/ 1810
272. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Exposer son sujet, c’est-à-dire indiquer le temps, le lieu, toutes les circonstances particulières, présenter les personnages, marquer les caractères, annoncer l’action qui va mettre aux prises ces personnages et ces caractères, en rappelant tous les événements antérieurs qu’il est nécessaire de connaître pour comprendre ce qui va se passer ensuite ; développer le sujet, c’est-à-dire montrer le jeu des caractères, l’évolution des idées et des sentiments, la série des faits qui résultent des états d’âme et qui les modifient aussi, faire agir en un mot et souffrir les personnages, dénouer enfin le sujet, c’est-à-dire pousser l’action et les caractères vers un but où l’une s’achève et les autres se complètent, de telle sorte que le lecteur n’ait plus rien à désirer et que toutes les promesses du début soient remplies, voilà la formule classique de l’œuvre dramatique, qui s’adapte merveilleusement aux conditions des brèves narrations. […] Mais il n’est guère possible qu’il ne faille pas démolir la thèse adverse avant d’élever la sienne : c’est une règle qui ne souffre guère d’exception, et l’on peut dire que dans toute question sujette à controverse, où l’on peut répondre sans absurdité : oui ou non, il faut examiner d’abord les raisons qui engagent à répondre oui, quand on doit répondre non, et commencer par les raisons qui sont en faveur du non, quand on doit conclure par le oui.

273. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Orgueilleux, il craignait d’autant plus d’être ridicule ; sensible, il souffrait d’autant plus de cette crainte ; clairvoyant, il rencontrait partout des occasions d’en souffrir, ou même les faisait naître.

274. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Il ne vit que l’ingratitude des hommes ; il se repentit peut-être de souffrir pour une race vile, et il s’écria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?  […] XLIX, ad Paulin.), disent bien qu’il y avait un sanctuaire de Vénus sur l’emplacement qu’ils croient être celui du saint tombeau ; mais il n’est pas sûr : 1° qu’Adrien l’ait élevé ; 2° qu’il l’ait élevé sur un endroit qui s’appelait de son temps « Golgotha » ; 3° qu’il ait eu l’intention de l’élever à la place où Jésus souffrit la mort.

275. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Ce qu’il ne pouvait souffrir, c’était qu’il fut le mieux renté de tous les beaux esprits, qu’en tous lieux on vantât ses écrits. […] « Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. » Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable.

276. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Il souffre, le malheureux ! […] Pouvions-nous donc nous étonner de la retrouver jusque dans les efforts furieux tentés un jour pour s’en défendre, tant il est vrai que, quoi qu’entreprenne le bâtard contre ce qu’il appelle le préjugé, il en sent toujours le contrecoup inévitable, et que l’excès de la jactance ne prouve que le mal dont il souffre ?

277. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Didot, le dernier conspirateur de cette conspiration à quatre contre le public à qui on tend, sous prétexte historique, cet affreux piège à ennui, dans lequel la Critique ne doit pas souffrir que ceux qui lisent encore se prennent. […] Et, en effet, c’est surtout lorsque l’on aime les monarchies qu’on souffre, en lisant de pareilles histoires, et que l’on comprend que Dieu qui, lui aussi, les aime, les châtie, et précisément de ce châtiment spirituel et antithétique qui un jour tua jusqu’à la politesse sous la grossièreté, chez une nation livrée aux plus ineptes révérences, et, correction d’un excès par un autre excès !

/ 1810