance. […] Elle recevait tout l’univers en son âme et le renvoyait en formes idéales : vraie antithèse du génie dur et pratique de Rome, dont le rôle est de façonner la réalité par l’épée et par la loi. […] La plus fantastique et idéale légende, il la rapetisse, l’aplatit, y pique de petits détails communs et vrais, il la conte comme il ferait un fait divers de la vie champenoise, si bien qu’il en fait une prosaïque absurdité par le contraste criard de son impossibilité radicale et de ses circonstances minutieusement vulgaires. […] Il ne lui arrive rien, que d’avoir froid, et peur : et cette aventure si vraie en son insignifiance est finement détaillée ; un romancier de nos jours ne ferait pas mieux.

/ 3617