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646. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Elle fut élevée et nourrie dans cette vie de campagne et de presbytère où quelques poètes ont placé la scène de leurs plus charmantes idylles, et elle y puisa, avec les vertus du foyer, le principe des études sérieuses. […] L’avenir et Vivre dans autrui, voilà celles que je voudrais adopter. » Elle a pensé de bonne heure au déclin de la vie et au moment où les charmes extérieurs se flétrissent. […] Je n’ai pas à la suivre dans le détail de sa vie et de ses divers voyages, dont la plupart furent entrepris pour réparer sa santé en proie à des angoisses nerveuses qui marquaient le travail de l’âme. […] Deux grandes amitiés dominent sa vie, après le culte de son époux. […] Les curieux peuvent chercher des considérations très fines sur ces rapports des esprits et du pays, au tome second, p. 1191, de l’ouvrage intitulé Le Canton de Vaud, sa vie et son histoire, par M. 

647. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Pendant les quarante-cinq années qui remplissent la vie de Rollin depuis qu’il a terminé ses études jusqu’au moment où il publie son premier écrit en français, que fait-il ? […] C’est lui qui revit et qui retoucha la Vie de ce serviteur de Dieu (du diacre Pâris), qui fut imprimée en 1730. […] Cette partie désagréable et petite de la vie de Rollin ne saurait se supprimer, si l’on veut être fidèle et ne pas se faire à plaisir un portrait trop embelli. […] On les voit errer dans les places publiques et remplir les théâtres comme s’ils n’avaient qu’à se reposer des travaux d’une longue vie. […] Ces apparences austères gardaient au fond des cœurs la joie, la simplicité, et une sorte d’énergie heureuse qui doit animer la suite de la vie.

648. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Il était compatissant pour les animaux ; il rêvait à la vie des anachorètes dans le désert, et se faisait de petits ermitages au milieu des chèvrefeuilles et des abeilles. […] Ces deux époques de sa vie sont séparées par une espèce de crise et de maladie morale qui est curieuse à observer et qui donne la clef de sa nature. […] Son édifice deviendrait aisément immense si le temps, les matériaux et la tranquillité d’esprit ne lui manquaient pas : « C’est ainsi que je file ma soie, dit-il ; j’en verrai la fin avec celle de mes forces. » Cette vie, bien que mélancolique, lui plairait assez si elle pouvait durer. […] Les espérances sont les nerfs de la vie : dans un état de tension ils sont douloureux ; tranchés, ils ne font plus de mal. […] J’aurai présenté de beaux tableaux, j’aurai consolé, fortifié et rassuré l’homme dans le passage rapide de la vie.

649. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Sa chute est le commencement de la vie. […] Le souvenir est net et précis, mais sans intérieur et sans vie. […] Ta vie, à l’état de veille, est donc une vie de travail, même quand tu crois ne rien faire, car à tout moment tu dois choisir, et à tout moment exclure. […] Tu t’attaches à la vie ; je suis détaché d’elle. […] Le rêve est la vie mentale tout entière, moins l’effort de concentration.

650. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il pensait de la vie et du monde à peu près ce qu’en pensait un de ses grenadiers. […] Le philosophe et le grand écrivain y est jugé et par sa vie et par ses œuvres. […] Gabriel Trarieux intitule : la Retraite de la vie. […] Pour lui l’artiste doit avant tout aimer la vie et nous montrer qu’elle est belle. […] Ce brave homme offrit ce jour-là sa vie pour sauver son chef, le capitaine de Cotte.

651. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Avec plus d’abondance et d’éclat, ce sont des chants, comme depuis Prudence jusqu’à Manzoni, l’Église en a pour chaque heure, pour chaque saison, pour chaque solennité de la vie. […] Cependant il n’est pas encore arrivé au terme de la vie ; il n’a pas encore épuisé la gloire, l’amour, l’avenir. Mais qu’est-ce que la vie ? […] La vie entière et ses faux biens repassent, un à un, sous ses yeux ; il vide encore une fois le calice, et, quand il est aux dernières gouttes, il s’écrierait volontiers aussi : « Ô mon Dieu, détournez-le de moi !  […] Ici le souvenir reste inachevé ; on sent qu’il pourrait aller plus loin, qu’il touche à la vie présente du poète, et que c’est là pour lui le plus familier, le plus charmant refuge après l’agonie.

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