/ 2819
674. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Tête de gouvernement, esprit historique, il a, dans son livre, et à plus d’une place, exprimé le plus hautain mépris pour elles. […] Il chiffra, dans une statistique d’une épouvantable exactitude, les trente mille têtes tombées sous le couperet de la guillotine. […] Alors, ce ne fut plus seulement l’écrin de trente mille têtes coupées et ramassées dans le panier du bourreau qu’on offrit à la France stupéfaite, mais, en tas, toute l’exécrable joaillerie des crimes dont la Révolution s’était parée. […] Et comment, d’ailleurs, eût-il pu en être autrement dans cette fin de monde du xviiie  siècle, où l’anarchie avait saisi, comme un vertige d’imbécilité, toutes les têtes, même celles-là où l’on pouvait croire qu’il y avait encore de la pensée ! […] Rien de plus honteux, de plus pusillanime, de plus hypocrite que l’attitude gardée des royautés européennes vis-à-vis de la France révolutionnaire, vis-à-vis de l’Émigration abandonnée, traitée comme une pauvresse importune, vis-à-vis des princes exilés, à qui on aumônait à peine la pierre qu’il leur fallait pour reposer leurs têtes proscrites.

675. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Nous ne pouvons oublier que la tête égarée, qui a écrit les énormités intellectuelles que voici, a failli être pour la France le poète que Gœthe et lord Byron sont pour l’Allemagne et l’Angleterre, et surtout nous nous rappellerons que M.  […] Sont-ils le résultat de cette complaisance énorme envers soi-même qui vide sans choisir, sur la tête du public, ses vieux fonds de tiroir, ou bien le développement morbide de ce talent qui progresse comme un squirrhe, un cancer ou une loupe ? […] Le jouvenceau de l’amour et du badinage ne doit plus exister, et s’il y a invention possible dans cette tête qui ne fut jamais qu’un grand front, elle devra se marquer ici. […] ………………………………………………… La hache souffre autant que le corps, — le billot Souffre autant que la tête, ô mystère d’en haut ! […] Par la conformation de la tête, par la violence de la sensation, par l’admiration naïve et involontaire de la force, cet homme est éternellement de l’an 1000.

676. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Je suis sûr que cet homme-là a dans la tête un millier d’idées qui me sont absolument étrangères. […] Si quelqu’un n’a pas eu la tête épique, c’est certainement Voltaire. […] C’est bien pour cela qu’on met toujours leur portrait en tête des volumes. […] Il est, vous le savez, extrêmement important, pour réussir en littérature, d’avoir une tête. Les gens qui veulent réussir en littérature et qui n’ont pas une tête, sont obligés de s’en faire une.

677. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais !  […] Bossuet se tenait dans une chambre froide, et la tête chaudement enveloppée. […] Elle abat les têtes de pavot de la vieille rhétorique soporifère… Ah ! […] Pour ne pas l’ouïr, il se couvrait la tête de coussins et se réfugiait dans une cave. […] Avez-vous vu à Bruges, à l’hôpital Saint-Jean et à l’Académie, les têtes de petites filles de Memling ?

678. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

À un proverbe, point de réplique ; on dirait qu’un dieu a parlé là ; en un mot, on incline la tête, on accepte sur parole et on se tait. […] IV Tu auras vu un schisme de famille s’emparer de ce trône par voie de popularité fondée sur un mauvais souvenir, hérédité qui ne devait pas être un crime dans les fils innocents des fautes du père, mais qui ne devait pas être non plus un titre à la couronne tombée avec la tête d’un martyr de la royauté. […] IX Que vous ayez eu toutes ces nobles illusions du royalisme, des gouvernements à une tête, des gouvernements à trois têtes, des gouvernements de parole, des dictatures ou des républiques dans votre jeunesse, sur la foi des théories toujours séduisantes comme les mirages de l’esprit humain, cela est naturel, honorable même, aux différentes phases d’une vie qui pense. […] Dupont (de l’Eure), type d’honneur démocratique, qui était ministre à cette époque, m’a bien souvent rappelé cette lettre et cette démission, qui l’avaient frappé, pendant que nous étions ensemble, et dans un même esprit de résistance aux excès populaires, à la tête de la république, en 1848. […] ces deux hommes consommés creusèrent en une nuit, tête à tête, de leurs propres mains, l’abîme qui allait les engloutir inévitablement tous les deux ; et sept ou huit ministres, capables chacun de bonne administration et de bon conseil, ne trouvèrent ni une parole ni un geste pour se jeter résolument entre le roi et le précipice ouvert devant lui.

679. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

C’est encore un effet de suggestion sympathique. « Il s’était arrêté au milieu du Pont-Neuf, et, tête nue, poitrine ouverte, il aspirait l’air. […] C’est ainsi que la nature produit des nains aux membres grêles et à la tête énorme. […] On jette de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. […] Nos yeux ont la couleur et l’éclat du ciel ; Nos cheveux sont si beaux que tes Romaines nous les empruntent pour en ombrager leurs têtes. […] La faucille d’or échappe à sa main défaillante ; Et sa tête se penche doucement sur son épaule.

/ 2819