La mort est le supplice de l’être vivant : se faire de ce supplice un devoir, c’est beau et grand ; mais se faire de ce supplice une joie, ce n’est pas se grandir, c’est mentir. […] Quand on crut que tout était dans l’état de décence qu’il fallait, on en donna avis au roi, et ce prince, s’y étant transporté, y fit en personne toutes les cérémonies qu’on a imitées depuis, c’est-à-dire qu’on le reconnut solennellement pour maître, et qu’il lui rendit, en cette qualité, les mêmes hommages que s’il eût été vivant et qu’il l’instruisît encore dans la morale, les sciences et le gouvernement. […] Pour ce qui est du culte qu’on lui rend ici, on a tort de s’imaginer que c’est un culte religieux ; il ne passe pas les bornes du respect et de la reconnaissance qui sont légitimement dus à un homme qui, de son vivant par ses exhortations, et après sa mort par ses écrits, a fait à ses semblables tout le bien qu’il a été en son pouvoir de leur faire. […] En France on ne se met à genoux que devant Dieu et l’image des saints ; on ne leur offre que de l’encens ; ici l’on se met à genoux pour honorer certains vivants, quand ils sont d’un ordre supérieur ; on leur offre des mets et l’on fait brûler des parfums devant eux. […] Il reprend ensuite en ces termes : « Quant à moi, plus j’ai étudié et compris l’histoire, plus je me suis confirmé dans l’idée de ne pas laisser connaître, en mon vivant, le choix que j’aurai fait de mon successeur.
Absolution pour les vivants et eau bénite pour les morts ! […] On ne se bat pas pour la mort ; ce qui passionne le plus est le plus vivant et le plus vrai. […] S’il y avait une religion qui fût réellement vivante, qui correspondît aux besoins de l’époque, soyez sûr qu’elle saurait se faire sa place et que la nation ne marchanderait pas avec elle. […] Il n’en est pas ainsi dans les États dogmatiques, où il y a une raison vivante et actuelle, une doctrine hors de laquelle il n’y a point de salut. […] Les tableaux si vivants d’Aristophane n’ont rien d’exagéré.
Un mur d’airain vivant les refoula et les étreignit ; ce premier corps fut exterminé. […] Ces Jeux étaient ses vacances sacrées, le symbole vivant de sa fédération fraternelle ; on avait fait tout exprès pour eux une divinité de la « Trêve ». […] Il marchait ainsi, vaisseau vivant, sur les flots de sang des mêlées. […] Mais Hégésistratos dut promettre qu’il monterait à bord du premier vaisseau, comme son pilote de bon présage et son oracle vivant. […] Ne lui apportaient-ils pas leur Ormuzd, le dieu de la lumière, le Soleil vivant ?
* * * — Été à la foire aux pains d’épices, barrière du Trône, où j’ai vu dans un tableau vivant, représentant la superbe Descente de croix d’après la toile de Rubens, j’ai vu à la fin le Christ se levant de son linceul pour venir saluer le public. […] * * * — Un joli titre pour des souvenirs publiés de son vivant : Souvenirs de ma vie morte. […] Notre pensée vivant au-dessus des choses bourgeoises, a de la peine à descendre au terre-à-terre de la pensée ordinaire, tout entière alimentée par les basses réalités de la vie et la matérialité des événements journaliers. […] Autour du cercueil, des compagnons d’armes, de vieux soldats, de vieux bonshommes encore verts, au ruban de la Légion d’honneur passé et devenu orangé : le souvenir de notre père vivant ça et là, et les fils de M. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres.
Le poète n’est-il pas toujours le sujet le plus vivant et le plus intéressant de tout poème ? […] L’imagination habitait pour ainsi dire ces mondes intellectuels des morts autant et plus que le monde des vivants. […] Il était naturel que ce monde surnaturel, qui tenait plus de place dans l’imagination des hommes de son temps que le monde des vivants, lui parût le seul et vrai sujet d’épopée poétique et mystique pour son âge et pour la postérité. […] Nulle part il n’existe en Europe une caste savante et lettrée comparable à ces abbés romains, vivant pour ainsi dire dans les catacombes des bibliothèques, et s’enivrant depuis l’enfance jusqu’à la mort de la poussière des livres. […] Il m’initia en même temps, par une immense variété d’anecdotes dont il était le recueil vivant, à la diplomatie consommée de la vieille cour de Rome et à l’histoire de cette capitale ecclésiastique depuis la révolution française jusqu’à la captivité de Pie VI à Savone.
L’existence monotone dans une garnison provinciale y revêt une apparence exacte, vivante, navrante. […] Un genre littéraire ou s’illustrèrent des hommes comme Flaubert, Anatole France, Barrès et d’Annunzio, auquel nous devons des œuvres comme Bruges-la-Morte, le Passé Vivant et Domination — je cite au hasard celles qui ire viennent à la mémoire — me semble avoir droit d’entrée dans votre citée littéraire. […] Cependant sa dernière œuvre, les Frissonnantes, est un recueil de nouvelles fortes, harmonieuses, vivantes et colorées. […] Et près de lui, la main sur son épaule on devine la petite Livia, une silhouette légère, aussi vivante, aussi souple, aussi naturellement danseuse qu’il était naturellement poète. […] Je vais vous le dire : l’auteur nous fait, en un beau style, un récit bien vivant… Il n’en faut pas davantage pour commander aux rires et aux pleurs.