Sauf un petit nombre d’exceptions mystérieuses et de véritables monstruosités morales, l’homme est libre, bien que plus ou moins enclin ici ou là ; il peut lutter, bien qu’il lutte trop peu ; il peut149 s’appuyer sur certains principes qu’il sait bons et utiles, nouer alliance avec ses facultés louables contre ses penchants plus dangereux, bien que d’ordinaire ce soit pour ceux-ci qu’il se déclare.
Sans doute, ce n’est point sous de tels aspects de mélancolie qu’un païen véritable pouvait concevoir les divines légendes, ce sont là plutôt des nostalgies païennes, comme aurait pu en évoquer un cerveau chrétien du ve siècle dans les pénombres attristées des cryptes romanes.
Iraïl prend la peine de lui souhaiter, sans s’appercevoir qu’il avoit la véritable, celle du cœur.
Tout ce qu’on saurait imaginer de ressources, de grâces, de facilité, de hors-d’œuvre et de main-d’œuvre (non pas d’art véritable) dans ce genre, il le déploya ; et le prestige, malgré des protestations nombreuses, dura jusqu’à sa mort. […] La Harpe, après en avoir entendu des extraits, le jugeait par avance un ouvrage dont les idées sont un peu usées, mais plein de détails charmants 28 L’auteur de l’Année littéraire, qui d’ailleurs allégea toujours sa férule pour Delille, prononçait29 que le poëme de l’abbé Delille était un véritable jardin anglais : « On pourrait, dit-il, être tenté de croire que le poëme est construit de morceaux détachés et de pièces de rapport réunies sous le même titre. […] L’inspiration directement religieuse ne fut jamais la sienne ; l’inspiration puisée dans la nature avait été une de ses prétentions et de ses illusions plutôt qu’une source véritable. […] La poésie était morte en esprit, perdue dans le délayage et les fadeurs : nous l’avons sentie, nous l’avons relevée, les uns beaucoup, les autres moins, et si peu que ce soit dans nos œuvres, mais haut dans nos cœurs ; et l’Art véritable, le grand Art, du moins en image et en culte, a été ressaisi et continué ! […] Delille, etc., dans lequel il met en évidence les emprunts innombrables qu’a faits ce poète à une foule d’auteurs qui ont traité avant lui les mêmes sujets. » L’inventaire, s’il est complet, serait en effet singulièrement curieux à connaître et guiderait utilement le lecteur dans ce véritable magasin de poésie.
Elle encourage les arts qui succèdent aux industries ; Florence se couvre de monuments, véritable diadème de l’Italie moderne ; elle semble gouvernée pour l’honneur de l’esprit humain par une dynastie de Périclès ; sa langue devient la langue classique de l’Italie régénérée ; ses mœurs s’adoucissent comme ses lois ; son peuple, déshabitué des guerres civiles, reste actif sans être turbulent ; il cultive, il fabrique, il navigue, il commerce, il bâtit, il sculpte, il peint, il discute, il chante, il jouit d’un régime tempéré et serein comme son climat ; les collines de l’Arno, couvertes de palais, de villages, de fabriques, d’oliviers, de vignobles, de mûriers, qui lui versent l’huile, le vin, la soie, deviennent pendant trois siècles l’Arcadie industrielle du monde ! […] XVIII L’Italie est si féconde qu’elle a enfanté, comme la Grèce, toutes les formes de gouvernement ; sa véritable unité se compose de ces diversités puissantes ; celui qui lui veut l’uniformité la mutile. […] C’était une véritable république de tribuns des soldats, sans aucun contrepoids monarchique, et ne conservant un roi nominal à son sommet que pour cacher sa véritable nature militaire. […] Votre agrandissement sans mesure ne serait-il pas une véritable trahison de la France d’aujourd’hui envers la France de demain ?
La Mécanique céleste est un développement systématique et régulier des principes newtoniens ; elle est un chef-d’œuvre du génie mathématique ; mais elle ne fait qu’exposer, avec toutes les ressources de l’analyse la plus étendue et la plus exacte, les lois qu’un autre avait révélées sur le véritable système du monde. […] C’est alors que la métaphysique intervient, et qu’elle remplit son véritable rôle. […] Il suit de là que la loi morale n’est pas uniquement la règle de l’individu ; c’est elle encore qui fait à elle seule les véritables liens qui l’associent à ses semblables. […] Ces immolations, toutes rares qu’elles sont, suffisent à qui sait les comprendre pour révéler dans sa splendeur suprême la loi du bien ; et puisque c’est précisément dans les rencontres les plus grandes et les plus solennelles que le bien l’emporte, c’est que le bien est le maître véritable de l’homme, et que tous les autres mobiles, issus à différents degrés de l’intérêt, fortune, plaisir, bonheur, ne sont que ses tyrans. […] Elle le place à sa véritable hauteur, au-dessus de tous les autres êtres qui l’entourent, mais au-dessous de Dieu ; elle ne l’exalte pas, mais elle est loin aussi de le ravilir ; elle le soumet à une loi bienfaisante et sage, tout en reconnaissant sa liberté, si ce n’est son indépendance.