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127. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Ce terme de classe même sent la gêne et l’école, et semble ne pas appeler la poésie. […] Le recueil de ses observations critiques sera publié au moins quatre fois par an. » L’Académie est loin d’avoir été fidèle aux termes et à l’esprit de cet article fondamental. […] La première fondation est affectée aux prix de vertu : il s’agit, aux termes du testament, de récompenser annuellement le Français pauvre ayant fait dans l’année l’action la plus vertueuse. […] La seconde fondation Montyon, toute littéraire, est, aux termes du même testament, destinée à récompenser le Français qui aura composé et fait paraître le livre le plus utile aux mœurs. […] Les termes généraux du testament laissaient à cet égard toute liberté à l’Académie, et elle en a usé dignement.

128. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Le « document humain » est le terme auquel il revient sans cesse pour définir son esthétique. […] Mais si le terme est neuf, la doctrine l’est beaucoup moins. […] Un écrivain n’est pas devenu un savant pour s’être barbouillé de quelques livres de médecine qu’il a compris par à peu près et dont il a retenu quelques termes baroques qu’il place ensuite, au hasard le plus souvent. […] Ce n’est pas une évolution qui commence : il nous montre au contraire le dernier terme d’une évolution qui finit. […] Il n’est pas d’avatars qui n’aient un terme, et je crois que si quelque chose est proche, c’est une réaction.

129. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Les difficultés que les métaphysiciens accumulent sur cette question viennent de la façon artificielle dont ils posent le problème, en termes abstraits et symboliques. […] Selon Riehl, on s’en souvient, toute sensation étant le discernement d’une différence entre l’état actuel senti et un autre état non senti ou inconscient, la sensation se trouve toujours en rapport avec du non-senti, et c’est ce non-senti qui devient « le réel » au-delà de la sensation. — Nous avons déjà répondu qu’on ne peut pas établir un rapport entre un terme donné à la conscience et un autre qui ne l’est pas. […] Le métaphysicien alors se demandera comment il a pu passer du moi au non-moi : c’est-à-dire qu’après avoir artificiellement sépare deux termes inséparables, il cherchera vainement un moyen naturel de les ramener à cette continuité qui est la vraie loi de la vie et de la conscience.

130. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

I L’analyse de l’œuvre de Flaubert, dont on vient d’exprimer de la façon la plus succincte les conclusions, se résumé en une vue psychologique que l’on a précisée en ces termes : l’homme a la faculté de se concevoir autre qu’il n’est. […] Flaubert fut, dans toute la force du terme, un artiste. […] Elles constituent entre elles une hiérarchie et l’existence de cette hiérarchie de tendances suffit à créer un état de Bovarysme, dès que, sous l’influence de la notion imposée par le milieu, les termes en sont intervertis, dès que l’être humain, à l’instigation des images, donne le pas à des tendances plus faibles sur de plus fortes.

131. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

De récents historiens ont dit sur elle d’étranges choses ; ils parlent de cette aimable princesse, même au physique, en des termes qu’on ne saurait répéter, bien qu’ils soient sans malveillance ; mais ils sont gratuitement déplaisants23. […] Mais, à cette heure, il paraît bien qu’il était réellement las et dégoûté de la guerre, tout l’indique ; il n’en désirait pas la durée, et il l’écrivait à son frère en termes expressifs et pour lesquels il recourait à un proverbe de son pays : « Dieu m’en préserve ! […] Il lui en touchait un mot dès l’année 1746, puis encore dans ses lettres du 10 janvier et du 10 mars 1767, et il lui en parle en des termes qui ne sont point parfaitement d’accord avec ce que dit l’auteur de la Notice sur la Vie de Favart en tête des Mémoires de ce dernier. […] Avec lui, on ne doit pas craindre d’employer les termes ni marchander les mots ; il portait haut ses vices comme ses qualités ; il les menait à grandes guides, il ne les dissimulait pas. […] Si longtemps immobile près du dauphin, si mobile depuis chez le roi, dans les courses, les chasses, les secousses de voitures rapides, elle avait pu être blessée… » Suffit-il donc qu’une femme soit princesse pour qu’on se croie autorisé à parler d’elle en des termes aussi peu congrus et que rien d’ailleurs ne justifie ?

132. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

« Il est bien aisé d’être fécond, lui disait son adversaire, quand on ne fait que copier ; tout le monde en peut faire autant. » Non, cela n’était pas si aisé, et la preuve c’est que personne autre que Rollin ne réussissait alors à le faire ; car, tout en copiant et en traduisant, soit dans les termes mêmes, soit dans les liaisons qui joignaient les passages d’emprunt, Rollin y mettait de son propre esprit et de son âme ; un courant de bon sens et de bonté s’y faisait sentir, et animait cet ensemble qui devenait agréable et plus neuf que ce qu’on avait vu jusqu’alors en ce genre. D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent. […] Et moi j’ai le regret d’observer qu’ici l’homme de parti dissimule un peu ; si l’on prend en effet l’article biographique écrit après la mort de Rollin dans les Nouvelles ecclésiastiques, c’est-à-dire dans la feuille janséniste pure, on lit en propres termes l’aveu qui y est tourné à son honneur : Avant la clôture du cimetière, il y était, dit le biographe, l’un des plus assidus ; et l’on se souvient avec édification de l’y avoir vu fréquemment psalmodier auprès du tombeau, avec les fidèles qui s’y assemblaient. […] Dans la relation d’un Voyage littéraire que fit en France, en 1733, un Français réfugié de Berlin, Jordan, il est parlé de Rollin en des termes qui nous le montrent assez au naturel et sans exagération : Je rendis visite à l’illustre M.  […] Elle ne transmettra point ces traditions qui sont l’honneur des familles, ni ces bienséances qui défendent les mœurs publiques, ni ces usages qui sont le lien de la société ; elle marche vers un terme inconnu, entraînant avec elle nos souvenirs, nos bienséances, nos mœurs, nos usages ; et les vieillards ont gémi de se trouver plus étrangers, à mesure que leurs enfants se multipliaient sur la terre.

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