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188. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Nous continuâmes à parcourir la forêt jusqu’au soir. […] Fédia, fit-elle, dès qu’elle aperçut Théodore, tu n’as pas vu ma famille hier soir ; admire-la maintenant. […] Vers le soir, arrivèrent les serviteurs ; Lavretzky ne voulut pas se coucher dans le lit de sa tante, et s’en fit dresser un dans la salle à manger. […] Vers le soir, on alla en grande compagnie à la pêche. […] La brise embaumée du soir lui caressait les yeux et les joues.

189. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Il me semble pourtant, — et la chose ne date pas de si loin pour que j’en aie perdu la mémoire, — que Berlioz chantait une autre gamme, le soir de la réouverture de l’Opéra. […] La première fois que j’eus la douleur de me rencontrer avec Gérard de Nerval, c’était à la sortie du Gymnase, le soir de Flaminio. […] Comme on lui demandait s’il ne songeait pas à retourner, le soir même, coucher chez le docteur Blanche (la maison de santé où on l’avait installé depuis quelques mois) ! […] Il écrivait en marchant, le jour, à la campagne, ayant pour pupitre un arbre ou une pierre ; le soir, à Paris, adossé au mur visqueux d’une tabagie, éclairé par la lanterne du logeur de nuit. […] Paul de Saint-Victor est bien heureux que le correcteur ait été distrait ce soir-là.

190. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

Grégoire Leroy : La Chanson d’un soir. […] Émile Verhaeren : Les Débâcles. — Les Soirs.

191. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer. […] Quand il voit chaque soir ce peuple si intelligent et si avancé qui a fait de Paris la cité centrale du progrès, s’entasser en foule devant un rideau que sa pensée, à lui chétif poète, va soulever le moment d’après, il sent combien il est peu de chose, lui, devant tant d’attente et de curiosité ; il sent que si son talent n’est rien, il faut que sa probité soit tout ; il s’interroge avec sévérité et recueillement sur la portée philosophique de son œuvre ; car il se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander compte un jour de ce qu’il lui aura enseigné.

192. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

……………………………………… Et j’espère m’assoupir Un soir sur ta blanche gorge. […] Celui qui correspondait à mon train ne put partir davantage, retenu par une tempête durant depuis vingt-quatre heures, et dont la violence redoubla jusqu’au lendemain soir. […] La Londonienne devait avoir lieu le jour suivant (plus exactement le jour même de mon arrivée extra-matinale), à 8 h. 30 du soir dans une salle d’Holborn, dont je parlerai sous peu. […] Edmond Gosse vint nous chercher pour déjeuner dans un somptueux restaurant du voisinage, où je ranimai assez mes forces pour me permettre de faire les retouches finales à ma causerie du soir. […] Et maintenant, poète, chante-nous les Stances à Manon, les Regrets à Ninon, et tous les Soirs d’Amour.

193. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Demandez-le au mineur qui renonce même au soleil des cieux et à l’air des vivants pour creuser éternellement, comme la taupe, ses galeries souterraines dans les flancs de fer, de cuivre ou de houille des montagnes, et pour extraire chaque soir une poignée de métal monnayé convertie en pain sur la table de sa femme et de ses enfants ! […] Cette ombre s’accroît et s’épaissit tous les jours avec la rapidité d’un crépuscule des tropiques qui tombe sur le jour sans lui laisser à peine la dégradation des heures du soir. […] À peine la poussière, en vague amoncelée, Y trace-t-elle en creux le lit d’une vallée, Où le soir, comme un sel que le bouc vient lécher, La caravane boit la sueur du rocher. […] Semblables à l’escadre à l’ancre dans un port, Dont l’antenne pliée attend le vent qui dort, Ils attendent soumis qu’au réveil de la plaine Le chant du chamelier leur cadence leur peine, Arrivant chaque soir pour repartir demain, Et comme nous, mortels, mourant tous en chemin ! […] Et moi puissé-je, au bout de l’uniforme plaine Où j’ai suivi longtemps la caravane humaine, Sans trouver dans le sable élevé sur ses pas Celui qui l’enveloppe et qu’elle ne voit pas, Puissé-je, avant le soir, las des Babels du doute, Laisser mes compagnons serpenter dans leur route, M’asseoir au puits de Job, le front dans mes deux mains, Fermer enfin l’oreille à tous verbes humains, Dans ce morne désert converser face à face Avec l’éternité, la puissance et l’espace : Trois prophètes muets, silences pleins de foi, Qui ne sont pas tes noms, Seigneur !

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