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1416. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

On a pris un cerf dont le bois était chargé de lierre vert qui y était attaché ; il fallait qu’il y fût venu comme sur un arbre vert, tandis que le bois était tendre. […] Nous leur prêtons alors ce que nous sommes ; nous leur supposons notre nature, soit par une ignorance qui peut être coupable quand elle tend à nous rabaisser à leur niveau, soit même par une sorte de sympathie assez puérile. […] L’âme n’a donc point d’existence propre ; elle est toute corporelle ; et Aristote, par un silence assez peu philosophique, en ce qu’il est peu courageux, ne dit pas un mot de l’immortalité de l’âme, que tend à nier toute sa doctrine unitaire et matérialiste.

1417. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Cette sévérité comprima les tendres expansions d’Honoré, à qui l’âge et la gravité de son père inspiraient aussi la réserve. […] « “Le susdit carrick n’arrivant qu’à mi-corps, reste le haut, mal défendu contre la gelée, qui n’a que le toit et ma veste de molleton à traverser pour arriver à ma peau fraternelle, trop tendre, hélas ! […] « Je t’embrasse, chère consolatrice qui m’apportes l’espérance, baiser de tendre reconnaissance ; ta lettre m’a ranimé ; après sa lecture, j’ai poussé un hourra joyeux. » La liste de ses ouvrages, avec la date qu’il leur assigna après les avoir remaniés, peut seule faire comprendre la valeur de ses travaux, car peu de lecteurs ignorent l’importance de ces livres.

1418. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Goulden tira de l’armoire une bouteille de son vin de Metz, qu’il gardait pour les grandes circonstances, et nous soupâmes en quelque sorte comme deux camarades ; car, durant toute la soirée, il ne cessa point de me parler du bon temps de sa jeunesse, disant qu’il avait eu jadis une amoureuse, mais qu’en l’année 92 il était parti pour la levée en masse, à cause de l’invasion des Prussiens, et qu’à son retour à Fénétrange, il avait trouvé cette personne mariée, chose naturelle, puisqu’il ne s’était jamais permis de lui déclarer son amour : cela ne l’empêchait pas de rester fidèle à ce tendre souvenir : il en parlait d’un air grave. […] J’aurais voulu trouver quelque chose d’agréable, mais comme cela ne venait pas, tout à coup je dis : « Tiens, Catherine, voici quelque chose pour ta fête ; mais d’abord il faut que tu m’embrasses encore une fois avant d’ouvrir la boîte. » Elle me tendit ses bonnes joues roses et puis s’approcha de la table ; la tante Grédel vint aussi voir. […] Puis, un matin, le facteur Rœdig passait aux Quatre-Vents, avec sa blouse et son petit sac de cuir ; il ouvrait la porte de la salle, et tendait un grand papier à la tante Grédel, qui restait toute saisie, Catherine debout derrière elle, pâle comme une morte : et c’était mon acte de décès qui venait d’arriver !

1419. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

N’est-ce pas être bien inspiré, au commencement du quatorzième siècle, que d’indiquer à la fois le plus beau don de Virgile et son plus beau titre, la tendre et passionnée Didon ? […] La mort le fait fremir, pallir, Le nez courber, les veines tendre, Le col enfler, la chair ; mollir, Joinçtes et nerfs croistre et estendre. Corps féminin, qui tant es tendre, Polli, souef si précieux Te faudra-t-il ces maux attendre ?

1420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

C’est lui qui les vivifie ; si les études en sont la base, le sentiment en est l’âme. » Et les contemporains le félicitent de faire sentir et penser le marbre, de le rendre capable d’exprimer les affections douces et tendres aussi bien que les émotions vives et fortes. […] Ces lits d’apparat révèlent une société (il ne s’agit, cela va de soi, que de la haute société) où l’on représente perpétuellement ; ils s’harmonisent, chez les princes, avec le cérémonial du petit et du grand lever ; ils sont les sanctuaires d’où les belles dames, enfouies dans des dentelles, tendent leur main à baiser aux visiteurs. […] Changement de couleurs aussi dans les tentures : on n’aime plus que les nuances tendres : le mauve, le vert d’eau, le jaune soufre, le rose passé plaisent aux regards raffinés par la délicatesse de leurs teintes.

1421. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Le sujet et l’objet ne sont pas primitivement dans la conscience à l’état de termes purement intellectuels, l’un représentatif et l’autre représenté : le sujet est un vouloir, qui ne se contente pas de représenter les objets, mais tend à les modifier en vue de lui-même. […] Nous n’avons d’autre moyen que de nous le figurer sur le type de ce que nous appelons agir, faire effort, tendre, désirer, vouloir. […] Vouloir, tendre et faire effort, par exemple pour prolonger un plaisir ou écarter une douleur, pour retenir ou repousser une idée, c’est là une attitude mentale que nous ne saurions confondre avec l’attitude passive.

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