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180. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

On va faire un mauvais coup ici, ce soir !  […] Elle continua de l’adorer dans l’absence comme dans la présence, dans l’attente, dans les distractions inutiles, lui écrivant tous les soirs comme on fait sa prière, mettant, chaque soir, à la pile, une lettre de plus pour les futurs contingents du retour et qu’il ne lirait peut-être pas !

181. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Hier soir, je chantais chez moi et tous accoururent du Casino. […] Ici il n’y a ni matin, ni soir ; le matin on balaie ; le soir, ces innombrables lanternes m’agacent. […] Le soir, c’est tout noir ou gros bleu. […] Ce soir, j’ai cherché en vain. […] Le maréchal doit avoir mal dîné le soir.

182. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Son regard couvait toute cette couvée éclose de son amour et nourrie de son travail d’artisan ; il se délassait le soir et les jours de fête par la lecture. […] La mère était une belle figure des montagnes, usée par ces précoces maternités ; il y avait, sur ses traits amaigris et pâlis, des retours de fraîcheur et de beauté pareils à ces retours de soleil du soir sur les rosiers du jardin après la pluie. […] L’ombre de ses longs cils sur ses joues, le soir, quand elle lut en notre présence la prière d’avant la nuit aux enfants, flotte encore dans mes regards après quarante ans, comme si la lampe qui éclairait son suave profil n’était pas éteinte encore. […] Il y avait aussi dans la maison un père artisan, une mère pieuse, une sœur angélique, trois petits frères maniant de leurs mains enfantines le râteau du faneur le jour, l’outil de l’horloger le soir. […] Et maintenant quels soirs !

183. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Le soir, il revient chez le père Goulden, excellent homme qui l’aime comme un père, et qui lui donne de bons conseils comme à un fils. […] Du matin au soir, et même pendant la nuit, l’hôtel du Bœuf-Rouge tenait table ouverte. […] Cela dura jusqu’à quatre heures du soir ; alors la nuit commençait à venir, l’ombre entrait par les petites fenêtres, et songeant qu’il faudrait bientôt nous quitter, nous nous assîmes tristement près de l’âtre où dansait la flamme rouge. […] mais ils ne l’auront pas tout de même ; leurs méchancetés ne serviront à rien : ce soir, Joseph sera déjà dans la montagne, en route pour la Suisse. » M.  […] » Le soir, à la halte, nous étions bien heureux de reposer nos pieds fatigués, moi surtout.

184. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

En revenant le soir à Paris pour aller à la Comédie-Italienne, on trouve la ville en combustion. […] C’est la question qui s’agite à Monceaux dès le soir même, qui s’agitera encore les jours suivants. […] Ce qu’elle nous dit du duc d’Orléans, à ce moment et dans toute la suite, s’accorde bien, au reste, avec le jugement que les meilleurs esprits ont porté de ce déplorable prince ; Ainsi, il résulte du récit de Mme Elliott que ce soir du 12 juillet, en arrivant à Monceaux, le duc était encore très indécis ; que, deux ou trois heures après, Mme Elliott, qui était sortie à pied avec le prince Louis d’Arenberg pour juger par elle-même de la physionomie des rues de Paris et de ce qui s’y disait, revint à Monceaux, et, dans un entretien particulier qui dura jusqu’à deux heures du matin, conjura à genoux le duc de se rendre immédiatement à Versailles et de ne pas quitter le roi, afin de bien marquer par toute sa conduite qu’on abusait de son nom. […] À cette époque, il était amoureux fou de Mme de Buffon, la menant tous les jours promener en cabriolet, et le soir à tous les spectacles ; il ne pouvait donc s’occuper de complots ni de conspirations.

185. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Outragé dans tes vœux, par ton espoir trahi, Un soir, cherchant en vain une forme envolée, L’écho te répondra du fond de la vallée : Séparons-nous ; cueillez les roses de l’oubli. […] En d’autres temps, j’aurais cité de lui l’élégie intitulée Un soir de mai, paysage vrai, élégant, gracieux, où passe comme un souffle et un soupir de tendresse ; mais que faire quand on a encore dans l’oreille et dans le cœur cette immortelle Nuit de mai de Musset ? […] Dans sa vie de montagnes, le poëte a dû plus d’une fois vérifier la pensée exprimée dans deux autres sonnets de Wordsworth, lorsque le soir, du haut d’un mont, on voit le couchant figurer, avec ses nuées fantastiques, mille visions lointaines, et que cependant on se dit, en redescendant par le sentier déjà sombre, que ces jeux du ciel ne sont rien en eux-mêmes auprès des nobles et durables pensées qu’on possède en soi et qui nous ouvrent le ciel invisible. […] Comme en tout ce qui est chrétien, le fond et le dedans est plus beau que le dehors : I Le soir rembrunissait ses teintes peu à peu, Et nous avions atteint la cime souveraine ; Mais il était trop tard, et nous pouvions à peine Jouir du riche aspect et des gloires du lieu.

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