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1422. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Pareillement le lion de La Fontaine sait les affaires ; il est prévoyant, calculateur ; il administre, enrégimente, organise, et sait même se passer d’un Louvois. « Il tient conseil de guerre, envoie ses prévôts39 », assigne à chacun son poste, « connaît les divers talents et tire usage de ses moindres sujets. » La Fontaine dresse un catalogue de l’armée, comme il y en avait au ministère ; la fable imite à l’occasion le style40 de la chancellerie et le vieux langage officiel, copie les passe-ports comme tout à l’heure les circulaires, parle de défrayer « les députés eux et leur suite. » Il est vrai que le passe-port ne les protégera guère, et que les convives au lieu de manger le souper le fourniront. […] Le plus grand nombre, c’est-à-dire les sots, tirait leurs soupirs de leurs talons, et, avec des yeux égarés et secs, louait Monseigneur, mais toujours de la même louange, c’est-à-dire de bonté, et plaignait le roi de la perte d’un si bon fils. […] On tâche de n’être point dupe ; on se répète tout bas avec un rire sournois, qu’il faut tirer son épingle du jeu. […] Il tire à part l’écrevisse « sa commère », et l’envoie charitablement avertir les poissons que dans huit jours le maître de l’étang pêchera. […] Le loup tire de sa poche son prospectus et l’offre humblement.

1423. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Quaeque suis agitur studiis, sua cuique cupido est… Du sein des nuages, Cupidon lui-même prépare furtivement ses doux pièges, il exerce son art et fait son jeu ; prenant son carquois, il en a tiré des traits délicieusement perfides et trempés d’un charmant poison ; il les lance sur nos groupes de nymphes, le méchant ! […] Dans le chapitre intitulé : « Du commerce avec les femmes », l’artiste insiste sur l’utilité honnête à en tirer, tout en marquant les sages précautions. […] Un exemplaire, unique peut-être, a échappé, et l’on en a tiré une ou deux corrections utiles pour la présente édition.

1424. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mais je veux, de ce portrait étendu que j’ai sous les yeux, et qui a pour épigraphe le mot de Massillon : C’est l’amour qui décide de tout l’homme, — je veux tirer ici quelques passages qui en fixeront mieux les nuances, et nous accoutumeront aussi à l’observation judicieuse et fine, à la ligne gracieuse et pure de celle qui l’a tracé : « On ne peut guère, écrit Mme de Rémusat, porter plus loin que Mme d’Houdetot, je ne dirai pas la bonté, mais la bienveillance. […] M. de La Mennais, en un récent écrit, d’où l’on tirerait des pensées assurément plus gracieuses, a dit : « Je n’ai jamais rencontré de femme en état de suivre un raisonnement pendant un demi-quart d’heure. » Voilà qui est bien dur, et qui sent la rancune. […] La société cependant y gagne en intérêt, en noble emploi des loisirs ; et, en effet, quand elle n’est pas pour les personnes un accident, un lieu de passage et quelquefois de contrainte, mais un séjour habituel et nécessaire, il faut bien en tirer tout le parti possible, même y penser et y réfléchir tout haut, sans quoi on courrait risque de ne pas trouver le temps de réfléchir.

1425. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Le deuxième psaume est une élégie sur son propre sort ; on doit le rapporter au moment où Saül, jaloux, a voulu le percer de sa lance, où il lui a donné, puis repris son amante Michaal, où Jonathas a tiré sa flèche au-delà de la pierre pour lui indiquer qu’il n’a de salut que dans l’exil, où tous les courtisans du roi et tous ses guerriers se liguent contre le héros-poète dont la gloire, la faveur et le génie les consument de jalousie et de haine. […] Il se rassure par la mémoire de ce que son Dieu a fait jadis pour lui : « Tu m’as tiré du ventre de ma mère ; sur le sein de ma mère tu m’as bercé, endormi ! […] L’épopée finit par ses propres aventures : « Il fit choix de David, son esclave, et il le tira d’un parc de brebis ! 

1426. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Descendu de la charrette et monté sur le plancher de la guillotine, les valets du bourreau voulurent tirer ses bottes étroites et collées à ses jambes. “Non, non, leur dit-il avec sang-froid, vous les tirerez plus aisément après ; dépêchons-nous, dépêchons-nous ! […] Mais elle en tirera cette grande leçon : c’est que, quand l’opinion et la nature se combattent dans le cœur d’un citoyen, c’est la nature qu’il faut écouter ; car l’opinion se trompe souvent, et la nature est infaillible.

1427. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Il ne regarde pas la nature : de ce merveilleux décor pyrénéen, qu’il n’a pas vu du reste, quelles vagues et maigres phrases tire-t-il pour encadrer la mort de Roland ! […] A travers la diffusion banale et molle de ce style, qui du moins ne tire pas l’œil et se laisse oublier, la vraie et primitive épopée transparaît. […] Helgaire tire tout ce qu’il dit du poème populaire, d’une vie perdue de saint Chilien, rédigée au xiiie  siècle.

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