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254. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard (qu’il y prenne garde) ouvre, sur l’intérieur de Mme de Krüdner, tout un jour profond qu’il suffit de prolonger désormais pour donner raison à plus d’un sceptique. […] « Dire aux hommes ne suffit pas, il faut redire, et puis redire encore ; l’enfance n’écoute pas, la jeunesse ne veut pas écouter, et si la vérité est enfin accueillie, c’est que de sa nature elle est infatigable, et qu’après avoir été tant rebutée, elle trouve enfin accès par sa persévérance. […] Il suffirait que sur quelques autres articles le biographe eût apporté la même complaisance et facilité de jugement, pour que nous eussions le droit de modifier certaines de ses conclusions. […] Ce peu d’heures avait tout à fait suffi pour que la prédication commençât auprès des hôtes.

255. (1890) L’avenir de la science « II »

Il a renversé de gothiques édifices, construits on ne sait trop comment et qui pourtant suffisaient à abriter l’humanité. […] Il suffit qu’ils le voient. […] Qu’il me suffise de dire que rien ne doit étonner quand on songe que tout le progrès accompli jusqu’ici n’est peut-être que la première page de la préface d’une œuvre infinie. […] Qu’il me suffise de dire que je crois à une raison vivante de toute chose et que j’admets la liberté et la personnalité humaine comme des faits évidents ; que par conséquent toute doctrine qui serait amenée logiquement à les nier serait fausse à mes yeux.

256. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pour opérer ce triage, il suffit de reprendre une à une les questions que nous nous sommes posées pour faire l’analyse d’une œuvre isolée179. […] Il suffit de citer Molière, La Fontaine, Corneille. […] Autre lacune, si visible, qu’il suffit de la mentionner. […] Ils dureront jusqu’au moment où le xviiie  siècle (dans sa seconde moitié principalement) viendra rendre à la sensibilité, au Moi, au monde extérieur la part d’attention qu’ils méritent…   Certes, je ne prétends pas que les quatre caractères, dont je viens de montrer la coexistence, suffisent à exprimer dans sa complexité la littérature de l’époque choisie comme champ d’études.

257. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

. — De telles pensées ne passèrent dans son esprit sans doute qu’à l’état d’éclair, mais elles suffisent pour le peindre. […] Je n’ai pas à faire son histoire durant les deux Restaurations, et il me suffit de dessiner sa ligne générale de conduite et d’opinion. […] Qu’il nous suffise de dire que lorsqu’un des officiers longtemps attaché au maréchal, le colonel Fabvier, se plaignit vivement de cette qualification dans une note écrite qui fut mise sous les yeux de Napoléon, l’Empereur répondit alors au général Drouot qui s’en était chargé : « Calmez Fabvier ; ce que j’ai dit, j’ai dû le dire dans l’intérêt de ma politique. […] [NdA] Non pas qu’on prétende que ce premier gentilhomme (le duc de Duras) ait dit en propres termes : « L’étiquette s’oppose… » Il suffit qu’il ait répondu : « Monsieur, ce n’est pas l’usage de rentrer si vite chez le roi. »

258. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Corbeau ne suffit plus, Shakespeare est promu tigre. […] La difformité tyran ne suffit pas à ce philosophe ; il lui faut aussi la difformité valet, et il crée Falstaff. […] Il suffit de lire le premier vers venu d’Eschyle ou du Juvénal pour trouver cette escarboucle du cerveau humain. […] Mais cela ne suffit pas.

259. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Il ne suffit pas même d’admettre une cause quelconque, un pouvoir d’agir, une faculté occulte ; il faut encore que cette cause, cette faculté soient déterminées à l’action par quelque raison particulière, par quelque condition antécédente et précise. […] Quoi que puissent penser ultérieurement les métaphysiciens, quelque système qu’ils veuillent soutenir, ces deux propositions sont inébranlables, et elles suffisent pour rendre la science possible. […] A proprement parler, ce sont des idées, et ces idées suffisent pour empêcher l’action ou la déterminer. […] Il ne suffit pas de distinguer deux règnes dans l’univers, il faut les concilier, les mettre en harmonie l’un avec l’autre, les faire marcher d’accord.

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