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632. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Jenner a peut-être erré, Franklin s’est peut-être trompé ; cherchons encore. […] Cuvier se trompait hier, Lagrange avant-hier, Leibnitz avant Lagrange, Gassendi avant Leibnitz, Cardan avant Gassendi, Corneille Agrippa avant Cardan, Averroès avant Agrippa, Plotin avant Averroès, Artémidore Daldien avant Plotin, Posidonius avant Artémidore, Démocrite avant Posidonius, Empedocle avant Démocrite, Carnéade avant Empédocle, Platon avant Carnéade, Phérécyde avant Platon, Pittacus avant Phérécyde, Thalès avant Pittacus, et avant Thalès Zoroastre, et avant Zoroastre Sanchoniathon, et avant Sanchoniathon Hermès.

633. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Quelque facilité physique que les lunettes d’approche, depuis que Galilée les eut appliquées à l’observation des astres, donnassent pour avoir la largeur de la mer Atlantique, tous les géographes qui ont fait des cartes avant Monsieur De Lisle, s’y sont trompez de plusieurs dégrez. […] Quand nous n’avons pas la centiéme partie des livres des auteurs grecs et des auteurs romains, nous pouvons bien nous tromper en plaçant les bornes que nous marquons à leurs progrès dans les sciences naturelles, où nous les plaçons.

634. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Un ou deux s’en sont excusés de l’air dont on s’en vanterait ; mais ils se sont trompés, ils n’étaient pas si coupables. […] Peignez la nature avec vérité, mais avec choix, et sans marquer minutieusement ses moindres traits, comme cet artiste sans génie, qui trouve avec raison plus facile de tromper l’œil que de le charmer.

635. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Que le genre humain se trompe ou non, que la matière soit une chose réelle, ou une apparence illusoire, il n’y met point de différence. […] Donc la perception extérieure est une représentation du dedans, projetée et réalisée dans le dehors. — De la nature de la perception extérieure, de ses précédents, de ses suites, de ses vérités, de ses erreurs, jaillit cette phrase dix fois répétée et dix fois démontrée : la connaissance sensible est la conscience d’un simulacre intérieur, lequel paraît extérieur, sorte d’hallucination naturelle, ordinairement correspondante à un objet réel, opération qui mène par l’illusion à la vérité, qui trompe l’homme pour l’instruire, et, par les fantômes du dedans, lui révèle les substances du dehors13.

636. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Quelle grandeur alors auraient eue ses tableaux, épurés de cette mythologie qu’il méprise, mais remplis de cette présence divine que ses yeux trompés n’ont pas aperçue dans l’univers ! […] La mère sacrilège, se prostituant à son fils trompé, n’a pas craint de rendre complices de son crime les dieux domestiques.

637. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ne vous y trompez pas, c’est celle de Stendhal. […] Il est à croire que les uns et les autres se trompent. […] Le peuple ne se trompe donc pas entièrement en se voyant représenté par lui. […] On peut s’y tromper, sans être complètement dans le faux et d’une façon assez plausible. […] Les esprits curieux trompent ainsi.

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