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525. (1925) Proses datées

Pourquoi partir, pourquoi aller vivre ailleurs qu’ici ? […] En effet, les lieux où ont vécu les hommes illustres ou célèbres exercent un vif attrait sur les contemporains. […] Il est vrai que vous teniez avec vous force vivres et du vin de Canaries. […] Ils y vivaient presque pauvrement, leurs biens de ci-devants devenus Biens Nationaux. […] Ils vivaient encore tous deux en 1620.

526. (1881) Le roman expérimental

Ils apparaissent comme le produit du siècle où ils vivent. […] Comment vivaient-ils, de quel argent, et sur quel pied ? […] Racine vivait à la fin en petit bourgeois. […] Mais il faut vivre. […] Je prends cet écrivain parce qu’il est un de ceux qui vivent le plus leurs œuvres.

527. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Taine : « La littérature est une psychologie vivante. » Vivre est synonyme d’agir. […] Taine, c’est le Rouge et le Noir de Beyle… Qu’il ferait mieux de vivre ! […] Il était pour elle, non pas un mot, non pas un symbole, non pas une abstraction, mais un être, en la compagnie duquel l’âme vivait comme nous vivons avec un père qui nous aime, qui nous connaît, qui nous comprend. […] Joie de vivre, principe de noblesse et d’amour, tu deviens pour ces misérables un principe de bassesse ? […] Taine quand il vivait, ni lu un de ses livres depuis qu’il nous a quittés, sans éprouver ce réchauffement.

528. (1896) Le livre des masques

« Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu, et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter. […] Mais ce rien ne laisse pas d’avoir quelque importance pour les atomes humains qui le forment et qui le déterminent ; il est le délicieux nouveau que nous respirons et dont nous vivons. […] Ses paupières énormes jouent avec la brise et paraissent vivre. […] Il y a une évidente contradiction entre l’art et la vie ; on n’a guère vu jamais un homme vivre à la fois l’action et le songe, transposer en écritures des gestes d’abord réels ; ou, si cela arrive, l’homme qui a d’abord vécu ne tire de ses aventures aucun profit : l’équivalence des sensations est certaine et les affres de la peur peuvent être dites par qui les imagine mieux que par celui qui les ressentit. […] L’immoralité absolue, pour les mystiques, c’est la joie de vivre.

529. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Il y a ceux qui ne vivent dans la postérité et qui ne comptent que par leurs œuvres et pour ce qu’on en lit : de ceux-ci on comprend tout, tout est net et clair, on pèse, on mesure ; on en rabat souvent. […] Les Repues franches ne sont autre chose que l’art de vivre aux dépens d’autrui ; c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’art de faire des dettes et de ne pas les payer. […] Cependant, à vivre de la sorte, Villon avait atteint ses vingt-cinq ans (1456). […] que par le trou de la serrure : Sur mol duvet assis un gras chanoine, Lez un brasier, en chambre bien nattée ; À son costé gisant dame Sydoine… avec ce refrain naturel et facile : Il n’est trésor que de vivre à son aise. […] Il a chance de vivre aussi longtemps qu’elle, aussi longtemps du moins que la nation et la langue dans laquelle il a proféré ce cri de génie et de sentiment.

530. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

mon ami, je crois qu’il faut que je continue à vivre comme j’ai vécu… Défais-moi des propositions de mariage et laisse-moi la liberté : j’appelle assurément liberté que d’être garçon. […] Catinat s’en fâcha : « Tes lettres cérémonieuses me chagrinent ; comme je les lis toujours de la vue, j’y mets le tu et le toi, à la place du vous ; de bonne foi je ne te ferai plus réponse si tu continues… Tu te moques de moi de penser à m’écrire autrement qu’à l’ordinaire. » Catinat connut bientôt des circonstances particulièrement flatteuses pour lui dans cette nomination du roi, et il les apprit de l’intendant des vivres Bouchu, qui était l’homme de son armée. […] Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines. Alceste paraît avoir été un Philinte auprès de ce Rubentel qu’on ne put garder au service malgré son mérite et qui s’en alla vivre et mourir seul à Paris, disgracié, irrité, pestant contre les humains et gardant une dent contre quiconque était plus heureux que lui.

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