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633. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les vieilles habitudes féodales persistent et se font jour à tort et à travers de la manière la plus capricieuse. […] L’esprit est converti, mais la chair s’obstine ; les vieilles habitudes résistent, et le sang bouillonne avec sa vieille vivacité : bouillonnements solitaires cependant, passions à demi vaincues, réduites à l’impuissance. […] Un vieux Werther, quelle déplaisante image s’éveille en nous à ces mots ! Un vieux Werther ! […] Comme il va aux entrailles par exemple, le discours par lequel, sous la pluie de feu, il salue son vieux maître Brunetto Latini !

634. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il est un cas pourtant où ce genre de comique peut naître de la passion du jeu ; c’est quand cette passion est vieille et qu’elle a pris l’homme tout entier. […] Il y a dans la maison une jeune fille et une vieille tante. […] Bartholo est aussi une vieille connaissance ; c’est ce type de tuteur avare qui veut épouser sa pupille, d’abord pour n’avoir pas à rendre ses comptes de tutelle, puis parce qu’il la trouve à son goût. […] Qui donc peut supporter Almaviva en époux trompé, Rosine en mère coupable d’un bâtard en âge de se marier, Figaro en vieux serviteur vertueux et chenu ? […] Collin a eu son jour de force comique : c’est quand il créait, peut-être d’expérience, le rôle de la gouvernante dans le Vieux Célibataire.

635. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

La vieille école cartésienne prenait l’homme d’une façon abstraite, générale, uniforme. […] La vieille polémique semblait concéder que les religions sont d’une autre origine, et par là elle était amenée à les injurier. […] Les vieux cultes mythologiques, ne se donnant pas pour la forme absolue de religion, mais se posant comme formes locales, n’excluaient par les autres cultes. […] Qu’admire-t-on d’ordinaire dans ces vieux poèmes ? […] La presqu’île est toujours restée pure d’hellénisme, et n’a jamais compris que le Coran et les vieilles poésies.

636. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Dans ce genre est exposée une merveille, la rose, appelée : Madame Cornelissen, une rose à l’enroulement lâche, au tuyautage desserré, au contournement mourant, une rose, où il y a dans le dessin comme l’évanouissement d’une syncope, — une rose névrosée, la rose décadente des vieux siècles. […] Et la montre qu’elle fait de ces choses, est semée d’anecdotes du dix-huitième siècle, d’anecdotes de Louis-Philippe, d’anecdotes du second Empire, donnant à penser aux curieux mémoires, qu’on ferait sous la dictée de cette spirituelle vieille femme, à la parole intarissable. […] On va ce soir, en troupe, visiter le cottage que Drumont vient de louer à Soisy, au milieu du jardin ruineux, créé par Hardy, l’ancien jardinier de Versailles, un potager aux allées mangées par les mauvaises herbes, aux arceaux croulants, aux vieilles quenouilles lépreuses, et comme tordues fantastiquement par la paralysie : une sorte de Chartreuse, faite pour la description d’un Edgar Poë. […] Hier, c’était le divorce, dont nous parlions, le divorce, ce tueur du mariage catholique, ce radical métamorphoseur de la vieille société, dont il comparait l’action, en un temps prochain, à la trouée, au-dessous de la flottaison, dans les flancs d’un navire en train de couler. […] Et encore dans cette description, l’épithète glauque, appliquée à l’eau, cette vieille épithète si employée, devenue si commune, le fait s’écrier : « Est-ce assez précieux ! 

637. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Toutes les profondeurs des vieux âges se meuvent, radieusement éclairées, dans le vaste azur de cet esprit. […] Lucrèce tord le vieux voile d’Isis trempé dans l’eau des ténèbres, et il en exprime, tantôt à flots, tantôt goutte à goutte, une poésie sombre. […] Juvénal, c’est la vieille âme fibre des républiques mortes ; il a en lui une Rome dans l’airain de laquelle sont fondues Athènes et Sparte. […] Rome est une grosse vieille repue ; est-ce santé ? […] Tout ce vieux monde festoie et crève.

638. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Il fit un prodige d’imagination, il éblouit et il enchanta le monde avec son livre, il fut le génie des Ruines, tout paré de fleurs sépulcrales, de souvenirs, de traditions, de mystères, de sentiment, opposant le cœur à l’esprit, et reconstruisant le vieux temple avec ses débris ; il fut l’Esdras du christianisme après la captivité de Babylone. […] Tantôt ce sont des modulations languissantes quoique variées ; tantôt c’est un air un peu monotone comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d’œuvre de simplicité et de mélancolie. […] La nuit, tour à tour charmante ou sinistre, a le rossignol et le hibou ; l’un chante pour le zéphyre, les bocages, la lune, les amants, l’autre pour les vents, les vieilles forêts, les ténèbres et les morts. […] « Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers commencent leurs travaux : ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d’un vieux mur, ceux-là maçonnent des bâtiments aux fenêtres d’une église, d’autres dérobent un crin à une cavale ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce. […] J’ai trouvé l’autre jour cette inscription au crayon, et signée seulement d’une initiale, sur la vieille porte vermoulue de ma maison de village, à Milly.

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