Cette dernière solidarité est propre aux sociétés déjà évoluées. […] Il est clair que ces différentes sociétés ont le même esprit, ou à peu près. […] La société est une « machinerie » plus ou moins savamment combinée. […] Durkheim entend innocenter la société du reproche de rouerie. […] Mais elle s’applique bien aux sociétés évoluées.
Il ne peut naître que dans la famille, et la famille ne peut exister que dans la société. […] L’homme a trouvé toujours la société existante, n’importe à quel degré de perfection ; il n’a pu, par conséquent, fonder primitivement la société. […] Il faudrait ensuite examiner la question sous ces deux faces, et prouver l’impossibilité d’inventer le langage sans la société, ou de fonder la société sans un langage établi. […] C’est la société et non l’homme qui les élabore. Or la société n’a pu exister sans la parole ; et l’homme nu pu exister sans la société.
Un Dieu bon, un Dieu méchant, une société guerrière, une société industrielle réclament de nous des gestes différents. […] Si, au lieu de considérer l’ensemble du monde, nous prenons garde à la société, nous pourrons sans doute déduire de la nature de la société en général et de la société dont il fait partie, en particulier, les devoirs sociaux de l’homme. […] Du point de vue de la société, ils ne le seront jamais trop. […] L’individu dans la société est toujours une sorte de prisonnier. […] Chacun de nous représente une société à laquelle il s’adapterait mieux qu’à la société réelle.
L’auteur des Sociétés humaines a mieux aimé envoyer devant lui ses premiers bagages. […] Hors le christianisme, y a-t-il un idéal de société, en d’autres termes, une société digne de ce nom, dans son sens absolu et métaphysique, et, s’il n’y en a pas d’autre, cette unique société est-elle soumise ou ne l’est-elle pas à la loi du progrès indéfini, comme les philosophes la comprennent ? […] -C. toutes les sociétés, excepté la société juive, étaient en dehors de l’ordre moral. […] Mitraud, qui parle de société et d’analyse comme il parle de tout, sans rigueur, sans serrer la voile d’une expression qui l’emporte à la dérive de toute pensée et le noie à la fin dans une écume de mots brillants, a-t-il analysé les éléments constitutifs de toute société ? […] De la nature des sociétés humaines, par M. l’abbé Théobald Mitraud.
Mais il ne s’agit plus ici d’un simple changement de forme, il s’agit d’un changement dans les éléments mêmes de la société. […] La société a été imprégnée des principes qui doivent la conserver quoiqu’ils ne soient plus textuellement exprimés dans les actes de notre législation. […] Or, s’il est vrai que les inconvénients dont nous venons de parler existent, et que ces inconvénients soient inhérents à nos mœurs et à nos institutions, il est vrai aussi que Dieu a retiré à la société le droit de vie et de mort : ainsi que nous l’avons remarqué plus d’une fois, Dieu ne s’explique souvent sur la société que par l’ordre social lui-même. […] Mais soignez le bonheur de la société, parce que la société n’existe que dans ce monde ; l’homme qui vit au-delà peut attendre sa récompense. Faites que la société soit heureuse, et veillez à ce que l’homme accomplisse ses devoirs, soit docile aux épreuves qui lui sont imposées.
Taine, nous donnent, selon Guyau, le spectacle de trois sociétés liées par une relation de dépendance mutuelle : 1° la société réelle préexistante, qui conditionne et en partie suscite le génie ; 2° la société idéalement modifiée que conçoit le génie même, le monde de volontés, de passions, d’intelligences qu’il crée dans son esprit et qui est une spéculation sur le possible ; 3° la formation consécutive d’une société nouvelle, celle des admirateurs du génie, qui, plus ou moins, réalisent en eux par imitation son innovation. […] De là ce problème : — Sous quelles conditions un personnage est-il sympathique et a-t-il droit en quelque sorte d’entrer en société avec tous ? […] En outre il est des types proprement sociaux, qui ont pour but de représenter l’homme d’une époque dans une société donnée ; or, les conditions de la société humaine sont de deux sortes : il y en a d’éternelles et il y en a de conventionnelles. […] D’abord, « une société plus nombreuse est aussi moins choisie ». […] C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, « l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola. » La cité aristocratique de L’art, au dix-huitième siècle, admettait à peine dans son sein les animaux ; elle en excluait presque la nature, les montagnes, la mer. « L’art, de nos jours, est devenu de plus en plus démocratique, et a fini même par préférer la société des vicieux à celle des honnêtes gens. » Tout dépend donc, conclut Guyau, du type de société avec lequel l’artiste a choisi de nous faire sympathiser : « Il n’est nullement indifférent que ce soit la société passée, ou la société présente, ou la société à venir, et, dans ces diverses sociétés, tel groupe social plutôt que tel autre. » Il est même des littératures, — Guyau le montre dans un chapitre spécial, — qui prennent pour objectif « de nous faire sympathiser avec les insociables, avec les déséquilibrés, les névropathes, les fous, les délinquants » ; c’est ici que « l’excès de sociabilité artistique aboutit à l’affaiblissement même du lien social et moral ».