Sous prétexte de donner des leçons de Morale, l’Auteur y débite des maximes absurdes, & renverse le plus souvent les notions des vertus, les plus invariables dans leurs principes. […] Elle n’a point attaqué, comme on l’a fait depuis, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’ame, la nécessité d’un Culte ; elle ne s’est point élevée contre certains préceptes de la Morale chrétienne, tels que le pardon des offenses, &c. ; elle ne s’est point consumée en raisonnemens en faveur du suicide, de l’adulterre, de la vengeance ; au contraire, elle ne s’est jamais écartée d’un caractere de modération, de respect, à l’égard du plus grand nombre des vertus religieuses & sociales.
Le crime même a plus de grandeur, quand il tient au désordre des passions enflammées, que lorsqu’il a pour objet l’intérêt personnel : comment donc pourrait-on donner pour principe à la vertu ce qui déshonorerait même le crime ? […] Quelle femme, et c’est là sa vertu, peut être souverainement impartiale ? […] Une seule vertu émane de son livre, une haine romaine contre la tyrannie. […] Il avait la gravité précoce, la vertu froide, l’opinion faite, le caractère infaillible des hommes élevés dans le foyer domestique d’une grande gloire. […] Il rappelle qu’il y a eu une vertu publique, et que si le peuple en a perdu la formule, la langue du moins en a conservé le retentissement.
On feindra des vertus & des défauts hors de nature, pour arracher des larmes. […] On les réfuta par le succès prodigieux & constant de ce genre ; par l’intérêt vif qu’y prenoient les femmes ; par l’impression que laissent toujours sur les cœurs même les moins vertueux les tableaux de la vertu, quoique placés dans un faux jour ; par la nécessité d’admettre un commencement à toute nouveauté utile. […] Fuzelier nioit à La Mothe qu’une bouffonnerie, telle que la parodie, empêchât l’effet du tragique ; qu’elle fît confondre les bons & les mauvais endroits d’une pièce & décider d’elle sur le jugement d’arlequin ; qu’elle décréditât la véritable vertu, puisque ce n’est que la vertu chimérique & romanesque qu’elle tourne en ridicule. […] Porée, traitant la question des spectacles, soutient qu’ils pourroient être une école de vertu ; mais il ajoute en même-temps que, par notre faute, ils ne sont que l’école du vice. […] Je vois encore ici la marquise de Lambert favorable à ce frondeur déterminé : « On reçoit au théâtre de grandes leçons de vertu, & l’on en remporte l’impression du vice. » Telle femme y est entrée Pénélope, & en est sortie Hélène*.
La Poésie, réalisée dans l’art, n’enfantera plus d’actions héroïques ; elle n’inspirera plus de vertus sociales ; parce que la langue sacrée, même dans la prévision d’un germe latent d’héroïsme ou de vertu, réduite, comme à toutes les époques de décadence littéraire, à ne plus exprimer que de mesquines impressions personnelles, envahie par les néologismes arbitraires, morcelée et profanée, esclave des caprices et des goûts individuels, n’est plus apte à enseigner l’homme. […] Par un renversement prodigieux du sens commun, c’est là que nos risibles éducateurs vont chercher les spécimens d’originalité et de vertu qu’ils nous offrent pour modèles. […] La vertu d’un grand artiste, c’est son génie. […] Mais outre que le célèbre chansonnier n’a commis, que je sache, aucune action héroïque, l’Esprit souffle où il veut, et les mystérieux trésors de la Poésie ne sont pas le salaire obligé des vertus morales. […] Ceux de ses jeunes confrères qui ont eu l’honneur de le connaître n’oublieront jamais ni sa bienveillance charmante et inépuisable, ni son amour sans bornes de la Poésie, cette vertu d’heure en heure plus dédaignée.
Elle meurt donc victime de sa bonté, et sa mort lui ramène tous les cœurs et convertit à la vertu jusqu’à la haineuse Nathalie. […] Il vous a plu, dans votre roman, de doter vos deux philosophes de vertus chimériques. […] Puisqu’il est tout, pourquoi ne serait-il pas aussi la vertu ? […] Paul Féval n’est pas très sûr que le comte de Belcamp ne soit pas la vertu. […] Partout où il y a des hommes, il y a un mélange de vertus et de vices, de grandeur et de misère.
Par pure vertu, elle hait le capitaine Rawdon, et ne souffrira pas qu’un si bon argent tombe en de si mauvaises mains. […] la vertu émanée de son trône héroïque se répandait dans le cœur de tous ses courtisans. […] Cette déclaration le met en joie, et il conclut par ce principe : « Ce temple de la vertu m’appartient, et, si j’y invite tout Newgate ou tout Bedlam, par Dieu ! […] Thackeray lui a donné cette bonté tendre, presque féminine, qu’il élève partout au-dessus des autres vertus humaines, et cet empire de soi qui est l’effet de la réflexion habituelle. […] Changez une vertu de milieu, elle devient un vice ; changez un vice de milieu, il devient une vertu.