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182. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Magnin s’exprimait de la sorte : « Quand M.  […] On y mit toute sorte de précautions et de préliminaires ; des amis communs s’entremirent : on dut, comme dans les négociations du Céleste Empire, s’inquiéter avant tout que l’étiquette fût observée. […] Encore une fois, il n’y avait rien là dedans du professeur, de cette sorte de fontaine publique jaillissante et retentissante, où tous vont en foule s’abreuver. […] Il y mêla, envers le nouvel auteur, toute sorte de chicanes rétroactives, étrangères à l’œuvre présente, la seule qui fût en cause. […] Cela ne m’empêchait pourtant pas, tout en rendant justice à ces excellents travailleurs, de noter quelques-uns de leurs défauts, l’engouement, l’enthousiasme excessif des uns, la complaisance un peu minutieuse des autres ; et en parlant de la sorte, c’était à M. 

183. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Le Globe, fondé en 1824, vint opérer une sorte de révolution dans la critique, et, par son vif et chaleureux éclectisme, réalisa une certaine unité entre des travaux et des hommes qui ne se seraient pas rapprochés sans cela. […] Mais parmi celles qui méritent le plus l’étude et qui appellent longtemps le regard par l’étendue, la sérénité et une sorte de froideur, au premier aspect, immobile, apparaît surtout M.  […] Mais tout lac, en reflétant les objets, les décolore et leur imprime une sorte d’humide frisson conforme à son onde, au lieu de la chaleur naturelle et de la vie. […] Jouffroy, c’est bien de tout voir de la montagne ; s’il envisage l’histoire, s’il décrit géographiquement les lieux, c’est par masses et formes générales, sans scrupule des détails, et avec une sorte de vérité ou d’illusion toujours majestueuse […] Chacun, en se souvenant bien, chacun a eu de la sorte son Sinaï dans sa jeunesse, sa mystérieuse montagne où la destinée s’est comme offerte aux yeux, mieux éclairée seulement qu’elle ne le sera jamais depuis.

184. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Selon le docteur Luys, qui s’est trop contenté de cette explication, la mémoire serait une sorte de phosphorescence cérébrale, analogue à la propriété qu’ont les vibrations lumineuses de pouvoir être emmagasinées sur une feuille de papier et de persister ainsi, à l’état de vibrations silencieuses, pendant un temps plus ou moins long, pour reparaître à l’appel d’une substance révélatrice. […] Taine en fait une sorte d’imprimerie fabriquant sans cesse et mettant en réserve des clichés innombrables. […] Les trois sortes de reproductions passives et mécaniques que nous venons de décrire ne sont pas encore l’image mnémonique primaire. […] Probablement il existe dans le cerveau des voies particulières et une sorte d’organisme particulier répondant à ces espèces d’organismes qu’on nomme les langues, les signes, les mouvements vocaux. […] Ces hypermnésies sont causées tantôt par une circulation fébrile du sang, qui donne une activité anormale à certaines portions du cerveau ou à certains systèmes de réflexes, tantôt par une régression qui, ayant détruit les souvenirs plus récents, ramène à la lumière des couches profondes et oubliées : par exemple des impressions et passions de la jeunesse, des croyances anciennes auxquelles il semble qu’on revient par une sorte de conversion.

185. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Tallemant des Réaux, cet autre bourgeois de Paris, s’amuse à recueillir, cinquante ans après L’Estoile, toutes sortes d’historiettes satiriques et dénigrantes sur l’illustre ministre de Henri IV. […] Il eût été honteux à Sully de l’accepter, aussi le refusa-t-il. » Sur quoi un écrivain de notre temps, bien fait pour juger de Sully avec toute sorte de compétence, M.  […] C’est donc un valeureux soldat que Rosny, et Henri en mainte occasion est obligé de le faire rappeler quand il s’aventure, de lui commander de se retirer, et il le tance au retour de la bonne sorte : « Monsieur de Béthune, disait un jour Henri dans une escarmouche, allez à votre cousin, le baron de Rosny ; il est étourdi comme un hanneton ; retirez-le de là et les autres aussi. » Ces mots de gronderie militaire si flatteurs à qui les reçoit sont perpétuels de la part de Henri IV au sujet de Rosny. […] Dès que Rosny est dans le quartier qui lui est assigné, il s’y fortifie, fait pratiquer des terrassements et retranchements, mettant lui-même la main à la pioche, et appliquant avec art toutes sortes de ressources et d’inventions, sans compter sa valeur ardente et impétueuse les jours de combat. […] En cette saison gracieuse, reposée et unique peut-être dans sa vie, Rosny, âgé de près de vingt-sept ans, dans sa maturité première et, si l’on ose dire, dans sa fleur d’austérité, n’avait pas encore cette mine rébarbative qu’il eut depuis, et que nous lui verrons prendre successivement à travers les fatigues, les périls, les contentions et les applications de toutes sortes, où sa capacité opiniâtre, son ambition légitime et jalouse, son amour du bien public et de l’honneur de son maître l’engagèrent de plus en plus.

186. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru procédera de la sorte : en matière administrative, ce sera sa méthode ; et même en littérature, son jugement aimera à s’appuyer sur des matériaux préparatoires amassés avec soin et digérés avec sens. […] Mais l’honneur de Daru en ces années est d’avoir traduit tout Horace (les Satires qui terminaient la traduction parurent en 1801), et d’avoir remis ce poète charmant et sensé en pleine circulation, de l’avoir rendu plus accessible à cette quantité d’hommes instruits ou désirant l’être, qui, après la Révolution, revenaient au goût des choses littéraires et de la poésie comme dans une sorte de Renaissance. […] Et il s’y mêlait une sorte d’accompagnement patriotique, lorsque, célébrant le triomphe de la patrie romaine contre cette Cléopâtre qui, du haut de ses vaisseaux, avait osé menacer le Capitole, et qui fuyait à son tour, qui fuyait comme une femme, mais qui savait mourir comme une reine, le poète s’écriait : Et sans daigner chercher quelque houleux asile, Elle a voulu périr, d’un visage tranquille,          Sur son trône ébranlé. […] Il y a bien là une sorte de vanité, mais je me la pardonne, comme dit Maenius (dans Horace même). […] vous êtes empereur (On appelait ainsi les premiers de la classe dans l’ancienne Université) ; pour moi, je n’ai jamais été que le trente-sixième. » Mais peut-être qu’il se vantait en parlant de la sorte.

187. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Et puis cette nature discrète et décente de Fénelon, qui était le goût suprême, devait être choquée de bien des outrecuidances de Villars, lui reconnaît cependant de l’ouverture d’esprit, de la facilité à comprendre, « avec une sorte de talent pour parler noblement ; quand sa vivacité ne le mène pas trop loin » ; et il ajoute « qu’il fait beaucoup plus de fautes en paroles qu’en actions ». […] Ce fut un combat de lions, et où, après une lutte acharnée de plus de six heures au débouché ou à l’intérieur des bois et dans des trouées retranchées, après avoir épuisé de part et d’autre toutes sortes de chances diverses et d’opiniâtres alternatives, le vaincu ne cédant que pied à pied, l’ennemi ne conquit que le champ de bataille et le droit de coucher au milieu des morts. […] Voilà comme je raisonne : dites-moi présentement votre avis… Ces paroles de Louis XIV ont été citées un peu diversement ; il les redit au duc d’Harcourt pendant le siège de Landrecies, et il dut les répéter à peu près dans les mêmes termes : mais c’est à Viliars qu’il est naturel qu’il les ait dites d’abord ; et il est mieux qu’on les lise de la sorte dans le langage grave et simple, familier au roi, avec leur tour de longueur, et sans aucune ostentation, sans aucune posture à la Corneille. […] Tout s’ajoute donc, et même une sorte de modestie, pour rendre plus respectable et plus digne de mémoire le sentiment qui dicta ces royales et patriotiques paroles. […] Louis XIV résista à ses instances, et s’en tira en l’embrassant par deux fois ; il chercha par toutes sortes d’égards et de bonnes grâces à dédommager Villars, à l’honorer ; on lui fit avoir la Toison d’or.

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