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15. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Alors que, dans une vicissitude continue, il tombait, se relevait, retombait encore, au bruit de mille voix je n’ai pas mêlé la mienne. […] N’y a-t-il plus nulle part la voix légère d’Ariel, et son chant limpide et sonore qui monte vers les deux ? […] Quelle voix humaine pourrait décrire la terrible lumière de cette syrte mugissante ? […] Aujourd’hui elle s’est ouverte devant toi ; je sens ta main dans cette immensité, et ta voix retentit jusqu’à mon cœur dans le tonnerre éternel de ce fleuve qui tombe. […] si l’Océan, immobile sous les ténèbres muettes, s’endormait durant les calmes de juin ou de juillet, je croirais entendre dans la brise lointaine la voix des roseaux et des palmiers de Cuba !

16. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

On voit en le lisant, que la musique des anciens divisoit d’abord en deux genres toutes les operations que la voix peut faire. L’auteur traite ensuite de la difference qui se trouve entre les sons de la voix. " un de ces sons est continu, et c’est celui-là que la voix forme dans le discours ordinaire, et qu’on appelle à cause de cela le langage de la conversation. […] Ainsi cette division des sons de la voix en son continu et en son mélodique ou en son géné, assujeti à suivre dans sa progression des intervalles reglez, étoit un des premiers principes de la science de la musique. […] Sergius ancien grammairien latin compte huit accens, qu’il définit les marques d’une inflexion de voix, et qu’il appelle les aides du chant. […] Que pouvoient marquer tous ces accens, si ce n’est differens haussemens et differens abaissemens de la voix.

17. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Si un seul de ces instruments ou une seule de ces voix discorde, son œuvre manque son effet dans l’oreille de ses auditeurs ; et s’il ne peut trouver ni voix ni instruments pour lui donner l’être, son œuvre n’existe pas. […] La figure de madame Carvalho, trop pure pour le rôle du page, chante dans les yeux comme sa voix chante dans l’oreille. […] Une voix secrète semblait lui dire qu’il fallait se hâter d’accomplir son œuvre. […] je m’efforçai de déguiser le son de ma voix, et je ne dis que : Ouvrez ! […] Et quelle voix !

18. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Laisse rire toujours ta voix simple et touchante, Sauf à pleurer plus tard comme pleure le cœur. […] Je farderai ma voix comme on farde sa joue : Plus de soupirs jamais qui seraient entendus ! Ma voix sera joyeuse, et joyeux mon sourire, Et joyeux mon regard, et joyeux mon maintien : Ceux qui lisaient mon mal ne le pourront plus lire ; On me trouvera gaie et ne regrettant rien. […] Si l’on voit dans mon œil quelque larme furtive, Si l’on sent dans ma voix quelqu’écho déchirant, Chantez, amis ! […] Une jeune Espagnole aux grands yeux pénétrants ; Et sa voix se mêlait à la voix des rafales Qu’on entendait mugir au-dessus des torrents… Si j’osais conjecturer, je dirais que par toutes ces figures diverses qu’a évoquées autour d’elle l’imagination de l’ouvrière-poète, elle s’est plu à multiplier, comme dans un miroir légèrement enchanté, des images d’elle-même, et elle n’a changé que juste ce qu’il fallait pour pouvoir dire : Ce n’est pas moi !

19. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Elle crie d’une voix plaintive : « Mon Dieu, mon Dieu, que je suis malheureuse !  […] Une voix mystérieuse me dit de prendre cette araignée. […] Une voix mystérieuse me dit alors de quitter ma chambre au plus vite… Après avoir couru les rues pendant trois ou quatre heures, j’entendis la voix mystérieuse, au moment où je passais devant un pâtissier, me dire d’acheter un gâteau : ce que je fis. […] « Dès qu’il a repris ses sens, il entend des voix qui l’accusent ; guéri de sa blessure, il entend les mêmes voix… Ces voix lui répètent nuit et jour qu’il a trahi son devoir, qu’il est déshonoré, qu’il n’a rien de mieux à faire qu’à se tuer. […] Si la conversation l’intéresse, il n’entend plus les voix ; si elle languit, il les entend imparfaitement, quitte la société et se met à l’écart pour mieux entendre ce que disent ces perfides voix ; il revient inquiet et soucieux. » — Ces hallucinations persistèrent quelque temps après le retour de la raison.

20. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Combien de vraies larmes retombées dans la voix qu’elles éteignent, dans le cœur qu’elles noient ! […] Dans sa voix je croyais entendre La voix joyeuse du vallon, La voix d’une sœur douce et tendre, D’une mère émue à mon nom. […] … Ainsi quand ta voix si connue Revint hier me visiter, Je crus que du haut de la nue L’ancienne joie allait chanter. […] On ne trompe pas le malheur ; Les vers sont le timbre de l’âme ; La voix se brise avec le cœur ! […] Son espérance blessée, mais patiente, s’est réfugiée aux perspectives d’un avenir social, terre promise que tant de voix de poëtes aiment à saluer.

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