En effet les beautés les plus fréquentes des poëtes consistent en des images vives et détaillées, au lieu que les raisonemens y sont rares, et presque toujours superficiels. […] Les imaginations vives et turbulentes qui ont trouvé de la grandeur dans les exploits militaires et dans la fortune des etats, ont donné naissance au poëme épique. […] La nouveauté n’est pas moins nécessaire au sublime ; car il est de son essence de faire une impression vive sur les esprits, et de les frapper d’admiration. […] C’est même quelquefois la briéveté qui fait la plus grande force des traits qui passent pour merveilleux ; et il ne faut au contraire qu’un mot superflu pour énerver la pensée la plus vive, et la dégrader du sublime. […] Ses descriptions sont vives, ses comparaisons justes et choisies, ses figures variées ; mais il ne s’en permet jamais de trop hardies ; et sage jusques dans ses emportemens, comme l’a dit un grand critique, il a presque toujours fait voir qu’on peut être raisonnable, sans être froid.
Sous forme d’apologie, c’était un pamphlet très vif, un manifeste de guerre : Vous exigez de moi, monsieur, disait-il, un compte exact des divers jugements que les gens de lettres ont portés de la nouvelle Iliade ; je vais tâcher de vous satisfaire. […] L’original est plus vif, plus animé ; expressif, magnifique, harmonieux. […] il s’agissait avec Homère des qualités vives, brillantes, harmonieuses et musicales des langues adolescentes. […] Si Gacon dit vrai, Despréaux en aurait témoigné à La Motte une si vive colère que celui-ci n’osa se déclarer du vivant du maître, et qu’il attendit que le vieux lion fût mort pour montrer les dents. […] La fin générale que s’est proposée Racine dans ses tragédies, c’est le plaisir de ses auditeurs : il a donc voulu plaire, en excitant dans les âmes ces émotions vives qui naissent de l’admiration, de la compassion, de la terreur.
Nous saisissons ici Huet au plus vif instant de son premier état de cavalier. […] Ces mots si vifs de Huet n’ont passé inaperçus que parce qu’ils sont en latin, et que peu de gens les vont chercher13. […] Mais ce sentiment littéraire plus vif, ce mouvement net et prompt, cette impétuosité de jugement qui ressemble presque à une ardeur de cœur, Huet ne l’avait pas. […] Il appréciait chez celui-ci le don des métaphores, cette fertilité vive qui est le signe particulier d’une heureuse et riche nature. […] Toutes les fois qu’il parle d’Aunay, il a des peintures vives et il trouve des accents ; n’étant jamais poète avec son expression propre, il l’est quelquefois avec celle des anciens.
C’est par cette ouverture pénétrante que Massillon s’attaquait au vif à l’incrédulité de son temps, à celle qui était le propre des hommes de plaisir, qui était encore de bel air et de prétention bien plus que de doctrine, et qui pouvait s’appeler du libertinage en réalité. […] À tout cela ajoutez ces moments cruels où la passion moins vive nous laisse le loisir de retomber sur nous-même et de sentir toute l’indignité de notre état ; ces moments où le cœur, né pour des plaisirs plus solides, se lasse de ses propres idoles et trouve son supplice dans ses dégoûts et dans sa propre inconstance. […] Il caractérise en termes vifs et précis toutes les suites de cette médisance, d’abord futile et légère, « ce rien qui va emprunter de la réalité en passant par différentes bouches ». […] L’accueil plein de bonté que nous lit ce vieillard illustre, la vive et tendre impression que firent sur moi sa vue et l’accent de sa voix, est un des plus doux souvenirs qui me restent de mon jeune âge. […] Le peuple semblait vouloir le dédommager et le venger de l’attentat récent ; les cris de Vive le roi !
La critique des artistes et poètes est sans doute en certains cas la plus vive, la plus pénétrante, celle qui va le plus au fond ; mais elle est, de sa nature, tranchante et exclusive. […] De larges traînées de vapeurs blondes baignaient les intervalles ; çà et là de vifs rayons de soleil glaçaient d’or quelque mamelon plus rapproché et chatoyant de mille couleurs comme une gorge de pigeon. […] Bel œillet aux vives couleurs, Pourquoi tomber dans la fontaine ? […] Jamais rien ne m’a fait éprouver un sentiment plus vif de la beauté que ce laurier-rose du Généralife. » Et à ce laurier-rose glorieux et triomphant, « gai comme la victoire, heureux comme l’amour », il a même adressé des vers et presque une déclaration, telle vraiment qu’Apollon eût pu la faire au laurier de Daphné. […] C’est alors, dans une de ces heures de satisfaction et de naturel orgueil, qu’il put écrire ces vers qu’il a intitulés spirituellement Fatuité (le propre du poète est d’exprimer au vif chaque sentiment qui le traverse et qui fut vrai, ne fut-ce qu’un moment) : Je suis jeune, la pourpre en mes veines abonde ; Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu, Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.
Les événements de Février dessinèrent vivement le rôle de M. de Girardin comme sentinelle avancée, et le montrèrent pendant les premiers mois toujours en scène, sur le qui vive ! […] Les démocraties sont de leur nature soupçonneuses et crédules ; l’accusation banale de trahison leur plaît et les trouve aisément accessibles : on ne s’en fit pas faute contre M. de Girardin ; il se vit très-promptement impopulaire, et d’une impopularité qui soulevait les passions les plus vives, les plus irritées. […] Quand il est trop poussé à bout et relancé sur ce point de conviction vive, il faut voir comme il prend feu ; une détente lui échappe ; il est parti sur son Pégase, et je l’ai entendu mainte fois chaleureux, entraîné, éloquent. […] Plus d’une fois il a montré à quelles limites pouvait se porter la discussion la plus vive, dans le cercle même où elle est présentement circonscrite. […] M. de Girardin n’a rien de la rhétorique ni du style appris, mais un tour vif, neuf, imprévu, cavalier, qui est à lui.