Sa répugnance à sacrifier l’archevêque, qui avait fait ses tristes preuves depuis une année, pouvait témoigner de sa bonté ou même de sa « grandeur d’âme », comme le lui disait poliment M. de Mercy, mais non de sa justesse de vue. […] Je ferai tout ce qu’il me dira, et on verra ce qui en résultera. » Vouloir et ne pas vouloir, s’abandonner et ne pas se confier, retirer au moral ce qu’on accorde en fait, triste rôle, rôle de perdition à certains moments critiques et aux heures où toute résolution est décisive !
Triste chose ! […] Le grotesque de ce temps-là et de ces gens-là diffère essentiellement de celui d’aujourd’hui : le leur était abandon, bouillonnement et débordement, plein de naturel et de coulant jusque dans son épaisseur ; le nôtre est tout prétention et affectation, pur procédé d’art, un grotesque fabriqué à froid, besoin de paraître gai dans une époque triste, et chez quelques-uns, je gage, parti-pris de se singulariser, en désespoir de ne savoir se distinguer simplement et noblement.
Il faut pour cela deux choses : la première, que les langues soient déjà très riches, très fortes et très nuancées d’expressions, sans quoi le poète manquerait de couleurs sur sa palette ; la seconde, que le poète lui-même soit un instrument humain de sensations, très impressionnable, très sensitif et très complet ; qu’il ne manque aucune fibre humaine à son imagination ou à son cœur ; qu’il soit une véritable lyre vivante à toutes cordes, une gamme humaine aussi étendue que la nature, afin que toute chose, grave ou légère, douce ou triste, douloureuse ou délicieuse, y trouve son retentissement ou son cri. […] Voilà l’abrégé de l’histoire d’Homère ; elle est simple comme la nature, triste comme la vie ; elle consiste à souffrir et à chanter : c’est en général la destinée des poètes.
Ces hommes sont affranchis par leur genre de vie de tout souci matériel et ont d’ailleurs toutes les certitudes : dès lors comment seraient-ils tristes ? […] Elle s’éveille à l’improviste, et l’heure solennelle des remords sonne sur notre triste existence.
Car, si les membres de cette vénérable compagnie étaient nécessairement les quarante plus grands esprits de France, ce serait trop triste pour les autres : ils seraient jugés par là même ; tandis que, l’Académie se recrutant parfois d’une façon bizarre, on est tout de même content d’en être, et on n’est point humilié de n’en être pas. — L’Académie est, pour ceux qui y entrent, l’éteignoir du talent, la fin des belles et généreuses audaces ? […] Je n’ai rencontré ce matin, dans la campagne, que des figures tristes.
Mais du moins le nouveau livre du poète des Rougon-Macquart m’a donné la joie d’assister au développement prévu de ce génie robuste et triste, de retrouver sa vision particulière, ses habitudes d’esprit et de plume, ses manies et ses procédés, d’autant plus faciles à saisir cette fois que le sujet où ils s’appliquent appelait peut-être une autre manière et se présentait plutôt comme un sujet d’étude psychologique (je risque le mot, quoiqu’il soit de ceux que M. […] Et la lamentation de Sandoz s’élève ; car l’artiste triomphant est aussi triste que l’artiste vaincu ; il doute de son œuvre, il doute de tout, et le livre finit par un chant de désespoir.