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1401. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Mais d’où vient la forme qui touche ? […] … « La forme qui touche », voilà ce que le vrai poète, le poète créateur, doit trouver lui aussi et ce qu’a trouvé bien des fois Sully-Prudhomme ; si « la petite ligne de la bouche fait les grands amours », c’est qu’elle est l’expression spontanée de l’âme, sans étude et sans effort ; telle est aussi la poésie où la pensée même ne fait que se prolonger et se rendre visible dans les lignes et les formes des vers : elle seule fait les grands amours. […] Son Prométhée déclame trop, mais il a parfois des accents qui touchent : Celui qui pouvait tout a voulu la douleur !

1402. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Il ne faut donc pas le croire en ce qui touche à ce monde, mais il faut le croire en ce qui touche à l’autre. […] « À lui appartiennent ces sommets inaccessibles de montagnes blanchies, ce firmament, cet Océan sans limites avec tous ses flots ; à lui l’espace où il étend ses deux bras sans toucher les bords : à quel autre Dieu offrirons-nous l’holocauste ?

1403. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Huit ans déjà passés, une impie étrangère Du sceptre de David usurpe tous les droits, Se baigne impunément dans le sang de nos rois, Des enfants de son fils détestable homicide, Et même contre Dieu lève son bras perfide ; Et vous, l’un des soutiens de ce tremblant État, Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat, Qui sous son fils Joram commandiez nos armées, Qui rassurâtes seul nos villes alarmées Lorsque d’Ochosias le trépas imprévu Dispersa tout son camp à l’aspect de Jéhu : « Je crains Dieu, dites-vous, sa vérité me touche !  […] Joas les touchera par sa noble pudeur Où semble de son rang reluire la splendeur ; Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple, De plus près à leur cœur parlera dans son temple. […] Laissez-le s’expliquer sur tout ce qui le touche.

1404. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il y a des moments où, quand il cause en tête à tête avec ses amis Gassendi et Gabriel Naudé, il a l’air d’aller bien avant et de toucher de bien près, comme il dit, au sanctuaire. […] La sensibilité de Gui Patin a été contestée : il en avait pourtant comme en ont ces natures fortes et ces vies sobres : il ne s’agit que de toucher en elles les vraies cordes.

1405. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Il en est d’importantes et qui touchent au principe des choses. […] Elle était touchée et lui répondait : « Croyez que je vous aime de reconnaissance, de haute opinion et d’attrait. » Cette relation de Roederer et de Mme de Staël fut donc assez vive, de la part du moins de cette dernière ; mais elle s’interrompit bientôt et ne tint pas.

1406. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M.  […] A cela près, le Cid du poème a des sentiments qui sont en général d’accord avec les nôtres et qui nous touchent.

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