Je viens de faire une lecture agréable, douce, unie, touchante par moments, qui repose et même qui élève, une lecture que tout le monde voudra faire comme moi. […] Pendant ces années de labeur et d’essai, Mme de Maintenon ne cessait de visiter, d’animer et de corriger Saint-Cyr : elle y venait de deux jours l’un au moins ; elle y passait des journées entières dès qu’elle le pouvait. […] » Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris.
Il lui conseille, comme antidote à l’impatience de publier trop tôt, de jeter les yeux sur le Petit almanach de nos grands hommes qui venait de paraître et qui raillait toutes ces vaines renommées d’un jour. […] C’est dans cette guerre pénible de Suisse où l’on manquait de tout, où il fallait faire venir les grains de France, c’est-à-dire de la distance de quatre-vingts lieues, par des chemins difficiles ; où l’argent aussi venait de France, mais rarement et en petite quantité ; où le personnel des commissaires des guerres était insuffisant d’abord, et où les choix n’étaient pas toujours tels qu’il l’aurait voulu ; c’est au milieu de ces difficultés de tout genre que Daru s’aguerrit au rôle d’intendant en chef et de pourvoyeur des grandes armées ; sa réputation de capacité et de rigidité date de là. […] et vous Divinité des bois…, chantés en présence des statues de Diane et de l’Apollon du Belvédère. » Cette traduction chantée alors était, en effet, celle que venait de publier Daru lui-même.
Le nombre s’est fort accru depuis, et en février 1847 on écrivait de Padoue que le comte Léopold Ferri venait de mourir en cette ville, laissant une bibliothèque unique en son genre, exclusivement composée d’ouvrages écrits par des femmes en toutes langues et de tout pays : « Cette bibliothèque, disait-on, forme près de trente-deux mille volumes. » Dorénavant, il ne faudra plus essayer de compter. […] Tel qu’on vient de le connaître et de l’entrevoir, Tanneguy Le Fèvre, régent de troisième à l’académie de Saumur, n’était pas à sa place et ne se trouvait point heureux. […] Il nous restait une fille très aimable, qui était toute notre consolation, qui avait parfaitement répondu à nos soins et rempli nos vœux, qui était ornée de toutes les vertus, et qui, par la vivacité, l’étendue et la solidité de son esprit, et par les talents les plus agréables, rendait délicieux tous les moments de notre vie ; la mort vient de nous la ravir.
Ce côté duquel il se tourne, il vient de le nommer, c’est une sorte de stoïcisme. — Quelques années après, il avait changé et s’était transformé encore, il était dans sa troisième et dernière phase, et son journal se termine par cette parole qui est un désaveu de la précédente et qui semble indiquer l’entrée définitive dans une autre sphère : Le stoïcien est seul, ou avec sa conscience de force propre le trompe ; le chrétien ne marche qu’en présence de Dieu et avec Dieu, par le médiateur qu’il a pris pour guide et compagnon de sa vie présente et future. […] Il m’est impossible de faire autrement ; mon malheur et mon trouble, mon inutilité, tout vient de n’être pas commandé, de n’être soutenu par rien : je manque d’idée fixe et de but. […] Par exemple : dans un ouvrage qu’il vient de publier sur La Connaissance de l’âme (1857), le Père Gratry s’est vivement et habilement emparé de ces pensées de Maine de Biran pour dire aux philosophes de l’école de M.
Depuis la venue de Malherbe, un souffle général y poussait. […] S’il avait moins de goût que les grands hommes de la Grèce et de Rome que nous venons de citer, cela tenait aux inconvénients de son époque, de son éducation, et à un vice aussi de son esprit, atteint d’une sorte de pédantisme : mais s’il péchait dans le détail, il ne se trompait pas dans sa vue publique de la littérature et dans l’institution qu’il en prétendait faire pour le service et l’agrément de tous. […] La nouvelle s’en est répandue partout où il est connu, et amis et ennemis s’en sont réjouis presque également, et lui en ont fait des huées qui le persécutent : l’Académie même ne s’en est pas abstenue, et s’est réjouie, en sa présence et à ses dépens, de l’avoir vu venir par force au lieu où il faisait profession de ne point venir de son bon gré.
La jeune Sophie accueillit ce choix comme tout ce qui venait de son père, avec une affectueuse déférence. […] Quelques grands athlètes y viennent de temps en temps se mesurer dans des duels ingénieux : ils entrent dans la lice, ils brillent, on écoute, on applaudit, et bientôt chacun des habitués reprend, le fil de ses propres réflexions dans des à parte suivis et qui, après les airs de bravoure, composent un fond de bourdonnements plus doux. […] Ce que je viens de dire de la chapelle de Mme Swetchine aura étonné et mérite explication.