/ 1643
1049. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Les œuvres composées suivant ce système resteront comme un curieux exemple des effets littéraires que l’on peut tirer du laisser-aller verbal. […] On a essayé de bien des systèmes de versification ; actuellement encore on trouverait chez les différents peuples une grande variété de formes poétiques, combinées de manière plus ou moins ingénieuse ; mais le but poursuivi est toujours le même : donner à la parole humaine un rythme défini. […] Il serait très intéressant d’étudier, au point de vue de l’effet poétique, les divers systèmes de versification qui ont été successivement usités, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. […] Des sons en nombre fixe occupant une durée variable, tel est notre rythme poétique. — On pourrait concevoir un système tout différent : des sons en nombre variable occupant une durée fixe. […] Il est probable que nous garderons notre système prosodique, sous la réserve de quelques remaniements de détail, tant que ne surviendra pas dans la langue, et surtout dans l’état social, une modification considérable, qui exigera des moyens d’expression nouveaux.

1050. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Les espèces zoologiques résultent de ces différences. » Et il continue : « Pénétré de ce système, je vis que la société ressemble à la nature. […] Il reconnaît dans le christianisme « un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme et le plus grand élément d’ordre social ». […] Ils n’ont pas vu qu’avec le caractère français, un système législatif qui donne à un Parlement l’initiative des lois doit produire nécessairement une anarchie dans l’opinion. […] La logique de son système aurait donc voulu qu’il considérât, ainsi qu’il l’a écrit un jour — la phrase a d’ailleurs été mal comprise — dans la vertu et dans le vice, « de simples produits comme le vitriol et comme le sucre ». […] L’esprit de système l’en a empêché.

1051. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il veut suppléer à cette clarté qui tombe du ciel, des étoiles, de la conscience du cœur, par je ne sais quel jour faux qu’il emprunte à un système qui n’est pas même le sien, le système de la terreur justifié par le sophisme ; la beauté de l’homicide, l’innocence de la férocité, la vertu du crime, la sainteté de la guillotine politique, la légitimité de l’assassinat juridique de sang-froid, tout ce qui fait horreur aux hommes, tout ce qui fait resplendir d’une lueur sanglante, d’une tache de feu, les noms malheureux des hommes qui ont tué en masse ou en détail leurs frères innocents, il le comprend, il le justifie, il l’exalte, il le transfigure, il le divinise.

1052. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le jour où elle cessait de faire partie du grand système catholique constitué sur le continent, elle tombait à la mer, elle n’avait plus pour alliée que son ennemie mortelle et naturelle, l’Angleterre. […] C’était un désespéré, de mouvement, d’ambition, d’aventures, un de ces aventuriers plus grands que nature, qui brisent en croissant tout le système social dans lequel ils sont nés pour se faire une place à leur mesure ou pour succomber avec éclat en la cherchant.

1053. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Religion, politique, philosophie, systèmes, l’homme a prononcé sur tout, il s’est trompé sur tout, il a cru tout définitif, et tout s’est modifié ; tout immortel, et tout à péri ; tout véritable, et tout a menti ! […] Le silence et la rêverie nous gagnèrent ; ce que nous pensions à cette heure, à cette place, si loin du monde vivant, dans ce monde mort, en présence de tant de témoins muets, d’un passé inconnu, mais qui bouleverse toutes nos petites théories d’histoire et de philosophie de l’humanité ; ce qui se remuait dans nos esprits ou dans nos cœurs, de nos systèmes, de nos idées, hélas !

1054. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Pour les 1re et 2e parties, l’originalité des raisonnements de Pascal est dans l’application des méthodes scientifiques au problème théologique : le physicien et le géomètre se retrouvent dans ces étonnantes démonstrations où la religion est tantôt offerte par hypothèse, comme le système astronomique de Copernic, opposé à celui de Ptolémée, se vérifie par la concordance de ses conséquences logiques avec les faits observés, et tantôt jouée comme à la roulette, sur un calcul de probabilités. […] L’Église laissait à la liberté des fidèles l’option entre les systèmes qui concilient le libre arbitre et la grâce, celui de saint Thomas, où domine la grâce, et celui du jésuite Molina, où domine la liberté.

/ 1643