Admirez l’usage que l’auteur fait de ce personnage. […] Pourvu qu’on conserve le caractère du lieu, il est permis de l’embellir de toutes les richesses de l’art ; les couleurs et la perspective en font toute la dépense : cependant il faut que les mœurs des acteurs soient peintes dans la même scène, qu’il y ait une juste proportion entre la demeure et le maître qui l’habite, qu’on y remarque les usages des temps, des pays, des nations.
Il doit avoir cent autres styles différents et dont il n’est pas responsable, ou plutôt pour lesquels il n’est responsable que de leur vérité relative et circonstancielle, à l’usage des différents personnages qu’il fait parler, bourgeois, homme du peuple, paysan, valet, marquis, hypocrite de religion, etc. […] C’est là qu’il faut le chercher, et précisément, c’est en le cherchant là qu’on saisira les différences entre le style personnel et le style qu’il invente et qu’il crée à l’usage des personnages étrangers à lui et pour les peindre.
Ils n’en ont vu que le contour, ils n’en ont su fixer que la silhouette ; et, pour cette raison, s’ils doivent durer quelque temps, si les générations qui viennent les lisent encore, ce ne sera pas comme naturalistes, ce ne sera pas non plus comme pessimistes, — un autre mot qu’ils compromettent par l’usage qu’ils en font, — ce sera comme vaudevillistes. […] Et ils ne seraient enfin tout à fait ressemblans, à leurs propres yeux comme aux nôtres, que s’ils exprimaient des sentimens ou des idées à eux dans la langue du commun et de l’honnête usage.
Ce qui le guide, c’est uniquement l’aspect de la plante et, en somme, de son temps on ne pouvait guère avoir d’autres règles que cela et l’usage empirique. […] Cette coutume (désagréable surtout pour ceux qui sont mangés) a très probablement, comme d’autres usages moins fâcheux, une origine magique. […] La diversité des conditions de la vie influe, en les modifiant, sur l’organisation la forme générale, les organes de l’animal ; on en peut dire autant de l’usage ou du défaut d’usage des organes, tout d’abord des animaux et les plantes les plus simples ont été produits, puis les êtres doués d’une organisation plus complexe. […] Nous accepterions difficilement aujourd’hui ce paradis à l’usage des habitués des grands concerts. […] Il en a fait usage : il a inventé la bêtise.
L’homme ne joue guère de rôle dans cette manière d’envisager les lieux et de les reproduire : le groupe d’usage n’y est pas ; la pastorale et l’élégie y sont sacrifiées ; point de ronde arcadienne autour d’un tombeau ; point de couples épars et de nymphes folâires et d’amours rebondis ; point de kermesse rustique, de concert en plein air ou de dîner sur l’herbette ; pas même de romance touchante, ni de chien du pauvre, ni de veuve du soldat : c’est la nature que le peintre embrasse et saisit ; c’est le symbole confus de ces arbres déjà rouillés par l’automne, de ces marais verdâtres et dormants, de ces collines qui froncent leurs plis à l’horizon, de ce ciel déchiré et nuageux, c’est l’harmonie de toutes ces couleurs et le sens flottant de cette pensée universelle qu’il interroge et qu’il traduit par son pinceau.
Or, il semble dans la nature des choses que, tout immortelle, toute légitime qu’elle soit, une telle renommée doive, un jour ou l’autre, perdre tant soit peu, non pas en estime, non pas en reconnaissance, mais en vogue, en enthousiasme auprès de la postérité ; bien plus, il semble désirable que l’instant arrive, et qu’il arrive au plus tôt, où, la victoire étant décidée et le libre usage de la raison à jamais reconquis, on se mette, sans plus craindre d’être harcelé et distrait, à marcher dans les voies nouvelles plus loin que ses devanciers, et si loin que, tout en les voyant encore et les saluant toujours du regard, on ne les voie plus qu’à distance et dans le passé, environnés d’une consécration à la fois plus auguste et plus calme.